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Aujourd'hui, je trouve que le tartre stibié remplit le même but plus sûrement sans avoir l'inconvénient de débiliter le malade comme le fait le calomel. Je prescris le tartre stibié à la dose de 12-25 milligrammes toutes les 2 heures, mais je n'en fais user que deux jours seulement pour en venir aux acides.

Jaesche: L'année 1851 a été pour moi pleine de déception, nulle médication alors en renom m'assistant dans une épidémie de fièvre typhoïde très-intense, sans excepter celle de Rademacher, qui me secondait si bien autrefois. J'eus connaissance alors du traitement de Thilemann, si favorable dans les pneumonies typhiques (Infus. flor. arnic. ex 8-12.00, 180.00; tart. stib., 30 centigr.; aq. cinnamom. 8.00). J'en fis l'application sur des sujets typhiques non atteints de pneumonie et je n'eus qu'à m'en louer, la réussite ayant été constante.

:

Graves Dans la dernière période de la fièvre typhoïde avec prostration des forces très-considérable et congestions cérébrales, délire, le tartre stibié combiné au camphre et à l'opium, m'a paru agir d'une manière presque spécifique. R. Tart. stibiat. 20 centigrammes; tinct. opii, 4.00; mixtur. camphorat., 250.00. M.

Idem: Dans le délire ex congestione le tartre stibié à la dose de 30-60 centigrammes pour les 24 heures m'a rendu de plus grands services que tout autre médicament. Si le délire ressemble au delirium tremens, j'ajoute de l'opium au tartre stibié.

Ipecacuanḥa.

Huss: L'ipécacuanha à petite dose trouve son indication dans la fièvre typhoïde, s'il y a tendance marquée au flux diarrhéique, et dans le typhus pétéchial si les bronches sont affectées. Elle paraît diminuer le mouvement péristaltique et en enlevant l'irritation du système ganglionnaire, elle amoindrit la sécrétion exagérée de la muqueuse intestinale. Quant à la bronchite, elle s'oppose à l'état congestif de la muqueuse bronchiale et empêche, de cette manière, la toux.

L'ipécacuanha se combine très-bien avec l'acide phosphorique, et lorsque les selles sont sanguinolentes avec l'acide sulfurique.

R. Infus. rad. ipecac. (ex 75 centigr. 2.00) 180-00; acid. phosphoric. dilut. 12.00; syr. altheæ, mucilag. g. arabic. ââ 45.00. M.

Dans les Cliniques de Vienne et de Prague, l'infusion d'ipécacuanha avec l'acide phosphorique est une des formules les plus usuelles.

Argentum.

Jaesche: J'ai eu recours avec succès au nitrate d'argent dans la fièvre pétéchiale, alors que la potion dite de Thilemann ex arnica cum tartaro stibiato me faisait défaut. Dans les mois antérieurs déjà, cet agent m'a été utile dans quelques cas de dysentérie et de fièvre typhoïde. Tout le monde connaît la valeur de ce remède dans la diarrhée typhique.

Rademacher se sert de l'argentum chloratum à 20 centigrammes par jour contre le typhus cérébral. Voici sa préparation :

R. Argenti nitrici fusi, 4-00; solve in aq. destill. 50.00; solutis et filtratis instilla liquorem e natri chlorati, 125 centigr. et aq. destill. 30.00 paratum et filtratum. Præcipitatum enatum aqua destillata sedulo ablue et in vitrum immisce, cui insit spirit. vini rectific. 50.00; mixtum digere in loco umbroso, donec præcipitati color albus in cinereum mutatus fuerit. Tum in filtrum collige, inter chartam bibulam absque calore sicca et pulverem cinereum serva.

Cuprum.

La teinture d'acétate de cuivre est un des médicaments principaux de Rademacher, dans le traitement de la fièvre ataxo-adynamique. Nous nous contentons, pour le moment, d'en donner la composition :

R. Cupri sulphurici puri 90.00; plombi acetici depur. 102.00; terantur in mortario lapideo, donec in massam pulti fluidæ similem reducta fuerint. Tum: aquæ destillatæ 550.00 additis ebullient semel in vase cupreo. Refrigeratis admisce spirit. vin. rectificatissimi, 4.00: et mixta in vase clauso macera sæpe agitando per quatuor hebdomadas.

Zincum.

Rademacher préconise l'acétate de zinc contre le délire en général et notamment contre le délire typhique. On l'obtient par le procédé suivant :

R. Zinci oxydati sulphurici puri crystallisati, plumbi oxydati acetici ââ partes æquales. Solve utrumque in aquæ destillatæ fervidæ parte decemplici; tum misce solutiones utrasque semper agitando. Dein gas hydrogenio-sulphuratum per fluidum de sedimento filtratum perfunde, donec sedimentum plumbi sulphurati nigrum exoriatur. Tum solutionem zinci acetici lege artis crystallisetur.

Méthode de traitement par les acides. Acidum muriaticum oxygenatum.

Pour:

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Hufeland: L'acide muriatique oxygéné à la dose de 15-30.00 par jour, suffit communément dans la fièvre typhoïde simple et mérite la préférence à tout autre médicament.

Scharlau Le chlore influence directement le sang par sa grande affinité à l'hydrogène; il augmente la sécrétion cutanée, tranquillise le pouls et provoque des selles de bonne nature.

Lietzau L'expérience parle ouvertement en faveur du chlore. C'est un excellent moyen dans les cas de quelque intensité, dans ceux où la langue est fortement chargée, où prédominent les symptômes gastriques.

Bouillaud avait conseillé l'emploi des chlorures pour combattre les modifications consécutives qu'il admettait dans le sang.

Chomel a été l'un des premiers qui ait employé les chlorures dans le trai

tement des fièvres typhoïdes. Il donna dans chaque pot de tisane 15 à 20 gouttes de chlorure de soude, mit moitié de cette quantité dans les potions, fit prendre 28 à 30 gouttes en lavement et arroser avec le même liquide les cataplasmes dont fut couvert l'abdomen.

Andral Nous devons dire que dans plus d'un cas de fièvre typhoïde grave l'administration des chlorures a coïncidé de la manière la plus remarquable avec un amendement général des symptômes et a été suivie de la guérison.

La sécheresse de la langue et du pharynx indiquent l'emploi des chlorures, et dans des temps plus reculés la chaleur brûlante de la peau.

Contre :

Huss Le chlore ne paraît pas convenir au climat du Nord en ce qu'il provoque une irritation du larynx et des bronches.

Griesinger Les chlorures ont déjà perdu depuis longtemps toute confiance des praticiens dans le traitement du typhus.

Acidum phosphoricum.

Huss: L'acide phosphorique est de tous les acides minéraux le plus doux et forme pour ainsi dire une transition aux acides végétaux.

Son emploi peut être continué plus longtemps que celui des autres acides minéraux, sans que la digestion en souffre, en même temps qu'il a une action stimulante, régulatrice des centres nerveux par suite de l'action du phosphore. D'après mon expérience, cet acide mérite la première place parmi les moyens thérapeutiques du typhus et rarement du moins le trouvera-t-on contre-indiqué.

En Suède l'acide phosphorique est le médicament favori des praticiens; il convient surtout dans les cas où le pouls est mou, non tendu; on préfère l'acide muriatique dans ceux où il est plein, grand, plus ou moins tendu et l'acide sulfurique dans les hémorrhagies intestinales.

Nous avons déjà dit plus haut que dans les cliniques de Vienne et de Prague l'acide phosphorique combiné à l'ipécacuanha est d'un emploi fréquent; d'autres le joignent à une décoction de tamarin.

Acidum hydrochloricum.

Heinemann: L'acide muriatique est la panacée sur laquelle on peut hardiment se fier dans la fièvre typhoïde.

Otto, à Rudolstadt: Si dans la première semaine je me suis bien trouvé de l'acide muriatique oxygéné et vers le déclin de la deuxième du même acide associé à une infusion d'angélique, je puis dire que l'acide chlorhydrique a produit d'excellents effets dans la troisième semaine, alors qu'il y avait forte. dépression du système nerveux. Dans les cas plus graves encore j'ai eu recours à une infusion d'angélique avec liquor C. C. succinat.

Huss: Indications pour l'emploi de l'acide muriatique :

Congestions vers la tête accompagnées ou non de délire, pouls non-seulement

plein et grand, mais encore plus ou moins tendu. Ceci a rarement lieu et ne se trouve que dans les quatre à cinq premiers jours.

Contre-indications:

1) Toute irritation des bronches. 2) Congestions vers les poumons.

5) Dès que son emploi provoque la toux.

4) Langue rouge, comme écorchée. Dans ce cas l'acide muriatique augmenterait la tension épigastrique et amènerait le météorisme.

Lietzau L'acide muriatique a les mêmes indications que l'acide muriatique oxygéné, je n'ai pas pu trouver de différence.

:

Acidum nitricum.

Jaesche Nous avons trouvé qu'en général l'acide nitrique mérite la préférence aux chlorures, là où les symptômes abdominaux prédominent, tels que affections du foie, jaunisse, diarrhée, douleurs abdominales. Dans l'absence de ces symptômes, les chlorures sont préférables. Il est à noter cependant que dans les affections du foie non typhiques, l'acide nitrique n'a pas d'action.

Huss: J'ai quelquefois essayé l'acide nitrique, mais constamment j'ai remarqué que sous son emploi l'épigastre devenait tendu, douloureux et qu'il provoquait le météorisme, c'est pourquoi je m'en suis désisté.

Acidum sulphuricum.

Huss : L'acide sulfurique convient seulement dans la deuxième et troisième période quand il y a :

1) diarrhée sanguinolente, 2) hématurie, 3) métrorrhagie, 4) épistaxis, 5) pétéchies ecchymotiques, suffusions sanguines sous la peau, 6) sueurs profuses, gluantes.

R. Acid. sulphur. dilut. 8-12.00; decoct. alth., 120.00; syr. alth., mucilag. g. arabic. ââ. 45.00. M.

Syrupi acidi sulphurici (ex acid. sulph. dilut. p. 6. syr. sachar. p. 8) 6-9.00 à ajouter aux boissons.

R. Elixir. acid. Halleri gtt. 8.12 chaque 1-2 h. dans un mucilage.

R. Infus. ipecac. (ex 1.00) 250.00; elixir. acid. Halleri gtt. 15; syr. s. 12.00; M.

Prof. Reich, en 1799, prétendit avoir découvert un remède au moyen duquel il lui était possible de guérir toutes les fièvres; il reçut pour cette prétendue découverte une somme assez considérable du roi. Ce spécifique n'était rien autre que l'acide muriatique.

Rademacher: Déjà en 1795 j'ai guéri des fièvres pétéchiales ou putrides avec l'acide sulfurique à haute dose. Cet acide ne convient cependant pas dans les fièvres nerveuses ordinaires ou fièvres typhoïdes. Je le prescrivis à la dose de 15.00 par jour en y associant un verre à liqueur d'eau-de-vie, si l'estomac

en était incommodé. Rademacher ajoute que dans une fièvre pétéchiale, à l'ile de Wight, un médecin militaire déjà âgé donnait à ses malades de petites quantités d'acide sulfurique diluées dans beaucoup d'eau et y joignait parfois un verre de vin d'Oporto. Comme les malades s'en trouvaient bien il augmenta la dose de l'acide et en fit son remède usuel. C'était pour faciliter la digestion qu'il ajouta le vin d'Oporto.

Stoerk avait eu à traiter dans une épidémie de fièvre pétéchiale cinq cents malades dont vingt-deux sont morts. Voici les prescriptions qu'il avait faites : R. Seri lactis vinosi e lacte recente 4 livres; vin. austriæ 250.00.

R. Seri lactis vinosi 4 livres; spirit. sulphuris per campanulam 4.00; syr. diacod. 90.00. M.

R. Claret. fact. ex conserv. flor. cordial. I livre; syr. diacod. 45.00; spirit. sulphuris per campanul. q. s. ad gratum saporem.

R. Extracti corticis peruvian. 15.00; aq. sambuci 290.00; syr. diacod. 30.00; syr. cortic. aurant. 15.00; vin generosi austria 45.00; spirit. sulphur. per campanul. gtt. 30. M.

R. Nitri antimon. 2.00; syr. rubi idæi 60.00; Roob. Ribes. 45.00; acet. vini 30.00; vin. austria 120.00; decoct. hordei 2 livres.

R. Camphor. 75 centigr.; mucilag. g. tragac. 8.00; tritis et subactis adde syr. menth. 15.00; syr. diacod. 30.00; aq. menth. 1 livre; nitri antimon. 2.00; liquor anod. min. Hoffm. gtt. 15. M.

(La suile au prochain numéro.)

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II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.

Médecine et Chirurgie.

Emploi méthodique des bains tièdes dans le traitement des affections fébriles. M. Schützenberger a constaté cliniquement que tant que la chaleur, l'un des symptômes de la fièvre, reste au-dessous de 39,05, elle ne constitue pas un danger, alors même que le pouls est très-fréquent. Mais dès que la température dépasse ce degré, qu'elle s'élève à 40o et au delà, elle devient par elle-même un danger menaçant pour l'organisme; elle indique qu'il s'opère dans l'intimité des organes unc combustion vive qui les use et peut amener un collapsus rapide pour peu que la fièvre dure pendant quelque temps. Pour abaisser la température on a eu recours, les uns à la digitale, les autres à la réfrigération externe pratiquée de manières

différentes. Les bains froids ont naturellement paru devoir être, en pareil cas, préférés aux bains chauds. Mais si les bains à 15o, à 20o produisaient un abaissement notable de la chaleur fébrile, cet avantage était plus que compensé par de graves inconvénients: en effet, d'une part, les bains froids sont souvent très-mal supportés, beaucoup de malades sont pris, peu de temps après leur immersion dans le bain froid, d'un tremblement qui force à les retirer de l'eau; l'usage du bain leur devient pénible, ils s'y refusent bientôt. D'autre part se sont produites assez fréquemment, à la suite du bain froid, des pneumonies graves, avec des exsudats plastiques.

Pour éviter ces inconvénients, M. Schützenberger a prescrit des bains tièdes dont

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