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l'indiscrète épouse lui avait fait pondre, le soir, cent œufs, notre pauvre client, sole occaso, avait reçu aussi maintes blessures. Malgré qu'il affirmait que son arme était chargée à plombs, je ne pus tout d'abord me rendre à sa protestation, ne discernant, dans le voisinage de la plaie, qu'une légère brûlure, sans la moindre trace de projectiles. Nous remimes à un moment plus favorable des recherches qui pouvaient alors être préjudiciables, pour attaquer de suite la perte du sang. Une forte étoupade, recouverte de compresses épaisses, le tout trempé dans de l'eau fraiche salée et maintenu par un bandage de corps bien approprié, ne tarda point à atteindre le but. Coucher en supination, diète absolue. L'avenir de notre patient me parut rassurant, en ce que les organes internes ne témoignaient d'aucune lésion. Au troisième jour, quand tout danger d'hémorrhagie fut éloigné, nous visitâmes les lieux souffrants: l'inflammation était modérée, et le toucher attentif nous fit découvrir le trajet de la charge, oblique de bas en haut, vers la septième vertèbre cervicale, la proéminente, où nous perçûmes, dans la profondeur des chairs, une substance insolite, résistante, que la sonde cannelée, introduite par l'ouverture d'entrée, constata d'une manière non équivoque. Une large incision fut faite, sans désemparer, au fond de laquelle se présenta le corps étranger dont nous fimes l'extraction: c'était un gros cylindre de papier gris ordinaire, superposé à la dragée et n'en recelant aucune. Un large séton est placé à demeure: cataplasmes émollients, arrosés d'eau végéto-minérale camphrée. Le surlendemain, injections d'eau miellée, pansement du séton, sortie d'eschares et de plombs. Au vingt-cinquième jour, la plaie est détergée, une bonne sarcogenèse se prononce; on diminue insensiblement la mèche pour la supprimer entièrement à la cinquième semaine. Finalement, une compression convenable est établie sur le trajet fistuleux, qui disparaît bientôt totalement.

Personne n'ignore que toute plaie d'arme à feu est contuse, au plus haut degré, et compliquée le plus souvent d'hémorrhagie, de bourre, de pièces d'étoffe, etc. Bien que la nature déploie toutes ses ressources pour parer à tant d'inconvénients, elle succombe ordinairement dans cette lutte longue et inégale ; car, outre la fièvre traumatique et ses conséquences qu'elle a à soutenir, c'est qu'une suppuration abondante, ichoreuse, ne tarde point à s'établir; le pus stagne, l'absorption s'en fait, une fièvre secondaire pyoémique s'allume; toutes circonstances fâcheuses qui précipitent fatalement le malade dans la tombe, si la main habile du traumafuge ne ramène pas ces sortes de plaies à un plus grand état de simplicité, par des opérations unanimement adoptées, telles que les contre-ouvertures, l'extraction des corps étrangers, les débridements, le seton, les pansements méthodiques, etc.

C'est en appliquant ces données à l'espèce qui nous occupe que nous avons éprouvé la satisfaction de voir marcher, avec la plus grande régularité, cette grave blessure vers une entière guérison. Nous mimes d'abord à contribution le froid, qui nous procura le double avantage de resserrer la lumière des vaisseaux divisés, et de plus d'anémier les tissus, menacés d'une phlegmasie des

plus intenses chez un sujet d'une constitution toute phlogistique (1). Par contre, elle fut si modérée qu'elle nous permit d'aller, d'emblée, à la recherche des diverses complications. Une section étendue à la région cervicale eût encore pour heureux résultat le débridement de l'aponévrose dorsale, des muscles trapèze, long dorsal, sacro-lombaire; enfin d'ouvrir un passage à la bourre et de placer une mèche de linge qui abrégea et consolida la cure. Nous sommes en cela de l'avis des chirurgiens anglais, qui regardent ce moyen comme l'ancre de salut dans les plaies d'arquebuse. J'ai observé, après la bataille des QuatreBras, qu'ils en faisaient un fréquent usage toutes les fois qu'ils le pouvaient, sans danger pour le blessé. Ils alléguaient que non-seulement il facilitait l'issue. de tout ce qui pouvait entraver la cicatrisation, mais qu'on pouvait encore le charger de tous les modificateurs que requérait l'état de la blessure.

Ce qui pourrait paraître étrange à ceux qui n'ont pas eu l'habitude d'observer des coups de feu, c'est de voir des projectiles labourer intérieurement nos tis

:

(1) Ce jeune homme, d'une bonne constitution, était atteint depuis deux ans d'une arthrite rhumatismale chronique, fixée au genou gauche et traitée par son pharmacien. Le mal empirant et tendant à une dégénérescence, il vint à moi les douches, les révulsifs, une compression méthodique, l'huile de morue, etc., le guérirent presque, en moins de trois mois. Il ne lui restait qu'un léger engorgement et un peu de douleur quand les impondérables n'étaient plus en équilibre, symptômes qui disparurent entièrement à la suite de la suppuration spoliative de sa plaie du dos. C'est ainsi que les affections spontanées, interminables, bien que réalisées, se déracinent encore entièrement, quand elles sont menées à bonne fin par un praticien qui ne s'occupe que de sa spécialité; aussi, peut-on répéter, avec toute justice que le pharmacien chasse le bon médecin. A cette occasion, nous ferons une remarque, mais sans fiel, ni polémique ni personnalités.

Si la perturbation, cette ataxie qui règne tout particulièrement dans le corps médical de notre canton, persiste encore quelque temps, il sera frappé de mort, ou notre ministère sera une chose bien triste à décrire. Le mal n'est pas causé, comme on a voulu l'insinuer, par nos collègues français qui passent quelquefois nos frontières; ce sont d'excellents confrères qui, par représailles, nous reçoivent, chez eux, avec tous les égards dus à notre dignité. Non assurément, cette lêpre est parmi nous, intra muros, et dépend peut-être de ce que nous sommes mus par un peu trop d'orgueil, d'avarice, d'envie, trois pêchés capitaux qui semblent s'être incarnés aux médecins plutôt qu'au reste des citoyens; car, chaque jour, nous sommes témoin oculaire d'abus, de délits que commettent des personnes de l'art, qui ne sortent d'une sphère inférieure que pour le mauvais plaisir de troubler des praticiens, revêtus d'attributions plus relevées. Pour parer à tant de confusion, on a projeté d'établir un conseil de discipline, sorte d'épouvantail, qui, s'il est né viable, achèvera notre ruine et notre décadence: aussi nous rappelle-t-il le mythe du Jardinier, du Lièvre et de la Meute. Oui, cette autorité restera un corps sans áme, tant qu'on ne lui aura adjoint des organes de rapport, en un mot, des émissaires pris en dehors du corps médical, pour exécuter ses ordonnances; c'est dire, sans détours, qu'il faut au moins, par chaque canton, un agent de police spécial, rétribué par nous tous et qui aurait, pour encouragement, une part dans les contraventions. Ce sera la cigogne médicale qui happera sans pitié tout intrus, mercenaire, prévaricateur, et, en moins de six mois, que dis-je, de six semaines, chacun sera rentré dans les limites qui lui sont prescrites par ses lettres patentes. L'ordre est la mère du progrès, comme l'anarchie est la fille du désordre, qui nous reporte à ces temps reculés où Galien reprochait, en termes des plus énergiques, aux empiriques et médicastres de cette époque de traiter, comme on le fait aujourd'hui, les malades, et non leurs maladies et de ne les abandonner aux vrais médecins que malingres et anargyres; enfin, lorsque le fait était accompli, et qu'il n'était plus qu'une autopsie anticipée : atque ipsa pars quam nosti? Est-ne actionis ipsius cuusa? Nùm quid demùm ejus nosti? Situm videlicet et magnitudinem et contextum et figuram? At nihil horum actionis est causa; nec curationis indicationem et apparentibus symptomatis accipis.

sus, pour se porter plus ou moins loin de la plaie d'entrée. C'est une loi de physique expérimentale que tout corps qui, mis en mouvement, rencontre un autre corps élastique, dévie de sa ligne de projection, sous un angle égal à celui d'incidence.

En voici un exemple le nommé Michel, volontaire brabançon, reçoit, en pointant l'ennemi, un biscaïen qui lui traverse le grand pectoral droit, pour cheminer jusqu'au dos, en ceignant la charpente osseuse. Le chirurgien de l'ambulance le cherche en vain dans la blessure, et croit qu'il en est directement ressorti. Ce soldat reste à l'hôpital dans une position précaire, miné par la suppuration et une fièvre lente. Au quatrième mois, abcès à la région dorsale, d'où on extrait cette mitraille, que je possède encore. Michel guérit radicalement, grâce à sa forte constitution.

D'après l'analyse de notre observation, nous croyons pouvoir en déduire quelques conclusions, applicables à la médecine légale, en démontrant : 1° que toutes les fois qu'il y brûlure des vêtements et du derme avoisinant la plaie, la décharge s'est faite fort près du corps; 2° que les plombs font balle, en sortant du canon d'explosion et que cet effet est encore obtenu plus sûrement, si on les roule, au préalable, dans un liquide visqueux, comme la salive : il est prouvé que des suicidaires se sont ainsi ôté la vie pour donner le change sur leur misérable dessein; 3° que la bourre d'une arme, chargée tout simplement à poudre, peut s'ouvrir un passage jusque dans nos grandes cavités, dans celle du bas-ventre et y causer des accidents mortels. Tel est le cas de cet homme qui, pour effrayer son voisin, lui tira à brûle-pourpoint un semblable coup de fusil. Ici, l'autopsie a pu vérifier l'exactitude du fait. Mais si l'individu avait survécu à sa catastrophe, pouvait-on en inférer, sur la déposition du prévenu, d'après un fait peut-être unique dans la science, qu'il n'y avait pas eu conjointement de projectiles? Car le crime a tant d'issues qu'on est loin d'avoir dit le dernier mot pour toujours le découvrir.

Nous finirons par ajouter, dans l'intérêt de l'hygiène publique, qu'on ne saurait trop tôt réprimer, comme du temps passé, et par des peines sévères, ces fusillades de joie qu'on fait surtout aux jours de noces de nos riches campagnards. Les jeunes gens, empressés, accourent l'arme au bras et quand ils sont pris de boisson, nous avons vu les plus mutins, par une grossière plaisanterie, faire décharge sur leurs camarades. A quel danger ne les expose point cette licence effrénée ?

Nous laissons aux médecins spéciaux le soin de faire ressortir, de ces quelques rapports isolés, tout ce qu'il y aurait de plus intéressant pour éclairer la justice. Tant qu'à nous, notre tâche s'est bornée à fournir des matériaux, à eux de les élaborer. Certes, les faits ont besoin d'être incubés par l'intelligence pour en extraire la vérité, qui y est à l'état latent; c'est par l'esprit qu'on s'élève à la connaissance du principe et de la fin, c'est par les yeux et le tact qu'on acquiert celle des moyens : Nam, morbi dignotio pendet ex intellectione affectus et non partis affectæ.

II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

DE L'OPPORTUNITÉ DU TRAITEMENT DE LA

GOUTTE ET DES FACTEURS DE CE TRAITEMENT.

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M. Trousseau a terminé son cours par une série de brillantes leçons sur la goutte. Cette maladie n'est pas de celles que l'on observe souvent dans les hôpitaux; mais dans la pratique des villes on la rencontre assez fréquemment, et comme elle est terrible pour le malade et fort embarrassante pour le médecin, on comprendra que le jeune auditoire de M. Trousseau se soit grossi ces jours derniers de bon nombre de vétérans de l'art, curieux d'entendre disserter sur un sujet aussi intéressant l'un des membres les plus autorisés du corps médical de Paris.

La théorie de la goutte qui réunit aujourd'hui le plus de suffrages, est tout à fait chimique. C'est assez dire que M.Trousseau en fait bon marché. On admet que cette maladie attaque certaines personnes qui ne se livrent pas à un exercice musculaire assez énergique pour leur conformation acquise ou héréditaire. Il en résulte que les aliments absorbés par ces personnes ne se trouvent pas en rapport convenable, par leur qualité ou leur qualité, avec la dépense qu'en fait habituellement leur organisme. Dès lors, cette nourriture, au lieu de servir, par son assimilation, seulement à l'entretien du corps, à la réparation des forces, au maintien de la santé, et de pouvoir ensuite, en se désassimilant, être enlevée successivement par les divers émonctoires, ne peut pas être modifiée et éliminée. Elle reste ainsi en trop grande proportion dans le sang, y forme un composé chimique peu soluble, l'acide urique, lequel n'étant plus suffisamment excrété, s'accumule peu à peu dans certaines parties du corps, le plus souvent sur les articulations, mais quelquefois sur des viscères de première importance et y produit des phénomènes fluxionnaires, des concrétions tophacées, etc.

M. Trousseau reconnaît que les urates en excès ont été trouvés dans la goutte, mais ces urates, dont la formation suppose la préexistence d'une diathèse urique se trouvent dans des maladies essentiellement différentes. La diathèse urique est done indépendante de la diathèse gout

teuse, ou du moins faut-il un élément nouveau ajouté à l'économie pour traduire la diathèse urique en goutte. Jusqu'à nouvel ordre, la goutte est, pour M. Trousseau, une maladie spécifique de nature parfaitement inconnue.

Comment faut-il traiter la goutte? et d'abord faut-il la traiter? C'est tout de suite une grosse question qu'on ne peut résoudre qu'en envisageant successivement la goutte aiguë régulière à son premier aecès, la goutte à chaine d'accès, la goutte atonique, la goutte viscérale ou anomale. Depuis trente-six ans, M. Trousseau a vu beaucoup de goutteux, plus de cinq cents peut-être, et voici quelle a été sur sa conduite l'influence de cette vaste observation. Ce professeur croit devoir déclarer qu'il ne traite jamais un premier accès de goutte aigue franche; il ne le traite pas, parce qu'il regarde cela comme quelque chose en général de périlleux, et parce que toutes les fois qu'il a laissé marcher cet accès pendant sept, huit, dix jours, le malade est sorti de là dans une condition de santé infiniment meilleure qu'avant. Par conséquent, M. Trousseau se refuse catégoriquement à traiter par aucun moyen abortif le premier accès de goutte aiguë, regardant cet accès comme une chose relativement heureuse et la plus désirable même qu'on puisse souhaiter à l'individu atteint de goutte atonique. Mais lorsqu'un individu a une goutte aiguë à chaîne d'accès revenant tous les trois ou quatre mois, M. Trousseau avoue que s'il ne peut convaincre cet individu de l'utilité de la douleur, et s'il est accueilli, lui médecin, par des cris de rage et de désespoir, quand il vient visiter son malade, il se décide à faire quelque chose, ne fût-ce que pour arracher une nouvelle victime aux charlatans.

Il faut dire d'ailleurs que cette goutte, quand on l'attaque, même dans sa forme aiguë, ne se comporte pas toujours aussi brutalement qu'on pourrait le craindre. Une jeune fille ayant ses règles veut aller au bal et craint d'être tachée, elle s'applique une serviette imbibée d'eau froide, les règles s'arrêtent; elle a un peu de mal de tête le lendemain, puis, le mois suivant,

les règles reviennent, et tout est dit. Un hémorrhoïdaire fera la même imprudence, et tout aussi impunément, s'il est jeune. Mais ce qui peut aller aux jeunes ne va pas aux vieux. La jeunesse supporte toute espèce d'excès sans grand dommage. Par un privilége qui lui est propre, elle peut dire : Corpora sana dabunt balnea, vina, venus. Mais quand on a dépassé l'âge mûr, c'est l'hexamètre suivant qu'il faut s'appliquer :

Balnea, vina, venus corrumpunt corpora sana. C'est que dans la jeunesse, notre économie est vigoureuse, et nous permet de venir à bout des intussusceptions morbides. Quand, au contraire, nos corps sont fatigués, il en est autrement, et lorsque des manifestations se font au dehors, il faut les respecter. Voilà pourquoi, s'il s'agit d'un goutteux qui s'achemine vers la vieillesse, M. Trousseau respecte sa goutte, et pourquoi chez l'homme encore jeune, qui souffre atrocement de cette maladie, il se hasarde à donner des médicaments qui le calment.

Dans la goutte atonique, il y a quelque chose à faire.

Dans la goutte viscérale, il y a toujours à faire, car on ne peut rien supposer de pis, et si l'on parvient à transformer en goutte articulaire cette goutte anomale, on doit s'estimer très-heurcux.

Venons aux remèdes, il y en a.

De tous les remèdes conseillés contre la goutte, a dit M. Trousseau, celui qui guérit le plus certainement, le plus incontestablement, c'est le colchique. Là-dessus point de doute. C'est un fait pour le moins vieux comme Aétius, plus vieux qu'Alexandre de Tralles, qui signale toutefois le premier l'hermodacte comme un précieux remède contre la podagre. Or, les travaux de M. Planchon ont démontré que ce doigt d'Hermès n'est autre que le processus digitiforme qu'on observe à un moment donné de son développement sur le tubercule du colchicum variegatum, ou colchique panaché. En France, on a généralement abandonné l'emploi de cet hermodacte, qui nous venait de l'Orient, pour le colchique d'automne. C'est ce dernier qui fait la base de tous les arcanes sans exception que débite le charlatanisme. Il est aussi certains faiseurs de remèdes qui emploient l'ellébore blanc, ou la cévadille; ils introduisent des poudres, des teintures ou des extraits de ces plantes dans leurs médicaments; mais, somme toute, ce sont toujours là des préparations de colchique ou de plantes analogues.

L'association que M. Trousseau considère comme la plus heureuse, est celle que M. Becquerel a faite du sulfate de quinine, du colchique et de la digitale dans les proportions suivantes : Sulfate de quinine .

Extrait des semences de colchique.
Extrait de digitale.

M. S. A. et faites dix pilules.

gr. 50 c. 50

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chaque jour pendant deux jours, trois On donne deux ou trois de ces pilules jours, quatre jours de suite. M. Trousseau a employé et vu employer ces pilules, et parfois avec de merveilleux résultats. Sous l'influence de leur action, ce médecin a vu les atroces douleurs d'un accès franchement aigu se calmer en sept à huit heures, et l'accès lui-même disparaître au bout de deux à trois jours. Ces pilules sont celles que M. Trousseau prescrit à l'apparition des premiers symptômes de goutte anomale.

La teinture de semences de colchique, qui constitue le moyen favori des charlatans, se donne à la dose de 5, 6, 8, 10 gouttes deux fois, trois fois, quatre fois par jour pendant deux, trois, quatre, six jours de suite. L'extrait des mêmes semences ne doit pas être donné au début à des doses excédant 20 à 25 centigrammes par jour. On porte celles-ci progressivement à 30, 40 et 50 centigrammes, sans aller au delà. Il faut, avec ces médicaments, procéder par doses minimes, ces doses agissant parfois suffisamment. Cette action est si rapide, qu'aux eaux de Contrexeville, un malade, en proie à un violent accès de goutte aiguë, paria le matin avec son médecin qu'il danserait au bal le soir ; il prit de minimes doses de colchique, et notre confrère perdit son pari. Mais ceux-là même qui sont le plus partisans du colchique, et qui sont vraiment médecins, ont soin de ne l'administrer qu'au moment où déjà l'accès goutteux a duré trois ou quatre jours, alors que les douleurs ont perdu de leur première vivacité. Il convient aussi de savoir que le colchique agit plus rapidement dans la goutte récente. Si vous le donnez dans le cours d'un premier accès, vous pouvez subflaminer les douleurs ; dans les accès subséquents, il n'en sera pas ainsi, il faudra dès lors augmenter la dose de ce médicament.

Maintenant, quels sont les cffets éloignés du colchique? Après son administration, la goutte revient un peu plus vite. Au lieu de deux attaques par an, le malade en a trois, quatre, à moins qu'il ne prenne les précautions indiquées plus loin, et dont l'effet est de conjurer ou d'atténuer les inconvénients d'une médication, à laquelle

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