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graves, de faire abstraction de ses opinions, pour se livrer à une étude sérieuse des moyens thérapeutiques que la science a enregistrés et qui ont été consacrés par l'expérience des siècles j'en reviens toujours à mon ancien adage qui est celui des vrais observateurs, naturam morborum ostendit curatio.

Vous connaissez tous, Messieurs, les belles expériences de Vierordt sur la diffusion et l'absorption des gaz; elles nous apprennent que quand l'air renfermé dans les poumons contient une trop forte proportion d'acide carbonique, celui qui est renfermé dans le sang ne peut plus être expulsé, et qu'il en résulte des altérations du sang, qui peuvent donner une explication suffisante des graves dangers qui sont la suite de l'angine diphtheritique en admettant même qu'il n'y ait pas d'asphyxie brusque et immédiate, l'acide carbonique qui se trouve dans le sang l'empoisonne au point de déterminer d'autres maladies, telles que des maladies cérébrales, des assoupissements profonds, etc., etc.

Il importe de se pénétrer de l'idée que le sang commence à se charger d'acide carbonique, non-seulement au moment où le malade commence à éprouver des accès redoutables de suffocation, mais un certain temps avant. La colonne d'air qui passe par le larynx, quoique suffisante pour maintenir l'état de vie, ne l'est pas assez pour maintenir le sang dans son état de pureté normale. Il est facile de reconnaître le fait aux symptômes de turgescence de la face et de congestion cérébrale qui se produisent sous l'influence de la prédominance de l'acide carbonique dans le sang.

Il ne faut attacher, suivant moi, qu'une importance relative à la nature de la diphthérite; j'ai vu des cas d'entérite avec expulsion des fausses membranes et les malades guérissaient avec facilité. La gravité de l'angine diphthéritique résulte de l'oblitération du larynx et de l'obstacle qui est apporté au cours

de l'air. Guidé par l'observation, nous ne pouvons admettre comme moyen logique de traiter le croup que ceux qui ont pour objet de rétablir le cours de l'air complet.

Si nous avons rappelé les succès obtenus par les vomitifs dans les cas où ils amènent l'expulsion des fausses membranes, nous ne voulons pas dire par là que c'est aux vomitifs seuls qu'il faut recourir pour obtenir la guérison du croup : nous avons voulu établir le principe qui est d'enlever l'obstacle qui entrave la respiration.

Il existe un moyen bien plus sûr de rétablir le cours de l'air dans les voies aériennes que les vomitifs, c'est la tracheotomie.. Toutes les inflammations, qu'elles soient simples ou spécifiques, ont un cours dont il est difficile d'abréger la durée. Il est peutêtre de la nature de la diphthérite de se prolonger quatorze jours. Or, dans ce laps de temps, le malade, en raison du siége spécial de l'affection, doit périr par asphyxie avant que la maladie ne soit guérie. Il est facile, en cette occurrence, de concevoir combien les remèdes internes, les sangsues, etc., offrent peu d'utilité. Ces moyens sont insuffisants pour arracher à la mort les victimes de cette affreuse maladie.

Il importe de bien se pénétrer des insuccès des remèdes habituellement employés dans la laryngite pseudo-membraneuse : la tracheotomie employée en temps opportun et non pas trop tard, c'est-à-dire quand les organes essentiels à la vie sont déjà profondément lésés, offre certaines chances de réussite. Trousseau l'a parfaitement démontré, et aujourd'hui beaucoup de médecins qui ont été témoins de ses succès n'hésitent pas à l'employer avant que la maladie ne soit arrivée in extremis.

Si, comme on a tout lieu de le croire, d'après les faits recueillis par Trousseau et par d'autres médecins, la trachéotomie employée déjà assez tard, a donné un nombre de succès aussi considérable que ceux qui sont consignés dans leurs

travaux, on peut espérer que, perfectionnée encore et mieux adaptée, cette opération pourra sauver un plus grand nombre de malades.

M. le Président : Il n'y a plus d'orateur inscrit.

M. Graux : Je ne m'attendais pas à voir reprendre aujour'hui la discussion sur l'angine couenneuse, et je ne me suis pas préparé. Je désire vous soumettre mes idées sur la diphtherite et je demande par conséquent que cette discussion soit continuée à une prochaine séance.

-La proposition de M. Graux est adoptée.

5. SUITE DE LA DISCUSSION du rapport de la Commission qui a été chargée de l'examen du travail de M. GALLEZ, intitulé : Du rétrécissement végétant ou polypeux du canal de l'urèthre considéré chez l'homme et chez la femme, avec une note sur le rétrécissement varigueux du même organe M. SOUPART, rapporteur (1).

Les conclusions du rapport sont formulées de la manière suivante: « Dépôt du travail aux archives; remerciments à

son auteur. »

M. Soupart obtient la parole et à la suite de son discours, M. Thiernesse propose d'imprimer le mémoire de M. Gallez, dans le Bulletin.

M. le rapporteur déclare qu'aux yeux de la Commission, il y a une observation très-intéressante dans le mémoire de M. Gallez et que l'autre partie du travail est une monographie. La Commission, ajoute M. le rapporteur, avait été d'abord d'avis de proposer l'impression de l'observation seule et de déposer la partie monographique aux archives, parce qu'elle ne pensait pas qu'il convienne à une Académie d'imprimer ce genre de travaux.

(1) Voir Bulletin, t. 1, 3e série, p. 922 et t. V, p. 83.

Après un débat, soulevé à ce sujet, et auquel prennent part MM. Thiry, Soupart, Thiernesse, Borlée, Kuborn et Fossion, la proposition de M. Thiernesse, à laquelle s'est rallié M. Soupart, est adoptée.

La conclusion, tendant à adresser des remerciments à M. Gallez, est admise.

M. le Président : M. Thiry a proposé de reprendre après l'impression du mémoire de M. Gallez, la discussion sur la question du rétrécissement du canal de l'urèthre. Je mets cette proposition aux voix.

Cette proposition est adoptée.

- M. Thiry: demande l'ajournement du 4° de l'ordre du jour discussion sur la pyohémie et sur les moyen de l'empêcher.

Cette proposition est adoptée.

6. DISCUSSION de la note de M. BONNEWYN sur la picrotoxine et du rapport de la Commission qui a été chargée de l'examen de la communication de M. BLAS, relative à la recherche de la picrotoxíne dans la bière. M. DE PAIRE, rapporteur (1).

-

- M. Bonnewyn: Messieurs, après que j'eus donné lecture de mon travail sur la picrotoxine, dans la séance de l'Académie du mois d'octobre 1869, M. Depaire nous disait : Il est extrêmement important de savoir si l'on doit se borner à des réactions chimiques pour constater la présence de la picrotoxine dans la bière, ou si l'on doit accompagner ces réactions chimiques d'expériences physiologiques. C'est un point fondamental qui mérite toute l'attention de l'Académie.

(1) Voir Bulletin, t. III, 3a série, pp. 837 et 1232.

Qu'il me soit permis, Messieurs, à ce propos de présenter quelques observations. Je demanderai d'abord pourquoi M. Depaire n'a point fait figurer cette déclaration dans son rapport du 28 novembre 1868. C'était là sa véritable place, puisque, comme il le fait remarquer lui-même, ce point est tout-à-fait fondamental et sollicite l'attention spéciale de l'Académie.

Tenons bien pour certain, Messieurs, comme je le déclarais. dans une de nos séances antérieures, que l'expérience physiologique proposée par notre honorable collègue sur les poissons est insuffisante, incertaine et n'a rien de spécial pour la picrotoxine, puisqu'elle peut s'appliquer non-seulement à cette dernière, mais encore à d'autres substances vénéneuses enivrantes, glucosides et alcaloïdes, qu'on rencontre parfois dans la bière.

Ce fait est tellement exact que mon confrère l'a affirmé comme moi sans aucune équivoque.

Dans un passage de son rapport du 28 octobre 1868, il regarde cette expérience physiologique comme défectueuse, incomplète et ne présentant aucun caractère spécial pour la picrotoxine, puisqu'elle ne peut démontrer que l'on a affaire à la picrotoxine ou à toute autre substance vénéneuse.

En effet, après avoir décrit son expérience faite avec deux poissons du même poids placés chacun dans un vase de la même grandeur, etc., il dit...... Lorsque les choses se passent comme nous venons de le dire, il ne peut rester de doute sur l'existence dans la bière d'une substance ayant les propriétés physiques, etc., de la picrotoxine ou tout au moins d'une substance vénéneuse étrangère à la bière de bonne qualité, puisque celle-ci ne présente rien de pareil. »

Après une semblable déclaration de la part de notre confrère, était-il logique de se demander comme il l'a fait : doit-on re

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