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crâniotomie en août 1857, pour déformation pelvienne, fut délivrée prématurément, en septembre 1858, d'un enfant qui naquit sain, mais faible, et mourut le troisième jour. En septembre 1859, elle fut accouchée, de la même manière, d'un enfant, qu'elle emporta, en bonne santé, au bout de trois semaines.

OBS. 7. Une femme fut délivrée par ce

procédé en novembre 1860; il fallut pratiquer la version par les pieds: l'enfant paraissait mort; mais on put le rappeler à la vie. La mère guérit.

En somme, sur quatorze couches, provoquées chez sept femmes, il y a eu huit enfants vivants et six morts. Six des sept femmes ont survécu.

(The Lancet et Gaz. med. de Lyon, No 8 )

Chimie médicale et pharmaceutique.

EXAMEN D'UN OXYDE D'ANTIMOINE NATUREL (STIBICONISE) DE BORNÉO, par M. T. L. PHIPSON, membre correspondant de la Société à Londres.-Il nous arrive de Bornéo une matière compacte ressemblant un peu à quelques variétés de Feldspath leptynite, et qui se trouve mêlée en quantité notable avec la stibine que l'ile de Bornéo verse dans le commerce européen. On a pensé que c'était de la gangue qui enveloppait çà et là le sulfure d'antimoine natif, et bien des fondeurs l'ont jetée de côté comme telle.

Il résulte de l'examen que j'en ai fait que cette substance est un oxyde d'antimoine le plus souvent assez pur et constituant un minerai supérieur de beaucoup à la stibine.

Il se montre sous forme d'une matière compacte à texture cristalline, blanc jaunåtre, montrant çà et là des cristaux d'un demi-pouce de long à éclat nacré et striés horizontalement ce sont des prismes droits rhomboïdaux terminés par deux facettes (biseau) et modifiés sur deux des arêtes perpendiculaires.

Il n'est pas volatil dans le tube fermé (ce qui le distingue de l'oxyde antimonique Sbo3 qui est volatil); les échantillons purs sont entièrement volatils au feu de réduction, non volatils au feu d'oxydation; ils sont infusibles au chalumeau (ce qui distingue ce minéral de l'exitèle, Sb05 qui est fusible), mais donne un bouton d'antimoine métallique avec le carbonate de soude sur le charbon.

Ces caractères suffisent pour démontrer que l'oxyde en question est SbO' (Stibiconise des minéralogistes, antimoniate antimonique de quelques chimistes).

Les échantillons contiennent comme impuretés du soufre, de la stibine, de l'oxyde ferrique, etc., mais ils sont généralement assez purs, et l'un d'eux m'a donné 65 p. cent d'antimoine métalloïde par voie sèche, tandis que la stibine ne rend que 45 p.

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La densité de ce minéral d'après quelques auteurs est 3,80; mais tous les échantillons de Bornéo que j'ai examinés m'ont donné des densités de 4,64 à 4,68; d'où j'avais conclu que ces échantillons devaient être argentifères. Cependant je n'y ai pas trouvé d'argent en quantité notable, ils ne contiennent non plus que des traces d'aresnic.

Comme ce minéral accompagne la stibine, dont il affecte la même forme cristalline, il est probable qu'il a été formé aux dépens du sulfure d'antimoine avec le concours de l'eau ou de la vapeur surchauffée, comme nous la voyons agir dans les belles expériences de M. Daubrée.

La stibiconise se dissout assez bien à chaud dans un mélange d'acide hydrochlorique et d'acide tartrique.

Pour le réduire en antimoine métallique j'ai réussi le mieux avec un mélange de charbon, de crème de tartre et de carbonate sodique. J'avais pensé qu'en mêlant ensemble des proportions convenables de stibiconise et de stibine, on pourrait obtenir le métal d'après l'équation :

2SbS3+5Sb0'=5Sb+6SO2.

Cependant cettte réaction n'a pas lieu :

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RECHERCHES SUR LA MATIÈRE SUCRÉE CONTENUE DANS LES FRUITS ACIDES; SON ORIGINE,

SA NATURE ET SES TRANSFORMATIONS; par M. H. BUIGNET, professeur agrégé à l'école supérieure de pharmacie de Paris. (Suite et fin. V. notre cahier d'avril, p. 384.)

III. Origine de la matière sucrée.

La facilité avec laquelle l'amidon se change en sucre sous l'influence des acides ou de la diastase a conduit à la supposition bien naturelle que c'était lui qui engendrait la matière sucrée dans les fruits acides. Il est vrai que les procédés artificiels par lesquels on est parvenu à opérer ce changement n'ont jamais fourni que du sucre réducteur ou du glucose. Mais on peut objecter que le sucre de canne, en supposant qu'il se forme réellement, ne pourrait constituer qu'un produit intermédiaire et passager, la même cause qui change l'amidon en sucre ayant aussi pour effet de changer le sucre en glucose.

Cependant, si l'on considère que le glucose obtenu dans cette circonstance est du glucose dextrogyre, ayant un pouvoir rotatoire égal à+53o, tandis que celui qui dérive du sucre de canne est constamment lévogyre, et a un pouvoir rotatoire égal à

26o, on hésite à attribuer la même origine à deux sucres de constitution moléculaire aussi différente.

Quoique l'amidon existe dans la partie médullaire des tiges et leurs ramifications, il est facile de reconnaître, soit à l'aide du microscope, soit par les réactifs chimiques, qu'il n'en existe aucune trace dans les fruits acides. C'est ainsi qu'en plaçant sur le champ du microscope une tranche de fruit récemment coupée et sur une partie de laquelle on a déposé une ou deux gouttes d'eau iodée, on n'aperçoit aucune trace de coloration bleue, aucune apparence particulière rappelant la forme globuleuse et arrondie des grains d'amidon.

Mais si, après avoir exprimé la pulpe d'un fruit vert, on vient à verser dans le jus filtré et presque incolore qui en provient une petite quantité de solution d'iode, on peut remarquer que, non-scule

ment il n'apparaît pas de couleur bleue dans le liquide, mais que la couleur propre de l'iode disparaît progressivement jusqu'à un certain terme que l'on peut apprécier avec certitude et qui exprime la limite de son absorption. Ajoute-t-on préalablement de l'amidon au jus filtré, la couleur bleue de l'iodure d'amidon ne commence à paraître que lorsque la première affinité est satisfaite; en sorte que, s'il n'y a pas d'amidon dans le jus filtré des fruits verts, il y a du moins un principe particulier qui absorbe l'iode avec plus d'énergie que lui, et qui forme d'ailleurs avec ce métalloïde un composé complétement incolore.

La rapidité avec laquelle l'iode est absorbé par cette matière particulière, et la facilité qu'on a de saisir avec certitude la limite de son absorption, permettent d'établir le dosage relatif de cette substance, soit dans les différents fruits comparés entre eux, soit dans un même fruit comparé aux diverses périodes de sa maturité.

Pour cela, on prend une solution d'iode pareille à celle qui sert pour les essais sulfhydrométriques et qui est formée, comme on sait, de 10 grammes d'iode pur et sec pour 1,000 centimètres cubes ou 1 litre de liqueur. On prend d'un autre côté la solution de fruit préparée comme il a été dit pour les dosages d'acide et de sucre, et obtenue par l'épuisement de 100 grammes de pulpe à l'aide d'une quantité d'eau suffisante pour compléter 1 litre de liquide. On ajoute à 100 centimètres cubes de ce liquide clair et en général très-peu coloré, une petite quantité de solution d'amidon, et l'on y verse la teinture d'iode goutte à goutte à l'aide d'une burette graduée en dixième de centimètre cube, jusqu'à ce qu'on voie apparaitre la couleur bleue si intense de l'iodure d'amidon. Le nombre de divisions dépensées pour arriver à ce terme exprime en milligrammes la quantité d'iode absorbée dans les différents cas.

En déterminant les quantités d'iode absorbées par un même suc de fruit aux diverses périodes de la maturité, on trouve que ces quantités vont sans cesse décroissant, à mesure que s'élève au contraire la proportion du sucre; c'est là un résultat très-remarquable; aussi ai-je cherché à isoler la matière qui absorbe ainsi l'iode et à en faire une étude approfondie au point de vue de ses relations probables avec le su

cre.

J'ai vu que cette matière avait la plus grande analogie avec le tannin; qu'elle en avait la composition et les caractères chimiques; qu'incapable par elle-même de

réduire la liqueur de Fehling et de fermenter, elle acquérait cette double propriété sous l'influence de l'acide sulfurique dans des conditions déterminées. Mais, ayant préparé une certaine quantité de ce sucre de tannin, j'ai vu qu'il avait le même pouvoir rotatoire+53o que le sucre d'amidon; en sorte que, sous ce rapport, les deux substances ne se prêteraient pas mieux l'une que l'autre à une théorie satisfaisante sur l'origine de la matière sucrée dans les fruits.

Cependant l'observation attentive des faits semble montrer qu'elles ne sont pas étrangères à sa formation. Dans le fruit du bananier, par exemple, pris à l'état vert, on trouve tout à la fois beaucoup d'amidon et beaucoup de tannin. Mais à mesure que la maturité s'avance, ces deux principes diminuent progressivement, et l'on voit s'élever au contraire la proportion de la matière sucrée, qui, dans ce cas, est constituée en totalité par du sucre de canne. N'est-on pas en droit d'admettre que ce sont eux qui ont fourni les matériaux de cette matière sucrée, et que si celle-ci est constituée par du sucre de canne et non par du glucose à pouvoir rotatoire + 55°, c'est que la métamorphose s'est accomplie par des procédés que la nature seule connait, et qui ne ressemblent en rien à nos procédés artificiels?

Ce qui montre mieux encore qu'il en doit être ainsi, c'est que, dans ces mêmes bananes, où l'on ne trouve que du sucre de canne, tant qu'elles sont soumises aux forces naturelles de la végétation, on trouve au contraire du glucose en quantité considérable, lorsqu'elles ont été détachées de l'arbre à l'état vert et mûries par des moyens artificiels.

En résumé, de tous les faits que je viens de rappeler, j'ai cru pouvoir déduire les conclusions suivantes touchant la nature, l'origine et la transformation de la matière sucrée dans les fruits:

I. Le sucre qui se forme originairement dans les fruits acides est le sucre de canne CHO", identique par ses propriétés et son pouvoir rotatoire avec celui qu'on extrait de la canne ou de la betterave.

II. Pendant la maturation des fruits, ce suere subit une influence particulière et se change peu à peu en sucre interverti C2 HO1, identique par ses propriétés et son pouvoir rotatoire avec celui qu'on obtient par l'action des acides ou du ferment glucosique sur le sucre de canne.

III. Lorsqu'on examine la matière sucrée à l'époque de la maturité complète, on la trouve différemment constituée sui

vant les fruits où on l'observe. Tantôt elle se compose de sucre interverti pur et simple, comme dans le raisin, la groscille, la figue, tantôt elle renferme un mélange en proportions variables de sucre de canne et de sucre interverti, comme dans l'ananas, l'abricot, la pêche, la prune, etc.

IV. La cause qui préside à ces différences n'est pas, comme on pourrait le croire, l'acidité des fruits. L'expérience montre que les acides organiques, en raison de leur proportion relative, de leur état de dilution, de la faible température à laquelle ils agissent, n'ont qu'une légère action pour intervertir le sucre de canne en présence duquel ils se trouvent. Aussi n'existet-il aucun rapport entre l'acidité des fruits et l'altération que présente leur matière sucrée. Le citron, dont l'acidité est excessive, offre plus du quart de sa matière sucrée à l'état de sucre de canne, tandis que la figue, qui est à peine acide, présente la totalité de la sienne à l'état du sucre interverti. De même, on trouve jusqu'à 70 pour 100 de sucre de canne dans la matière sucrée de l'abricot, de la pêche, de la prune de mirabelle, tandis qu'on n'en trouve pas trace dans le raisin et la cerise, où l'analyse constate une acidité beaucoup moindre.

V. Les différences que présente la proportion relative des deux sucres paraissent tenir à l'influence d'une matière azotée, jouant le rôle d'un ferment glucosique analogue à celui que M. Berthelot a extrait récemment de la levûre de bière. En écrasant la graine de groseilles et la traitant par l'eau froide, on obtient un liquide qui intervertit à froid le sucre de canne contenu dans le jus de fruit.

VI. L'influence comparée de l'acide et du ferment se trouve rendue manifeste par deux expériences parallèles faites sur un même, jus de fruits : l'une, dans laquelle on précipite le ferment par l'alcool; l'autre dans laquelle on neutralise l'acide par le carbonate de chaux. Dans la première, la matière sucrée subsiste pendant un temps très-long sans modification sensible; dans la seconde, au contraire, elle est totalement transformée, même au bout de vingt-quatre heures.

La même conséquence résulte encore des expériences faites sur le fruit du bananier. A quelque période de la végétation qu'on examine son suc, on n'y trouve aucune trace d'acide libre. Et cependant on trouve, dans les bananes mûries artificiellement, près des deux tiers de la matière sucrée à l'état de sucre interverti.

VII. Il existe, entre le sucre de canne

et le sucre interverti, une affinité tellement étroite que ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvient à les séparer l'un de l'autre. C'est ainsi que le sucre de canne perd sa faculté de cristalliser, quand il se trouve en présence d'une proportion même très-petite de sucre interverti. C'est ainsi encore que le protoxyde de plomb, qui agit très-différemment sur les deux sucres à l'état isolé, exerce la même action sur eux quand ils se trouvent à l'état de mélange.

VIII. Le procédé qui réussit le mieux pour isoler le sucre de canne des fruits qui en contiennent, est celui que M. Péligot a indiqué pour l'analyse des mélasses, et qui consiste à former un saccharate de chaux que l'on sépare par l'ébullition et qu'on décompose ensuite par un courant d'acide carbonique. Toutefois, on n'arrive à obtenir ce sucre à l'état cristallisé et en quantité sensible qu'autant qu'on a soin de répéter les traitements à la chaux et de rendre alcoolique la solution sirupeuse d'où il doit se séparer. A cette double condition, j'ai pu obtenir le sucre cristallisable de la pêche, de l'abricot, de la prune de mirabelle, de la pomme, etc.

IX. L'abondance avec laquelle l'amidon se trouve répandu dans le règne végétal fait supposer qu'il est la véritable source de la matière sucrée dans les fruits. Cependant le sucre auquel donne lieu l'amidon, dans les transformations artificielles que nous pouvons lui faire subir, est un glucose dextrogyre à pouvoir rotatoire

+55o, tandis qu'il résulte des expériences consignées dans ce travail que ce lui que l'on trouve dans les fruits acides est du sucre de canne totalement ou partiellement interverti.

X. Il existe dans les fruits verts un principe particulier doué de la faculté d'absorber l'iode avec plus d'énergie encore que l'amidon, et de former avec ce métalloïde un composé parfaitement incolore. Ce principe est de nature astringente, et paraît se rapprocher des tannins par la plupart de ses propriétés. Son dosage peut être établi avec tout autant de facilité que celui de la matière sucrée ellemême. On reconnaît, en le pratiquant aux diverses époques de la maturité, que sa proportion diminue progressivement à mesure qu'augmente la proportion de la ma

tière sucrée.

XI. En ajoutant à un suc de fruit vert autant d'iode qu'il en peut absorber, on voit bientôt se former un précipité par la combinaison de l'iode avec la matière astringente. Si l'on recueille ce précipité

et si on le lave avec le plus grand soin pour le débarrasser de tout ce qu'il peut retenir de soluble, on constate qu'il produit du sucre sous l'influence des acides étendus et d'une température convenable.

XII. Le sucre que fournit le tannin de la noix de galle par l'action de l'acide sulfurique moyennement concentré et d'une température convenable est un glucose dextrogyre, ayant exactement le même pouvoir rotatoire que le glucose d'amidon. Le sucre que fournit le tannin des fruits verts, dans les mêmes conditions, est également du glucose dextrogyre, identique au sucre d'amidon.

Sous ce rapport, le tannin ne se prête donc pas mieux que l'amidon à une théorie satisfaisante sur l'origine du sucre dans les fruits.

XIII. Dans les bananes vertes, on trouve tout à la fois beaucoup d'amidon et beaucoup de tannin, et les deux principes diminuent progressivement et simultanément, de manière qu'on ne trouve plus trace ni de l'un ni de l'autre dans les bananes mures. Le sucre qu'on trouve à leur place est du sucre de canne.

XIV. Il existe donc une différence essentielle entre les procédés de l'art et ceux de la nature, au point de vue de la transformation en sucre, soit du tannin, soit de l'amidon.

Il existe également une différence trèsgrande entre la matière sucrée des fruits, suivant qu'elle se produit sous l'action des forces végétatives ou en dehors de leur influence. L'expérience montre que le sucre qui continue à se former dans les bananes après qu'elles ont été détachées de l'arbre n'est plus du sucre de canne, mais du sucre interverti.

(J. de pharm. et de chim., fév. 1861.)

DE LA DÉTERMINATION DANS LES EAUX NATURELLES OU MINÉRALES, DES PROPORTIONS DES ACIDES CARBONIQUE OU Sulfurique LIBRES OU COMBINÉS AUX BASES; par M. H. GAULTIER DE CLAUBRY. - Un grand nombre d'eaux naturelles ou minérales renferment des carbonates de chaux, de magnésie, de fer ou de manganèse qui, insolubles par euxmêmes, s'y trouvent dissous par de l'acide carbonique.

Dans l'analyse de ces sortes d'eaux, quelle proportion d'acide carbonique fautil attribuer aux carbonates, quelle autre doit être considérée comme dissolvant? Toute la proportion de cet acide qui excède le double équivalent nécessaire pour la formation des bicarbonates peut-elle être

considérée comme à l'état de simple dissolution dans le liquide ou bien est-elle nécessaire pour que ces bicarbonates y restent dissous?

Dans les caux alcalines gazeuses, comme celle de Vichy, par exemple, quelle est la proportion d'acide carbonique libre et celle qui est combinée?

Jusqu'ici rien n'a pu permettre de résoudre ces questions et dans les analyses si nombreuses d'eaux minérales qui renferment des carbonates insolubles, le dosage de ceux-ci et de l'acide carbonique qui leur est étranger a été véritablement impossible, malgré de nombreuses tentatives faites dans ce sens.

Aujourd'hui que l'hydrologie occupe, et avec tant de raison, les chimistes, les administrateurs et les médecins, il m'a paru qu'il devenait important de fournir pour la détermination de ces divers éléments, des moyens simples, facilement applicables, n'exigeant aucun calcul, ne reposant sur aucune donnée hypothétique pour l'appréciation des résultats, pouvant être mis en usage sans aucun instrument spécial et permettant d'opérer sur des volumes de liquides assez considérables pour voir disparaitre toutes les causes d'erreurs afférentes à des expériences qui exigent dans la mesure des volumes de gaz, une précision souvent incompatible avec certaines conditions de l'opération.

Je me contenterai de signaler ici les modes qui ont semblé de nature à mieux satisfaire aux données du problème afin de bien faire apercevoir ce qu'ils laissent à désirer.

Je ne m'arrêterai pas au dosage de la totalité de l'acide carbonique par l'action d'un acide ou à sa précipitation au moyen des chlorures de baryum ou de calcium alcalisés par l'ammoniaque, puisqu'il confond ensemble l'acide carbonique libre et celui qui existe à l'état de combinaison avec les bases.

L'action de la chaleur même fixée à 25o ou 30o qu'a proposée M. Grange ne peut être utilisée par suite de la décomposition qu'éprouvent déjà à cette température quelques bicarbonates terreux.

Le procédé proposé par le professeur Schrötter ne peut conduire à de meilleurs résultats. Si l'acide carbonique, qui dans les eaux minérales tient en dissolution les carbonates insolubles, se trouve éliminé partiellement par le chlorure de calcium fondu qu'on a porté dans le liquide, on est obligé d'admettre que le volume qui y reste dissout est exactement proportionnel à celui du liquide lui-même. Or rien ne

démontre qu'on puisse admettre dans ces cas que le coefficient de solubilité de l'acide carbonique dans l'eau déterminé par le professeur Bunsen, s'applique également aux dissolutions salines.

Le contraire est très-probable, par suite de l'énorme différence de solubilité des gaz carbonique et sulfhydrique dans des dissolutions saturées d'azotate de potasse, de sulfates de soude ou de magnésie, comme je l'ai démontré il y a de longues années et qui est telle qu'on peut se servir de cette dernière, presque sans aucune absorption, pour recueillir de l'air qui renferme seulement quelques centimètres de l'un de ces gaz ou des deux à la fois.

En tout cas, des mesures exactes du volume du gaz et des calculs sont nécessaires pour apprécier les résultats, et ce n'est toujours que sur de faibles volumes de liquide que l'on peut opérer.

Dans un récent travail, M. Buignet a fait voir que les bicarbonates naturels n'éprouvent pas d'altération dans le vide, et fondé sur ce fait la détermination de la proportion d'acide carbonique qui se trouve en liberté dans les eaux, en introduisant comparativement, dans des chambres barométriques, des poids égaux de l'eau à essayer privée d'air et de gaz par l'ébullition et le vide, d'une portion de cette même eau, à son état naturel, et d'une autre dans laquelle on fait passer de l'acide sulfurique étendu.

Au moyen d'une formule très-simple, on détermine la proportion d'acide carbonique qui a pris la forme de gaz, mais dans des conditions à peu près inapplicables sur les lieux mêmes où il serait le plus utile d'expérimenter, et comme dans le procédé du professeur Schrotter, sans qu'on puisse se prononcer sur la proportion réelle de gaz carbonique restée dans le liquide, dont le coeficient de dissolubilité doit varier suivant la nature et la proportion des sels qu'il renferme, et en devant se borner également à opérer sur quelques grammes seulement de liquide.

Après avoir vérifié dans une suite de recherches, dont je publierai séparément les résultats, ce fait remarquable que, non-seulement des gaz moins solubles dans l'eau que d'autres peuvent chasser ceux-ci de leurs dissolutions, mais que des gaz complétement insolubles, agissent de la même manière, j'ai trouvé dans son application le moyen de déterminer, dans une dissolution qui renferme de l'acide carbonique et des bicarbonates de magnésie, de chaux, de fer ou de manganèse, la proportion de eet acide libre ou combiné.

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