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dire des assistants et du malade lui-même, avait relevé ce dernier du fâcheux état dont nous avons parlé, qui avait même fait guérir la plaie de l'aine droite, mais qui n'était pas encore parvenu à faire cicatriser les deux fistules de l'aine gauche. Restant pendant quelques jours encore dans l'expectative au sujet de ces dernières, je reconnais que tantôt elles suppurent abondamment, ce qui soulage fort le malade, et que tantôt la suppuration semble se tarir, ce qui fait revivre les douleurs et donne même un peu de fièvre par le séjour, dans les chairs, du pus, dont l'évacuation soulage encore quand elle s'opère. Ce que voyant, je prescris des injections iodées, d'après la formule no 3 de M. Lugol. Je reconnais, en faisant les premières, que les trajets fistuleux pénètrent profondément, et qu'ils communiquent l'un avec l'autre. Pratiquées d'abord une fois par jour, elles le furent deux fois dès la fin du premier septénaire. Or, après une vingtaine de jours de leur usage, qui était d'ailleurs secondé par l'administration interne de l'iodure de potassium, nous vîmes avec bonheur se tarir définitivement ce double trajet fistuleux que le traitement interne avait été insuffisant à guérir. La convalescence marcha dès lors très-bien, et quand ce militaire nous quitta, à la fin de février, il était en état de reprendre son service.

L'exposé de cette observation démontre bien que l'iodure de potassium à l'intérieur avait été très-utile chez ce sujet, dont il avait relevé les forces et notablement amélioré l'état général, mais que, cependant, pour la guérison des fistules inguinales, l'intervention des injections iodurées avait été d'un puissant secours, et que probablement sans elles la guérison définitive eût mis un long temps encore à s'opérer.

Mais, dans bien des circonstances, les injections iodées ne sont pas seulement utiles dans le traitement des solutions de continuité fistuleuses, comme accessoires d'une médication interne, mais plutôt comme la base fondamentale du traitement curatif, savoir quand la lésion ne dépend pas d'une viciation générale de l'organisme, ou bien quand elle persiste malgré l'emploi suffisamment continué des agents modificateurs internes. Voici la relation d'un fait confirmatif de cette assertion :

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Observation. Abcès fistuleux situé dans la fosse iliaque droite, traité et guéri par les injections iodées.

La demoiselle Marie A..., âgée de 13 ans, s'étant laissé tomber de sa hauteur, frappa violemment du côté droit du ventre sur un corps saillant. Il s'ensuivit une douleur vive d'abord, qui s'amortit quelque peu les jours suivants, sans cesser entièrement, et contre laquelle on n'employa que des moyens insignifiants. Cependant, une vingtaine de jours après l'accident, savoir le 20 mars 1848, on trouva que la partie frappée s'était tuméfiée; elle avait pris lentement du volume et avait fini, au bout de trois mois, par constituer une tumeur plus manifeste qui s'ouvrit et laissa écouler une certaine quantité d'un pus un peu plus liquide que le pus phlegmoneux. On s'attendait toujours à ce que l'ouverture par laquelle la suppuration s'était fait jour s'oblitérerait; mais, attente vaine, elle persistait, donnait toujours issue à une sérosité purulente,

el avait tout à fait revêtu les caractères d'une ouverture fistuleuse ; c'est ainsi que je la trouvai lorsque la famille, inquiète de la persistance du mal, me consulta au commencement du mois d'octobre suivant, c'est-à-dire sept mois environ après la chute, et quatre mois après l'ouverture de l'abcès. La fistule était située au-dessus de l'os des îles et près l'apophyse transverse de l'avantdernière vertèbre lombaire. Sa position et son aspect nous firent craindre d'abord quelque carie de la vertèbre; mais comme le liquide était inodore, et que cette personne avait conservé son embonpoint, nous espérâmes, vu surtout le souvenir de la chute accidentelle qui avait été la cause de tout le mal, qu'aucune lésion osseuse ne serait encore établie. L'ouverture fistuleuse était d'ailleurs entourée d'un pourtour induré, et le stylet boutonné s'enfonçait à une profondeur de huit centimètres environ sans atteindre aucune surface cariée. Nous ne prescrivimes pour cette fois que des fondants ou résolutifs locaux, quelques applications émollientes, quelques injections de même nature, quelques purgatifs de loin en loin.

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Trois mois s'écoulèrent ainsi sans que ces quelques soins eussent en rien modifié l'ouverture fistuleuse qui, de nouveau explorée, présenta la même profondeur ; je crus dès lors tout à fait indiqué d'employer les injections iodurées, et dans ce but je marquai le no 3 du liquide ci-dessus de M. Lugol, à faire une injection par jour. Nous eùmes cette fois trouvé le bon remède; dès le seizième jour, la fistule était cicatrisée, et le pourtour induré qui l'entourait avait pris une consistance normale. Trois purgatifs furent alors donnés de huit en huit jours ou dans l'espace de trois semaines, afin que cette suppression de la fistule ne pût être suivie d'aucun accident. Nous nous sommes assuré plus tard que la guérison avait été bien définitive.

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Dans ce cas, nous nous sommes contenté d'une solution iodurée faible qui nous a suffi; s'il en eût été autrement, nous n'aurions pas hésité à employer une solution iodée au tiers, la même que l'on emploie dans le traitement de l'hydrocèle, des kystes, etc. Nous avons même pour habitude, dans des circonstances analogues, d'intercaler de temps en temps quelqu'une de ces dernières injections, afin de donner par elles une impulsion plus active au traitement. Si nous ne l'avons pas fait chez cette dernière malade, c'est parce que nous ne l'avions pas assez souvent sous les yeux, et que d'ailleurs la guérison ne s'est pas fait attendre. C'est avec la solution iodée au tiers que M. le docteur Oulès, médecin à Sorrège, obtint le remarquable succès que publiait, en 1847, le Journal de médecine de Toulouse, et dont voici la substance:

Une fille de 30 ans, d'un embonpoint très-prononcé, eut un abcès énorme dans le creux de l'aisselle. Deux fistules s'étendaient profondément sous les muscles de la poitrine; le pus qui s'en écoulait était séreux et verdâtre, il y avait de la fièvre; la malade avait perdu l'appétit et s'affaiblissait. La sonde s'engageait profondément dans les fistules qui prenaient trois directions différentes, et tout débridement était à peu près impossible à cause de l'épaisseur des chairs qu'il aurait fallu diviser. Dans ces circonstances, M. Oulès recourut aux injections iodées favorisées par la compression. Une injection fut faite

dans chacun des trajets fistuleux, et 70 grammes à peu près de solution furent employés; il ne se manifesta aucune douleur. Un bandage compressif fut ensuite appliqué sur la poitrine; mais le soin de le renouveler fut confié à des gens fort peu intelligents. La suppuration n'en diminua pas moins dès le troi·sième jour, et elle était complétement tarie le douzième.

(La fin au prochain No.)

RAPPORT AU CONSEIL GÉNÉRAL D'ADMINISTRATION DES HOSPICES ET SECOURS DE LA VILLE DE BRUXELLES; par le docteur Joseph BOSCH, médecin des pauvres des paroisses de Notre-Dame de Finisterre, de Saint-Nicolas et de Saint-Jacques sur Caudenberg. (Suite. Voir notre cahier de juin, p. 530.)

OSERVATIONS Particulières se rapportant au tableau No 1 CI-CONTRE.

L. a. Cette série, quoique fort peuplée et formée par 45 ménages agglomérés dans une seule, rue n'offre point d'observations hygiéniques de quelque importance à noter. La rue de la Coupe, quoique peu large, est bien aérée; ses habitations, à peu d'exceptions près, sont propres, bien tenues, et généralement assez bien disposées et dans un bon état d'entretien. Ses habitants, quoique tous pauvres, sont convenablement disciplinés grâce à la surveillance active et bienveillante, mais juste et sévère de leur maître des pauvres.

L. b. Une couple de chambrées exceptées, tous les autres ménages de cette série sont aussi fort propres et bien tenus. Toutes les maisons y sont en bon état de construction et d'entretien.

Le voisinage des marchés à la Volaille, aux Poissons et aux Moules ne paraît pas influer sur la classe pauvre d'une manière fâcheuse sous le rapport sanitaire.

L. c. Aucune des demeures des pauvres n'offre d'observations particulières à noter, si ce n'est celle N° 6, petite rue de la Violette, où se trouvent des lieux d'aisance infectant la cage de l'escalier qui lui-même est fort obscur et mal aéré.

L. d. L'impasse Tête-de-Bœuf offre au N° 8 une habitation qui tombe en ruines et qui est en outre de la construction la plus vicieuse. Plusieurs de ses réduits réunissent toutes les conditions d'insalubrité : humidité, défaut d'espace, d'air et de lumière. Deux de ces cloaques sont habités par une mère et son fils déjà fort âgé, qui doivent coucher dans le même lit, à défaut de place suffisante. Le toit de cette méchante demeure est tellement délabré, dit-on, qu'on n'ose plus s'y risquer pour le raccommoder. Il y a réellement urgence de faire fermer celle maison dangereuse à habiter sous tous les rapports.

Le N° 2, allée des Roses, doit aussi être signalé pour son insalubrité. Nous y avons rencontré entre autres mauvaises dispositions: un couple, homme el femme, habitant un rez-de-chaussée froid, humide, obscur, offrant à moitié de

sa hauteur une soupente qui elle-même n'a que 4 pieds d'élévation et où ces malheureux grimpent tous les soirs au moyen d'une échelle pour y passer la nuit. Ils paient ce misérable local, véritable écurie, fr. 7, 50 par mois!

Le N° 2, impasse des Veaux, rue de la Fourche, offre aussi une maison hu-mide, sans cave, privée d'air et de jour et infectée par une latrine mal placée.

L. e. Deux maisons de cette série dont les demeures sont en général mal tenues demandent une mention toute particulière.

Le N° 5, rue des 3 Pigeons, n'est pas seulement mal habité et malpropre, mais de plus mal aéré, fort humide et présente une latrine dont l'égout est défectueux au point que la cour de la maison attenante est souvent inondée de matières fécales.

La maison No 16, rue Porte d'Uccle, réunit toutes les conditions d'insalubrité une petite place humide, froide et sombre au rez-de-chaussée et un mauvais grenier sont les deux seules pièces qui la composent. Elle n'a ni cour, ni cave, ni lieux d'aisance et se trouve privée de toute ventilation. Elle est cependant habitée par deux familles de poissonniers composées ensemble de sept individus un homme et sa femme, une veuve et ses quatre enfants. Tous sont couchés pêle-mêle pendant la nuit sur de mauvaise paille dans le grenier infect cité ci-dessus. La saleté la plus dégoûtante et la misère la plus profonde se font remarquer chez les habitants de cette affreuse demeure. On cesse d'en être étonné quand on apprend que tous sont adonnés à l'ivrognerie.

L. f. Cette série ne m'a pas fourni d'observations particulières si ce n'est que la plupart des chambres du rez-de-chaussée sont excessivement humides. Les inconvénients de cette fâcheuse disposition sont cependant amoindris par la circonstance que le plus grand nombre de ménages pauvres qui y logent, possèdent en outre une chambre à coucher séparée..

L. g. Les demeures des pauvres de cette série, quoique appartenant généralement à des maisons assez bien construites, sont cependant la plupart mal tenues et dans un état de malpropreté pénible à voir.

OBSERVATIONS PARTICULIÈRES SE RAPPORTANT AU TABLEAU No 2 CI-CONTRE.

L. a. Parmi plusieurs habitations malsaines, la Cour de l'Ange présente une eave habitée par toute une famille.

L'aération de cette impasse n'étant pas suffisante, ne serait-il pas possible de l'améliorer en établissant une communication avec la rue Neuve du Pepin par la démolition d'une maison au fond de la cour?

L. b. Cette rue étroite, sale, mal pavée et encombrée d'une population pauvre, si nombreuse qu'il a fallu la diviser en trois séries, est sans contredit l'une des localités les plus mauvaises de la paroisse sous le rapport de la salubrité. La plupart de ses maisons sont vieilles, dans un état de délabrement excessif, mal aérées, humides, à escaliers étroits, tortueux et obscurs, à latriDes infectes, sans cour ni cave. Quelques maisons renchérissent encore sur les

autres par leurs nombreux vices hygiéniques, je les signalerai successivement. La maison No 14 est un réduit infect, d'une malpropreté repoussante; sa cour est un cloaque où les immondices et les eaux ménagères restent en stagnation par suite d'un égout enfoncé et obstrué, et constituent un foyer permanent d'infection. De plus, ses habitants sont exposés à être ensevelis sous ses décombres, car elle menace ruine et l'on est obligé d'élançonner ses poutres intérieures. Il serait urgent que le propriétaire fût mis en demeure d'y faire les réparations indispensables.

L. c. La plus grande partie des maisons de cette série sont mauvaises et dans les fâcheuses conditions que j'ai énumérées en parlant de la rue en général, L. b, ci-dessus. Toutes cependant, à l'exception des No 27, 29 et 34, se distinguent par leur propreté et témoignent de la surveillance active qu'exerce le maître des pauvres sur leurs habitants.

L. d. La maison No 17, rue des Armuriers, est la seule de cette série qui réunisse toutes les conditions d'insalubrité : rez-de-chaussée bas et humide, sans air ni lumière, habité par une famille misérable : un mari, sa femme et Jeurs 3 enfants; latrine placée sous l'escalier et infectant toute la maison qui est dans le plus grand état de délabrement.

L'impasse du Cygne, où l'air est excessivement vicié et non suffisamment renouvelé, serait beaucoup assainie si l'on y établissait une ventilation permanente, en perçant une communication possible avec la rue du Cygne contre laquelle elle est adossée.

L. e. Les habitants de la rue des Trois-Têtes sont pendant les 314 de l'année privés d'eau, à cause du mauvais état de la pompe publique, m'a-t-on assuré, et de la rareté des pompes dans les maisons.

Les maisons 2, 3 et 4 de cette rue sont dans les plus tristes conditions hygiéniques; la dernière surtout mérite une mention toute particulière : elle est dans le plus grand état de délabrement, menace ruine, et l'on est obligé de l'étançonner; beaucoup de ses chambres n'ont pas six pieds d'élévation, leurs plafonds sont percés à jour et, malgré cet état de choses si déplorable, elle compte plus de 60 habitants de la dernière classe indigente qui s'y trouvent entassés jusqu'à 10 dans la même chambre. C'est encore l'une de ces demeures dont l'habitation devrait être interdite jusqu'après restauration et assainissement par le propriétaire.

Dans la rue du Cygne se rencontrent aussi des maisons privées complétement ou à peu près d'air et de lumière, sans cours, à escaliers étroits et obscurs, à latrines sales, etc., et malgré cela encombrées d'habitants misérables et vivant dans la malpropreté. La maison No 3 se fait particulièrement remarquer par tous ces vices réunis.

Toute cette rue du Cygne, qui n'est qu'une impasse se divisant en deux ruelles étroites, dont le manque et la stagnation de l'air sont les vices principaux, pourrait être convenablement assainie en démolissant les méchants bâtiments qui séparent les deux couloirs et en perçant la communication dont nous venons de parler à l'occasion de l'impasse du Cygne, L. d. Cette

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