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il eût pris l'armée prussienne en flanc, en flagrant délit, ct l'eût défaite. C'est étrangement s'abuser que de confondre une surprise avec un ordre constant de manoeuvres.

A la bataille de Hohenkirch, Daun, dirat-on, a manœuvré dans l'ordre oblique, puisque lorsqu'il a tiré le premier coup de fusil, il avait déja cerné toute la droite de l'armée prussienne; mais ce serait un étrange abus de mots. Il faut dire tout simplement que Daun a surpris l'armée du roi; ce que celui-ci a rendu possible par le mauvais camp qu'il a pris, et qu'il s'est obstiné à garder plusieurs jours. Une pareille faute ne devait jamais être faite depuis l'invention de la poudre.

La huitième bataille est celle de Kunnersdorf. Le roi, au commencement de la journée s'est trouvé perpendiculairement sur le flanc gauche de l'armée ennemie; il était donc plus que dans l'ordre oblique. Cette position n'était pas le résultat d'une manœuvre de champ de bataille, mais d'une marche qui avait été dérobée à l'ennemi derrière des bois et des marais. Le général russe, qui avait d'abord fait front du côté de Francfort, changea de position, et en prit une par laquelle il se trouva en potence sur l'armée prussienne; pour déboucher, des marais impraticables s'opposèrent

au dessein du roi. Il attaqua comme il se trouvait, obtint des succès sur la gauche russe qu'il surprit; mais ceux-ci ayant pris leur ordre de bataille sur leur centre, parallèlement à l'armée prussienne, ils obtinrent une victoire complète qui mit la Prusse à deux doigts de sa perte.

La neuvième bataille de cette guerre, celle de Liegnitz est une rencontre fortuite qui a sauvé Frédéric d'un danger où l'avaient engagé les plus fausses manœuvres.

La dixième bataille est celle de Torgau. Toutes les dispositions du roi y sont funestes, aussi mal conçues que mal exécutées. Si l'on jugeait Frédéric par sa conduite à cette bataille, on concevrait une faible idée de son talent. Ni à Liegnitz ni à Torgau, on ne voit rien de nouveau et aucune trace de ce fameux ordre oblique.

Le vieux Frédéric souriait sous cape aux parades de Potzdam, de l'engouement des jeunes officiers français, anglais, autrichiens, pour la manœuvre de l'ordre oblique, qui n'était propre qu'à faire la réputation de quelques adjudants-majors. Un examen approfondi des manoeuvres de cette guerre aurait dû éclairer ces officiers, et ce qui devait achever de faire évaporer leurs illusions, c'est que Frédéric n'a

jamais manœuvré que par lignes et par le flanc, jamais par des déploiements.

Il n'y a donc aucune de ces dix batailles qui ait un caractère particulier et nouveau. Le roi en a perdu plusieurs, pour avoir, de gaieté de cœur, fait des marches de flanc devant une armée en position. Son expérience à Kollin, à Zorndorf, celle du maréchal Lehwald à Jaegerndorf, du général Wedel à Kay, du prince de Soubise à Rosbach, en ont prouvé le danger.

Des militaires français, admirateurs de l'ordre oblique, parmi lesquels Guibert, ont poussé l'illusion jusqu'à prétendre que les détachements du duc Ferdinand à Creveld et à Wilhemsthal, sur les flancs de l'armée française, étaient des corollaires brillants de l'ordre oblique, au mépris de ce principe: Ne mettez entre les divers corps de votre ligne de bataille, aucun intervalle par où l'ennemi puisse pénétrer. Si la violation de ce principe lui a réussi, c'est que le comte de Clermont commandait les

Français.

TROISIÈME SECTION.

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L'EXPÉDITION

'EXPÉDITION d'Égypte avait trois buts: 1o établir « sur le Nil une colonie française qui pût prospérer << sans esclaves, et qui tînt lieu à la république de Saint-Domingue et de toutes les îles à sucre ; 2o ou« vrir un débouché à nos manufactures dans l'Afrique, « l'Arabie et la Syrie, et fournir à notre commerce << toutes les productions de ces vastes contrées; 3o partir de l'Égypte comme d'une place d'armes,

«

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pour porter une armée de 60,000 hommes sur l'Indus, soulever les Marattes et les peuples opprimés << de ces vastes contrées....

«

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(1)

(T. II, p. 214, et t. I, p. 63. Egypte.)

(1) La lettre qui suit, sous le no I, prouve que l'idée de l'Expédition d'Egypte venait du général Bonaparte; il en avait déja parlé au directoire, dans sa dépêche de Milan, du 29 thermidor an V (16 août 1797). Les deux autres, nos II et III, démontrent également que le gouvernement approuvait ce projet.

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