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M. THIRY. Cela est donc pris comme base.

M. LE PRÉSIDENT. Oui, cela est bien entendu, à moins qu'on ne trouve bon d'ajouter que le candidat doit énumérer les titres qu'il croit avoir à l'obtention de la qualité de membre de la Société.

M. HENRIETTE. C'est parfaitement inutile. S'il ne le fait pas, la commission aura soin de s'enquérir des titres du candidat à l'obtention du grade qu'il sollicite. La commission qui est nommée ou les parrains sont les premiers intéressés à faire connaître le mérite du candidat.

M. VAN DEN CORPUT. Je proposerai de dire: Tout candidat devra faire sa demande par écrit, et adresser en même temps l'énumération de ses titres.

M. CROCQ. Ce n'est pas au candidat à présenter l'énumération de ses titres, mais c'est à la commission qui fait rapport sur le mérite du candidat, à les exposer. C'est du reste ainsi que cela se pratique à l'Académie.

M. HENRIETTE. Vous pouvez blesser la modestie du candidat.

M. Le président. C'est à la commission à apprécier les titres du candidat dans son rapport.

L'addition proposée me semble inutile. La maintenez-vous, M. Van den Corput? M. VAN DEN CORPUT. Non, dès l'instant qu'il est entendu que la commission devra se livrer à l'appréciation des titres du candidat.

M. HENRIETTE. Il appartient à la commission de faire l'énumération des titres du candidat.

M. VAN DEN CORPUT. La commission fait rapport sur la valeur et sur les titres du candidat, mais c'est celui-ci qui doit les présenter.

M. LE PRÉSIDENT. S'il n'énumère pas ses titres, la commission les lui demandera.

M. CROCQ. Voici ce qui est arrivé à l'Académie. Des commissions étaient intéressées à faire passer des candidats; elles ont fait rapport sans énumérer leurs titres, et ils ont passé parce qu'ils n'étaient pas suffisamment connus. L'Académie, dans son dernier règlement, a dit : Tout rapport devra contenir l'énumération complète des

titres des candidats.

M. VAN DEN CORPUT. N'est-ce pas au candidat à présenter ses titres, et à la commission à en justifier la valeur?

M. THIRY. Si un candidat se présente, ou que nous le présentions, il est nécessaire d'établir que, dans le rapport qui devra être fait à ce sujet, les titres du candidat devront être exposés. L'amendement de M. Van den Corput doit donc

trouver sa place, à la suite des deux premières conclusions.

M. D'UDEKEM. La demande du candidat est-elle nécessaire? Ne vaudrait-il pas mieux demander sa présentation par trois membres?

M. CROCQ. Il y a l'un et l'autre.

M. D'UDEKEM. C'est une démarche qui n'est pas tout à fait sans importance de la part d'un candidat que celle de se présenter à la Société. Il s'expose à un refus.

M. THIRY. Une société doit se respecter. C'est un être moral, mais non un simple individu. On peut faire honorablement une demande à une Société, et il est assez naturel qu'on la lui adresse par écrit.

On peut rencontrer des hommes tellement connus par leurs travaux que la Société prenne l'initiative; mais ce sont là des cas exceptionnels. Il peut aussi se présenter des hommes qui, pour faire apprécier leurs travaux, désirent entrer dans la Société et subir de sa part une discussion bienveillante qui ne peut que tourner à leur honneur.

Je crois qu'il faut absolument que nous laissions cette première disposition tout en conservant la seconde qui permet de faire des exceptions.

Je suis, du reste, d'avis qu'un homme modeste ne peut être contraint à présenter l'énumération de ses titres.

M. D'UDEKEM. Je ne dis pas que la Société doive prendre l'initiative, mais un membre peut la prendre. Il vaut beaucoup mieux que le candidat soit connu par quelques membres de la Société, car un homme parfaitement honnête pourrait se présenter à nous et il serait impossible de connaître ses titres scientifiques.

M. HENRIETTE. S'il n'a pas de titres, il courra au-devant d'un échec.

M. CROCQ. Je crois que ce n'est en aucune façon déroger à sa dignité d'homme, ni de médecin, que de demander à faire partie d'une Société savante. Je dirai plus: quand on présente un travail manuscrit, pour être admis ici, on fait, si l'on veut envisager la chose ainsi, un acte en quelque sorte prétentieux, puisque l'on se croit digne d'être admis à la Société par la valeur de son travail.

Je crois donc qu'un homme qui désire faire partie de la Société peut parfaitement bien demander à y être admis, sans blesser le moins du monde sa modestie. Je pense encore que nous devons laisser subsister cette partie des conclusions où il est dit que celui qui désirera être admis parmi nous devra en faire la demande par écrit. » Je voudrais seulement faire au ré

glement une addition qui résulte de la discussion, et que l'on ajoutât que le comité d'élection fera dans son rapport l'énumération de tous les titres des candidats, afin que le comité d'élection ne puisse pas prétexter de l'ignorance de cette disposition.

M. JANSSENS. La présentation d'un mémoire implique-t-elle l'obligation de ne pas faire de demande par lettre?

M. LE PRÉSIDENT. La demande par écrit est une obligation nouvelle pour le candidat qui ne présente pas de travail manuscrit.

Je pense, Messieurs, que vous êtes tous suffisamment éclairés sur la portée de la proposition qui vous a été développée et que vous avez parfaitement saisi l'esprit dans lequel on vous a présenté l'interprétation à donner au deuxième paragraphe de l'art. 9. Si personne ne demande plus la parole, je vais mettre aux voix les conclusions du rapport.

Le premier article des conclusions est mis aux voix et adopté.

M. LE PRÉSIDENT. Voici le second article: Toute candidature appuyée par trois >> membres effectifs sera renvoyée de droit » au comité d'élection, qui fera son rap» port dans la séance annuelle du mois de > juillet. »

M. CROCQ. Je crois qu'il faudrait diviser cet article et dire « 1° Tout can>>didat devra se faire présenter par trois >> membres.

2o Cette candidature sera renvoyée à » un comité d'élection composé de trois >> membres. Ce comité appréciera les tra» vaux du candidat et proposera son élection s'il y a lieu. >>

M. le président. Vous savez qu'ordinairement les présentations se font par le bureau au mois de juillet. Le bureau se compo se d'un nombre plus considérable de membres que le comité d'élection qu'on propose de nommer. Ne verriez-vous pas quelque inconvénient à ce que le comité d'élection fùt constitué par le bureau?

M. CROCQ. Oui, l'impartialité exige que les trois membres qui font la présentation ne fassent pas partie de la commis sion. Si tous les membres du bureau présentent un candidat, il n'est pas juste que le bureau fasse un rapport sur ce candidat.

M. HENRIETTE. Je suis parfaitement de l'avis de M. Crocq. Nous avons parlé tout à l'heure de cet esprit de coterie que l'on

(1) ART. 8. La Société n'admet, en qualité de membre titulaire et de membre correspondant,

des personnes possédant le titre de docteur dans l'une des branches de l'art de guérir ou

nous reproche à tort; à plus forte raison dirait-on qu'on fait de la coterie si le bureau constituait toujours la commission d'élection.

M. LE PRÉSIDENT. Pour qu'aucune insinuation malveillante ne puisse se produire, il suffira d'ajouter que la commission de trois membres sera tirée au sort.

M. HENRIETTE. Oui, de cette manière, il n'y aurait plus possibilité d'épiloguer.

M. LE PRÉSIDENT. Ainsi nous sommes tous

d'accord sur la rédaction de la deuxième partie des conclusions. Si personne ne demande plus la parole nous la mettrons aux voix.

La deuxième partie des conclusions est adoptée avec les modifications et additions proposées par MM. Crocq, Vanden Corput et le président.

M. LE PRÉSIDENT. Messieurs, d'après le vote que vons venez d'émettre il est donc arrêté que le deuxième paragraphe de l'art. 9 de notre Règlement est interprété dans ce sens :

1. Que toute personne se trouvant dans les termes du premier paragraphe de l'article 8 (4) et désirant faire partie de notre Société devra: A ou en faire elle-même la demande par écrit; B ou se faire présenter par trois membres effectifs.

2o Que toute candidature, qu'elle soit posée par lettre adressée à la Société, ou présentée par trois membres effectifs, sera renvoyée à l'avis d'une commission de trois membres désignés par le sort, qui devra présenter son rapport dans la séance annuelle du mois de juillet.

3o Que cette commission devra dans son rapport énumérer ct apprécier les titres des candidats.

L'assemblée déclare adopter cette interprétation et elle vote ensuite l'insertion, au bulletin de la séance, du rapport de M. Henriette et de la discussion à laquelle il a donné lieu.

M. LE PRÉSIDENT. Le troisième objet à l'ordre du jour est le rapport sur l'ouvrage présenté par M. le docteur Bulckens, de Gheel. La parole est à M. Bougard.

M. BOUGARD. Messieurs, vous avez renvoyé à mon examen un travail qui vous a été présenté par M. le docteur Bulckens, médecin inspecteur de l'établissement de Gheel, et qui porte pour titre : Rapport sur l'établissement d'aliénés de Gheel.

Dans un premier rapport publié en 1857, M. le médecin inspecteur Bulckens, faisant

dans les sciences physiques, de pharmacien, ou occupant une chaire de professeur en rapport avec les sciences naturelles, estimables d'ailleurs par leurs bonnes mœurs et probité.

l'historique de la colonie de Gheel, expose: que l'origine de cet établissement se perd dans la nuit des temps, qu'il a eu des alternatives de prospérité et de décadence, que trop souvent l'esprit de spéculation et de lucre a pris la place de l'esprit de charité, qu'à défaut de surveillance convenable et officielle, des abus graves s'y étaient introduits, à tel point qu'en 1850 des administrations charitables retirèrent leurs malades de la colonie pour les confier à des établissements spéciaux fermés, que ces abus ont éveillé l'attention des hommes courageux qui ont pris à cœur d'améliorer la condition des aliénés en Belgique, que la législature a voté une loi (18 juin 1850), que le gouvernement a sanctionné des règlements (1er mai 1851) qui déterminent les bases de l'organisation de cet établisse

ment.

Aujourd'hui, l'administration générale des aliénés à Gheel est confiée à une commission gouvernementale, laquelle nomme, chaque année, un comité permanent qui veille à l'exécution de la loi et des règlements relatifs aux aliénés de la colonie; elle soigne leurs intérêts, préside aux placements et surveille les nourriciers, sous le contrôle supérieur d'une commission d'inspection ressortissant au ministère de la justice.

Le service hygiénique et médical se compose d'un médecin inspecteur, de quatre médecins de section, d'un chirurgien, de quatre pharmaciens et de quatre gardes-infirmiers.

Vous voyez, Messieurs, que l'organisation actuelle ne date pas de bien loin. elle n'est guère en vigueur que depuis 1855 et nous reconnaissons volontiers qu'elle offre des garanties sérieuses et que, sous son influence, le sort des aliénés s'est sensiblement amélioré. Mais avant cette époque, il ne faut pas se le dissimuler, de graves abus s'étaient introduits dans la colonie, et cela se conçoit aisément. A défaut d'une surveillance efficace, responsable, les aliénés se trouvaient à la merci des nourriciers; or, parmi ces campagnards il s'en trouvait sans doute en grand nombre qui étaient animés de bons sentiments, qui considéraient avec humanité, avec bienveillance et compassion la grande infortune qu'on confiait à leurs soins, et M. Bulckens fait un tableau touchant de la vive sollicitude, du noble dévouement des nourriciers pour leurs malades; mais d'autre part, on en rencontrait aussi qui se montraient durs, cruels, impitoyables, et qui se permettaient à l'égard des malheureux aliénés les plus révoltantes brutalités. Je connaissais ces

abus, j'ai vu des victimes, aussi ai-je toujours été étonné de ce que parmi les médecins qui ont écrit sur la colonie, les uns n'aient trouvé que des éloges pompeux à lui décerner, les autres que la critique la plus acerbe à en faire. La vérité est, Messicurs, qu'avant l'organisation nouvelle, il y avait plus à critiquer qu'à louer. Quant au traitement proprement dit de la folie, traitement qu'on a décoré de grands noms, avouons franchement qu'il brillait par son absence; aussi, des nombreux malades que les hospices de Bruxelles envoyaient à Gheel, bien peu revenaient guéris, la guérison était la rare exception. Mais, grace à l'organisation actuelle, les aliénés reçoivent à Gheel tous les soins que réclame leur triste condition, et disons avec M. le médecin inspecteur que si l'on continue à exécuter rigoureusement les dispositions réglementaires, et s'il est donné suite aux projets d'amélioration du gouvernement, il sera possible, dans un temps peu éloigné, de rendre à la colonie de Gheel son antique renommée, en l'élevant au niveau des progrès de la science et de la civilisation.

M. Bulckens constate que c'est seulement depuis que la nouvelle organisation fonetionne que les admissions et les divers mouvements opérés ont été régulièrement constatés. Les registres destinés jusque-là à recucillir les renseignements relatifs aux aliénés, dit-il, étaient loin d'être exactement tenus; aussi ne nous ont-ils fourni que des données incertaines sur l'état de la colonie et de sa population réelle avant cette époque. Vous le voyez, Messieurs, l'incurie était manifeste. Voulez-vous en avoir une autre preuve, vous la trouverez dans les tendances hostiles et intéressées, dans l'opposition tracassière, dans les diatribes, dans les difficultés de toutes sortes qu'a rencontrées la nouvelle organisation.

Au 31 décembre 1855, la population générale de l'établissement de Gheel selevait à 778 aliénés. La province de Brabant, et surtout la ville de Bruxelles, fournissent à la colonie près de la moitié de ses pensionnaires.

Le médecin inspecteur regrette surtout l'absence d'une infirmeric bien organisée, ce qui paralyse souvent, dit-il, notre action médicale et nos vues scientifiques.

Il termine son premier rapport en disant que l'établissement de Gheel ne répond pas encore entièrement aux progrès de la science et aux exigences d'une réforme que tous les hommes de cœur et d'intelligence réclament en faveur de la plus triste des infirmités humaines.

Le second rapport comprend une pe

riode de quatre années (1856-59). L'auteur exprime d'abord sa gratitude pour l'arrêté royal du 19 novembre 1858 qui décrète la construction d'une infirmeric à Gheel, destinée à une population de 50 malades. L'intervention tutélaire du gouvernement, dit-il, promet à l'asile de Gheel des bienfaits inconnus jusqu'à ce jour.

Quoique la réorganisation de la colonie ne date que de cinq ou six ans, dit l'auteur, et qu'au début surtout elle ait rencontré plus d'un obstacle, elle n'a pas cessé cependant de marcher de progrès en progrès. Il nous a fallu, dit-il, beaucoup de patience et de courage pour modifier, pour perfectionner sans secousses un état de choses où le désordre, l'aveugle routine et l'esprit de spéculation dominaient à la fois. Mais nous pouvons aujourd'hui déclarer, sans crainte d'être contredit, que le sort des malades y a subi une amélioration considérable depuis que l'autorité supérieure a pris la direction de cette institution.

Tous les insensés, sans exception, reçoivent assidùment les soins médicaux, hygiéniques et moraux; rien n'est négligé pour soulager leurs infirmités; les divers services organisés à cet effet fonctionnent avec régularité, et tout ce qui concerne les aliénés y est officiellement constaté.

De 1855 à 1859 inclus, la population générale de l'asile de Gheel a varié de 765 à 801.

Toutes les provinces de la Belgique contribuent, dans des proportions plus ou moins fortes, à former la population de cet asile. Le Brabant fournit le contingent le plus élevé. Le nombre d'insensés que la ville de Bruxelles entretient à Gheel était pour la dernière année de 216. Les étrangers sont dans la proportion de 15 1/2 pour 100, ou près d'un septième.

M. Bulckens donne un très-grand nombre de tableaux statistiques pour tout ce qui concerne l'étude de l'aliénation mentale au point de vue de l'asile qu'il dirige. Nous allons signaler les principales conclusions déduites de cette statistique.

Sur une population de 800 aliénés, il y avait au 31 décembre 1859 : 102 pensionnaires, 698 indigents; 569 célibataires, 231 mariés; 405 citadins, 595 campagnards; 144 réputés curables, 656 incurables.

La manie et ses variétés constituent la forme morbide qui affecte le plus grand nombre des malades; elle représente à peu près 40 p. %. La démence et ses divers degrés donnent un peu plus du tiers, la mélancolie un dixième, l'épilepsie un treizième.

L'époque des chaleurs, de mai à septembre, a donné un chiffre d'admission beaucoup plus élevé que les autres périodes.

Relativement à l'âge, c'est la période de 20 à 50 ans qui fournit le plus d'aliénés. Les campagnards représentent plus de de la moitié des admissions. La profession de cultivateur a le chiffre le plus élevé; les ouvriers, les hommes de peine figurent au tableau pour un chiffre considérable. C'est que les nécessiteux constituent les 6,7 des admissions. Selon l'auteur, les boissons fortes jouent un grand rôle dans la production de la folie. Tous les cochers de place que nous avons reçus, dit-il, étaient atteints de paralysie générale, et tous ont succombé après quelques mois de séjour à Gheel.

Les ménagères, les journalières, les scrvantes, les couturières ont donné un contingent notable.

Sous le rapport des causes, l'auteur établit quatre catégories : causes morales 0,41; excès sensuels 0,09; causes organiques 0,24; hérédité 0,26.

Parmi les causes morales viennent en première ligne les chagrins domestiques, puis les revers de fortune; ensuite les scrupules religieux, l'amour-propre blessé, etc.

Au point de vue des formes morbides, l'auteur obtient les proportions suivantes : mélancolie 0,13; manie 0,42; monomanie 0,04; démence 0,54; épilepsie 0,07.

La paralysie générale est plus fréquente chez l'homme que chez la femme: sur 33 paralytiques, 27 sont du sexe masculin. Presque toutes reconnaissent pour causes la débauche et les excès de boissons spiritueuses.

Il n'y a guère qu'un quart des malades admis à Gheel qui offrent quelque chance de guérison, tandis que les trois autres quarts sont radicalement incurables.

Les terminaisons heureuses obtenues pendant les quatre dernières années, s'élèvent à 145 soit 100 guérisons complètes et 45 améliorations notables. Les aliénés, dont la maladie ne datait que de quelques mois, ont donné le plus grand nombre de guérisons; ceci confirme un fait connu depuis longtemps.

Sur les 443 terminaisons heureuses qui ont été obtenues, 96 se rapportent à des malades admis pendant les quatre dernières années. Et considérant qu'il est entré pendant cette période 145 malades curables et 382 incurables, ensemble 527. 96 terminaisons heureuses sur 527 malades donnent 0,48; et sur 145 curables, donnent 0,66.

Des 135 aliénés que l'administration des hospices de Bruxelles a fait transporter à Gheel pendant ces quatre années, 55 sont sortis avec terminaison heureuse, 45 sont décédés, 7 sont sortis pour motifs de sécurité, 50 restent encore en traitement. Il est bon de faire remarquer que ces maJades, avant d'être envoyés à Gheel, avaient déjà subi un traitement plus ou moins long au dépôt de l'hôpital Saint-Jean. Toutefois 35 guérisons, sur 135 malades dont les deux tiers avaient été reconnus, dès le principe, radicalement incurables, donnant une proportion de 0,32 guérisons sur la totalité des admissions, constituent des résultats magnifiques, prouvent que l'asile patronal de Gheel possède actuellement des ressources thérapeutiques efficaces, et témoignent de la sollicitude incessante, du dévouement sans limites de M. le Dr Bulckens pour les malades confiés à ses soins.

L'auteur donne des détails très-intéressants sur le classement et le placement des aliénés, sur les nourriciers. Au dernier recensement général, le chiffre des hôtes et des nourriciers s'élevait à 617, divisés en quatre catégories; on ne donne pas plus de deux pensionnaires à chaque nourricier, tous vivent avec leurs pensionnaires sur le pied d'une fraternelle égalité; il n'y a entre eux que l'inégalité de la raison; ils remplissent leur mission avec un zèle intelligent, et souvent avec une rare abnégation; rarement on se trouve obligé de déclarer le nourricier inhabile à recevoir des aliénés.

Un règlement prescrit les dispositions que doivent présenter les chambres des aliénés et les mesures hygiéniques prescrites sont rigoureusement observées. Dans ces dernières années, des améliorations notables ont été, sous ce rapport, réalisées.

La nourriture est en général bonne, saine, suffisante et n'est pas strictement rationnée. L'habillement des aliénés indigents est propre, décent et en rapport avec la saison; il ne présente aucun signe distinctif.

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affections mentales, les agents médicaux n'y sont pas cependant négligés. Une expérience de plusieurs siècles a démontré les ressources que présente le régime hygiénique et moral en usage à Gheel : l'isolement, le patronage familial, le travail, les distractions, constituent les puissants moyens sur lesquels est basé, dans la colonie, le traitement des maladies mentales. L'auteur décrit avec beaucoup de talent les avantages et les bienfaits de ce régime.

Les salaires, les récompenses, les pratiques religieuses, les distractions, les jeux, les plaisirs, sont décernés, permis, défendus ou ordonnés avec infiniment de tact et de discernement, et toujours au point de vue du bien-être physique et moral des malades. La surveillance, l'ordre, la diseipline, les moyens de coercition, sont l'objet de l'attention toute particulière des nourriciers et des employés et mis en pratique avec tous les égards dus au malheur.

Enfin, M. Bulckens termine son mémoire en rapportant vingt observations détaillées de malades radicalement guéris à l'asile patronal de Gheel.

Dans l'exposé que nous venons de résumer et qui embrasse une période de quatre années, l'auteur établit avec le plus grand soin la situation exacte de la colonie; des tableaux statistiques constatent les divers mouvements et les mutations de la population; des descriptions claires et attrayantes fournissent des détails précis sur l'organisation actuelle de cet asile; des données et des faits pratiques indiquent les résultats obtenus. En un mot, les développements dans lesquels l'auteur est entré mettent en évidence l'objet réel de cette institution, ses avantages et ses ressources thérapeutiques.

Nous ajouterons que ce travail dénote chez son auteur une étude approfondie de la spécialité qu'il a embrassee, une connaissance parfaite des ressources qu'offre la colonie pour la guérison des maladies mentales, l'application très-entendue et très-intelligente de ces ressources au traitement des malades, et enfin un dévouement sans bornes mis au service de ces infortunés.

En conséquence, nous vous proposons de conférer à M. le docteur Bulckens le titre de membre correspondant de la Société.

M. DAUMERIE. M. Bougard nous parle dans son rapport de l'influence du traitement médical. Ce traitement reçoil-il quelque application à Gheel?

M. BOUGARD. Oui ; l'auteur a recours au

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