Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

REMONTRANCES du Chapitre de la Métropole de Malines, à Leurs Alteljes Royales les Séréniffimes Gouverneurs-Généraux des PaysBas, &c. &c. &c.

MADAME, MONSEIGNEUR,

LES Prévôt, Doyen & Chapitre de la Métropole

de Malines, prennent la refpectueuse liberté de s'adreffer à Vos Alteffes Royales, pour les prier de daigner faire parvenir au pied du Trône de Sa Majefté, notre gracieux Souverain, les juftes plaintes que les infractions criantes & multipliées, faites aux Droits, Franchises, Ufages & Coutumes les plus légitimes, tant du Chapitre que du Clergé en général de tout le Diocefe de Malines, les obligent de lui porter, les fuppliant de faire ceffer par elles-mêmes provifionnellement ces mêmes infractions.

Nous ne reffentions pas, Séréniffimes GouverneursGénéraux, avec moins de peine & de douleur que les autres corps des Provinces Belgiques qui ont élevé la voix, les vexations continuelles qui fe fuccédoient fans relâche, & nous jettoient dans un abattement complet; & nous attendions avec l'impatience la plus vive le retour de notre Chef, Son Eminence le Cardinal-Archevêque, qui nous avoit fait efpérer que nous le reverrions peu après Pâques, pour réclamer par fon organe les torts, dont nous avons à nous plaindre; mais voyant que ce retour annoncé plufieurs fois comme prochain, fe differe de plus en plus, & craignant avec raison, que notre filence ne foit envifagé comme une approbation tacite des infractions de nos Droits & de ceux du Clergé du Diocefe, nous croyons que nous nous rendrions coupables de négligence & de prévarication, fi nous différions plus long- tems de parler, & d'implorer

avec le plus profond refpect la juftice de Vos Alteffes Royales, afin qu'elles daignent faire redreffer entiérement les griefs que nous aurons l'honneur de leur expofer.

Mais en expofant les griefs qui nous regardent particuliérement, nous nous croyons obligés en même tems, Séréniffimes Gouverneurs-Généraux, d'y joindre ceux qui regardent fpécialement les Droits de notre Archevêque, & en général, ceux de tout le Clergé du Diocefe.

Car fi le Droit commun fait un devoir particulier aux Chapitres des Eglifes Cathédrales, de veiller à ce que l'Evêque ne faffe & ne permette aucune aliénation de quelque chofe confidérable, qui appartienne à l'Eglife; fi Evêque eft obligé dans les affaires de grande importance de prendre l'avis de fon Chapitre avant de fe déterminer; enfin fi toute la Jurifdiction Epifcopale & tous les Droits du Siege, dès qu'il eft vacant, paffent au Chapitre Cathédral, qui en eft entre-temps le Dépofitaire, chargé très-étroitement de les conferver dans toute leur intégrité, pour les tranfmettre fans la moindre altération au nouvel Evêque; le Chapitre de la Métropole de Malines ne regardera-t-il pas comme un de fes devoirs les plus indifpenfables, celui de réclamer dans ce moment le redreffement des infractions notoires & évidentes faites aux Droits les plus précieux & les plus effentiels de l'Epifcopat? Infractions qui furpaffent infiniment toute aliénation; Infractions, auxquelles l'Archevêque même ne pouvoit jamais, même quand il l'eût voulu, confentir fans l'avis de fon Chapitre; Infractions, enfin, contre lefquelles notre digne Prélat, par, fon éloignement & par le défaut de connoiffance des circonftances actuelles, ne peut par luimême réitérer les réclamations vigoureufes qu'il a déja adreffées ci-devant à Sa Majefté & à Vos Altefies Royales.

Nous ferons donc, Séréniffimes Gouverneurs-Généraux, l'organe de notre Illuftre Chef dans ces cir

conftances favorables, où Vos Alteffes Royales viennent de déclarer que les Infractions faites aux Droits, Franchises, Privileges, Chartres, Coutumes, Ufages & autres Droits quelconques publics & particuliers, feront, fans limitation ni exception aucune, de fuite redreffées, & nous réclamerons, avec la plus ferme confiance d'être exaucés, la reftauration de nos Droits, Coutumes & Ufages violés : Droits, Coutumes, Ulages qu'a affuré irrévocablement le ferment folemnel prêté dans notre Eglife Métropolitame fur les Saints Evangiles par les Séréniffimes Princes Albert & Ifabelle, nos pieux Souverains, le 5 Décembre de l'an 1599, que nous joignons ici par Copie fous la lettre A, & qui a été enfuite confirmé par le ferment inaugural de tous les Souverains qui leur ont fuccédé.

Muni d'une garantie auffi fure, nous entrons en détail fur les différens points, dans lefquels les droits de notre Archevêque, les nôtres & ceux de tout le Clergé du Diocefe, ont été enfreints.

Nous prions Vos Alteffes Royales de ne pas permettre que le Tribunal de l'Officialité, établi dans ce Diocese, foit entamé dans la moindre chofe. Sans ce Tribunal, il ne feroit pas poffible aux Evêques de maintenir & de conferver l'ordre & la difcipline Eccléfiaftique, un de leurs devoirs les plus effentiels. Ce Tribunal eft en ufage dans toute l'Eglife Catholique; il eft avoué par les Conciles-Généraux & par les Synodes particuliers de ces Pays; il a été maintenu de tout tems dans fes Droits, Privileges, Franchifes & Libertés par nos auguftes Souverains, comme il confte par différens Concordats, tant entre les Princes de ce Pays, & les Evêques de Liege & de Cambray, qu'entre les Evêques & différentes Villes de ces Provinces, notamment par le Concordat du 10 Mars 1541, & il eft particuliérement reconnu lors de la Joyeufe Entrée en Brabant, où le Serment qui fe prête dans l'Eglife de Ste. Gudule à Bruxelles, entre les mains de l'Archevêque de Malines, doit être prélu par fon Official.

>

En infiftant fur la confervation de ce Tribunal dans toute fon intégrité, nous croyons devoir réclamer auffi celle des Juges Synodaux établis & en ufage dans ces Pays depuis un tems immémorial; & fi nous avouons volontiers qu'il convienne, qu'il foit fait une réforme falutaire dans le nombre des fentences de ces Juges, requis pour mettre fin à l'appel, nous penfons avec raifon, que la juftice exige, que le Souverain Pontife, l'Archevêque & le Chapitre Métropolitain y interviennent.

Nous demandons auffi, que la Jurifdiction de notre Chapitre foit maintenue dans fon entier : cette Jurifdiction il l'exerce fur fes Suppôts tant en matiere civile que criminelle; elle lui eft affurée par les titres les plus authentiques, nommément par le Concordat paffé entre Pierre, Evêque de Cambray, & le Chapitre de Cambray d'une part, & le Chapitre de Malines d'autre part, l'an 1365, dont nous joignons, copie fous la Lettre B. Elle lui a été encore confirmée par fentence arbitrale du 15 Janvier 1531, felon l'extrait ci-joint fous la Lettre C. Le Chapitre a été jufqu'ici en pleine poffeffion de cette prérogative.

Mais l'objet qui nous tient le plus au cœur, parce qu'il eft le plus important pour la confervation de la Religion Catholique & de la régularité du Clergé dans ces Provinces, c'eft la reftitution pleine & entiere du Séminaire Archi-Epifcopal de Malines, dont la Conftitution vient d'être ébranlée jufques dans fes fondemens par l'Edit du 16 Octobre dernier, qui a eu des fuites fi alarmantes: fouffrez, Séréniffimes GouverneursGénéraux, que nous entrions ici dans quelque détail pour la confervation d'un fi louable Inftitut, qui a coûté tant de peine aux Peres du Concile de Trente pour trouver les moyens efficaces de le voir établi dans tous les Diocefes de la Chrétienté; pour l'établiffement duquel les Evêques n'ont enfuite rien épargné; que tous nos Archevêques ont dans tous les tems affectionné le plus tendrement, comme l'ef

1

poir & la reffource la plus fûre du Miniftere Ecclé fiaftique.

[ocr errors]

Le Concile de Trente, publié dans ce Pays après les délibérations les plus mûres avec toutes les folemnités requifes, fait particuliérement Loi d'état fur cet objet dans les reftrictions que les Tribunaux Séculiers ont jugé convenir d'ajouter lors de la publication, ils ont fait mention spéciale du foin que ce Saint Concile commet aux Evêques d'établir des Séminaires pour l'inftitution des jeunes gens dans les Sciences Eccléfiaftiques, fans limiter fur ce point autre chofe, que ce qui avoit rapport aux incorporations des Bénéfices de Patronat laic, laiffant aux Evêques fur toutes les autres difpofitions de cette vénérable Affemblée toute l'autorité qu'elle leur accorde.

Les Peres de ce Saint Concile favoient par expérience combien il importe, pour obtenir le but natu rel de ces inftitutions, que la direction entiere des Séminaires, tant pour le temporel que pour le fpirituel, foit confiée aux foins des Evêques, aidés par quelques perfonnes du Chapitre Cathédral & du Clergé, felon qu'il y eft ftatué; ils voyoient la néceffité qu'il y avoit d'établir ces pépinieres de jeunes Clercs dans le lieu de la réfidence des Evêques, & même près de l'Eglife Cathédrale, fi la chose étoit poffible, afin que ces Eleves étant affiduement fous leurs yeux ils puffent juger par eux-mêmes de la folidité de leur vocation à l'état clérical; être raffurés fur la régularité de leur conduite; fuivre de près par des examens fréquens, auxquels ils puffent affifter en perfonne, leurs progrès dans les Sciences Eccléfiaftiques; connoître à fond leurs talens, & les employer enfuite, pour la plus grande utilité de leurs Diocefes, aux fonctions auxquelles ils les jugeroient les plus propres.

En réclamant avec tant d'ardeur les Droits de notre Archevêque & les nôtres fur le Séminaire Archi-Epifcopal, en infiftant fermement fur ce qu'il foit rétabli fur le même pied où il étoit il y a neuf mois)

« VorigeDoorgaan »