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l'appareil de Clarek et dans la machine Breton, les courants interrompus par une solution de continuité dans les conducteurs, n'arrivent que par chocs et par saccades. Donc, quand on se servira de la pile à charbon ou de la pile à auge, on aura le soin de procéder par saccades; c'est-à-dire que la main gauche tenant un des conducteurs immobile sur l'une des aiguilles, la main droite doit frapper à petits coups, avec le conducteur adverse, sur l'aiguille opposée. Il importe peu de toucher les aiguilles à tel ou tel point de leur longueur, l'effet est toujours le même, et la piqûre en est d'autant moins douloureuse qu'on les touche plus près de la pointe.

Je sais bien que certains auteurs, en écrivant sur l'électricité, ont fait une recommandation tout à fait contraire à la mienne. Ainsi M. La Beaume, entre autres, prétend que les chocs et les saccades doivent être évités, parce qu'ils sont cause de douleurs; mais d'abord je ferai remarquer que M. La Beaume proscrivait l'acupunc ture et par conséquent l'électro-puncture, et ensuite je dirai que l'expérience m'a fait reconnaître la nécessité de la règle que je viens d'avancer. En effet, si vous laissez vos deux courants fixes et continus, ils perdent si vite de leur intensité, que vous êtes contraint, pour obtenir une sensation, d'activer l'énergie de ces courants outre mesure, et alors vous tombez dans un inconvénient très-grave et que nombre d'expérimentateurs ont pu constater. Il se forme autour des aiguilles une désorganisation et des escarrhes, qui laissent après leur guérison des taches indélébiles.

Le docteur Martin-Lauzer me faisait remarquer qu'avec l'appareil électro-magnétique, on ne produisait jamais d'escarrhes, pourquoi? Parce que dans l'appareil de Clarck comme dans l'appareil Breton, on n'obtient que des courants de saccades, et que les fluides arrivent aux conducteurs avec des interruptions successives. Pour mon compte, je n'ai pas plus obtenu d'escarrhes avec la pile galvanique qu'avec l'appareil Breton, et je crois l'avoir évité par la précaution que je viens d'indiquer.

Quand j'emploie l'électricité par courants sans aiguille, j'attache aux fils conducteurs, deux plaques que je mets en contact avec la peau. Une précaution est indispensable, c'est de mouiller avec un peu d'eau, ou mieux encore avec un peu de salive, les plaques que l'on va mettre en action. Ces plaques, de forme ronde ou ovale, sont ordinairement surmontées d'un bouton auquel j'attache mon fils conducteur; après l'y avoir attaché, et afin de prévenir tout contact qui soutirerait une partie du courant,

j'enveloppe le bouton d'un ruban de soie qui me permet, en l'isolant, de le tenir ou de le faire tenir par la personne même que j'électrise.

Règle générale. Aiguilles, plaques ou boutons doivent être appliqués de telle sorte, qu'en tirant une ligne fictive des deux pointes d'aiguille ou du centre des deux plaques appliquées, ee soit juste au milieu de cette ligne que se trouve l'organe que l'on veut soumettre à l'électricité. Effectivement, c'est à ce point médian que s'opère la recomposition des deux courants introduits, c'est à ce point que l'électricité a la plus grande action thérapeutique. (La suite au prochain No.)

LETTRES SUR LA SYPHILIS, par le Docteur RICORD (1).

NEUVIÈME LEttre.

Je veux terminer aujourd'hui ce qui concerne la blennorrhagie par quelques mots sur son traitement. Vous comprendrez que dans ces lettres les détails seraient oiseux et inutiles. Je me tiens aux sommités de toutes les questions, les dé veloppements devant faire le sujet d'un traité spécial et étendu et que j'espère pouvoir offrir plus tard au jugement de mes confrères. Ici je touche à toutes les doctrines de l'hôpital du Midi, et je dois clore ce qui a trait à la blennorrhagie, par quelques considérations sur le traitement de celte maladie.

A voir la persistance de certains syphilographes à rester dans les anciennes idées concernant la blennorrhagie, à ne voir et à n'admettre que des blennorrhagies virulentes, il semblerait que ces syphilographes ne devraient constater l'existence d'aucun écoulement sans faire intervenir aussitôt le traitement mercuriel. Eh bien! il n'en est pas ainsi. Le plus grand nombre d'entre eux se contente du traitement rationnel, et parmi eux veuillez ranger M. Vidal, qui ne fait pas autre chose que ce que je fais, et moins peut-être; car dans ce qu'il a écrit sur la blennorrhagie, n'établissant nulle part un diagnostic différentiel absolu entre la blennorrhagie virulente et la blennorrhagie bénigne, il ne parle en aucune façon du traitement antisyphilitique proprement dit. Voyez le Traité de pathologie externe de M. Vidal, et vous serez étonné comme moi, qu'avec ses idées sur la viru

(1) Voir notre cahier de septembre, page 230.

lence de la blennorrhagie en général, le traitement de mon collègue soit si benin.

J'ai déjà dit un mot de l'étonnante et ridicule coutume de ceux qui donnent le copahu et le cubèbe aux blennorrhagies des célibataires, et qui réservent le mercure à quiconque veut se marier. Cette thérapeutique à deux fins me rappelle l'histoire d'un de mes anciens collègues de l'hôpital du Midi. Il avait, dans sa jeunesse, comme beaucoup d'autres, contracté des blennorrhagies. Plus tard, il dut épouser la fille d'un vieux syphilographe imbu de la doctrine du traitement de précaution; il n'obtint la main de sa prétendue qu'à la condition d'un traitement par la liqueur de Van-Swieten longtemps continué. Le traitement fini, le mariage s'accomplit. Tous ceux qui ont vécu dans l'intimité de ce collègue, et même les personnes qui ont assisté à ses conférences cliniques, ont pu entendre ses fréquentes et amères récriminations contre ce traitement de fiançailles. Du reste, ce traitement avait été très-inutile chez notre collègue, car il avait conservé un suintement habituel de l'urèthre, dernier et péremptoire argument qu'il avait habitude de présenter aux personnes qu'il ne parvenait pas à guérir d'un inconvénient semblable.

D'autres, plus logiques en apparence, en admettant la blennorrhagie virulente, et confessant néanmoins qu'ils ne peuvent la distinguer de la blennorrhagie bénigne, donnent à tout hasard et quand même, le traitement mercuriel. Hunter est de ce nombre, et sa manière de raisonner le traitement de la blennorrhagie est on ne peut plus curieuse. Si Hunter n'avait pas d'autres titres à la reconnaissance et à l'admiration des savants, ses écrits ne seraient pas parvenus jusqu'à nous, et M. Richelot, votre savant et modeste collaborateur et ami, n'aurait pas doté la France de sa belle traduction des œuvres du grand physiologiste anglais. Ecoutons Hunter, il n'est pas indifférent de lire le passage suivant: « Quelle que soit la méthode qu'on ait adoptée pour le traitement de la gonorrhée, soit localement, soit à l'intérieur, il ne faut jamais perdre de vue qu'une certaine quantité de la matière de l'écoulement peut être absorbée et se montrer ensuite sous la forme de syphilis constitutionnelle. Pour prévenir cet effet, je pense qu'on doit donner intérieurement de petites doses de mercure. Il n'est pas facile de déterminer à quelle époque ce traitement mercuriel doit commencer; mais s'il est vrai, ainsi que je l'ai expliqué antérieurement, que la disposition syphilitique une fois formée ne peut point être guérie par le mercure,

tandis que cet agent thérapeutique a la faculté d'empêcher une pareille disposition de se former, il importe de commencer de bonne heure et de continuer jusqu'à la fin de la maladie, non-seulement jusqu'à ce que la sécrétion du pus ait cessé de se faire, mais encore quelque temps après. On peut employer les frictions mercurielles, lorsque l'estomac et les intestins ne peuvent supporter le médicament.

» Cette pratique est d'autant plus nécessaire, que l'écoulement dure depuis plus longtemps, surtout lorsque le traitement s'est composé seulement de simples évacuants. En effet, lorsque l'écoulement a une longue durée, l'absorption a plus de temps pour s'exercer; et lorsqu'on n'a eu recours qu'aux évacuants, il y a plus de raisons de craindre qu'elle n'ait eu lieu, car ces médicaments n'ont aucunement la faculté de repousser le virus de l'économie.

» Pour empêcher l'établissement d'une syphilis constitutionnelle par suite de l'absorption du pus vénérien, il suffit de prescrire un grain de mercure calciné chaque soir, ou soir et matin; mais il faut en continuer l'emploi en proportion de la durée de la maladie.

» On ne peut jamais constater le succès de cette pratique dans aucun cas particulier, parce qu'il est impossible de dire si le pus a été absorbé, excepté dans des cas où il se forme des bubons; et toutes les fois qu'on reste incertain sur la réalité de l'absorption virulente, il est impossible d'affirmer qu'une syphilis constitutionnelle se serait manifestée, si l'on n'avait point donné de mercure; car, parmi les malades qui n'ont point pris de mercure, on en voit peu qui soient atteints de symptômes constitutionnels consécutivement à une gonorrhée. Quoi qu'il en soit, il est prudent de prescrire un traitement mercuriel; car on peut admettre, avec raison, qu'on préviendra souvent ainsi l'établissement d'une syphilis constitutionnelle, comme cela a lieu lorsqu'on l'administre à des malades affectés de chancres ou de bubons qui, dans ce traitement, détermineraient certainement une infection générale, ainsi que l'expérience nous l'a appris. » (OEuvres complètes, trad. de Richelot, tome II, page 257.)

Je vous demande pardon pour cette longue citation, vous savez que ce n'est pas mon habitude; mais celle-là m'a paru d'autant plus nécessaire, que cette doctrine sert encore de base aux raisonnements et à la pratique d'un grand nombre de syphilographes.

Faut-il que j'insiste d'abord sur la manière dont Hunter admet l'infection constitutionnelle par la blennorrhagie? Ce n'est

pas la partie actuellement malade qui infecte, c'est le pus sécrété! Évidemment, Hunter n'avait pas réfléchi sur ce mode singulier d'infection, et ceux qui l'ont suivi ne semblent pas y avoir réfléchi davantage.

Il est vrai que cette doctrine a été singulièrement revue et augmentée. Ainsi, vous trouverez dans un syphilographe mo derne que, dans la blennorrhagie, l'infection ne se fait pas par la portion de la muqueuse qui est malade, mais bien par la portion de la muqueuse du voisinage qui est restée saine, celle-ci seule ayant la faculté d'absorber le muco-pus virulent; d'où il faudrait tirer, mon cher ami, cette bizarre conclusion, que si toute la longueur de l'urèthre était malade l'infection consécutive ne serait jamais à craindre.

Les coques muqueuses d'Huffeland sont encore une émanation de la doctrine huntérienne. Vous savez que celui-ci prétend que si la blennorrhagie n'infecte pas plus souvent, c'est que le pus est enveloppé dans de petites coques muqueuses, d'où il n'a pas toujours la liberté de s'échapper. Revenons à Hunter, et soyons douloureusement surpris de voir ce grand esprit voulant prévenir l'infection par un traitement mercuriel, assurant que plus la maladie aura duré, plus il y aura de chances d'infection et plus aussi il faudra donner de mercure, et ne voyant pas que si le mercure n'agissait en effet que pour prévenir l'infection, son administration serait inutile après une longue durée de la blennorrhagie, puisque l'infection serait déjà établie et que le mercure n'a plus de prise sur elle; soyons étonné que, malgré son incertitude sur l'action du mercure contre l'infection, il affirme d'une manière si absolue son efficacité à des doses si rigoureusement et si mathématiquement déterminées; restons confondus de ne rencontrer dans le passage cité qu'un tissu de contresens et de contradictions. Le traitement mercuriel excite le plus ordinairement les écoulements blennorrhagiques, et Hunter veut qu'on le continue jusqu'à cessation complète de toute sécrétion! Que de malades dont l'écoulement ne tarit pas seraient ainsi condamnés au mercure à perpétuité. Le collègue dont je vous parlais tout à l'heure eût été littéralement gorgé de mercure. Que serait devenu sous le poids d'un traitement aussi prolongé, un vieux militaire à qui j'ai donné des soins, qui avait contracté la blennorrhagie à la petite paix d'Amiens et qui la gardait encore en 1845, c'est-à-dire depuis plus de quarante ans?

Toute cette doctrine de Hunter est déplorable de non-sens. Me donnerai-je le

plaisir facile de mettre en évidence ce singulier aveu : « On ne peut jamais constater le succès de cette pratique; » et celui-ci plus singulier encore : « On voit peu de malades qui soient atteints de symptômes . constitutionnels consécutivement à une gonorrhée? » N'est-ce pas, cher ami, que de l'aveu même de Hunter, toute la question se réduit à ceci : c'est que le mercure n'est utile qu'au petit nombre de ceux dont la blennorrhagie est due à un chancre uréthral !

Ainsi tout, et l'erreur même, vient confirmer l'exactitude et la vérité de la doctrine de l'hôpital du Midi.

Enfin, le traitement de la blennorrhagie nous ramène encore en présence de la théorie du juste-milieu. M. Lagneau, qui regarde la blennorrhagie comme une syphilis légère, conseille contre elle un demi-traitement. Nous voyons poindre ici le demivirus, de la demi-virulence de notre confrère de Lyon, M. Baumès.

Demi-traitement! Syphilis légère! Hélas! mon cher ami, il n'y a malheureusement rien de léger en fait de vérole, si ce n'est certaines opinions d'hommes très graves. La syphilis existe ou n'existe pas. S'il y a vérole, il faut un traitement complet, aussi complet que possible; il faut user de toutes les garanties que peut donner un traitement sérieux et méthodique. Si la vérole n'existe pas, eh mon Dieu! à quoi bon un traitement antisyphilitique!

La blennorrhagie simple, bénigne, comment faut-il la trailer? Je répète encore que je me tiens ici aux généralités de la question. D'abord, un mot du traitement abortif. Vous savez tout ce qui a été dit sur la répercussion, sur la théorie du loup renfermé dans la bergerie, vous connaissez toutes les appréhensions qui se sont manifestées à l'endroit des métastases et des pérégrinations du virus dans l'économie, occasionnées par le traitement abortif de la blennorrhahie. Cette doctrine m'a toujours fort étonné en présence des faits qui se présentent en foule et journellement dans la pratique.

D'abord, il est incontestable que la plupart des accidents auxquels la blennorrhagie peut donner lieu, ne se manifestent presque jamais avant la fin du premier septenaire, c'est à partir du second, et le plus ordinairement plus tard, qu'on voit ces accidents survenir.

D'un autre côté (et ceux qui fréquentent l'hôpital du Midi le savent bien) le plus grand nombre de ces accidents ne se manifeste que chez les blennorrhagiques qui n'ont fait aucun traitement ou qui n'en ont fait qu'un insignifiant. Voulez-vous

que je vous en donne une preuve singulière?-Ici, mon cher ami, laissez-moi vous direincidemment que je professe une grande déférence pour la statistique médicale, cet "instrument précieux, qui, manié comme il l'a été par les habiles mains de M. Louis, a rendu de si incontestables services à notre science. Mais, M. Louis est le premier à le reconnaître et à le proclamer, rien de plus difficile, de plus délicat que la statistique médicale; rien qui, par ses écarts ou par sa vicieuse application, puisse conduire à de plus grandes déceptions, à des erreurs plus déplorables. Cette profession de foi faite, on ne pourra pas, je l'espère, considérer comme une attaque contre la statistique ou comme une moquerie de ce précieux instrument de recherches, ce que je vais dire, relativement aux causes des accidents produits par la blennorrhagie.

Je disais que le traitement abortif de la blennorrhagie était fort innocent des accidents qui peuvent se manifester pendant le cours de cette maladic. Savez-vous, en effet, ce que la statistique ridiculement interprétée, apprendrait à cet égard? C'est que l'antécédent le plus fréquent de l'épididymite serait la tisane de la graine de lin. Je possède sur ce point des chiffres énormnes, et les élèves de ma clinique attendent tous les jours avec une hilariante impatience, cette question terminale que je ne manque jamais d'adresser au malade affecté d'épididymite: mais avez-vous pris de la tisane de graine de lin? La réponse est inévitablement affirmative.

Que conclure de ces chiffres et de ces faits? Qu'évidemment l'épididymite, comme les autres accidents de la blennorrhagie, n'est ni une répercussion, ni une métastase, ni aucune de ces chimères par lesquelles on a voulu empêcher l'application d'un traitement hâtif et abortif de la blennorrhagie.

Je suis profondément convaincu, par mon observation et par ma longue expérience, qu'une blennorrhagie arrêtée dès les premiers jours de son apparition, loin d'être suivie des accidents qu'on redoute, en empêchera au contraire la manifestation. Le traitement abortif de la blennorrbagie est en même temps le traitement prophylactique des accidents consécutifs. Aussi, en pratique, ai-je adopté le traitement abortif appliqué dès les premiers mo. ments de l'apparition de la blennorrhagie. C'est un point de doctrine sur lequel je ne saurais jamais trop insister. Le début de la blennorrhagic est connu, sa fin et ses conséquences sont toujours incertaines. Il y a donc immense intérêt pour le malade à

le débarrasser le plus vite possible de son écoulement.

En dépit d'un vieux préjugé dont la pratique de Bell a pu être le prétexte, je professe, mon cher ami, que les injections qui constituent une des parties les plus importantes du traitement abortif, loin de produire les rétrécissements de l'urethre, ainsi qu'on l'a dit et qu'on le répète encore, sont le meilleur traitement prophylactique de ces rétrécissements. On peut assurer que plus vite un écoulement scra arrêté, moins on aura à redouter les altérations organiques de l'urèthre; celles-ci sont, comme pour toutes les autres muqueuses, la conséquence de la durée de l'inflammation. Je sais bien qu'ici encore la statistique a été invoquée, et qu'on a exhibé des cas assez nombreux dans lesquels des rétrécissements se sont manifestés après les injections. Mais il en est un peu à cet égard comme de la tisane de graine de lin dans l'épididymite; par cela seul qu'on trouve les injections parmi les antécédents des rétrécissements, il ne faut pas conclure à un rapport de causalité; analysez bien ces observations, et vous verrez qu'il s'agit de blennorrhagies anciennes, d'une très-longue durée, qui ont résisté à tout, même aux injections; c'est précisément parce que les injections n'ont pas guéri l'inflammation, que le rétrécissement est survenu. Ce qui n'entraîne pas la nécessité de leur emploi maladroit ou intempestif.

Je ne veux pas terminer cette lettre, mon cher ami, sans vous dire un mot du prix que vient de fonder mon honorable confrère et ami, M. Diday, de Lyon. Vous savez qu'il offre une somme de 300 fr. à qui lui apportera dix observations de blennorrhagie simple qui auront produit la syphilis constitutionnelle. Cette idée est bonne; mais la trouvez-vous suffisamment généreuse? Trente francs pour chaque observation si difficile à rencontrer, franchement est-ce assez? Moi je considère comme impayable un seul fait de syphilis survenue sans cause syphilitique; aussi ne fonderai-je aucun prix sur ce point. Que mon savant et spirituel ami me permette de lui dire qu'il n'eût compromis ni sa fortune présente, ni sa fortune à venir, en centuplant la valeur des observations qu'il de

mande.

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Toutes ces femmes ont guéri, à l'exception d'une seule qui a succombé à une fièvre typhoïde consécutive à la phlegmatia alba. Cette malade était d'ailleurs antérieurement déjà dans un état cachectique très-prononcé. Il n'est resté ni infirmité ni affection d'aucune espèce, si ce n'est chez une femme où un œdème compacte du tissu cellulaire (ædema scirrhosum) de la partie inférieure de la cuisse a persisté assez longtemps.

La maladie n'a jamais été suivie de suppuration; presque toujours elle s'est terminée par la résolution de l'engorgement, sans élimination sensible d'un produit morbide.

Ces femmes étaient entre 26 et 40 ans ; deux femmes avaient 26 à 28 ans ; une seule avait 40 ans ; toutes les autres étaient dans leur trentième année.

La maladie s'était déclarée après des couches en général faciles, dans 7 cas, du dixième au quatorzième jour après l'accouchement, une fois huit jours après, une fois six semaines après, une fois douze semaines après.

Le pied droit a été envahi 7 fois, le pied gauche 4 fois, malgré l'opinion que la phlegmatia alba siége de préférence à gau

che.

L'époque de l'année et la température n'ont pas paru exercer d'influence marquée sur la production de la maladie; celle-ci, en effet, s'est déclarée dans toutes les saisons; cependant 7 cas ont eu lieu en automne et au printemps; ce qui coïncide avec des variations de température et des occasions plus fréquentes de refroidisse

ment.

Outre ces conditions climatériques, quelques-unes de ces femmes avaient été affectées antérieurement de rhumatisme; d'autres ont présenté, soit au début, soit à la fin de la maladie, une éruption miliaire, toutes conditions qui se rapportent parfaitement à ce qu'on appelle la constitution atmosphérique rhumatismale. N'est-il pas permis d'admettre d'après cela que cette constitution favorise le développement de la phlegmatia alba dolens?

Le traitement du docteur Camerer a été établi suivant ce principe posé par Autenrieth, son maître, qu'il faut chercher à diminuer et à faire cesser l'état de tension où se trouve le système vasculaire, en administrant des remèdes antispasmodiques associés à des moyens antiphlogistiques non débilitants, tels que l'herbe de digitale unie au calomel.

A l'intérieur, l'auteur a donné la digitale en infusion, avec du nitre ou de l'acétate de potasse; d'autres fois, il l'a prescrite en substance unie au calomel; en même temps il prescrivait des frictions avec l'huile de

genièvre et l'huile de jusquiame; en général, dans l'espace de trois semaines, il a toujours obtenu la résolution de l'engorgement, sans phénomènes critiques apparents.

Un autre médicament, qui lui paraît mériter la préférence, parce qu'il calme la violence des douleurs, aussi sûrement que promptement, c'est l'opium, que l'auteur a toujours employé sous forme d'extrait aqueux, ordinairement uni au nitre.

Le docteur Camerer n'a jamais dû avoir recours à une médication antiphlogistique énergique ; il n'a pas dû recourir aux émissions sanguines, soit locales, soit générales. (Medicinisches Correspondenz-Blatt et Gaz. méd. de Paris.)

DU SULFATE DE CINCHONINE CONTRE LA FIÈVRE INTERMITTENTE; par le docteur THOMSEN (de Schwanzen). Le docteur Thomsen, pour remédier au prix élevé du sulfate de quinine, a employé le sulfate de cinchonine dans un grand nombre de cas, et en a toujours obtenu les mêmes effets qu'avec le sulfate de quinine: le sulfate de cinchonine ne prévient pas les récidives, mais il fait cesser les accès aussi rapidement que la quinine; sont goût est moins amer; il paraît plus facilement supporté par l'estomac. Les jours où l'accès manque, les malades ont pris une poudre de 50 centigrammes en trois fois. On peut aussi donner une tasse de camomille après chaque dose. Les enfants s'en trouvent fort bien et prennent plus facilement cette substance que la quinine vu son peu d'amertume. Les seuls cas de fièvre intermittente qui ont résisté au sulfate de cinchonine se sont présentés chez des sujets hémorrhoïdaux ou affectés de pléthore abdominale; le sulfate de quinine, dans ces divers cas, a fait disparaître les accès de fièvre intermittente.

Le docteur Thomsen rappelle, en faveur de la cinchonine, que les propriétés altribuées à l'écorce de quinquina étaient dues principalement à la cinchonine; en effet, les diverses espèces de quinquina, le quinquina royal excepté, renferment très-peu de quinine, et le quinquina royal n'est entré dans le commerce en Europe que vers 1780. (Zeitschrift für die gesammte Med. et Gaz. med. de Paris.)

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