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semblables variétés dans toutes ou presque toutes les maladies, qu'elles soient externes ou internes? Est-ce que tel érysipele, comparé à tel autre, n'est pas aussi disparate que les boutons charbonneux les plus extrêmes? N'en est-il pas de même dans la variole, toutes les fièvres éruptives, etc.? Je ne parle ici que des accidents locaux, car pour les symptômes internes, ils ont entre eux la plus grande similitude, à l'intensité près. M. Putegnat admet une pustule maligne qui guérit d'elle-même, par exemple, mais a-t-elle des caractères auxquels on puisse la reconnaître sûrement. Ne pourrait-on pas dire la même chose d'une variole discrète comparativement à la forme confluente et mortelle de cette fièvre exanthématique? N'est-il pas plus conforme à la logique, à la vérité, de dire que le mal charbonneux peut guérir naturellement, que d'en faire non une variété, mais une espèce distincte? I reconnait avec MM. Salmon et Maunoury une espèce inoculable, et l'autre qui ne l'est pas; ici encore, où sont les signes différentiels de ces deux pustules? Ignore-t-on que dans des circonstances complétement identiques, les produits pathologiques d'un même mal charbonneux ne se communiquent pas à tous les animaux, chez lesquels on cherche à les transmettre. La même pustule serait donc inoculable et non inoculable? Dans la pratique, oseriez-vous, pour agir, attendre le résultat de votre expérience, et encore si elle ne réussissait pas, seriez-vous bien assuré que le mal serait intransmissible? D'autres observateurs n'ayant généralement vu qu'un petit nombre de maux charbonneux, se sont hâtés, d'après certaines apparences extérieures, d'y assigner des noms plus ou moins en rapport avec ces mêmes aspects; de là les pustules malignes plates, élevées, gangréneuses, etc. Rien dans les nombreuses pustules charbonneuses qu'a vues M. Bourgeois ne l'a autorisé à admettre, comme signes distinctifs d'espèce, toutes les légères modifications que je viens d'indiquer, car elles ne nous apprennent rien sur la marche future de la maladie, sa terminaison, son traitement, en un mot, sur tout ce qui a rapport à elle, et agir ainsi suivant ce médecin, avis que je partage, c'est encombrer une science déjà si embarrassée et rendre plus difficile l'étude d'une affection qui demande déjà beaucoup d'attention et de perspicacité, tant elle est souvent insidieuse.

En médecine comme dans les arts, le perfectionnement consiste dans la simplification, et il faut bien reconnaitre qu'une cause, quelque spécifique qu'elle soit, peut

avoir des manifestations fort diverses qui ne sont, au reste, que l'expression de cet axiome si vrai, l'unité dans la diversité.

Lorsque M. Bourgeois dit, dans tel ou tel passage, que le charbon a été souvent mal vu, incomplétement observé, il ne met en regard de son assertion aucun nom d'auteurs, ce n'est qu'une proposition générale; s'il n'était pas permis d'agir ainsi, surtout quand on démontre en quoi ceux qui vous ont précédé ont mal vu, où serait le progrès possible? Il n'est besoin dans ces cas, comme le fait notre confrère, que d'éviter les personnalités offensantes; généralement au reste, ce sont plutôt les conséquences tirées et les explications donnécs que cherche à rectifier M. Bourgeois; ainsi, pour la crépitation citée si souvent par les pathologistes, et qu'il n'a jamais rencontrée non plus que M. Raimbert, il fait voir que si on l'observe à la suite du bouton malin, elle n'est que le résultat d'accidents secondaires (obs. 16) et tient à un érysipèle ou à un phlegmon de nature gangréneuse, dont le charbon était bien la cause, mais non la cause forcée; en un mot, ce n'est pas là un symptôme, mais une conséquence possible, de même que le tétanos qui survient quelquefois, sans qu'on puisse, bien entendu, en faire un signe propre à notre affection.

Le médecin de Lunéville blâme son confrère d'Étampes d'avoir dit qu'on voyait quelquefois le charbon se développer dans des familles qui ne possèdent que des animaux sains, et il en conclut que c'est là une preuve que la pustule maligne peut se développer spontanément; mais si ce sont ces bêtes qui la communiquent, pourquoi ne pourrait-elle pas, dans ces circonstances venir aussi bien par le dehors que par le dedans? Est-on bien assuré, d'ailleurs, que les excréments des animaux susceptibles de transmettre à l'homme les affections malignes n'aient pas, dans quelques circonstances, des propriétés virulentes, bien que les bestiaux paraissent sains? A-t-on bien examiné s'ils ne présentent pas quelque plaie d'où suinte une matière purulente, qui peut elle-même transmettre le bouton, comme semblent le démontrer d'une manière péremptoire les obs. 6 et 36. Quand on sait avec quelle facilité se décomposent les produits sécrétés par les lésions extérieures, on ne sera point surpris que la chose puisse arriver.

Avec la minorité des auteurs et on peut dire avec les moins autorisés, M. Putegnat croit que le charbon qu'il distingue de la pustule maligne, je ne sais d'après quels signes, peut naitre spontanément dans

l'organisme humain; s'il s'agit d'autre chose que de la pustule charbonneuse ellemême, nous n'avons rien à dire, nous ignorons de quoi il est question; si c'est bien au contraire cette dernière qui est en cause, nous laisserons parler M. Bourgeois Il serait très-extraordinaire, ditil, que le charbon ne se développât, dans I immense majorité des cas, que sur les parties découvertes, bien qu'il soit susceptible de se montrer partout; qu'on le rencontrât très-fréquemment sur les bras, les jambes, le cou des gens qui tiennent habituellement ces endroits exposés à l'air; qu'au contraire il y apparût très-rarement dès qu'ils viennent à les couvrir, que ce inal suive toujours la même marche générale, qu'il soit possible de saisir le moment de son inoculation sur la peau, comme il n'est pas rare de le faire, et que par conséquent, on ne puisse douter qu'il ne soit alors de cause externe, et qu'on soit autorisé à admettre en même temps qu'il puisse etre le produit, la manifestation d'une affection interne préexistante, ne serait-il donc pas surprenant au point de devenir absurde qu'on lui reconnût constamment, variétés à part qui sont les mêmes dans toutes les circonstances données, qu'on lui reconnût une première période plus ou moins longue, pendant laquelle aucun retentissement ne se manifeste dans la constitution, pas le plus petit signe d'imprégnation, puis une seconde où au contraire le principe vénéneux pénètre dans l'économic. Je le demande à tous ceux qui voudront bien réfléchir sans parti pris sur cet important sujet, serait-il possible que le bouton, procédant tantôt du dedans, tantôt du dehors, pût offrir exactement les mêmes phénomènes. Nul doute, du reste, que cette divergence de quelques-uns ne tienne à ce qu'il est difficile et rare d'assister au dépôt de la matière contaminante et aux premières phases de la maladie. Je n'attacherais encore qu'une importance secondaire à cette manière d'envisager les choses, si le traitement, reconnu on peut dire par tout le monde comme le plus efficace, n'en devait être profondément modifié; car, si la pustule vient du dedans, à quoi bon tant se presser de la détruire, puisque c'est l'organisme entier qui est souffrant? Si au contraire, suivant l'opinion la plus généralement admise et qui me parait la seule vraie, elle est d'abord locale, on voit quel avantage il y a à l'anéantir avant que l'absorption du venin qu'elle recèle et qu'elle élabore sans cesse n'ait commencé ou n'ait été assez complète pour empoisonner gravement la constitu

tion; de plus la prophylaxie devrait en éprouver elle-même une modification importante, puisque les soins de propreté pris par ceux qui travaillent les dépouilles des bestiaux morts d'affections charbonneuses, ne les en préserveraient pas. »

Ces preuves me paraissent assez concluantes pour n'admettre moi-même qu'une scule manière de communication de la pustule charbonneuse, c'est-à-dire par des matières virulentes appliquées sur un point quelconque du tégument externe.

Si M. Bourgeois compare le virus charbonneux à ceux de la peste, de la variole, etc., ce n'est assurément qu'en luimême, dans son essence, et non dans son mode de pénétration dans l'économie, ou dans sa manière de s'y comporter. Chose assez bizarre, M. Putegnat, après avoir reproché à l'auteur du traité pratique de ne pas admettre que l'affection charbonneuse puisse procéder du dedans au dehors, vient dire lui-même qu'il ne peut affirmer que la pustule maligne puisse être le résultat d'une absorption interne (pag. 494, lig. 25), mais M. Bourgeois n'a jamais eu en vue que cette dernière, il ignore complétement, même après avoir lu le mémoire de son critique, ce qu'il entend par charbon interne malin. J'avoue que je suis dans le même cas; ce reproche si souvent reproduit tombe donc à faux. Il est évident que ni mon confrère d'Etampes, ni moi, ne pouvons admettre qu'une cause identique puisse produire des résultats aussi différents que le charbon interne malin de M. Putegnat, ses deux formes de pustule maligne et son charbon externe. Quelle habileté il faudrait pour les dis

cerner.

Après avoir hésité à croire que la pustule maligne puisse débuter par des symptômes généraux, M. Putegnat, à l'exemple de Bayle et d'après sa 5e observ., avance qu'il n'est pas douteux qu'il en soit ainsi. S'agit-il de son charbon interne ou de la pustule charbonneuse elle-même? Ce n'est pas clair.

Je viens de dire que, dans une foule de passages, le médecin de Lunéville reproche à celui d'Étampes d'avoir dit, comme s'il avait le premier avancé ce fait, que la pustule maligne était toujours locale à son début, c'est-à-dire qu'elle était, dans tous les cas, consécutive à une inoculation cutanée; mais il ne revendique nullement le bénéfice de cette opinion, il la partage seulement avec les auteurs les plus éminents qui ont écrit sur l'affection charbonneuse; ceux d'un avis contraire sont en petit nombre, et il affirme que toute sa

pratique l'a convaincu que c'était la seule admissible.

Si le passage de Baglivi cité par notre confrère est vrai, ce ne peut être dans les cas où l'apparence de l'affection est si variable qu'il faut l'observer un bien grand nombre de fois pour arriver à en connaitre tous les aspects, toutes les variétés, et à s'en faire une idée générale exacte. Rien n'empêche du reste qu'au numerandæ on ne joigne le perpendendæ.

M. Bourgeois pense avec raison, suivant moi, que la pustule charbonneuse est plus fréquente dans les pays secs, découverts, à sol calcaire, argilo-calcaire et à sous-sol très-absorbant, que dans les contrées arrosées, froides, à sol argileux ou siliceux, pendant les saisons chaudes que durant les froides; il en trouve la preuve manifeste chez lui, habitant sur les confins de la Beauce et de l'île de France; elle se montre très-fréquemment dans la première de ces deux provinces; elle est fort rare au contraire dans la seconde. M. Raimbert exerçant aussi, partie en Beauce, et partie dans la Perche, a fait la même remarque. D'ailleurs, les autres provinces de France où on rencontre l'affection charbonneuse sont toutes plus ou moins sèches, dénudées et à sol calcaire poreux; au contraire, elle n'apparait guère dans les pays boisés du centre de la France, dans les provinces fraiches du Nord, en Normandie et en Bretagne, dans les montagnes toujours d'une température moins élevée et plus arrosées. Le contraire avait toujours été admis.

Si M. Putegnat avait pris la peine de lire le mémoire de 1845, il y aurait vu que M. Bourgeois avait le premier signalé la présence du pus, comme un signe diagnostique absolument négatif de la pustule charbonneuse.

Notre critique passe bien légèrement sur une partie des plus importantes du livre de son confrère, je veux parler du long chapitre consacré au traitement, ce qui est malheureusement assez rare dans les traités modernes, quoique, en dernière analyse, ce soit le point le plus véritablement utile et le but final de toute publication médicale. Il aurait pu voir que le mode de cautérisation, préconisé par M. Bourgeois, et qui lui réussit si bien, est des plus simples, sur dans son application qui est facile et incapable de produire, comme le sel mercuriel, des symptômes d'intoxication impossibles à distinguer de ceux du virus charbonneux, et qu'on met nécessairement sur le compte de ce dernier, quand ils ne se bornent pas à une simple salivation; qu'avec la cautérisation potassique par di

lution on évite, en grande partie du moins, ces pénibles difformités qui suivent le traitement local de l'affection maligne, quand elle siége à la face ou au cou, ou même sur d'autres parties apparentes. Il ne s'arrête pas non plus sur l'étude si importante et si neuve des cicatrices que pour dire dédai

gneusement qu'elle occupe 17 pages. Quant aux 40 guérisons sur 40 cas, que le docteur Lopez a obtenus à l'aide du sublimé, le médecin d'Étampes pourrait y opposer des séries du double opérées par sa méthode, sans aucun insuccès et avec des cicatrices très-peu difformes, ce qui ne peut arriver avec le caustique mercuriel qu'on abandonne sous un emplâtre, et qui n'est nullement conduit de l'œil et de la main, comme la potasse employée par dilution.

Puis, revenant sur le soi-disant mépris que M. Bourgeois paraît avoir pour ses devanciers, il déplore qu'un médecin placé, comme ce dernier, ait pu agir de la sorte. Si ce n'était un véritable parti pris de critiquer quand même, je demanderais où M. Putegnat a lu ce qu'il dit à ce sujet. Comme tous ceux qui, pendant la plus grande partie de leur vie, ont recueilli de nombreux matériaux sur une matière qui n'est pas entièrement mùre, quoique encore incomplétement étudiée, notre confrère d'Étampes a cherché à démontrer que l'histoire de la pustule maligne laissait beaucoup à désirer; il a donc cherché et à remplir les nombreuses lacunes et à rectifier certaines opinions qui lui semblaient contraires aux nombreux faits qu'il avait été à même d'observer, mais, comme je l'ai déjà dit, sans y mettre de morgue et sans être aucunement agressif pour ses devanciers. Ce dernier reproche tombe, au reste, de lui-même devant le chapitre qui termine l'ouvrage, et où notre confrère de la Beauce, qui n'a cu surtout en vue que la maladie charbonneuse de sa contrée, fait appel à tous les médecins qui habitent des pays où règne le charbon, et les engage de toutes ses forces à publier le résultat de leur pratique: Peut-être qu'ainsi, dit-il, une grande partie des dissidences qui existent entre les auteurs sera expliquée, et qu'on pourra, après cela, posséder une histoire complète de ce mal si grave et si insidieux.

Enfin notre critique finit comme toujours, par un petit liniment calmant opiacé pour faire passer ce qu'il y a de cuisant dans sa notice.

La date de l'article bibliographique de M. Putegnat, qui est celle du moment où a paru le traité du médecin d'Étampes, m'explique, en partie du moins, la critique vive, je puis même dire passionnée, qu'il

en fait. Il n'y avait pas longtemps que j'avais lu mon malencontreux rapport devant la Société de chirurgie, et que je l'avais publié dans le Moniteur des sciences, la plaie était encore vive et saignante, car il m'avait été impossible d'admettre et même de ne pas combattre ses idées; or, comme M. Putegnat avait pu penser, il l'indique lui-même, que le médecin d'Étampes n'était pas étranger aux opinions émises par moi, c'était une heureuse circonstance pour exprimer son mécontentement et donner cours à son ire. Je ne prétends pas dire pourtant que notre confrère qui, après tout, est un homme fort distingué et assez riche d'autres œuvres, ait eu l'intention formelle de nuire, sans raison, à l'ouvrage du médecin d'Étampes, mais animé, comme j'ai appris qu'il l'était de ce que je n'avais pu partager sa manière de voir, il aura dù se représenter facilement, comme contraire à la vérité, tout ce qui ne cadrait pas avec ses vues. Pour ne pas donner cependant à sa critique une couleur trop personnelle, il met à chaque instant son adversaire aux prises avec ses prédécesseurs, derrière lesquels il se cache quoique assez mal. Cependant je suis assez persuadé de la justice de notre confrère pour penser qu'aujourd'hui, le temps ayant dû refroidir son irritation, il mettrait plus d'impartialité, s'il était appelé de nouveau à rendre compte d'une monographie des plus remarquables, qui n'a jusqu'ici été citée qu'avec éloge, et est le fruit de trente années d'observation non interrompue, dans un pays où l'affection charbonneuse est non-seulement endémique, mais rendue beaucoup plus commune encore par l'accumulation des dépouilles de la plus grande partie des aninaux morts du sang en Beauce, monographie comme il est regrettable de ne pas en posséder sur un grand nombre de maladies.

D'un autre côté, sachant que le travail actuel du médecin d'Étampes n'était qu'une sorte d'amplification de sou mémoire d'il y a 18 ans, que tout ce qu'il renfermait était, on peut le dire, propre à l'auteur, il ne chercherait pas à le mettre en parallèle, semblant même ne lui accorder que la seconde place, avec le livre important sans doute de M. Raimbert, qui, s'il émane d'un éminent praticien, et s'il résume d'une manière utile et fructueuse ce qui a été fait avant lui, ne contient cependant rien de neuf et d'original.

Veuillez agréer, monsieur le Rédacteur, l'assurance de ma considération très-distinguée. Le docteur BOINET Membre de la Société de chirurgie de Paris, etc.

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Réponse aux observations et objections présentées à la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, au sujet du traitement préconisé dans cet ouvrage.

Dans les séances de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, du 5 novembre 1860, du 4 février et du 5 mars 1861, plusieurs membres de cette honorable compagnie ont émis leur opinion sur ma méthode de traitement des affections diphthéritiques. Les doutes que l'on manifesta sur la gravité du mal épidémique que j'eus à combattre, et sur la réalité des succès que j'ai signalés, enfin, les reproches immérités, qui ont été faits à mon traitement par l'un de mes confrères, m'imposent le devoir de répondre aux allégations qui s'y sont produites.

M. Crocq dit : « M. Zimmermann a employé son traitement avec succès dans une épidémie d'angine diphtheritique. Or, ce qui réussit dans une épidémie échoue parfois dans d'autres. Je crois donc que nous devons faire quelques réserves quant aux succès signalés, et qu'il faut, pour pouvoir apprécier l'utilité des moyens préconisés, les employer dans des circonstances différentes. »

Je n'ai rien à dire contre des réserves ainsi formulées; au contraire, je les approuve entièrement, et je suis d'avis que l'on fasse des expériences suivies et rigoureuses, avant de se prononcer d'une manière positive sur la valeur réelle de mon traitement. En faisant connaitre les nouveaux moyens thérapeutiques et les heureux résultats qu'ils m'out procurés, mon seul but fut de provoquer l'expérimentation de ces moyens sur une grande échelle, et de les soumettre ainsi à une épreuve sérieuse. Laissons donc au temps, ainsi que le pense M. Crocq, le soin de confirmer les heureux résultats obtenus ; je suis sous ce rapport tout à fait d'accord avec lui. Mais pourquoi vouloir atténuer à l'avance l'importance de ces résultats et suspecter leur réalité, en éveillant des doutes sur la gravité du mal épidémique que j'ai cu à combattre, et sur l'exactitude du diagnostic, ainsi que l'a fait mon honorable confrère?

M. Crocq dit qu'il n'a jamais expérimenté mon traitement, mais qu'il se propose de le faire dès qu'il en aura l'occasion, comme c'est, ajoute-t-il, le devoir de tout

praticien. Mais il me semble que le mettre en suspicion, n'est pas le moyen d'encourager les praticiens à l'expérimenter et d'arriver par là à la connaissance de la vérité.

M. Crocq paraît disposé à croire que je suis tombé sur une série de cas d'angine couenneuse bénigne, dont tout traitement fait justice, et que, par erreur de diagnostic, j'ai pris de simples laryngites pour de véritables croups; ceci me prouve qu'au moment où il fit ces remarques, il n'avait encore lu qu'une partie de mon ouvrage, car autrement il lui eût été impossible de s'abandonner à de pareilles suppositions. En lisant le chapitre qui traite de l'histoire de la maladie, et particulièrement les paragraphes concernant la symptomatologic, l'angine maligne, le diagnostic différentiel de l'angine diphthéritique et de plusieurs autres affections gutturales qui la simulent, en lisant, enfin, les trente observations relatées dans la quatrième partie de mon ouvrage, il aurait vu que j'ai eu affaire à une des plus formidables épidémies, à de véritables angines diphthéritiques, à des angines malignes de la pire espèce, ainsi qu'à des croups des plus confirmés, et non pas à des affections qui cèdent à des moyens homœopathiques ou à des pilules de mie de pain; il aurait reconnu, j'ose m'en flatter, que je ne suis pas assez novice dans l'art du diagnostic, pour ne pas savoir distinguer un vrai croup d'une innocente laryngite striduleuse. M. Crocq aurait eu aussi peut-être assez d'égard pour son collègue, pour ne pas parler dans la même séance où l'on discutait son traitement, de « ces guérisseurs de croup, qui ne savent » ou ne veulent pas le distinguer de la » simple laryngite suraiguë, » expression d'ailleurs peu académique et encore moins confraternelle, mais qui pourtant trouva un écho complaisant dans la bouche d'un autre confrère, M. Henriette, qui, pour compléter la pensée de M. Crocq, crut devoir ajouter: « Il y a des méde>> cins qui prétendent guérir toujours le » croup, même quand il a revêtu la forme › diphthéritique. »>

M. Daumerie se montre encore plus sceptique et moins scrupuleux à mon égard que M. Crocq. M. Daumerie ne conteste pas précisément, il est vrai, les nombreux faits que j'ai rapportés et qui tendent à établir la vérité de ce que j'avance, mais il le fait indirectement, en exprimant ses regrets de voir que la plupart de ses collègues sont disposés à admettre toujours et partout dans la presse médicale sincérité et véracité. Mon honorable confrère « qui

» ne possède pas cet optimisme et qu'une » expérience de quarante années pousse » fréquemment dans une voie toute con» traire,» ne s'arrête pas là. Pour s'assurer de l'exactitude des faits signalés dans mon mémoire, M. Daumerie propose un moyen « qui est peut-être un peu anormal, comme » il dit, et qui pourrait peut-être aussi » blesser la susceptibilité (sic) de M. le doc»teur Zimmermann; » il propose d'aller aux renseignements dans l'arrondissement de Valenciennes, où ces choses se sont passées!

Néanmoins, il n'obtint pas les suffrages de ses collègues, qui pensèrent que nonseulement il était toujours excessivement délicat de s'assurer de pareilles choses, mais encore que le moyen proposé était fort chanceux et donnait trop peu de garantie pour atteindre le but.

Quant à ce qui me regarde personnellement, je den ande à M. Daumerie ce qui l'autorise à mettre en doute la sincérité et la véracité de mes assertions, et pourquoi il ne m'accorde pas autant de confiance et de considération que tout confrère accorde à un confrère dont l'honorabilité n'a jamais été mise en doute. Pour toute réponse, je me borne à rappeler à M. Daumerie les paroles prononcées à cette occasion par un des membres de la docte compagnie : « Si » l'on ne croit pas M. Zimmermann, l'on » ne doit pas en croire d'autres. » — M'appuyant sur l'authenticité des faits que j'ai recueillis et relatés avec l'exactitude la plus minutieuse possible, je laisse à juger si le travail que j'ai livré à la publicité est un travail consciencieux et sérieux, ou un produit de l'invention et de l'imagination.

Les objections faites par le troisième de mes contradictcurs sont d'une nature plus sérieuse. Dans la deuxième des séances que je viens d'indiquer, M. Henriette dé.. clara avoir expérimenté mon traitement en trois occasions et avoir chaque fois échoué. De plus, il dit que chez ces trois malades les frictions iodo-bromurées ont provoqué au cou un érysipèle d'une telle intensité que dans l'un de ces cas il hâta la mort, et qu'il empêcha dans un autre de pratiquer la trachéotomie. M. Henriette, en appelant toute l'attention de ses confrères sur ces terribles effets de la teinture d'iode iodo-bromurée, les conjure avec instance de ne jamais s'en servir, s'il entrait dans leurs vues de faire la trachéotomic, parce qu'ils se mettraient dans l'impossibilité de la pratiquer. « Il est bon, se récrie à la fin » de son discours M. Henriette, que les » médecins soient instruits des résultats » que le traitement de M.Zimmermann nous

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