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L'AMOUR SECONDE PAR LE CAPRICE. 423
Chantez pour vaincre une Volage,
Berger; vous chanterez en vain.
Preffez, preffez un Cœur fauvage:
L'Amant chantant trace l'ouvrage;
L'Amant preffant le met à fin.

L'AMOUR SECONDE'

PAR LE CAPRICE.

FA BL E.

UN Chroniqueur dit, que jadis les Belles

N'étoient qu'orgueil, que mépris, que rigueurs.
Or maintenant plus douces font les mœurs.
Lors il falloit des ardeurs éternelles
Pour les toucher; toutes étoient cruelles.
Si qu'une IRI's n'auroit à fon Amant
Ofé donner un baifer feulement,
Sans un arrêt de la Cour de CITHERE.
Voyez combien AMOUR avoit à faire!
Qu'arriva-t-il? Droit au Ciel il vola.

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Pere des Dieux, dit-il, tenez, voilà

Mon arc, mes traits; trop rude eft l'exercice: ,, Je ne puis feul les Amans gouverner."

A ce propos, JUPIN de lui donner

Un Lieutenant. Qui fut-ce? Le CAPRICE,

Dont

424

PORTRAIT DE L'AMO UK.
Dont bien nous prit. Le Sexe, dès ce jour,
Perdit fierté, fcrupule, humeur févere.
Il n'eft Amant fi peu digne de plaire,

Qui n'ait pour foi le CAPRICE OU L'AMOUR.

PORTRAIT DE L'AMOUR.

Certain Enfant qu'avec crainte on careffe,

Et qu'on connoît à fon malin fouris, Court en tous lieux précédé par les ris; Mais bien fouvent fuivi par la trifteffe, Dans les cœurs des humains il entre avec foupleffe, Habite avec fierté, s'envole avec mépris. Il est un autre Amour, Fils craintif de l'Eftime, Soumis dans fes chagrins, conftant dans fes deffeins, Que la vertu foutient, que la candeur anime. Qui réfifte aux rigueurs, & croît par les plaifirs. De cet Amour le flambeau peut paroître Moins éclatant; mais fes feux font plus doux. C'est le feul Dieu que mon cœur veut pour maître, Et je ne veux le fervir que pour vous.

LE

DETROMPE

DU

MONDE..

N'Espérons plus, mon Ame, aux promesses du

Monde;

Sa lumiere eft un verre, & fa faveur une onde,
Que toujours quelque vent empêche de calmer.
Quittons ces vanités, laffons-nous de les fuivre.
C'est Dieu qui nous fait vivre;
C'eft Dieu qu'il faut aimer.

En vain, pour fatisfaire à nos lâches envies, Nous paffons près des Rois tout le temps de nos

vies,

A fouffrir des mépris & plier les genoux.

Ce qu'ils peuvent, n'eft rien: ils font, comme nous fommes,

Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu l'efprit, ce n'eft plus que pouffiere, Que cette Majesté si pompeuse & si fiere,

Dont

426 LE COURTISAN DE'TROMPE', &c. Dont l'éclat orgueilleux étonnoit l'Univers; Et dans ces grands tombeaux où leurs ames hautaines

Font encore les vaines,

Ils font mangés des vers.

Là fe perdent ces noms de Maîtres de la Terre, D'Arbitres de la Paix, de Foudres de la Guerre. Comme ils n'ont plus de Sceptre, ils n'ont plus de Flatteurs ;

Et tombent avec eux, d'une chute commune, Tous ceux que leur Fortune

Faifoit leurs Serviteurs.

FIN.

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