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que cette plante ayant une action physiologique presque identique à celle du curare, pourrait bien être un remède et plus facile à manier et aussi avantageux. » Voici maintenant le fait tel qu'il a été exposé à la Société médicale de Belfast par M. Corry.

Le 26 mars 1860, appelé auprès du nommé J. Russell, âgé de cinquante-cinq ans, préposé à la direction d'un magasin de spiritueux, notre confrère trouva le malade en proie à une attaque non douteuse de tétanos qui avait débuté deux jours auparavant paroxysmes intenses et fréquents, opisthotonos avec vive douleur précordiale, trismus, tel que les mâchoires pouvaient à peine s'écarter d'un demipouce; gêne considérable de la déglutition; en même temps constipation, peau froide, pouls à 115. Dix jours auparavant, cet homme avait eu la main gauche prise entre deux tonneaux; il était résulté de cet accident une plaie contuse fort séricuse qui, toutefois, avait marché favorablement et se trouvait actuellement à peu près cicatrisée.

Conformément aux vues théoriques exposées ci-dessus, M. Corry se détermina à recourir à l'emploi de la ciguë. Il prescrivit 5 grains d'extrait toutes les trois heures, à prendre en solution dans de l'eau, après l'administration préalable d'un lavement purgatif avec l'huile de ricin et la térébenthine. Au bout de vingt-quatre heures il y avait une amélioration notable des symptômes : les spasmes étaient devenus moins aigus et le malade qui jusquelà ne pouvait rester dans la position horizontale, à cause d'une sensation excessivement pénible de suffocation, put goûter quelque repos; le pouls était tombé à 100. Quarante-huit heures plus tard, les effets physiologiques spéciaux de la ciguë commencèrent à se manifester par un sentiment de débilité générale avec engourdissement et impuissance des extrémités inférieures; les paroxysmes ne se produisaient plus qu'à de longs intervalles et avaient considérablement perdu de leur intensité; le pouls était à 80. Continuation du médicament, et en même temps vin, thé de bœuf, œufs, pour soutenir les forces. Au bout d'une semaine, il existait une paralysie complète des membres abdominaux; les membres thoraciques étaient aussi affectés d'une manière sensible: en même temps difficulté considérable de la déglutition, mais les spasmes et la rigidité des différents muscles avaient cédé, à l'exception toutefois d'un certain degré de trismus qui persistait encore; très-peu de

sommeil. En raison de ce dernier symptôme, en même temps que la ciguë était continuée, une solution d'hydrochlorate de morphine fut prescrite pour la nuit, au cas où l'insomnie en indiquerait l'emploi. Après quinze jours de ce traitement, il parut nécessaire de diminuer et d'éloigner les doses, les muscles de la respiration subissant à leur tour l'influence du médicament; les paroxysmes avaient entièrement cessé et il ne restait plus qu'un très léger trismus. Le vingt et unième jour, l'extrait de ciguë fut complétement supprimé, tout symptôme de tétanos ayant disparu. Des frictions furent pratiquées sur les membres avec un liniment stimulant, en même temps que la quinine était donnée à l'intérieur, et à l'expiration d'une nouvelle quinzaine le malade put retourner à ses occupations.

Ce n'est pas sur un seul cas, et sur un cas qui semble avoir été d'une intensité médiocre, que l'on peut juger la valeur de la médication proposée, surtout dans une affection comme le tétanos, dont on peut citer des guérisons par un bon nombre d'autres agents. Mais le fait nous semble utile à enregistrer; l'action sédative connue de la ciguë sur le système nerveux, et spécialement sur la moelle épinière, permet de regarder l'emploi de cette plante dans la maladie dont il s'agit comme véritablement rationnel, quoi qu'il en soit, d'ailleurs, de l'assimilation de ses propriétés à celles du curare.

(The Dublin quarterly Jour. of med. sc., et Bull. génér. de thér., 28 fév. 1861.)

INFLUENCE DE LA POSITION SUR LA RÉDUCTION, DANS UN CAS DE HERNIE ÉTRANGLÉE. On sait qu'il est de précepte de chercher, dans l'action de la pesanteur, un auxiliaire pour la réduction des hernies par le taxis, et que c'est au moyen de la position donnée au malade que cette indication est remplie. On sait aussi que certains chirurgiens ont cherché à rendre cette action de la pesanteur plus efficace, en allant jusqu'à faire soulever le patient par les pieds, de manière que le corps fùt renversé et la tête pendante, en même temps qu'on lui imprimait des secousses répétées. Ces procédés, qui paraissaient violents et barbares, sont généralement abandonnés; mais il n'en est pas moins certain qu'on leur a dû plus d'une fois la rentrée de hernies étranglées, qui avaient résisté au taxis pratiqué dans les conditions ordinaires. Sans vouloir, bien entendu, conseiller l'emploi de tels moyens, nous croyons devoir citer

le cas suivant comme un exemple qui témoigne de l'efficacité de la position pour la réduction des tumeurs herniaires.

Un homme, âgé de quarante-neuf ans, entra à King's College Hospital, dans le service de M. Bowman, le 9 janvier dernier, pour une hernie inguinale du côté droit, dont il était atteint depuis une vingtaine d'années, et que, malgré des efforts prolongés, il n'avait pu parvenir à faire rentrer comme il le faisait ordinairement. La tumeur était volumineuse, dure et tendue. On eut immédiatement recours au taxis; mais toutes les tentatives qui furent faites, même après l'administration du chloroforme, restèrent absolument inutiles; le malade fut alors placé dans son lit, les cuisses fléchies, avec une vessie pleine de glace appliquée sur la hernie. Trois heures après, lorsque M. Bowman le vit, il y avait des vomissements bilieux, des frissons violents, et la physionomie exprimait une grande anxiété. La tumeur, plus tendue, résista à de nouveaux efforts de taxis exercés dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire le patient étant dans le décubitus dorsal avec les cuisses fléchies sur le bassin. Avant de procéder à l'opération, M. Bowman voulut essayer ce que pourrait faire le procédé auquel il a été fait allusion plus haut. Le patient fut done placé de façon que, la tête fléchie et les épaules reposant sur un matelas, le bassin était soulevé dans une direction verticale. Dans cette position, à peine la hernie cut-elle été comprimée entre les mains pendant une demi-minute, qu'une portion de l'intestin rentra tout à coup, réduisant aux trois quarts le volume de la tumeur; de nouvelles tentatives, continuées pendant trois ou quatre minutes, restèrent ensuite sans aucun succès. On remit alors le malade dans la position ordinaire, et le taxis parvint à amener une réduction complète. (Med. Times and Gaz. et Bulletin génér. de thérapeutique, 30 mars 1861.)

EXTIRPATION SOUS-PÉRIOSTÉE DE LA DIAPHYSE DU TIBIA. Enlevez l'os en conservant le périoste et le périoste vous rendra l'os. Telle était la proposition qui couronnait les expériences de M. Flourens sur le périoste, comme organe formateur et régénérateur des os. Grâce à cette précieuse ressource de la nature que Blandin connaissait et dont nous l'avons vu plus d'une fois tirer profit, la chirurgie tend chaque jour à devenir plus conservatrice. Dernièrement, M. Demarquay communiquait à l'Académie des sciences l'observa

tion d'un malade opéré par lui pour une nécrose du corps de la màchoire inférieure et chez lequel il y a eu reproduction de l'os enlevé. Aujourd'hui M. Maisonneuve a distancé son collègue des hôpitaux. M. Maisonneuve s'est intitulé, il y a longtemps, le chirurgien des cas impossibles, et il vient de prouver la justesse de cette dénomination en montrant à l'Institut un malade qu'on allait amputer de la cuisse et qui doit à la méthode opératoire souspériostale un tibia tout neuf et de la meilleure qualité.

Voici les principaux détails de cette observation :

M. Maisonneuve fut consulté, dans le mois d'août 1855, pour un jeune homme dont la jambe droite était dans un état affreux. Son volume était triple ou quadruple de l'état normal, sa surface était labourée d'ulcères profonds, à travers lesquels on reconnaissait que l'os principal, le tibia, était mortifié dans toute l'étendue de sa diaphyse. Ce jeune homme racontait que deux ans auparavant, il avait fait à la gymnastique une chute violente, que depuis lors il avait commencé à ressentir des douleurs sourdes dans la jambe, que bientôt aux douleurs se joignit une tuméfaction générale, puis des abcès et peu à peu tout le cortége des accidents actuels : Suppuration excessive et fétide, tuméfaction énorme du membre, amaigrissement extrême, fièvre hectique, marasme, etc. Les parents ajoutaient qu'ils avaient épuisé successivement toutes les ressources de la médecine, que plusieurs des chirurgiens les plus éminents de Paris avaient été unanimes pour décider l'amputation de la cuisse, et que M. Velpeau, à qui l'on avait en dernier lieu soumis la question. avait déclaré que cette amputation était nonseulement nécessaire, mais qu'elle était urgente, et que toute pensée de conserver le membre ne pouvait être qu'une utopie.

Malgré ces imposantes autorités et confiant dans la puissance réparatrice du périoste de l'os, M. Maisonneuve proposa à la famille du malade l'extirpation périostée, opération qui fut agréée et pratiquée de la manière suivante, le 24 août 1855. Nous cédons ici la parole à l'intrépide chirurgien:

Le malade étant soumis au chloroforme et dans un état d'insensibilité complète, je fis sur toute la longueur de la face antérieure du tibia une incision longue de 35 centimètres, et pénétrant jusqu'à l'os malade, à travers le périoste, qui était épaissi et déjà doublé d'une couche osseuse nouvelle, molle et spongieuse. A chacune des extrémités de cette énorme

incision, j'en pratiquai une autre transversale, de manière à obtenir une sorte de longue porte à deux battants pour pénétrer jusqu'au foyer du mal. Je pus alors constater que le tibia était entièrement mortifié dans toute la longueur et toute l'épaisseur de sa diaphyse, qu'il ne restait de sain que les deux épiphyses articulaires.

» Je procédai dès lors sans aucun retard à l'isolement de l'os mortifié, que je parvins non sans peine à extraire compléte

ment.

» Les suites de cette opération si longue et si difficile furent d'une simplicité vraiment remarquable. La fièvre traumatique fut des plus modérées; la suppuration, antérieurement si abondante et si fétide, se modifia comme par enchantement pour faire place à une suppuration franche et de bonne nature; et, chose vraiment presque incroyable, dès le quarantième jour le jeune malade pouvait se lever et marcher avec des béquilles, comme s'il se fût agi d'une simple fracture.

"L'os s'était reproduit d'une manière complète, à tel point que si je n'avais conservé l'os enlevé, j'aurais pu douter moi-même de la réalité du fait. »

Cet os que M. Maisonneuve a mis sous les yeux de l'Académie est long de 30 centimètres, épais de 5 à sa partie supérieure, de 2,05 à sa partie inférieure. Ses trois faces sont lisses et compactes dans toute leur partie inférieure, rugueuses et boursoufflées dans le tiers supérieur. Quant à l'opéré, c'est un jeune homme aujourd'hui fort et vigoureux; sa jambe anciennement malade ne diffère en aucune façon de l'autre; elle a grandi et grossi comme elle; elle ne s'en distingue que par une longue cicatrice, seule trace de la terrible opération dont nous avons parlé; elle lui permet de courir, de sauter, de chasser comme s'il n'avait jamais subi d'opération, et sans que l'œil le plus exercé puisse reconnaître quelle a été la jambe antérieurement malade.

En présence d'un exemple si remarquable de régénération osseuse on se demandera combien de malades pourront survivre à l'opération qui précède cette régénération. C'est là maintenant le problème à résoudre avant de renoncer aux méthodes opératoires généralement usitées. Espérons que les travaux cliniques que ne peut manquer de susciter le prix récemment affecté à cet important sujet par l'Académie des sciences, et auquel s'est associée la munificence impériale, dissiperont les incertitudes et prouveront, comme l'a fait M. Maisonneuve, que des

opérations considérées encore par beaucoup de chirurgiens comme des entreprises folles et irréalisables, sont devenues pour les malades d'inestimables bienfaits. (Journ. de méd. et de chir. prat., avril 1861.)

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ANÉVRISME de l'artère fÉMORALE FAISANT SUITE A UN ANÉvrisme poplité, guéri par une COMPRESSION MÉCANIQUE DE HUIT HEURES; par M. FOUNTAIN. - Le malade était âgé de trente-cinq ans, tuberculeux, ayant eu des hémoptysies. Il avait dans le creux poplité une tumeur anévrismale datant de cinq mois environ, et survenue à la suite d'une chute sur la glace; la compression de l'artère fémorale faisait cesser les battements. On espéra la guérir à l'aide de la compression; mais on attendit, pour mettre ce moyen en usage, le rétablissement de la santé générale. Au bout de deux mois environ, sa santé étant considérablement améliorée, on se décida à l'opération. Mais au nouvel examen qu'on fit du malade, on trouva une autre tumeur au niveau de la région moyenne antérieure de la cuisse, et cette tumeur fut reconnue pour un anévrisme de l'artère fémorale dont elle présentait tous les symptômes. La tumeur poplitée n'avait pas diminué de volume, mais on n'y trouvait plus de battements. On se décida à employer la compression sur cette tumeur, et voici comment elle fut appliquée une bandelette d'emplâtre agglutinatif formant un rouleau de 4 pouce 1/4 de longueur sur 3/4 de pouce de diamètre est appliquée longitudinalement sur l'artère et maintenue par une compression. Ce moyen remplit une foule d'indications auxquelles manquent la plupart des méthodes usitées en pareil cas. D'abord ce rouleau adhère d'une manière permanente et immuable à la place exacte où il a été placé; secondement, il ne comprime que l'artère seule, laissant libre le nerf ou la veine; troisièmement, par sa nature molle et semi-élastique, il met la peau à l'abri de toute meurtrissure et de gangrène consécutive, et cependant est assez solide pour faire une compression exacte. Les pulsations cessèrent immédiatement; les veines superficielles se remplirent modérément; mais évidemment le courant de retour de la circulation était à peine retardé pour favoriser la circulation du sang dans les extrémités inférieures qui doivent être alimentées désormais par les branches collatérales ; des frictions constantes sont faites sur la jambe depuis le pied de bas en haut. La compression resta en permanence depuis huit heures du soir jusqu'à sept heu

res du matin. Au bout de huit heures de durée, toute pulsation avait cessé dans la tumeur. Le lendemain matin on enleva la compression; les pulsations ne revinrent pas. Il existait une douleur très-vive qu'on fit cesser par l'administration intérieure de la morphine. Les pulsations qui avaient disparu dans toute la longueur de l'artère fémorale revinrent au bout de vingt-quatre heures jusqu'à 1 pouce au-dessus de la tumeur, mais non dans la tumeur ellemême. Craignant une lésion artérielle en raison de la succession de l'anévrisme fémoral à un anevrisme poplité, on pratiqua pendant trois jours la compression une heure durant sur l'artère. On administra en même temps l'acide tannique et les toniques pour rendre un peu de ton au système vasculaire. Peu à peu la tumeur diminua de volume; le membre recouvra l'usage de ses mouvements qu'il avait perdu, et cinq jours après l'opération le malade pouvait se promener. Quelques semaines après, la tumeur avait totalement disparu; la circulation collatérale était bien établie et le malade parfaitement guéri.

L'auteur de cette observation discute le mérite relatif de la compression digitale et de la compression mécanique. Il accorde la préférence à cette dernière, surtout pratiquée par un procédé aussi simple que celui qu'il a employé, en raison de la certitude et de la sûreté de son application. Il s'étonne qu'on puisse encore, après les nombreux cas de guérison cités par différents auteurs, Saviard, Verneuil, Colles, Broca, etc., avoir recours immédiatement à la ligature avant d'avoir essayé d'abord la compression qui est innocente, et qui souvent aurait sauvé des malades que la ligature n'a pu arracher à la mort.

(The New-York Journal of medicine et Gazelle médicale de Paris, no 12.)

DE L'HÉMATOCÈLE péri-utérine. — M. Tilt a récemment émis sur ce sujet quelques idées que sa grande et spéciale expérience des maladies utérines nous engage à porter à la connaissance de nos lecteurs.

L'hématocèle, dit-il, est essentiellement une forme de menstruation de l'ovaire ou de la trompe de Fallope. Les ovaires ou les trompes, dans ce cas, produisent la sécrétion menstruelle absolument comme les poumons ou l'estomac dans les exemples connus de menstruation supplémentaire par la surface respiratoire ou digestive. Seulement, lorsque c'est de l'ovaire ou de la trompe que le sang est exhalé, comme il n'a pas de voie d'évacuation à l'extérieur,

il s'accumule dans le cul-de-sac recto-vaginal du péritoine. Alors le péritoine produit une abondante exsudation de lymphe, qui convertit l'épanchement en un sac complétement fermé. Ainsi se forme l'hématocèle péri-utérine, qui fréquemment s'accroît ensuite par le fluide, successivement accumulé, des menstruations ultérieures.

Le procédé le plus ordinaire que la nature emploie pour évacuer ce sang est celui de l'ulcération à travers le rectum. M. Tilt a observé trois cas où une semblable terminaison eut lieu et guérit la malade. D'après cette indication que semble donner la nature, il inclinerait fortement, en pareille circonstance, à ponctionner la tumeur par le rectum, tout en administrant des emménagogues, en vue d'amener le rétablissement d'une menstruation régulière.

M. Madge a fait connaitre également l'observation d'une femme de trente-quatre ans, qui succomba à une hématocèle intrautérine, compliquée dans les derniers temps d'une phlegmatia alba dolens des membres inférieurs, principalement du gauche. L'autopsie montra que la veine iliaque gauche avait ses parois épaissies, plus épaisses que celles de l'artère iliaque. Elle contenait un caillot fibrineux fortement adhérent; les tissus extérieurs à cette veine étaient infiltrés de sérosité et de lymphe inflammatoires. Mêmes altérations, mais moins prononcées, du côté droit.

(Obstetrical Society of London et Gazette médicale de Lyon, No 7.)

ÉTUDE SUR LE PEMPHYGUS DU COL UTÉRIN; par M. le docteur JOULIN. - Le pemphygus du col utérin est constitué par une large vésicule, qui soulève l'épithélium du col et qui contient un liquide transparent. Les grands rapports de forme qui existent entre cette affection et le pemphygus qu'on observe sur l'enveloppe cutanée, m'ont déterminé à lui donner la même dénomination.

Le pemphygus utérin a une forme globuleuse elliptique à bords réguliers; il ressemble, à s'y méprendre, à une goutte large et épaisse du mucus clair et filant que sécrète le col. Il est parfois cerné à sa base par un liséré rouge vif, extrêmement étroit, qui paraît être du sang pur. La surface du col sur laquelle le pemphygus repose est parfaitement normale, garde sa teinte ordinaire, et peut ne présenter absolument aucune autre altération. La portion d'épithélium qui sert d'enveloppe à la vésicule, possède une résistance assez

grande pour qu'un frottement un peu rude, pratiqué au moyen d'un corps dur et mousse, n'en détermine pas la rupture; si le frottement a lieu avec le crayon de nitrate d'argent, la bulle est détruite immédiatement, et les lambeaux d'épithélium qu'on observe après cette rupture forment la seule altération appréciable. Le liquide écoulé ne parait pas filant et semble posséder les propriétés de la sérosité ordinaire.

Le pemphygus du col utérin est une affection rare; je n'en ai observé que deux cas, et aucun des auteurs, même les plus modernes, qui se sont occupés spécialement de gynécologie, n'en font mention. Cependant M. H, de Castelnau, mon savant ami, a pu, pendant son internat à l'hôpital de Lourcine, l'étudier avant moi six fois sur les femmes de son service, et se convaincre que, sauf le liséré rouge, qui manque le plus souvent, tous les cas sont identiquement semblables et dans leur forme et dans leur terminaison. J'ai appris cette particularité lorsque je lui ai communiqué la description du premier spécimen que le hasard m'a permis d'étudier.

M. le professeur Nélaton m'a dit avoir également observé le pemphygus du col; mais jusqu'à présent on n'en a publié aucune description ou observation.

L'affection semble se terminer toujours spontanément en trois ou quatre jours, sans laisser de traces; elle ne se révèle à la femme qui en est atteinte par aucun symptôme; ce n'est qu'accidentellement, et lorsqu'on applique le spéculum pour une autre cause, qu'on peut le constater. L'étude du pemphygus du col n'aurait donc aucune importance, s'il n'avait une certaine analogie avec la forme initiale du chancre diphtheritique du col de l'utérus, décrit par M. Bernutz. L'analogie n'est pas complète, il est vrai; cependant elle peut tromper les praticiens qui n'ont pas eu l'occasion de voir les deux affections.

Le chancre est constitué par la réunion de vésicules agglomérées, contenant un liquide louche. Ces vésicules, en se rompant, laissent apercevoir une fausse membrane, qui devient bientôt saillante et jaunatre; cette fausse membrane, en se détruisant, laisse à nu une ulcération bourgeonnée caractéristique; sa durée est assez longue. Le pemphygus est constitué par une vésicule large, unique, et toujours transparente, qui ne subit aucune transformation; il disparait rapidement, spontanément, et sans laisser de traces. L'étude du pemphygus ne présente une certaine importance qu'au point de vue du diag

nostic et du pronostic. Sa durée éphémère ne permet guère qu'on le soumette à aucun traitement. (La Médecine contemporaine, 6 avril 1861.)

M.

SUR L'ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ. Henry James a adopté et emploie, depuis 1848, la méthode opératoire suivante. Il commence par porter, tous les jours, le doigt dans le col utérin; manœuvre qui, par cela seul qu'elle est répétée, devient de jour en jour plus facile et plus complète. Puis, dès que le travail semble s'annoncer, il fait des injections d'eau chaude entre l'utérus et les membranes, à travers une sonde qu'il a introduite avec beaucoup de ménagement.

Voici un résumé succinct mais fidèle des sept cas où M. James a appliqué ce procédé :

OBS. 1. Femme qui avait dù subir, à sa première couche, la crâniotomie. Dans ses deux grossesses ultérieures, octobre 1849 et janvier 1858, le travail, provoqué à sept mois, la délivra heureusement, chaque fois au bout de dix jours, d'un enfant bien portant. Elle guérit aussi.

OBS. 2. Vice de conformation qui avait indiqué la crâniotomie en 1851. En mars 1852, avril 1855 et avril 1854, elle fut délivrée à sept mois et demi, heureusement. Le premier et le troisième enfant vécurent.

OBS. 3. Une naine, avec déviation du rachis, subit la crâniotomie en 1853. En 1856, elle fut accouchée, au septième mois, d'un enfant qui mourut le neuvième jour. En 1859, mêmes circonstances; mais l'enfant était putréfié, et la mère mourut, le dixième jour, de pyoémie.

OBS. 4. Fenime de petite stature, à promontoire très-saillant, accouchée déjà avec grande difficulté, fut délivrée, en juillet 1858, par la provocation du travail qui ne put être terminé qu'à l'aide de la version. Enfant bien portant.

En 1859, on tenta la même opération, mais il fallut en venir à la crâniotomie. La mère guérit.

OBS. 5. Une femme à bassin rétréci avait déjà subi la crâniotomie. En août 1858, elle fut soumise aux manœuvres de provocation du travail. Mais il y avait presentation des fesses, et la poche des eaux se rompit trop tôt. L'enfant vint mort. En juillet 1859, on provoqua de nouveau le travail. L'enfant naquit bien portant. M. James, depuis lors, l'a vu plusieurs fois en bonne santé, ainsi que sa mère.

OBS. 6. Une femme qui avait subi la

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