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NOUVEAU MOYEN d'enlever l'AMERTUME DU SULFATE DE QUININE.- Le docteur Thomas, de Baltimore, recommande, pour ôter au sulfate de quinine toute son amertume, de l'unir à une faible proportion d'acide tannique. Cette précieuse propriété de l'acide tannique a été constatée d'abord par ce médecin chez un enfant atteint de dysenterie avec accès intermittents, auquel il avait prescrit ces deux substances réunies; il fut fort étonné de ne trouver aucune espèce de saveur au mélange, et cependant le médicament avait conservé toute son activité. Depuis cette époque, il a ordonné un grand nombre de fois l'acide tannique uni au sulfate de quinine, et en a toujours composé un médicament insipide et parfaitement fébrifuge. Voici la formule qu'il est dans l'usage de prescrire pour un enfant de deux

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NOUVELLE SUBSTANCE ADHÉsive. - M. le docteur MELLEZ, de Raon-l'Etape (Vosges) a imaginé une nouvelle substance adhésive plus à la portée que le collodion des médecins qui exercent à la campagne; et d'ailleurs le collodion est loin de se trouver dans toutes les pharmacies. On la prépare en faisant dissoudre de la gomme laque dans l'alcool, à l'aide d'une chaleur modérée, et à des doses respectivement suffisantes pour qu'on en obtienne un mélange ayant la consistance de gelée ou à peu près. Cette préparation se fait dans un flacon en verre à large tubulure, et il suffit ensuite d'un simple bouchon en liège pour la garantir de la dessiccation. Lorsqu'on veut l'employer, on n'a qu'à l'étendre avec une spatule sur des bandelettes taillées à l'avance, en toile ou en taffetas, suivant le plus ou moins de coquetterie qu'on veut mettre au pansement. La solution alcoolique de gomme laque jouit des mêmes propriétés que le collodion; seulement elle n'est pas incolore comme celui ci et sa dessiccation est moins prompte; mais, ajoute M. Mellez, elle se desséché encore assez rapidement pour ne pas fatiguer la patience du chirurgien.

(Journ. des Conn. médico-chirurgicales.)

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Ce sirop a l'apparence de celui d'orgeat. Il constitue un purgatif doux et d'une saveur agréable. La dose est d'une à cinq cuillerées que l'on prend pures ou délayées dans de l'eau.

Nous préférerions encore à cette préparation le mélange si connu d'huile de ricin avec le bouillon gras et l'oseille cuite hachée. Mais le sirop pourrait être employé chez les enfants ainsi que chez certains adultes qui ressemblent aux enfants. (Ibid.)

PROCÉDÉ POUR LA PRÉPARATION D'UN ONGUENT CONTRE LA TEIGNE; par M. H. BOUTENS, pharmacien à Roulers. - Aujourd'hui il n'est presque pas de remède connu plus efficace contre la teigne, cette hideuse maladie de la classe indigente, que l'onguent agglutinatif (1) préparé dans plusieurs couvents par des religieuses, qui, dans l'idée du public ignorant et superstitieux, possèdent seules le secret de cette cure. Son application sur la tête, au moyen d'une calotte, son arrachement des cheveux et l'enlèvement des croûtes, causent au patient des douleurs presque insupportables.

C'est pour ce motif que plusieurs médecins et chirurgiens, ayant presque toujours vu échouer d'autres moyens, ont une telle répugnance pour cette maladie, dont ils regardent le traitement comme faisant endurer le martyre, qu'ils renvoient bien souvent eux-mêmes leurs patients aux couvents réputés pour traiter ces sortes de maladies.

Un jour, un chirurgien viut me demander si je n'avais pas en ma possession un remède pour frictions contre ce mal, autre que celui appliqué par les personnes précitées, étrangères à l'art de guérir. J'avais préparé depuis quelques années un onguent qui devait spécialement servir pour cette maladie, mais l'occasion ne s'était pas encore présentée jusqu'alors pour en faire consta

(1) Cet onguent est ordinairement composé de poix blanche, de colophane, de farine de froment et de vinaigre.

ter l'efficacité. Ce praticien, à qui j'offris une quantité de cet onguent, avait alors en traitement deux personnes affectées de la teigne, d'une apparence assez grave. Quelques jours après, il vint m'annoncer la guérison complète de ses deux malades, et m'assura qu'il ne doutait nullement que toute personne affligée de ce mal n'en obtint le même succès.

Le bruit de cette double guérison s'étant répandu, cet onguent vint chez nous de plus en plus en vogue. Il est à ma connaissance que depuis lors d'autres praticiens ont fait usage avec le même succès de ce remède; l'un d'eux a eu la complaisance de me communiquer le mode de son appli

cation.

D'abord il fait laver, tous les jours une fois, la tête avec une dissolution de savon blanc dans de l'cau tiède; puis il fait frictionner très-légèrement avec une petite quantité de cet onguent, le matin et le soir, les parties affectées, à l'aide du doigt ou avec un morceau de drap. Son application est ordinairement accompagnée d'une cuisson légère, mais qui ne dure pas plus de deux à trois minutes. Lorsque le commencement de la maladie ne date pas de longtemps, la guérison en est d'autant plus prompte. Les croûtes tombent ordinairement après le quatrième ou le cinquième jour de son traitement; alors la peau a un aspect luisant, est d'une couleur rouge vive. On continue encore la friction jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus aucun indice du mal.

Mainte fois des personnes sont venues me demander des remèdes contre la teigne, autres que celui de l'application de la calotte agglutinative pratiquée par des religieuses, ne voulant pas, disaient-elles, voir torturer leurs enfants. D'un autre côté, ainsi que je l'ai déjà observé, il arrive quelquefois que des praticiens les y envoient, soit par répugnance pour le traitement ordinaire, soit parce qu'ils ne connaissent pas d'autres moyens préconisés pour la guérison. C'est dans le double but de soulager des malheureux et d'être utile à mes confrères, que j'ose réclamer de la Société de pharmacie d'Anvers la publicité pour la formule de mon onguent: outre que sa préparation est très-simple, son emploi ne cause aucune douleur.

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On fait liquéfier sur un feu doux, l'axonge, la suie, le beurre, la cire, ensemble avec l'huile d'olives; on laisse cuire; après quelque temps on retire le mélange du feu; on ajoute l'esprit-de-vin et le goudron en remuant sans discontinuer; puis on laisse à moitié refroidir, on ajoute les jaunes d'œuf préalablement bien battus, et on agite jusqu'à complet refroidissement.

(Journal de pharmacie d'Anvers.)

PRÉPARATION DE L'ATROPINE A L'AIDE DU CHLOROFORME.-M. Bussy a présenté à l'Académie des sciences, au nom de M. Rabourdin, pharmacien à Orléans, une note sur la préparation de l'atropine à l'aide du chloroforme. Voici le procédé d'extraction du principe actif de la belladone, que M. Rabourdin soumet à l'Académie.

On prend de la belladone fraîche au moment où elle commence à fleurir; après l'avoir pilée dans un mortier de marbre et soumise à la presse pour en extraire le suc, on chauffe celui-ci à 80 ou 90 degrés cent. pour coaguler l'albumine et on filtre. Quand le suc ainsi clarifié est froid, on y ajoute 4 grammes de potasse caustique et 50 grammes de chloroforme par litre; on agite le tout pendant une minute, et on abandonne au repos. Au bout d'une demi-heure, le chloroforme chargé d'atropine est déposé, ayant l'aspect d'une huile verdâtre; on décante le liquide surnageant, qui est remplacé par un peu d'eau. Celle-ci est décantée à son tour et remplacée par d'autre, jusqu'à ce qu'elle en sorte limpide; on recueille alors la solution du chloroforme dans une petite cornue tubulée; on distille au bain-marie jusqu'à ce que tout le chloroforme soit passé dans le récipient. Le résidu de la cornue est repris par un peu d'eau acidulée d'acide sulfurique qui dissout l'atropine en laissant une matière résinoïde verte; la solution filtrée passe incolore. Il suffit, pour avoir l'atropine à l'état de pureté, d'y verser un léger excès d'une solution de carbonate de potasse, de recueillir le précipité et de le dissoudre dans l'alcool rectifié. Cette solution donne, par son évaporation spontanée, de beaux groupes aiguillés d'atropine.

A défaut de plante fraîche, on peut se servir d'extrait officinal bien préparé. 30 grammes d'extrait de belladone, obtenus avec le suc dépuré de cette plante, ont été dissous dans 100 grammes d'eau distillée; la solution filtrée fut additionnée de 2 grammes de potasse caustique et de 15 grammes de chloroforme après l'avoir agité une minute et laissé en repos pendant une demi-heure. Le chloroforme chargé

d'atropine était déposé; le liquide surnageant a été décanté et remplacé par de l'eau qui a été renouvelée trois fois. La solution chloroformique recueillie sur un verre de montre, pesait 11 grammes (c'est donc 4 grammes de chloroforme perdus pendant les manipulations). Cette solution, abandonnée à l'air libre, s'est rapidement éva-. porée, laissant une masse cristalline verdâtre formée presque entièrement par de l'atropine. Reprise par de l'eau acidulée d'acide sulfurique et précipitée après filtration par une solution de carbonate de potasse, le précipité recueilli pesait 0 gram. 16 centig. Ce précipité s'est entièrement dissous daus l'alcool rectifié, et a donné, en s'évaporant spontanément, de belles aiguilles d'atropine groupées en aigrette.

L'auteur croit ce mode de traitement de la belladone susceptible de se généraliser en s'appliquant à une foule de substances renfermant des alcalis organiques. S'il ne devient pas un moyen économique de préparation de ces produits, du moins servira-t-il, dans quelques cas, à estimer promptement la richesse de certains produits commerciaux.

PROPRIÉTÉ DÉSINFECTANTE du chloroforme.

M. AUGEND, de Constantinople, a envoyé à l'Académie des sciences de Paris un mémoire sur une nouvelle propriété du chloroforme qui, suivant lui, établirait entre l'éther et le chloroforme une ligne de démarcation bien tranchée. Il s'agit de la propriété de désinfecter les matières organiques. Voici l'expérience qu'il rapporte à ce sujet :

Si l'on prend trois flacons à large ouverture, bouchés à l'émeri; qu'on verse dans le premier quelques gouttes d'éther, dans le second quelques gouttes de chloroforme, et qu'on laisse le troisième tel quel; si on place dans chacun d'eux un morceau de chair musculaire de bœuf, qu'on les bouche et qu'on les abandonne ainsi pendant l'été, voici ce qu'on observe : la viande de bœuf, colorée en rouge-brun dans son état normal, passe, à vue d'œil, au rouge-vermeil par la vapeur de chloroforme mêlée d'air dans le second flacon, tandis que l'éther n'y produit aucun changement.

Au bout d'une semaine de contact, les résultats sont beaucoup plus tranchés encore: la viande conservée dans l'air a peu changé de couleur; celle qui a été conservée dans la vapeur de chloroforme a pris une teinte de viande bouillie.

Si on ouvre les flacons, on remarque que la viande conservée telle qu'elle est putréfice exhale une odeur horrible; que le

même phénomène a lieu en présence de l'éther; mais que rien n'est changé dans l'odeur de la viande chloroformée, à part la saveur sucrée et l'odeur propre au chloroforme.

M. Augend a constaté qu'il suffisait de 1/200me de chloroforme pour s'opposer complétement à la décomposition d'une masse de chair musculaire fraîche. Ce qui est non moins remarquable, c'est la facilité avec laquelle la vapeur de cette substance traverse les tissus les plus épais. L'action la plus apparente du chloroforme, nonseulement sur la chair musculaire, mais encore sur le péricarpe charnu des semences et des fruits, c'est une contraction immédiate de la fibre ou du parenchyme qui fait écouler les sucs aqueux au fond du vase où l'on opère. L'auteur rapporte une série d'expériences faites sur un grand nombre de substances animales, desquelles il résulte que dans l'état actuel la propriété anti-septique du chloroforme peut être utile aux anatomistes qui veulent conserver pendant quelque temps des pièces d'étude. Il pense qu'il pourrait notamment rendre service dans le cas où une personne ayant été victime d'un assassinat ou d'un empoisonnement, on aurait intérêt à garder pendant un certain temps le cadavre pour des recherches de médecine légale.

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RELATION MÉDICO-LÉGALE DE L'ASSASSINAT DE LA COMTESSE de Goerlitz, accompagnée de NOTES ET DE Réflexions pour servir a l'hHISTOIRE DE LA COMBUSTION HUMAINE SPONTANÉE, par MM. AMBROISE TARDIEU, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, médecin des hôpitaux, etc., et X. ROTA, docteur en médecine de la Faculté de Paris, membre de la Société de médecine d'Athènes. (Suite. Voir notre cahier d'octobre, p. 363.)

12. Les objets placés près du corps en combustion, et faciles à s'enflammer, ont été souvent ménagés.

Cette circonstance s'explique facilement, puisque la flamme, dans les combustions spontanées, ne s'élève pas beaucoup audessus d'un pouce. De là le fait fréquemment observé de la combustion du linge ou du lit immédiatement en contact avec la personne brûlée, d'une chaise ou d'une commode distantes d'un pouce, etc. Dans le cas présent, la majeure partie du secrétaire brûla avec son contenu, et le feu s'étendit jusqu'au tiroir qui était à trois pouces du sol. Il n'y a donc aucune analogie

entre ce fait et la proposition précédente. Il est, du reste, impossible que le feu ait débuté par en bas, puisque les vêtements à la partie antérieure et inférieure du corps, ainsi que les membres inférieurs, étaient intacts.

13 et 14. Dans tous les cas la combustion spontanée atteignit le tronc; et, à peu d'exceptions près, il était toujours complétement converti en charbon et en cendres.

Dans le cas présent, les téguments seuls et les parties molles du thorax étaient carbonisés. Les bras, et surtout la tête, étaient carbonisés à un plus haut degré et en par. tie consumés. Cette particularité ne s'est offerte dans aucun des exemples de combustion spontanée. Il n'y avait aucune trace d'incinération.

15. Dans la majorité des cas, on trouve quelques parties de la tête et des extrémités ménagées par le feu.

Ici c'est tout le contraire; la tête et les extrémités supérieures étaient les parties les plus profondément atteintes.

16. Les membres étaient toujours détachés dans les articulations, et étaient couverts de phlyctènes.

Les membres de la comtesse de Gorlitz n'étaient pas séparés du corps; les extrémités des os faisaient saillie à travers les articulations. Mais ceci était la conséquence des tentatives faites pour enlever la comtesse du foyer de l'incendie. En la tirant par les bras, les ligaments à moitié brûlés ont dû se rompre. Il n'y avait pas de trace de véritable phlyctène.

17. La combustion spontanée s'est terminée par la mort.

Dans le cas présent, on a trouvé un cadavre brûlé; mais il n'y a rien qui prouve que la mort soit le résultat de la combustion spontanée. Les faits tendent à prouver le contraire.

18. Le charbon a conservé le plus souvent la forme de la partie brûlée; il était.très-poreux, et tombait en poussière au moindre attouchement.

Dans notre cas, la tête était convertie en une masse de charbon, et n'était reconnaissable qu'à cause de la bouche et de la langue; les bras, presque à l'état de squelette. De plus, ni la tête ni les bras ne tombèrent en poussière au toucher.

19. La cendre était presque toujours mêlée à un liquide jaunâtre, oléagineux et gluant, qui couvrait le sol de la chambre, et qui répandait une odeur pénétrante et empyreumatique.

On a constaté une odeur empyreumatique, mais c'est là l'effet constant de la combustion d'une matière animale; cela ne prouve donc rien. On ne peut ni affirmer ni nier la présence de la cendre, ni de ce liquide oléagineux et gluant, puisqu'il y avait par terre et pêle-mêle la cendre du secrétaire, des restes de charbons, des débris de verre, des papiers brûlés en tout ou en partie, des objets de toilette, des perles, des pierres précieuses, et que pendant la nuit beaucoup de monde marcha sur ces objets.

20. La chambre était remplie de fumée; et les murs, ainsi que les meubles qui s'y trouvaient, étaient recouverts d'un dépôt noirâtre.

Dans le cas présent, la chambre dans laquelle gisait le cadavre, l'antichambre, le cabinet et une grande chambre située à l'ouest, étaient remplis de fumée épaisse. Mais c'est là le phénomène nécessaire de la combustion d'une matière animale, et d'une quantité considérable d'objets en bois, de lettres, d'objets de toilette, de housses de sofa avec du crin, des rideaux, etc., et ne prouve pas en faveur de la combustion spontanée.

Sur la glace, il n'y avait point de suie noirâtre, mais bien une masse d'un brun jaunâtre. Un tableau à l'huile suspendu audessus du divan, dans le cabinet, était complétement déformé; les couleurs en étaient comme fondues. Les meubles étaient couverts d'une fumée de suie noirâtre.

L'analyse chimique du dépôt de la glace. fit voir que les matières qui le composaient étaient de nature animale et végétale, et ne présentaient rien d'extraordinaire; ainsi de ce côté encore pas d'indice d'une combustion spontanée.

En résumé, de la comparaison des circonstances de la combustion de la comtesse de Gorlitz avec les symptômes et les caractères de la combustion spontanée, il résulte qu'à l'exception des particularités consignées dans les §§ 1, 8, 19 et 20, il n'y a

aucune concordance.

Il faut considérer, en outre, que les propositions 1, 8, 19 et 20, renferment des généralités; que toutes les fois que des matières animales et végétales brûlent, il se dégage une odeur empyreumatique, une épaisse fumée, et un dépôt de suie sur les meubles. Quant à la proposition 8, et aux circonstances par lesquelles peut parfaitement s'expliquer l'absence de cris au secours, on ne peut nier que les rapports qui existent ne puissent être mis en balance, et qu'ils ne soient pas effacés par les faits contraires, quels que soient leur nombre et leur importance.

Si maintenant on prend en considération

la proposition 11, on ne peut douter que, dans le cas présent, il n'y a pas eu de combustion spontanée, par cela seul que les conditions les plus essentielles à la combustion spontanée manquent absolument.

Il est cependant nécessaire d'insister sur les efforts faits avec beaucoup d'esprit par un de nos honorables collègues, pour prouver que la comtesse de Gorlitz a succombé à une combustion spontanée. D'après cette hypothèse, la comtesse était couchée sur le divan du cabinet, lorsqu'elle fut atteinte d'une combustion spontanée qui commença par la tête. Elle se précipita aussitôt dans la chambre voisine pour sonner et appeler du secours, et arracha le cordon de la sonnette; de là, elle se dirigea vers la fenêtre; mais avant d'y arriver, elle s'affaissa, et tomba devant son bureau à genoux, en s'y appuyant d'abord avec les mains. Cette dernière circonstance aurait été la cause de l'incendie du secrétaire.

Cette explication peut être complétement réfutée, d'abord par ce fait qu'elle est en contradiction avec les principaux caractères de la combustion spontanée, et ensuite par les observations suivantes :

I. Il a été dit plus haut que le fait dont il s'agit ne peut être classé parmi les combustions spontanées électriques de la surface de la peau, dans lesquelles la vie n'est pas menacée. Si cette dernière forme avait existé, la comtesse n'aurait présenté que des brûlures superficielles, surtout aux extrémités, et elle aurait pu ouvrir les portes pour appeler au secours. Dans ce cas, on ne l'aurait pas trouvée à onze heures du soir brûlée et carbonisée, ainsi que son secrétaire. II. En admettant la combustion telle qu'elle a été décrite par les auteurs modernes, la comtesse, après avoir fait quel ques pas, serait tombée, et, en quelques minutes, il ne serait resté qu'un monceau de cendres et quelques débris de la tête et des extrémités (voy. les propositions 10, 14 et 15), ce qui n'a pas eu lieu.

III. En admettant, contrairement à l'expérience, que la comtesse, ayant la tête enflammée, conserva assez de connaissance et de force pour appeler du secours, elle ne pouvait pas en obtenir en sonnant, puisqu'elle avait fermé ses deux portes à clef. Il n'est donc pas probable qu'elle ait sonné.

IV. En admettant encore que la comtesse ait eu la force d'aller de la porte à la fenêtre pour demander du secours, cela devenait aussi inutile que de sonner, puisqu'on ne pouvait pas arriver jusqu'à elle. Nous en concluons que, dans les circonstances données, la comtesse n'a pu ni souner ni courir à sa fenêtre.

V. En admettant, malgré l'impossibilité

du fait, que la comtesse, ayant la tête, le cou et les bras enflammés, soit venue devant le secrétaire, et là se soit affaissée; qu'elle ait vainement essayé de se soutenir en appuyant sa main droite sur le battant de ce meuble, je demande comment ce contact passager de la main aurait pu enflammer ce battant, et réduire le secrétaire entier en cendres? Qu'on essaie de passer, à différentes reprises, deux bougies allumées à la surface d'un battant de secrétaire, c'est à peine si l'on observera une trace de brûlure.

Comment l'application d'une main enflammée, dont la flamme devait même s'éteindre dans les points qui pressaient le meuble, pouvait-elle produire un incendie assez intense et d'une espèce assez particulière, pour que, non-seulement le meuble fût détruit presque en entier, et que les tiroirs placés au-dessus du battant fussent le plus ménagés, tandis que ceux du bas étaient complétement consumés, ainsi qu'une partie du parquet au-dessous du secrétaire, à une profondeur de 5 à 4 pouces?

Mais en admettant que cette main enflammée ait réellement produit ce résultat incompréhensible, et que la comtesse soit tombée morte par l'extension du feu, il suivrait de là que la partie la plus considérable de la combustion et de la carbonisation du corps aurait eu lieu après sa chute; car la comtesse ne pouvait pas avoir circulé dans sa chambre dans l'affreux état où on la trouva à onze heures. Il faudrait en conclure que la tête, le cou et le thorax en feu étant restés plusieurs heures en contact immédiat avec le parquet, celui-ci aurait dù porter des traces manifestes de ce contact.

Et cependant, à la place où le cadavre fut trouvé, il n'y avait pas la moindre trace de feu (voy. prop. 11).

Ce dernier fait détruit l'hypothèse de l'incendie par le contact de la comtesse, et même celle de la combustion spontanée, si l'on veut ne pas tenir compte des contradictions et de l'irréflexion avec laquelle on a expliqué les faits qui ont précédé la chute de la comtesse.

Je n'ajouterai plus qu'un mot sur la difficulté, reconnue et avouée par tous les auteurs, de l'incinération d'un cadavre dans les conditions ordinaires. J'ai déjà parlé précédemment de cette difficulté, et j'en suis parfaitement convaincu. Il en est tout autrement de la combustion et de la carbonisation des parties molles du corps et des os minces ou plats, et celle-ci peut avoir lieu facilement en une demi-heure à un feu convenable.

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