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TROISIEME OBSERVATION.

Tumeur érectile veineuse, volu

mineuse, occupant la lèvre supérieure et le tissu gingival. Cautérisation actuelle parcellaire. Deux applica

tions. Guérison très-probable.

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Lambert Van den Zavel, de Goyer, âgé de 21 ans, s'est présenté à ma clinique le 10 octobre 1864, pour se faire traiter d'une tumeur érectile de la lèvre supérieure.

Le mal ne fut remarqué que quand le sujet avait atteint l'âge de 3 ans. A cette époque la tumeur avait le volume d'une tête d'épingle. Mais ce volume s'accrut progressivement, de manière qu'en six années de temps, il égalait la grosseur d'une œuf de pigeon. Un médecin, consulté alors, conseilla l'excision; mais l'opération ne fut pas pratiquée.

Le sujet attendit alors jusqu'au mois de juin 1864 sans prendre aucun avis et sans employer aucun remède. Mais à cette époque, à la suite d'un refroidissement, dit-il, la tumeur devint très-douloureuse et augmenta considérablement de volume.

Après quelques jours de l'emploi de cataplasmes émollients et des remèdes familiers, le sujet consulta une seconde fois le médecin. Une ponction, faite avec la lancette, donna lieu à l'écoulement d'un demi-verre à vin de sang, ce qui amena un certain affaissement de la tumeur. Cette amélioration ne fut que passagère, car la tumeur reprit bientôt son volume primitif.

C'est alors que le malade se présenta à ma clinique.

Van den Zavel, d'une constitution forte et d'un tempérament lymphatique, présente à la face interne de la lèvre supérieure du côté gauche, une tumeur du volume d'un gros œuf de poule.

Cette tumeur, située sur le tissu gingival, occupe tout l'espace limité en dedans par une ligne perpendiculaire faisant suite au frein de la lèvre supérieure, en haut, par une ligne courbe à concavité inférieure partant de l'insertion de l'os propre du nez jusqu'à la dernière molaire; en arrière elle déborde un peu l'arcade alvéolaire.

La peau de la lèvre de ce côté est très-tendue, et la partie muqueuse forme une saillie rouge, livide dans l'ouverture buccale. La tumeur est très-molle, très-dépressible, trèsréductible.

Une première cautérisation eût lieu le 12 octobre. Je la fis largement et profondément; plusieurs cautères furent employés, vu le grand écoulement de sang.

La réaction fut assez forte pour nécessiter une saignée. générale.

Le quatrième jour après l'opération, c'est-à-dire le 16 octobre, la suppuration s'établit. Elle fut assez abondante; les trajets bourgeonnant assez fort, on pratiqua des cautérisations avec le nitrate d'argent.

Le 24, une nouvelle cautérisation fut jugée nécessaire. J'éteignis encore deux aiguilles à la partie supro-externe de la tumeur, en agissant toujours du côté muqueux de la lèvre.

La réaction fut cette fois très-légère, et le malade nous quitta le suriendemain pour rentrer dans sa famille.

Le 5 janvier 1865, le sujet s'est représenté à notre clinique; la lèvre a repris presque ses dimensions normales. Sa partie muqueuse présente un tissu cicatriciel qui tend à reporter la lèvre en dedans. Le tissu érectile a presque complétement disparu; quelques petits points persistent encore à la partie supérieure. Mais je préfère attendre la fin du travail

cicatriciel, et je renvoie le malade, très-heureux de son état,

en l'engageant à venir se montrer dans deux mois.

QUATRIÈME OBSERVATION. - Tumeur érectile artérioso-veineuse, occupant la partie supérieure de la région dorsale. Cautérisation actuelle parcellaire sous-cutanée. seule application. - Guérison.

-

Une

Thérèse Tossyn, de Louvain, âgée de 4 mois, me fut présentée à ma clinique du 7 novembre 1864, pour être traitée d'une tumeur érectile artérioso-veineuse qu'elle portait à la partie supérieure de la région dorsale.

Quelque temps après la naissance de Thérèse, sa mère remarqua entre les deux omoplates une tumeur rosée du volume d'une petite noisette.

D'abord la mère n'y prit pas garde; mais, voyant la tumeur augmenter de jour en jour, elle vint me prier de guérir son enfant.

Au moment où Thérèse me fut présentée, la tumeur avait acquis la grosseur d'un ceuf de poule. Elle est molle, indolore, d'une couleur rosée; elle est parcourue par des sinuosités bleuâtres; elle est assez bien circonscrite.

J'appliquai la cautérisation actuelle à la base de la tumeur. En suivant une voie toule tracée, je dus plonger, dans cet unique trajet, plusieurs aiguilles, afin de combattre l'hémorragie.

Les suites de l'opération furent très-simples. La suppuration s'empara de la tumeur, et après dix à quinze jours un tissu inodulaire remplaçait la tumeur érectile.

Toutefois, Messieurs, la communication de M. Tirifahy est

très-intéressante; elle sera lue avec fruit. Nous vous proposons donc de l'insérer dans le Bulletin de l'Académie et d'adresser des remerciments à l'auteur.

-Ces conclusions sont adoptées.

3. DISCUSSION du rapport de la Commission qui a examiné le travail de M. le docteur POIRIER, de Gand, intitulé : De l'asthme dans ses rapports avec la diathèse dartreuse. M. LEBEAU, rapporteur (1).

M. Kuborn : J'ai lu d'une façon rapide le travail de M. Poirier sur l'asthme, et néanmoins avec une certaine attention; j'ai dit rapide, parce que je n'ai pu faire cette lecture qu'ici. Il m'a semblé que ce mémoire accusait, relativement à la nature de l'asthme, certaines tendances qu'il est nécessaire de relever. A mon avis, il est assez bien écrit, le sujet est parfaitement raisonné; et si je rends cet hommage à l'auteur, je dois à celui-ci de soumettre à la Compagnie une petite réflexion. L'honorable rapporteur nous dit que le mémoire de M. Poirier sera lu avec fruit et résume parfaitement l'état de la science; cependant, d'un autre côté, M. Lebeau ne conclut pas à l'impression, mais au dépôt aux archives. Or, ce mémoire étant assez mal calligraphié, ayant une certaine étendue, ne peut guère être lu que s'il est imprimé; moi-même, n'ayant eu le temps que de le parcourir, et non de l'éplucher, je me bornerai, en traitant du sujet, à en rencontrer les points principaux.

Vous savez combien il y a eu de discussions sur cette éternelle question de l'asthme; la nature de la maladie nous (1) Voir Bulletin, tome VII, 2 série, page 437.

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échappe; les anciens médecins confondaient sous ce nom d'asthme toutes les affections caractérisées par un défaut de respiration. Aussi, combien d'espèces d'asthme n'a-t-on pas eues? Lorsque Lieutaud, Morgagni, Diemerbroeck eurent trouvé quelques lésions anatomiques qui démontraient que ce qu'on appelait l'asthme n'était le plus souvent qu'une dyspnée symptomatique, le nombre d'espèces s'accrut d'une façon considérable. Je vous rappellerai les onze espèces de Richter; les dix-huit ou vingt espèces de Sauvages, et je crois que l'on a été au delà. Jamais on ne vit une pareille variété dans l'unité.

On pouvait dire des médecins d'alors qu'ils couvraient leur ignorance sous un ample manteau. Laënnec vint arracher les derniers oripeaux qui couvraient ici la science. De ce qu'il avait établi des diagnostics exacts de certaines dyspnées, on se pressa de généraliser et l'on vit nier l'existence de l'asthme nerveux. Néanmoins, Laennec lui-même admettait l'asthme nerveux, mais caractérisait celui-ci en le disant provoqué par un rétrécissement des bronches. Plus tard, l'Association britannique pour l'encouragement des sciences se livra à des expériences concluantes, relativement au pouvoir contractile des bronches; l'asthme était le résultat d'une contraction spasmodique. Romberg professa cette opinion; et dans la suite, Bergson, Winter, Cruveilhier, Lefèvre et une foule de savants, tant en Allemagne qu'en France, reconnurent un asthme spasmodique, dont l'existence n'est aujourd'hui plus niée que par un petit nombre de praticiens.

L'asthme dans sa nature, a échappé aux investigations, précisément parce que la maladie est en elle-même rarement mortelle. Je pourrais citer un certain nombre d'exemples pour montrer que l'asthme doit être considéré comme une entité

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