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1.

II.

III.

IV.

V.

Contenues dans ce

SIXIE'ME VOLUME.

L

A Princeffe de Cleves, IV. Partie,

pag. 1.

Le Prince de Condé, Nouvelle Hifto-
rique, par ED ME BOURSAULT. 48.
Le Bélier, Conte, par ANTOINE
COMTE D'HAMILTON.

140.

Histoire de Fleur-d'Epine, Conte, par le même.

261.

Eléonore d'Yvrée, ou les Malheurs de l'Amour, par Mlle. BERNARD, Auteur du Comte d'Amboife. 351.

VI. Avanture Extraordinaire,traduite de

l'Espagnol.

VII. Epître aux Dieux Pénates.

VIII. L'Amour puni & juftifié.

393.

409.

417.

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LA

PRINCESSE

DE

CLEVE S.

QUATRIEME PARTIE

L

E Cardinal de Lorraine s'étoit rendu maître abfolu de l'efprit de la Reinemere. Le Vidame de Chartres n'avoit plus aucune part dans fes bonnes graces; & l'amour qu'il avoit pour Ma dame de Martigues, & pour la liberté, l'avoit même empêché de fentir cette perte, autant qu'elle méritoit d'être fentie. Ce Cardinal, pendant les dix jours de la maladie du Roi, avoit eu le loifir de former fes deffeins, & de faire prendre à la Reine des réfolutions conformes à ce qu'il avoit projetté; de forte que fl-tôt que le Roi fut mort, la Reine ordonna au Connétable de demeurer aux Tournelles auprès du corps du feu Roi, pour faire les Cérémonies ordinaires. Cette Commif. fion l'éloignoit de tout, & lui ôtoit la liberté d'agir. Il envoya un Courier au Roi de Navarre pour le faire venir en diligence, afin de s'oppofer Tome VI. ensemble

enfemble à la grande élevation où il voyoit que Meffieurs de Guise alloient parvenir. On donna le Commandement des Armées au Duc de Guife, & les Finances au Cardinal de Lorraine, La Ducheffe de Valentinois fut chaffée de la Cour; on fit revenir le Cardinal de Tournon, ennemi déclaré du Connétable, & le Chancelier Olivier, ennemi déclaré de la Ducheffe de Valentinois: enfin la Cour changea entiérement de face. Le Duc de Guise prit le même rang que les Princes du Sang, à porter le Manteau du Roi aux Cérémonies des Funérailles. Lui & fes freres furent entiérement les maîtres, non feulement par le crédit du Cardinal fur l'efprit de la Reine, mais parce que cette Princeffe crut qu'elle pourroit les éloigner s'ils lui donnoient de l'ombrage, & qu'elle ne pourroit éloigner le Connétable, qui étoit appuyé des Princes du Sang.

Lorfque les cérémonies du deuil furent achevées, le Connétable vint au Louvre, & fut reçu du Roi avec beaucoup de froideur. Il voulut lui parler en particulier, mais le Roi appella Meffieurs de Guife, & lui dit devant eux, qu'il lui confeilloit de fe repofer; que les Finances, & le Commandement des Armées étoient donnés; & que, lorfqu'il auroit befoin de fes confeils, il l'appelleroit auprès de fa perfonne. Il fut reçu de la Reine-mere encore plus froidement que du Roi, & elle lui fit même des reproches de ce qu'il avoit dit au feu Roi, que fes enfans ne lui ref fembloient point. Le Roi de Navarre arriva, & ne fut pas mieux reçu. Le Prince de Condé, moins endurant que fon frere, fe plaignit hautement; fes plaintes furent inutiles, on l'éloigna de la Cour fous prétexte de l'envoyer en Flandres figner la ratification de la Paix. On fit voir au Roi de Navarre une fauffe Lettre du Roi d'Efpagne, qui l'ac cufoit de faire des entreprises fur fes Places; on

lui fit craindre pour fes terres; enfin, on lui inf pira le deffein de s'en aller en Béarn. La Reine lui en fournit un moyen, en lui donnant la conduite de Madame Elifabeth, & l'obligea même à partir avant cette Princeffe; & ainfi il ne demeura perfonne à la Cour qui pût balancer le pouvoir de la Maifon de Guife.

Quoique ce fût une chofe fâcheufe pour Monfieur de Cleves de ne pas conduire Madame Elifa. beth, néanmoins il ne put s'en plaindre par la grandeur de celui qu'on lui préféroit; mais il regrettoit moins cet emploi par l'honneur qu'il en eût reçu, que parce que c'étoit une chofe qui éloignoit fa femme de la Cour, fans qu'il parût qu'il eût deffein de l'en éloigner.

Peu de jours après la mort du Roi, on réfolut d'aller à Reims pour le Sacre. Si-tôt qu'on parla de ce voyage, Madame de Cleves, qui avoit toujours demeuré chez elle, feignant d'être malade, pria fon mari de trouver bon qu'elle ne fuivît point la Cour, & qu'elle s'en allât à Colomiers prendre l'air & fonger à fa fanté. Il lui répondit qu'il ne vouloit point pénétrer fi c'étoit la raifon de fa fanté qui l'obligeoit à ne pas faire le voyage, mais qu'il confentoit qu'elle ne le fit point. Il n'eut pas de peine à confentir à une chofe qu'il avoit déjà résolue: quelque bonne opinion qu'il eût de la vertu de fa femme, il voyoit bien que la prudence ne vouloit pas qu'il l'expofât plus long-tems à la vue d'un homme qu'elle aimoit.

Monfieur de Nemours fçut bien-tôt que Madame de Cleves ne devoit pas fuivre la Cour; il ne put fe réfoudre à partir fans la voir, & la veille du départ il alla chez elle auffi tard que la bienséance pouvoit le permettre, afin de la trouver feule. La fortune favorifa fon intention. Comme il entra dans la cour, il trouva Madame de Nevers & Madame de Martigues qui en fortoient, & qui lui A 2

dirent

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