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trente ans par M. Doebereiner, ont été étudiées avec soin par MM. Fownes et Cahours. M. Stenhouse en a repris l'étude. Il la prépare par le procédé suivant.

Environ 16 kilogrammes de son de blé sont introduits avec 10 kilogrammes d'acide sulfurique étendu dans 20 kilogrammes d'eau, dans une grande bonbonne à trois tubulures, telles qu'on les emploie dans la fabrication de l'acide nitrique. Dans ce mélange on fait passer pendant seize à dix-huit heures un courant de vapeur d'eau. Le liquide qui passe à la distillation et qu'il est facile de condenser constitue une solution

faible de furfurol. On le rectifie à plusieurs reprises de manière à fractionner le liquide en 2 parties par chaque distillation. Lorsqu'on a obtenu ainsi une solution concentrée de furfurol, il suffit d'y ajouter du sel marin pour que l'huile se sépare. En employant les quantités indiquées plus haut, M. Stenhouse a obtenu environ 360 grammes de furfurol. Il a observé que ce produit est toujours mélangé avec une certaine quantité d'acétone et avec une huile aromatique qui possède un point d'ébullition beaucoup plus élevé que le furfurol. Cette huile aromatique s'oxyde très-facilement, en se résinifiant. Lorsqu'on la mélange avec quelques gouttes d'acide chlorhydrique, nitrique ou sulfurique concentrés, on obtient immédiatement une coloration pourpre magnifique. Quelques rectifications suffisent pour séparer cette huile du furfurol.

Lorsqu'on substitue au son de blé dans la préparation du furfurol d'autres matières végétales, comme des tourteaux de graine de lin, les parties ligneuses de noix de coco, ou le bois d'acajou, on obtient également du furfurol en quantité plus ou moins grande. Mais en soumettant des végétaux inférieurs comme les algues à la distillation avec l'acide sulfurique, on n'obtient plus de furfurol, mais une substance isomérique avec cette huile et que M. Stenhouse désigne sous le nom de fucusol.

Le fucusol pur est incolore, mais se colore au bout de quelques jours à l'air et à la lumière en jaune et puis en brun. Sa densité est de 1,150 à 15°,5, tandis que celle du furfurol est de 1,1656 à la même température. Il bout entre 171 à 172°. Le point d'ébullition du furfurol est situé à 166o (162o,5 d'après MM. Cahours et Fownes). Il exige 14 parties d'eau pour se dissoudre. Il colore la peau en jaune et lorsque les parties jaunes sont humectées avec de l'aniline elles se colorent en rose. En général, le fucusol se distingue du furfurol par une moins grande stabilité.

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Enfin M, Stenhouse a pu obtenir aussi le composé correspondant à la furfurine, cette base artificielle isomérique avec la furfuramide, et prenant naissance par l'action de la polasse sur cet amide. M. Stenlir pendant vingt minutes ou une demihouse prépare la fucusine en faisant bouilheure la fucusamide pure avec une solution de potasse moyennement concentrée. La fucusine brute que l'on obtient ainsi présente une consistance molle et pâteuse. On peut la tirer en fils, même à la température de 40°, et M. Stenhouse n'a pas réussi à la faire cristalliser sans l'avoir combinée préalablement avec l'acide nitrique. Le nitrate

de fucusine purifié par la cristallisation a été dissous dans l'eau, puis décomposé par l'ammoniaque. La fucusine s'est séparée

avec lenteur de la solution ammoniacale et a cristallisé sous forme de petits cristaux aplatis et étoilés. La fucusine ne se dissout à la température de 8o que dans 2400 P. d'eau. Elle est moins soluble dans l'alcool aqueux que la furfurine elle-même. Sa composition se représente par la formule. CH13 Az106.

M. Stenhouse a analysé les sels de fucusine suivants :

Le nitrate de fucusine, cristallisant en longs prismes étoilés =

AZO,HO,CH1a Az O®.

Le chlorhydrate double de fucusine et de platine=

HCI, CH1Az❜O,PtCl",

(1) M. Stenhouse écrit improprement C13μ¤O . (2) L'auteur écrit C15H6O3Az.

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SUR LA MATIÈRE COLORANTE DU MORINDA CITRIFOLIA; par M. TH. ANDERSON. La matière qui a fait le sujet de cette recherche a été importée depuis longtemps des Indes en Angleterre sous le nom de sooranjée, dans le but de remplacer la garance par la teinture. Mais tous les fabricants ont reconnu l'impossibilité de s'en servir. M. Anderson a constaté que cette substance était la racine du morinda citrifolia, et a soumis à un examen chimique la matière colorante qu'il renferme principalement dans son écorce, et à laquelle il donne le nom de morindine.

Pour extraire cette matière colorante de l'écorce pilée, il suffit de la faire bouillir avec de l'alcool de force moyenne et de filtrer la liqueur bouillante. La dissolution colorée en brun rouge laisse déposer par le refroidissement la plus grande partie de la matière colorante en flocons bruns qui sont un mélange de morindine et d'une petite quantité de matière colorante rouge. Les derniers extraits donnent un produit d'un jaune beaucoup plus pur, composé presque uniquement de morindine. A l'aide de cristallisations répétées dans l'alcool à 50 pour 100, et à la fin dans de l'alcool additionné d'un peu d'acide chlorhydrique, on parvient à obtenir la morindine tout à fait pure.

Elle se présente alors en fines aiguilles, d'un jaune de soufre et d'un éclat soyeux. Elle est peu soluble dans l'alcool froid, mais beaucoup plus dans l'alcool bouillant, surtout s'il est étendu. Elle est très-peu soluble dans l'alcool absolu, et tout à fait insoluble dans l'éther. L'eau froide n'en dissout que fort peu, mais se colore cependant en jaune; l'eau bouillante la dissout facilement et la laisse déposer par le refroidissement en une masse gélatineuse, qui n'offre aucun indice de cristallisation. Les alcalis la dissolvent avec une couleur rouge orangé, l'acide sulfurique concentré avec une couleur pourpre, mais en l'altérant; car l'eau précipite de cette dissolution des flocons

jaunes complétement insolubles dans l'eau qui forment avec l'ammoniaque une dissolution violette.

L'analyse de la morindine a donné des résultats qui s'accordent parfaitement avec la formule C28H15015, mais l'auteur n'a analysé aucune combinaison pour fixer son poids atomique; il indique cependant que la dissolution de morindine donne naissance à des précipités rouges dans les sels de chaux, de baryte, de strontiane et de plomb. Cette formule établit une relation entre la morindine et le pourpre de garance sublimé qui, d'après M. Schiel, a pour formule C'H'O' ou C28H16016 et renferme par conséquent un équivalent d'eau de plus que la morindine.

Lorsqu'on chauffe la morindine, elle fond en un liquide d'un brun foncé, puis entre en ébullition, dégage une vapeur d'une belle couleur rouge, et laisse un abondant résidu charbonneux. L'auteur a donné le nom de morindone au produit sublimé. Il est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'éther. Il se dissout dans les alcalis et dans l'acide sulfurique concentré avec une belle couleur violette. Son analyse conduit à la formule C28 H1o1o qui paraît le rapprocher du rouge du garance C2*H9O9. Quelques essais faits par l'auteur pour teindre des étoffes avec la morindine et avec les mordants ordinaires ont complétement échoué, ce qui confirme bien l'opinion des teinturiers. Avec une étoffe de coton préparée comme pour recevoir le rouge de Turquie, il a obtenu une teinture solide, d'un rouge brun foncé, mais dont la nuance n'a aucune beauté. Cette matière parait être très-employée dans les Indes pour teindre le coton en rouge, mais la couleur obtenue est plus estimée pour sa solidité que pour sa beauté. (Ann. der Chem. und Pharm.

et Journ. de Pharm. et de Chimie.)

RECHERCHES SUR L'APIINE; par MM. de PLANTA et WALLACE. On sait que M. Braconnot a découvert dans le persil une substance à laquelle il a donné le nom d'apiine. MM. de Planta et Wallace ont repris l'étude de cette substance qui se rapproche beaucoup de la pectine par ses propriétés.

Pour la préparer ils ont traité, par l'eau bouillante, 35 livres de persil recueilli avant l'époque de la floraison. La décoction filtrée à travers une toile s'est prise par le refroidissement en une gelée verte, qui a été lavée à l'eau froide et desséchée au bain-marie. L'apiine impure ainsi obtenue a été traitée à plusieurs reprises par l'alcool. Elle s'est prise, par le refroidissement

en une gelée verte. L'alcool en a été distillé jusqu'à ce qu'il ne restât plus qu'une bouillie verte qui a été fortement exprimée. Le résidu coloré en blanc verdâtre a été lavé par un peu d'alcool et puis digéré et bouilli avec de l'éther jusqu'à ce que ce liquide ne lui enlevât plus rien. Pour achever la préparation il ne restait plus qu'à dessécher la substance dans le vide.

L'apiine pure se présente sous la forme d'une poudre ténue complétement incolore, sans odeur ni saveur. De 100o 180o elle ne change pas de poids. A 180° elle fond rapidement et se prend par le refroidissement en une masse vitreuse, cassante et jaunâtre. De 200°-210° elle commence à se décomposer. Elle ne laisse à l'incinération qu'un très-faible résidu (0,15 pour 100). L'apiine fondue se redissout avec la plus grande facilité dans l'eau bouillante, et cette solution se prend en gelée par le refroidissement. Elle se dissout très-difficilement dans l'eau froide, car il faut 8500 p. d'eau froide pour dissoudre une partie d'apiine. L'eau bouillante la dissout facilement, et des dissolutions même très-étendues de (1000 à 8500 parties d'eau pour d'apiine) possèdent la propriété de se prendre en gelée par le refroidissement. Tandis qu'il faut 389 parties d'alcool froid pour dissoudre 1 p. d'apiine, l'alcool chaud la dissout très-facilement. Il est même à remarquer que le point d'ébullition d'une solution alcoolique saturée d'apiine est plus

élevé que celui de l'eau.

La solution d'apiine est colorée en rouge de sang par le sulfate de protoxyde de fer. La sensibilité de cette réaction qui n'avait pas échappé à M. Braconnot est telle, qu'il faut dissoudre l'apiine dans 8500 p. d'eau pour la faire disparaître. La dissolution alcoolique est précipitée en jaune intense par une solution alcoolique d'acétale de plomb. Avec l'iode elle ne donne pas la réaction caractéristique de l'amidon.

Les analyses que les auteurs ont faites avec l'apiine conduisent pour cette substance à la formule

C4H1015,

Elle ne renferme ni soufre, ni phosphore.

Lorsqu'on la fait bouillir longtemps avec de l'eau en ayant soin de remplacer celle-ci à mesure qu'elle s'évapore, elle perd la propriété de se prendre en gelée par le refroidissement. Par l'évaporation de cette solution il reste un résidu friable, brunâtre et facilement soluble dans l'eau bouillante et dans l'alcool. La solution d'apiine ainsi modifiée par l'ébullition conserve d'ailleurs la propriété de se colorer en rouge par le

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Insoluble dans l'eau, il se dissout facilement dans l'alcool bouillant, et ne se separe pas par le refoidissement de la dissolution dans laquelle le sulfate de fer détermine un précipité rouge brun, floconneux. L'acide chlorhydrique étendu donne égalelorsqu'on fait bouillir, avec cet acide, la ment lieu à la formation du corps précédent solution d'apiine. Les auteurs se sont d'ailleurs assurés que l'action des acides étendus sur ce principe ne donne pas naissance à du sucre.

piine en se colorant en rouge orangé. Lors

L'acide sulfurique concentré dissout l'a

qu'on ajoute de l'eau à cette dissolution il se précipite un corps floconneux et blanchâtre dont la composition se présente par la formule

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Ce serait par conséquent de l'apiine qui aurait perdu deux équivalents d'eau.

Les alcalis dissolvent l'apiine sans l'altérer, même à la température de l'ébullition; lorsqu'on ajoute un acide à ces dissolutions, elles se prennent en une gelée épaisse et transparente qui possède toutes les propriétés de la substance non altérée. Lorsqu'on fait passer un courant de chlore à travers une dissolution chaude d'apiine on obtient un précipité d'un jaune sale qui renferme du chlore. L'apiine sèche absorbe du gar chlorhydrique même à la température de 100° L'acide azotique la décompose sans former ni acide picrique, ni acide oxalique. Enfin elle est décomposée avec une vive effervescence par un mélange d'acide sulfurique et de peroxyde de manganèse; la liqueur qui distille dans le récipient renferme de l'acide formique et de l'acide acétique. (Ibid. Ibid.)

RECHERCHES Sur l'jode des EAUX DOUCES; PRÉSENCE De ce corps dANS LES PLANTES ET LES ANIMAUX; par M. CHATIN.

Nous avans déjà rapporté dans notre cahier de mai, page 471, que M. Chatin avait, comme M. J. Lindley, constaté l'existence de l'iode dans un grand nombre de plantes d'eau douce. Poursuivant ses recherches, il a trouvé que ce métalloïde existait encore dans un grand nombre de corps, tant du règne végétal que du règne animal, et il a présenté à ce sujet à l'Académie des sciences (séance du 26 août), un mémoire dont nous donnons ici les conclusions.

I. L'existence de l'iode chez diverses plantes aquatiques de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique et de la NouvelleHollande, confirme ce que nous avions déduit de l'analyse d'espèces des environs de Paris, savoir, la présence de ce corps dans la masse du globe et la généralité des eaux douces.

II. L'état de la terre aux époques des végétations anciennes pourrait se déduire de la proportion de l'iode dans leurs restes fossiles. La houille, riche en iode, dut provenir de plantes développées sur une terre encore baignée par les eaux ; à l'anthracite, moins iodurée que la houille, on reconnaît que des végétaux terrestres sont venus se mêler aux cryptogames des houillères, et les lignites peu ou point iodés annoncent que les espèces terrestres dominent enfin sur la croûte du globe sortie du sein des eaux. L'iode reparaît dans la lessive des tourbes, et son abondance dans le graphite semble enfin devoir classer cette substance parmi les produits d'origine organique et aqueuse. Bien antérieur à la formation houillère, le graphite représenterait la végétation la plus antique du globe.

III. Les animaux d'eau douce (spongilles, limnées, sangsues, écrevisses, goujons, grenouilles, foulques, rats d'eau, etc.) contiennent de l'iode; ils sont même plus iodurés que les plantes venues dans la même eau.

IV. La présence de l'iode dans les eaux douces peut être directement constatée. Des recherches faites à cet égard sur environ trois cents rivières, fontaines et puits, on peut conclure, en général :

1° Que l'iode existe, en proportion variable, dans toutes les eaux qui sourdent du globe;

2° Que la richesse des eaux en iode peut être présumée d'après la nature plus ou moins ferrugineuse des terrains qu'elles lavent;

3o Que la proportion de l'iode croît ordinairement dans les eaux avec celle du fer, de telle sorte que les eaux dites ferrugineu

ses peuvent être tout aussi bien nommées eaux iodurées ;

4° Que les eaux des terrains ignés sont plus iodurées, en moyenne, et surtout plus uniformément, que celles des terrains de sédiment;

3° Que les eaux de la craie verte et des oolithes ferrugineuses tiennent le premier rang parmi celles-ci ; qu'elles peuvent même se placer avant celles des terrains ignés ;

6o Que tout en étant riches en iode, les eaux de la formation houillère viennent après celles de certains terrains ignés ou de gissement ferrugineux;

7° Que les eaux des terrains essentiellement calcaires et magnésiens sont très-peu iodées;

8° Que l'iode est surtout rare dans les marnes irisées, gangue habituelle du sel gemme;

9o Que les iodures ne sont pas nécessairement proportionnels aux chlorures;

10° Que les rivières alimentées par les glaciers (Rhin, Rhône, Isère, Durance, Tet, Garonne, Adour, etc.) sont peu iodurées, surtout à l'époque de la grande fonte des neiges;

11° Que les eaux de puits sont à la fois les plus calcomagnésiennes et les moins iodées.

V. Le rapport qui existe entre le fer et l'iode des eaux, la facile décomposition de l'iodure de fer, et la décomposition complète de l'iodure des eaux dans l'évaporation sans addition de potasse, rendent probable que l'iode s'y trouve à l'état d'iodure de fer.

VI. L'iode existe dans les plantes et les animaux terrestres.

VII. Les potasses du commerce et la plupart des sels dont elles font la base sont iodurés; mais le nitrate de potasse, la crème de tartre, l'émétique et le tartrate double de potasse et de soude sont privés d'iode.

Les sels ammoniacaux et les soudes sont aussi iodurés, ainsi que le chlorure de sodium des marais salants réputé pur. Le sel gemme et le sel des salines de l'Est sont presque complétement privés d'iodures.

VIII. Les liqueurs fermentées contiennent de l'iode.

Le vin, le cidre et le poiré sont plus iodurés que la moyenne des eaux douces.

Les vins varient, comme les eaux, suivant la nature du terrain. Parmi ceux observés, les plus riches en iode venaient des côtes granitiques du Mâconnais, du Beaujolais, et de l'oolithe moyenne de Tonnerre; les plus pauvres, de la craie blanche de Champagne. Le bordeaux du sol tertiaire de la Gironde est moins iodé que le vin de

la grande bande de craie verte qui s'étend des environs de Cahors jusqu'à ceux de la Rochelle.

IX. Le lait est encore plus riche en iode que le vin, et le lait d'ânesse l'est plus que celui de vache.

Abstraction faite du sol, avec lequel elle varie, on peut admettre que la proportion de l'iode est dans le lait en raison inverse de l'abondance de cette sécrétion.

Les œufs (non la coquille) sont trèsiodés. Un œuf de poule (pesant 50 grammes) est plus ioduré qu'un litre de lait de vache; il l'est autant que deux litres de vin ou de bonne eau (celle de la Seine à Paris). X. L'iode existe dans la terre arable; abondant dans le soufre, les minerais de fer et de manganèse, le mercure sulfuré, il est rare dans le gypse, la craie blanche, les calcaires grossiers et siliceux, etc.

XI. C'est sur les plantes des eaux ferroiodées que devront porter les essais ayant pour but l'extraction économique de l'iode des eaux douces.

XII. Une proportion trop minime d'iode dans les eaux potables de certaines contrées paraît être la cause principale du goître. Le changement d'eau et tout au moins l'usage du vin, des eaux ferro-iodées, du cresson de bonne eau, d'une nourriture animale, des œufs surtout, sont rationnellement indiqués contre cette affection. Il serait encore utile que le sel des marais salants fût substitué, dans les contrées à goîtreux, au sel de roche qui s'y trouve habituellement et s'y consomme.

La plupart des corps regardés par les thérapeutistes comme pectoraux et antiscrofuleux sont riches en iode.

NOUVELLES RECHERCHES SUR LA PRODUCTION de l'acide suCCINIQUE AU moyen de la ferMENTATION; par M. DESSAIGNES.

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Lorsque j'ai fait connaître sommairement la transformation du malate de chaux par la fermentation spontanée, je me proposais d'ajouter à cette première observation les faits que l'analogie pourrait me révéler. Cette recherche était déjà bien avancée lorsque M. Liebig a fait paraître un mémoire sur le même sujet. J'aurais abandonné mon travail, si dès lors je n'avais trouvé quelques faits qui n'ont pas été observés par le célèbre chimiste de Giessen.

» Je me sers de la caséine brute comme ferment, je la mêle intimement à l'eau, tenant en dissolution ou en suspension la matière mise en expérience, et j'abandonne le tout à la température ordinaire de l'été pendant trois semaines ou un mois. Mes essais ont porté sur le malate de chaux

neutre et parfaitement pur, le malate acide de chaux, l'aspartate de potasse et celui de chaux, le fumarate de chaux, le maléate de même base et l'aconiate de chaux extrait de l'aconit napel. Tous ces sels se convertissent facilement en succinate sous l'influence de la fermentation de la caséine. L'asparagine, sous la même influence, commence à se changer en aspartate d'ammoniaque, qui lui-même se transforme en succinate. En effet, si l'on interrompt la fermentation quand elle est loin d'être achevée, on trouve dans la liqueur une grande quantité d'acide aspartique en même temps que de l'acide succinique.

« Le corps non isolé encore qui existe dans les semences de la famille des légumineuses et s'y convertit par la germination en asparagine, est aussi susceptible de se transformer en acide succinique. En effet, si l'on délaye dans l'eau de la farine de pois pendant douze heures, et si l'on abandonne à la fermentation, après y avoir ajouté de la craie, la liqueur filtrée, on y trouve une notable quantité de succinate de chaux. J'ai fait fermenter séparément la légumine, la liqueur d'où elle avait été précipitée, et aussi un corps azoté précipitant le tannin, et qui a été signalé par M. Braconnot. J'espérais ainsi découvrir le corps qui produit l'acide succinique. Toutes ces fermentations donnent pour résultat de l'acide succinique en quantités, il est vrai, inégales, mais cette partie de mes recherches n'est pas encore terminée. J'ai aussi produit le même acide par la fermentation de l'émulsion d'amandes douces, séparée de son huile et mélangée de craie. Il paraît donc que la fermentation succinique se rencontrera aussi fréquemment dans la nature que les fermentations acétique, métacétique, butyrique et valérianique.

J'ajouterai maintenant un mot sur les acides isomères de la formule.

C'H'O'.

Comme on l'a vu plus haut, les acides fumarique, maléique et aconique se convertissent également en acide succinique; cette similitude de transformation est remarquable, car, d'une part, les citrates de chaux ou de soude fermentés avec de la caséine ne donnent pas d'acide succinique, et de l'autre, les deux acides dérivés de l'acide malique se distinguent très-nettement de l'acide aconitique par une autre métamorphose. En effet, j'ai trouvé que le bifumarate et le bimaléate d'ammoniaque soumis à la distillation sèche donnent une matière très-semblable par la plupart de ses reac tions, mais non identique à celle que le bi

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