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De l'Orient en l'Occident,

Et de toutes parts de la sphère,
Sans laisser une seule affaire,
Soit d'édits, de commissions,
De duels.

De pardons pléniers, et de bulles,
D'ambassadeurs venus.

Elle racontera aussi

Les malheurs, les prospérités, etc.

Quoi que ce soit, rien ne s'oublie;
Car la Gazette multiplie,

Sans relasche de postillons,

Vistes comme les Aquilons.

La Gazette promet aussi de tenir ses lecteurs et ses lectrices au courant des modes:

La Gazette en ceste rencontre
Comprend les poincts plus accomplis,
Les courtes chausses à gros plis,

les méthodes,

Les inventions et les modes

De cheveux neufs à qui les veut,
De fausse gorge à qui ne peut;
Noeuds argentés, lacets, écharpes,

Des sangles à roidir le busc,

Des endroits où l'on met du musc.... etc.

Sans craindre d'être accusé de vouloir flatter le journalisme, il faut reconnaître qu'il a fait des progrès depuis la gazette de 1609, et qu'il écrit d'un autre style.

CHAPITRE VI.

Les Nouvelles hebdomadaires, à Londres, en 1622.

Quelques années après, en 1622, sous Jacques Ier, nous trouvons en Angleterre un journal hebdomadaire (Weekly news) publié régulièrement, d'abord par Nicholas Bourne et Thomas Archer, ensuite par Nathaniel Butter; mais il résulte du titre même de cette feuille que les premiers numéros au moins furent traduits d'une feuille hollandaise. Les Nouvelles hebdomadaires ne se bornaient pas au récit des événements passés en Angleterre; mais elles étendaient leur sphère d'information aux nouvelles d'Italie, de France, de Hollande, d'Allemagne, de Hongrie, de Bohême, etc., qui, d'ailleurs, y étaient racontées simplement et sans aucun commentaire. Néanmoins, et quelque modestes que fussent ces pères du journalisme anglais, ils n'en furent pas moins l'objet de la satire des auteurs comiques du temps. Shirley les maltraita rudement dans une de ses pièces; et Ben Jonson fit, de cette spéculation d'un nouveau genre le sujet d'une comédie représentée en 1625, la Foire

aux nouvelles (the Staple of news), où il définissait l'entreprise de Butter une attrape hebdomadaire pour soutirer l'argent du public (a weekly cheat to draw money). Mais, en dépit de ces attaques qui lui sont plus profitables que nuisibles, et qui servent à le populariser et à le répandre, le journal continue d'attirer la curiosité publique, et, s'il n'a encore acquis aucune importance politique, et s'il ne sert pas encore d'instrument aux factions, les progrès qu'il fait chaque jour le rendent propre à remplir ce rôle nouveau dans un avenir très-prochain 1.

1. Il suffira, pour constater la prudente réserve avec laquelle était rédigé le père des journaux anglais, de citer cette phrase extraite du numéro du 28 mars 1619, et qui a trait à une révolte récente du duc d'Épernon : « Les rois sont l'image du Dieu vivant; et manquer à leurs commandements, c'est se rendre coupable de haute trahison divine et humaine. » (Voy. the fourth Estate, by Knight Hunt, t. I.)

CHAPITRE VII.

La Gazette de France, fondée par Th. Renaudot.

C'est à 1631 que remonte la fondation, par le médecin Théophraste Renaudot, de la Gazette de France, qui, à travers bien des révolutions et des changements de tout genre, s'est perpétuée jusqu'à nous, et peut se dire, à juste titre, le plus ancien journal existant aujourd'hui dans le monde. Ce Renaudot était lié d'amitié avec le fameux généalogiste d'Hozier, qui, ayant de grandes correspondances au dedans et au dehors du royaume, les communiquait à son ami. Celui-ci, alors fort connu par ses entreprises de toute sorte, et qu'un arrêt récent venait de condamner à fermer une maison de prêts sur gages où il exploitait les misères du pauvre peuple, comprit l'avantage qu'il pourrait y avoir à spéculer sur la curiosité publique. Il commença par amuser ses malades avec ses bulletins; puis le plaisir qu'ils y prenaient lui donna l'idée d'en faire une publication périodique et régulière. Telle fut l'origine de la Gazette de France.

Malgré son nom, cette gazette parlait peu de la France, et gardait surtout la plus grande réserve sur ce qui touchait de près ou de loin à la politique. On était alors sous le ministère du cardinal de Richelieu, peu favorable à la publicité et à la discussion. Cependant ce ministre favorisa la publication de la Gazette, soit qu'il crût faire du journal un instrument de pouvoir et de gouvernement, soit, comme cela est probable, que sa perspicacité n'aperçût pas ce que seraient un jour les successeurs de Renaudot. En attendant, ce grand homme d'État, qui se piquait d'être un grand écrivain, inséra quelques articles dans la Gazette, et Louis XIII lui-même, dit-on, y envoya quelquefois le produit de ses royales élucubrations 1. Quoi qu'il en soit de ce point plus ou moins contestable, et sans qu'il soit besoin d'approfondir si Louis XIII et le grand cardinal furent les prédécesseurs de M. de Genoude, la Gazette de France se continua sans interruption jusqu'à nos jours, et compta successivement, parmi ses rédacteurs les plus accrédités ou les plus connus, l'abbé Arnaud, Suard, Bret, l'abbé Aubert, le pauvre Marin, si plaisamment immortalisé dans les Mémoires du satirique Beaumarchais; et, de nos jours, MM. Colnet, Bellemare,

i. C'est du moins ce qu'assure Renaudot dans un factum qu'il publia après la mort du cardinal Richelieu et de Louis XIII. « Chacun sait, y est-il dit, que le roi défunt ne lisait pas seulement mes gazettes, mais qu'il m'envoyait des mémoires pour y employer.

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