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jours; enfin le 27, à onze heures du matin, 7 | rétrograder. Le lendemain les Marseillais ajoutèvaisseaux de ligne et 4 galiotes à bombes commen- rent à leur honte, en se mettant en insurrection cèrent à tirer contre Cagliari, et continuèrent le formelle, pour forcer leurs chefs à se rembarquer. feu avec vivacité pendant quelques jours, au bout Le 17, une violente tempête occasionna beaudesquels ils retournèrent à leur mouillage. Les coup de dommages à la flotte; le Léopard, vaisSardes, dont les batteries étaient nombreuses et seau de 80 canons, périt; 2 frégates coupèrent bien servies, ripostèrent de leur mieux : un des leurs mâts pour éviter le même sort; plusieurs vaisseaux échoua pour s'être trop approché de chaloupes et bâtiments de transport échouèrent et terre, d'autres éprouvèrent différents accidents; la ceux qui les montaient tombèrent entre les mains ville essuya peu de dégats. Pendant la canonnade, des ennemis. A midi, les vaisseaux de guerre et on voulut faire quelques tentatives de descente, les frégates établis devant la tour des Signaux, le qui n'eurent aucun succès par l'ignorance et l'in- Fort et le Lazaret quittèrent leur station. Les jours discipline des nouvelles levées. suivants, les troupes qui avaient été mises à terre furent rembarquées, et le 22, toute la flotte reprit le large. Le contre-amiral Truguet renvoya les troupes de débarquement où il les avait prises, et ramena à Toulon son escadre fort endommagée. Ainsi finit une entreprise sans intérêt réel, qui coûta un millier d'hommes, 2 vaisseaux et des sommes immenses.

Après un essai aussi malheureux, le contre-amiral revint à Toulon avec une partie de sa flotte, pour y prendre des vivres et des munitions, et ne tarda pas à être de retour sur les côtes de Sardaigne, où il fut joint les 2 et 3 février, par un renfort de vaisseaux et de troupes de débarquement. On se crut alors assez fort pour tenter une descente, soit pour s'établir dans l'ile, soit pour s'y procurer des subsistances; cependant le gouverneur que ces menaces avertissaient depuis un mois, avait eu le temps de lever un nombre de milices suffisant pour sa défense; la force de sa garnison s'élevait à 3,000 hommes, indépendamment de quelques corps organisés dans l'ile. Après quelques tentatives préliminaires près la tour de Pula, et des reconnaissances vers Quarto, 4 ou 5,000 Français descendirent le 14 février, à midi, audessus de ce dernier point sur la plage de SaintAndré, sous la protection du feu de 2 frégates. Le général Casabianca qui commandait les troupes de terre de l'expédition, les partagea en 3 colonnes et les porta en avant à une assez grande distance les unes des autres; l'une d'elles marcha à gauche sur le fort de Saint-Elie, sans doute dans le dessein de prendre Cagliari à revers. La phalange marseillaise, voyant arriver la colonne de réserve à la chute du jour, la prit pour ennemie, fit feu sur elle, et se sauva dans le plus grand désordre, cherchant un refuge jusque sur la plage, et se jetant même à l'eau pour regagner les embarcations. Au même instant les Corses et les troupes de ligne qui étaient arrivés sous Cagliari s'y maintenaient en attendant le signal de l'attaque; le désordre des 2 autres colonnes obligea de les faire

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Si la guerre maritime n'était pas déclarée, elle se trouvait à la veille de l'être : le conseil exécutif n'avait pas besoin pour s'en convaincre de se voir privé, depuis le 10 août, d'un ambassadeur anglais, et entraîné dans des explications pénibles avec le cabinet de Londres. Ce n'était pas à mettre en doute une guerre inévitable qu'il fallait s'appliquer, mais bien à prendre toutes les mesures pour la soutenir avec vigueur. Dès qu'on renonçait à la politique des Choiseul ou des Vergennes, qui avait fait luire des jours de paix et de bonheur sur le continent, la Grande-Bretagne ne pouvait pas trouver d'occasion plus heureuse pour une rupture : la France bouleversée à l'intérieur et privée de ses alliés, promettant un triomphe aussi facile que ses colonies agitées par des troubles et livrées sans défense, le gouvernement anglais eût été blâmable de n'en pas profiter.

Comment le ministère français, à la veille de se brouiller avec l'Espagne, put-il imaginer une entreprise qui devenait ridicule dès qu'on n'avait pas les forces suffisantes pour couvrir la Corse, ui même pour garder le comté de Nice? L'aveuglement des propagandistes, et l'ignorance absolue de l'état politique et militaire de l'Europe, peuvent sculs expliquer de semblables conceptions. Par les événements ultérieurs, la république dut s'applaudir en

quelque sorte de l'échec de Cagliari, puisqu'il empêcha un corps de 8 à 10,000 hommes d'être jeté dans l'île, où il eût été inévitablement perdu, sans intérêt pour la France, comme sans honneur pour

ses armes.

Les Hanovriens dirigés par le cabinet de Londres, attentifs aux dangers de la Westphalie et de la Hollande menacées par Dumouriez, mettent nonseulement leurs contingents sur pied, comme membres de l'Empire, ils préparent des corps plus nombreux et prouvent que l'Angleterre veut la guerre bien longtemps avant de la déclarer.

La diète de Ratisbonne, voyant l'Empire envahi sur la rive gauche du Rhin et menacé sur la rive droite, se prépare à des hostilités en attendant que la lenteur de ses délibérations les lui fasse proclamer dans les formes. Les Saxons sont en marche au nombre de 6,000; les Bavaro-Palatins et les troupes de Souabe en font autant : les Hessois, plus voisins du danger, redoublent d'efforts. Ces petits contingents ne formeront point l'armée des cercles, l'expérience a démontré les vices de son institution mais d'excellents corps grossiront comme auxiliaires, des armées prussiennes ou autrichiennes.

Cette équipée mit fin à une campagne dont les résultats n'étonnèrent pas moins l'Europe que les changements de fortune qui signalèrent l'année suivante. Cependant l'observateur exercé n'y voit que la marche naturelle des événements, d'après la situation réelle des deux partis. Une armée d'élite, mais insuffisante, pénètre au centre d'une nation exaspérée, en laissant derrière elle des places formidables et des corps organisés égaux en forces: on répond à ses manifestes par le 10 août, les massacres du 2 septembre, la bonne contenance de Sainte-Menehould et de Walmy : accablée de plus par les maladies et sans communications directes dans un pays affreux, elle se retire et abandonne la Belgique aux coups d'une armée supérieure qui l'envahit avec succès. A leur tour, les Français s'affaiblissent en s'étendant; leurs frontières n'étant plus menacées, les levées d'hommes cessent à l'instant où il aurait fallu non-seulement remplir les cadres, mais encore les augmenter; le gaspillage, l'anarchie, les jacobins, dégoûtent le peuple belge et désorganisent l'administration de l'armée; le principe de destruction germe dans son sein, et rien ne se prépare pour la rappeler à vie. Les alliés, au contraire, avertis par la bataille de Jemmapes, la prise de Mayence, la conquête de la Savoie et de la Belgique, de tout ce qu'ils ont à redouter, multiplient leurs préparatifs. De toutes les parties de la monarchie autrichienne des corps affluent vers le Rhin: une colonne s'approche par la Franconie de Cologne, Mais c'est déjà trop anticiper sur des événepour renforcer l'armée des Pays-Bas; une autrements qui appartiennent à la campagne de 1793; va joindre les Prussiens sous Mayence, pour arracher à l'ennemi ce boulevard de l'Empire: une troisième dirigée sur le Necker, doit couvrir la Souabe, et se préparer même à envahir l'Alsace.

De toutes parts la trompette guerrière appelle l'Europe aux combats; c'est une nouvelle croisade dont on suppose les instruments aussi attachés à la cause qu'ils combattent qu'à celle qu'ils servent, et on fonde toujours sur des abstractions fausses l'espoir qu'ils sacrifieront leurs devoirs à l'amour de doctrines incertaines. Déjà tout se met en marche des rives du Weser à celles du Danube, et de l'Elbe à celle du Rhin, que la France est encore dans la torpeur; cependant elle se réveillera bientôt; et si, au début de la campagne elle se trouve prévenue par ses ennemis, ses forces se multipliant par le danger, nous la verrons terrible et formidable au moment où les plus habiles publicistes la supposaient anéantie.

il est enfin temps de passer au récit des opérations de cette campagne si fertile en événements, et de laquelle date en quelque sorte l'ère politique où nous vivons.

PIÈCES JUSTIFICATIVES

DES LIVRES II ET III.

1792.

N° 1.

par le soin d'une légitime défense, est essentiellement injuste; et de s'unir particulièrement aux

Note adressée à Lord Grenville, par M. Chauvelin, dispositions de S. M. Britannique pour la tran

du 19 juin 1792.

Le soussigné, ministre plénipotentiaire de S.M. le roi des Français, a fait parvenir à S. M. la note officielle que lord Grenville lui a adressée le 24 mai dernier, de la part de S. M. Britannique, en réponse à celle qu'il avait eu l'honneur de lui remettre, le 15 de ce même mois; ainsi que la proclamation royale, publiée en conséquence. Il a reçu l'ordre de présenter à S. M. Britannique le témoignage de la sensibilité du roi aux dispositions amicales et aux sentiments d'humanité, de justice et de paix, si bien manifestés dans cette réponse.

Le roi des Français en a recueilli avec soin toutes les expressions. Il se plaît en conséquence à donner de nouveau, au roi de la Grande-Bretagne, l'assurance formelle que tout ce qui peut intéresser les droits de S. M. Britannique, continuera à être l'objet de son attention la plus particulière et la plus scrupuleuse.

Il s'empresse en même temps de lui déclarer, conformément au désir énoncé dans cette réponse, que les droits de tous les alliés de la Grande-Bretagne qui n'auront point provoqué la France par des démarches hostiles, seront, par lui, non moins religieusement respectés.

En faisant, ou plutôt en renouvelant cette déclaration, le roi des Français jouit de la double satisfaction d'exprimer le vœu d'un peuple, aux yeux de qui toute guerre qui n'est point nécessitée

TOME I.

quillité de l'Europe, qui ne serait jamais troublée, si la France et l'Angleterre s'unissaient pour la maintenir.

Mais cette déclaration du roi et les dispositions de Sa Majesté Britannique l'autorisent à espérer qu'elle se portera aussi avec empressement à employer ses bons offices auprès de ces mêmes alliés, pour les détourner d'accorder aux ennemis de la France, directement ou indirectement, aucune assistance; et pour leur inspirer, relativement à ses droits, c'est-à-dire, à son indépendance, les égards que la France est prête à manifester en toute occasion pour les droits de toutes les puissances qui demeureront envers elle dans les termes d'une stricte neutralité.

Les mouvements que s'est donnés le cabinet de Vienne auprès de diverses puissances, et principalement auprès des alliés de S. M. Britannique, pour les engager dans une querelle qui leur est étrangère, sont connus de toute l'Europe. Si l'on en croit même le bruit public, ses succès auprès de la cour de Berlin lui en préparent de nouveaux auprès des Provinces-Unies. Les menaces employées auprès de divers membres du corps germanique, pour les faire sortir de cette sage neutralité, que leur situation politique et leurs intérêts les plus chers leurs prescrivent, les arrangements pris avec divers souverains d'Italie, pour les déterminer à agir hostilement contre la France; et enfin, les intrigues qui viennent d'armer la Russie contre la

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constitution de la Pologne : tout annonce de nou- | de ses alliés et Sa Majesté a cru que, dans les

veaux indices d'une vaste conjuration contre les États libres, qui semble vouloir précipiter l'Europe dans une guerre universelle.

Les conséquences d'un tel complot, formé du concours de puissances si longtemps rivales, sont aisément senties par S. M. Britannique. L'équilibre de l'Europe, l'indépendance de divers États, la paix générale ; tout ce qui, dans tous les temps, a fixé l'attention du gouvernement anglais, se trouve à la fois compromis et menacé.

Le roi des Français présente ces graves et importantes considérations à la sollicitude et à l'amitié de S. M. Britannique. Vivement pénétré des marques d'intérêt et d'affection qu'il en a reçues, il l'invite à chercher dans sa sagesse, dans sa position et dans son influence, les moyens compatibles avec l'indépendance de la nation française, d'arrêter, tandis qu'il est temps encore, les progrès de cette ligne qui menace également la paix, la liberté, le bonheur de l'Europe, et de détourner surtout de toute accession à ce projet, ceux de ses alliés qu'on pourrait vouloir y entraîner, ou que même on serait parvenu à y entraîner déjà par la crainte, la séduction, et les divers prétextes de la plus fausse comme de la plus odieuse politique.

Réponse adressée par Lord Grenville à M. Chauvelin.

Whitehall, le 8 juillet 1792.

Le soussigné, secrétaire du roi, a eu l'honneur de mettre sous les yeux de Sa Majesté la note que M. Chauvelin lui a adressée le 18 juin.

Le roi reçoit toujours avec la même sensibilité, de la part de S. M. Très-Chrétienne, les assurances de son amitié et de ses dispositions pour le maintien de cette heureuse harmonie qui subsiste entre les deux empires. Sa Majesté ne refusera jamais de concourir à la conservation ou au rétablissement de la paix en Europe, par des moyens propres à produire cet effet, et compatibles avec sa dignité et avec les principes qui dirigent sa conduite. Mais les sentiments qui l'ont déterminée à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la France, doivent également la porter à respecter les droits et l'indépendance des autres souverains, et surtout

circonstances actuelles de la guerre déjà commencée, l'intervention de ses conseils et de ses bons offices ne pourrait être utile, à moins que d'être désirée par toutes les parties.

Il ne reste donc au soussigné que de réitérer à M. Chauvelin l'assurance des vœux que Sa Majesté forme pour le retour de la tranquillité, de l'intérêt qu'elle prendra toujours au bonheur de S. M. TrèsChrétienne, et du prix qu'elle attache à son amitié et à la confiance qu'elle lui a témoignée.

No 2.

Rapport de Chambonas, ministre des affaires étrangères, à l'assemblée nationale.

On a dû prévoir dès l'origine de la révolution française, qu'elle nous attirerait de nombreux et puissants ennemis : au dedans, ceux dont le nouveau régime contrariait les intérêts, les passions, les préjugés : au dehors, des princes qui en redoutaient les effets pour leur autorité arbitraire; ou qui, voulant profiter de nos troubles et de nos divisions, les ont prolongés par des vues d'agrandissement. A cette époque, presque toutes les chances nous étaient favorables : la Russie, livrée aux embarras d'une double guerre contre la Suède et la Turquie : l'Autriche, épuisée par trois campagnes brillantes mais ruineuses; occupée au Levant à conquérir des déserts qu'elle devait restituer ensuite; occupée à l'Occident à regagner de riches provinces soulevées; et menacée plus ou moins de mouvements populaires et d'insurrection dans les différentes parties de ses vastes domaines : la Prusse, qui avait sourdement préparé à sa rivale tous ces embarras, n'attendant plus que l'occasion de se déclarer ouvertement pour lui porter le dernier coup: l'Angleterre et l'Espagne sur le point de se faire une guerre acharnée pour de misérables factoreries pour de petits intérêts mercantiles : toute l'Europe enfin, travaillée dans tous les sens, soit par l'ambition des principales puissances, soit par le mécontentement général des peuples, en qui l'exemple des Français avait réveillé le sentiment de leurs droits et de leurs forces: telle était la situation po

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