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scrofuleux avec engorgement des ganglions lymphatiques du cou, appartenait pour la moitié des cas à la dartre pustuleuse, impétigo (teigne granulée d'Alibert) pour un quart au favus et pour l'autre quart à la croûte de lait (eczéma impétigineux). C'est généralement chez les pauvres les plus sales, les moins soigneux, et les plus mal vêtus et nourris que j'ai rencontré ces diverses formes de teigne.

La scarlatine n'a régné que pendant les mois d'avril, mai et juin. Elle a toujours été bénigne et les filles en ont été attaquées de préférence. J'ai eu l'occasion de voir aussi un adulte atteint de cet exanthème; mais ce cas était isolé et dans le premier trimestre.

Les anthrax et furoncles ne me paraissent pas avoir été nombreux, et cette circonstance me prouve que ce n'est pas seulement à la mauvaise nourriture et au défaut de soins de propreté que ces inflammations gangréneuses doivent être attribuées ; mais qu'il faut, pour favoriser leur développement, certaitaines circonstances atmosphériques qui n'ont pas existé en 1848.

Je n'ai rencontré la varicelle que pendant les 2o et 4o trimestres et presque exclusivement chez les filles.

Le prurigo, plus souvent le fornicans, s'est aussi offert à mon observation, mais seulement pendant les 3 et 4o trimestres et plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes, ce qui n'est point ordinaire. A l'exception des huit cas de cette dernière maladie je n'ai point observé d'autres affections papuleuses.

Enfin, sept cas de pemphigus et autant d'urticaires, dont trois étaient le résultat de l'ingestion de moules, ont aussi été observés par moi.

Sur le nombre total des 365 maladies cutanées que j'ai rencontrées chez les pauvres en 1848, il pourra paraître étonnant que je n'en porte que 17 comme envoyés à l'hôpital, d'autant plus qu'il existe un service spécial pour cette classe de maladies dans l'un de nos hôpitaux, et que l'on connaît la ténacité de ces affections. Il n'a pas tenu à moi qu'un plus grand nombre n'ait été traité dans ce service spécial; mais, je le répète, plusieurs galeux ont été refusés, et il en a été de même pour quelques teigneux. Je pose cependant également en principe, ainsi que je l'ai fait pour la gale, que la teigne, surtout la teigne faveuse, qui peut se communiquer par contagion, devrait toujours être traitée dans un hôpital ad hoc, et que c'est ordinairement une perte de temps et de médicaments en même temps qu'un danger pour la société, de la traiter chez le pauvre à domicile.

Il est heureux que l'administration ait placé, à la disposition des médecins des pauvres, des bains de toute nature; je les ai mis largement à contribution, et ils m'ont été d'un bien grand secours dans le traitement de cette classe de maladies.

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Ici nous voyons encore, quant à la fréquence, les mêmes rapports pour les sexes et les âges que nous avons signalés le plus fréquemment jusqu'à présent. Ce sont d'abord les femmes, puis les filles, en 3° lieu les garçons et finalement les hommes qui se présentent.

Je crois devoir faire observer que les maladies comprises dans ce tableau, qui relate 268 cas différents, dont l'observation m'a été fournie en 1848 par les pauvres de mes trois paroisses, n'ont pas toutes été traitées au bureau de charité. Plus des deux tiers au contraire l'ont été à la consultation gratuite de l'institut ophthalmique de la province, auquel je suis attaché depuis près de trois ans et où j'engage tous mes malades pauvres, souffrant des yeux, à venir me trouver de préférence. J'y rencontre l'immense avantage de pouvoir invoquer, dans les cas difficiles et douteux, nombreux en ophthalmologie, la vaste expérience et le coup d'œil si sûr de mon estimable ami M. le docteur Florent Cunier dont la spécialité ophthalmologique est si justement et si généralement appréciée.

J'ai dénommé dans ce tableau les ophthalmies d'après leurs symptômes dominants, de sorte que j'ai négligé les formes mixtes, ce qui m'aurait entraîné trop de longueurs et n'entrait pas dans l'esprit de ce travail.

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L'ophthalmie scrofuleuse se trouve nécessairement en tête comme la plus

fréquente des affections oculaires que j'ai rencontrées, car scule elle en forme plus que le quart. Son rapport à la totalité de ces maladies se trouve être ici de 28 pour cent, proportion qui l'emporte de 5 pour cent sur celle de 23 pour cent généralement admise par les principaux ophthalmologues de divers pays.

Mais la diathèse scrofuleuse joue un rôle bien plus étendu dans la production des symptômes morbides qui s'attaquent aux organes oculaires; car les maladies d'yeux compliquées de scrofules forment plus de la moitié de la totalité des maladies rapportées dans ce tableau. En effet, le tiers au moins des ophthalmies autres que la scrofuleuse a offert la complication scrofuleuse ; puis les blépharites ciliaires, les taies, les tumeurs et fistules lacrymales, les obstructions des voies lacrymales reconnaissent aussi toutes la même origine.

Or, leur réunion avec les ophthalmies scrofuleuses pures nous donne le chiffre de 151 qui est dans le rapport de 56 pour cent avec le nombre total de 268 cas de maladies oculaires que j'ai notées dans les trois paroisses en 1848.

Cette proportion de plus de la moitié de la totalité est beaucoup plus considérable que celle accusée par M. le docteur Florent Cunier (1) qui n'a rencontré que les 2/5 pour les affections oculaires scrofuleuses. Ces différences proportionnelles que je viens de faire observer, tant pour l'ophthalmie scrofuleuse que pour toutes les affections des yeux d'origine scrofuleuse en général, entre ma statistique pour 1848 et celles des autres ophthalmologues et notamment celles de M. Cunier, est évidemment due à ce que je n'ai pu comprendre dans ce travail que les pauvres habitants des trois paroisses de la ville qui m'étaient confiées et que les statistiques des confrères auxquels je compare la mienne s'étendent à tous leurs malades ou du moins à des indigents habitant en partie les campagnes où le vice scrofuleux est moins répandu que dans les villes. Quoi qu'il en soit, les proportions que j'ai rencontrées sont un nouvel et puissant argument de la funeste influence des habitations, de la nourriture, des habillements, etc., de la classe pauvre de Bruxelles sur sa santé.

Et ce qui le prouve surabondamment, surtout au point de vue des habitations, c'est que ça été presque exclusivement dans les impasses et les agglomérations que j'ai signalées comme les plus insalubres que j'ai rencontré l'ophthalmie et les complications scrofuleuses si nombreuses des maladies des yeux. Je dois encore faire remarquer que ce sont les enfants qui forment la

(1) Quoique je me sois interdit les citations, je ne puis m'empêcher de faire ici une exception pour un écrit riche en fait positifs et en observations bien précises qui prouvent une sagacité médicale bien profonde éclairée par des connaissances spéciales hors ligne. J'ai été fréquemment à même de vérifier l'exactitude des chiffres fournis par M. Cunier dans ses Recherches statistiques sur la nature et la cause des maladies oculaires, elc., et je ne puis assez recommander la lecture de cet estimable écrit à tous ceux qui veulent acquérir des connaissances positives sur l'ophthalmologie locale de Bruxelles et de sa province, sur l'ophthalmie militaire, etc., etc.

majeure partie de ces ophthalmiques qui se rangent comme suit eu égard à la fréquence relative au sexe et à l'âge. D'abord les filles, puis les garçons, en troisième lieu les femmes et finalement les hommes chez lesquels se rencontre le plus fréquemment cette affection.

L'ophthalmie catarrhale occupe le 2o rang pour la fréquence entre les maladies oculaires et ce sont les femmes et les filles qui ont été le plus fréquemment atteintes de cette maladie. Rarement cette ophthalmie s'est présentée simple; 1/3 environ était compliqué d'ophthalmie scrofuleuse et un autre tiers d'élément rhumatismal. Son rapport de fréquence relative au nombre total des ophthalmies a été de 23 p. %. Les variations subites et nombreuses de la température qui ont eu lieu pendant les mois d'avril, mai et juin ont été la cause de la plus grande fréquence de cette maladie pendant ce trimestre, et le vice des habitations rend facilement compte de la fréquence générale.

Une maladie oculaire fort dangereuse, dont l'origine, la nature et la thérapeutique ont été pendant tant d'années les sujets des discussions les plus animées, à la suite desquelles la vérité a fini heureusement par se faire jour et à être acceptée unanimement, occupe le 3o rang pour la fréquence parmi celles que ma clientèle pauvre m'a offertes en 1848: c'est l'ophthalmie militaire, originaire d'Égypte, de nature éminemment contagieuse et dont la gravité est souvent telle qu'elle aveugle au bout de peu de jours, mais pour la vie entière, ceux qui ont le malheur d'en être atteints. Il est vraiment déplorable d'étudier et de voir les progrès effrayants qu'a faits cette maladie dans la population civile après avoir si longtemps décimé notre armée.

J'ai eu l'occasion de recueillir, dans mon service de médecin des pauvres, des observations multipliées qui prouvent que Bruxelles renfermait déjà une quantité innombrable de foyers où l'ophthalmie granuleuse était permanente et d'où elle se répandait continuellement sur la population. C'est ainsi entr'autres que par mes lettres du 14 mai 1838 au conseil général des hospices et au président de la Commission médicale locale, j'ai cru de mon devoir d'en signaler deux, dont l'un, impasse de Dieghem, renfermait huit, et l'autre, rue des Tanneurs, trois individus infectés; et par ma lettre du 21 novembre 1848 au président de la Commission médicale locale, j'ai encore donné connaissance à ce fonctionnaire de deux autres foyers, l'un rue Petite Senne no 9, où 3 enfants, et l'autre rue des Quatre Livres no 20, où 2 enfants étaient infectés. Ces cinq enfants étaient récemment sortis du dépôt de mendicité de la Cambre, où ils avaient manifestement contracté cette maladie et qui lui-même constituait à cette époque un immense foyer d'infection, ainsi que le prouve le rapport administratif fait à ce sujet, par M. le docteur Cunier à M. le Gouverneur de la province. Mais cet établissement n'est pas le seul grand foyer, d'où cette maladie rayonne sur toute la population pauvre ; d'autres encore nous en offrent des exemples. Ainsi l'hospice des enfants valétudinaires d'Ixelles m'en a fourni : le 12 juillet 1848, je fus appelé rue du Damier n° 17 pour François Vanbo, âgé de 4 ans, qui, après un séjour de 6 mois dans cet

hospice, en était sorti avec cette maladie, et l'avait communiquée à sa mère Catherine Vanbo, brodeuse.

Benoit Legrand, 2 1/2 ans, rue des Visitandines, nous est amené le 23 août, il paraît avoir contracté l'ophthalmie granulée à l'école des pauvres rue des Tanneurs, et il est venu la communiquer à sa mère Hortense Legrand. Celleci infecte à son tour son fils Gilles, garçon de forge, âgé de 11 ans. Mais il serait superflu de m'étendre davantage sur ce sujet et de citer de nouveaux exemples pour lesquels je n'aurais que l'embarras du choix. Le rapport de M. Cunier, qu'il est impossible de ne pas citer à chaque instant lorsqu'il est question d'ophthalmie militaire, renferme trop de faits positifs et de trop tristes exemples de la propagation dans Bruxelles et dans tout le pays de celle terrible maladie, parmi la classe bourgeoise où elle a été importée par les militaires en congé, pour qu'il reste le moindre doute à cet égard et pour qu'on ne forme point les vœux les plus ardents de voir adopter dans leur totalité la série des mesures prophylactiques et curatives proposées par notre savant et zélé ophthalmologue. La principale de ces mesures, la création d'un établissement spécial où tous les ophthalmiques pussent obtenir les soins médicaux appropriés à la nature diverse de leurs maladies vient de recevoir son exécution et je ne doute point que les résultats qu'elle produira ne prouvent bientôt toute son efficacité.

La blépharite ciliaire ou l'inflammation du bord libre des paupières avec ou sans complication de celle des glandes de Meibomius tient le 4° rang pour la fréquence des maladies dont j'ai dressé le tableau; toujours chez les enfants et le plus souvent aussi chez les adultes elle reconnaissait pour cause la diathèse scrofuleuse.

L'ophthalmie arthritique ou abdominale notée 16 fois au tableau s'est présentée 15 fois chez le sexe féminin et presque exclusivement chez des pubères ou des femmes d'une constitution lymphatique et qui travaillaient du matin au soir dans une position accroupie. Ici aussi j'ai pu vérifier l'exactitude de l'observation faite par M. Cunier, qui regarde cette ophthalmie comme une maladie propre aux dentellières et aux brodeuses qu'on rencontre en si grand nombre à Bruxelles. Les trois cas de choroïdite qui sont rappelés plus bas étaient des résultats de cette ophthalmie.

L'ophthalmie rhumatismale que je n'ai rencontrée que cinq fois à l'état de simplicité a été cependant bien plus fréquente, mais alors elle s'est offerte comme complication d'autres ophthalmies et de la catarrhale plus spécialement.

Toutes les opérations qui ont été nécessaires pour le traitement des malaJadies oculaires que j'ai relatées ont été pratiquées par M. Cunier et par moi, et trois malades seulement ont été envoyés par moi à l'hôpital : Une femme et un garçon pour ophthalmie catarrhale et une fille pour ophthalmie militaire.

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