Images de page
PDF
ePub

Exempla illustrant vera. Un cadavre gisait sur la table d'une salle des morts dans laquelle s'ouvrait la porte du poêle de l'amphithéâtre d'anatomie. La partie de la table sur laquelle reposait la tête du cadavre touchait presque à la porte du poêle, et sous cette table se trouvaient quelques copeaux. Vers midi on alluma le poêle; bientôt on sentit une odeur de fumée, et lorsqu'on vint pour en reconnaître la cause, on trouva les copeaux et la partie supérieure de la table consumés, ainsi que la tête du cadavre, à la place de laquelle il ne restait plus qu'une masse informe et charbonneuse d'un aspect repoussant. Le feu a dû se communiquer aux copeaux par la porte du poêle restée ouverte, et ceux-ci avaient mis le feu à la table. C'est ainsi que brûla la tête de ce cadavre sans autre combustible qu'une petite quantité de copeaux et le haut de la table en bois. Fiat applicatio!

Immédiatement après l'inspection du cadavre dans la maison du comte de Goerlitz, ignorant beaucoup de circonstances, je flottais entre la vraisemblance d'une combustion spontanée et le meurtre. Le rapport que je fis aussitôt après ce premier examen du cadavre, et la pièce qui y est jointe, en font foi (1).

Maintenant que j'ai sous les yeux l'exposé des faits, et que j'ai pu me livrer à une étude minutieuse, tous mes doutes sont levés. On ne doit plus admettre la possibilité d'une combustion spontanée, et la mort de la malheureuse comtesse me paraît être positivement l'œuvre d'un assassin.

En conséquence, notre opinion, sur la première question posée par la Cour de justice grand-ducale, est que:

On peut admettre avec certitude, d'après les raisons exposées plus haut, que la mort de la comtesse n'est pas le résultat d'une combustion spontanée (2).

La deuxième question se trouve par là sans objet, et il devient inutile d'y répondre. L'avis que nous avons exprimé sur le meurtre et l'incendie qui l'a suivi, sans prétendre à la certitude, doit se rapprocher de la vérité. Mais comme il ne nous a pas été fait de question à ce sujet par le tribunal, nous nous abstiendrons d'en parler.

Quant à l'opportunité de l'exhumation du cadavre, je crois qu'il n'y a pas eu seulement strangulation, mais aussi fracture du crâne; et si les os de la tête n'ont pas été complétement consumés, on pourrait encore

(1) Voy. les RAPPORTS I et II.

(2) Il n'est pas inutile de faire observer que M. le docteur Graff repousse avec toute raison, dans le cas particulier de la mort de madame de Goerlitz, l'hypothèse de la combustion spontanée,

constater des fractures ou des fissures. Je trouve donc qu'il y a lieu d'engager le tribunal à faire procéder à l'exhumation du cadavre.

VII. LE PROCÈS-VERBAL D'EXHUMATION ET D'AUTOPSIE Constate que cette double opération eut lieu, le 11 août 1848, en présence de MM. les docteurs GRAFF, BÜCHNER, RIEGER, et du chirurgien FRENIARD. Les détails en sont reproduits dans la consultation suivante.

VIII.-CONSULTATION MÉDICALE CONCERNANT

L'EXHUMATION ET L'AUTOPSIE DU CADAVRE, par les docteurs GRAFF et BUCHNER, en dale du 15 août 1848.

Les faits essentiels contenus dans le procès-verbal d'autopsie sont les suivants :

1o La couleur noire, et la combustion complète ou incomplète de la plupart des os du crâne;

2o L'état de carbonisation des os, principalement au niveau des sutures du côté gauche;

3o La destruction totale de plus des deux tiers des os du crâne, de la partie supérieure et du côté gauche de la tête;

4o La consistance assez ferme, l'aspect lisse et la couleur blanc-grisâtre que présentent les restes de la boîte osseuse lorsqu'on l'a débarrassée de l'enduit noir qui la recouvre;

5o Le son clair et normal que rendaient les os;

6o L'écartement des deux màchoires ; 7o La coloration brune, grisâtre des vertèbres, des clavicules et des côtes, dont le tissu est resserré et très-dense;

8° La délimitation de la brûlure au creux de l'estomac;

9o La destruction des viscères de la poitrine, à l'exception de quelques restes du cœur et du diaphragme;

10° La carbonisation de la tête de l'humérus gauche, dont une partie est complétement cousumée;

11° La dureté et la solidité de tous les os des bras, qui donnaient un son normal à la percussion;

12° L'état des parois du ventre et des cuisses, qui ont la consistance du cuir et l'aspect du fromage sec, et où la putréfaction n'a fait que très peu de progrès; à cela je dois ajouter :

15° Une fissure ayant son siége au temporal droit, presque perpendiculaire à son bord supérieur, et longue de près d'un

mais reste convaincu de la possibilité du phénomène. On le verra plus tard, d'accord sur le fait, se trouver en dissidence de doctrine avec les autres experts.

(A. T.)

demi-pouce. Je n'ai observé cette fissure que le 12 de ce mois, en examinant le reste du crâne à la fenêtre et sous un jour oblique.

De l'ensemble de ces faits, constatés par l'autopsie, nous concluons ce qui suit :

La flamme qui a produit la brûlure de la comtesse de Gorlitz a agi principalement sur le côté gauche.

A l'appui de cette assertion, nous ferons observer :

a. Que les parties carbonisées s'étendent du côté gauche de la tête jusqu'à la base du crâne; tandis que du côté droit existent encore la plus grande partie du temporal, une portion du pariétal, la moitié de l'occipital, et les deux maxillaires presque in

tacts.

b. La carbonisation de la tête de l'humérus gauche et la perte de substance à la face externe s'étendaient à deux pouces en descendant, tandis que le bras droit a été beaucoup moins atteint par le feu.

La flamme se dirigeait surtout vers la têle.

Ce qui le prouve, c'est que la tête a le plus souffert. Malgré la grande quantité de liquides qu'elle contient, tant dans les parties molles que dans son squelette, elle était carbonisée, à l'exception de quelques faibles restes; tandis qu'au cou, à la poitrine et aux bras, ce sont surtout les parties molles qui ont subi l'action du feu. Ceci s'accorde avec l'examen extérieur du corps, où les traces de brùlure diminuent graduellement de la tête vers le creux de l'estomac.

Les brûlures n'étaient pas produites par la combustion spontanée.

a. Le cadavre ne différait en rien d'un cadavre qui aurait brûlé d'une manière ordinaire, et qui serait resté inhumé pendant quatorze mois dans un terrain sec et sablonneux.

b. La combustion spontanée produit une destruction subite du corps, qui est réduit en cendres à l'exception de quelques débris des extrémités et de la tête; ici il n'y avait pas eu d'incinération.

c. La combustion spontanée prédispose à une décomposition rapide les liquides ainsi que les solides, et produit par là une putréfaction rapide des parties respectées par le feu. Dans le cas présent, il n'y avait de putréfiées que les parties molles réellemont brûlées; celles que la flamme avait laissées intactes à l'extérieur étaient sèches et tannées à l'intérieur, et peu atteintes par la décomposition putride.

Quant aux os, ils étaient encore résistants et donnaient un son normal à la percussion. Dans ce cas se trouvaient les cla

vicules, les côtes, les vertèbres cervicales, les restes des maxillaires supérieur et inférieur, ainsi que quelques parties du pariétal et de l'occipital atteintes par le feu.

Il en était de même de l'extrémité carbonisée de l'humerus : le charbon de celuici était solide et ne différait pas d'un charbon obtenu par les procédés ordinaires. Non-seulement on pouvait le toucher, mais même le frapper avec des instruments en acier sans qu'il tombât en poussière. Il est évident que tous ces caractères, conformes à ceux que présente un cadavre ordinaire inhumé depuis un an, donnent les preuves les plus directes qu'il n'y a pas eu de combustion spontanée.

L'écartement de deux pouces qui existait entre les maxillaires supérieur et inférieur s'accorde avec l'observation concernant la bouche béante, qui est relatée dans le procèsverbal d'inspection du cadavre, et n'a d'autre valeur que de confirmer ce fait.

La décomposition putride des viscères thoraciques, par opposition à la putréfaction à peine commençante des viscères abdominaux, dépend de ce que l'incendie avait pénétré dans le thorax.

D'après l'inspection cadavérique, aussi bien que d'après l'autopsie, les traces du feu s'arrêtaient au creux de l'estomac et faisaient le tour du corps à cette hauteur. Les muscles intercostaux avaient été traversés par l'incendie. Comme le feu entourait la poitrine et avait détruit la presque totalité des muscles qui la recouvraient, le thorax présente l'aspect d'un vase dans lequel les viscères auraient subi une véritable coction. De là le degré plus ou moins avancé de leur destruction putride, et la coloration noire de la cavité thoracique, à laquelle avait aussi contribué le feu qui y avait pénétré à travers les muscles intercostaux et la plèvre.

La fissure qui se trouve sur le temporal droit peut avoir été produite par le feu, mais il est aussi possible qu'elle soit le résultat de violences extérieures exercées sur le crâne par une force mécanique.

Si l'on se représente la flamme entourant toute la tête, il a dû se produire une haute température; et pour peu qu'il se soit écoulé un assez long temps avant que le feu ait pratiqué dans le crâne un trou à travers lequel aient pu s'échapper le cerveau et le sang, il est possible que les liquides soient arrivés à l'ébullition et aient déterminé par leur extrême dilatation une fêlure à la boîte osseuse. Le crâne a pu, du reste. se fendre par l'action de la chaleur ainsi qu'un verre qu'on y expose.

Mais on ne peut nier que cette fente

n'ait pu être produite par des violences extérieures avant la combustion, et qu'elle ne puisse être l'extrémité d'une fracture de la voûte du crâne. Dans ce cas l'incendie a servi à dissimuler le meurtre, et la direction spéciale de la flamme vers la tête acquiert une signification particulière. Pour faire voir que plus d'un assassin s'est servi du feu comme d'un manteau pour cacher son crime, je ne citerai que l'observation de l'illustre Mende, qui, au t. V, p. 224, de la Médecine légale, dit que dans sa longue pratique, ayant été appelé à examiner neuf personnes brûlées, il en a trouvé cinq assas sinées.

Ce rapport n'ayant pour objet que l'autopsie et les conclusions qui s'y rattachent, nous nous bornerons à cette exposition.

IX. AVIS DU COLLEGE MÉDICAL SUR L'EXHUMATION ET L'AUTOPSIe du cadavre, transmis par le Dr GRAFF, à la date du 1er septembre 1848.

Après avoir parcouru le procès-verbal d'autopsie en date du 11 août 1848, et examiné l'appréciation qui y est jointe sur le fait en question, nous nous voyons en état d'ajouter quelque chose à nos observations du 21 juillet 1848. Le résultat de ces dernières était que la mort de la comtesse de Gorlitz ne devait pas être attribuée à une combustion spontanée. Nous avons en même temps indiqué que l'incendie avait été probablement employé pour cacher un meurtre accompli par la strangulation et l'écrasement du crâne.

(Ici sont reproduits les détails de l'autopsie.) Le rapporteur du collége GrandDucal continue en insistant sur la putré faction rapide des corps atteints de combustion spontanée opposée à l'état du cadavre; il attache une grande importance à la fissure du temporal, qu'il considère comme le résultat de violences extérieures, et conclut que la mort de la comtesse a été produite par ces violences, et que le feu a été employé postérieurement pour cacher l'assassinat.

--

X et XI. Dans un deuxième MÉMOIRE fort étendu, M. le Dr DE SIEBOLD Soutient l'opinion qu'il a précédemment émise en faveur d'une combustion spontanée, et revient sur les arguments qu'il a déjà présentés. Ce mémoire est suivi d'une réfutation du Dr GRAFF. Mais ces deux pièces n'ajoutant rien d'essentiel aux faits déjà connus ni à la discussion, nous nous contentons de les mentionner.

XII. Peu de temps avant l'ouverture des débats relatifs à l'assassinat de madame de G..le PRÉSIDENT DES ASSISES, considérant que les contradictions qui existent dans les

rapports précédents nécessitent de nouveaux éclaircissements, rend, à la date des 18 février et 25 mars 1850, deux arrêtés séparés par lesquels M. T. BISCHOFF, professeur de physiologie à Giessen, M. le professeur J. DE LIEBIG, sont commis à l'effet de se réunir au collége médical et aux experts déjà nommés pour résoudre les questions qui leur sont soumises, et qui sont reproduites dans le rapport suivant :

XIII.

RAPPORT DES EXPERTS JURÉS, MM. T. BISCHOFF, Buchner, Graff, HOHENSCHILD, LEYDECKER, DE LIEBIG, MERCK, RIEGER et de SIEBOLD, en date du 27 mars 1850.

Les experts soussignés désignés par les assises dans l'enquête contre J. Stauff d'Oberohmen et ses complices, concernant le meurtre de la comtesse de Gorlitz, etc., s'étant consultés sur les questions posées par M. le Président, ont l'honneur de soumettre le rapport suivant à la cour et à MM. les jurés.

PREMIÈRE QUESTION. D'après les circonstances mentionnées, est-il possible, probable ou certain, que la comtesse de Gorlitz ait succombé à une combustion spontanée dont les suiles ont amené l'état dans lequel on l'a trouvée le 13 juin 1847, à onze heures du soir?

A cette question, tous les experts sont unanimes pour répondre non. Il est impossible, d'après les circonstances qui ont été relatées, que la comtesse de G... ait succombé à une combustion spontanée dont les suites auraient amené l'état dans lequel elle a été trouvée le 13 juin 1847, à onze heures du soir. Néanmoins les raisons données à l'appui de cette conclusion diffèrent. M. le Dr Graff admet que la combustion spontanée peut exister en général, mais que dans le cas présent elle n'est pas probable. Mais la majorité, c'est-à-dire MM. les Dr Rieger, Büchner, Leydecker, Merck, de Siebold, Hohenschild, et MM. les professeurs de Liebig et Bischoff, rejettent l'inflammation et la combustion spontanées comme impossibles, et par conséquent les considèrent comme inadmissibles dans le cas présent.

Nous laisserons développer de vive voix les arguments mis en avant des deux parts, et nous nous contenterons, quant à présent, de les motiver ainsi qu'il suit : M. le DrGraff croit devoir maintenir la possibilité du fait de l'inflammation et de la combustion spontanées, parce qu'il les considère comme prouvées par un nombre suffisant de faits avérés. Mais c'est précisément la comparaison de ces faits avec celui qui est l'objet du débat qui le porte à admettre que

la mort de la comtesse est le résultat d'un incendie ordinaire.

De son côté, la majorité conteste la réalité et la possibilité de la combustion spontanée par les raisons suivantes :

1o Les faits de combustion spontanée n'ont pas un caractère d'authenticité suffisante et historique.

2o La combustion spontanée est en contradiction avec la production de la flamme et la combustion.

3o Le développement et l'origine de la combustion spontanée ne sont pas compatibles avec les lois de la vie humaine à l'état de santé et à l'état de maladie. MM. les Dr Büchner, Leydecker et de Siébold, convaincus par la discussion, se sont ralliés à cette opinion émise par MM. de Liebig et Bischoff. M. le Dr Bischoff fit plus tard sur ce sujet un rapport oral détaillé qui fut écouté par la cour d'assises et le public avec l'attention la plus soutenue, et que l'on retrouvera à la fin de ce mé

moire.

DEUXIÈME QUESTION. Dans les circonstances présentes, est-il possible, vraisemblable ou certain, que la comtesse de G.... ait succombé aux effets d'un feu existant en dehors, et qu'elle ait été exposée à ces effets, soit par un accident malheureux, soit à dessein de son fait ou par le fait d'une personne étrangère ?

A cette question les experts répondent également non. Il était impossible, dans les circonstances actuelles, que la comtesse de Goerlitz ait succombé à un feu venant du dehors.

1o Une pareille mort par le feu ne paraît possible que si l'individu tombe dans un foyer très-actif, qu'il se trouve cerné comme dans l'incendie d'une maison, ou qu'il soit blessé de facon à ne pouvoir se sauver, ou enfin lorsque le feu se communique aux vêtements, aux robes surtout, ce qui permet la propagation de la flamme. Aucune de ces circonstances ne s'est présentée dans le cas actuel, où tout le contraire a eu lieu. Les vêtements et la partie supérieure du corps étaient de laine, et si le feu s'était communiqué à la coiffure, aux cheveux ou à la partie supérieure des vêtements, on ne peut pas supposer que le feu ait agi avec assez de violence et de rapidité pour rendre toute tentative de salut impossible.

2o Nous croyons également impossible qu'une personne jouissant de ses facultés se soit livrée volontairement à la mort par le feu, la plus lente et la plus cruelle.

3o Nous croyons également difficile qu'une personne puisse faire périr quelqu'un par l'action d'un feu lent. Nous n'avons du reste aucun fait qui puisse faire supposer qu'un semblable meurtre ait été commis sur la comtesse de G... Les phénomènes produits par une brûlure sur le vivant, alors que la circulation persiste, manquaient ici, car les phlyctènes, qui, au dire d'un témoin, existaient à l'une des jambes, ont été imparfaitement constatées; et d'ailleurs on ne sait s'il ne s'agissait pas d'un simple soulèvement de l'épiderme tel qu'il peut s'en produire par le feu, même après la mort.

(La suite au prochain Numéro.)

III. BIBLIOGRAPHIE.

[blocks in formation]

Les eaux thermales procèdent de plusieurs sources.

Celle qui se trouve au centre de la ville, nommée l'eau bouillante, et qui présente 68° 5/10 à 75° cent., est un peu amère, sulfureuse et saline. Elle contient des hydrochlorates de soude et de chaux, et de l'hydrosulfate de chaux. C'est celle dont parle surtout le docteur Trompeo.

Les autres, moins chaudes, 58 à 50°c., sont moins actives et se trouvent à 114 de lieue de la ville, sur le penchant du MonteStregone, où a été construit un établissement thermal très-fréquenté. M. Lesne en a donné la description.

L'eau froide de Ravanesco ou eau puante,

[blocks in formation]

qui se trouve dans le voisinage des eaux du Monte-Stregone, est moins limpide qu'elles et contient beaucoup plus d'hydrogène sulfuré c'est la plus renommée contre les maladies de la peau; l'on ne s'en sert qu'en boisson. Malacarne, en 1778, Bonvicino et Mojon ont donné l'analyse de ces eaux. (Mojon, Analyse des eaux thermales et sulfureuses d'Acqui, Gênes, 1808, in-8°.)

Viotti, dans son ouvrage de Balneorum naturalium viribus libri quatuor, de 1553, en fait mention.

Le docteur Trompeo donne, dans sa notice, la description des bâtiments élevés par Charles Albert en 1845, et qui peuvent recevoir 120 indigents; ensuite, après avoir signalé tous les avantages des eaux thermales d'Acqui, il donne la statistique des malades traités dans les divers établissements.

Puis il donne le tableau des maladies traitées, améliorées, guéries et de celles non modifiées, de 1844 à 1849, dans l'établissement civil et celui des indigents, et sur un total de 4,464 malades,

962 ont été guéris, 2,762 ont été soulagés et

740 n'ont pas éprouvé d'amélioration. Dr PIGEOLET.

IV. VARIÉTÉS.

Des devoirs du mMÉDECIN, par le professeur FORGET. (Suile et fin. Voir notre cahier de novembre, p. 488.)

Il arrive tous les jours qu'on accuse le médecin alors qu'on a mal exécuté ou même complétement omis ses prescriptions; injustice dont SYDENHAM se plaint en ces termes: Dans certaines occasions où l'on » n'avait rien fait de tout ce que je disais, » on n'a pas laissé de mettre sur mon » compte la mort des malades, quoique » leurs amis et les gardes les eussent tués » à force de les échauffer.» (Lettre à G. Cole.) Assurez-vous donc de l'exécution de vos ordonnances, et pour cela formulez par écrit plutôt que verbalement, donnez toutes les instructions nécessaires, inspectez et goûtez les remèdes, inspectez les pansements, etc.

Visitez vos malades avec exactitude, quant aux jours et aux heures convenus. Cherchez à vous éclairer par quelques apparitions imprévues. Multipliez vos visites juste autant que le demande la maladie. Si le malade en exigeait plus ou moins, rappelez-lui que vous seul ètes juge à cet égard. Que si vous soupçonnez un motif d'économie, faites-lui comprendre qu'il conservera toute sa liberté à l'endroit des honoraires. Soyez à toute heure à la disposition de vos malades, à moins qu'ils n'abusent manifestement de votre complaisance. Souvent il nous arrive d'être cruellement dérangés par des gens qui n'ont que le mal de la peur;

c'est ce qui fait que les vieux praticiens ne se pressent jamais, instruits et blasés qu'ils sont par ces déceptions réitérées. A moins d'urgence démontrée, ne manifestez pas trop d'empressement. L'extrême obsequiosité altère au moins le respect dû au médecin, si elle n'engendre le mépris. Ne mettez pas non plus trop d'affectation à vous faire désirer. Pas n'est besoin de flétrir ici ce procédé charlatanesque qui consiste à se faire longtemps attendre, sous prétexte de nombreuses occupations.

Si vous rencontrez, ce qui n'est pas rare, de ces malades ostensiblement et radicalement réfractaires aux conseils de la science et dont, pour cette raison, l'existence s'en va en périclitant, l'intérêt de votre réputation serait peut-être de les abandonner définitivement, si cet abandon ne recevait toujours dans le public de fâcheuses interprétations. On ne manque pas, en effet, de ranger ces cas dans la catégorie de ceux où il y aurait réellement crime de lèze-humanité à éconduire ou délaisser de pauvres malades, pour ce seul motif qu'ils sont incurables ou qu'ils vont mourir. Dans ce dernier cas, d'ailleurs, la nature a tant de fois démenti les prophéties de la science, qu'il y a prudence autant que résignation à persister jusqu'au bout.

Nous devons une mention particulière aux relations du médecin avec les femmes et les enfants. A l'égard du sexe, redoublez, s'il se peut, de mansuétude, sans jamais

« PrécédentContinuer »