ADIEU DU POÈTE À SA MAISON. 141 Avant toi je pars cette année; Mais reviendrai-je comme toi? Qu'ils soient l'amour d'un autre maître, Ainsi tout passe, et l'on délaisse L'azur de son dernier été." Heureux, quand on les abandonne, Si l'on part, en se comptant tous, Si l'on part sans laisser personne Sous l'herbe qui n'est plus à vous. Adieu, mystérieux ombrage, Sombre fraîcheur, calme inspirant; Consacre ce vieux tronc mourant, Dans les plis de tes voiles saints. Adieu, chapelle qui protège Le pauvre contre ses douleurs; 142 LE RETOUR. Avenue, où foulant la neige De mes acacias en fleurs, Du haut de leurs rameaux tremblants, Adieu, flots, dont le cours tranquille, Ouvrant mille sentiers fuyants, Adieu, chers témoins de ma peine, Madeleine, adieu pour jamais! Mais le cœur me saigne en partant. Qu'un plus riche qui te possède Soit heureux où nous l'étions tant. CASIMIR DELAVIGNE. SALUT! LE RETOUR. ALUT! champs paternels, salut! terre féconde, Dont la brillante gloire étonne encor le monde! LE RETOUR. Salut! nobles et vieux remparts, Temple du goût, pays cher aux beaux-arts, 143 D'un trait comique ou d'un refrain joyeux, La sévère raison se cache avec adresse; Où le cœur, éclairé par un art gracieux, Sans passer par l'ennui, parvient à la sagesse; Où l'amour est exempt d'une jalouse ardeur; Où le courage est sans rudesse, Et la tendresse sans fadeur! Salut! castels, berceaux de la chevalerie; Qui, portant vos trésors au bout de l'univers, Et quelquefois aussi le Musulman profane! Salut! vieilles forêts, refuge du berger! Vous qu'en vain je cherchais pendant les jours d'orage, Couvrez encor de votre épais ombrage Mon front bruni sous un ciel étranger; Et vous, fleuves d'azur, réfléchissez ma joie! Au moment du retour que votre aspect est doux! Qu'avec grâce à mes yeux la Saône se déploie! Du Rhône impétueux que j'aime le courroux! Que j'aime ces vallons où serpente l'Isère! Pourtant je les ai vus, ces rivages si beaux 144 LE CONVOI DE LA PAUVRE fille. Où le Tibre immortel coule entre des tombeaux; J'admirai de ces bords la superbe misère. Ce torrent qu'à ses pieds l'Apennin voit descendre, Et que Rome adora dans ses temps fabuleux, Sembla, dans son cours orgueilleux, Des empires détruits rouler encor la cendre. Heureuse France, ô pays adoré! A des bords enchanteurs, toi que j'ai préféré, C'est lui qui présidait à mon pélérinage. sence, Et de mon cœur, fidèle à ta puissance, Rome enfin n'a pu t'effacer. MME. E. DE GIRARDIN. 0° LE CONVOI DE LA PAUVRE FILLE. UAND Louise mourut à sa quinzième année, Fleur des bois par la pluie et le vent mois sonnée, Un cortège nombreux ne suivit pas son deuil; Un seul prêtre, en priant, conduisait le cercueil; STANCES A MOLIERE. 145 Puis venait un enfant qui, d'espace en espace, nids. A. BRIZEUX. STANCES À MOLIÈRE SUR LA COMÉDIE DE L'ECOLE DES FEMMES. 'N vain mille jaloux esprits, EN Molière, osent avec mépris Sa charmante naïveté S'en va pour jamais, d'âge en âge, |