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ment à sa première période, lorsque d'ailleurs un état d'éréthisme général, une disposition à l'inflammation, aux irritations gastro-intestinales, à la surexcitation circulatoire, ne contr'indiquent pas ce précieux moyen.

Nous voyons, en effet, que jusqu'à ce jour aucun agent pharmaceutique connu ne jouit au même degré que cette huile de la propriété de neutraliser ou d'atténuer la diathèse tuberculeuse, par son action générale sur l'organisme comme corps gras, par son action spéciale comme produit iodé, et pourtant ce médicament laisse encore bien à désirer contre cette désespérante maladie! Si certaines plantes d'eau douce, telles que le cresson de fontaine et le phellandrium aquaticum, ont été reconnues parfois utiles contre la phthisie, on peut s'expliquer cette action par la présence de l'iode que M. Jonh Lindley a prouvé se trouver dans ces végétaux. (Académie des sciences, séance du 25 mars 1850.)

L'iode et l'iodure de potassium administrés sous forme de pommades ou en frictions, et même parfois pris à l'intérieur, sont une sorte de spécifique contre le goitre ou l'hypertrophie sans dégénérescence du corps thyroïde.

Nous avons conseillé, il y a plusieurs années, l'iodure de potassium donné à dose très-minime (1 grain par litre d'eau), comme agent préventif ou prophylactique du goître. Ce serait la boisson des enfants que tout fait supposer devoir en être atteints, comme leurs père et mère, à raison des conditions hygiéniques dans lesquelles ils sont invinciblement plongés. Une idée semblable a été plus tard proposée par M. le docteur Grange, dans un travail sur l'origine du goître, soumis à l'Académie des sciences, séance du 10 décembre 1849. Seulement il conseille l'usage d'un sel de cuisine ioduré.

Le sel ioduré n'a pas une action spéciale bien reconnue contre les maladies cancéreuses proprement dites; mais il réussit contre certains engorgements et ulcères scrofuleux rebelles, que nous pourrions nommer cancéroïdes, tant ils présentent les allures du cancer, et que sans lui on serait souvent forcé d'opérer. Il résout aussi des sarcocèles syphilitiques que l'on n'eût pu autrefois se dispenser d'amputer comme cancéreux, puisque, à titre d'accidents tertiaires, ils auraient presque toujours résisté aux mercuriaux, aux préparations d'or, etc.

Il est à peu près impuissant contre les dermatoses chroniques qui ne tiennent à rien de syphilitique; mais l'huile de foie de morue est d'une incontestable efficacité dans le traitement du lupus et de la teigne muqueuse.

L'iodure potassique amène fréquemment la cicatrisation d'ulcères atoniques. Son effet est ici d'autant plus précieux que, provoquant la cure par la stimulation réparatrice qu'il imprime à tout l'organisme, il prévient mieux le retour du mal en même temps qu'il efface ses derniers vestiges.

De nul effet, pris à l'intérieur, contre le rhumatisme, nous avons dû constater son utilité, employé en frictions, contre le lumbago.

Très-efficace contre la tumeur blanche syphilitique, le sel ioduré guérit fréquemment la tumeur blanche scrofuleuse : il n'a parfois d'utilité contre la tumeur blanche idiopathique que par son emploi local.

Si nous avons pu citer des guérisons parfois très-curieuses, obtenues par l'iodure potassique, de tumeurs de nature diverse, de caries des vertèbres, d'œdème de la glotte, de fistules lacrymales, de paralysies, de névralgies, de rétrécissement chronique de l'œsophage, etc., il est à remarquer que c'est dans des cas où la présence de l'élément syphilitique ou scrofuleux a rendu l'action du remède aussi sûre que facile à comprendre. Notre intention ne saurait avoir été de considérer le médicament comme possédant une vertu spécifique contre ces maladies proprement dites.

La propriété éminemment résolutive de l'iodure de potassium explique les bons effets qu'on en a obtenus dans l'engorgement des viscères abdominaux, dans le carreau, dans la cataracte, dans l'hypertrophie de la prostate (1).

L'iode peut régulariser, dans les circonstances que nous avons déterminées, le flux menstruel.

Nous avons dû rappeler les essais faits avec ce médicament contre l'encéphalite des enfants, l'hydrocéphale aiguë, certains cas de pneumonie, l'épilepsie, l'hypertrophie du cœur, sans partager la confiance des auteurs envers ce moyen.

La teinture d'iode paraît être, dans certains cas, un fébrifuge puissant et précieux.

Tout fait espérer que l'iodure de potassium sera un précieux auxiliaire pour le médecin dans le traitement des maladies mercurielles et saturnines.

Les quelques inconvénients que présente parfois l'administration de l'iodure de potassium, tels que certaines éruptions cutanées, certains phénomènes irritatifs sur les muqueuses conjonctivale, nasale, labiale, laryngo-pharyngée, ne sauraient servir d'argument sérieux contre ce médicament. Bien éloignés des symptômes graves d'iodisme que produisait souvent l'usage de l'iode pur, ils ne sont rien comparativement aux grands résultats thérapeutiques que l'art en retire tous les jours. D'ailleurs une administration bien coordonnée et prudente peut presque toujours les prévenir.

Si les sujets viennent à maigrir pendant l'administration de l'iodure de potassium, pourvu que la cause n'en soit pas une dose trop élevée, il faut le suspendre, cet amaigrissement signifiant que le médicament irrite ou du moins qu'il n'arrête pas le mal.

On redoute quelquefois, dans l'administration de certains médicaments tirés

(1) Nous n'avions pas parlé jusqu'ici de l'iodure de potassium comme résolutif des engorgements prostatiques. Cependant Lisfranc prescrivait souvent ce médicament pour cette indication, sans que l'on puisse conclure de ses essais à son utilité. Mais, dans le courant de l'année 1849, M. le docteur Helin a publié, dans le Journal de médecine publié par la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles, deux observations qui, si ce praticien ne s'est pas fait illusion, prouveraient que, contre cet état morbide, le sel iodé peut être invoqué avec confiance. Dans l'un et l'autre cas en effet, l'engorgement avait été bien constaté, et il s'accompagnait d'accidents graves que n'avaient pu amender d'autres médications: l'usage interne de l'iodure de potassium dissipa l'hypertrophie morbide de la prostate ainsi que les accidents qui en étaient résultés. Le docteur Helin fut même tellement satisfait des résultats excellents produits par cette médication, qu'il crut devoir la recommander chaleureusement à ses confrères.

du règne minéral, la propriété qu'ils ont de s'unir à la matière organique, qui peut en être plus ou moins altérée. Une pareille crainte ne saurait exister pour l'iodure potassique, puisqu'il a été démontré par des analyses chimiques, faciles à répéter, que ce sel, porté dans les voies digestives, est absorbé d'abord, puis éliminé par la sécrétion urinaire, au point que dans peu de jours il n'en existe plus de traces dans l'économie.

S'il fallait en croire l'école italienne, l'hyposthénisation serait l'effet immédiat du médicament, et il faut bien avouer que la sédation des douleurs et des irritations syphilitiques par le fait de son ingestion, paraît justifier cette interprétation; mais un plus sérieux examen de son mode d'agir démontre qu'il n'y a là qu'une action consécutive du remède, et que son influence première sur la machine vivante est une excitation générale, une véritable hypersthénie. Quant au dosage, nous regardons le système des doses progressives saccadées depuis longtemps adopté, comme le plus rationnel. Commencer par de faibles doses, demi-gramme par exemple, plus souvent 25 centigrammes ou même moins, pour atteindre la limite, non infranchissable toutefois, mais le plus ordinairement respectée, de 3 à 4 grammes dans les 24 heures, telle est la règle de conduite à suivre, car il s'agit moins de donner les plus fortes doses que puisse tolérer l'organisme, que d'administrer celles qui sont suffisantes pour guérir. Il résulte de notre étude détaillée sur les injections iodées, qu'elles sont avantageuses dans l'hydrocèle, dans certaines variétés d'hydarthroses, dans certaines hydropisies des bourses synoviales, dans quelques ascites déterminées, dans les poches kystiques diverses (kystes, grenouillettes), dans les abcès froids, scrofuleux, les bubons suppurés, les trajets fistuleux, etc. Quant à la leucorrhée, l'hématurie, la blennorrhée, le spina-bifida, nous avons cité les quelques essais qui ont été faits des injections iodées contre ces maladies. Nous avons aussi mentionné les bons effets de l'application de la teinture d'iode aux granulations palpébrales, à certaines maladies de la peau.

Nous aurions dû rappeler peut-être que, d'après M. Guérard, les taches de nitrate d'argent à la peau s'enlèvent rapidement, lorsqu'on les mouille plusieurs fois avec une solution aqueuse d'iodure de potassium et qu'ensuite on expose les parties à la lumière diffuse (1). Ce sel, administré à l'intérieur, pourrait-il faire disparaitre la couleur noirâtre de la peau chez ceux qui ont longtemps pris le nitrate d'argent? C'est ce que l'expérience n'a pas démontré encore. Nous terminons ici notre Essai sur la médication iodée ou iodurée. Notre désir est que le public médical, que nous avons cru servir par notre travail, veuille bien nous tenir compte au moins du but d'utilité qui nous a dirigé. Puisse-t-il donc accueillir, avec une encourageante indulgence, cette œuvre pratique que nous osons lui soumettre, et que, sans des occupations trèsmultipliées, nous aurions tâché de rendre plus digne de sa faveur!

(1) Il est bon de rappeler ici que le Dr Reiniger s'est servi avec succès d'un collyre composé de lode, 5 centigr., iodure de potassium, 50 centigr., hydrolat de roses, 100 gramm., pour détruire une paille de fer fixée dans la cornée transparente. (Voyez notre tome III, page 379). (N. de la R.)

QUELQUES MOTS SUR LES EFFETS THÉRAPEUTIQUES DE L'EAU DE FRIEDRICHSHALL; par M. le docteur MARTIN SCHOENFELD, médecin-praticien et membre correspondant de la Société, à Charleroi.

La source minérale de Friedrichshall, située à quelques lieues de la ville de Cobourg, exploitée comme saline depuis près d'un siècle, a pris rang ces dernières années parmi les eaux les plus renommées de l'Allemagne. Employée depuis longtemps par la population de la localité contre toute sorte de maladies, cette eau a été introduite dans la matière médicale, sous le nom de Aqua amara Fridericiana, par M. le docteur Bartenstein, de Hildburghausen. Après l'avoir soumise à l'examen de chimistes compétents, ce médecin distingué l'expérimenta pendant plusieurs années dans une multitude d'affections, surtout de l'appareil digestif ; d'autres praticiens s'associèrent à ses efforts, et aujourd'hui il est démontré que l'eau de Friedrichshall n'est pas seulement analogue aux eaux purgatives de Püllna, de Sedlitz, etc., mais qu'elle leur est sensiblement supérieure par sa richesse en sulfates de soude et de magnésie, en chlorures de sodium et de magnésium, en brômure de magnésium. M. le professeur Liebig, dans l'analyse qu'il en a faite, lui accorde une place distinguée parmi les eaux minérales connues en Europe.

Comme l'auteur de cette note a été à même de répéter et de vérifier les essais de ses confrères allemands, il croit être utile, en insistant sur les propriétés d'un agent qui joint à l'efficacité thérapeutique l'avantage d'un prix fort modique.

L'eau de Friedrichshall est limpide, sans couleur ni odeur, la saveur en est salée et amère. Elle est d'une facile conservation. Son analyse a donné à M. Liebig les résultats suivants : une livre contient 194,26 grains de substances solides, ainsi réparties :

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Une analyse subséquente de M. Bauer confirme pleinement celle de M. Liebig. En la comparant aux analyses d'autres eaux minérales, on voit que peu d'entre elles sont aussi richement dotées que l'eau de Friedrichshall qui ne contient que des sels facilement assimilables.

L'introduction dans l'économie d'un agent aussi complexe doit nécessairement y réagir de plusieurs manières.

L'effet le plus saillant est la purgation. Chez des personnes bien portantes, elle est produite par l'usage d'un ou de deux verres à vin de l'eau minérale ; il en faut huit à dix onces et même davantage, en cas de constipation habituelle. Les selles ne sont jamais précédées de coliques; elles sont naturelles, quand une petite dose a été administrée, séreuses après une dose plus forte. L'effet se fait sentir au bout de quelques heures; il cesse après dix à quinze heures. Après l'administration journalière de quelques verres à vin d'eau purgative continuée pendant huit à dix jours, les digestions se trouvent sensiblement améliorées; l'appétit est augmenté, les selles sont normales. Aucun symptôme d'irritation intestinale ne se manifeste, même après un usage prolongé, pourvu que la purgation ne soit pas trop intense.

La plupart des sécrétions se trouvent augmentées; au moins la bile, l'urine, la transpiration, le mucus bronchique, sont éliminés en plus grande quantité; il n'y a pas jusqu'aux flux menstruel et hémorrhoïdal qui ne soient facilités, sous l'influence de l'eau de Friedrichshall. Des personnes souffrant depuis longtemps d'affections chroniques du tube digestif, ont été entièrement guéries au bout de quelque temps par l'usage de cette source; le tégument extérieur devient moins sec et prend le coloris de la santé ; l'épuration que subit le sang, réagit heureusement sur le système nerveux et dissipe mainte hypochondrie, hystérie, mélancolie qui n'avait été qu'un symptôme réfléchi de l'affection gastro-intestinale.

Il sera maintenant facile d'indiquer les maladies dans lesquelles l'usage de l'eau de Friedrichshall nous paraît produire d'heureux résultats. En général, elle convient à des personnes d'un tempérament lymphatique ou scrofuleux et à des constitutions bilieuses, produit d'une pléthore abdominale, c'est-àdire d'une digestion défectueuse. Remarquons cependant que des personnes vigoureuses aussi bien que des personnes nerveuses et irritables, comme les enfants, en supportent parfaitement de petites quantités.

L'usage de l'eau de Friedrichshall nous paraît indiqué :

1. Dans la constipation, suite de l'atonie du tube digestif. Aucun mélange artificiel n'agira aussi doucement ni aussi sûrement que l'eau amère.

2. Dans la colique de plomb, elle n'agit pas seulement comme évacuant, mais encore neutralise l'effet du plomb à l'aide de ses sulfates.

3. Dans l'indigestion et dans toute perversion chronique de la sécrétion stomacale par excès de toute espèce, notamment par l'abus des boissons. C'est cette propriété surtout qui a rendu les sources de Friedrichshall populaires dans sa localité.

Les convulsions des enfants proviennent souvent d'un embarras digestif ; le praticien exercé saura reconnaitre cette catégorie de névroses et enlever la cause par de petites doses d'eau purgative amère. La même indication existe, quand les convulsions sont déterminées par la présence de vers inteslinaux.

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