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TRAITEMENT DES ÉCOULEMENTS REBELLES de l'urèthre, PAR LA CAUTÉRISATION DE LA FOSSE NAVICULAIRE, AU MOYEN DU SULFATE DE

CUIVRE, par M. le docteur TISSEIRE, médecin aide-major. On sait que parfois certains écoulements du canal de l'urethre (blennorrhées, gouttes militaires, etc.) résistent aux traitements les mieux entendus.

- D'un autre côté, Stoll, Desault, J. Hunter, Cullerier, Ph. Boyer, Swediaur, etc., et la plupart des praticiens actuels, considèrent la fosse naviculaire comme étant le siége et le point de départ de ces affections. La notion de ce fait m'a décidé à agir sur le foyer de la maladie, à l'aide du sulfate de cuivre solide, chez quatre malades que j'ai eu à traiter dans le mois de septembre dernier, et qui étaient affectés de blennorrhagies passées à l'état chronique, malgré les traitements divers auxquels ils avaient été soumis.

Ces quatre hommes appartenaient au 19me bataillon de chasseurs à pied; chez l'un d'eux (Buhr Félix), il a suffi d'agir une scule fois sur la muqueuse urethrale, pour supprimer définitivement un écoulement qui avait résisté au traitement interne et aux injections diverses.

Chez deux autres (Duclos J. et Bègue), il a fallu agir trois fois.

Enfin, sur le quatrième (Leprince Jean), il a fallu toucher la muqueuse urethrale, pendant quatre jours, c'est-à-dire quatre fois.

Pour pratiquer cette petite opération, le chirurgien se munit d'un crayon de sulfate de cuivre de petite dimension. Il recommande au malade d'écarter latéralement les lèvres du méat urinaire à l'aide de ses doigts; et il introduit alors facilement le sulfate de cuivre, à une profon

deur d'environ un centimètre et demi. Il faut peser un peu sur la fosse naviculaire, et retirer le crayon quand le malade se plaint d'éprouver une sensation trop vive. L'opération dure de une demi-minute à une minute et demie, et est pratiquée une fois tous les jours jusqu'à guérison.

Le nitrate d'argent solide, conseillé par Vidal de Cassis, est redouté comme trop actif, et n'est pas mis en usage. Le sulfate de cuivre est, au contraire, employé tous les jours avec succès dans les ophthalmies

rebelles.

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DES FURONCLES MULTIPLES DE LA NUQUE, par M. le docteur PFEIFFER, de Paris.— Dans l'espace des derniers trois ans, j'ai été à même d'observer un certain nombre de cas de furoncles multiples, ayant pour siége la nuque et la partie latérale du cou. Ceux-ci diffèrent cependant quant à leur cause spéciale et à la marche ordinaire des furoncles, qui se développent habituellement dans ces régions. J'ai donc cru utile de les signaler à l'attention de mes confrères.

J'ai recueilli vingt-deux observations, qui appartiennent toutes à des hommes âgés de vingt à quarante-cinq ans. Ces cas présentaient une analogie parfaite sous tous les rapports indiqués plus bas, quoique la marche de quelques-uns ait été modifiée l'hiver passée, sous l'influence du génie épidémique, si favorable au développement des inflammations à tendance gangréneuse.

Depuis quelques années, la mode a imaginé d'orner le cou des hommes élégants d'un cercle en toile empesée, plus ou moins étroit, plus ou moins haut.

Les chemisiers désignent ce col sous le nom de carcan, dénomination empruntée aux Chinois, qui, dit-on, appellent ainsi un instrument de supplice usité chez eux, et qui était en usage en France et dans toute l'Europe il y a moins de cinquante

ans.

Je n'ai pas besoin de donner ici une description détaillée du col carcan à la mode. Pour nous, il suffit de savoir qu'il est composé de deux ou trois couches de toile, qu'il est d'une hauteur variable de quatre à sept centimètres, que son bord supérieur forme une ligne égale et droite. Peu à peu il arrive que les deux couches de la toile s'écartent au bord supérieur, de sorte que la couche interne dépasse l'externe de 2 à 3 millimètres, ce qui est dû à la manière dont les cols sont faits et repassés. La partie supérieure du col étant plus fortement empesée, l'amidon s'accumule entre les deux couches de la toile au bord li

bre, le rend inégal et raboteux, et celui-ci présente ainsi tous les caractères d'une scie

à dents fines.

Dès lors il est évident que les parties exposées au frottement continuel contre ce bord, ne tardent pas à ressentir tous les effets produits par le mécanisme d'une scie. C'est ainsi qu'on observe au début de l'affection furonculeuse une ligne ondulante et rougeâtre de la peau dans la ré

gion postérieure et latérale du cou, qui

correspond exactement à la direction et à la hauteur du bord libre du carcan. Les

malades accusent dans la partie rouge un sentiment de chaleur désagréable, avec exacerbation vers le soir; souvent ils se plaignent d'une congestion pénible à la tête.

Si l'on s'aperçoit de la cause à temps, tous les accidents disparaissent dans l'espace de vingt-quatre heures.

Dans le cas contraire, il se développe dans l'épaisseur du derme des nodosités circonscrites, produits de l'inflammation de petits pelotons de tissu cellulaire graisseux. Ces furoncles sont excessivement douloureux, et les malades se voient forcés de se défaire du col, qui augmente leur douleur à chaque mouvement.

J'ai vu varier le nombre des furoneles d'un à huit. Tous se développent dans l'axe transversal du cou sur la ligne que décrit le bord supérieur du col.

Ils présentent cette particularité que le plus grand occupe toujours la partie latérale gauche de l'occiput, plus ou moins rapproché de la ligne médiane. Dans plusieurs cas, le grand furonele est formé par la fusion de deux nodosités voisines. Cette prépondérance du côté gauche doit être expliquée par les mouvements de la tête, qui se tourne infiniment plus souvent de gauche à droite que dans le sens opposé et expose ainsi plus la peau de cette région aux atteintes du carcan-scie,

J'ai vu dernièrement un jeune homme qui arrivait de Berlin et qui était martyrisé depuis quatre mois par une série de ces furoncles multiples de la nuque. Son médecin lui avait fait suivre divers traitements par des médicaments laxatifs et dépuratifs, sans avoir réussi à le guérir. Le malade s'est vu promptement débarrassé de son affection en renonçant au col droit, J'ai donné, il y a deux ans, mes soins à un confrère qui eut à souffrir pendant six semaines d'un furoncle énorme à la région occipitale, dû à la même cause. Les douleurs étaient insupportables et le sommeil fortement compromis.

La marche de ces furoneles est ordinairement lente, les douleurs nullement en rapport avec leur nombre et leur grandeur. Leur traitement ne présente rien de particulier Sublatâ causa tollitur effectus.

Il y a cependant des malades qui, guéris, ne veulent pas renoncer à porter le col droit. Pour obvier à ces inconvénients, il suffit de faire donner au col un évasement assez considérable par derrière pour empêcher le retour de nouveaux accidents.

(Journal des connaissances médicales et pharmaceutiques, No 9.)

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PANSEMENT DES PLAIES AVEC DU LINGE ET DE LA CHARPIE COALTÉS. En chauffant au bain-marie jusqu'à parfaite solution un mélange à parties égales de coaltar, de savon et d'alcool, M. Demeaux a obtenu par le refroidissement un véritable savon trèssoluble dans l'eau et formant, en se dissolvant dans ce liquide, une émulsion stable, qui, d'après les espérances de l'auteur, doit trouver un utile emploi dans un grand nombre de cas où les désinfectants sont indiqués.

Entre autres qualités, ces deux produits, le savon coalté surtout, ont l'avantage de servir à préparer du linge et de la charpie jouissant de propriétés absorbantes et désinfectantes, et dont M. Demeaux a exposé en ces termes le mode de fabrication à l'Académie.

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Trempez dans la solution ci-dessus pendant quelques minutes, exprimez et faites sécher.

On peut concentrer ou étendre la solution à volonté.

Le linge ainsi préparé prend une couleur jaune paille,

Réduisez le linge en bandes, en compresses, en charpie, vous obtenez ainsi toutes les pièces d'appareil nécessaires pour le pansement d'une plaie, imprégnées de la solution coaltée, possédant comme le linge blanc, et au mème degré la souplesse, la facilité dans l'application, la propriété d'absorber le produit des sécrétions morbides.

Le linge coalté agit en outre comme désinfectant; non-seulement il prévient les émanations fétides qui deviennent désagréables et insalubres pour les malades, qui vicient l'air des salles de chirurgie, mais encore il empêche la décomposition des liquides et préserve la surface des plaies de cette influence délétère, en constituant autour d'elles une atmosphère médicamenteuse, qui, selon M. Demeaux, doit diminuer le nombre et la gravité des accidents, qu'on voit se développer si souvent à la suite des grandes opérations chirurgicales.

(Journ. de méd, et de chir. prat., mars 1861.)

NOTICE A L'USage des chiruRGIENS DE CANPAGNE SUR LA MANIÈRE De débrider LES HERNIES ÉTRANGLÉES SANS CRAINDRE L'HEMORRHAGIE; par M. le Dr AMÉDÉE JOUX (de la Ferté-Gaucher). Je viens aujourd'hui

vous parler de l'une des plus graves questions de la chirurgie, expérience passe science, et c'est après plus de vingt ans d'une pratique habituellement heureuse, que j'ose vous exposer des résultats un peu en dehors des usages classiques.

Les livres didactiques, souvent écrits selon la tradition, disent tous à peu près la même chose, et ils font bien, car ils sont faits par des hommes qui ne voient qu'un côté des questions naturelles. L'ouverture des grandes séreuses, les vastes délabrements, sont considérés comme presque toujours mortels dans les hôpitaux, et en effet ils le sont; cela ne tient pas à la nocuité des lésions elles-mêmes, mais à coup sûr au milieu dans lequel elles sont traitées; c'est ce que je vais prouver tout à l'heure, outre que mon désir est de vous convaincre que l'opération de la hernie pratiquée selon une certaine méthode, est moins difficile et surtout accompagnée de moins de dangers chirurgicaux que l'opération de la saignée.

Si on ouvre un traité de médecine opératoire et que l'on étudie les débridements herniaires, on est épouvanté des dangers qui peuvent accompagner l'opération; c'est en vain que les différents auteurs cherchent, pour échapper au péril, les méthodes les plus diverses et les instruments les plus différents; chaque phrase finit toujours par ces redoutables paroles: « Malgré toutes les précautions, en dépit de toute science et de toute habileté, il peut se rencontrer des anomalies vasculaires telles, qu'une hémorrhagic vous enlèvera le malade. » Cela fait peur, et cette alternative, vraie menace de Croquemitaine, paralysant la main des plus hardis, retarde souvent les opérations et cause la mort de bien des sujets.

Examinons donc les différentes causes de tant d'alarmes, et voyons comment nous parviendrons, non pas à les braver, mais à les éviter par une conduite en dehors des conseils chirurgicaux des maîtres.

L'opération de la hernie étranglée faite de bonne heure n'est pas très-grave, disent quelques-uns; si on ajoute qu'elle est exempte de danger quant au manuel opératoire, tout sera dit.

Depuis longtemps je débride toujours en déchirant avec le petit bout de la spatule de ma trousse ; j'emploie quelquefois assez de force, et jamais il ne m'est arrivé d'accident hémorrhagique; de plus, mes malades, lorsqu'ils ont été opérés sans retard, ont guéri, et le plus souvent la cure a été radicale.

decine opératoire de M. le professeur Malgaigne, un entre-filet timide indiquant ce procédé, mais, sans en faire une règle de conduite invariable; j'avoue que je ne le connaissais pas quand j'ai agi ainsi pour la première fois; mais je suis heureux de me trouver d'accord avec ce maître, et de pouvoir m'appuyer sur son autorité pour faire de ce procédé une règle invariable convenant à tous les cas.

Voyons ce qui a lieu dans la division des parties, et si jusqu'ici on n'abuse pas de l'instrument tranchant dans les opérations chirurgicales. Que se passe-t-il lorsque l'on coupe nettement les tissus vivants? Aussitôt divisés, ils s'éloignent les uns des autres en vertu de leur contractilité, et, quoi qu'on en dise, rien n'est plus rare et plus difficile que la réunion immédiate d'une plaie bien régulière faite par l'instrument tranchant.

Dans la déchirure des tissus vivants, au contraire, les parties demeurent pantelantes; elles sont en contact, et bientôt, s'endentant les unes dans les autres, la réunion s'opère avec une facilité inconnue de ceux qui n'y ont pas regardé de près.

Mais c'est en vain que les faits les plus fréquents et les plus instructifs viennent frapper les sens des savants et des capables eux-mêmes; l'habitude persiste, et d'ailleurs on préfère encore une plaie très-régulière, malgré les incontestables avantages de l'autre moyen de division.

Il y a en chirurgie un monument que l'on ne doit jamais perdre de vue, et où l'on trouve invariablement le germe et même l'étude de toutes les bonnes méthodes : c'est dans les Mémoires de l'Académie royale; voyons :

1° L'observation, par M. Benomont, d'un enfant qui, ayant eu la jambe arrachée par la roue d'un carrosse, n'eut pas d'hémorrhagie, et guérit de sa blessure en peu de temps.

2o Divers arrachements des doigts par plusieurs auteurs.

5o L'histoire de Samuel Vood, tirée des Transactions philosophiques, qui eut l'omoplate et le bras arrachés sans hémorrhagie, et qui guérit heureusement de cette affreuse mutilation, rapportée par Morand.

4o L'arrachement du cordon ombilical du ventre d'un enfant nouveau-né, publié par de la Motte, et qui eut lieu sans aucune suite grave et sans écoulement de sang.

Morand, dans un sage mémoire, explique le mécanisme de ces arrachements, et dit comment ces cas divers sont exempts

J'ai bien vu depuis ce temps, dans la Mé- d'hémorrhagic.

Je citerais moi-même quelques circonstances de ma pratique dans lesquelles j'ai vu la vérité de tous ces faits se reproduire, et entre autres un cas d'éventration allant d'un côté du ventre à l'autre par une corne de vache, si je ne trouvais une observation identique rapportée par l'un de nos confrères de la campagne, M. le docteur Herpin, de Brehemont (Indre-et-Loire), dans la Gazette des hôpitaux du 17 novembre.

Toutes ces histoires, jointes à celles que la pratique fournit chaque jour aux chirurgiens, nous portent à réfléchir, et si j'y ajoutais celles que la médecine opératoire vétérinaire me fournit souvent, je dirais que, hors des grands hôpitaux, on peut impunément déchirer les tissus, pénétrer dans les grandes cavités du corps, en ouvrir les séreuses, et que s'il était permis à l'habileté de nos chirurgiens des grandes villes de se produire en air pur, on lirait chaque jour de nouvelles merveilles de la puissance de notre art.

Je me résume, car je m'adresse toujours à des hommes dont les moments sont comptés, et il faut qu'à la clarté et à l'utilité de mes paroles vienne se joindre la brièveté :

1o Les opérations de hernies étranglées n'ont pas la gravité que les ouvrages classiques indiquent, et pour éviter les dangers qui y sont si longuement signalés, il faut opérer promptement et ne pas fatiguer les parties herniées par un taxis trop souvent inutile et toujours dangereux.

2o Excepté l'incision de la peau que l'on pratique avec le bistouri, tout le reste doit se faire avec la sonde cannelée, le petit bout de la spatule, ou de toute autre manière, mais toujours par dilacération ou à peu près.

3o Quant au débridement, pour éviter toute cause d'hémorrhagie, et pour ne plus craindre l'inconvénient du bistouri boutonné, dont l'action va très-souvent plus loin que l'on ne veut, il convient dans tous les cas, après avoir introduit le bout du doigt dans la partie étranglante, d'y porter la petite extrémité de la spatule, en s'en servant comme d'un lévier, les dentelures étant sous l'étranglement, le point d'appui sur le doigt qui y est engagé, et la puissance sur le bout large de l'instrument; on fait des pesées dans les endroits les plus serrés, et au bout de quelques instants on a la satisfaction d'avoir assez de place pour procéder à la réduction, quand elle ne se fait pas d'elle-même, le tout sans qu'il s'écoule jamais une seule goutte de

sang.

Les pansements et les soins subséquents comme à l'ordinaire.

Ainsi, et j'appuie spécialement sur ceci, je conjure mes confrères les plus timorés de ne pas hésiter à suivre cette pratique, entièrement appuyée sur une longue expérience; je les invite à mettre pour cette fois les subtilités anatomiques de côté, et je puis leur promettre les succès les plus faciles et les plus constants.

Puisse cette ébauche être consultée par tous ceux que la science a effrayés jusqu'à cc jour, et les rassurer.

Il est bien entendu que je n'étends pas mes conseils au delà de ce point de la pratique, et que dans aucun cas les hommes qui se livrent aux opérations ne peuvent être dispensés des connaissances topographiques les plus positives et les plus éten dues.

(J. des conn. med. et pharm., 20 mars 1861.)

RÉSULTATS CLINIQUES OBTENUS PAR LA LITHOTRITIE PENDANT L'ANNÉE 1860. — Dixhuit malades atteints de calculs vésicaux ont été admis en 1860 dans le service de M. Civiale. Parmi ces malades se trouvaient trois femmes dont l'une était tellement épuisée par ses longues souffrances que toute opération aurait compromis sa vie sans bénéfice probable, et elle continue à vivre avec son calcul. La deuxième était dans des conditions favorables sous le rapport de la santé générale; mais le calcul était engagé dans l'urèthre où il était maintenu par les contractions énergiques de la vessie. Un débridement du canal a suffi pour en opérer l'extraction. Ce procédé a paru préférable à celui de l'écrasement qui eût été plus long et plus douloureux. La mlade a été promptement guérie. La troisième femme présentait un de ces cas extraordinaires qu'on observe de loin en loin. La pierre de nature phosphatique s'était formée sur un amas de dents, d'osselets et de cheveux provenant d'un kyste pileux qui s'était ouvert dans la vessie. Tous ces corps et la pierre elle-même ont été extraits avec succès par les procédés de la lithotritie.

Des quinze hommes adultes ou vieillards qui se sont présentés avec la pierre, quatre n'étaient pas dans les conditions qu'exige la lithotritie. Deux ont été taillés l'un avec succès, l'autre en conservant une fistule. Le troisième est mort d'une affection rénale sans avoir été opéré. Le dernier subit un traitement préparatoire. Un cinquième malade avait en même temps une pierre moyenne et une hernie étrangléc,

qu'il fallut opérer sur-le-champ, opération à laquelle il a succombé. En fait, dix hommes seulement ont été délivrés de la pierre par la lithotritie. Deux de ces opérés conscrvent des douleurs et du trouble dans les fonctions de la vessie, par suite des lésions organiques de ce viscère.

En communiquant ces résultats à l'Académie, M. Civiale y a joint ceux de sa pratique particulière pendant l'année écoulée. Les malades traités en ville par ce chirurgien sont au nombre de trentesix dont dix étaient en état de récidive. Vingt-six de ces malades ont été lithotritiés; vingt-quatre sont guéris; chez les deux autres, l'état morbide de la vessie contre-indiquait l'opération. L'un d'eux a succombé, l'autre vit avec sa pierre.

Les faits observés soit à l'hôpital, soit en ville, offrent une particularité remarquable qui doit, selon M. Civiale, faire ranger les calculeux en deux grandes classes. Dans l'une, qui embrasse les deux tiers des cas, les organes conservent leurs dispositions naturelles. Ce n'est même que de loin en loin, et surtout à la suite des exercices du corps, que la pierre provoque quelques troubles fonctionnels qui cessent par le repos. Ici la pierre formant à elle scule toute la maladie, il suffit de la détruire ou de l'extraire par les procédés de la chirurgie, pour que le malade obtienne une guérison prompte et complète. Dans l'autre classe, les pierres de phosphate calcaire ou ammoniaco-magnésien se forment et se développent sous l'influence d'un état morbide de l'appareil urinaire. Il n'est pas rare que cet état persiste après l'opération, qu'il prive le malade du bienfait complet du traitement et même qu'il favorise le développement d'une nouvelle pierre. Ces cas sont en majorité dans le relevé qui précède.

Ce relevé prouve en outre, et c'est là l'enseignement pratique qu'il faut en tirer, que pour être heureux, l'emploi de la lithotritie doit être restreint aux cas où la maladie est encore à son début, c'est-àdire où la pierre est petite et n'a pas eu le temps de produire des lésions propres à changer la forme et les dispositions naturelles de la vessie.

(Journal de médecine et de chirurgie pratiques, mars 1861.)

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lets hémorrhoïdaux est trop connu pour que nous l'exposions de nouveau. On n'a pas oublié non plus qu'il y a quelques années, M. Piedagnel proposa d'ajouter aux poudres caustiques, pour en faciliter l'application, une certaine quantité de morphine (1). Tout récemment, M. Amussat a mis en usage avec un plein succès le mélange anesthésique du médecin de l'Hôtel-Dieu chez une femme qui portait un bourrelet hémorrhoïdal.

La cuvette du compresseur a été remplie de pâte de caustique Filhos additionnée de 4 milligrammes de chlorhydrate de morphine. L'application de l'instrument a duré quatre minutes, et pendant tout ce temps, l'insensibilité a été presque absolue. Ce n'est qu'après que les pinces ont été enlevées que la malade s'est plaint d'éprouver une légère cuisson.

En citant ce petit fait, nous sommes loin de dire que le mélange de caustique et de morphine produira toujours l'anesthésie locale si désirable dans ces sortes d'opérations. Plusieurs chirurgiens ont employé la combinaison de M. Piedagnel, et nous savons qu'ils n'ont pas atteint le but qu'ils se proposaient. Aussi, en présence d'un résultat douteux, donnerons-nous le conseil de disposer un irrigateur qui soit prêt à fonctionner à la première manifestation de la douleur. Des tumeurs hémorrhoïdales volumineuses ont été traitées avec un remarquable succès par M. Amussat, pendant la destruction desquelles l'irrigation froide à jet fort et continu supprima presque entièrement la douleur. Cette irrigation, prolongée pendant quelques minutes après l'enlèvement de la pince, a un autre avantage, celui d'entraîner les parcelles de caustique non combinées avec les tissus et de calmer la cuisson. (Ibid.)

CAS DE TÉTANOs traumatique traité avec SUCCÈS AU MOYEN DE LA Cigue. Découragé par des revers antérieurs de recourir aux agents thérapeutiques ordinairement employés contre le tétanos, M. le D'Corry aurait désiré, dans le cas dont il est ici question, mettre à l'épreuve l'efficacité du curare on woorara, sur lequel la communication de M. Vella à l'Académie des sciences et le travail de M. Spencer Wells venaient d'appeler l'attention du monde médical. Mais n'ayant pu se procurer de cette substance, il fut conduit à recourir à la ciguë officinale (Conium maculatum) par cette idée émise par le docteur Radcliffe,

(1) Voir notre tome XXVI, page 460.

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