Images de page
PDF
ePub

dans ce cas, comme cela aurait été admis autrefois, une inclusion fœtale. On sait en effet aujourd'hui que des tissus simples ou composés et même des organes complexes peuvent se former là, où à l'état normal on ne les rencontre point (Lebert.)

La tumeur s'est développée dans le testicule, dont on ne retrouve pas de traces, et l'épididyme, qui est ordinairement le siége de productions semblables, peut encore être distingué en dehors d'elle.

6 Il n'y avait contre cette affection qu'un traitement chirurgical à employer et la seule opération utile, la castration, devait être pratiquée.

DESCRIPTION D'UN MONSTRE AGÉNOSOME; par M. le docteur J. SAcré. M. le docteur Van den Bruel, de Huldenberg, a fait parvenir à la Société anatomo-pathologique de Bruxelles un fœtus monstrueux provenant d'une femme de sa commune, d'un tempérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution et déjà mère de quatre enfants nés à terme et viables. Trois de ces enfants ont succombé à la suite, paraît-il, d'attaques d'éclampsie.

Le 19 août 1860, à quatre heures de l'après-midi, M. Van den Bruel visita cette femme, en travail depuis neuf heures du matin, et constata la persistance de la vie de l'enfant et une présentation de l'abdomen. Par la version, pratiquée sans difficulté, il amena un foetus mort et son arrière-faix resté adhérent.

Ce fœtus paraît âgé de sept à huit mois. Son poids total, sans le placenta, est de 1280 grammes. La longueur de la colonne vertébrale depuis le trou occipital jusqu'à son extrémité inférieure, est de treize centimètres.

A la région antérieure et latérale gauche des parois abdominales incomplétement développées, existe une ouverture à peu près circulaire, offrant un diamètre de six centimètres et demi, par laquelle sortent presque tous les viscères des cavités thoracique et abdominale: le cœur, le poumon gauche, le foie, la rate, l'estomac, les intestins, la vessie, les reins et leurs capsules surrénales. Les enveloppes fœtales viennent s'insérer au pourtour de cette ouverture, pour se continuer avec la peau du fœtus.

Le cordon ombilical n'est point séparé des membranes, mais renfermé dans l'épaisseur de celles-ci, c'est-à-dire que les membranes dédoublées entourent le cordon.

Il n'y a aucune trace d'organes génitaux externes.

L'anus est imperforé, mais un froncement circulaire de la peau indique l'endroit où il devrait se trouver.

Le membre abdominal droit a sa position et sa conformation normales, mais celui de gauche a subi un mouvement de rotation de gauche à droite et d'avant en arrière, d'un demi-cercle d'étendue. Il en résulte que pendant la flexion ce membre est dirigé en arrière et un peu à droite, et que le bord externe du

pied gauche touche, au bord correspondant du pied droit lorsqu'on rapproche

les deux jambes.

Il n'y a pas d'autre anomalie extérieure : les membres thoraciques et la tête, qui est garnie de cheveux longs et abondants, sont à l'état normal.

Les viscères, et principalement les intestins, le foie, la rate et le péricarde sont recouverts d'une exsudation fibrineuse formant des fausses membranes épaisses d'un à deux millimètres. La membrane d'enveloppe de ces organes (le péritoine) a donc été le siége d'une inflammation pendant la vie intra-utérine. L'autopsie fournit les résultats suivants :

Le cordon ombilical mesure une étendue de quinze centimètres, depuis le placenta jusqu'à son origine, laquelle se trouve à peu près vers le centre de l'abdomen, à la limite droite de l'ouverture ventrale. Il ne renferme pas de gélatine de Warthon et ne contient qu'un seul vaisseau, une artère, qui est remplie par un caillot rouge.

Il y a absence complète de diaphragme.

En divisant le sternum dans toute son étendue par une incision verticale, on peut examiner tous les organes renfermés dans la cavité thoracique.

Le premier organe qui se présente est le thymus dont la forme est allongée et qui s'étend depuis la fourchette du sternum jusqu'à la partie inférieure de cet os. Il recouvre les gros vaisseaux.

Le cœur, situé à gauche, déborde totalement le bord supérieur de l'ouverture abdominale, mais sa base touche à ce bord. Il est contenu dans un péricarde formant une cavité close. Il a sa forme normale et se compose de deux oreillettes et de deux ventricules, auxquels aboutissent et d'où partent les mêmes vaisseaux que dans l'état physiologique.

L'artère pulmonaire offre deux petits rameaux qui se rendent aux poumons, et se continue par le canal artériel qui se termine à la crosse de l'aorte. De celle-ci partent le tronc brachio-céphalique, l'artère carotide primitive gauche et l'artère sous-clavière du même côté. L'aorte descendante se termine par trois branches dont une se rend directement dans le cordon; les deux autres s'enfoncent dans les tissus, pour se rendre chacune à un des membres inférieurs.

Derrière les vaisseaux se trouve la trachée-artère qui est très-longue; sa bifurcation n'a lieu que vers le tiers inférieur de la région dorsale. La bronche droite est très-courte et se rend au poumon droit; celui-ci est contenu dans la cavité thoracique. La bronche gauche est quatre ou cinq fois aussi longue que la bronche droite, et se rend au poumon gauche qui est situé beaucoup plus bas que le poumon droit, et n'est plus renfermé dans la cavité thoracique, mais sort de l'abdomen pour se placer à côté du cœur et de la rate.

Le long de la trachée-artère se trouve l'œsophage. Il descend très-bas et se continue avec l'estomac, dont la forme est normale.

L'intestin a une longueur de soixante et dix centimètres. Il présente la même forme et à peu près le même calibre dans toute son étendue. Sa terminaison a lieu dans une vaste poche, dans laquelle il s'ouvre par une ouverture circulaire.

Il est distendu par du méconium. Les circonvolutions intestinales sont retenues par un mésentère très-court et entièrement recouvertes de fausses membranes qui les font adhérer si intimement les unes aux autres que ce n'est qu'avec la plus grande peine et non sans les déchirer plusieurs fois, qu'il a été possible de les séparer.

La poche dans laquelle se termine l'intestin n'est autre chose qu'un cloaque, pouvant contenir un gros œuf de poule. Le fond de cette poche n'est pas uni, mais présente deux cloisons incomplètes, par lesquelles ce fond paraît formé comme de trois alvéoles. La face interne du cloaque, d'un brun rougeâtre, est gaufrée. La face externe est lisse et recouverte en partie par les enveloppes fœtales.

Le foie mesure une circonférence de dix-neuf centimètres. Il n'offre aucune trace de ligament suspenseur et n'est retenu que par du tissu cellulaire et par les vaisseaux qui y aboutissent. Sa forme est assez régulière; il présente ses trois lobes. La vésicule du fiel est rudimentaire et se continue par un canal étroit qui s'ouvre dans l'intestin.

La rate est située à gauche de l'estomac, auquel elle est reliée par du tissu cellulaire. Aucun vaisseau appréciable ne s'y rend.

Tous les organes précédemment décrits étant relevés et écartés, il est facile de sentir qu'il existe sous eux plusieurs corps durs renfermés dans des poches distinctes. En ouvrant celles-ci on y trouve successivement:

1o A droite, un rein de forme irrégulière, composé de plusieurs lobes séparés. Il est recouvert par une capsule surrénale aplatie et volumineuse. Du rein partent deux uretères qui se confondent immédiatement avant leur terminaison. La partie commune de ces deux uretères s'ouvre dans une poche longue de deux et demi centimètres, du calibre d'une grosse plume d'oie, à parois très-épaisses, et représentant la vessie. Celle-ci est remplie par une matière caséeuse d'un blanc grisâtre. Après avoir enlevé cette matière, on voit que la face interne de cette poche ou vessie est formée par de petites colonnes les unes transversales, les autres verticales. Cette poche s'ouvre par une ouverture circulaire de près de deux millimètres de diamètre, dans le même cloaque où aboutit l'intestin.

2o A gauche, un deuxième rein situé beaucoup plus haut que le premier et recouvert comme celui-ci d'une capsule surrénale aplatie et volumineuse. De ce rein part un uretère unique qui se rend, à travers le tissu cellulaire, non pas à la vessie comme les deux premiers, mais directement vers le cloaque dans lequel il s'ouvre.

Au cloaque aboutissent donc : l'intestin, la vessie et l'uretère gauche.

Les organes génitaux manquent complétement. Il en est de même du pancréas et de l'épiploon.

Les altérations du squelette sont peu nombreuses : la colonne vertébrale est déviée à gauche dans sa portion dorsale, à droite dans sa portion lombaire; elle se termine en pointe par des vertèbres de plus en plus petites, sans offrir de sacrum. Les nerfs sortent latéralement par les trous de conjugaison.

Le bassin n'a aucune connexion avec le rachis; de plus, les deux os coxaux sont entièrement séparés l'un de l'autre et il existe entre eux une poche close, renfermant de la sérosité et dont la face interne ressemble à une membrane séreuse. L'os coxal droit a sa position normale, tandis que celui du côté gauche a subi un mouvement de rotation par lequel sa face antérieure est devenue postérieure, mouvement de rotation en tout semblable à celui du membre abdominal gauche.

Pour étudier plus complétement les divers rapports des os du bassin entre eux, avec le rachis, avec les vaisseaux et avec les nerfs, il eût fallu détruire une pièce tératologique trop intéressante pour n'être pas conservée dans les collections de la Société.

La monstruosité dont nous venons de donner une description succincte et qui consiste en une ectopie des viscères thoraciques et abdominaux, avec absence totale des organes de la génération, est depuis longtemps connue en tératologie. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en a fait le genre Agénosome de la famille des Célosomiens, de l'ordre des Autosites, dans la classe des monstruosités unitaires, et M. Vrolik en donne un dessin très-exact dans son bel atlas de tératologie. Ces deux auteurs ne citent cependant aucun cas avec absence totale des organes génitaux.

Contrairement à la règle générale, l'éventration, quoique latérale, n'est pas située chez notre sujet du côté droit, mais bien à gauche, et par suite c'est le membre pelvien gauche et non le droit qui est déformé.

Cette ectopie, comme le remarque M. Geoffroy Saint-Hilaire, représente évidemment un état embryonnaire très-rapproché de la conception, où tous les viscères flottent contenus dans la gaîne du cordon ombilical, au-devant de la cavité non encore close de l'abdomen.

PURPURA HEMOrrhagica, guÉRI PROMPTEMENT PAR LE PERCHLORURE DE FER; communication faite à la Société médico-chirurgicale pratique de Bruxelles, dans la séance du 6 octobre 1860, par le docteur H. VAN HOLSBEÉK, secrétaire.

Un praticien distingué de Montélimart, M. le docteur Pize, a soumis récemment à l'examen de l'Académie impériale de médecine de Paris un mémoire, riche en faits cliniques, sur le traitement du purpura hemorrhagica, par le perchlorure de fer.

M. Pize, dans une savante dissertation sur le mode d'action du composé ferrique, avait adopté sans restriction les résultats des intéressantes expériences de Pravaz et de M. Burin-Dubuisson, et s'était rangé avec conviction du côté de la théorie chimique.

M. Devergie, le rapporteur du remarquable et consciencieux travail de M. Pize, avait formulé une conclusion dans laquelle, se basant sur les expé

riences de M. Bucek et d'autres, lesquelles prouvent irrécusablement le passage du fer dans le torrent circulatoire, il établissait que les préparations ferrugineuses agissent à la fois par leur mélange au sang qu'elles modifient plus ou moins promptement, et par leur action directe et stimulante sur les organes auxquels elles impriment plus d'énergie.

Cette conclusion était certe conciliante et l'on devait s'attendre à ce qu'elle satisfit tout le monde, mais il n'en fut pas ainsi. Elle devint, vous le savez, le point de départ de très-vives escarmouches au sujet des doctrines médicales. Après douze longues séances, dans lesquelles on déploya une grande richesse de phrases, et, il faut le dire, beaucoup d'éloquence, chacun est rentré chez lui plus enthousiaste que jamais de sa première opinion et pleinement satisfait du discours dont il a fait retentir la tribune et la presse scientifique.

C'est vous dire qu'il n'a pas été question du fait de thérapeutique expérimentale, le seul, je pense, sur lequel M. le docteur Pize voulait attirer l'attention de la savante compagnie. On ne connaît pas davantage aujourd'hui le mode d'action du perchlorure de fer dans l'économie, et les discours sur les causes et la nature des actes organiques n'ont nullement transformé la notion du fait empirique en action intelligente, en précepte raisonné pour la pratique de l'art. Enfin, ces longues disputes académiques n'ont servi qu'à montrer plus évidemment l'étendue du chaos dans lequel on s'agite, et la triste certitude que la lumière est loin encore d'être faite.

Depuis la présentation de l'intéressant mémoire de M. Pize à l'Académie impériale de médecine de Paris, plusieurs faits cliniques dignes d'intérêt ont été consignés dans les publications périodiques, et tous tendent à démontrer l'efficacité réelle du perchlorure de fer dans le traitement du purpura hemorrhagica.

Cette considération m'a déterminé à vous rapporter l'observation suivante :

Le 21 juillet 1860, je fus consulté par Marie D..., âgée de dix-huit ans, dentellière, demeurant à Bruxelles, impasse du Canon. Cette jeune fille est grande et bien constituée; elle voit régulièrement ses menstrues depuis deux ans, et elle n'a jamais été sérieusement malade. Elle fut prise subitement, et sans cause appréciable, dans la soirée du 19 juillet, de malaise, de courbature, de nausées et de frissons erratiques. Elle n'accorda qu'une faible attention à cette indisposition; elle se coucha et passa une assez bonne nuit. Le lendemain, elle se réveilla de meilleure heure et fut saisie en voyant du sang dans sa salive. Jetant machinalement les yeux sur son corps, elle aperçut partout des taches rouges et bleues. Cette fois, elle était inquiète et sa mère me fit demander aussitôt.

› La malade était assise dans son lit, sa figure exprimait l'anxiété. Elle se plaignait de faiblesse, de douleur dans le dos, et d'une lassitude générale. Le menton, le cou, le tronc et les membres étaient couverts de petites taches circulaires de grandeur et de couleur variées, ayant une demi-ligne à une ligne de diamètre, et d'une coloration variant entre le rouge vif du sang artériel et le

« PrécédentContinuer »