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La ville de Bruxelles a encore beaucoup à faire, el toutes les villes, toutes les localités ont toujours beaucoup à faire pour améliorer l'hygiène publique. Ainsi, on a parlé avec raison de la quantité d'eau, de la nécessité de l'avoir toujours assez grande; les Romains avaient reconnu cette nécessité aussi bien que nous, comme le témoignent les aqueducs monumentaux qu'ils ont laissés.

Plus une localité a d'eau, plus la santé des habitants est satisfaisante, et il faut tâcher d'en distribuer le plus possible. Mais la ville de Bruxelles a reconnu cette nécessité et elle ne demande pas mieux que d'augmenter son volume d'eau. On a déjà exécuté des travaux dans ce but, et quand on découvrira les moyens d'augmenter eucore ce volume d'eau, je suis certain que l'administration communale accueillera de la manière la plus favorable les propositions qui lui seront faites. Car l'administration communale de Bruxelles fait beaucoup pour la salubrité publique. Je crois qu'il est peu d'administrations en Belgique et même à l'étranger, qui s'occupent de ces questions autant que l'administration de la ville de Bruxelles, et les institutions qu'elle a organisées témoignent de sa sollicitude.

Nous possédons en effet une Commission médicale, un Comité de salubrité publique, un service de la statistique médicale, un service de la prostitution. Si vous mettez ces institutions en regard de ce qui se fait ailleurs, vous devrez reconnaître que l'administration communale de Bruxelles est une de celles qui font le plus pour la santé publique.

gent.

M. le Président : Ce qui lui manque, c'est de l'ar

M. Janssens : J'ai demandé la parole pour faire connaitre à l'Académie que les délégués de la ville de Bruxelles n'ont pas attendu la proposition de M. Craninx

pour formuler le vœu contenu dans la proposition sur laquelle M. Tallois vient de faire rapport.

La Commission d'enquête instituée par la ville de Bruxelles pour rechercher les causes de l'épidémie typhoïde de 1869, s'est divisée en trois sections (statistique, médecine, travaux publics). Chacune d'elles a été chargée d'élaborer un rapport. Deux de ces rapports ont été déposés et imprimés, celui de la section de médecine et celui de la section de statistique. Nous espérons recevoir bientôt celui de la section des travaux publics.

En attendant que l'Académie soit officiellement saisie de l'œuvre collective de cette Commission d'enquête, ce qui ne peut tarder, je crois opportun, Messieurs, de vous donner lecture de quelques-unes des conclusions qui terminent le rapport de la section de médecine.

« Quelles sont les mesures d'hygiène publique qui paraissent devoir être spécialement recommandées ?

Ce sont les suivantes: 1° Travaux publics construits en vue d'amener dans la ville une quantité plutôt surabondante d'eaux urbaines destinées à laver constamment l'intérieur des égouts et à les débarrasser des matières putrescibles, comme aussi à faciliter les libres et rapides écoulements et enlèvements des matières organiques loin de la cité : tels que vasles bassins ou réservoirs d'eau, situés dans les points culminants de la ville, afin d'avoir une grande puissance de chasse, à l'instar de ce qui existe dans quelques grandes villes populeuses du midi de la France, à Montpellier, par exemple; multiplication des bornes-fontaines dans les rues; tunnels collecteurs reliés à un système d'égouts répondant à toutes les exigences de la spécialité, tant par leur construction, leur bonne distribution, la disposition de leurs regards, que par la surveillance dont ils devront être l'objet.

2o Entretien parfait de la voirie et arrosages fréquents des rues, en été, au moyen d'eaux vives ou tenant en dissolution des sels désinfectants. »

- M. Craninx: Il faut seulement faire tout cela.

M. le Président : Avec quoi ?

M. Warlomont: Que l'Académie demande que le Gouvernement vienne au secours de la ville.

-M. Janssens: Veuillez remarquer, Messieurs, que le rapport de la section de médecine dont je viens de vous lire un extrait a été officiellement présenté à l'Administration communale dès le 1er avril 1870.

- M. Craninx: Auriez-vous la bonté de nous lire le final de votre rapport statistique, à propos du choléra. Il y a là quelque chose que j'ai lu et qui regarde la ville de Bruxelles. M. Janssens : J'y consens bien volontiers.

<< La comparaison de la mortalité cholérique à Paris et à Bruxelles montre qu'ici elle a, en dernier lieu, augmenté considérablement, tandis que là elle a constamment diminué. En voici, du reste, les chiffres, qui représentent le nombre de décès par mille habitants :

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Quelle conclusion peut-on légitimement tirer de ces chiffres comparés?

M. Craninx: Donc, la ville de Bruxelles n'était pas salubre.

- M. Janssens: La section de statistique a reconnu la portée de ce fait qu'elle a cru devoir signaler, précisément

afin de prouver combien il était urgent de pourvoir à l'assainissement de la Senne; or, ce travail gigantesque se poursuit activement et nous avons tout lieu d'espérer que la transformation radicale du vieux Bruxelles sera bientôt accomplie.

Je me permettrai toutefois une simple observation à propos de la citation invoquée par l'honorable M. Craninx: c'est que la seule mesure hygiénique qu'il préconise, l'augmentation du volume des eaux dans les égouts, n'aurait pas suffi pour empêcher les ravages du choléra en 1866, puisque cette épidémie meurtrière a sévi pendant un été humide et pluvieux: des ondées fréquentes et considérables ont dû laver les égouts. Donc, une distribution d'eau plus abondante à cette époque n'aurait probablement pas prévenu ou restreint les ravages du choléra.

M. Craninx : Prétendez-vous que Bruxelles a suffisamment d'eau?

M. le Président : Dites donc à nos députés des provinces qu'ils nous donnent un peu d'argent pour faire des travaux utiles dans la capitale.

-

- M. Warlomont: Qu'on ait le courage de dire : nous avons besoin d'argent.

--

M. le Président : Nous l'avons dit cent fois.

M. Janssens: Bien loin de subsidier Bruxelles, on vient encore de tarir une source importante de ses revenus. M. le Président : La ville de Bruxelles est traitée, au point de vue des dépenses budgétaires, comme toutes les autres communes. Elle n'a, comme capitale, rien de plus à espérer de la législature, que la moindre commune du royaume.

-M. Janssens: Messieurs, puisque j'ai la parole, j'en profiterai pour répondre aussi à une allégation qui s'est produite dans la dernière séance.

Un de nos collègues de Bruxelles, s'armant de l'autorité

d'un journal politique anglais très-accrédité, a prétendu que la mortalité de Bruxelles était plus forte que celle de Bombay. Le mot a fait sensation et a trouvé de l'écho dans les journaux politiques.

Or, Messieurs, je crois ne pas me tromper en supposant que beaucoup d'entre vous ignoraient comme moi les conditions sanitaires réelles de la ville de Bombay. Désirant m'instruire à cet égard, j'ai consulté les dictionnaires géographiques qui m'ont appris que Bombay est une ville entourée de marécages et malsaine au point qu'on l'a surnommée le tombeau des Européens. Non content de ce renseignement, trop vague pour être accepté par un statisticien exigeant, j'ai ensuite fait des recherches dans la collection du Weekly return (ou bulletin hebdomadaire), publié à Londres par les soins du savant docteur W. Farr, et d'où le Times extrait périodiquement les renseignements auxquels M. Gluge a fait allusion dans la dernière séance. J'y ai dépouillé attentivement les données numériques se rapportant aux décès constatés à Bombay non pas pendant une seule semaine, ainsi que l'a fait M. Gluge, mais bien pendant toute la période écoulée depuis la première semaine de l'année courante jusqu'à ce jour et, à mon grand étonnement, je me suis assuré que ce chef-lieu des Indes anglaises donne une mortalité de beaucoup inférieure non-seulement à celle de Bruxelles, mais encore à celles de la plupart des villes européennes qui passent pour très-saines. Louvain aussi est plus insalubre que Bombay, s'il faut en croire la statistique anglaise, puisque cette dernière ville ne donne qu'une mortalité de 20 décès sur 1000 habitants, ou 2 %, tandis que Louvain donne une proportion de 30 décès par 1000 habitants, ou 3%. Ce dernier chiffre est officiel et extrait des documents statistiques publiés par le gouvernement belge.

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