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à une nation que celui qui s'occupe des mouve- |çais généreux voleraient au secours des Polonais ments d'un peuple éloigné, pour devenir un chef de opprimés, s'ils savaient que le même sentiment de parti, tandis chez lui il a tant de malheureux la liberté nous enflamme. Je manquerais à mon que à soulager, tant de travaux à entreprendre. Le ca- devoir, ajoutait-il, si je ne proposais à la diète de binet de Pétersbourg se prépare à reprendre l'as- prier le roi de déclarer aux Français qu'ayant le cendant; voilà l'explication probable des espérances même intérêt à défendre, quoiqu'un immense indonnées par cette cour aux princes émigrés. En- | tervalle nous sépare, la liberté nous rapprochera. nemie du roi de Suède, elle a voulu le perdre. Oui sans doute, il se formera une sainte coalition Catherine ne craint pas l'influence de notre révo- entre les peuples, pour conjurer celle des tyrans. lution; mais sa politique remuante paraît chercher On cherche en vain sur la carte de l'Europe quelle à mettre à profit nos querelles, et à faire de la est la puissance que pourrait encore redouter la France une pomme de discorde, pour exciter dans France. l'Europe des troubles, au milieu desquels elle pût reconquérir l'empire de l'Orient. Quels que soient au surplus ses motifs, lorsqu'une insurrection la menace au dedans de ses États, lorsque le génie de Potemkin peut lui faire craindre encore de perdre sa couronne, elle ne peut pas fournir aux émigrés de très-puissants secours. Le monstre dont on nous menace a trop de têtes; il ne peut vous faire aucun mal. Le guerrier dont l'épée sera teinte du sang d'un Français libre, sera un objet d'horreur et d'indignation.

Il n'est peut-être pas un seul gouvernement qui, depuis la révolution française, n'ait cherché à adoucir le sort des peuples. Voyez l'Allemagne qui a fait plusieurs lois pour soulager la classe indigente, et qui n'oblige plus le cultivateur à semer ses grains pour les bêtes fauves. Voyez l'Empereur, le roi de Danemark, le roi de Suède, la Russie, ne chercher qu'à prévenir l'influence de la révolution française en rendant moins odieux le système féodal. Voyez la révolution qui vient de changer la face de la Pologne : là s'établit un nouveau foyer d'instruction, qui propagera dans cette partie de l'Europe, les principes de la liberté. Elle éclairera tous les hommes, et déjouera bientôt toutes les intrigues des tyrans. La Pologne est liée par un intérêt commun avec la France. On vend à Varsovie les starosties sur lesquelles on a hypothéqué un papier semblable à nos assignats. La Pologne a comme nous ses révoltés, ses criminels de lèse-nation; mais plus heureuse que vous, elle n'est point arrêtée par un veto du pouvoir exécutif qui marche de front avec elle. Tandis que nous nous occupions de la révolution de Pologne, à Varsovie, un membre de la diète disait « Les Fran

Voyez le roi d'Espagne qui se refuse aussi à croire à la stabilité des choses en France. Ce roi qui a une marine considérable sans matelots, des vaisseaux sans voiles; des mines, mais point d'argent; des colonies, mais point de manufactures; des banques, mais point de crédit. Tel est encore l'état de la Hollande, si grande lorsqu'en son nom un simple bourgeois commandait à l'Europe, si petite aujourd'hui, qu'elle n'a ni la force de renvoyer ses geôliers prussiens et allemands, ni le moyen de les payer. Ainsi, nous n'avons rien à craindre d'un chef abandonné par les grands qui l'avaient servi, menacé du peuple qui est écrasé, d'un peuple ami de la liberté, et beaucoup plus éclairé qu'en 1788. Ce n'est point un pareil peuple qu'on armera facilement contre la liberté. La ligne de démarcation est maintenant tracée entre les sociétés et les gouvernants. Il n'est aucun peuple qui ne commence à reconnaître ses droits. En vain les plénipotentiaires de Pilnitz et de Ratisbonne s'agiteront-ils pour former un parti puissant contre la France; leurs intrigues seront déjouées; ils ne feront que constater leur impuissance; il faut de l'or pour avoir des soldats, il faut des soldats pour combattre, et un grand concert pour mener un grand nombre de soldats : les peuples ne sont plus disposés à s'épuiser pour des nobles. Il faut bien se garder de juger des idées et des projets des princes par la force et l'appareil dont ils sont entourés. Ces idées sont souvent confuses et toujours vacillantes. Les rois sont soumis aux fragilités de la nature humaine; la politique des peuples est au contraire plus constante. Loin de ressembler au manége qu'on appelle l'art des hommes d'État, elle est franche; les peuples ont tou

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jours leur secret sur les res; au contraire, le secret des cours ne cache souvent que la peur. Toutes les puissances qui vous menacent voient bien que la paix propagera dans leurs États les principes de la révolution; mais toutes savent aussi que la guerre y pourrait plus promptement inoculer ce qu'ils appellent le mal de la liberté. Que résulte-t-il de là? Qu'aucune puissance considérable ne pourra nous attaquer; que quoique la Suède, la Russie, l'Espagne favorisent les princes émigrés, cependant, elles ne se déclareront pas ouvertement contre nous. Mais s'ensuit-il que nous ne devions pas faire des préparatifs de guerre? Non, sans doute, il faut montrer une grande force pour faire cesser la comédie que jouent les têtes couronnées. Il faut mettre fin aux terreurs dont ces hostilités nous environnent; aux désordres qu'elles favorisent dans l'intérieur du royaume. Enfin, il faut faire respecter partout la constitution et le nom français, et la liberté de nos concitoyens que leurs affaires appellent au dehors, et la liberté universelle dont vous êtes les dépositaires.

Je le demande à la nation entière, quel est le citoyen qui, pour sauver sa vie, consentirait à quelque capitulation? Je ne vous parle pas du serment de fidélité que tous ont prêté à la constitution. Un serment n'est rien pour un lâche; mais celui qui sent profondément la dignité de son être, qui s'est élevé à la hauteur de l'homme, qui, de cette hauteur, a laissé tomber ses regards sur la tombe des despotes, qui leur a juré une guerre éternelle, cet homme-là est prêt à sacrifier sa vie, plutôt que de rentrer sous le joug. S'il se trouve des princes étrangers qui veuillent faire la guerre, il faut les prévenir, car l'ennemi qu'on prévient est à moitié vaincu; ou bien ils ne voudront pas la guerre, et ils ne font que semblant; alors il faut les démasquer, en constatant aux yeux de l'Europe, leur impuissance. Cet acte authentique d'un grand peuple est le sceau qui doit conserver la révolution. Ainsi la guerre est nécessaire, la France doit l'entreprendre pour son honneur; elle serait en effet à jamais déshonorée si quelques milliers de rebelles pouvaient la porter à des capitulations sur les lois. La guerre est actuellement un bienfait national; et la seule calamité qu'il y ait à redouter, c'est de n'avoir pas la guerre, c'est de ne pouvoir faire

cesser les maux qui résultent de l'audace des émigrés; lorsque vous ne prendrez pas des mesures vigoureuses, on vous amusera avec de vaines simulations. Telle est peut-être la défense que l'électeur de Trèves vous annonce avoir faite aux émigrés, et qui n'empêche pas qu'ils se rassemblent toujours: on croit vous amuser avec ces mensonges diplomatiques; mais vous exigerez, sans doute, l'entière dispersion des rebelles.

On a répandu que le pouvoir exécutif, qui aujourd'hui provoque lui-même la guerre, après avoir longtemps manifesté un système contraire, peut être suspecté d'avoir des desseins secrets ; et qu'importe le motif qui le fait agir? La politique d'un grand peuple ne doit pas descendre à ces petites considérations; sa politique est franche et juste : méprisons ces hommes qui voudraient soumettre le sort de la nation aux délibérations de quelques comités secrets que nous avons trop honorés par nos inquiétudes. Défions-nous de ces négociateurs fripons et ignorants qui ne négocient rien; c'est l'intérêt seul de la nation qui conseille la guerre, parce que sa dignité, sa sûreté sont compromises. Je vote donc cordialement, et pour la guerre et pour les vingt millions de fonds extraordinaires qui ont été demandés par le ministre de la guerre, à condition qu'on s'assurera de leur bon emploi.

Mais devons-nous nous borner à ces mesures? Je ne le crois pas : un peuple libre ne doit pas porter des demi-coups; il ne doit pas feindre de voir des amis dans des ennemis secrets; lorsqu'il veut écraser de petits princes, il ne doit pas oublier les injures que de grandes puissances lui ont fait endurer. Quelles sont les puissances auxquelles vous devez faire des déclarations? Vous avez entendu dans les rapports qui vous ont été faits par le ministre, les réponses qu'elles ont faites à la notification de la constitution française; toutes ont dû vous pénétrer de l'idée certaine que des gouvernements ne voient pas de bon œil votre révolution; toutes contiennent des vœux pour la prospérité de la nation française, parce que ce mot présente un double sens, parce qu'il rappelle l'ancien ordre de choses, c'est-à-dire un gouvernement absolu, qui partageait entre des ministres absolus une autorité anarchique ; toutes contiennent des vœux pour le roi, sans aucun égard pour les représentants de

la nation; il n'est pas jusqu'aux petites républi- |.res de famille. C'était au nom de la nation franques, qui n'aient pris auprès du roi le langage de çaise que la notification de la constitution devait la bassesse et de la flatterie. On en serait étonné, être faite; c'est en son nom qu'il fallait poursuisi on ne savait que ce sont des aristocraties dégui-vre la réparation de l'outrage qui lui a été fait, sées sous le nom de république, qui toujours inquiètes sur la stabilité de leur gouvernement, en ont placé la force dans l'appui des puissances étrangères.

Je veux croire cependant que nous n'avons rien à redouter de la part de l'Empereur; quoique sa malveillance se soit manifestée par des lettres dans lesquelles il paraît nous menacer.

Léopold dit que la constitution ne lui paraît pas avoir été librement acceptée, et qu'il croit nécessaire de prendre des mesures pour prévenir des troubles semblables à ceux de notre révolution. Dans cette lettre, dont l'authenticité n'est pas contestée, il invite les cercles à se tenir en armes et à se concerter pour maintenir la liberté du roi de France.

par le refus de recevoir cette notification; et, lorsque quelque puissance aurait fait une réponse insolente, il fallait la sentir et la repousser avec indignation. On ne s'est pas borné à insulter à la majesté de la nation française; la cour d'Espagne a exercé les vexations les plus inouïes sur les Français voyageant et résidant en Espagne ; et c'est par une suite de la protection qu'elle accorde aux complots de nos émigrés, que, si elle n'a pas protégé le parti de nos insurgents à Saint-Domingue, elle n'a donné aucun secours, et qu'elle a violé ouvertement le traité qui l'y contraignait. Et ces injures n'ont été ni senties, ni repoussées par notre ministre! et il a gardé le même silence sur les insultes de la cour de Vienne!

La Russie protége manifestement le parti des rebelles; elle l'a prouvé, soit par son silence à la notification du roi, soit en leur donnant des secours, soit en leur envoyant un accrédité. Il fallait se hâter de rappeler notre envoyé près cette cour, et de signifier congé à celui qui réside en France. On a toléré au contraire qu'il restât ici pour intriguer contre la révolution, pour que sa maison servît d'asile aux contre-révolutionnaires. Il fallait, en remontrant à la cour de Madrid combien sa conduite était offensante pour la France, lui renvoyer son plénipotentiaire; il fallait lui rappeler l'article 6 du traité des Pyrénées, l'article 23 du pacte de famille, qui lui prescrivent de regarder et de traiter la nation française comme la plus favorisée. Au mépris de ces traités, elle a accablé

L'Empereur doit apprendre qu'il n'appartient à aucune puissance d'intervenir dans nos affaires, que la France saura d'elle-même maintenir la constitution. Il faut l'apprendre au roi de Suède, qui non-seulement a l'insolence de ne pas recevoir la lettre de notification du roi, et de renvoyer notre chargé d'affaires, mais qui embrasse ouvertement le parti des rebelles; qui leur envoie des ambassadeurs, des approvisionnements. La conduite du roi d'Espagne est moins extravagante; cependant il a répondu à l'envoyé de France qui lui présentait la lettre de notification du roi, que le roi catholique ne pouvait se persuader que le roi de France eût accepté la constitution avec une pleine liberté physique et morale, que jusqu'à ce qu'il pût s'en convaincre, il ne répondrait pas à ses let-les Français résidant dans ses États de vexations tres de notification; cependant il a donné l'assu-` rance qu'il ne songeait pas à troubler la tranquillité du royaume. Le ministre vous a dit qu'il avait donné des ordres au chargé d'affaires en Suède, pour qu'il insistât sur la remise du paquet, ou qu'il se retirât en cas de refus. Quant à la réponse du roi d'Espagne, il a dit que Sa Majesté s'en occupait et qu'il ne doutait pas du succès de ses négociations amicales. En rendant justice à cette conduite du ministre, les amis de la majesté nationale regrettent de la voir prostituée à des affai

qui n'ont frappé sur les citoyens d'aucune autre nation; elles les a condamnés à une expulsion qui équivaut à une déclaration de guerre. Il fallait rappeler à cette cour l'article 1" du même pacte de famille, qui exige des deux parties contractantes des secours mutuels. Exécute-t-elle ce traité, en refusant des secours à St.-Domingue, en soutenant les rebelles, en leur envoyant des agents accrédités, en envoyant un chargé d'affaires en Suisse, au moment où notre traité avec la république est sur le point d'expirer?

l'opinion publique, ne répondait qu'en accusant ses dénonciateurs d'être sans patrimoine, comme s'il n'était pas aussi des hommes qui n'ont pour patrimoine que la bassesse et la lâcheté, comme si Aristide et Phocion n'avaient pas été sans patrimoine, et comme si l'athénien Ménade, qui a vendu sa patrie, n'avait pas été un des plus riches citoyens d'Athènes ?

Devait-on attendre ce langage d'un ministre, dont la lettre de notification de la constitution française, ne parle ni de la nation, ni de la liberté, et dont la sécheresse indique assez la haine pour la révolution? Devait-on l'attendre d'un ministre qui est parti sans rendre ses comptes, et en demandant une loi pour la restriction de la presse, sous prétexte que cette liberté indéfinie tendait à indisposer contre nous les gouvernements étrangers? Ce n'est plus avec les gouvernements que nous avons à traiter, mais avec les nations, et nous saurons toujours respecter leurs droits. Les fondateurs de la liberté américaine ont obtenu nos hommages; qu'ils les imitent et nous leur élèverons des statues.

Il fallait observer à l'Empereur combien sa conduite équivoque devait déplaire à une nation franche et sincère; que le prince Louis-Stanislas-Xavier en quittant la France s'était retiré à Mons; que Bouillé était à Luxembourg, qu'il était sur les terres de l'Empereur et accueilli par ses agents, lorsque, par une déclaration rendue publique, il menaçait sa patrie; qu'à cette même époque de l'évasion du roi, l'abbaye d'Orval était royalement meublée; que les fortifications de Luxembourg étaient garnies d'une nombreuse artillerie. On vous a dit que l'Empereur avait défendu tout rassemblement aux rebelles ; mais on ne vous a pas dit que cette défense restait sans exécution. On devait encore observer à Léopold qu'il favorisait évidemment les projets des émigrés, par les circulaires qu'il adressait aux princes de l'Empire. Il fallait lui rappeler le traité des Barrières, qui a fixé le nombre de troupes à maintenir dans le Brabant, à 30,000 hommes; il y en a dans ce moment plus de 48,000. | Il fallait lui rappeler l'article 3 du traité de 1756, qui porte: que les parties contractantes traiteront de concert sur toutes les mesures propres à maintenir la paix, et se prêteront mutuellement leurs Des hommes à conceptions étroites, qui vienbons offices en cas d'invasion. Il fallait lui deman-nent prêcher contre la liberté de la presse, ignoder si c'est pour exécuter ce traité qu'il n'a pas daigné employer auprès de l'électeur de Trèves, je ne dis pas ses ordres, mais son intervention. Que ne lui rappelle-t-on la cause qui l'oblige à fournir, en cas de guerre, un secours de 24,000 hommes ? Mais il est vrai que la France saura bien défendre sa liberté, sans avoir besoin de secours étrangers. Il fallait lui dire, en réponse aux chicanes qu'il faisait, à l'égard des réclamations des princes possessionnés en Alsace, que la souveraineté des peuples n'est pas liée par les traités des tyrans; qu'en parlant toujours de roi, de Sa Majesté, et jamais de capituler sur toutes les autres. Ce langage aurait la nation, il s'est rendu plus que suspect d'encou- peut-être été tenu auprès des gouvernements étranrager les espérances de nos émigrés. Ce langage gers, si les bureaux des affaires étrangères eussent aurait été digne des Romains, digne d'hommes été mieux composés; et à qui appartenait-il de libres; mais pouvait-on l'attendre de notre vieille faire ce changement? Au ministre, s'il n'avait diplomatie, d'un ministre longtemps nourri de ses voulu soustraire son département à l'influence de préjugés (M. de Montmorin), d'un ministre qui n'a la révolution. Dans tous les actes, au contraire, cessé de conserver dans leurs places des envoyés qui sortent de ses bureaux, on ne voit que le nom dont la haine pour la révolution était connue, et du roi; la nation semble ne pas exister. Dans le qu'il ne remplaçait que par des agents également discours que le roi a prononcé le 14 de ce mois suspects; d'un ministre qui sans cesse dénoncé à | dans l'assemblée, il annonce qu'il fait déclarer à

rent-ils qu'ils n'armeront plus les nations pour se venger d'un paragraphe d'une gazette, et tenir pendant trente ans un malheureux gazetier dans une cage de fer? Ignorent-ils que les peuples libres, tels que les Anglais et les Américains, maltraitent aussi les gouvernements? Ils ne savent donc pas que la liberté de la presse est la base de la liberté politique; que toute atteinte qui y serait portée serait un crime; que si, sous prétexte des égards dus aux gouvernements étrangers, on pouvait capituler sur cette loi fondamentale, autant vaudraitil

l'électeur de Trèves, qu'il le regarderait comme | Madrid et de Rome, et de congédier les ministres ennemi, s'il ne dispersait les rassemblements.de ces cours; 3° que Sa Majesté réclamerait auprès J'aurais aimé à entendre dans la bouche d'un roi constitutionnel une expression plus significative; qu'il eût dit: La nation vous regardera comme ennemi; car c'est le vœu de la nation que le roi exprimait, puisque ce n'est que d'après ce vœu manifesté qu'il peut faire des préparatifs de guerre. Mais que peuvent penser de notre révolution les puissances étrangères, quand elles voient nos ministres jouer une comédie à la face même de la nation; lorsqu'elles ont vu le ministre des affaires étrangères vous cacher les secrets les plus importants, ou ne les révéler que lorsque l'opinion publique l'y avait contraint? A la place de ces communications franches et loyales, je ne vois en effet que des conférences mystérieuses, concertées à l'avance, et auxquelles on a préparé les journaux, pour lesquelles on commande les proclamations, on concerte les applaudissements, les ajournements, les motions d'impressions, etc., etc.

Ah! s'ils pouvaient se pénétrer qu'au lieu de tant de réserve, ils gagneraient bien plus par la franchise s'ils se concertaient avec nous, s'ils ne nous harcelaient pas par des chicanes, s'ils ne prê

chaient

pas contre la liberté de la presse, lorsqu'ils en abusent eux-mêmes par des proclamations incendiaires; s'ils ne nous parlaient pas toujours de la nécessité de l'ordre dans les finances, en même temps qu'ils ne nous rendent pas compte; de leur de leur amour pour la révolution, en même temps qu'ils s'élèvent contre toutes les lois qui tendent à la protéger; en un mot, les affaires iraient bien mieux, si nous ne perdions pas tant de temps à défier les ministres d'être de bonne foi comme nous. Nous voterons la guerre avec eux, qu'ils votent avec nous le décret d'accusation. Nous entreprendrions la guerre pour punir les princes étrangers, et nous laisserions impunis les princes français! Puisqu'il est en votre pouvoir seul de rendre cet hommage aux principes, essayez votre courage pour châtier enfin ces rebelles.

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de la cour d'Espagne l'exécution du traité des Pyrénées; et en conséquence une réparation authentique des procédés injurieux de ce gouvernement à l'égard de plusieurs Français, et du refus de porter des secours dans la partie française de SaintDomingue; 4o que le roi réclamerait aussi auprès de l'Empereur l'exécution du traité du 1er mai 1756, et le requerrait en conséquence de réduire les troupes, dans le Brabant, au nombre fixé par les traités, et d'interposer non-seulement ses bons offices, mais ses forces auprès des princes de l'Empire, pour défendre et empêcher tout rassemblement d'émigrés; 5° que le ministre des affaires étrangères serait tenu de communiquer toutes les nouvelles qui intéresseraient la sûreté de l'État, au comité diplomatique, qui serait chargé d'examiner les différents traités qui liaient la France avec les puissances étrangères, et d'indiquer les changements qu'il convenait d'y faire.

Extrait du discours prononcé par Isnard, le 29 novembre 1791.

La voie des armes, a dit M. Isnard, est la seule qui nous reste contre des rebelles. Toute idée de capitulation serait un crime de lèse-patrie. Élevonsnous à toute la hauteur de notre mission. Parlons aux ministres, au roi, à l'Europe, avec la fermeté qui nous convient. Disons à nos ministres, que jusqu'ici la nation n'est pas très-satisfaite de la conduite de chacun d'eux ; que désormais ils n'ont à choisir qu'entre la reconnaissance publique et la vengeance des lois, et que par le mot responsabilité nous entendons la mort. Disons au roi, que son intérêt est de défendre la constitution; que sa couronne tient à ce palladium sacré; qu'il ne règne que par le peuple et pour le peuple ; que la nation est son souverain, et qu'il est sujet de la loi. Disons à l'Europe que le peuple français, s'il tire l'épée, en jettera le fourreau; qu'il n'ira le chercher que couronné des lauriers de la victoire, et que, si malgré sa puissance et son courage il succombait en défendant sa liberté, ses ennemis ne régneraient que sur des cadavres. Disons à l'Europe, que, si les cabinets engagent les rois

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