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Partons de ce point qu'en faisant passer dans une dissolution aqueuse de gaz carbonique un courant d'air suffisant, tout ce gaz en est classé à la température ordinaire.

Opérant alors sur de l'eau renfermant des bicarbonates de chaux, de magnésie, ou de manganèse, ou un mélange de ces sels entre eux, lorsque l'air entraîne plus de gaz carbonique, nous vérifierons que le liquide retiendra les bicarbonates de ces bases auxquels un excès quelconque d'air, pourvu qu'on n'élève pas la température, n'enlèvera pas d'acide carbonique.

Le liquide fournira au contraire par l'ébullition ou le passage d'un courant d'air échauffé, du gaz carbonique et un précipité de carbonates.

On voit que j'ai omis de parler du carbonate de fer dissous dans l'acide carbonique c'est à dessein, parce que le degré d'oxydation du fer n'étant pas toujours le même et l'air injecté pouvant transformer l'oxyde ferreux en oxyde ferrique, les proportions d'acide carbonique dégagé varicraient par là même et ne représenteraient plus l'état réel du sel dans l'eau.

Il faut alors substituer au courant d'air un courant d'hydrogène, tout le reste se trouvant appliqué de la même manière.

Le peu de baséité de l'oxyde ferrique, la faible stabilité de son bicarbonate et sa grande propension à se décomposer, exigent quelques soins particuliers dans l'opération, comme on va le voir.

Contrairement à ce qui a lieu pour les bicarbonates de chaux, de magnésie et de manganese dans lesquels un énorme excès d'air ne détermine pas de précipité, un gaz comme l'hydrogène qui ne peut faire passer l'oxyde ferreux à l'état d'oxyde ferrique, après avoir chassé l'acide carbonique en excès, détermine en un moment donné une précipitation de carbonate, d'où résulte que si on dépassait le point de la réaction, une portion de gaz carbonique proviendrait de la décomposition plus ou moins complète du bicarbonate.

Après beaucoup de tâtonnements, je suis parvenu à régulariser cette réaction d'une manière facile. Il suffit pour cela d'arrêter le courant d'hydrogène à l'instant où une bulle détermine un léger louche dans le point du liquide qu'elle traverse.

Mais il faut se hâter alors de retirer le tube qui amène le gaz, d'adapter au vase qui renferme l'eau sur laquelle on opère, un appareil propre à doser l'acide carbonique en retenant au passage l'eau par l'aeide sulfurique, en dégageant le gaz carbonique par l'ébullition, par un courant de

gaz, surtout échauffé, ou par un acide, suivant qu'on veut déterminer, séparément ou réunis, l'acide carbonique du bicarbo nate ou du carbonate.

Le mode le plus commode pour ne pas arriver à la décomposition du bicarbonate de fer consiste à opérer dans un vase de verre fortement éclairé par la lumière, en observant, par réflection, l'action altérante d'une seule bulle de gaz.

Ou, inversement, en enveloppant le flacon avec du papier noir dans lequel on a pratiqué d'un côté une légère ouverture qui sert à introduire la lumière d'une bougie ou d'une lampe, et de l'autre une fente étroite par laquelle on se place pour observer l'action que nous avons signalée.

Pour les caux qui ne contiennent pas de fer, l'appareil à employer se compose d'un aspirateur, d'un tube en Uà ponce sulfurique, d'un tube à potasse pour retenir l'acide carbonique de l'air, du vase renfermant l'eau sur laquelle on opère, d'un tube à ponce sulfurique pour dessécher le gaz carbonique et du tube à potasse pour le doser. Au delà on place un second tube à ponce sulfurique pour retenir l'eau entrainée par l'air qui pourrait rentrer dans l'appareil au moment où l'on remplit l'aspirateur, et si l'on craignait que cet air renfermât de l'acide carbonique, un autre tube à potassc.

On peut opérer ainsi partout, même au griffon d'une source, sur des volumes d'eau aussi considérables qu'on le désire, et avec lesquels alors, on voit disparaitre les causes d'erreur, dont l'influence serait énorme si l'on agissait sur de petites quantités.

Lorsqu'on opère sur des caux ferrugi neuses, on se sert pour produire le courant d'un appareil à hydrogène, en sup primant l'aspirateur et le premier tube à ponce sulfurique.

Une dissolution d'acide sulfhydrique se conduit exactement, sous l'influence d'un courant d'air, comme celle de gaz carbonique; mais le dépôt de soufre qui proviendrait de la décomposition d'une portion de gaz, oblige à se servir d'hydrogène.

Si ce gaz renfermait du soufre, comme il arrive souvent quand on le prépare avee le zinc impur, on lui ferait traverser de l'acétate acide de plomb avant d'arriver au tube à potasse.

Lorsqu'on opère sur une eau qui renferme du sulfure, ou hydrosulfate de sulfure et un excès d'acide sulfhydrique, ce dernier seul sera entraîné et on le dosera au moyen de l'acétate acide de plomb.

Si le liquide renferme à la fois des bi

carbonates, de l'acide carbonique, des composés sulfurés et de l'acide sulfhydrique, on dose celui-ci par l'acétate acide de plomb et l'acide carbonique par la potasse, en opérant toujours comme nous l'avons dit.

L'air déplace dans les mêmes conditions l'acide carbonique qui se trouve en dissolution dans un liquide renfermant des bicarbonates alcalins et permet de doser ce gaz d'une manière rigoureuse.

Dans les eaux minérales magnésiennes, calcaires, ferrifères ou manganésifères, les bicarbonates sont accompagnés d'acide carbonique: elles rougissent le tournesol.

Lorsque le gaz a été chassé par le courant d'air, les bicarbonates calcique, magnésique et manganésique restent en dissolution tant qu'on n'élève pas la tempérarature et les liqueurs sont neutres au papier réactif.

Le bicarbonate de fer, une fois privé de l'excès d'acide carbonique qui l'accompagnait, se décompose avec une extrême rapidité même dans une atmosphère d'hydrogène ou d'azote; nous avons vu précédemment comment il fallait dans ce cas conduire l'opération.

Ainsi, à une source même, quand il ne s'agit que d'acide carbonique, un tonneau comme aspirateur, quelques tubes à potasse et à ponce sulfurique, un flacon pour contenir l'eau à essayer et une balance sont les seules choses nécessaires, et comme on peut opérer à volonté, sur 10, 50, 50 et même 100 litres d'eau, le poids de l'acide carbonique fixé ne rend pas indispensable une balance de grande précision.

Si c'est sur de l'eau sulfhydrique que l'on opère, un appareil producteur d'hydrogène substitué à l'aspirateur suffit pour l'opération.

Si l'eau renferme à la fois des acides carbonique et sulfhydrique, l'appareil à hydrogène, la ponce sulfurique, l'acétate acide de plomb et la potasse permettent de recueillir et de doser tous les produits ga

zeux.

Nous devons faire remarquer en terminant que, dans ce procédé, l'eau d'où l'on a ainsi chassé les acides carbonique ou sulfhydrique, peut servir à la détermination de tous les autres principes qu'elle renferme, condition qui n'est pas sans importance dans beaucoup de circonstances.

Ajoutons enfin que, quand il s'agira de déterminer la proportion de gaz carbonique dans des eaux atmosphériques, l'emploi d'un courant d'air purifié par la potasse sera de beaucoup préférable à l'ébul

lition et permettra de doser très-exactement ce gaz, sans avoir à se préoccuper de sa solubilité dans la portion d'eau qui se dégage avec lui et qui, en se condensant, en retient une plus ou moins grande quantité.

Au moyen de l'acide carbonique on pourra déterminer exactement le volume d'air que contient une eau donnée; ce qu'est loin de fournir le mode suivi jusqu'ici.

Le procédé que nous venons de décrire nous paraît susceptible d'applications utiles et variées et de nature permettre de décider beaucoup de questions de météorologic, d'hydrologie et de thérapeutique : nous nous bornons à indiquer ces applications; dans un autre mémoire, nous ferous connaître beaucoup de faits très-remarquables qui s'y rapportent.

(J. de pharm. et de chimie, mars 1861.)

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SUR LES PYROLÉINES OU HUILES INOXYDA · BLES POUR LE GRAISSAGE DES MACHINES; par JULES ROTH, de Mulhouse. La préparation des pyroléines se fait dans des chaudières de 500 à 400 kilog. de capacité. Elles sont munies de robinets à leur partic inférieure. On les remplit à moitié d'huile de colza ou d'huile d'olive lampante. On chauffe de manière à porter l'huile à l'éLullition par une chaleur modérée ; on les surchauffe ensuite, c'est-à-dire on les chauffe jusqu'à ce qu'elles subissent un commencement de décomposition, qui se manifeste par un dégagement de produits gazeux ou volatils.

Après avoir surchauffé les huiles pendant environ un quart d'heure, on y ajoute du suroxyde plombique (minium), Pb3Oʻ, sous forme de poudre impalpable. A cet effet, on se sert d'un tamis fin, qui permet de faire tomber le minium à l'état de division extrême sur la surface de l'huile. L'addition du suroxyde de plomb doit se faire graduellement et successivement, de manière à opérer la réaction entre l'huile et le minium au moment du contact. On n'ajoute une nouvelle quantité de suroxyde de plomb que lorsque la partie précédente a disparu entièrement, ce qu'on reconnait à une écume blanche qui se produit au moment de la disparition du dernier atome de minium,

Voici ce qu'on observe pendant cette opération l'huile, limpide de prime abord, perd sa transparence au bout d'une heure et demie; elle devient de plus en plus foncée, sans toutefois se troubler encore; elle est de couleur brun noirâtre,

il est vrai, mais ne renferme aucune substance en suspension jusque-là. Bientôt après, la surface de l'huile se moutonne, l'écume tombe; de jaune foncé qu'elle était, elle devient blanche comme la neige, se divise et se disperse de tout côté, noircit ensuite sur les bords par les impuretés amenées partiellement à la surface de l'huile.

Les bulles deviennent plus fréquentes: c'est le moment de la transformation de l'huile; les substances étrangères modifiées sont éliminées et viennent à la surface sous forme de grumeaux vert noir en masses en apparence compactes, de plus en plus volumineuses. On retire alors le feu; les impuretés continuent encore d'apparaître pendant quelque temps. En voyant cette masse noire, on serait tenté de croire à une carbonisation de la matière; mais bientôt les grumeaux disparaissent, se déposent, et l'huile, limpide comme le cristal, surnage; seulement, au lieu d'être jaune, elle est de couleur vert pré.

L'huile limpide est ensuite soutirée et on la fait couler dans de grands réservoirs en tôle plombée, de 2000 kilog. chacun. Là elles sont mises à déposer.

Les résidus sont mis dans des cuves spéciales, munies de robinets placés à des hauteurs différentes en hiver, il est nécessaire de chauffer un peu le local, pour favoriser la clarification complète des huiles; au bout de peu de jours, elles sont d'une limpidité parfaite; elles ne déposent plus et sont prêtes à être expédiées. Les résidus, se contractant peu à peu, laissent surnager de l'huile limpide qu'on soutire. Il est probable qu'en les traitant soit à chaud, soit même à froid par de l'acide sulfurique ou de l'acide chlorhydrique. ou par du chlorure de zinc, on ferait contracter le plus possible les impuretés, et qu'on retirerait ainsi une huile claire qui serait parfaitement propre, sinon au graissage des machines, du moins à la combustion dans les lampes. Les résidus, rassemblés sur un filtre et bien égouttés, seraient encore excellents pour la fabrication du gaz de l'éclairage. (E. Kock, Moniteur scientifique.)

La préparation des différentes pyroléines donne lieu à des phénomènes particuliers, que la pratique indique à l'opérateur, et qui sont pour lui des indices presque infaillibles pour la réussite de l'opération.

Préparation de la pyroleine de colza. Huile de colza, 500 kilogrammes; minium, 250 grammes.

On opère comme il vient d'être dit; on cesse de chauffer lorsqu'on voit apparaitre

à la surface de l'huile de gros grumeaux noirs. On laisse refroidir pendant une heure environ; on décante la partie elaire, et on la transvase dans des réservoirs en métal; au bout de quelques jours, elle se clarifie par le repos et ne nécessite aucun filtrage.

Préparation de la pyroleine d'olives. Huile d'olives lampante, 500 kilogrammes; minium, 500 grammes.

La marche de l'opération est la même; seulement, comme l'huile d'olives s'épaissit moins que l'huile de colza, il est nécessaire d'augmenter les proportions de suroxyde de plomb. Elle contient beaucoup de matière concréte (margarine), qui se dépose dans les réservoirs, et elle fournit une grande quantité de déchet.

Préparation d'une pyroleine de consis tance ferme. Huile de colza, 150 kilogrammes; miniuum, 2 kilogrammes.

On opère toujours selon le mode indiqué; on maintient l'huile à une douce température à l'aide de braise recouverte de cendres; on décante le lendemain la partie claire; par le repos elle se prendra en

masse.

On se sert de cette pyroléine comme épaississant des huiles lourdes minérales. A cet effet, on la verse encore chaude dans une cuve en métal, et on y ajoute de l'huile minérale froide jusqu'à ce que le mélange ait acquis la consistance de T'huile grasse. Il faut que l'épaississant soit liquide et chaud, pour qu'il se dissolve facilement dans l'huile minérale froide.Le mélange se clarifie par le repos. En hiver, il est nécessaire de chauffer le local à environ 20 degrés centigrades pour faciliter la clarification et pour effectuer promptement la séparation des matières insolubles constituant le déchet. En ajoutant aux proportions de pyroléine épaississante indiquées plus haut 400 kilog d'huile minérale, on obtient une excellente huile de graissage.

Voici, d'après M. J. Roth, les avantages que présentent les pyroléines. Elles ne s'épaississent point pendant l'action du graissage; elles ne forment point de cambouis; elles ne s'échauffent pas comme les huiles grasses naturelles; elles absorbent moins de force motrice; elles donnent un frottement d'une constance toujours parfaite.

Les pyroléines sont en outre moins con gelables que les builes grasses naturelles; elles sont susceptibles de toute espèce de consistance; elles sont onctueuses au loucher, et à l'état solide elles sont buty reuses et fondent par la simple chaleur de la

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ACTION DE LA LUMIÈRE SUR UN MÉLANGE DE PERCHLORURE DE FER ET D'acide tartriqUE ; APPLICATIONS A L'IMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE; note de M. POITEVIN. Depuis longtemps on a observé que les sels de sesquioxyde de fer sont ramenés à l'état de protoxyde par la lumière et en présence de certains composés organiques, tels que l'alcool, l'éther, etc. Ayant eu pour but d'appliquer cette propriété à l'impression photographique, j'ai recherché des substances réductrices non volatiles. Les sels de sesquioxyde d'urane, réduits cux-memes par la lumière en présence des corps organiques (le papier par exemple), réagissent sur les sels de fer au maximum, par le sel de protoxyde d'urane qui se forme d'abord; l'acétate d'ammoniaque, l'alloxanthine, la glycérine, et surtout l'acide tartrique, m'ont également fourni des réactions très-nettes et utilisables en photographie. Bien que cette réduction soit commune à tous les sels de fer au maximum, et même au peroxyde de fer, que j'ai également expérimenté, je me suis arrêté à l'emploi d'un mélange de perchlorure de fer et d'acide tartrique. Je ne parlerai donc ici que de ces deux corps.

La formation partielle du gallate de sesquioxyde de fer sur le papier ou sur d'autres surfaces, pour y produire des images photographiques, est basée sur la réduction du perchlorure de fer en protochlorure, qui se forme seulement aux endroits soumis à l'action de la lumière.

L'application des poudres de charbon ou d'autres couleurs et corps vitrifiables repose sur une autre propriété, que je crois avoir observée le premier: c'est que le perchlorure de fer et l'acide tartrique, dissous dans de certaines proportions et appliqués sur une surface quelconque, desséchés, soit artificiellement, soit spontanément dans l'obscurité, donnent une couche unie d'un composé non cristallin et non hygroscopique, et qui reste tel tant qu'il est conservé à l'abri de la lumière, mais qui devient déliquescent au soleil ou à la Jumière diffuse. J'ai constaté dans les parties influencées par la lumière la présence du protochlorure de fer, qui est déliques cent, et celle d'un corps à réaction et trèsavide d'eau, qui a dù se former par la réaction du chlore sur l'acide tartrique; c'est surtout ce dernier produit qui joue

le plus grand rôle dans l'application des poudres sèches sur les surfaces photogéniques que j'emploie, car il ne s'en forme pas assez pour happer les poudres, lorsque je diminue la dose d'acide tartrique. Voici mes moyens d'opérer :

1° Pour l'impression au gallate de fer (encre ordinaire), je fais une dissolution contenant 10 grammes de perchlorure de fer pour 100 grammes d'eau; j'y ajoute 5 grammes d'acide tartrique, je la filtre et la conserve à l'abri de la lumière. Pour préparer le papier, je verse ce mélange dans une cuvette, et j'applique successivement à sa surface chaque feuille en observant qu'il ne reste pas de bulles d'air interposées; je la retire aussitôt et la suspends pour la laisser sécher dans l'obscurité, ou bien, après égouttage, je la sèche au feu. Le papier ainsi préparé peut se conserver longtemps; il est d'une couleur jaune foncé. Pour l'impressionner, on le met dans la presse sous un cliché photographique direct ou sous le dessin à reproduire; on le laisse exposé à la lumière traversant les blancs de l'écran, jusqu'à ce que la couleur jaune ait disparu, et qu'une image en jaune foncé se détache sur le fond blanc du papier. Pour transformer ce dessin en noir d'encre, je plonge rapidement la feuille impressionnée dans de l'eau distillée, puis dans une dissolution saturée d'acide gallique, ou dans une infusion de noix de galle, ou bien d'un mélange d'acides gallique et pyrogallique, selon le ton noir que je désire obtenir. Dans l'un ou l'autre cas, l'acide organique forme de l'encre, seulement sur les parties où le perchlorure de fer n'a pas été décomposé, et il est sans action sur le protochlorure qui recouvre les autres où la lumière a agi. On a donc ainsi une impression directe. Pour fixer cette image, il suffit de la laver à l'eau distillée ou à l'eau de pluie.

2o Impression au charbon et aux couleurs en poudre, vitraux photographiques, peinture sur porcelaine et sur émail, etc.

En pratiquant le mode d'impression précédent, j'ai remarqué que le papier impressionné était devenu très-perméable à l'eau dans les parties insolées. J'ai utilisé cette propriété pour y former des images avee des poudres quelconques; il m'a suli pour cela de mouiller avec de l'eau gommée les revers de la feuille : cette eau traverse le papier et retient les couleurs en poudre que l'on applique avec un pinceau. Plus tard, en remplaçant le papier par des surfaces de verre dépoli, en les recouvrant du mélange precipité et les séchant, je remarquai qu'après leur exposition à la

lumière à travers un négatif, les parties influencées se recouvraient spontanément d'humidité, et que la préparation, de sèche, était devenue déliquescente dans ces parties seulement; ce fait m'a conduit au nouveau mode d'impression que je vais dé

crire.

Je fais deux dissolutions, l'une contenant 16 grammes de perchlorure de fer pour 100 grammes d'eau, l'autre 8 grammes d'acide tartrique pour 100 grammes d'eau; des volumes égaux de ces deux liquides sont mélangés au fur et à mesure de l'emploi. Sur des surfaces de verre dépoli et douci, et parfaitement nettoyées, ou bien sur des surfaces de glace polie, mais préalablement recouvertes de collodion ou autre subjectile, je verse le mélange précité, je l'étends et fais égoutter l'excès; je laisse ensuite sécher spontanément dans l'obscurité ces plaques de verre posées, soit sur champ, soit horizontalement, ou les fais sécher au feu, selon l'épaisseur de la couche de préparation que je désire obtenir. L'impression se fait à travers un négatif du dessin; elle peut être de cinq à dix minutes au soleil: ce temps varie d'ailleurs selon la saison et l'intensité du négatif. Au sortir de la presse, le dessin est peu visible sur la plaque, mais il le devient bientôt par la buée d'humidité qui se forme seulement sur les parties impressionnées. Cette couche humide me permet de faire adhérer des poudres quelconques partout où elle existe, et le dessin apparait graduellement sous un pinceau chargé des couleurs sèches. L'épreuve peut être conservée ainsi : elle est inaltérable, mais il vaut mieux enlever à l'alcool acidulé, puis à l'eau, les parties de la préparation non modifiées par la lumière (elles sont peu solubles dans l'eau pure); sécher ensuite la plaque et vernir le dessin. On obtient ainsi un transparent. Si l'on veut obtenir une peinture sur verre, on emploie pour le poudrage des oxydes minéraux ou des émaux en poudre, et l'on soumet les plaques de verre dans un moufle à une température suffisante pour liquéfier le fondant ou l'émail; on opère de même sur des surfaces de porcelaine ou émaillées.

Lorsqu'il ne s'agit que d'obtenir une épreuve sur papier, j'emploie des poudres de charbon ou autres couleurs insolubles dans l'eau, je verse sur la surface portant le dessin une couche sur le collodion normal, je lave à l'eau acidulée pour enlever l'excès de préparation et détruire l'adhérence du collodion à la plaque, et j'enlève cette couche au moyen de papier gélatiné; il ne reste aucune trace du dessin sur la

surface du verre. Je gomme ou vernis l'image pour la solidifier, et je colle l'épreuve sur carton.

J'ai également observé que cette préparation au perchlorure de fer et à l'acide tartrique avait la propriété de retenir les corps gras sculement sur les parties qui ne reçoivent pas l'action de la lumière, et j'en ai fait un nouveau moyen d'impression photographique à l'encre grasse et de gravure chimique. (Rép. de pharm., fév. 1861.)

SCR LE MYRONATE DE POTASSE par MM. LUDWIG et G. LANGE. Le myronate de potasse a été découvert par M. Bussy dans les graines de moutarde noire. L'acide myronique, comme on pouvait le penser a priori, a une molécule trèscomplexe. Il a de l'action soit libre, soit combiné, sur la lumière polarisće; il appartient à l'ordre des glycosides.

Voici comment les autcurs obtiennent le myronate de potasse cristallisé. On commence par épuiser à deux reprises la moutarde noire par de l'alcool à 80 degrés centésimaux, et puis à deux reprises par de l'eau froide. Le myronate de potasse est contenu dans les liqueurs aqueuses. Cellesci sont évaporées à consistance sirupeuse, le résidu est traité à chaud par l'alcool faible. La liqueur se trouble par le refroidissement; elle est filtrée et concentrée : il s'en dépose des cristaux de myronate de potasse qu'on purifie par une seconde eristallisation.

500 grammes de moutarde noire ont donné, à l'aide de ce procédé, 1 gramme de myronate de potasse incolore et cristallisé; 1500 gr. en ont donné 7gr,5.

100 parties de myronate de potasse renferment carbone, 29,78; hydrogène, 4,91; azote, 3,97; soufre, 14,95; oxygène, 34,92; potasse, 11, 29.

Ces nombres répondent à la formule KO,CH1AzS'O18 (?).

Lorsqu'on traite le myronate de potasse par de la myrosine récemment préparée (extrait aqueux de moutarde blanche), il se manifeste une forte odeur d'essence de moutarde. La réaction ne donne pas lieu à un dégagement de gaz. Lorsqu'elle est terminée, si l'on soumet le liquide aqueux à la distillation, l'essence de moutarde passe avec l'eau, et il reste dans la cornue un liquide laiteux et acide. Ce liquide tient du soufre en suspension. Il renferme du sulfate de potasse en solution; mais on ne retrouve dans ce sulfate que le quart de la quantité totale du soufre que renferme le myronate.

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