Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

l'effort de la division Beru de concert avec les 2 ba- | sée n'était arrivée qu'à Wewelghem; le général taillons qui s'y trouvaient déjà; enfin le prince Walmoden qui se trouvait aux environs d'Ypres, crut devoir en même temps porter quelques batail- et Werneck resté à Cisoing, ne purent rien pour lons sur Gheluve, sous le prétexte assez étonnant éviter cette catastrophe, fruit inévitable du sysde conserver la communication d'Ypres, s'enlevant tème de guerre suivi par les alliés. par ces étranges dispositions tout moyen de résister à un ennemi déjà supérieur.

Le 13 an matin, Werwick est de nouveau assailli par deux fortes colonnes de l'armée de Houchard; la droite d'Hédouville débouchant de Comines et longeant la Lys, se jette impétueusement dans ce bourg : le prince Frédéric se retirait en ordre, lorsque le général Kray, arrivant avec quelques escadrons autrichiens, lui persuade qu'il est suivi par le corps de Beaulieu, et le décide à tenter une attaque pour reprendre Werwick. Au- | dace inutile! le feu supérieur de l'artillerie française, semant la mort parmi ses troupes, le force à la retraite après un choc des plus rudes: le prince Frédéric fut lui-même blessé et la cavalerie de Kray très-maltraitée, paya cher le funeste conseil de son chef.

Au surplus, ceux-ci se vengèrent deux jours après de cet affront, d'une manière bien extraordinaire. La journée du 15 septembre est encore couverte d'un voile mystérieux qu'il n'a point été possible de soulever, et nous devons nous contenter de rapporter les allégations imparfaites des deux partis.

Houchard avait, dit-on, ordonné d'évacuer Menin, et selon les relations autrichiennes, au contraire, les troupes républicaines victorieuses le 13, s'étaient avancées en grandes forces sur Courtray, afin d'attaquer le général Beaulieu. Dans le fait, un combat assez vif s'engagea vers Bisseghem sur le front des deux partis; et il se maintenait avec des chances balancées, lorsque les Autrichiens, dirigeant un corps de cavalerie sur le flanc gauche de leurs adversaires, menacent de les rejeter sur la Lys, et les mettent en pleine déroute.

Les bataillons français, saisis d'une terreur pa

Dans ces entrefaites, la division du général Beru ayant assailli les redoutes d'Halluin, sur trois colonnes, était parvenue à en tourner une, à culbu-nique à l'aspect de ces escadrons, prennent en déster la brigade Wartensleben qui occupait ce point, et à pénétrer pêle-mêle avec elle dans Menin; les troupes hollandaises débouchant de cette ville pour se retirer le long de la Lys, battues par l'artillerie que les Français venaient de braquer près de Bassecour, se sauvèrent en désordre sur Moorzèele; protégées par Beaulieu, elles se rallièrent ensuite près de Courtray, avec la brigade de Gueusau, qui s'y était retirée du côté de Mou

cron.

ordre la route de Menin : à peine sont-ils arrivés à la hauteur de cette ville que les patrouilles annoncent une autre colonne ennemie débouchant du côté d'Ypres; c'était le comte d'Erbach détaché par le duc d'York avec quelques bataillons: rien ne peut alors rallier les troupes qui ne font pas même halte à Werwick, et ne se croient en sûreté que sous le canon de Lille, abandonnant équi

pages

et canons.

Les représentants du peuple accusèrent HédouCet événement rendit la position du prince Fré-ville, non du défaut de courage, mais de n'avoir déric très-critique; ne pouvant rejoindre l'armée sur Courtray, il se retira sur Dadizeele, constamment harcelé par les Français. La brigade Reizenstein postée à Gheluve se voyant alors attaquée sur son flanc gauche, crut devoir se rejeter sur Ypres.

su faire aucune disposition pour prévenir ou réparer ce désastre; on lui reprochait surtout d'être parti de Menin avec le gros de sa troupe, d'après la disposition primitive, quoique son arrière-garde fût vivement pressée. Le général Beru arrêta enfin le désordre, en plaçant quelques pièces d'artillerie légère qui firent leur devoir; les troupes se reformèrent vers Turcoing ou Bondues d'un côté, et à Comines de l'autre.

Ainsi ce corps hollandais, engagé par brigades contre deux masses de 12,000 combattants, fut éparpillé et fort heureux d'en être quitte pour la perte de 2 à 3,000 hommes et 40 pièces de ca- Le duc d'York, fugitif de Dunkerque, et le non. Le général Beaulicu, dont l'infanterie haras-prince de Cobourg victorieux au Quesnoy, égale

ment inquiétés par les vigoureuses attaques exécu- | calculer la garde de quelques redoutes, quand il s'agit d'une habile concentration des masses.

Tout porte à croire que tel fut le plan tracé par le comité de salut public, sur les propositions de Carnot, puisqu'on trouve dans les débats de cette époque, l'annonce de son départ pour l'armée, avec un projet d'opérations dont on se promettait les plus grands résultats.

tées le 13 sur l'intervalle qui les séparait, et ignorant encore le succès de Beaulieu, s'étaient mis en marche chacun de son côté pour se rapprocher du point menacé. Le premier après avoir laissé la division Abercrombie à Dixmude, s'était porté le 14 septembre à Turnhout, où il fut joint par le corps primitivement destiné à seconder l'attaque de Dunkerque, et qui venait enfin de débarquer : le duc marcha les jours suivants par Rousselaer et Menin sur Cisoing, où l'armée campa le 16: les généraux hanovriens restèrent à Ilwerdingen; les Hessois sous Wurmb, couvrirent la Flandre mari-imprimée aux opérations militaires : dès cet intime et Nieuport.

Le prince de Cobourg, informé à Cisoing du succès de Beaulieu, retourna à Bavay: il laissa le corps d'Erbach en Flandre, et résolut au contraire d'appeler les Hollandais à lui, pour seconder son entreprise sur Maubeuge, dont nous rendrons compte au chapitre XXII.

La honteuse journée de Courtray, dont les détails n'ont été transmis que fort imparfaitement par les écrits du temps, décida du sort de Houchard qui, par sa conduite sous Hondschoote, s'était déjà attiré l'improbation du comité, et qui ne tarda pas à porter sa tête victorieuse sur l'échafaud. Les Romains avaient décapité Manlius pour avoir combattu et vaincu contre les ordres du sénat : les Anglais punirent Byng de n'avoir pas triomphé à Minorque, mais c'était le premier exemple qu'un général fût traîné au supplice pour avoir remporté une victoire importante, sans détruire entièrement son ennemi.

Les reproches sanglants adressés ensuite par Barrère au général disgracié, dans la séance du 25 septembre, prouvent mieux encore la teinte vigoureuse que l'entrée de Carnot au comité avait déjà

stant tout changea de face dans les armées, et jamais les principes de l'art ne reçurent un hommage plus complet et plus flatteur qu'à cette mémorable séance.

[ocr errors]

Depuis longtemps, s'écria Barrère, le premier » principe pour tirer parti du courage du soldat, >> le principe établi par Frédéric, et celui de tous » les grands généraux, est d'avoir de grandes armées » en masses, plutôt que de partager ses forces. Au >> contraire vous n'avez eu que des armées dissémi»> nées, morcelées; même lorsqu'on les rassemblait » en masse, des généraux ignorants ou perfides >> les divisaient et les faisaient battre en détail, en » les opposant toujours à un ennemi supérieur. Le >> comité a aperçu le mal; il a écrit aux généraux » de se battre en masse. Ils ne l'ont pas fait vous » avez eu des revers. >>

Cette déclaration des principes est à la fois la meilleure critique des opérations antérieures des deux partis, et celle du système que les alliés suivirent encore durant plusieurs années. Signalant l'époque des succès de la France, elle nous ex

des généraux décorés d'une réputation usurpée, et qui, non contents de méconnaître les premières règles de l'art, y ajoutaient encore une ignorance absolue dans le choix des points décisifs.

A la vérité, Houchard avait commis quelques fautes, mais aucune n'était de nature à lui mériter un sort si cruel. Favorisé par la situation avanta-plique les victoires des armées républicaines, sur geuse de la place de Lille, ce général aurait pu aisément lever les camps de la Madelaine, de Bailleul et même de Gavarelle pour réunir 50,000 hommes, accabler d'abord le maréchal Freytag, se rejeter sur le duc d'York, et revenir ensuite écraser les Hollandais à Menin. On le pouvait d'autant mieux, qu'une multitude de places permettait de dégarnir instantanément une grande partie de la frontière, et quant à la conservation des camps, ce n'était point une excuse suffisante pour maintenir la dispersion des forces; car on ne doit jamais

Barrère, orateur du comité, plus déclamateur qu'homme d'État, plus occupé de belles-lettres que de science militaire, n'était point inité dans ces sortes de combinaisons ; il est aisé de reconnaître à cette profession de foi, tout le génie militaire de celui de ses collègues, qui, placé avec un tel levier sur un point d'appui immense, devait contri

buer plus qu'aucun autre à ébranler l'Europe. Si, | qu'il importait précisément d'arriver à Furnes avant à de pareils principes et à un grand caractère, Carnot eût joint un coup d'œil stratégique plus exercé, on serait autorisé à le placer au nombre des capitaines du premier rang; mais s'il ne peut être mis en parallèle avec César, il égala du moins Louvois dans l'art de conduire les opérations du fond de son cabinet.

La faute d'avoir laissé trop de forces éparpillées sur la frontière était capitale, nous ne sommes point assez instruits pour décider à qui on doit l'imputer; les accusations de Barrère furent formelles, et les lettres du comité, sans prescrire la nature des rassemblements, invitaient assez positivement à en faire le plus possible. Mais si bien des causes atténuantes excusent le général, on ne peut disconvenir qu'il n'ait commis plus d'une bévue dans la direction des attaques, comme on l'aura remarqué par la relation des journées du 6 et du 8. D'après les assurances officielles données par ses accusateurs, il n'y eût pas moins de 8,000 hommes employés sous le général Landrin à des démonstrations; un plus grand nombre encore sous Hédouville et Collaud, qui ne prirent aucune part au premier combat; sans compter la division dé

la jonction des deux corps; cette opération eût été plus que téméraire avec des moyens insuffisants, car si les Hanovriens fussent revenus sur leurs pas, comme on doit le présumer, tandis que le duc d'York eût assailli les Français par Adinkerque, la perte de ces derniers eût été certaine.

Ainsi Houchard, répréhensible pour sa conduite dans les premières journées, fut à l'abri de tout reproche relativement à la poursuite.

Il paraît, au surplus, que le gouvernement se fût contenté de lui ôter le commandement, si des plaintes portées contre le comité par Briez et autres députés (1) n'eussent irrité Robespierre et rejeté tout le poids de sa vengeance sur le malheureux général. Sa tête tomba pour consoler le dictateur d'avoir été réduit à se justifier, et l'armée revint au de Gavarelle où elle ne fit pas un long séjour, comme nous le verrons au chapitre XXII.

camp

CHAPITRE XXI.

tachée sur Ypres. Cette dispersion lui enleva l'a- Operations sur le Rhin et la Moselle, depuis la prise de

vantage d'avoir gagné Rexpoède avant l'ennemi, et fut la cause première de sa retraite sur Bambecke.

- Affaires

Mayence jusqu'à celle des lignes de Weissenbourg.
Incertitude dans le plan des alliés, qui perdent deux
mois, faute d'être d'accord sur les affaires de Pologne.
- Combats divers dans le Bienwald et à Bergzabern.
- Prise et reprise du camp de Nottweiler.
plus sérieuses de Pirmasens et des lignes. Projet
des autorités de Strasbourg pour livrer leur ville à
Wurmser. - Retraite des Français derrière la Suffel.
Tentative des Impériaux sur Saverne; la division
Burcy arrive heureusement de l'armée de la Moselle et
repousse l'ennemi.

-

[ocr errors]

Nous avons terminé la première période sur cette ligne, à l'époque de la reddition de Mayence.

L'idée de porter la division Landrin sur Dunkerque le 7 a été déjà appréciée; elle était d'autant plus déplacée, que le combat à la fin de la journée du 6, avait tourné en faveur de l'ennemi, et que ce n'est pas en pareille circonstance qu'on s'affaiblit sous de vains prétextes. Il eût été beaucoup plus sage, par un mouvement contraire, de renforcer l'armée de toutes les troupes inutiles à Dunkerque. Il sembie aussi que dans la journée du 8, on aurait dû appuyer plus en forces par la droite, en attaquant l'extrême gauche des Hanovriens de manière à gagner Leyselles. Mais dès que le gé-Rhin dans les lignes de Weissenbourg, où elle passa néral Walmoden avait eu le temps de se retirer sur Furnes, il est incontestable que Houchard n'avait plus les moyens suffisants pour pousser l'ennemi; le duc d'York, s'étant réuni le 9 au matin au corps hanovrien, présentait une masse de 33,000 hommes à laquelle le général français n'avait pas de forces égales à opposer. En vain, dira-t-on,

Après les combats livrés inutilement pour sauver cette place, Beauharnais avait ramené l'armée du

sous les ordres de Landremont. L'armée de la Moselle, dont Houchard remit le commandement à Schawembourg, avait son corps de bataille sur les hauteurs de Sarrebruck et son avant-garde à Blicscastel. La force de la première n'excédait pas

(1) Séance du 24 septembre.

[ocr errors]

ligne de la Queich jusqu'à Spire; il comptait alors 40,000 hommes y compris l'armée de Condé, mais indépendamment du corps de Staader qui, avec 10,000 hommes, couvrait le Brisgaw. Enfin, la petite armée du prince de Hohenlohe-Kirchberg gardait toujours la Moselle et Luxembourg.

45,000 combattants après le départ des corps qu'on | et Bavarois employés au siége, continua à garder la en avait tirés pour renforcer Houchard. L'armée de la Moselle, qui dut également lui envoyer 15,000 hommes, les remplaça par des réquisitionnaires et des gardes nationales, dont on mit une partie dans les places en échange de quelques bataillons plus sûrs qu'on en tira pour la renforcer; elle comptait encore 20,000 hommes. Outre cela le corps des Vosges, fort d'environ 10 à 12,000 hommes, occupait, sous le général Pully, la position de Hornbach communiquant par sa droite à Ketterich avec l'armée du Rhin, et se liant par sa gauche au camp de Sarrebruck. Entre Sarre et Moselle, la division Delage, forte d'environ 6 mille hommes, faisait face au corps qui tenait Trèves. C'était donc encore 80,000 combattants opposés aux armées alliées; à la vérité, on ne comprend pas dans ce nombre les 39,000 hommes employés sur le haut Rhin et dans les garnisons, mais qui, disponibles en partie, rétablissaient l'égalité numérique.

L'attitude des deux armées républicaines était défensive, et elles attendaient dans l'anxiété que les alliés prononcassent un mouvement offensif que toutes les circonstances rendaient probable.

L'armée de siége actuellement disponible augmentait non-seulement de 40 000 hommes les forces agissantes dans la vallée du Rhin; la reddition de Mayence permettait en outre de disposer de bien des détachements répandus sans utilité sur la rive droite du fleuve, et de porter une masse de 100,000 combattants, soit au revers des Vosges sur la gauche des Français, soit dans les plaines du Palatinat contre le front de leurs lignes. Tout faisait présager les entreprises les plus décisives, lorsque l'événement, qui semblait devoir redoubler le courage des coalisés, vint les plonger dans une torpeur inexplicable. Loin d'accélérer la mise en action de leurs masses sur un des points importants de la ligne ennemie, ils s'établirent parallèlement à leurs adversaires et sur un front immense : l'armée prussienne se divisa en 4 corps principaux. Le premier fut conduit par le roi en personne à Turckeim et Edickhofen; le second par le duc de Brunswick à Kaiserslautern; un troisième, sous le prince de Hohenlohe, alla prendre position à Lautereck; le quatrième, sous Kalkreuth, à Kruetznach.

Wurmser, renforcé d'une partie des Autrichiens

Près de deux mois se passèrent dans l'inaction; car on ne peut signaler comme des opérations de guerre, les marches insignifiantes de 7 à 8 corps sur des directions parallèles, délogeant les vedettes ennemis de deux à trois villages, et employant six semaines à faire 15 lienes, depuis Kaiserslautern aux rives de l'Erbach.

Le 9 août, les Prussiens commencèrent un changement de front. Le général Kalkreuth marcha par Saint - Wendel à Wiebelskirchen où il arriva le 13, repoussa les Français de Neukirch sur la rive gauche de la Sarre, et lia ses communications avec le corps autrichien de Trèves. Le prince de Hohenlohe marcha, le 10, sur la route de Cussel à Hombourg, livra le 13 un combat peu important à Altstadt, et repoussa l'avant-garde de l'armée de la Moselle au delà de la Blies et de la Sarre.

Le duc de Brunswick partit le 11 avec 19 bataillons et 25 escadrons, passa l'Erbach le 16, et prit un camp au revers des hauteurs de Pirmasens. Le lendemain il délogea la brigade Rewbel des postes importants de Felsenbrun et de Ketterich, clefs de la position défensive entre Sarre et Rhin derrière la Lauter. Le prince de Prusse bloqua Landau. Le division autrichienne de Lauer observa le fort Vauban; le reste de l'armée de Wurmser se trouvait devant les lignes de Weissenbourg.

L'armée prussienne aurait pu alors changer de direction, déboucher par les Vosges sur leur extrême gauche, et se lier à une attaque que Wurmser eût faite par sa droite sur le même point. Par cet emploi décisif de leurs forces, les alliés auraient sans doute culbuté les républicains vers Lauterbourg. Mais loin d'adopter un plan qui offrit une application aussi exacte des principes, on ne put s'entendre sur aucun point, et les armées employèrent deux mois en simulacres d'attaque depuis Sarrelouis jusqu'au Rhin, sans but, sans concert et par conséquent sans résultats.

Indépendamment de la diversité d'intérêts na

tionaux, une grande animosité régnait entre les | deux chefs; Wurmser avait proposé, dès le commencement de la campagne, différents plans que les Prussiens écartèrent comme téméraires, et qui peut-être l'étaient effectivement. Le vieux général, actif, hardi, mais déjà affaibli par l'âge, s'abandonnait aux suggestions de ses alentours que le génie de la guerre ne dirigeait pas toujours dans les conseils. Irrité des refus constants de ses alliés, il ne gardait plus de ménagements; le duc de Brunswick de son côté ne voulait se prêter à aucune opération qui n'émanât immédiatement de son état-major, et il faut convenir qu'il avait des droits à cette prééminence.

La véritable cause de ces procédés doit être recherchée dans les débats survenus, dit-on, entre les deux cours au sujet des vues de l'une sur la Pologne, et des prétentions affectées par l'autre sur quelques places et provinces françaises. Le cabinet de Vienne avait chargé le général Ferrari, émule de Lascy et vice-président du conseil aulique, de discuter ses intérêts dans cette occasion: d'un autre côté, M. de Cæsar fut envoyé par le ministère prussien à Vienne pour s'expliquer; et, avant de rien entreprendre, on attendait l'arrivée du premier, en même temps que celle du corps de 10,000 hommes que Knobelsdorf amenait de la Flandre. Délai fatal, dont les suites durent convaincre combien il est dangereux de remettre au lendemain, quand on a une bonne occasion et les moyens d'agir! Jamais circonstance plus favorable ne s'était offerte, car les armées alliées ne s'étaient point vues jusque-là sur un pied aussi formidable, et leurs adversaires en échange plus consternés.

Cette mésintelligence sauva la France à l'Est comme sur la frontière du Nord ; car à cette époque les armées du Rhin et de la Moselle étaient pour ainsi dire désorganisées. Le système de terreur et de méfiance, mis à l'ordre du jour par les représentants délégués près d'elles, les avaient privées l'une et l'autre de leurs chefs, sans qu'on sût par qui les remplacer. L'état-major de toutes deux était devenu le réceptacle de présomptueux démagogues plus propres à déterminer une déroute un jour d'action qu'à l'arrêter, et les hommes de mérite languissaient encore inconnus dans des grades subalternes.

Les commissaires de la convention appréhendant avec raison de voir les lignes de Weissenbourg tomber devant l'armée victorieuse de Mayence, prenaient d'un autre côté des mesures dignes de l'exagération du gouvernement révolutionnaire. Ils mettaient en réquisition les gardes nationales sédentaires de l'Alsace et de la Lorraine, et ordonnaient la levée en masse de ces deux provinces. Les bataillons de Metz, de Nancy se réunissaient aux paysans des Vosges armés de piques. Ces mesures qui faisaient beaucoup de mécontents, donnaient peu de soldats; la plupart de ces bourgeois se contentaient d'une courte apparition, et profitaient de la première occasion pour regagner clandestinement leurs foyers; cependant ils faisaient momentanément nombre, et on ne peut se dissimuler que, si ces levées avaient été mieux préparées, elles eussent été fort utiles.

Dans ces entrefaites, Wurmser s'impatientait de la lenteur des opérations de ses alliés : soit que ce général, originaire d'Alsace et y ayant toute sa famille, se trouvât plus porté qu'un autre à entreprendre la délivrance de cette province, soit qu'il y fût encoré excité par les émigrés ; il ne renonçait pas à l'espoir de déloger les Français de leurs lignes. Comptant peu sur la coopération des Prussiens, il crut pouvoir tenter à lui seul de gagner le flanc gauche des républicains en détachant Hotze vers Erlenbach et la vallée d'Annweiler, tandis que Waldeck s'avancerait par la chaussée de Landau sur Babelroth; le général Mezaros au centre sur Herxheim; Cavanach et Condé à gauche le long du fleuve sur Rheinzabern et Jockrim.

Malgré les succès que ces derniers obtinrent contre le général Isler qui y fut tué, le mouvement des coalisés était si décousu qu'il faillit leur devenir funeste; la gauche des Français, tenant en force les hauteurs de Bergzabern, séparait Hotze du reste de l'armée, et leur division de droite, partie de Lauterbourg, débouchant le 21 par Hagenbach, fut sur le point de culbuter l'armée de Condé dans le Rhin, en l'acculant à l'espèce d'ile formée vers Pfortz, où elle s'était engagée contre toutes les règles de la guerre. La bonne contenance de la légion de Mirabeau à Pfortz et l'arrivée de Wurmser avec la colone de Cavanach par les hauteurs boisées de Werdt, sauvèrent les émigrés d'une catastrophe

« VorigeDoorgaan »