Images de page
PDF
ePub

de terminer l'accouchement quand l'indication s'en présentera.

Cette méthode a sur la méthode usuelle les avantages suivants : d'éviter complétement l'introduction de la main entière et du bras dans la matrice, et, partant, de ne pas exposer à la rupture de cet organe; de prévenir l'introduction de l'air dans l'utérus; de rendre l'opération beaucoup moins fatigante et difficile pour l'accoucheur; de n'exiger la rupture de la poche amniotique qu'au moment où l'on veut accrocher le genou; d'ètre, enfin, exécutable à l'époque du travail où la dilatation du col utérin permet seulement l'introduction du doigt.

L'auteur termine son travail par la relation de quelques faits empruntés à sa pratique personnelle et qui témoignent en faveur de sa méthode. Celle-ci est plus spécialement recommandée par lui dans les cas d'insertion du placenta sur le col de la matrice. J. O. (The Lancet et Schmidt's Jahrb.; 1861, I.)

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

-

GROSSESSE COMPLIQUÉE D'ASCITE, PARACENtèse, guérison ET TERMINAISON HEUREUSE DE L'ACCOUCHEMENT. Une femme âgée de trente-six ans, maigre et enceinte de six mois, est atteinte d'albuminurie et d'ascite consécutive qui avait fait de tels progrès qu'il y eut menace de suffocation. La paracentèse, rendue indispensable, ne fut pas pratiquée à gauche, le développement de la matrice coexistant avec une hypertrophie de la rate rendait ce lieu d'élection périlleux, mais à la ligne blanche. Pendant l'opération, la malade s'étant remuée vivement, le poinçon pénétra jusque dans les parois de l'utérus, mais il en fut retiré aisément. Le liquide écoulé, que l'auteur de cette observation, M. Lange, évalue à deux pintes, renfermait un peu de sang. L'utérus vint se placer en rapport immédiat avec la piqûre abdominale. L'opération avait peu soulagé la malade; cependant elle finit par recouvrer la santé, et l'accouchement se termina heureusement au terme normal. J. O. (Deutsche Klinik; 1860, 9.)

ACCOUCHEMENT LENT TERMINÉ PAR LE PROcédé de M. de Laffore.—M. le docteur Baylon, de Genève, vient d'adresser au Moniteur des sciences médicales l'observation d'un accouchement naturel lent, qu'il a terminé en trente minutes, par le procédé de M. de Laffore.

Il s'agissait d'une primipare, âgée de dix-huit ans, chez laquelle, la tête engagée depuis plusieurs heures n'avançait pas, quoique les contractions utérines fussent presque continuelles. Appelé près de cette jeune femme pour appliquer le forceps, M. Baylon trouva dans le vagin une poche saillante qui fut rompue, et laissa écouler un jet d'eau considérable. Ce médecin sentit alors la lèvre antérieure du col descendue avec la tête, et qui la coiffait en partic. Il la refoula en haut avec le doigt, puis, à l'aide de l'indicateur et du medius introduits dans l'intervalle des douleurs, il écarta pendant celles-ci l'occiput du pubis, et pressa sur la tête en arrière et en bas. Après une demi-heure de manœuvres séparées par des intervalles de repos, temps nécessaire pour la dilatation graduelle de la vulve, l'accouchement se termina naturellement. M. Baylon fait remarquer que ce résultat fut d'autant plus heureux, que le cordon était enroulé deux fois autour du cou de l'enfant, et qu'en appliquant le forceps dans cette circonstance, comme il en avait reçu l'invitation, il eût pu exercer une influence fâcheuse sur la circulation fœtale.

(Journal de médecine et de chirurgie pratiques, février 1861.)

NOUVELLE EXPÉRIENCE SUR LA MÉTAMORPHOSE DU CYSTICERCUS CELLULOSE EN TOENIA SOLIUM DE L'HOMME. On admet très-généralement aujourd'hui que le tœnia est l'état adulte du cysticerque du porc. Lorsqu'un cysticerque, par suite de circonstances spéciales, a été avalé et qu'il est parvenu dans l'intestin, il est à ce moment privé de son kyste d'enveloppe, lequel a été digéré. Le cysticerque se fixe, à l'aide de ses crochets, à la membrane muqueuse intestinale, et il devient le siége d'une sorte de bourgeonnement par suite duquel se produisent à sa partie postérieure des anneaux ou articles de plus en plus nombreux. Le cysticerque s'est transformé en tonia. Les articles postérieurs du tœnia, lesquels sont les plus anciennement formés, sont aussi ceux qui arrivent les premiers à maturité; ils contiennent alors des œufs, et ceux-ci renferment eux-mêmes des embryons. Ce sont ces derniers an

neaux qui se détachent du reste du corps, sont rendus isolément et portent le nom de cucurbitins. Qu'un de ces segments mùrs, ou que quelques-uns des œufs qui y sont renfermés soient avalés par un homme ou par un porc, la digestion rendra libres les embryons contenus dans les œufs, et ces embryons, perçant les tuniques intestinales, seront transportés dans divers points du corps, où ils se changeront en eysticerques.

Pour appuyer cette doctrine, M. Kuchenmeister fit, le 24 novembre 1859 et le 8janvier 1860, avaler à un condamné à mort, de la viande de porc contenant des cysticerques. A l'autopsie de cet homme, supplicié le 31 mars, on reconnut que la moitié des cysticerques avalés s'étaient transformés en vers plats: onze de ces derniers avaient des segments arrivés à maturité. Les plus longs avaient cinq pieds; quantité relativement petite, et qui tient au grand nombre de vers qui existaient simultanément dans l'intestin de ce sujet.

L'importance de cette étude expérimen tale pour éclairer l'étiologie et la prophylaxie des affections vermineuses n'échappera à aucun de nos lecteurs.

il rétrograde, mais il suffit de le remettre dans le bain pour activer de nouveau la cicatrisation.

La déformation de l'ongle incarné résulte de l'inflammation d'une portion de la matrice de cet organe (1). Or, le bain permanent enlève cette inflammation, et la nouvelle sécrétion de l'ongle se fait dans une direction normale.

(Deutsche Klinik et Bulletin général de thérapeutique, 15 février.)

TRAITEMENT DE L'ONGLE RENTRÉ DANS LA CHAIR. - On ne saurait trop multiplier les moyens de guérir cette cruelle maladie, surtout pour en simplifier le traitement. C'est pourquoi nous rapprochons de l'article précédent, une observation du doeteur Henry Clareson qui offre quelque intérêt sous ce rapport. - Une jeune femme ne pouvait plus supporter de chaussure. Le moindre attouchement sur les parties voisines de l'ongle était très-douloureux. Il y avait une vive inflammation au côté interne de l'ongle du gros orteil, et du pus en sortait en abondance. Ne voulant pas

(Deutsche Klinik et Gazette médicale de recourir au moyen cruel de l'avulsion, ce Lyon, No 2.)

ONGLE INCARNÉ et ulcères CALLEUX. TRAITEMENT PAR LE BAIN LOCAL PERMANENT.-M. le docteur Hagspihl, de Dresde, a constaté que, peu de temps après qu'un ulcère calleux a été plongé dans un bain tiède, de chaleur agréable, l'ulcère perd son odeur fétide, la rougeur qui l'entoure diminue et disparaît. Bientôt on voit s'élever sur les parties indurées, surtout sur les bords calleux, des masses blanchâtres, molles, composées de cellules épidermiques, les unes intactes, les autres détruites; quand on les enlève avec la spatule, elles se reproduisent rapidement; mais en même temps, l'induration diminue et cède totalement. C'est alors que commence la période de réparation. Elle est très-rapide. On voit souvent survenir un gonflement inflammatoire et douloureux des vaisseaux et des ganglions lymphatiques correspondants. Dans ce cas, il faut sortir le membre du bain et faire un pansement simple, jusqu'à ce que tous ces phénomènes aient disparu. L'ulcère éprouve alors un arrêt dans sa marche vers la guérison, parfois même

(1) Notre collègue M. Seutin a fait tout récemment, à l'Académie de médecine de Belgique, une communication très-intéressante sur l'étiologie et

chirurgien employa un moyen bien simple, préconisé par le docteur Gilman. Il fit fondre un morceau de suif dans une cuiller, à la flamme d'une bougie; en fit tomber deux ou trois gouttes sur le siége des granulations, et empêcha la malade de se chausser jusqu'à guérison complète. A sa visite, quelques jours après, il trouva les granulations disparues et la douleur tout à fait dissipée; il coupa la portion de l'ongle qui faisait saillie, et dix jours après la malade put se chausser et marcher sans douleur. Six mois après, la maladie n'avait pas reparu.

promptement et guérit en peu de temps, Ce moyen bien simple, qui soulage doit être propagé. S'il avait pour effet d'exclure tout à fait du traitement de l'on

gle incarné la douloureuse avulsion de l'ongle, ce serait vraiment un grand ser

vice rendu aux malades atteints d'une affection si déchirante. Il est vrai que bien d'autres moyens moins cruels en triomphent aussi quelquefois; mais ce dernier nous paraît mériter d'être mentionné.

(British American Journal et Journal de méd. de Lyon, février 1864.)

le traitement de l'ongle incarné. Nous la publierons dans notre prochain cabier. (N. d. l. R.)

Chimie médicale et pharmac.

RECHERCHES Sur les PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS A L'AMALGAMATION DU ZINC, DU CADMIUM ET DU FER, par M. JULES REGNAULD, professeur à la Faculté de médecine. (Suite et fin.-Voir notre cahier de février, p. 172.)

Le zinc, ai-je dit, devient électro-positif parce qu'en s'amalgamant il fixe plus de chaleur qu'il n'en dégage; le cadmium électro-négatif parce que, dans les mêmes circonstances, il dégage plus de chaleur qu'il n'en absorbe. Le premier doit donc, au moment de l'amalgamation, déterminer un abaissement, le second une élévation de température. Vu la complication des phénomènes, il était possible que la résultante thermométrique fût très-petite, mais on était en droit d'espérer que le sens du phénomène n'échapperait pas à une investigation attentive. En réalité l'expérience donne un résultat d'une netteté parfaite, et l'on peut dire même que la grandeur des quantités le rend presque grossier.

Dans un tube de verre fermé à l'une de ses extrémités, on introduit 20 grammes de mercure pur et un thermomètre à petit réservoir permettant facilement la lecture du se de degré centigrade. D'un autre côté, on prépare 2 grammes de limaille fine de zinc pur que l'on place dans un tube semblable au précédent. On attend que la température des deux métaux se mette en équilibre avec celle de la pièce dans la quelle se fait l'expérience.

Dans une première expérience le thermomètre cessa de baisser après une demiheure, la température du zinc et du mercure étant de + 10°. Le mercure fut versé dans le tube contenant la limaille de zinc et, en agitant avec précaution pour déterminer le contact, l'amalgamation commença à s'opérer. Aussitôt le thermomètre a baissé et la colonne est restée quelque temps stationnaire à + 7,5. La température du mélange pendant l'amalgamation du zinc a donc diminué de 2o,5.

La même expérience préparéc simultanément pour le cadmium a donné le résultat suivant. Immédiatement après la projection du mercure dans la limaille et l'agitation, la colonne thermométrique s'est élevée progressivement et a atteint son maximum à + 13o. La température du mélange durant l'amalgamation du cadmium a donc augmenté de 3o. Ces deux expériences répétées plusieurs fois ont donné des résultats remarquablement constants.

En résumé, cette réalisation complète d'une prévision suggérée par la théorie que je viens de développer, me paraît la meilleure confirmation qui se pût fournir en faveur de l'hypothèse qui m'a dirigé dans ces recherches sur les causes des phénomènes électro-chimiques, consécutifs à l'union du zinc et du cadmium avec le

mercure.

J'aurai l'honneur de revenir prochainement sur cette question, les résultats d'expériences en voie d'exécution m'ayant démontré que ce sujet, malgré sa spécialité apparente, conduit à des déductions assez générales sur le rôle que joue la constitution physique des métaux, au moment où ils s'engagent dans les combinaisons chimiques.

Je terminerai ce premier travail par quelques observations relatives à l'influence de l'amalgamation sur le fer. Admettant, d'après l'élasticité de ce métal, que sa chaleur latente de fusion est grande. j'ai espéré trouver dans cet exemple un moyen de confirmer ou d'infirmer les opinions précédemment émises.

J'ai d'abord constaté que le fer peut être facilement amalgamé, comme l'a prévu M. Cailletet, par le procédé qu'il a indiqué pour l'aluminium. En employant des lames de fer comme Catode, successivement dans une solution de nitrate mercureux, puis, après lavage, dans de l'eau aiguisée de 1/20 d'acide sulfurique, on les amalgame de la façon la plus complète.

Or, en comparant des lames identiques de fer pur sans carbone ni silicium, obtenu par le procédé de M. Péligot, les unes amalgamées, les autres libres, j'ai reconnu que, comme pour le zinc, la lame amalgamée est toujours électro-positive par rapport à celle qui n'a pas subi l'action dissolvante du mercure.

Ce résultat expérimental était une conséquence de ma théorie. Car si l'on admet, avec M. Person, au moins comme approximation suffisante dans l'espèce, que les chaleurs de fusion des métaux sont proportionnelles à leurs coefficients d'élasticité, la chaleur latente du fer doit être exprimée par un nombre de calories plus de deux fois supérieur à celui du zinc.

En effet, partant de cette relation et prenant pour coefficients d'élasticité les nombres qui résultent des consciencieuses recherches de M. Wertheim, on trouve:

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

zine par ses affinités, mais dont la chaleur latente de fusion est beaucoup plus considérable, condense de la chaleur en se liquéfiant dans le mercure et, ainsi que le zinc, il s'élève dans l'ordre des affinités positives.

Je donnerai dans un prochain mémoire le détail d'expériences qui prouvent que les fers doux et même les aciers deviennent tous plus électro-positifs en s'amalgamant, mais qu'il me soit permis aujourd'hui de prendre date relativement à un fait incident que l'étude des proprietés du fer m'a fourni l'occasion de mettre en évidence.

Je me suis proposé de savoir si la constitution physique de l'acier avant ou après la trempe, ne modifie pas d'une façon permanente ses affinités chimiques. Or, j'ai reconnu, en expérimentant sur un grand nombre d'aciers d'origines très-diverses, que tout acier trempé est électronégatif par rapport au même acier non trempé.

Appliquant à deux états d'un même corps les idées qui m'ont servi de guide dans la première partie du présent travail, et remontant des propriétés chimiques aux propriétés thermiques et mécaniques, n'est-on pas autorisé à penser que la chaleur de constitution de l'acier trempé est moindre que celle de l'acier recuit?

Dans l'acier formé chimiquement des mêmes éléments, mais soumis à des conditions spéciales de refroidissement qui laissent subsister un groupement anomal des molécules, cette diminution de la quantité de chaleur serait la cause sinon l'explication de la constitution mécanique si différente après ou avant la trempe. (Répertoire de pharmacie, décembre 1860.)

PRÉPARATION DE L'ACIDE SÉBACIQUE; par M. DELFFS. Le procédé est une modification de celui de M. Bouis, fondé sur la décomposition de l'huile de ricin par la potasse. Dans une capsule en argent ou même en fer battu, on fait fondre une partie de potasse à l'alcool, on ajoute un peu d'eau afin de déprimer le point de fusion, puis on fait arriver un filet mince d'huile de ricin. Il se dégage de l'hydrogène avec boursoufflement, et il se répand une odeur rappelant l'essence de néroli; on retire du feu dès que la masse commence à jaunir et on laisse refroidir, puis on fait dissoudre dans l'eau, on chauffe à l'ébullition, on sursature avec de l'acide chlorhydrique affaibli et on passe, bouillant, à travers un filtre humecté. Par le refroidissement, il se sépare des aiguilles d'acide sébacique

[blocks in formation]

« Les données du problème de la simplification de la fabrication du sucre peuvent être ainsi posées, il fallait trouver :

» 1o Une substance peu soluble en général, pouvant coaguler toutes les matières albuminoïdes, sans aucune action fâcheuse ni sur le sucre, ni sur la santé, pouvant être retirée facilement du suc dans le cas où il en resterait une certaine quantité en solution, et enfin d'un prix peu élevé ;

2o Une autre substance d'un pouvoir oxydant pour ainsi dire limité, qui put par son action, soit détruire la matière colorable, soit la transformer en matière brune et l'absorber ensuite, réunir aux qualités d'innocuité l'action absorbante du corps précédent, le bas prix et enfin le pouvoir d'être régénérée indéfiniment.

» Le sulfate de chaux dans quelque état qu'il soit, naturel ou artificiel (le plåtre cru ou cuit), est celui de tous les corps que j'ai étudiés qui m'a paru remplir le mieux toutes les indications. Il est neutre, condition que je regarde comme essentielle, sans action sur le sucre, très-peu soluble; unit aux conditions d'innocuité et de bon marché un pouvoir coagulant des plus remarquables sur les matières albuminoïdes des sucs végétaux, de celui de la betterave en particulier. Cette propriété est telle, que sa dissolution suffit même en quantité relativement fort petite pour produire cet effet. L'opération de la défécation peut donc être exécutée dans d'excellentes conditions et avec fort peu de matières; les écumes sont très-consistantes, se rassemblent bien, et le jus peut être très-facilement soutiré, dans un état de limpidité convenable.

» Le sulfate de chaux, qui enlève parfaitement toutes les substances coagulables, ne touche pas à la matière colorable; aussi le jus ne tarde-t-il pas, après sa séparation des écumes, à se colorer profondément. Le noir animal est presque sans effet immédiatement après la défecation; il n'enlève que la matière qui s'est oxydée, car, après son action, le jus, dont la coloration a beaucoup diminué, ne tarde pas à sc colorer de nouveau. Il fallait donc un

corps oxydant qui pût faire en un temps très-court ce que l'air produit à la longue, ou bien modifier cette substance, de manière à la détruire ou à l'absorber.

› Parmi les nombreux corps que j'ai examinés à ce point de vue, et dont je m'abstiendrai de faire aujourd'hui l'énumération, le peroxyde de fer hydraté offre toutes les conditions les plus avantageuses. Ainsi, lorsque. après avoir enlevé par le sulfate de chaux toutes les matières coagulables d'un sue sucré, si on l'agite, soit à froid, soit à une température qui, dans aucun cas, ne doit atteindre l'ébullition, avec du peroxyde de fer hydraté, la liqueur, filtrée, passe entièrement décolorée et purifiée de la presque totalité des matières étrangères de toutes sortes qu'elle contenait. En outre, le peroxyde de fer, par sa propriété bien connue d'absorber les sels alcalins et terreux, enlève la petite quantité de sulfate de chaux qui était restée en dissolution. Aussi le jus, qui, après la défecation au sulfate de chaux, réduisait le nitrate d'argent, le bioxyde de mercure, etc., ne leur fait-il subir aucune altération après son contact avec l'oxyde de fer.

Ce jus, lorsqu'il provient d'un végétal pris dans des conditions normales, après cette purification, est parfaitement neutre aux papiers réactifs, et on peut le conserver au contact de l'air pendant plusieurs jours sans qu'il subisse la moindre altération ni coloration, ce qui prouve que toutes les matières pouvant jouer le rôle de ferment en ont été enlevées. Il bout trèsbien, ne se colore pas non plus par l'action de la chaleur, Le sirop, amené au point de cuite, ne possède que cette légère teinte jaune propre à tous les sirops les plus purs. Il a fort bon goût, est dépouillé de cette saveur salée et désagréable que l'on trouve dans tous les sirops de betterave, conserve une fluidité et une limpidité remarquables; la cristallisation s'y fait avec facilité, et les cristaux sont blancs. Enfin, comme dernière preuve de la bonne purification du jus sucré par cette méthode, si l'on ajoute à du sirop cuit une quantité d'eau convenable pour le ramener à 25 ou 30o de l'aréomètre, et si on le mêle en cet état avec un grand excès d'alcool à 90°, il ne se fait aucun trouble ni dépôt, même après plusieurs jours; il ne retient non plus aucune trace de fer.

» Dès lors la fabrication du sucre est donc réduite à ces seules manipulations : chauffer le jus sucré dans une chaudière avec quelques millièmes de sulfate de chaux (le plâtre naturel est le meilleur),

toutes les matières coagulées se réunissent en écume compacte. Le jus clair, ainsi dépouillé, est ensuite agité avec le peroxyde de fer. Après la séparation de l'oxyde, il ne reste plus qu'à évaporer l'eau, c'est-àdire à cuire.

» Le peroxyde de fer hydraté, qui jusqu'ici m'a paru le plus convenable, doit être à l'état de pâte consistante. 1. litre pèse 1,145 environ; il contient 70 à 80 pour 100 d'eau. La quantité qui doit être employée varie en raison de la nature du végétal, de son espèce et de son état de conservation. Elle ne dépasse pas comme limite extrême, 8 à 10 pour 100 du jus, ce qui revient à 2 pour 100 environ de matière solide, le reste étant de l'eau. Dès à présent son prix est de beaucoup inférieur à celui du noir animal, car il peut être livré à 5 ou 6 francs les 100 kilogrammes, et sans doute ce prix s'abaissera beaucoup encore par la suite.

> En résumé, le procédé que je propose aujourd'hui n'est plus basé sur des moyens plus ou moins empiriques, ni sur l'action de machines plus ou moins ingénieuses, mais dont les effets sont subordonnés à des conditions variables ou à des tours de main; il repose sur des relations chimiques déterminées, précises, qui en sont la justification en même temps qu'elles en font la certitude. Le sulfate de chaux et le peroxyde de fer enlèvent les substances étrangères au sucre et ne lui cèdent rien. » Pour compléter cet ensemble, concurremment avec mon ami M. Mariotte, ingénieur, nous approprions en ce moment un matériel aussi simple que peu coûteux à cette fabrication, afin de la rendre pratique partout, et particulièrement aux colonies, et pour l'agriculture, à qui la pulpe de betteraves est devenue aujourd'hui presqu'une nécessité pour l'alimentation du bétail. »

(La Ruche scientifique, 15 fév. 1864.)

[blocks in formation]
« PrécédentContinuer »