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4. Enfin d'un tube en zinc façonné de manière à entrer librement dans ce dernier vase tubulaire.

Le cylindre en charbon et le tube en zinc sont munis l'un et l'autre à leur partie supérieure d'une oreille en cuivre destinée à attacher les fils conducteurs.

Pour mettre cette pile en action, on verse dans le vase en verre de l'acide nitrique coupé d'un quart ou d'une moitié d'eau ; on en verse sculement un quart de la capacité, à cause des autres objets que ce vase doit contenir; puis on y place le cylindre de charbon; on remplit le vase en terre d'eau contenant un dixième d'acide sulfurique et on l'introduit dans le cylindre à charbon; enfin, au milieu de ce dernier récipient on

plonge le tube de zinc et l'électricité se dégage immédiatement.

J'ai employé cette pile pendant trois ou quatre mois. Elle a un avantage énorme, c'est qu'elle ne coûte que cinq francs et que, par conséquent, elle met l'électricité à la portée de toutes les bourses.

Mais elle a des inconvénients : elle ne fournit qu'un courant assez faible; elle s'use vite. En trois ou quatre mois, en opérant 30 ou 40 minutes par jour, j'ai été obligé de renouveler trois fois mon cylindre de charbon; ensuite les acides employés peuvent se répandre et brûlent alors tout ce qu'ils touchent; enfin, quand on a fini de se servir de cette pile, il faut bien vite transvaser les acides, opération fort délicate; puis il est urgent de laver à grande eau et d'essuyer chacune des pièces de l'appareil, opération fort ennuyeuse.

II. LA PILE A AUGE.

La pile à auge est une boîte de chêne, allongée, mastiquée à l'intérieur, garnie de plaques carrées de cuivre et de zinc soudées l'une à l'autre, posées de champ, disposées par couples parallèles et placées de telle sorte qu'il reste entre chaque couple un vide plus ou moins considérable, des interstices à peu près égaux.

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Pour mettre cette pile en action, on remplit les vides, les interstices, d'eau contenant environ un vingtième d'acide chlorhydrique ou nitrique. C'est ce que les physiciens appellent la sauce. Des expérimentateurs recommandent de ne remplir la cuve qu'aux quatre cinquièmes de sa hauteur et d'avoir soin d'essuyer le bord supérieur des plaques et de la cuve. Je n'ai point reconnu que cette précaution fût indispensable. Quant au degré d'acidité de l'eau qui doit servir de véhicule à l'électricité, je la dose d'ordinaire en la goûtant, c'est-à-dire que j'en agis comme lorsqu'on veut faire de la limonade sulfurique; je plonge le doigt dans le liquide acidulé et je le porte à ma langue; suivant le degré d'âpreté que la langue percoit, je juge que ma sauce est fort ou faiblement aiguisée. Si

je veux des courants énergiques, j'acidule assez fortement. Dans le cas contraire, j'emploie une eau à peine sapide.

Les conducteurs de la pile se composent de deux plaques de cuivre qui se placent dans les interstices humectées. En haut de ces plaques est un prolongement percé d'un trou, et c'est à ce trou que s'attachent les fils métalliques.

Cette pile a des avantages. Le premier c'est de n'être pas d'un prix fort élevé : elle coûte 1 franc par couple, et une pile de 20 à 25 couples est de force à fournir l'électricité nécessaire pour la plupart des opérations. Le second est de permettre à l'opérateur de graduer la force des courants qu'il veut employer. J'ai déjà indiqué l'influence de la sauce et de son acidité, mais le nombre des couples qui séparent

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L'appareil de Clarck est composé d'une masse d'acier fortement aimantée, près de Maquelle sont mises en rolation deux bobines de fil isolé, bobines, qu'en physique, on appelle multiplicateurs; l'axe sur lequel tournent ces bobines est le réservoir de l'électricité dont elles se chargent. Des commutateurs et des conducteurs disposés versent les courants à droite et à gauche.

Le premier avantage de cet appareil est de ne nécessiter aucune préparation, et c'est à cause de cette circonstance que j'ai cru pouvoir en abréger la description.

Le second est de permettre de graduer la force des courants électriques qu'il procure: 1° plus la masse aimantée est rapprochée des multiplicateurs, plus les courants dont ils se chargent deviennent vigoureux. Une vis de rappel sert à approcher ou à éloigner la masse aimantée des bobinesmultiplicateurs; 2° plus le mouvement de rotation est rapide, plus la décomposition magnétique s'accélère, plus les courants acquièrent d'intensité; 3° enfin, à la masse aimantée s'adapte un morceau de fer doux qui la fait travailler sans cesse afin d'en conserver toute l'énergie, car chacun sait que l'aimant exige un travail continuel. Or, ce morceau de fer soutire à la masse aimantée une partie de sa force; si dans le noment de l'opération on l'enlève, les

courants arrivent à leur plus haute puis

sance.

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de coûter 3 ou 400 fr.. de peser 30 ou 40 Les inconvénients de cet appareil sont : kilogrammes et d'être d'une structure trèspeu portative.

IV. APPAREIL BRETON FRÈRES.

L'appareil Breton est une boîte portative garnic d'un côté d'une manivelle qu'il faut tourner, de l'autre d'un bouton qu'on tire ou qu'on enfonce, suivant que l'on veut diminuer ou accélérer les courants. C'est

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Nos physiciens ont donné de l'électricité des théories diverses dans le dédale desquelles je ne veux point me perdre; mais pour les règles que je poserai tout à l'heure, il est urgent que j'en adopte une et c'est celle de Symner qui m'a paru la plus convenable. Franklin, le grand Franklin, supposait un fluide unique répandu dans tous les corps et dont chaque être possède, selon sa capacité, une quantité plus ou moins grande. Tant que le fluide électrique est en équilibre dans un système du corps, rien ne manifeste sa présence au dehors, mais lorsque cet équilibre vient à être rompu par une cause quelconque, il tend aussitôt à se rétablir, et de là, résulteraient les phénomènes observés. Bien, si le fluide électrique n'avait eu que la propriété d'attirer les corps, l'hypothèse d'un fluide unique eût suffi pour en expliquer les effets; malheureusement l'expérience a prouvé que le corps, d'abord attiré, est bientôt après repoussé; il est donc nécessaire pour expliquer des effets aussi opposés, de recourir à l'hypothèse d'un double fluide, et c'est ce qui me fait adopter, avec un bon nombre de savants, l'hypothèse de Symner. Suivant ce physicien, tous les corps de la nature renferment un fluide électrique particulier, que l'on nomme fluide naturel; le globe terrestre peut en être regardé comme l'immense réservoir, et de là le nom de réservoir commun qu'on lui donne quand il s'agit d'électricité. Ce fluide naturel est le résultat de la combinaison de deux autres fluides; quand ceux-ci, combinés, se trouvent à l'état de fluide naturel, ils n'ont aucune propriété électrique; mais lorsque, par différents procédés, ils s'isolent l'un de l'autre, il surgit une série de phénomènes dont le principal est la tendance de ces deux fluides à toujours se recomposer. On a donné différents noms à ces fluides; nous adopterons les plus communément employés, et nous les appellerons fluide négatif et fluide positif.

Chacun des corps de la nature contient une dose de fluide naturel, comme chaque

corps contient une dose particulière de calorique ; il suit de là des décompositions et des recompositions incessantes; je m'explique deux corps doués de caloriques différents mis en contact arrivent bientôt à l'équilibre, c'est-à-dire que le corps le plus froid soutire du calorique au plus chaud, jusqu'à ce qu'ils se trouvent tous les deux à la même température. Il en est ainsi de l'électricité seulement, comme le calorique est un fluide simple et indécomposable, it ne se passe, dans l'obligation d'équilibre que j'ai mentionnée, qu'un échange tout simple, tandis que, pour arriver à un équilibre électrique, l'électricité étant un fluide double, cette électricité se décompose dans son passage d'un corps à un autre. Si le corps emprunteur a plus d'affinité pour le fluide positif, c'est d'abord celui-là qu'il emprunte; et puis, comme le fluide positif tend incessamment à se recomposer avec le fluide négatif, il l'appelle à son tour pour se combiner avec lui. Il y a donc dans cette opération décomposition et recomposition successives.

Il me reste à faire remarquer qu'outre l'électricité générale que j'appelle électricité élémentaire, il en existe une autre que j'appellerai électricité physiologique ou vitale. Le corps vivant engendre de l'électricité comme le corps vivant engendre de la chaleur ; je dis qu'un corps vivant engendre de la chaleur. Depuis le calorique local qui produit l'inflammation, jusqu'à la réfrigération générale qui tue comme dans le choléra, nous aurions, pour le prouver, une longue échelle à parcourir. On a expliqué cette chaleur par les mouvements organiques, par les combinaisons chimiques, par les frottements de toute nature: peu m'importe l'explication. J'enregistre le fait. Je dis que chaque corps vivant engendre aussi une certaine dose d'électricité qui lui est particulière.

Je ne trancherai pas la question posée par quelques physiologistes modernes, qui demandent, s'il ne serait pas permis de penser que la substance cendrée du cerveau et la substance blanche du même organe contribuent puissamment par le contact de leurs surfaces, par la différence de leur composition, par le liquide céphalorachidien, qui les baignent, à produire (comme dans la pile à auge) une quantité considérable de fluide électrique dont les nerfs sont les conducteurs naturels; non. Je crois, avec M. le Dr Fabre-Palaprat, que le fluide développé par le cerveau, quoique provenant de la décomposition du fluide naturel ou général, quoique étant, au fond, de la même nature que le fluide développé par une pile métallique, offre cependant

certaines différences. Toutefois, je crois devoir rapporter une expérience maintes fois répétée, et qui m'a fait admettre, pour mon compte, une grande analogie entre le fluide électrique et le fluide nerveux. C'est à l'ouvrage de M. Fabre-Palaprat que j'emprunte la rédaction de cette expérience.

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« Prenez deux lapins du même âge et à » peu près de la même force; après les » avoir fait jeuner assez de temps pour que » leur estomac puisse être libre de tout aliment, faites manger à la fois à chaque la» pin une même quantité de choux. Immé»diatement après que les lapins auront mangé, coupez les deux nerfs pneumogastriques de chaque animal, renversez l'extrémité stomacale des nerfs, de manière à interrompre toute communication » essentielle avec le cerveau. Mettez en » communication les deux extrémités d'un » des nerfs coupés du lapin A, l'une avec le bout d'un fil métallique, l'autre avec » le bout opposé du même fil. Laissez les >> extrémités des nerfs coupés du lapin B » dans un état d'isolement; après 8 ou 10 heures, ouvrez l'estomac de chaque ani» mal.

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On a pu remarquer que dans les instruments que j'ai décrits, je n'ai parlé que des machines qui fournissent des courants électriques; c'est que je n'ai point grande confiance dans l'électrisation superficielle; les bains électriques, comme on les a appelés, ne pénètrent guère nos tissus : la preuve, c'est qu'on peut rester des heures entières en contact avec la machine électrique proprement dite: on y éprouve le malaise et la lassitude que nous donnent les temps d'orage; mais c'est là tout. Je comparerais volontiers l'électricité de surface au calorique divergent, et l'électricité par courant au calorique convergent. Exposez de l'amadou au soleil, il s'échauffe doucement, parce que les rayons caloriques lumineux divergent; mais faites converger ces rayons au moyen d'une lentille, et la chaleur deviendra telle, qu'elle enflammera l'amadou. Les courants électriques acquièrent, en se concentrant, une force particulière, et le besoin qu'ils éprouvent de se précipiter l'un vers l'autre pour se recomposer les contraint

(1) C'est-à-dire que le fil métallique aurait servi de trait d'union au nerf coupé.

à pénétrer nos tissus. En pénétrant nos organes, ils y choisissent nécessairement pour conducteur les tissus pour lesquels ils ont le plus d'affinité, le système nerveux, par exemple, et en parcourant le système, ils y impriment des modifications impor

tantes.

Donc, je ne veux parler que des règles à suivre dans l'application des courants électriques.

De deux choses l'une, ou les courants sont faibles, tels sont ceux fournis par la pile à charbon et la pile à auge, et alors on l'introduit dans l'organisme à l'aide d'aiguilles, que l'on plante dans la peau; c'est ce qu'on appelle électro-puncture.

Ou les courants sont violents, et en appliquant à la peau deux plaques mouillées qui communiquent à chacun des conducteurs, on obtient des effets que je raconterai bientôt c'est l'électricité par courant. Électro-puncture. 1o On se sert d'ai

guilles en platine longues de deux pouces environ et parfaitement effilées. Au lieu de planter ces aiguilles dans la peau, comme on plante des épingles dans une pelotte, il faut les y entrer en faisant opérer à l'aiguille des mouvements de rotation; sans cette précaution, la douleur est assez vive, et l'on est exposé à rencontrer des veinules et des artérioles, qui, une fois ouvertes, forment des ecchymoses ou donnent du sang extérieurement. Au contraire, en roulant l'aiguille entre le pouce et l'index, à mesure qu'on l'introduit doucement, elle écarte le tissu de la peau, elle respecte les vaisseaux flexibles qu'elle rencontre et elle ne blesse rien. Avec cette précaution, je n'ai jamais eu une goutte de sang.

20 Il est inutile d'enfoncer les aiguilles bien profondément, pourvu qu'elles pénètrent le derme, elles y rencontrent quelque filet nerveux qui leur sert en quelque sorte de prolongement, et l'électricité pénètre dans nos tissus tout aussi activement que si les aiguilles y entraient très-profondé

ment.

3o Enfin, ces aiguilles en platine sont terminées par un petit anneau qui leur sert de tête; mais il faut bien se garder d'attacher à cet anneau les fils conducteurs. Pour deux raisons: la première, c'est que le fil en cuivre pesant sur l'aiguille, en rendrait la présence douloureuse, et la seconde c'est qu'en électricité, il faut procéder par choc, c'est-à-dire qu'il est essentiel d'interrompre à chaque instant les cou

rants.

Pourquoi cette dernière règle? Parce que l'expérience y a conduit, et l'a si bien élevé au niveau d'un axiome, que dans les derniers instruments que j'ai décrits dans

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