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arrêter l'extension de la fausse membrane. A cet égard, ils sont d'une efficacité aussi nulle que les saignées et les sangsues. Cependant ils peuvent être utiles dans le traitement du croup; mais c'est quand la méthode substitutive est restée insuffisante, et que le mal a gagné les cananx aériens. Dans ce cas, les efforts de vomissement peuvent faciliter l'expulsion des fausses membranes. Voilà le seul rôle dévolu au vomitif. Comme moyen de s'opposer à la propagation de la diphthérite, M. Trousseau le répète, le vomitif n'a aucunement la propriété qu'on lui suppose. Il en est ainsi du vésicatoire, qui possède en outre l'immense inconvénient d'offrir un nouveau champ aux fausses membranes, et de constituer quelque chose de fort gênant, s'il faut en venir à l'ouverture de la trachée.

(Journ, de méd. et de chirurg. prat.)

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CONSIDERATIONS SUR LA PATHOGÉNIE ET LA THÉRAPEUTIQUE du rhumatiSME ARTICULAIRE AIGU ET SUR LA COUENNE INFLAMMATOIRE; par M. BOUCHARDAT. Il existe dans la maladie qu'on désigne communément sous le nom de rhumatisme articulaire aigu, des éléments morbides très-distincts qui peu vent exister simultanément ou isolément, qui peuvent alternativement dominer ou être amoindris. Dans certaines conditions du rhumatisme articulaire aigu, l'élément phlegmasique se révèle par des signes incontestables. L'un des plus importants est l'existence de la couenne inflammatoire. C'est sur l'importance de ce caractère que M. Bouchardat appelle l'attention de l'Académie.

La couenne inflammatoire renferme trois principes immédiats, suivant M. Bouchardat: 4o une matière identique avec l'albumine pure qui se dissout dans de l'eau acidulée à un millième et qu'il désigne sous le nom d'albuminose; 2° une substance insoluble dans cette cau acidulée, présentant une grande analogie avec la substance caractéristique de l'épiderme et des productions épidermiques; 3o enfin la matière qui, par son ébullition dans l'eau, fournit de la gélatine; c'est elle qui caractérise la couenne inflammatoire, qui la différencie de la fibrine, qui ne renferme que les deux premières substances, et qui lui donne une grande importance pathologique.

M. Bouchardat rapporte une série d'expériences qui lui paraissent ne devoir laisser aucun doute sur l'existence, dans la couenne inflammatoire du rhumatisme articulaire aigu, du principe qui, par son ébullition dans l'eau, donne naissance à la gélatine. Il met sous les yeux de l'Académie,

comme preuves à l'appui, une décoction aqueuse de couenne et des couennes conservées depuis 1842 par son procédé dans l'eau éthérée.

Ce principe immédiat, ajoute-t-il, qui, hors du corps vivant, contribue à la formation, dans le sang, de pseudo-membranes si compactes et si remarquables, ne doit se trouver dans le fluide nourricier d'un homme à la diète que dans des circonstances assez exceptionnelles pour caractériser un état que nous appellerons inflammatoire ou phlegmasique. L'existence, dans le sang d'un homme à la diète, du principe qui donne par ébullition de la gélatine, sera le signe physique de l'élément phlegmasique ou inflammatoire. Dans aucune maladie, il ne se révèle avec plus de netteté que dans le rhumatisme articulaire aigu.

Mais ce n'est pas à dire pour cela que l'élément phlegmasique soit isolé et indépendant de tout autre élément morbide initial dans le rhumatisme articulaire. Ainsi que l'a rappelé M. Martin-Solon, les manifestations de l'élément rhumatismal peuvent, à différentes périodes de la vie d'un rhumatisant, se montrer parfaitement isolées. Ce qu'il importerait donc, ce serait de pouvoir préciser, par des expériences, l'influence des divers éléments morbides sur la marche et la terminaison des phlegmasies; c'est ce que M. Bouchardat a cherché à faire pour le rhumatisme articulaire.

Voici comment il s'exprime sur ce sujet : On peut donc, dans le rhumatisme comme dans une autre maladie inflammatoire, séparer, peser l'élément phlegmasique existant dans la couenne inflammatoire fournie par le sang. Mais comment pourrait-on caractériser l'élément rhumatique? Doit-on désigner sous ce nom une matière qu'on puisse inoculer et peser, ou un état particulier de certains organes? Pour la forme la plus ordinaire du rhumatisme articulaire aigu, c'est à cette dernière opinion qu'il faut s'arrêter.

Adoptant ce résultat de l'observation, que le rhumatisme articulaire aigu, comme la pneumonie et comme d'autres maladies aiguës des membranes, peut être déterminé par un refroidissement subit, M. Bouchardat se pose cette question : Quel peut être l'effet sur l'économie vivante d'un refroidissement subit?

Des sécrétions ou générales ou partielles, parmi lesquelles il faut placer en première ligne celle des différentes parties de la peau, peuvent être immédiatement supprimées ou modifiées par un refroidissement subit. Les éléments principaux ou caractéristiques de l'exhalation cutanée, peuvent se développer anormalement dans d'autres tissus ou sur

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d'autres membranes, ou seulement ne pas se produire. Ces innombrables appareils qui fonctionnent continuellement dans l'économie vivante, et dont les sécrétions, alternativement acides ou alcalines, nous révèlent l'existence, peuvent être considérées comme des piles dont les pôles peuvent se renverser sous l'influence d'une vive perturbation ou seulement cesser momentanément leur action régulière. On comprend alors sans peine comment certaines membranes, qui sont continuellement lubréfiées par des liquides alcalins, peuvent se trouver en contact avec des liquides dont l'acidité ne dépasse pas celle de la sueur ou celle même du tissu musculaire. Eh bien! à la température du corps de l'homme, cette modification, qui paraît n'avoir aucune importance, suffit cependant pour que les tissus qui donnent, à l'ébullition, de la gélatine, soient profondément modifiés. J'ai, en effet, établi que des membranes étaient pour ainsi dire dissoutes à la température de +38 degrés, lorsqu'on les plongeait dans de l'eau n'ayant pas une réaction acide aussi grande que celle de la sueur. Suivant les constitutions individuelles, ces perversions de sécrétions pourront se produire habituellement chez le même individu, soit dans les membranes des articulations, soit dans celles de l'appareil respiratoire, et le refroidissement alors donnera lieu, suivant les conditions, soit au rhumatisme articulaire, soit à une pleuro-pneumonie; et ce seront ces conditions spéciales, cet état particulier, qui constituera ce que nous nommons l'élément rhumatique.

Examinant ensuite les cas où l'élément rhumatique, parfaitement distinct, comme on vient de le voir, de l'élément inflammatoire, peut se trouver compliqué d'un ou de plusieurs autres éléments morbides, M. Bouchardat cherche à déterminer à quels signes on peut distinguer l'élément goutteux, par exemple, de l'élément rhumati que. Le caractère de l'élément goutteux, pour lui, sera un excès d'acide urique dans l'économie, qui se révèle souvent par la présence de concrétions spéciales dont la nature chimique et la pathologie sont faciles à déterminer, et qui se révèle aussi par l'efficacité d'un traitement bien dirigé.

La deuxième partie de l'argumentation de M. Bouchardat est relative à la valeur comparée des principaux traitements préconisés pour combattre le rhumatisme articulaire aigu. Voici en quels termes il résume son jugement sur chacune des principales méthodes en usage:

ÉMISSIONS SANGUINES. On comprend sans peine combien les émissions sanguines pourront être utiles dans une maladie qui

est surtout caractérisée par la présence dans le sang d'un principe organique qui lui communique des propriétés plastiques si prononcées, que la formation de fausses membranes doit être aussi facile que le jeu régulier des fonctions doit se trouver entravé.

Toutes choses égales d'ailleurs, les larges saignées, répétées à de courts intervalles, devront être beaucoup plus efficaces que de faibles émissions sanguines. Mais ce qui paraît moins solidement établi, c'est : 1o la parfaite innocuité pour l'avenir des malades, de ces larges saignées répétées à de courts intervalles; 2o leur utilité pour s'opposer aux graves complications qui menacent un malade atteint fortement de rhumatisme articulaire.

SULFATE DE QUININE. - Le sulfate de quinine, administré contre le rhumatisme articulaire aigu, est un grand et puissant remède qui, bien manié, peut être aussi efficace qu'aucune autre méthode thérapeutique; mais son administration n'est pas aussi facile qu'on serait tenté de le croire. A doses altérantes, son utilité n'a jamais paru évidente; à doses élevées, l'influence toxique du sulfate de quinine ne saurait aujourd'hui être mise en doute,

Pour administrer le sulfate de quinine avec sécurité et efficacité contre le rhumatisme articulaire aigu, voici les règles et les précautions qu'il conviendrait d'adopter. La dose doit être assez élevée pour produire un trouble passager dans l'économie vivante, et ne pas atteindre les limites où il y a un danger réel à courir. De 1 à 2 grammes dans les vingt-quatre heures, voilà la quantité qui convient le plus généralement à un homme adulte. Il faut fractionner avec soin les doses et surveiller attentivement, à l'aide du réactif des alcalis végétaux, si la quinine est régulièrement et convenablement éliminée par l'appareil urinaire. La préparation qui doit être préférée est le sulfate soluble, mais sans acide en excès.

Le sulfate de quinine, convenablement administré, abrége la durée et diminue l'intensité des douleurs du rhumatisme articulaire aigu. Est-il aussi efficace pour prévenir les complications? On manque de documents suffisants pour résoudre cette question.

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DIGITALE. SCILLE. COLCHIQUE. La digitale, la scille et le colchique modifient la marche du rhumatisme en causant une vive perturbation dans l'économie, et particulièrement dans l'appareil circulatoire; mais comme leur supériorité n'est pas encore démontrée, comme leur administration est beaucoup plus difficile à régler que celle du sulfate de quinine, parce

que ou leurs préparations ne sont pas uniformes, ou leur élimination ne peut être régulièrement suivie, etc., nous n'en dirons pas davantage.

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NITRATE DE POTASSE. Le nitrate de polasse, convenablement administré, est, comme M. Martin-Solon l'a établi, d'une incontestable utilité dans le rhumatisme articulaire.

Dans quelles conditions et à quelle dose le nitre est-il un poison pour l'homme? quelles sont les précautions qui doivent di, riger son administration à haute dose? II résulte des expériences et des observations rapportées par M. Orfila, et de mes recherches propres, que la présence, dans le sang d'un homme, du nitrate de potasse en quantité suffisante (de 20 à 30 grammes), peut déterminer la mort. Cependant l'expérience démontre qu'on a pu utilement et sans aucun danger, administrer 40 et même 60 grammes et plus de nitrate de potasse à un rhumatisant dans les vingt-quatre heures. Mais trois conditions sont nécessaires pour que la sécurité soit complète : la première, que le sel soit dissous dans une grande quantité d'eau (2 ou 3 litres); la seconde, que les doses soient également réparties dans les vingt-quatre heures; la troisième, que l'appareil sécréteur de l'urine fonctionne bien, et que le nitrate de potasse soit facilement éliminé de l'économie ce qui revient à dire qu'il n'en faut pas plus de 20 grammes à la fois dans l'appareil circulatoire.

TARTRE STIBIÉ. (Au point de vue de la tolérance) est-il vrai que, dans certaines conditions morbides, l'économie animale puisse supporter sans danger des doses élevées de médicaments énergiques qui, dans d'autres circonstances, pourraient déterminer des accidents? Les expériences des contre-stimulistes à cet égard, ont été mal exécutées et plus mal interprétées. Quand on fait prendre à un malade une substance énergique, si on veut agir avec vigueur, il faut déterminer avec soin les conditions de l'absorption et de l'élimination; il faut, en un mot, connaître la quantité qui peut, dans un moment donné, exister impunément l'état soluble dans la circulation. Il se peut qu'un rhumatisant puisse supporter dans la circulation, sans accident, de plus gran→ des doses de nitrate de potasse, de tartre stibié, qu'un homme en santé; mais aucune expérience précise ne le démontre, et c'est un ordre de recherches entièrement neuf, malgré les affirmations de l'école italienne. OPIACÉS. Pour certains sujets, les opiacés constituent un ordre de moyens très-utiles pour combattre la douleur, et ils peuvent avoir une influence heureuse sur

à

la marche de la maladie; on peut même arriver vite à en faire supporter à un rhumatisant des doses assez élevées. Cependant il ne faut pas insister trop longtemps sur leur usage, pour ne déterminer aucun dérangement durable du côté de l'appareil de la nutrition.

VÉSICATOIRES. — Les grands vésicatoires, appliqués sur les articulations, paraissent, théoriquement surtout, efficaces dans le rhumatisme articulaire aigu, lorsqu'on peut remplir ces deux indications: 1° les appliquer à l'époque la plus rapprochée possible du début de la maladie; 2o leur donner une étendue et une activité suffisantes pour que la révulsion soit proportionnelle au mal que l'on veut combattre.

(Abeille médicale.)

DU DIAGNOSTic différentiel des diversES ESPÈCES DE PAralysies générALES, A L'AIDE DE LA GALVANISATION LOCALISÉE; par M. A. BRIERRE DE BOISMONT. La paralysie générale des aliénés si bien décrite par MM. Bayle et Calmeil paraissait avoir définitivement pris place dans le cadre nosologique, lorsque les travaux de MM. Baillarger et Lunier sont venus jeter le doute dans les esprits, en établissant que la paralysie générale était une affection indépendante du désordre de l'esprit, qu'elle pouvait exister seule, et que le plus ordinairement elle se montrait la première dans les cas d'aliénation. Tout en reconnaissant qu'il fallait faire deux divisions de la paralysie générale des aliénés dont l'une, plus nombreuse et réellement caractéristique, comprendrait les paralytiques avec délire ambitieux, ou portant sur l'exagération du moi, et l'autre, beaucoup plus restreinte, renfermerait les paralytiques avec démence simple; j'ai soutenu avec MM. Calmeil, Foville, Parchappe, Bayle, etc., que la paralysie générale des aliénés, par ses symptômes, sa marche, ses causes, sa nature, l'âge et le sexe des individus qu'elle attaquait, n'en constituait pas moins une maladie spéciale. Désirant élucider cette question, j'ai entrepris une série de recherches de concert avec mon ami, le docteur Duchenne, de Boulogne, et je n'ai pas tardé à acquérir la conviction qu'il y avait eu de singulières confusions sur ce sujet. Un premier résultat, auquel nous ont conduits nos expériences à l'aide de la galvanisation localisée, c'est qu'il y a deux espèces de paralysie générale, qui doivent différer complétement par leur nature et leur siége.

La première espèce de ces paralysies générales progressives sans aliénation a pour

caractères distinctifs de présenter un affaiblissement, une diminution, une abolition de l'irritabilité et de la contractilité musculaires d'autant plus prononcés que la maladie est plus ancienne. Cette altération peut commencer par un muscle, un membre, puis elle envahit successivement toutes les parties, et gagne également la langue. Dans plusieurs cas, l'autopsie, faite avec le plus grand soin, n'a révélé aucun désordre dans le cerveau, la moelle épinière, malgré l'ancienneté de l'affection.

Parmi les faits de ce genre, nous citerons sommairement l'observation suivante : Une dame voit d'abord le membre supérieur gauche, puis l'inférieur, et successivement ceux du côté opposé, perdre leur force; les doigts se contractent et il leur devient difficile de tenir les objets; la marche n'a lieu que d'une manière incomplète et ne peut s'effectuer sans le secours d'un bras. La paralysie gagne la langue, et la malade ne prononce plus qu'avec lenteur et hésitation les mots qui se présentent à son esprit. La sensibilité est conservée, l'intelligence est intacte, la maladie remonte à plus d'un an. Les fonctions digestives s'exécutent bien, les urines et les matières fécales peuvent être retenues. L'appareil électrique ne détermine aucune contraction dans les membres inférieurs. Le jambier antérieur, les péroniers, les fléchisseurs restent immobiles sous l'influence du courant. Le phénomène se remarque à un degré un peu moins marqué dans les muscles des membres supérieurs; les muscles du tronc ne se contractent que faiblement. Nous pourrions joindre à cette observation celle d'un malade qui a succombé dans le service de M. Andral, avec tous les symptômes d'une paralysie générale progressive sans aliénation, qui s'était déclarée depuis plus d'un an : chez lui, l'irritabilité et la contractilité musculaires électriques étaient complétement anéanties, quoiqu'il pût encore exécuter des mouvements. La connaissance resta intacte jusqu'à la fin. L'autopsie, faite avec le plus grand soin, sous les yeux de M. Andral ne révéla aucune altération, et l'examen microscopique auquel se livra M. Lebert ne montra aucun dérangement dans les nerfs.

En résumant ces faits et beaucoup d'autres analogues, mais qui doivent être rapportés à des causes différentes, on peut établir qu'il y a des paralysics générales progressives sans aliénation qui sont caractérisées par l'affaiblissement, la diminution, l'abolition de l'irritabilité et de la contractilité musculaires. Il était intéressant d'opposer à ces résultats ceux fournis par l'examen de la paralysie générale pro

gressive des aliénés; M. Duchenne et moi avons répété en septembre dernier nos expériences sur les malades paralytiques placés dans nos établissements. Les trois individus qui en ont été le sujet étaient paralytiques à des degrés différents; le premier n'avait que du bégaiement intermittent, le deuxième était à la seconde période, mais considérablement amaigri; le troisième, paralytique depuis plusieurs années, se tenait difficilement sur les jambes et ne pouvait plus répondre. Chez tous les trois, l'irritabilité et la contractilité musculaires existaient à un degré marqué. Nous avons recommencé ces expériences le 15 novembre, à Bicêtre, en présence de M. Delasiauve, médecin de cet hôpital, et de ses élèves; des malades ont été pris au hasard parmi les plus avancés, les plus anciens et ceux qui gardaient le lit depuis plusieurs mois; l'irritabilité et la contractilité musculaires ont été constatées chez les six malades examinés; deux étaient arrivés à un haut degré d'amaigrissement et même d'atrophie, surtout dans les extrémités inférieures. Presque tous ces malades laissaient aller sous eux; on peut donc avancer, comme un fait constant, que dans les paralysies générales avec aliénation mentale, il y a conservation de l'irritabilité et de la contractilité musculaires. Il se rencontrera sans doute des faits où ces propriétés se manifesteront, quoiqu'il n'y ait pas encore de signes d'aliénation, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il existe dans cette maladie trois ordres de symptômes, que, par conséquent, la sensibilité et la motilité peuvent être seules atteintes, et l'intelligence n'être altérée que longtemps après. M. Delasiauve nous a rapporté l'exemple remarquable d'un individu qui resta deux ans à l'hôpital, présentant seulement les signes propres à la paralysie générale, puis les symptômes caractéristiques de la folie apparurent en 24 heures. Enfin, il peut survenir dans les paralysics des aliénés des paralysies progressives qui seront liées à la maladie de la moelle épi

nière.

Relativement au siége de la paralysie générale, il nous est impossible d'admettre qu'il puisse être constamment localisé dans les centres nerveux. Il y a pour nous, d'après l'observation, des paralysies générales qui sont sous la dépendance de la moelle épinière, d'autres du grand sympathique; quelques-unes qui sont périphériques, plusieurs qui ne se lient à aucune lésion appréciable des centres nerveux; un certain nombre qui dépendent de la maladie du cerveau. Nous avons insisté sur ces différences dans une lettre adressée à M. le doc

Leur Verga, rédacteur de la Gazette médicolombarde, et qui a paru dans ce journal.

En définitive, on peut donc considérer comme un fait établi dans la science, qu'il existe deux grandes divisions de la paralysie générale, dont l'une, celle des paralyti ques aliénés, conserve à tous les degrés l'irritabilité et la contractilité musculaires, tandis que l'autre, celle des paralysies sans aliénation, voit ces deux propriétés s'altérer, s'affaiblir, se perdre à mesure que l'altération fait des progrès.

La paralysie générale progressive des aliénés présente à son tour deux variétés, la première, beaucoup plus nombreuse, est celle qui frappe les individus dans la force de l'âge, et dont le principal désordre intellectuel est caractérisé par la folie ambitieuse, l'exagération du moi; la seconde plus limitée, atteint particulièrement les individus avancés en âge, et offre pour troubles intellectuels les symptômes de la démence, et spécialement l'affaiblissement et la perte de la mémoire.

Le siége de la paralysie générale ne doit pas être localisé comme il l'a été jusqu'alors; ce grand désordre fonctionnel peut dépendre de lésions fort diverses du système nerveux dont toutes les parties nous paraissent

solidaires.

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(Union médicale.)

EMPLOI DU KOUSSO CONTRE LE TOENIA, A L'HÔPITAL DU KING'S COLLEGE; par le Dr BUDD. Nous avons déjà fait connaître les premiers essais du Dr Budd, dans notre cahier de juin, p. 559; l'article suivant confirmant pleinement les premiers résultats obtenus, nous le communiquons à nos lecteurs envers lesquels nous avions, du reste, pris l'engagement de publier la suite des expériences du Dr Budd.

Le kousso, autrement dit le Brayera anthelmintica parce que c'est le Dr Brayer, qui le premier a fait connaître en Europe les vertus de cette plante, qui croît en Abyssinie, est classé parmi les rosacées; cette plante atteint la hauteur d'un chêne, et portede forts bouquets de très-petites fleurs d'un gris pâle ou rose. Les fleurs sont employées par les habitants de l'Abyssinie contre le tœnia, maladie qui est commune dans ce pays. Le kousso est parvenu au docteur Budd, sous forme de poudre brune, ressemblant à du jalap, ayant l'odeur de la scammonée, faiblement amère au goût, et un peu nauséabonde.

On ne peut se procurer cette substance que chez M. Boggio pharmacien, 13, rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris, qui demande 40 francs pour chaque dose de 4 1/2

drachmes, renfermés dans un flacon bien bouché (1).

Neuf doses ont été administrées à neuf malades, affectés du ver solitaire, par MM. les docteurs Marshall-Hall, Todd et Budd. Chez tous ces malades le ver a été tué et expulsé.

Le médicament a été donné le matin, avant le déjeuner, moment le plus favorable, car alors l'intestin grêle où se trouve le ver est moins rempli, le tœnia plus à découvert, et plus exposé à l'action de l'anthelmintique.

On a laissé infuser la poudre pendant 10 minutes, dans 314 de pinte d'eau chaude. Cette infusion, après avoir été agitée, a été administrée en une seule fois.

Un des malades du Dr Todd était une femme avancée dans sa grossesse, elle rendit à peu près la moitié de la dose, l'autre moitié qui resta dans l'estomac suffit pour tuer le ver.

Les deux autres patients auxquels ce médecin avait donné le kousso, n'éprouvèrent que quelques maux de tête, etc.

Le docteur Budd fait toujours prendre, la veille, à ses malades une poudre de Sedlitz ou une dose d'huile de ricin, afin de vider les intestins et d'exposer le ver solitaire à toute l'action du remède. C'est une précaution qu'il faut toujours prendre lorsqu'on veut donner des remèdes contre le tœnia.

Iladministre, après l'ingestion du kousso, de l'huile de ricin, pour expulser le tœnia. Il faut agir de même après l'emploi de la térébenthine, qui irrite les reins lorsqu'on la laisse séjourner dans les intestins.

La nommée Sarah Wheeler, une de ses malades, qui avait employé différents remèdes contre le tœnia, n'était jamais parvenue à s'en débarrasser complétement; c'est le kousso, qu'elle a pris le 11 avril, qui l'a entièrement guérie, car depuis cette symptômes produits par le tœnia. époque elle n'a plus ressenti aucun des

Le Dr Budd cite encore un cas curieux dans lequel le taenia résista à tous les moyens, le malade rendit plusieurs aunes de ce ver, à la suite du choléra. Le kousso le débarrassa totalement de ce

parasite. Dans tous les cas où le kousso a été prescrit à l'hôpital, la tête du tœnia ou l'anneau de la tête a été recueilli, ce qui fait supposer que l'animal a été tué.

Ce médicament est actif; dans un seul cas, le malade fut deux jours à expulser le ver solitaire; chez tous les autres malades, l'expulsion eut lieu le même jour, et

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(1) M. Hooper droguiste, 7, Pall. Moll East, vend ce médicament 16 schillings aux hôpitaux et 20 s. au public, chaque dose.

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