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courant de la science moderne, à laquelle il appartient par sa forme et ses tendances, prenant pour base la physiologie et l'anatomie pathologique. Nous lui reprocherons seulement d'être trop concis, de ne pas s'étendre suffisamment sur les importants problèmes qu'il a soulevés. Que ceci toutefois, Messieurs, ne soit pas considéré comme un reproche, mais bien comme une invitation à notre confrère de continuer et d'étendre ses intéressantes recherches.

Nous proposons, en conséquence, de remercier M. le docteur Anciaux pour l'envoi qu'il nous a adressé, de publier son mémoire dans notre Journal et de le nommer membre correspondant de la Société.

M. DAUMERIE. J'ai vu diverses épidémies de dyssenterie, surtout quand je pratiquais la médecine dans le Hainaut. La dyssenterie s'y déclarait ordinairement lorsque les ouvriers revenaient de la moisson. Quand ces individus arrivaient dans les hameaux, on voyait la maladie s'y étendre, souvent elle prenait des proportions très-considérables, de sorte que j'étais tenté de croire que cette affection était contagieuse. Je n'ai jamais vu régner cette maladie en automne, mais toujours

dans le courant du mois d'août.

A cette époque j'étais imbu de la doctrine du jour, je voyais dans la dyssenterie une inflammation franche, je traitais cette maladie à l'aide des antiphlogistiques, des émollients, des applications de mucilagineux; je perdais beaucoup de malades. Je me trouvai un jour en consultation avec un vieux praticien qui préconisa le traitement de la dyssenterie par les purgatifs; le tamarin, la manne étaient les deux remèdes qu'il employait de pré

férence.

Il assurait qu'au bout de deux jours environ il voyait les selles changer de nature. A cette époque-là je pouvais difficilement croire à ce traitement, mais d'après ce que j'ai vu depuis et d'après les observations qui viennent de nous être présentées, je crois qu'il est possible et qu'il y a souvent un avantage réel de traiter les dyssenteries par les purgatifs.

Personne ne demandant plus la parole, les conclusions du rapport sont mises aux voies et adoptées.

En conséquence, M. le Dr H. Anciaux, de Jodoigne, est proclamé membre correspondant de la Société.

M. Daumerie, chargé d'examiner deux brochures envoyées par M. le docteur Simonot, de Paris, dit que ces travaux ayant

déjà été présentés à d'autres sociétés savantes, il n'y a pas lieu à en faire l'objet d'un rapport. Le règlement de la compagnie ne lui permet pas, par conséquent, de proposer une distinction pour leur auteur, mais il espère que l'honorable docteur Simonot mettra bientôt la Société dans la possibilité de lui conférer le titre de membre correspondant.

La séance est levée à 8 heures et demie.

Académie royale de médecine de Belgique.

Séance du 26 mai 1860.

Président : M. VLEMINCKX.
Secrétaire: M. SAUVEUR.

La séance a été ouverte à 11 heures par la lecture et l'approbation du procès-verbal.

Étaient présents: MM. Burggraeve, Chandelon, Craninx, Daumerie, Davreux, Delwart, Fallot, Fossion, Gaudy, Gouzée, Graux, Hairion, Hubert, Lebeau, Lequime, Marinus, Martens, Michaux, Pasquier, Pétry, Rieken, Sauveur, Seutin, Soupart, Tallois, Thiernesse, Van Coetsem, Verheyen et Vleminckx.

MM. Crocq, Decaisne, Depaire, Dugniolle, Husson, Pigeolet, Sélade, Thiry, Van Roosbroeck et Warlomont, membres correspondants, assistaient également à la

séance.

L'Académie a reçu de M. le ministre de l'intérieur une lettre dont voici la teneur:

Monsieur le président,

Chambre des Représentants m'a renvoyé une requête dont les signataires demandent que l'enseignement homeopathique soit représenté dans les universités de docteurs en médecine puissent se faire lil'État, que les candidats en sciences, les cencier dans la nouvelle doctrine et, enfin, que les médicaments homœopathiques soient inscrits dans la Pharmacopée belge.

>> Par décision du 27 avril dernier, la

Je vous prie, M. le président, de vouloir bien soumettre à l'Académie les questions que cette requête soulève, et de me faire connaitre le résultat des délibérations de la compagnie.

» Recevez, etc.

» Bruxelles, le 14 mai 1860.

Le ministre de l'intérieur, (Signe): CH. Rogier. »

Après avoir fait la lecture de cette lettre et de la disposition des statuts qui charge l'Académie de répondre aux demandes qui lui sont adressées par le gouvernement, M. le président appelle l'assemblée à sc prononcer sur la marche qu'elle entend suivre pour formuler le projet de réponse à donner à la dépêche ministérielle. Le bureau a, dit-il, délibéré sur ce qu'il convient de faire dans l'occurrence, et dans son opinion, le mieux serait de nommer deux commissions respectivement chargées, l'une d'examiner les questions relatives à l'enseignement de l'homoeopathie dans les universités de l'État, et à la faculté qu'auraient les candidats en sciences et les docteurs en médecine de se faire licencier dans la nouvelle doctrine; et l'autre, le point de savoir s'il y a lieu d'inscrire les médicaments homeopathiques dans la, Pharmacopée officielle. La première commission serait composée de médecins, et la seconde de chimistes et de pharmaciens.

Plusieurs membres demandent la parole et l'obtiennent successivement, ce sont : MM. Seutin, Daumerie, Pasquier, Thiernesse, Lebeau, Dugniolle, Crocq, Martens, Fossion et Fallot.

Deux propositions ont été faites dans le cours de cette discussion, l'une par M. Daumerie, qui demandait le renvoi de la dépeche ministérielle à une commission mixte, chargée de rédiger le projet de réponse, et, la seconde, par M. Fallot, qui demandait un ordre du jour motivé, immédiat, formulé par la compagnie.

M. Fallot ayant déclaré dans le cours de la discussion qu'il se ralliait à l'opinion émise par le bureau, M. le président met aux voix la proposition de M. Daumerie; elle n'est pas adoptée.

Les membres des deux commissions désignés par le bureau, sont pour la première, MM. Carlier, Craninx, Crocq et Fossion, en remplacement de M. Fallot, non acceptant; et, pour la seconde, MM. Davreux, Martens et Pasquier.

M. le docteur Soupart et MM. les docteurs Van Kempen, Van Roosbroeck, Hipp. Larrey et Donders remercient la compagnie de leur nomination comme membres de l'Académie, le premier en qualité de membre titulaire de la troisième section, et les autres en qualité de membres correspondants.

La compagnie a reçu, depuis sa dernière réunion, deux nouveaux mémoires envoyés pour le concours ouvert sur la question relative à l'appréciation de la valeur des diverses méthodes thérapeutiques du choléra asiatique. L'un a pour épigraphe ces

mots: Occasio præceps. L'autre porte pour devise : « Statutum est in theoria et praxi.»

« In medendi scientia omnis argumentatio vana, nisi experientia confirmetur. Ces mémoires seront soumis à l'examen d'une commission après la clôture du con

cours.

M. le docteur J.-E.-L. Falke, professeur de médecine vétérinaire à l'université de léna, expose dans une lettre du 11 mai courant, qu'il a traité depuis 1840, dans plusieurs écrits qu'il indique, la question que l'Académie a proposée sur la nature et l'étiologie des états morbides considérés chez le cheval, sous le nom d'influenza. La demande exprimée par M. Falke de voir figurer son nom parmi ceux des concurrents ne peut être acceptée, une des conditions du programme du concours, écartant les travaux dont les auteurs sont

connus.

M. L. Schoonbroodt, pharmacien à Liége, soumet à l'appréciation de la compagnie une communication manuscrite relative à la conversion du sucre en une substance qui présente beaucoup d'analogie avec la protéine. Commissaires, MM. Martens et Pasquier.

Par une lettre dont il est donné lecture et qui est écrite en réponse à la circulaire du 12 mai courant, adressée à tous les membres correspondants belges, M. le docteur Varlez exprime le désir d'obtenir l'honorariat.

En offrant un exemplaire de la note qu'il a récemment publiée sur la nature et le traitement chirurgical de l'ophthalmic ou fluxion périodique du cheval, M. le docteur Didot fait remarquer qu'il a envisagé la question sous un jour entièrement nouveau et qu'il croit que la science a quelque intérêt à voir reprendre l'étude de cette maladie.

M. le président annonce :

1° Que le bureau s'est assuré de l'âge des deux candidats qui ont obtenu le même nombre de suffrages au dernier scrutin de ballottage qui a été ouvert pour la nomination d'un membre correspondant belge et, qu'aux termes des statuts, le bénéfice de l'élection échoit à M. le docteur Van Roosbrocck, qui a été informé de son agrégation.

2o Qu'aucun membre titulaire n'ayant demandé à remplacer feu M. le docteur Guislain dans la première section, il déclare la vacance de la place à dater de ce jour. Le bureau invitera la section à faire ses présentations, en lui adressant les demandes qu'il aura reçues des candidats.

5o Que le bureau s'est trouvé dans le

cas de devoir appliquer l'article 109 du règlement à la communication de M. Boëns sur le diabète sucré, cet auteur ayant fait imprimer son travail avant son insertion dans le Bulletin académique, qui a été votée dans la séance du 31 mars dernier.

Une indisposition ayant empêché M. Didot de se rendre à la séance, l'assemblée décide, sur la proposition de M. le président, que la lecture que ce membre devait faire de son rapport sur une communication de M. le docteur Dambre, relative à l'opération césarienne, est ajournée à la prochaine réunion académique.

1. Rapport de M. Michaux, rédigé au nom des commissaires chargés de l'examen du Mémoire de M. le docteur Debout sur la hernie ombilicale congénitale.

La Commission a proposé de faire insérer ce travail dans la collection des mémoires académiques, et d'inscrire le nom de son auteur sur la liste des candidats au titre de correspondant étranger.

Aucun membre n'ayant demandé la parole sur ces propositions, elles ont été mises aux voix et adoptées.

La Compagnie a ensuite voté au scrutin secret, l'impression du mémoire et des planches qui l'accompagnent.

2. Rapport de la Commission qui a examiné la note de M. le docteur Testelin, relative à un cas de dragonneau observé à Bruxelles.

Les conclusions de ce rapport, lu par M. Hairion, au nom de M. François, absent pour cause d'indisposition, sont mises aux voix et acceptées sans observation. Elles portent « L'Académie ferait chose utile en insérant dans son Bulletin la première partie du mémoire que M. Testelin lui a adressé, c'est-à-dire les deux cas de filaire décrits par M. Defaye, de déposer honorablement l'ensemble du travail dans les archives de la Compagnie et d'adresser des remerciments aux auteurs. »

5. Communication de la sixième section au sujet d'un mémoire présenté par M. Cambron sur une maladie encore peu connue et mal appréciée : il est relatif aux larves de l'œstre qui se rencontrent dans l'estomac du cheval.

Ce travail ayant été publié, l'assemblée décide, sur l'avis de la section, dont M. Thiernesse s'est rendu l'organe, qu'il ne peut faire l'objet d'un rapport.

Avant la reprise des débats ouverts sur la question des amputations, M. Seutin a été admis à présenter des blessés auxquels il a donné des soins et qu'il a montrés, à l'appui de ce qu'il a dit de la chirurgie conservatrice.

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M. BOUCHARDAT déclare qu'il ne lui reste presque rien à dire sur la question de l'action du sulfate de cinchonine. Les conclusions qu'il a insérées à cet égard dans son rapport ne doivent pas faire l'objet d'un vote de l'Académic, et elles n'ont d'ailleurs été attaquées que par M. Briquet. Les objections de M. Briquet ont porté principalement sur l'action physiologique du sulfate de cinchonine, laquelle serait, d'après ce médecin, beaucoup plus faible que celle du sulfate de quinine. M. Bouchardat pense que cette opinion repose sur un procédé vicieux d'expérimentation. Il a démontré par des expérimentations plus précises que le sulfate de cinchonine a, au contraire, une action physiologique plus énergique, et qu'il tue plus rapidement, à doses égales, que le sulfate de quinine. M. Bouchardat insiste sur cette particularité, parce qu'on s'exposerait, si on n'en tenait compte, à donner licu à des accidents toxiques, en forçant les doses de sulfate de cinchonine.

Quant à l'association du sulfate de quinine, au sulfate de cinchonine, recommandée par M. Michel Lévy, M. Bouchardat l'approuve entièrement.

M. Bouchardat donne ensuite lecture des conclusions de son rapport, qui sont appuyées par M. Davenne et adoptées par l'Académie.

M. PIORRY répond d'abord au discours de M. Michel Lévy: Est-il bien certain, comme l'a prétendu M. Lévy, que beau coup de fièvres intermittentes guérissent seules? L'orateur est convaincu qu'abandonnées à elles-mêmes, ces fièvres guérissent fort peu. M. Michel Lévy dira-t-il que, pour connaitre les fièvres d'accès, il faut aller les observer en Crimée ou à Rome? Mais, à Paris, les étrangers af

fluent, et nous pouvons, sur des fiévreux, mesurer des rates qui nous arrivent de tous les points du globe. A lire le discours de M. Michel Lévy, on croirait que le sulfate de quinine est un médicament redoutable; mais j'affirme sur l'honneur que, depuis tant d'années que je l'emploie, je n'ai pas eu à constater le moindre accident résultant de son usage. J'ajoute qu'aucun des succédanés du quinquina, le sel marin excepté, ne fait diminuer la rate, et n'a par conséquent sur les fièvres une influence qu'on puisse lui comparer. Cependant, selon M. Michel Lévy, M. Laveran a vu des fièvres intermittentes guéries par de l'eau pure. M. Laveran connait la percussion de la rate et a-t-il fait, à cet égard, des observations qui puissent être communiquées?

On a parlé aussi du prix élevé de la quinine, comme si, dans les questions d'une telle gravité, il était permis d'invoquer de semblables raisons.

Quant au dosage, M. Piorry doute qu'on obtienne des succès avec de faibles doses; aussi y a-t-il bénéfice à donner de suite le sulfate de quinine à haute dose, afin de ne pas s'exposer à y revenir si souvent.

L'orateur arrive ensuite à M. Bousquet. Si M. Bousquet, dit-il, avait lu mes ouvrages, il aurait vu qu'à chaque page de mon Traité de médecine pratique, j'établis que les accès intermittents ne sont pas nécessairement sous la dépendance de la rate. J'ai eu soin d'énumérer toutes les lésions des autres organes qui peuvent pro voquer ces sortes d'accès.

Je n'ai commis nulle part cette énormité de rapporter à la rate la cause de l'intermittence envisagée d'une façon générale. Cette grande loi, qui domine tous les phénomènes de la nature vivante, ne peut, dans l'économie humaine, qu'être une dépendance du système nerveux général, ou le retentissement sur le système entier d'en état nerveux local, et je crois que, pour les fièvres intermittentes, c'est dans le plexus splénique qu'il faut chercher le point de départ des accidents.

M. Bousquet a invoqué contre moi les fièvres larvées. Est-ce que je ne connais pas les fièvres larvées, moi qui ai montré précisément combien le gonflement de la rate était d'un bon augure dans ces eas, et qui ai publié une observation de tétanos guéri par le sulfate de quinine chez un sujet qui avait la rate volumineuse?

M. Bousquet m'a reproché d'avoir vanté le sel marin dans le traitement des fièvres intermittentes. Mais je ne suis pas l'inventeur de ce médicament, je n'ai été que le

rapporteur d'un travail de M. Salmon sur l'emploi du sel marin dans les fièvres intermittentes. Je ne relèverai pas les plaisanteries de M. Bousquet sur les incertitudes de Boerhaave à la fin de sa carrière; je veux seulement lui dire que les théories, quelles qu'elles soient, se jugent à la clinique, et que rien dans son discours n'est de nature à entamer mes convictions. Je maintiens done tout entier les termes de ma première communication.

M. BOUSQUET. Le discours de M. Piorry sur le traitement des fièvres intermittentes allait passer inaperçu comme celui qu'il prononça en 1855 dans une discussion sur la variole, si je ne m'étais hâté, conformément à nos conventions formelles, de monter à la tribune pour y ramener l'at tention de l'Académie. Si je me suis permis quelques remarques légèrement critiques, c'était un artifice de langage pour donner plus de prix à mes éloges. Je vois cependant que M. Piorry s'y est mépris; je ne puis le comprendre ; j'ai traité ses doctrines avec justice, avec importance, trop d'importance peut-être. J'ai fait plus : j'ai beaucoup exalté M. Piorry au détriment de son maître, M. Audouard, qui, après avoir proclamé pendant quarante ans que l'obstruction de la rate était inséparable de la fièvre intermittente, a emporté dans la tombe le regret de se voir enlever sa découverte par un élève qu'il a pourtant honoré de ses louanges. Dire que la fièvre intermittente git dans la rate, c'est à peu près comme si on disait que la glande lacrymale contient le rire, parce que cette glande se gonfle et répand des larmes quand on rit.

M. Piorry espère se sauver à la faveur des ténèbres. Comme les fonctions de la rate sont inconnues, il profite de cette obscurité pour hasarder ses conjectures ; la rate, selon lui, n'aurait donc été créée que pour engendrer la fièvre intermittente. Quelle noble fonction pour un organe! La conséquence immédiate de sette théorie, c'est qu'on échapperait à la fièvre en se faisant enlever la rate. Eh bien ! non; l'expérience en a décidé autrement, comme le prouve l'exemple de cet homme qui eut la fièvre après l'ablation de la rate, et comme l'établissent les relevés de M. le docteur Boyle (de Gand), qui a compté dix-sept malades atteints de fièvres d'accès sans lésions de la rate.

M. Piorry attribue la fièvre à une névralgie du plexus splénique, ou à une névralgie intereostale, ou à une névralgie des reins, de la vessie, de l'utérus, ou des ovaires, etc., etc.

D'autre part, on rencontre, surtout dans les pays marécageux, assez bon nombre de rates obstruées sans fièvres d'accès. Qu'y a-t-il d'étonnant, s'écrie M. Piorry, qu'un organe si profondément altéré soit inhabile à remplir ses fonctions? Est-ce qu'on y voit d'un œil crevé? Non, on ne voit pas ; mais il y a peut-être quelque différence entre l'œil et la rate, il est plus sûr que l'œil est fait pour voir, qu'il ne l'est que la rate est faite pour susciter la fièvre. Pauvre fièvre je viens de lire dans Chomel qu'on l'a fait venir successivement du foie, de l'estomac, du mésentère, de la peau, des nerfs, de la veine porte, etc., et maintenant on la relègue dans la rate, le plus obscur de tous les organes.

M. Bousquet termine, en annonçant qu'un jour peut-être il exposera devant l'Académie l'ensemble des doctrines de M. Piorry.

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DÉSARTICULATIONS SECONDAIRES APRÈS LES COUPS DE FEU. (Fin de la discussion.) La parole est à M. J. Roux pour répondre à ses deux derniers argumentateurs.

M. J. Roux rappelle que M. Robert lui a reproché de se trop préoccuper de l'ostéomyélite et de ses dangers; que, ponr lui, il avait fait souvent avec succès: 1o des amputations primitives, alors que la moelle était rouge, que les articulations supérieures et les inférieures contenaient de la sérosité sanguinolente; 2o des amputations consécutives malgré l'état de rougeur et de ramollissement de la moelle, Tamincissement de l'os, etc.

M. J. Roux pense que M. Robert a amputé des blessés après des lésions traumatiques récentes pendant l'ecchymose de la moelle et non pendant son inflammation, ce qui est tout différent. M. Robert a amputé en outre, pour des lésions organiques, des malades qui ne présentaient pas l'ensemble des signes de l'ostéomiélyte à la deuxième période, ce qui expliquerait

ses succès.

M. Roux croit que M. Robert a dû perdre un grand nombre des opérés chez lesquels la scie a porté sur des parties d'os aminci, à canal médullaire agrandi, à moelle rouge et ramollie, lésions qui inspirent en général aux chirurgiens les plus grandes craintes.

M. J. Roux réfute ensuite l'argument d'après lequel M. Robert présente comme étant dus à un heureux hasard les vingtdeux succès obtenus à Saint-Mandrier pour des amputations secondaires dans F'articulation; il explique encore comment tous ses opérés, qui n'ont couru

aucun danger du côté des os, ont pu échapper aux autres causes de mort dues aux érysipeles, aux phlegmons diffus, aux hémorrhagies, à la pourriture d'hôpital, à l'infection purulente, etc.

M. Robert, dit M. J. Roux, a constaté la valeur de quelques-unes de mes pièces pathologiques, mais il n'a pas insisté au même degré sur celles, en bien plus grand nombre, dont la signification est absolue.

L'orateur, répondant ensuite aux objections de M. Jobert de Lamballe, qui n'admet ni la première ni la seconde période de l'ostéomyélite, dit que les caractères de ces périodes ont été très-bien vus et étudiés sur des blessés qui avaient succombé à des affections intercurrentes. C'est ainsi qu'on a pu faire l'histoire de ces périodes. Du reste, puisque M. Jobert de Lamballe admet la troisième période ou de suppuration, il admet par là même les deux premières qui précèdent nécessairement la formation du pus, à savoir l'hyperémie et l'inflammation.

M. J. Roux déclare qu'il n'a pas, comme le prétend M. Jobert, pris pour des caractères de l'ostéomyélite, à la première et à la deuxième période, fes symptômes des complications de toute plaie suppurante.

L'ostéomyélite, après un certain temps, a tellement sa physionomic propre que la seule inspection sans la connaissance des antécédents sullit pour faire porter un diagnostic certain.

En ce qui touche les parties molles, les symptômes sont tellement caractéristiques d'une inflammation de l'os, qu'on les retrouverait encore si, par impossible, la balle n'atteignait que les parties dures sans toucher les parties molles.

L'orateur se défend ensuite du reproche qu'on lui a fait d'avoir rejeté complétement l'amputation dans la continuité, et la résection dans la période secondaire ou d'ostéomyélite. Il rappelle que dans son travail il a cité un cas de résection et un cas d'amputation secondaires, tous deux suivis de succès. Ce qu'il a dit, c'est que « dans les amputations secondaires après les coups de feu et dans la phase d'ostéomyélite, l'amputation dans la continuité est l'exception et la désarticulation « la règle; la résection suit la même loi. »

En résumé, dit M. J. Roux, puisqu'on n'a pas trouvé dans les musées des os anciennement frappés par des balles sans traces d'ostéomyélite; puisqu'on n'a pas trouvé d'observations cliniques d'insuccès dans les désarticulations, de succès dans les amputations de l'os lésé pratiquées

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