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Briffault, de Rougemont, de Genoude et Lourdoueix1.

1. Voy. Camusat, Histoire des journaux. Cette histoire serait mieux intitulée Histoire de la Gazette de France et du Journal des savants; car ce sont les seuls journaux dont il y soit question.

CHAPITRE VIII.

Les journaux en Angleterre sous le règne de Charles Ier et pendant la guerre civile. Ils deviennent, pour la première fois, une arme de guerre politique. La presse périodique sous le Long Parlement et sous le gouvernement de Cromwell.

I.

C'est en Angleterre, sous le règne de Charles Ier, et à partir du moment où est abolie la Chambre étoilée, en 1640, que le journal devient ce qu'il n'avait nulle part été jusqu'alors, un instrument de faction et une machine de guerre politique. Dès lors, et en peu de temps, il paraît un nombre considérable de ces feuilles, et, sauf l'inexpérience des écrivains, différences de format et les perfectionnements matériels, elles commencent à se rapprocher des journaux modernes.

les

Ce sont Le Mercurius publicus, le Mercurius poeticus, le Mercurius rusticus, les Nouvelles de Hull (News from Hull), les Vérités d'York (Truths

1. Il y avait deux Mercurius rusticus: l'un était écrit par le royaliste Ryves; l'autre, par le poëte presbytérien Georges Wither.

from York), les Nouvelles certaines d'Irlande (Warranted tidings from Ireland), le Journal du jour Diurnal paper), les Événements du jour (Diurnal occurrences), l'Éclaireur de Londres (London Intelligencer 1); la Colombe d'Écosse (Scotland's dove), le Vautour du Parlement (Parliament's Kite), l'Heraclitus, le Democritus, le Mercurius Britannicus, le Mercurius mastyx, le Modéré (the Moderate), etc., etc.

Quelques-unes de ces feuilles sont royalistes. Parmi les écrivains de ce parti, on remarque Taylor, Lestrange; Birkenhead, dont la gaieté spirituelle descend souvent jusqu'à la bouffonnerie; Heylin, toujours grave et quelquefois éloquent. Birkenhead rédige le Mercure de la Cour (Mercurius Aulicus), et il y attaque Cromwell avec une extrême véhémence, et avec cette prévoyance de la haine, qui, souvent, dans les troubles politiques, indique à l'avance de quel ennemi viendra le péril, et qui, dans l'homme placé au second rang, pressent déjà le dominateur futur des événements. Un autre écrivain, Needham, célèbre alors par sa versatilité non moins que par

1. D'après le récit de la mort de l'archevêque Laud, dans le London Intelligencer (numéro du 16 janvier 1644), le soleil avait été voilé par d'épais nuages pendant le temps de l'exécution de l'archevêque, et avait reparu aussitôt après en perçant les nuées. Le journaliste trouve dans cette circonstance un signe céleste par lequel Dieu a annoncé aux Anglais que la lumière de l'Évangile, éclipsée tant que Laud a vécu, va briller après sa mort d'un plus vif éclat. (Voy. the fourth Estate, by Knight Hunt, p. 92, t. I.)

son talent, passe successivement du presbytérianisme au royalisme, et du royalisme au parti indépendant. Après avoir poursuivi de ses sarcasmes le parti royaliste et le roi lui-même, dans le Mercurius Britannicus, il en devient tout à coup l'ardent défenseur dans le Mercurius Pragmaticus; puis, par une volte-face nouvelle, il voue sa plume au parti vainqueur et à Cromwell, et il répand de nouveau le fiel de la satire sur le malheureux Charles Ier, qu'il défendait naguère. Les époques de tumultes civils sont fécondes en variations de ce genre: les révolutions fréquentes démoralisent les individus et les nations.

II.

Quelques-uns des meilleurs écrivains politiques de ce temps dédaignent cependant de s'enrôler sous la bannière du journalisme. L'un d'eux est le royaliste Cleveland, écrivain d'une physionomie originale, et qui fait profession de mépriser les journalistes et leur métier.

« Un journaliste, dit-il plaisamment dans l'esquisse satirique qu'il en a tracée, a autant de droit de s'intituler écrivain, qu'un colporteur à prendre le titre de commerçant. Quant à l'appeler historien, c'est le voir à travers un verre grossissant; et autant vaudrait qu'on appelât ingénieur un faiseur de souricières. >>

Les journaux de son parti valent cependant mieux, suivant lui, que les autres, et il compare les derniers.

aux diables, et les premiers aux exorcistes. Mais ces traits moqueurs de Cleveland n'empêchaient pas les journaux d'acquérir une importance politique chaque jour croissante, et dès lors la foule des esprits vaniteux les regardait comme les dispensateurs de la gloire et les trompettes de la renommée. Pour tous ces hommes qu'une révolution seule pouvait faire sortir de leur obscurité, c'était une joie extrême de se voir mentionner dans un journal, et Butler a peint très-spirituellement la félicité de sir Hudibras, à l'idée qu'il sera «< enregistré par l'éternelle renommée dans les immortelles pages de la feuille du jour 1. »

Quant à la crédulité que ces journaux trouvaient chez leurs lecteurs, on peut en juger par celle que leurs successeurs trouvent de nos jours; et, dans un temps de troubles et de révolution, cette crédulité s'augmentait encore d'une curiosité plus vivement excitée, et préparée par la haine et le fanatisme à ajouter foi aveuglément à toute accusation, si absurde qu'elle fût, dès que celui qu'on en chargeait était un ennemi religieux ou politique 2.

1.

Register'd by fame eternal

In deathless pages of diurnal.

2. Il y a longtemps que Shakspeare, qui voyait tout, a caractérisé, avec sa vérité habituelle, la puissance de la presse sur l'esprit du peuple: « I love a ballad in print, a life; for then, we are sure they are true. » J'aime les ballades qui sont imprimées (dit Mopsa dans le Conte d'hiver), parce qu'alors nous sommes sûrs qu'elles sont vraies. (Winter's tale, act. IV, sc. 1.)—. Aussi voyons-nous que ces journaux anglais du xvire siècle n'étaient pas plus scrupuleux que les nôtres sur

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