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végétales les plus inférieures, comme les plus élevées. J'ai aussi l'espérance que les physiologistes y verront une méthode nouvelle propre à l'examen rigoureux et facile de diverses questions se rattachant à la nutrition des végétaux.

Dans de l'eau distillée pure, je dissous un sel acide d'ammoniaque cristallisé, du sucre candi et des phosphates provenant de la calcination de la levûre de bière. Puis je sème dans le liquide quelques spores de Penicillium ou d'une Mucédinée quelconque. Ces spores germent facilement, et bientôt, en deux ou trois jours seulement, le liquide est rempli de flocons de mycelium, dont un grand nombre ne tardent pas à s'étaler à la surface de la liqueur, où ils fructifient. La végétation n'a rien de languissant. Par la précaution de l'emploi d'un sel acide d'ammoniaque, on empêche le développement des infusoires qui par leur présence arrêteraient bientôt les progrès de la petite plante, en absorbant l'oxygène de l'air, dont la mucédinée ne peut se passer. Tout le carbone de la plante est emprunté au sucre, son azote à l'ammoniaque, sa matière minérale aux phosphates. Il y a donc sur ce point de l'assimilation de l'azote et des phosphates une complète analogie entre les ferments, les mucédinées et les plantes d'un organisme compliqué. C'est ce que les faits suivants achèveront de prouver d'une manière décisive.

Si, dans l'expérience que je viens de rapporter, je supprime l'un quelconque des principes en dissolution, la végétation est arrêtée. Par exemple, la matière minérale est celle qui paraîtrait la moins indispensable pour des êtres de cette nature. Or si la liqueur est privée de phosphates, il n'y a plus de végétation possible, quelle que soit la proportion du sucre et des sels ammoniacaux. C'est à peine si la germination des spores commence par l'influence des phosphates que les spores elles-mêmes que l'on a semées introduisent en quantité infiniment petite. Supprime-t-on de mème le sel d'ammoniaque, la plante n'éprouve aucun développement. Il n'y a qu'un commencement de germination très-chétive par l'effet de la présence de la matière albuminoïde des spores semées, bien qu'il y ait surabondance d'azote libre dans l'air ambiant, ou en dissolution dans le liquide. Enfin il en est encore de même si l'on supprime le sucre, l'aliment carboné, alors même qu'il y aurait dans l'air ou dans le liquide des proportions quelconques d'acide carbonique. J'ai reconnu en effet que, sous le rapport de l'origine du carbone, les

Mucédinées diffèrent essentiellement des plantes phanérogames. Elles ne décomposent pas l'acide carbonique; elles ne dégagent pas d'oxygène. L'absorption de l'oxygène et le dégagement de l'acide carbonique sont au contraire des actes nécessaires et permanents de leur vie.

Lors même que l'on craindrait de ne pouvoir appliquer aux grands végétaux les résultats fournis par ces organismes d'apparence si infime, il n'y aurait pas moins un grand intérêt à résoudre les difficultés que soulève l'étude de la vie des plantes, en commençant par celles où la moindre complication d'organisation rend les conclusions plus faciles et plus sûres. La plante est réduite ici en quelque sorte à l'état cellulaire, et les progrès de la science montrent de plus en plus que l'étude des actes accomplis sous l'influence de la vie végétale ou animale, dans leurs manifestations les plus compliquées, se ramène en dernière analyse à la découverte des phénomènes propres à la cellule, (Répertoire de pharmacie, déc. 1860.

DE L'ÉCORCE DU CARAPA DE LA GUYANE FRANÇAISE, par M. EUG. CAVENTOU. Le carapa dont il est question appartient à la famille des Méliacées; j'ai donné dans mon mémoire précédent, sur le carapa du Sénégal, la description des différentes variétés de carapa; et comme j'ai réuni dans cet aperçu tous les renseignements que j'avais pu recueillir sur le carapa de la Guyane, j'ai pensé qu'il était inutile de revenir aujourd'hui sur ce sujet (4).

L'écorce du carapa de la Guyane, que j'ai reçue du ministère de l'Algérie et des colonies, cst sous forme de longues bandes repliées sur elles-mêmes, formées en certains endroits de deux couches concentriques qui paraissent s'être séparées par la dessiccation. La couche la plus externe est rouge-foncé sur les deux surfaces, marquée en quelques endroits à la surface externe de plaques blanchâtres; son épaisseur varie de Om,001 à 0,002 millimètres. La seconde couche, dépouillée de la première, est généralement jaune sur la surface externe, et rouge-jaunȧtre sur celle qui est interne. La longueur des bandes varie de 0,50 à 0,70.

Cette écorce est difficile à mettre en poudre, elle plie sous le pilon pour la réduire en menus morceaux, afin d'en faire des décoctions, il faut employer le couperacine; enfin, si l'on en mâche, elle déve

(1) Voir dans notre tome XXVIII, p. 394, l'article sur le Carapa touloncouna.

loppe d'abord sur la langue le sentiment de l'astringence et ensuite un goût d'amertume bien prononcé.

L'écorce qu'ont étudiée MM. Pétroz et Robinet (1) ne ressemble pas à celle-ci; ils ont remarqué dans la leur des points brillants, comme on en voit dans la cassure des bons quinquinas, et que je n'ai pu apercevoir dans celle-ci à l'œil nu, ni même à l'aide d'une loupe assez forte.

D'après ce qui précède, j'ai dù d'abord m'assurer s'il existait véritablement un alcaloïde dans l'écorce du carapa de la Guyane, et mes recherches devaient tendre à l'isoler tout d'abord.

En conséquence, je pris un kilogramme d'écorces de carapa guyanensis que je pulvérisai grossièrement, je les mis dans un appareil à déplacement, je fis passer de l'alcool à 55° jusqu'à ce que ce dernier sortit sans avoir sensiblement de goût amer. Les liqueurs réunies furent distillées pour recueillir l'alcool, et il resta dans le bain-marie un extrait rouge-foncé, amer et très-astringent, que je traitai par de l'eau distillée, jusqu'à ce que l'eau ne dissolve plus rien. La solution aqueuse filtrée est amère, très-astringente, légèrement acide au papier de tournesol; traitée par quelques réactifs, elle a donné les résultats qui suivent :

Solution de tannin. rien.

Potasse caustique, pas de précipité, fonce beaucoup la couleur.

lodure ioduré de

potassium. Gélatine.

Émétique.

Chlorure de fer.

.

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précipité rougeâtre.

précipité abondant couleur chair, insoluble dans un excès de réactif.

louche à peine sensible au bout d'un peu de temps. précipité abond. vert-foncé.

Je soumis ensuite cette solution à l'action de la magnésie calcinée en excès, et en portant le mélange à l'ébullition pendant quelques minutes, le liquide est presque entièrement décoloré; on laisse refroidir, et on recueille sur un filtre le précipité magnésien, on le fait rapprocher. à une douce chaleur, et on l'abandonne pendant quelque temps pour voir si des cristaux se déposeront.

Le précipité magnésien, bien lavé à plusieurs reprises à l'eau distillée tiède, est mis à sécher à l'étuve; lorsqu'il est bien see, on le réduit en poudre fine, et on le traite par de l'alcool bouillant. On filtre la liqueur bouillante aussi. Si l'écorce du carapa de la Guyane renfermait un alcali organique insoluble dans l'eau, on devrait

(1) Étude qui a fait l'objet d'un mémoire lu par ces messieurs à l'Académie royale de médecine en 1821.

le trouver en cette circonstance, mais il n'en est rien. L'alcool évaporé ne laisse pas de résidu, si le précipité a été lavé convenablement.

Cette opération a été répétée plusieurs fois, et toujours je suis arrivé au mème résultat. Je devais conclure de ces premiers essais que l'écorce ne renfermait pas d'alcali organique insoluble dans l'eau, et rechercher dans le liquide qui surnageait le précipité magnésien quelle était la nature du principe amer.

Le liquide surnageant le précipité magnésien était limpide, amer, peu coloré, ramenant au bleu le papier de tournesol rougi par un acide; rapproché au bainmarie en consistance sirupeuse et abandonné pendant un certain temps, il ne laisse pas déposer de cristaux, et en s'évaporant il reprend, sous l'influence de l'air et de la chaleur, une couleur rouge assez foncée.

Ce liquide aqueux ainsi concentré fut alors repris par de l'alcool qui se colora beaucoup et enleva toute la matière amère. Cette solution filtrée et l'alcool chassé à l'aide de la chaleur, il resta un liquide aqueux qui fut agité dans un flacon avec un excès de chloroforme. Par le repos il se forme deux couches qu'on sépare ensuite par décantation. Le liquide chloroformique filtré et abandonné à l'évaporation spontanée, laisse déposer au fond de la capsule une laque jaune-rougeâtre, sans apparence de cristaux, peu soluble dans l'eau, trèssoluble dans l'alcool et le chloroforme, sans action sur le papier de tournesol bleu ou rougi par un acide, très-amère, ne cristallisant pas, et ayant l'aspect d'un corps résinoïde. Il est nécessaire de redissoudre cette laque dans de l'alcool, et de l'agiter avec un peu de charbon animal lavé pour la décolorer. Cette dissolution filtrée et abandonnée encore à une évaporation spontanée ne laisse pas non plus déposer de cristaux ; il en reste une matière jaunâtre, car le charbon ne peut la décolorer entièrement, brillante et ayant l'aspect d'une résine. Je venais d'obtenir le principe amer de l'écorce, mais ce n'était pas un alcali que j'avais retiré; ce corps, par les propriétés que je viens de signaler plus haut, se rapprochait tout à fait de ceux dont j'avais déjà signalé la présence dans les écorces du cail-cedra et du carapa toulamouna; le carapa de la Guyane, appartenant comme ces deux derniers au même groupe végétal, devait donc aussi son amertume à un principe non alcalin et incristallisable.

La nature du principe amer étant con

nue, j'employai pour l'extraire et pouvoir l'étudier, le même procédé que celui que j'ai suivi pour retirer le principe de l'écorce de cail-cedra et du carapa du Sénégal; je les rappellerai ici en peu de mots. Je prends l'écorce du carapa grossièrement pulvérisée, je la traite par des décoctions successives jusqu'à ce que l'eau n'entraine plus d'amertume, cinq ou six décoctions suffisent ordinairement. Après avoir remis les différents liquides et les avoir laissés déposer, on les décante et on les fait évaporer au bain-marie en consistance d'extrait liquide.

de

On reprend ensuite cet extrait par l'alcool à 35o qui dissout toute la matière astringente et la matière amère, l'alcool est fortement coloré en rouge. On le filtre, puis on le décolore à froid par du sousacétate de plomb ou par un lait de chaux. La liqueur est décolorée et il se forme un précipité abondant qu'on laisse déposer pendant plusieurs jours. On décante ensuite l'alcool qui est couleur jaune-ombrée; on lave le précipité avec du nouvel alcool, on le laisse déposer afin de pouvoir décanter ce dernier, et l'on réitère cette opération jusqu'à ce que l'alcool que l'on enlève soit sans amertume. Quand on est arrivé à ce point, on jette le précipité sur des filtres pour recueillir les dernières parties d'alcool, ou réunir ces différents liquides, et on distille.

Le résidu de la distillation est un liquide aqueux, jaune, très-amer, qu'on fait évaporer en consistance d'extrait; on reprend cet extrait par un peu d'alcool qui enlève toute la matière amère, et l'on fait passer un courant d'hydrogène sulfuré pour enlever l'excès de plomb, si c'est le sous-acétate de plomb que l'on a employé pour décolorer la liqueur.

On filtre, on agite pendant quelque temps avec du charbon, on filtre de nouveau, et l'on évapore au bain-marie. Lorsque l'alcool est évaporé, il reste un extrait mou, aqueux, que l'on met dans un col droit et que l'on agite avec un excès de chloroforme; on laisse reposer, la partie aqueuse surnage la solution chloroformique qui contient la matière amère.

On sépare les deux couches liquides par la décantation, et l'on abandonne la solution de chloroforme à une évaporation spontanée. Au bout de quelque temps, on trouve sur les parois de la capsule une laque jaune-clair, brillante, que l'on peut détacher par petites écailles : c'est la matière amère que j'ai appelée caparin.

Le caparin est donc une substance qui a beaucoup d'analogie avec le cail-cedra et

le touloucounin; il est amer, d'un aspect résinoïde, ne cristallise pas; il est neutre aux réactifs colorés; il est très-soluble dans le chloroforme et l'alcool; l'éther le dissout aussi, mais en minime quantité ; il est à peu près insoluble dans l'eau, qui le précipite de ses solutions alcooliques. A chaud, l'eau le dissout davantage; mais par le refroidissement la solution se trouble et laisse déposer du caparin. Cette solution refroidie et filtrée a été essayée par les réactifs suivants; en voici les résultats: Iodure ioduré de potassium. rien. Acétate neutre de plomb. Bichlorure de platine.

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rien.

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rien.

trouble lég rien.

Il est insoluble dans l'essence de térébenthine, et le sulfure de carbone le dissout à peine.

Les acides minéraux concentrés n'ont pas d'action bien remarquable sur le caparin.

L'acide sulfurique concentré le charbonne tout de suite, et les autres acides, tels que le phosphorique sirupeux, le chlorhydrique et le nitrique, ne produisent aucun phénomène coloré. En élevant la température, la matière amère est détruite sans changement de couleur; les acides nitrique, oxalique, tartrique, n'ont pas d'action non plus ni à chaud, ni à froid.

L'acide acétique dissout le caparin; en ajoutant de l'eau, la liqueur louchit, une partie du caparin est précipitée.

Dissous dans de l'alcool, et chauffé au bain-marie avec de la magnésie en gelée, il ne paraît pas se former de combinaisons; cependant il se dissout une petite quantité de magnésie dans la solution alcoolique; en la filtrant bouillante et la laissant évaporer spontanément, il ne se forme pas de cristaux, et il reste un extrait sec au fond de la capsule. Cet extrait, contenant de la magnésie, se dissout en totalité dans le chloroforme; l'alcool anhydre, l'éther anhydre même dissout aussi, en faible proportion il est vrai, ce mélange de magnésie et de caparin; mais comme je n'ai pu obtenir aucune cristallisation, je n'ose affirmer qu'il y ait combinaison. Je considère ce fait comme une simple solution de la magnésie dans ces différents liquides, favorisée par la présence du principe amer. Si l'on met en contact du caparin avec de l'acide sulfurique dilué, il n'y a pas combinaison, même en élevant doucement la température. L'aspect de la matière amère ne change pas, et elle ne se dissout pas davantage dans l'eau, seulement les bords de la capsule noircissent par suite de l'ac

tion de l'acide qui se concentre sur la matière amère.

Si l'on triture du caparin dans de l'eau contenant un vingtième de potasse, la matière amère ne s'y dissout pas plus facilement; la potasse enlève un peu de matière colorante jaune, et laisse le caparin sous forme d'une poudre presque blanche. Dans cette opération le caparin ne semble pas avoir subi de modifications, il a conservé sa saveur amère; il ne se dissout ni dans l'eau, ni dans les acides dilués. Les acides concentrés n'ont pas acquis une action plus marquée sur lui. Dissous dans l'alcool et dans l'éther, et abandonné à l'évaporation spontanée, il ne laisse pas non plus déposer de cristaux; seulement sous l'influence de l'alcool il reprend sa légère teinte jaunâtre, et l'éther a acquis la faculté de le dissoudre avec plus de facilité.

Chauffé sur une lame de platine, il ne laisse pas de résidu par la combustion.

Chauffé dans un tube avec un peu de potasse, il se dégage quelques vapeurs ammoniacales qui sembleraient indiquer la présence d'un peu d'azote dans le caparin; mais il n'en est rien. Ces traces d'azote proviennent d'une petite quantité de matière jaune que l'on ne peut enlever complétement par les différents dissolvants, et qui accompagne le principe amer avec opiniâtreté.

Cette matière jaune n'a pas de saveur; elle est soluble dans l'alcool, et donne des vapeurs ammoniacales assez abondantes quand on la brûle dans un tube avec de la potasse; c'est donc à la présence d'une petite quantité de cette matière dans le caparin qu'on doit attribuer les vapeurs ammoniacales qu'il dégage dans les mêmes circonstances.

Si l'on traite le caparin, comme je viens de le dire, avec une dissolution de potasse, et qu'on le lave ensuite à l'eau distillée jusqu'à ce que cette dernière ne soit plus alcaline, le caparin, après avoir été séché et redissous dans l'alcool, n'a pas d'action sur les réactifs colorés. Il en est de même si on le chauffe avec un acide dilué; il reste toujours neutre si l'on a soin de le bien laver à l'eau distillée.

Je crois donc pouvoir conclure de ces faits que la matière amère du carapa guyanensis n'est pas un alcaloïde; il paraîtrait plutôt avoir une tendance à jouer le rôle d'un acide, d'après l'expérience avec la magnésie que je viens de citer, et les traces d'azote qu'on y constate ne peuvent être attribuées à un alcali, mais bien à une matière neutre azotée que les dissolvants

seuls ne peuvent suffire à séparer de la matière amère. Il y a là d'ailleurs, au point de vue de l'analyse chimique et de la connaissance exacte des différents principes amers que j'ai déjà retirés des écorces de la famille dont je m'occupe, et ceux que je pourrai extraire des écorces qui me restent à étudier, il y a là, dis-je, une étude plus approfondie que je me propose de reprendre plus tard sur tous les principes amers que j'aurai isolés, et que la petite quantité que j'en possède aujourd'hui ne me permet pas d'élucider aussi complétement que je le voudrais.

Quoique le caparin, d'après ce qui vient d'être dit, ne soit pas absolument pur, la quantité d'azote qu'il contient étant trèsminime, j'ai cru pouvoir donner son analyse élémentaire exprimée en centièmes, mais elle ne peut mener à aucune conséquence, si ce n'est d'indiquer quels sont les rapports qui existent entre les éléments qui le composent; à cette intention, j'ai pris 0,219 de substance amère, qui m'ont donné par la combustion :

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0,129 Acide carbonique 0,442 Ces nombres correspondent, pour 100 de la matière employée, à :

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Seulement il faut observer que la quantité d'oxygène est un peu plus forte qu'elle ne devrait l'être réellement, à cause des traces d'azote qui se trouvent mélangées à la matière amère, ainsi que je l'ai indiqué tout à l'heure.

Telles sont les principales propriétés que j'ai pu observer avec la matière amère du carapa de la Guyane. On voit qu'elle diffère très-sensiblement de celle du carapa du Sénégal, par l'action remarquable qu'exercent les acides concentrés sur cette dernière; mais qu'elle se rapproche beaucoup de la matière amère de cail-cedra, avec laquelle on pourrait aisément la confondre, et dont elle ne diffère que dans sa manière de se dissoudre dans l'éther, le cail-cedra se dissolvant mieux que le caparin. C'est la seule réaction qui permette de les distinguer, et encore est-elle peu sensible.

On voit que les corps que je trouve dans les végétaux amers faisant partie des familles Méliacées et Cédrelacées n'offrent qu'un intérêt secondaire au point de vue de leur constitution chimique, et que leur action jusqu'à présent a été peu marquée dans leur application médicale. Cependant je crois qu'il est utile d'en poursuivre l'é

tude jusqu'à la fin, quel qu'en soit le résultat. Indépendamment des faits acquis à la science, il sera toujours intéressant, au double point de vue botanique et chimique, de voir un principe amer analogue se reproduire dans une série d'écorces qui appartiennent à des végétaux voisins les uns des autres, et qui vivent néanmoins dans des contrées séparées souvent par d'énormes distances ainsi, la loi que M. De Candolle a cherché à établir sur les familles naturelles, par rapport à leurs propriétés médicales, peut encore trouver ici une application nouvelle

Quand on a épuisé l'extrait alcoolique par l'eau froide et chaude, et par l'éther, il reste une matière rouge, noirâtre, insipide, qui se dissout très-bien dans l'alcool, sans communiquer aucun goût : c'est la matière rouge insoluble, ou du moins peu soluble dans l'eau ; mais ce n'est pas le rouge cinchonique. En effet, en faisant chauffer la matière colorante dans de l'eau distillée, celle-ci se colore légèrement en rose. Si on laisse refroidir et qu'on filtre le liquide plusieurs fois jusqu'à ce qu'il soit limpide, on constate que par l'émétique et la colle animale il n'y a pas de précipité formé, que le bichlorure de fer y fait naitre un précipité verdȧtre sale, tirant sur le brun: il y a donc une différence avec le rouge cinchonique, qui précipite avec l'émétique et ne change pas avec la colle animale, il y a même une différence avec le rouge insoluble du carapa du Sénégal, qui ne précipite pas l'émétique et précipite avec la colle animale.

Soumis à l'action d'une dissolution de potasse au vingtième, le rouge insoluble s'y dissout avec énergie ; l'acide acétique, versé dans cette solution, précipite de nouveau la matière colorante rouge en saturant la potasse; mais, si l'on ajoute un excès d'acide, la matière colorante se redissout. Dans cette opération la potasse a modifié la nature de la matière colorante, car, si on l'essaye de nouveau par les réactifs, elle a acquis la propriété de précipiter faiblement, il est vrai, par la colle animale et l'émétique, tout comme le rouge cinchonique et le rouge du carapa dans les mêmes circonstances; les persels de fer y font naître un précipité vert sale brunâtre. Le rouge insoluble de cette écorce n'est donc pas du rouge cinchonique.

Enfin j'ajouterai, comme complément de cette analyse, que j'ai pu constater la présence d'un peu de gomme, et que je n'y ai pas rencontré traces d'amidon.

D'après ce qui précède, l'écorce du ca

rapa de la Guyane est composée des principes suivants :

1° Caparin (matière amère); 2o matière colorante rouge, soluble; 3o matière colorante rouge, insoluble; 4o matière colorante jaune; 5o matière grasse; 6o gomme; 7° ligneux.

Je crois done pouvoir conclure de ce travail : 1o que l'écorce du carapa de la Guyane ne renferme pas d'alcaloïde; 2o que l'écorce du carapa de la Guyane renferme un principe amer, neutre, incris tallisable ayant une grande analogie avec les principes amers des écorces du cail-cedra et du carapa du Sénégal, dont cependant il doit être distingué par des propriétés particulières indiquées dans ce mémoire (Ibid.)

Pharmacie.

SUR LA CONSERVATION DES SANGSUES, par M. KOCKENPOO-PASSCHYN, pharmacien à Ostende.- La conservation des sangsues est une question qui, sans être entièrement résolue, a été traitée par un grand nombre de savants naturalistes. Tous ont fait connaître leur procédé, comme étant le meilleur pour conserver le plus longtemps possible et le plus sainement ces précieux annélides.

M. Dorvault, dans son excellent ouvrage de pharmacie générale, donne plusieurs procédés empruntés à divers auteurs.

En première ligne il cite M. Soubeiran, qui a imaginé un appareil fort ingénieux. Il se compose d'un vase supérieur con> tenant de l'eau et communiquant au › moyen d'un tube à robinet, avec une » caisse inférieure renfermant les sangsues. » On ouvre le robinet de manière à ne » laisser passer de l'eau qu'en filet. Cette › eau arrive par le fond de la caisse infé» rieure qui déverse son excédant d'eau » par un trop-plein, de telle sorte que » l'eau se renouvelle continuellement et » lentement. >>

Cet appareil fut modifié par M. Desseaux-Valette, pharmacien à Montereau et fut adopté par un grand nombre de pharmaciens. (Pour l'appareil modifié, voyez DORVAULT, Officine, page 548.)

M. Lahache, pharmacien à Bruyère, donne un moyen pour la conservation des petites provisions; il consiste à plonger une éponge dans le vase qui renferme les sangsues. Le vase, rempli aux deux tiers d'eau renouvelée tous les jours, ainsi que l'éponge doivent être très-souvent lavés.

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