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bouche qui, dans le type précédent, se trouvait déterminée par la charnure des lèvres, reconnaissait ici pour cause le prolongement de l'os incisif supérieur, ce qui, joint à l'obliquité du front, à des rides convergentes aux commissures des lèvres et des paupières et à une chute légère des joues, rappelait involontairement les individus les plus élevés de l'ordre des quadrumanes.

Les plus vieilles de ces femmes avaient les glandes mammaires atrophiées, les plus jeunes des seins petits et mous, mais non les mamelles volumineuses et tombantes que certains auteurs leur ont attribuées sans distinction. Une seule était remarquable par la longueur et la flaccidité de ces organes.

Une exacte classification du crétinisme entraînerait des difficultés immenses et presque insurmontables, cette affection se rattachant à de nombreuses variétés qui commencent presqu'à l'état normal pour se terminer à l'existence purement végétative. I importe d'ailleurs de remarquer que le crétinisme ne constitue point un fait pathologique simple, affectant un seul appareil, mais qu'il offre, au contraire, des groupes de symptômes qu'on ne rencontre jamais parfaitement isolés dans le même individu. On doit remarquer encore que tel crétin, physiquement affreux, n'est pas toujours parvenu à un état aussi avancé de dégradation morale.

De cette description, M. Ferrus passe aux considérations topographiques qui se rattachent aux causes et à la nature du crétinisme.

Cette affection, dit-il, revétant accidentellement une forme sporadique, s'est rencontrée dans les contrées et sous les altitudes les plus diverses: fait digne d'attention, et qui semblerait assigner à l'hérédité, dans le crétinisme, une part énorme et prépondérante.

Endémique, il faut au crétinisme, pour se produire, certaines conditions de sol et de température, un concours de causes physiques plus ou moins appréciables. Cette réunion d'éléments se rencontre, surtout en Europe, dans les régions méridionales et occidentales. Chez nous la Bretagne, les Pyrénées, les bords du Rhin et le Jura français sont d'actifs centres pour le crétinisme endémique. C'est d'ailleurs sur les deux dernières provinces qu'ont porté mes observations.

Plusieurs écrivains, Ramond entre autres, ont pensé que le crétinisme était perpétué par voie de transmission directe, et de génération en génération par descendance d'une race qui n'existe plus.

Or, pour qu'une telle opinion reposat sur une base sérieuse, force serait tout d'abord d'admettre qu'une telle race a été bien nombreuse, puisque les vestiges s'en sont conservés dans les Alpes, en Suisse, dans les Pyrénées, sur les bords du Rhin, dans la forêt Noire, la Transylvanie, la Styrie, les monts Krapacks et dans une foule d'autres localités. Par quelle singulière coïncidence, d'ailleurs, les crétins de tous les pays eussent-ils élu domicile dans des lieux dont la configuration, les conditions géographiques et géologiques se trouvent présenter une identité constante? Ignore-ton, en outre, que les races transmettent leur caractère indélébile à tous les individus qui en sont issus, non sans doute que ces individus en offrent au même degré les caractères généraux, et surtout réunis ; mais aucun d'eux du moins n'est-il entièrement dépourvu de ces traits révélateurs qui sont le cachet des familles et le sceau de la race entière?

Telle n'est point la marche du crétinisme on le voit, comme dans toutes les maladies où l'hérédité joue un grand rôle, s'attaquer isolément aux individus, sauter plusieurs générations, reparaître là où il avait sévi, frapper dans une famille un ou deux enfants dont les père et mère sont parfaitement sains de corps et d'esprit, et qui ont des frères et des sœurs entièrement exempts de cette infirmité.

On ne peut donc pas retrouver dans les crétins les restes d'une race disparue.

Au nombre des causes qui, par leur action isolée et directe ou par leur influence collective, nous semblent propres à engendrer cette affection, on a dû ranger l'hérédité, les conditions de l'acte générateur, le goître, la configuration du sol, l'absence ou la nature des vents, la direction des vallées, le voisinage des gorges montagneuses, la qualité des eaux, l'insalubrité des habitations, l'alimentation, l'abus des liqueurs spiritueuses, l'allaitement, la cohabitation pendant l'ivresse, l'onanisme, un mauvais système d'éducation physique et les habitudes tant nationales que privées.

Les obstacles apportés maintenant aux rapports sexuels, soit entre crétins, soit entre la population valide et ces malheureux, ne permettent point d'apprécier d'une manière aussi exacte qu'on aurait pu le faire autrefois l'influence de l'hérédité; il reste démontré (pourtant que des parents crétins n'ont jamais que par exception des enfants pleinement intelligents. Presque toujours le père transmet au fils une empreinte plus marquée de crétinisme. Les bègues ou les individus congénitalement

privés de quelques-uns de leurs sens, sont aptes également à engendrer des crétins, et les prédispositions héréditaires cessent d'être l'objet d'un doute, quand on remarque que beaucoup d'enfants apportent en naissant les traits caractéristiques du crétinisme.

Quant aux conditions atmosphériques et telluriques des localités, certaines vérités générales acquises ne permettent pas de mettre en doute l'influence ou salutaire ou nuisible qu'elles exercent sur l'organisation humaine.

L'humidité est une des causes les plus actives dans le Valais et les Pyrénées. On voit, en remontant la vallée du Rhône, que ce fleuve, dont les débordements sont surtout fréquents en été, par suite de la fonte des neiges, envahit les terres et force certaines cultures à se réfugier sur la montagne. Le sol, en plusieurs lieux, se trouve recouvert d'eaux croupissantes que le Rhône abandonne en rentrant dans son lit, etc. d'où il résulte des effluves marécageuses qui déterminent des fièvres intermittentes, dont la fréquence coïncide, en certaines localités, avec celle du crétinisme.

Toutes choses égales d'ailleurs, la différence de hauteur des lieux apporte des diversités sensibles dans l'intensité de cette affection. Ce fait est tellement connu dans le Valais, qu'on y attribue la décroissance du crétinisme à l'habitude, beaucoup plus fréquente parmi les paysannes, d'aller habiter la montagne pendant leur grossesse, ou d'y porter les nourrissons prédisposés à cette maladie.

Une hygiène mieux entendue des localités a, dans ces dernières années, contribué à ce résultat. Ainsi, à Sion, bàti en amphithéâtre du sud au nord, la partie la plus haute se compose d'habitations salubres occupées par une population saine et valide. Malheureusement les plans inférieurs sont recouverts de maisons humides, obscures, que séparent des rues étroites et qu'habitent des individus chétifs et pauvres.

Des observateurs, non sans quelque bésitation toutefois, ont attribué le crétinisme du Tyrol à la crudité des eaux, à l'abstinence de vin et à l'usage d'un pain dans lequel entrerait abondamment la graine de pavol, etc. Quelques auteurs ont paru donner une place importante dans cette étiologie à la polenta, aux pommes de terre et aux autres aliments peu nutritifs et peu excitants dont se nourrissent les populations pauvres du Valais. Loin de méconnaître l'influence de l'alimentation sur les facultés physiques et morales de l'homme,

je n'ai point hésité à déclarer, dans un travail antérieur sur les maladies endémiques, qu'une alimentation constamment uniforme pouvait faire prédominer dans un pays et y rendre permanentes certaines affections.

Toutefois, en ce qui se rapporte au crétinisme, mes recherches personnelles sur l'alimentation ont été assez nombreuses et me semblent assez décisives pour considérer son influence comme très-secondaire, la majeure partie de nos paysans les plus sains et les mieux constitués n'étant guère mieux nourris que ceux du Valais. Les vices de l'alimentation sont d'ailleurs, de toutes les causes morbifiques, celle dont l'habitude peut le plus sûrement atténuer l'effet; il est infiniment plus difficile de vivre dans un air vicié, même avec de bons aliments, que dans une atmosphère pure avec les plus grossiers légumes.

Saussure, Fodéré et M. de Rambuteau, alors qu'il était préfet du Valais, ont pensé avec raison, selon moi, qu'on ne devait pas attribuer une sensible influence à la qualité des eaux résultant de la fonte des neiges et des glaciers; car les habitants des hauteurs sont moins favorisés, sous ce rapport, que ceux de la vallée: ils font un usage habituel de ces eaux et n'ont pourtant pas de crétins.

Enfin, de l'examen du crétinisme dans les Pyrénées, M. Ferrus est conduit à formuler cette proposition que la nature et la qualité des eaux semblent avoir une influence marquée sur la production du goître et du crétinisme, sans qu'il soit permis pourtant, à l'exemple de M. Grange, d'en faire la cause unique de ces maladies.

NÉCESSITÉ DE L'EXTRACTION DES CORPS ÉTRANGERS DANS LE TRAITEMENT DES PLAIES PAR ARMES A FEU. - M. HUTIN dépose un mémoire sur la nécessité d'extraire les corps étrangers et les esquilles dans le traitement des plaies par armes à feu.

Les communications faites à l'Académie à la suite des événements de juin 1848, n'ont pas amené, dit l'auteur, les discussions que l'on eût désiré voir surgir; elles ont laissé en litige la question si importante de l'extraction. Des hommes célèbres la recommandent, tandis que d'autres non moins illustres la proscrivent; en sorte qu'au moment d'agir le chirurgien reste indécis, quand une expérience personnelle ne guide pas son raisonnement et sa main. J'ai voulu établir par des faits cliniques les dangers de la non-extraction. Convaincu qu'en médecine on doit procéder par démonstration et non par assertion, j'ai réuni une centaine d'observations qui forment la base de ce travail trop volumineux pour être lu en

séance. (Commissaires : MM. Bégin et Gi- le docteur Dresse, de Liége, intitulée : Inmelle.)

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RESECTION PARTIELLE DU MAXILLAIRE suPÉRIEUR, SANS INCISION A LA PEAU. M. MAISONNEUVE présente une jeune fille sur laquelle il a enlevé sans incision extérieure les os maxillaires supérieurs. Le résultat de l'opération est concluant, puisque la malade est guérie depuis un an.

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Sont présents: MM. Van den Corput, Leroy, Pigeolet, Henriette, Delstanche, Gripekoven, Bougard, Joly, Dieudonné et Mouremans.

térêts sociaux, devoir du corps médical de prendre part à la politique, aux questions sociales et à l'élaboration des lois, ou mission générale du corps médical.

Une discussion s'engage sur ce rapport; plusieurs membres, avant de voter sur les conclusions, expriment le désir de prendre connaissance du rapport et de la brochure de M. Dresse.

M. Dieudonné insiste pour que l'assemblée prenne des conclusions formelles, par la raison que la Société de médecine de Liége a invité la Compagnie à lui faire connaître si elle adhérait aux principes posés par M. Dresse dans sa brochure. Dans tous les cas, il ne pense pas que la Société doive se prononcer d'une manière catégorique sur les propositions contenues dans cette brochure, parce qu'elle n'a pas l'habitude de s'occuper de questions politiques ou sociales, mais bien de science; il demande donc que la commission veuille bien rédiger ses conclusions dans ce sens.

Le procès-verbal de la séance précédente donne: la commission dont il fait partie M. Joly appuie la proposition de M. Dieuest lu et adopté.

Ouvrages présentés :

1. Les pharmaciens belges et les récompenses du gouvernement. L'Académie royale de médecine de Belgique et le rob de Laffecteur. Anvers, 1850, br. in-8°.

2 à 23. Divers journaux de médecine et recueils scientifiques périodiques.

M. Pigeolet, tant en son nom qu'en celui de M. Joly, donne lecture d'un rapport sur un travail manuscrit de M. le docteur Martin, intitulé: Tumeur abdominale de nature douleuse; engorgement chronique du foie et de la rate. La commission conclut au renvoi de ce travail au Comité de publication. Adopté.

M. Mouremans, en son nom et en celui de MM. Delstanche et Joly, donne lecture d'un long rapport sur une brochure de M.

formulera des conclusions dans le sens indiqué par l'honorable membre.

La proposition de M. Dieudonné étant mise aux voix est adoptée à l'unanimité.

M. Joly, tant en son nom qu'au nom de MM. Mouremans et Leroy, donne lecture d'un rapport sur un travail manuscrit présenté par M. le docteur D'Harveng, d'Ecaussines-d'Enghien, sous le titre de : Observation d'un cas remarquable de calcul intestinal. Les conclusions sont d'adresser des remerciments à l'auteur, de lui conférer le titre de membre correspondant et de publier son travail dans le journal de la Société. Ces conclusions sont adoptées.

M. Pigeolet donne ensuite lecture d'une notice bibliographique sur un opuscule du docteur Trompeo, intitulé: Regie terme d'Acqui. — L'assemblée ordonne l'insertion de cette notice dans son journal.

AVIS. Nous continuerons dans nos prochains cahiers la Relation médico-légale de l'assassinat de la comtesse de Gorlitz et les Lettres si intéressantes de M. Ricord sur la syphilis. Nous publierons aussi le discours que M. le docteur Didot a lu à l'Académie sur le secret en médecine et dont la reproduction nous a été demandée par plusieurs confrères.

FIN DU ONZIÈME VOLUME.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.

Abcès; sur un nouveau moyen pour les

ouvrir, sans laisser de cicatrices appa-

rentes, 53.

Abcès des vésicules séminales; perforation

de la vessie et extravasation du pus dans

l'abdomen, 551.

Académie royale de médecine de Belgique.
Comptes-rendus des séances, 79.

Académie de médecine de Paris. Comptes-

rendus des séances, 78, 179, 182, 185,

192, 194, 196, 279, 284, 289, 294,

577, 381, 383, 386, 388, 390, 392,

394, 397, 496, 498, 501, 504, 582,

589, 591, 595.

Accouchement laborieux par l'effet d'un

rétrécissement des parois de l'utérus au-

tour du col de l'enfant, 160.

Accouchement; cas de présentation complète

du placenta, traité par la séparation et

l'application de l'électro-magnétisme, 248.

Accouchement; observations sur l'emploi

simultané du chloroforme et de l'ergot de

seigle pendant le travail, 357.

Accouchement chez une femme atteinte de

prolapsus du col utérin, 552.

Acide acétique; ses vapeurs employées

comme moyen abortif du coryza, 50.

Acide arsénieux employé dans le traitement

des fièvres intermittentes comparative-

ment au sulfate de quinine, 500.

Acide chlorhydrique; son emploi dans les

affections gastro-intestinales, 333.

Acide hypochloreux et chlorures de soude;

note sur ces corps, 564.

Acide nitrique (Mémoire sur l'), 64.

Acide succinique; sur sa présence dans le

corps de l'homme, 472.

Nouvelles recherches sur sa produc-

tion au moyen de la fermentation, 560.

Adams. Fracture du crâne; épilepsie;

delirium tremens; guérison, 462.

Adansonia digitata; sur l'emploi de sa racine

dans la fièvre Intermittente, 594.

Adénite cervicale; mémoire sur cette af-

fection, 198.

Affections gastro-intestinales traitées par

l'acide chlorhydrique, 335.

Ail; remarque sur son huile essentielle, 167.

Aliénés; nouvel appareil pour leur alimen-

tation forcće, 280.

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