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connue, et il a trouvé des quantités d'arsenic comprises entre les limites énoncées plus haut.

Il résulte donc de ces expériences que le zinc, originaire de la mine de Corphalie, serait le plus pur de tous ceux qu'on trouve dans le commerce. M. Schaeuffele admet même, en raison de la très-petite quantité d'arsenic qu'il renferme, qu'il peut être employé dans les recherches médico-légales sans purification préalable, ce qui ne saurait avoir lieu sans danger avec le zinc de France, le plus arsénical de tous.

Dans la troisième partie de sa thèse, qui est consacrée à un sujet de physique, M. Schacuffele s'est occupé des radiations calorifiques et des analogies qu'elles présentent avec les radiations lumineuses.

C'est un vaste sujet qui a plus d'une fois exercé la sagacité des physiciens, depuis Mariotte, dont les premiers essais remontent à 1686, jusqu'à Melloni, dont les belles expériences datent de ces derniers temps.

M. Schaeuffele s'est appliqué à retracer le tableau fidèle des progrès qui se sont successivement accomplis dans cette partie si intéressante de la physique moderne. Il a montré tour à tour Scheele répétant les premiers essais de Mariotte, et Pictet réfutant, à l'aide de ses miroirs conjugués, les erreurs de Scheele; Boehn, et après lui l'illustre Herschell publiant les observations les plus curieuses sur l'existence dans le spectre solaire de rayons calorifiques tout à fait comparables aux rayons lumineux ; Wollaston confirmant les résultats d'Herschell, et Berard agrandissant encore le champ de ses observations par l'étude des rayons calorifiques émanés des corps chauds et obscurs. Il nous montre ensuite Leslie et Rumford établissant tous deux, à l'aide d'expériences multipliées et précises, les lois de la réflexion de la chaleur, et Forbes d'Édimbourg prouvant de la manière la plus concluante qu'elle se polarise comme la lumière. Il nous montre enfin Melloni franchissant seul une carrière toute nouvelle à l'aide d'un appareil dont l'invention lui est due, et qui joint au mérite d'une . extrême précision, celui d'une sensibilité jusqu'alors inconnue.

M. Schaeuffele n'a pas eu la prétention d'ajouter des faits nouveaux à ceux dont tant de physiciens célèbres avaient enrichi la science. Il a voulu seulement coordonner leurs travaux, et les soumettre à une discussion approfondie, de manière à faire ressortir les analogies et les différences que présentent entre elles les radiations calorifiques et les radiations lumineuses.

A cet égard, on peut dire qu'il a pleinement réussi. Il est impossible d'apporter plus de précision dans l'exposé d'un sujet d'ailleurs très-délicat et très-complexe. Le travail de M. Schaeuffele sur les radiations calorifiques restera comme une précieuse monographie, résumant avec autant de méthode que de clarté l'état actuel de la science sur cette intéressante question. (Ibidem.)

MÉMOIRE SUR L'ACIDE NITRIQUE; par M. H. SAINTE-CLAIRE DEVILLE. La plupart des efforts tentés jusqu'ici dans le but d'isoler l'acide nitrique anhydre ont porté sur cet acide lui-même qu'on a essayé de concentrer directement; mais l'insuccès de ces efforts et la facilité avec laquelle l'acide nitrique monohydraté se décompose spontanément, avaient en quelque sorte fait renoncer les chimistes à l'espoir de le dépouiller de son équivalent d'eau, en le mettant en contact avec les substances hygrométriques les plus actives. Un autre moyen s'offrait cependant pour obtenir l'acide nitrique anhydre, c'était de le dégager par quelque réaction connue de l'un de ses sels anhydres; mais l'existence de l'acide nitrique anhydre paraissant tout à fait improbable, personne n'avait songé à ce moyen, lorsque M. Deville fut accidentellement amené à en pressentir l'efficacité.

Le procédé qu'il emploie est fondé sur la décomposition d'un sel anhydre, le nitrate d'argent, par le chlore dans certaines conditions.

A la température ordinaire, le chlore n'agit pas sensiblement sur le nitrate d'argent; mais si l'on porte sa température à 95° pendant quelques instants, une vapeur d'un rouge intense se développe et continue à se former alors même qu'on a cessé de chauffer. Ce corps se détruit entièrement à 95°, mais sa production se continue à 50 ou 60 degrés seulement, une fois que la décomposition du nitrate d'argent sous l'influence du chlore a été commencée par l'application momentanée d'une température plus élevée.

Ce fait bien constaté, il ne restait plus qu'à disposer un appareil qui permit de se procurer de l'acide nitrique avec facilité et en quantité suffisante pour qu'on pùt l'étudier.

Cette opération est extrêmement délicate; en effet, 1o le corps que l'on recherche cesse d'exister à une température à peine supėrieure à celle qui est nécessaire pour le former; 2° sa production se fait avec une grande lenteur et il possède une grande tension, de sorte que si l'on emploie un ex

cès de chlore dans sa préparation, ce gaz emporte presque toute la vapeur d'acide; 3o par suite même de la facilité avec la quelle il se décompose, l'acide nitrique est toujours accompagné d'un acide liquide qui en dissout beaucoup et doit par conséquent être séparé aussitôt qu'il est condensé; 4o enfin l'acide nitrique attaque le caoutchouc avec une telle énergie que toutes les pièces de l'appareil doivent nécessairement être en verre et unies entre elles par des soudures à la lampe.

Le chlore destiné à opérer la décomposition du nitrate d'argent, est contenu dans un grand ballon de verre, à col étroit, et de 24 litres de capacité d'où il est chassé par un écoulement constant d'acide sulfurique; le ballon est en communication avec trois tubes en u consécutifs destinés à la purification et à une nouvelle dessiccation du chlore. Plus loin est disposé un quatrième tube en u plus large que le précédent, qui contient le nitrate d'argent sec et plonge dans un vase en cuivre plein d'eau, recouverte de quelques millimètres d'huile pour éviter l'évaporation, et chauffé au moyen d'une lampe à alcool munie d'un réservoir à niveau constant. Un cinquième tube en u beaucoup moins long que les précédents continue l'appareil. Ce tube est plongé dans un mélange réfrigérant et sert de condenseur; il est muni à sa partie la plus déelive d'un renflement ou petit réservoir dans lequel doivent se rendre les produits liquides de l'opération. Un autre tube qui fait suite aux précédents amène dans un appareil de Liebig, plein d'acide sulfurique, les gaz non condensés qui se rendent finalement dans une petite cuve remplie d'eau alcalisée destinée à retenir le chlore.

Lorsque l'appareil est ainsi disposé, on fait passer le chlore avec lenteur et l'on porte rapidement le bain d'eau à la température de 95°. L'appareil se remplit d'une vapeur rouge foncée, et on laisse tomber la température jusqu'à 55 ou 60 degrés où elle doit rester stationnaire. En même temps la température du condenseur doit être maintenue à 21°. On règle l'écoulement de l'acide sulfurique qui déplace le chlore de manière à obtenir une dépense de 2lit.,5 par vingt-quatre heures. On règle convenablement la hauteur de la mèche dans la lampe à alcool et on laisse marcher l'appareil, sans autre soin que d'entretenir le réfrigérant. Quand l'opération marche bien, tout le chlore est absorbé et l'on peut recueillir un volume d'oxygène sensiblement égal à la moitié du chlore dépensé. L'acide nitrique se dépose sous forme de cristaux d'une limpidité et d'une régularité parfaites, qui atteignent plus d'un centimètre

sur chaque dimension, et qui par leur éclat et leur transparence sont comparables aux plus beaux cristaux de quartz. L'opération terminée, on détache les ligatures qui unissent le système des deux derniers tubes en u avec le reste de l'appareil, et on fait écouler le liquide condensé dans le renflement du tube condenseur; on chasse ensuite toutes les vapeurs colorées au moyen d'un courant d'acide carbonique sec et pur. Pour recueillir l'acide nitrique, on adapte l'extrémité du tube qui le contient à une petite ampoule pesée, terminée à une extrémité par une pointe effilée et à l'autre par une espèce d'entonnoir. L'ampoule étant plongée dans un mélange réfrigérant à — 21°, on fait arriver dans l'appareil un nouveau courant d'acide carbonique qui transporte rapidement l'acide du condenseur dans l'ampoule refroidie où il se dépose en cristaux nets et brillants. Quand on le juge convenable, on ferme l'ampoule à son extrémité effilée et au milieu de la partie rétrécie de l'entonnoir, au moyen d'un dard de chalumeau.

Les cristaux d'acide nitrique sont des prismes droits à base rhombe ou en dérivant. Ces cristaux fondent entre 29 et 30 degrés, et le liquide entre en ébullition entre 45 et 50 degrés, en fournissant quelques vapeurs rouges qui indiquent une décomposition partielle.

L'acide nitrique anhydre doit être manié avec précaution. Sa décomposition s'effectue avec explosion; M. Deville pense que cette décomposition est spontanée et s'effectue avec le temps, dans quelques circonstances qu'il soit placé. L'eau se combine avec lui avec production de chaleur et sans dégagement de gaz.

Son analyse n'est pas sans difficulté ; M. Deville le décompose au moyen du cuivre métallique par le procédé ordinaire.

Les expériences qu'il a entreprises pour déterminer sa composition et sa capacité de saturation lui ont donné les nombres qui conviennent à l'acide nitrique anhydre, c'est-à-dire

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NOTE SUR L'INDUSTRIE DES SUCRES; par M. BARRESWILL. Etant données la canne ou la betterave, en retirer le plus économiquement la plus grande quantité du sucre de la plus belle qualité et du meilleur goût, tel est le problème dont la solution est maintenant à l'ordre du jour. Chacun apporte son contingent, l'un un procédé, l'autre une modification aux procédés existants. C'est un déluge de propositions. J'ai le projet d'analyser chacune d'elles; mais avant tout je vais en exposer l'ensemble, et pour me faire mieux comprendre, je vais les énoncer d'après un ordre méthodique, l'ordre de la fabrication.

La canne et la betterave recèlent un jus sucré; on brise la première, on råpe la seconde; et par la pression on isole le liquide aussi exactement que possible. Toutefois, une partie reste dans la bagasse de la canne, dans la pulpe de la betterave; ici elle sert à la nourriture des bestiaux, là elle est utilisée, agit comme combustible. Le parti qu'on en tire est-il le meilleur ? Des essais sont tentés qui diront si l'on a profit à extraire tout le sucre, soit en divisant mieux la canne, soit en lavant la pulpe de la betterave.

Le jus sucré n'est pas une simple dissolution du sucre dans l'eau : c'est une séve complexe dont le sucre est toutefois le principe dominant. Comme toutes les séves, elle renferme des matières organiques, azotées, communes aux plantes et aux animaux, des ferments, véritables ennemis du sucre qu'ils transforment rapidement en produits divers selon les circonstances (alcool, acide lactique, butyrique, etc.), et qui de plus se colorent à l'air, soit spontanément, soit par l'action combinée de l'air et du fer de l'ustensillage employé, comme une pomme se colore par le contact de la lame du couteau. Le premier soin est de mettre le sucre à l'abri des ravages de ces ferments.

M. Mege rappelle la méthode d'Achard; il recommande l'emploi de l'acide sulfurique qui donne un jus limpide et incolore, mais qui peut-être altère le sucre.

M. Melsens, suivant l'idée de Prout, préconise l'usage de l'acide sulfureux qui prévient toute coloration du jus, toute action du ferment, et permet d'obtenir du premier coup du sucre en pain sans raffinage, et peut-être de ramener les procédés de fabrication du sucre à la simplicité de ceux qu'on emploie pour l'extraction du sel. Ce système est des plus attrayants. Si l'emploi de l'acide sulfureux est sans danger pour le sucre, il aura l'avantage d'une immense économie; mais si le sucre doit être atteint par le réactif, il sera au plus limité

à ces pays où la fabrication est tellement arriérée qu'une partie notable du sucre étant perdue par le système actuel, on considère comme un avantage d'obtenir des produits aussi abondants, plus beaux, s'ils sont meilleurs avec moins de dépense.

Dans le système généralement suivi, on isole les ferments en les précipitant au moyen de la chaux qui les coagule et les entraîne. Ce moyen est bon: la chaux est un réactif à bon marché ; elle donne d'excellents résultats, mais elle présente un inconvénient : elle se dissout dans le sucre ; et comme il faut en mettre trop pour en mettre assez, l'excès qu'on emploie redissout une partie des ferments et le remède devient poison. Le sucre se colore et les sirops sont visqueux.

Les fabricants, pour la plupart, mettent le moins possible de chaux, et comptent sur le noir animal pour enlever le léger excès qu'ils maintiennent. Quelques-uns en emploient davantage et les neutralisent, ceux-ci par le sulfate d'alumine, ceux-là par le sulfate de zinc, le phosphate acide de chaux, etc.; d'autres par des réactifs insolubles, l'acide stéarique, la silice, l'acide pectique, l'acide humique.

M. Kuhlmann emploie l'acide carbonique, et ne craint pas de forcer la proportion de la chaux. M. Rousseau sature complétement de chaux la matière sucrée, de manière que le réactif ne porte plus sculement sur les substances à précipiter, mais encore sur le sucre lui-même en totalité, et comme M. Kuhlmann il sature l'excédant de chaux par l'acide carbonique.

Quelque procédé qu'on emploie, le sucre est plus ou moins débarrassé de ses ferments; le noir animal complète plus ou moins l'épuration. On évapore ou concentre la liqueur au point de la rendre cristallisable, et le refroidissement sépare le sucre à l'état de cristaux imprégnés d'un sirop d'autant plus visqueux et coloré qu'on a opéré sur des sucs moins épurés. Ce mélange de cristaux et de sirop est abandonné au repos dans des formes où les cristaux agglomérés sont, par l'égouttage, séparés du liquide; il peut également être placé dans des appareils à force centrifuge, grandes toupies d'Allemagne garnies de toiles métalliques et mises en mouvement avec une extrême vitesse. Cristaux et sirops sont projetés contre les parois : le sirop passe, le sucre reste retenu par la toile métallique. Le premier procédé est lent et opère en plusieurs semaines, le second ne demande que quelques minutes; mais lequel des deux donne le rendement le meilleur? C'est ce qu'on ne saurait dire encore: les avis sont partagés.

Les jus-sucrés donnent des premiers, des seconds, des troisièmes produits tercés, elairés ou passés à l'appareil centrifuge, cristallisés ou tapés en pain. Par des procédés divers, ils fournissent le plus possible de matière cristallisable; enfin ils laissent pour résidu un liquide visqueux, qui, après plusieurs mois de repos, fournit quel ques cristaux, puis refuse de cristalliser, empêché qu'il est par les corps étrangers qu'il renferme. C'est la mélasse. On fait un sirop de la mélasse de cannes, à l'usage de certains départements dans lesquels elle remplace le sucre en tous usages. On convertit en alcool la mélasse de betteraves, qui donne, en outre, pour produit ultime des sels de potasse.

MM. Dubrunfaut et Leplay tentent de retirer des mélasses le sucre cristallisable et de ne laisser plus comme résidu ou mélasse à distiller qu'un produit inerte, ne cristallisant plus, non pas parce qu'il est impur, mais parce qu'il ne contient plus de sucre cristallisable. Ils traitent la mélasse par le sulfure de baryum ou la baryte qui y produit en précipité un composé de sucre et de baryte peu soluble surtout à chaud, qu'ils lavent et dont ils retirent le sucre en isolant la baryte par un acide (sulfurique ou carbonique). Tels sont les procédés nouveaux qui s'adressent plus spécialement aux fabricants. Celui de M. Scoffen est surtout, au moins jusqu'ici, applicable au raffinage.

de

Les sucres de toutes provenances, toutes fabrications, sont livrés au raffinage; ils sont plus ou moins impurs. M. Scoffen les purifie par l'acétate de plomb basique qui ne précipite pas le sucre et isole les matières organiques qui s'opposent à l'évaporation du jus et à la cristallisation des sueres; mais les composés de plomb sont vénéneux et d'autant plus dangereux qu'ils sont sucrés, et qu'on ne peut être par la saveur averti de leur présence. M. Scoffen les isole d'une manière complète, du moins il l'assure et les premiers chimistes anglais l'attestent, il les isole par l'acide sulfureux.

Le procédé Scoffen peut être destructeur du sucre, mais il permet, dit-on, d'obtenir les produits les plus beaux des sucres dont on ne pouvait jusqu'ici tirer que des qualités inférieures.

Tous ces procédés ont leur importance; lous demandent à un égal degré l'attention des industriels. Je me réserve de les analyser un par un et d'indiquer pour chacun d'eux les chances de succès ou d'insuccès qu'ils présentent. Pour tous des expériences ont été faites en grand, qui ont toutes donné lieu à des rapports les plus favora

bles; pourtant quelques-uns sont définitivement condamnés, et quelques-uns sans doute le seront encore; l'expérience et la discussion des faits peuvent seules prononcer. Or l'expérience, en fabrication, n'est pas d'un jour ni même d'une saison, et la discussion des faits ne saurait être établie dans un article d'ensemble. (Ibidem.)

MÉTHODE D'ANALYSE SIMPLIFIÉE POUR RECONNAÎTRE LA QUANTITÉ DE CARBONAte de

CHAUX CONTENUE DANS LES AMENDEMENTS CAL

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CAIRES EMPLOYÉS EN AGRICULTURE; par M. ÉDOUARD GUÉRANGER. En agriculture, les analyses chimiques sont indispensables pour reconnaitre la proportion de chaux carbonatée contenue dans les amendements calcaires. Et pourtant, il faut bien l'avouer, rien n'est plus rare que de rencontrer des cultivateurs qui connaissent la composition chimique de la marne ou de la chaux qu'ils emploient. Quoique l'opération analytique pour obtenir ce résultat soit des plus simples, il parait néanmoins qu'elle se trouve encore trop compliquée pour les habitudes de personnes qui ont besoin d'en faire usage. Il est vrai qu'on pourrait recourir aux chimistes de la localité, mais on craint les déplacements et la dépense.

J'ai longtemps réfléchi à cet état de choses et cherché les moyens de diminuer encore les embarras du travail. Ce qui m'a toujours paru le plus difficile dans ce genre de manipulation, mis entre des mains peu exercées, ce sont les soins nécessaires pour recueillir la portion non attaquée par les acides, pour la laver convenablement et l'amener à un degré de dessiccation uniforme afin d'en prendre le poids. C'est donc pour simplifier ce point que je propose la méthode suivante :

Je pèse 20 grammes d'acide chlorhydrique du commerce, j'y ajoute 40 grammes d'eau ordinaire, et je sépare le mélange en deux portions bien égales de 30 grammes chacune, que je verse dans deux verres à boire. Dans le premier verre je mets 5 grammes de la marne à analyser, desséchée convenablement; dans le second un petit morceau de marbre blanc saccharoïde, dont le poids a été pris bien exactement après avoir été chauffé sur une pelle à feu ou en le passant pendant quelques instants dans la flamme d'une lampe à esprit-devin; ce poids doit être au moins de 10 grammes.

Quand l'effervescence est entièrement passée dans les deux verres, je retire le morceau de marbre, je le lave sous le robinet

d'une fontaine à laver; je l'essuie de nouveau et le sèche sur la pelle à feu ou dans la flamme d'alcool. Je fais une seconde pesée pour trouver le poids de la portion dissoute, ensuite je plonge ce marbre dans le verre qui contient la marne. L'effervescence recommence, et, quand elle a cessé entièrement, je retire le marbre, je le lave et le dessèche comme la première fois pour en prendre le poids.

Si le marbre a perdu dans le premier verre 5 gr. 10 et dans le second 1,70, je trouve que l'acide chlorhydrique de l'essai pouvant dissoudre 5,10 de carbonate de chaux, et ayant exigé après avoir agi sur la marne 1,70 du même carbonate pour compléter sa saturation, l'équivalent de la marne doit être représenté par cette formule:

8,10-1,70 =3,40 pour les 5 grammes de marne mis en expérience; ou pour 100, par cette autre formule: 102 34 68, d'où il résulte que la marne essayée contient 68 pour 100 de chaux carbonatée.

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Le marbre blanc saccharoïde se trouve aisément comme déchet sans valeur dans les ateliers où l'on travaille cette pierre. On peut encore employer au même usage le spath calcaire, souvent si abondant dans les roches de transition.

Le plus grand avantage de cette méthode, c'est qu'elle dispense de recueillir, laver et dessécher le résidu pulvérulent inattaqué par les acides. Elle supprime les entonnoirs et les filtres, et ménage beaucoup de temps, puisqu'une opération peut être complétée en deux heures. Elle n'exige pour tout appareil que deux verres et un petit trébuchet, objets qui se rencontrent partout.

J'avoue que cette méthode n'est propre qu'à indiquer les proportions de chaux carbonatée et qu'elle n'apprécie pas les phosphates, ce qui pourtant est de la plus grande utilité; mais je crois que malgré cette imperfection, qu'elle partage du reste avec les procédés le plus généralement en usage, elle peut rendre quelques services. Il vaut toujours mieux dans l'amendement des terres connaître la valeur calcaire de la marne employée que d'être réduit à des appréciations empiriques de couleur ou de

tact.

Le résidu inattaqué par l'acide chlorhydrique étant resté au fond du verre, on peut estimer ensuite s'il est composé de sable ou d'argile, ou du mélange de ces deux corps.

Si la marne contenait de la magnésie, il pourrait résulter une cause d'erreur, mais ce cas est assez rare, et les calcaires magnésiens ayant un aspect particulier qui les fait aisément reconnaître, on se gardera

bien alors d'employer ce moyen pour leur analyse.

La méthode qui consiste à estimer à la balance, par réduction de l'acide carbonique dégagé pendant la dissolution de la marne dans un acide, présente le même avantage que celui que je viens de signaler, et dispense de recueillir le précipité; mais il a l'inconvénient d'exiger des balances assez fortes et d'une grande sensibilité; il est aussi plus délicat.

J'aurais pu, en indiquant une liqueur normale, supprimer la moitié du travail; je ne l'ai pas fait, parce que je crois qu'il sera toujours plus sûr et plus exact d'estimer chaque fois la valeur de l'acide, d'autant plus que l'opération est fort simple et d'une bien faible dépense. Seulement, si l'on faisait à la fois plusieurs analyses, l'épreuve de l'acide pourrait servir pour toutes, et l'on pourrait alors économiser du temps.

Si ce procédé, éminemment pratique, peut fournir entre les mains les moins exercées des résultats suffisamment exacts pour les besoins de l'agriculture, j'aurai atteint le but que je me suis proposé.

(Journal de chimie médicale.)

RECHERCHES SUR LA PRÉSENCE DU PLOMB, DU CUIVRE ET DE L'ARGENT DANS L'EAU DE MER, Et sur l'existence de ce dernier méTAL DANS LES PLANTES ET LES ÊTRES ORGANISÉS; par MM. MALAGUTI, DUROCHER ET SARZEAUD. - Il résulte de ces recherches que l'argent, le plomb et le cuivre existent dans l'eau de mer, et que la présence de ces métaux peut être démontrée, soit par voie directe, soit en expérimentant sur des fucus, qui puisent dans l'eau de mer les principes dont ils sont formés. C'est dans ces fucus seulement que le cuivre et le plomb ont été constatés, tandis que l'argent a pu être reconnu directement dans l'eau de mer.

Cette observation remarquable parait singulière au premier abord; il est facile cependant de s'en rendre compte si l'on songe que les sulfures de plomb et de cuivre sont très répandus dans la nature, comme le sulfure d'argent lui-même, qui est tantôt isolé, tantôt associé aux autres métaux. L'eau salée attaque tous ces sulfures et les transforme en chlorures qu'elle dissout; les eaux qui circulent dans les parties supérieures de l'écorce terrestre, et qui contiennent presque toujours des chlorures et autres sels alcalins, réagissent de même que les eaux marines sur ces sulfures naturels; elles leur enlèvent de petites quantités de métaux qu'elles entraînent en

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