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tenu. La terminaison ide ne saurait être appliquée aux produits de la glucose, car le nom de glucoside appartient déjà à une classe nombreuse de corps. J'adopterai donc la terminaison ane, comme l'a fait M. Berthelot pour la mannitane et la dulcitane, dérivés de la mannite et de la dulcite qui ont la plus grande analogie de formation et de rôle chimique avec les corps qui font l'objet de ce travail. En admettant avec M. Dubrunfaut l'identité de la glucose d'inuline et de la glucose levogyre du sucre interverti, on aurait la glucosane et la lévulosane (1), en attendant les corps analogues que l'on ne tardera pas à découvrir. La glucose de sucre de lait, chauffée dans les mêmes conditions, m'a déjà fourni un composé du même ordre; mais je donnerai la description de ce composé, qui se caractérise plus nettement que ceux des autres glucoses, dans un travail spécial sur le sucre de lait.

J'ajouterai, en terminant, que les faits indiqués dans cette note me paraissent avoir de l'importance non-sculement au point de vue de la science pure, mais aussi parce qu'ils pourront servir à expliquer plusieurs résultats, encore obscurs, observés dans la pratique industrielle de la distillation des mélasses. Je reviendrai dans mon mémoire complet sur ce point important de la question.

(Ibid.)

SUR LA PRÉPARATION DU FER RÉDUIT PAR L'HYDROGÈNE ET SUR LA manière de lE PRÉSERVER DE L'OXYDATION; par M. S. DE LUCA.

Le fer pur entièrement divisé, connu sous le nom de fer réduit par l'hydrogène, beaucoup employé en médecine, se trouve maintenant en grande abondance dans le commerce, mais sans la moindre garantie relativement à sa pureté. Le fer qu'on prépare industriellement doit être presque toujours impur, par la simple raison que, dans une préparation en grand, la purification des réactifs et des produits qu'on obtient ne peut pas aller très-loin; il y a une limite où il est nécessaire de s'arrêter, mais dans laquelle ne se trouve pas la pureté qu'on devrait toujours rencontrer dans les substances qu'on introduit dans l'économie de l'homme. Ajoutons à cela que le fer réduit du commerce se trouve souvent mélangé avec de la fine limaille de fer, et que quelquefois il est constitué simplement par du fer ordinaire préparé en poudre très-fine par un système de limes.

(1) M. Berthelot a nommé la glucose d'inuline : Jévulose.

Il est cependant facile de découvrir ces falsifications: il suffit de traiter le fer suspect par un acide étendu et pur, qui doit le dissoudre et produire une solution limpide, sans aucun résidu, si le fer était pur et ne contenait pas du fer ordinaire. Ce procédé donne aussi des indications sur le soufre que tous les fers réduits contiennent en plus ou moins grande abondance; on peut le constater par un papier imbibé d'une solution d'acétate de plomb mis en contact avec le gaz hydrogène qui se dégage lorsqu'on traite le fer par un acide étendu : le papier noircit si le fer contient du soufre.

Il est très-important d'obtenir un fer réduit exempt de soufre, mais il est impossible de l'avoir pur par le procédé industriel c'est dans le laboratoire, au contraire, qu'il faut le préparer avec des soins minutieux. Pour obtenir le fer pur, il est nécessaire de préparer d'abord un oxyde de fer d'une pureté pour ainsi dire absolue, mais si l'on obtient cet oxyde en décomposant le sulfate de fer, il est presque impossible de pouvoir le débarrasser complé tement d'une partie du sulfate qui lui reste adhérent et que les lavages répétés n'éliminent pas. Je préfère décomposer un chlorure acide de fer par l'ammoniaque, dans le but d'obtenir un oxyde de fer pur. L'acide chlorhydrique élimine du fer tout le soufre sous la forme d'hydrogène sulfuré, et en faisant bouillir la solution acide on est sûr de chasser les dernières traces de ce même acide qui pouvaient se trouver dans la solution. En précipitant ensuite par l'ammoniaque le chlorure de fer, on formera des composés solubles et volatils que les lavages et la chaleur peuvent facilement éliminer.

Mais il ne suffit pas d'avoir de l'oxyde de fer pur lorsqu'on se propose d'obtenir du fer exempt de soufre; il faut aussi que l'hydrogène qu'on doit employer en excès pour le réduire ne contienne pas de soufre. Tous ceux qui ont la pratique du laboratoire et qui sont familiarisés avec les manipulations chimiques comprennent parfaitement les difficultés qu'on rencontre dans la purification d'un gaz. Le contact des substances gazeuses avec les réactifs est très-limité, particulièrement lorsque ces derniers sont liquides; souvent il faut employer une agitation prolongée pour obtenir une absorption complète; et il est à peine ici nécessaire de rappeler que l'acide sulfurique n'absorbe le gaz olefiant qu'au moyen de 5,000 secousses. Pour purifier done l'hydrogène, il faut obtenir un dégagement lent de gaz, le di

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Une autre source de soufre, ce sont les tubes en caoutchouc vulcanisé, dont on se sert ordinairement pour joindre les différentes parties des appareils, et qui donnent du soufre par une simple action mécanique de frottement. En faisant passer à travers ces tubes un courant de gaz hydrogène pur, comme aussi de l'acide carbonique purifié, j'ai pu obtenir, dans l'eau où ces gaz barbotaient, un dépôt de soufre que j'ai ensuite transformé en acide sulfurique par l'action de l'acide azotique, et que j'ai dosé à l'état de sulfate de baryte. Par conséquent, si l'on se sert de tubes en caoutchouc, il faut les faire bouillir dans une solution de potasse, avant de les employer pour joindre les différentes parties d'un appareil à hydrogène, lorsque ce gaz doit servir pour réduire l'oxyde de fer.

Pour préserver le fer réduit de l'oxydation, il faut l'introduire dans des ampoules en verre séchées d'abord et en faisant cette opération dans une atmosphère d'hydrogène. L'introduction du fer doit se faire au moyen de mesures en verre, contenant exactement un poids de fer déterminé d'avance. Enfin on ferme les ampoules à la lampe.

En résumé, tous les fers réduits du commerce que j'ai examinés contiennent du soufre; ils laissent souvent déposer de la silice et des substances noirâtres, lorsqu'on les traite par les acides étendus, et ils sont par conséquent impurs. Ce sont les pharmaciens eux-mêmes qui doivent, avec des soins minutieux, préparer le fer réduit pour les besoins de la médecine, l'industrie ne pouvant leur fournir que des produits d'une pureté relative.

(Ibid.)

SUR LA GÉNÉRATION DE LA FUCHSINE, NOUVELLE BASE ORGANIQUE ET MATIÈRE COLORANTE ROUGE DÉRIVÉE DE L'ANILINE; par M BÉCHAMP. La fuchsine a été obtenue par MM. Renard frères et Franc, fabricants de produits chimiques à Lyon, en faisant réagir à l'ébullition sur l'aniline diverses combinaisons métalliques, telles que les bromures, iodures, fluorures et

chlorures d'étain, de mercure et de fer, les sulfates, azotates, chlorates de mercure, d'argent et de peroxyde de fer, etc., c'est à-dire des combinaisons binaires du premier ordre réductibles, ou des sels à oxacides dont la base est susceptible d'être ramenée soit à un degré inférieur d'oxydation, soit à l'état métallique. Ces messieurs ayant pris un brevet d'invention pour la fabrication et l'emploi de ce produit remarquable et s'occupant de son exploitation industrielle, ont autorisé M. Béchamp à entreprendre son étude chimique, et ont mis à sa disposition tous les éléments qui pouvaient lui servir à l'accomplir.

M. Béchamp s'est proposé d'abord l'examen des trois questions suivantes :

La réaction qui engendre la fuchsine s'accomplit-elle avec ou sans perte de poids?

La base du composé métallique employé dans l'opération est-elle réduite ou

non?

L'acide du sel métallique intervient-il directement dans la génération de la fuchsine?

La première de ces questions a été facilement résolue. M. Béchamp a constaté qu'il ne se dégage rien pencant la réaction et que le poids des produits est égal à celui des matières réagissantes. D'autre part, il a reconnu que l'aniline est transformée en fuchsine soit par le perchlorure de fer, soit par le nitrate de protoxyde de mercure en réduisant le premier à l'état de protochlorure, le second à l'état de mercure métallique, tandis que le chlorure et le sulfate de zinc, le sulfate de cuivre, le chlorate de potasse, le nitrate et l'iodure de plomb ne produisent pas de matière rouge avec l'aniline.

Pour apprécier le rôle de l'acide du composé métallique dans la génération de la fuchsine, M. Béchamp a fait bouillir un excès d'aniline avec le nitrite jaune de plomb, le nitrate de la même base, le sulfate stanneux, le chlorate de potasse, etc., l'action a été absolument nulle; l'iodate de potasse, au contraire, a été attaqué avec violence; des vapeurs d'iode se sont dégagées, mais la couleur rouge ne s'est pas développée.

Il résulte de ces expériences que les sels à acides oxydants et à bases irréductibles ne peuvent pas engendrer la combinaison rouge; d'autre part, les sels à acides trop facilement réductibles, tels que le chromate de bioxyde de mercure, sont incapables de produire la fuchsine alors même que la base peut être réduite. Mais en revanche,

le phosphate de bioxyde de mercure bouilli avec l'aniline détermine la formation de la matière rouge et la base est réduite à l'état métallique sans que l'acide soit altéré. Il est évident, d'après ce fait, que l'acide n'intervient pas dans la génération de la fuchsine, et qu'elle ne peut se former que sous l'influence d'un sel à base réductible. Il est à remarquer, toutefois, que tous les sels à bases réductibles ne sont pas aptes à produire cette matière colorante. M. Béchamp constate d'ailleurs que ni l'acide ni le métal du nitrate de mercure ne font partie intégrante de la fuchsine et que l'élément négatif des combinaisons métalliques du premier et du second ordre ne peut entrer dans la composition de la fuchsine, si ce n'est l'oxygène de la base des oxysels. Cependant, l'acide arsénique peut produire la fuchsine en se transformant en acide arsénieux.

Pour préparer la fuchsine, on se sert, soit du nitrate mercureux, soit du bichlorure d'étain. Lorsque l'on délaye dans l'eau le produit de la réaction du nitrate mercureux sur l'aniline, il se produit une dissolution rouge qui, par évaporation, fournit du nitrate d'aniline mêlé d'aniline et de fuchsine; on décante cette liqueur et on agite avec une dissolution de carbonate de soude, le précipité pâteux qui est resté au fond du vase, il se dégage de l'acide carbonique, le nitrate d'aniline est décomposé et il se forme du nitrate de soude; la masse demi-liquide qui se dépose au fond du vase est alors chauffée à 150° pendant quelque temps pour chasser l'eau, puis on traite par la benzine en quantité suffisante pour la dépouiller de l'aniline chargée de matières brunes qu'elle contient et la réduire en une masse dure pulvérisable; on opère alors des lavages à l'éther tant que ce véhicule se colore. Après ce traitement la matière est devenue verte, on la sèche à l'étuve et on la reprend par un léger excès d'acide chlorhydrique étendu qui dissout la fuchsine en se colorant en rouge et laisse pour résidu une matière colorante violette soluble dans l'alcool avec cette couleur. La dissolution chlorhydrique filtrée est alors additionnée d'ammoniaque étendue qui donne naissance à un précipité albumineux de fuchsine hydratée. Ce produit desséché est redissous dans la plus petite quantité possible d'alcool et précipité par l'éther; on recueille la fuchsine, on la fait sécher et elle se présente alors sous forme de paillettes non cristallines d'un vert métallique éclatant.

Lorsqu'on emploie le bichlorure d'étain

pour la préparation de la fuchsine, on fait bouillir pendant quelques minutes 1 partie de ce bichlorure avec 2 parties d'aniline; il se développe une belle coloration rouge, et le produit se prend par le refroidissement en une masse de consistance de miel. On broie cette masse avec de la benzine bien sèche qui la dépouille de l'aniline et des matières brunes, et on la réduit ainsi à l'état d'une poudre rouge violacée. Cette poudre ne contient pas encore la fuchsine, et l'intervention de l'eau est nécessaire pour qu'elle se forme; en conséquence on la délaye dans l'eau et on la traite par un léger excès de bicarbonate de potasse; il se forme une liqueur incolore et un précipité rouge que l'on recueille sur un filtre et que l'on épuise par l'alcool concentré et bouillant. La dissolution alcoolique est évaporée à siccité et le résidu est repris par l'acide chlorhydrique étendu qui laisse un résidu de matière violette. La liqueur chlorhydrique précipitée par l'ammoniaque donne un produit rouge qui, lavé à l'éther, puis dissous dans l'alcool et enfin précipité par l'éther, donne de la fuchsine.

La fuchsine est une base organique peu soluble dans l'eau à laquelle elle communique une belle couleur rouge; elle se dissout avec la même couleur dans l'alcool, l'esprit de bois et l'acétone. Elle engendre des sels incristallisables, dont les dissolutions sont rouges lorsqu'ils sont neutres et jaunes en présence d'un excès d'acide. L'acide sulfureux décolore peu à peu sa dissolution, mais en concentrant la liqueur à une douce chaleur on fait reparaitre la couleur rouge. Le chlorhydrate de fuchsine est un sel jaune rougeâtre incristallisable. Sa dissolution concentrée est d'un rouge intense.

Lorsqu'on veut obtenir la fuchsine suffisamment pure pour l'analyse, il faut la dissoudre dans l'alcool, la précipiter par l'éther à plusieurs reprises, et la laver à l'éther anhydre tant que celui-ci passe coloré en jaune. Enfin on doit la chauffer à 160 pendant longtemps pour la priver complétement d'éther. M. Béchamp a déduit des résultats de ses analyses les deux formules suivantes :

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que l'étude de la fuchsine n'était pas encore assez complète pour qu'il pût se décider entre elles et former l'équation de la génération de la fuchsine; il se propose de continuer ses recherches. (Ibid.)

RECHERCHES CHIMIQUES SUR LES ÉLÉMENTS MINÉRAUX Tillandsia

CONTENUS

DANS

LA

dianthoidea, par M. S. DE LUCA. — La Tillandsia vit, hors du contact immédiat de la terre, suspendue dans l'atmosphère; cependant cette plante, se trouvant à une distance pas trop grande du sol, doit nécessairement être en contact avec les substances minérales et organiques qui, sous forme de poussière, voltigent dans l'air; ces substances, se déposant sur les parties extérieures de la plante, peuvent passer dans l'organisme végétal et y être assimilées par l'action de l'acide carbonique, de l'ammoniaque et de l'humidité de l'atmosphère.

Pour ces recherches, j'ai d'abord séparé, par des moyens mécaniques, de la tige et des feuilles de la Tillandsia qui étaient presque à l'état sec, toutes les parties adhérentes et incrustées. On a partagé ainsi la plante en deux parties: la première comprenant les parties adhérentes, la seconde comprenant la plante elle-même.

Cette seconde partie pesait 4 gr.,775, et a perdu, à la température de 110 degrés, 0 gr.,721; cette perte représente la vapeur d'eau dans la proportion d'environ 16 pour 100. Les cendres obtenues par l'incinération s'élevèrent à 0 gr.,275, soit environ 6 pour 100, et contenaient de la silice en excès, une médiocre quantité de chaux, des traces de magnésie, de potasse, de soude et d'acide phosphorique, une sensible proportion de fer, et les réactions indiquaient à peine, mais pas d'une manière sûre, la présence de l'alumine et du manganèse comme aussi de l'acide sulfurique et du chlore.

La première partie, c'est-à-dire celle qui contenait les matières adhérentes, pesait 1 gr.,983, perdait à la température de 110 degrés 0 gr.,161, et, après l'incinération, laissait un résidu de Ŏ gr.,149; ce qui donne 9 pour 100 d'eau et 8 pour 100 de cendres. Ces cendres avaient une couleur rougeâtre et contenaient un excès de fer, de silice et de chaux.

Ces essais qualitatifs, quoique exécutés sur de petites quantités de matière, montrent que les substances minérales contenues dans la Tillandsia dianthoidea sont, en général, les mêmes qui se trouvent dans les plantes ordinaires, et de plus que

l'air atmosphérique, dans la couche qui se trouve en contact immédiat avec la terre, peut tenir en suspension des poussières d'origine minérale et organique qui fournissent aux plantes les substances que leur fournirait directement le sol.

Je me propose de continuer ces recherches, en y introduisant les éléments de quantité, grâce à l'obligeance de MM. Decaisne et Moquin-Tandon, qui m'ont fourni de nombreux échantillons de tiges et feuilles d'orchidées, et de broméliacées épiphytes. (Ibid.)

COMBUSTION DU SULFURE DE CARBONE PAR L'AIR FROID, par M. E. MILLON. - Le sulfure de carbone n'oppose pas, comme on le croit généralement, une très-grande résistance à l'affinité de l'oxygène atmosphérique; sans parler de quelques circonstances où l'air agit bien visiblement sur ce liquide, je m'attacherai, dans cette note, à décrire un phénomène particulier dont j'ai été frappé et qui dénote une extrême combustibilité dans les deux éléments réunis.

Ce phénomène se produit lorsque le sulfure de carbone se volatilise dans une atmosphère imprégnée d'eau et d'ammoniaque.

Voici dans quelles conditions j'opérais :

Dans un ballon en verre de 8 à 10 litres, rempli d'air et dont les parois étaient humectées avec de l'eau, je faisais tomber 8 à 10 gouttes de sulfure de carbone, puis afin de fixer, au fur et à mesure qu'ils se produisent, les composés nouveaux qui prennent naissance, par la simple réaction de l'air sur les vapeurs de sulfure, je suspendais dans le ballon un mélange propre à fournir du gaz ammoniac. Au bout d'un temps variable, il m'arrivait presque toujours de voir apparaître un nuage plus ou moins dense qui remplissait bientôt le ballon et s'y maintenait quelquefois pendant une demi-journée et même une journée entière.

Ce phénomène m'a rappelé des faits du même ordre que j'ai observés avec l'acide chloreux, en introduisant quelques grammes de la solution aqueuse de ce gaz, dans un grand ballon de verre plein d'air ; il se produit aussitôt des vapeurs épaisses qui obscurcissent l'intérieur du vase.

Comme l'acide chloreux est un gaz trèsmédiocrement soluble dans l'eau, il était impossible d'expliquer ce phénomène par la grande affinité de l'acide ou de ses éléments pour l'eau.

Il en est de même de l'atmosphère humide dans laquelle se répandent le gaz ammoniac et le sulfure de carbone. Aucune action directe, soit de ces deux composés l'un sur l'autre, soit de l'un des deux sur l'eau, ne faisait pressentir la formation du moindre nuage.

En sorte qu'il demeure bien évident que le phénomène particulier désigné sous le nom de nuage ou brouillard peut se manifester au sein d'une atmosphère humide, lorsque des substances indifférentes pour l'eau ou même indifférentes les unes par rapport aux autres, viennent à s'y rencontrer. Il suffit qu'elles se transforment aux dépens de l'air et de l'eau en substances nouvelles, douées chacune sans doute d'un pouvoir optique spécial.

Avec l'acide chloreux, le produit ultime de la transformation est de l'acide perchlorique; mais il se fait auparavant plusieurs acides intermédiaires.

Les vapeurs de sulfure de carbone et de gaz ammoniac, en se mêlant dans une atmosphère humide, donnent naissance à un grand nombre de composés nouveaux que je n'ai pas l'intention de décrire ici ; tous ces composés à l'exception d'un seul qui est le sulfocyanhydrate d'ammoniaque, témoignent d'une oxydation plus ou moins avancée du carbone et du soufre.

Le gaz ammoniac peut être remplacé par le carbonate d'ammoniaque ou par le sulfhydrate; mais pour rendre la formation du nuage aussi prompte et aussi nette que possible, il convient d'introduire simultanément, dans un grand ballon de verre, 1 gramme ou deux d'ammoniaque liquide et 15 ou 20 gouttes de sulfure de carbone.

La théorie physique du brouillard et des nuages est encore si incomplète, et l'atmosphère est un réservoir si complexe et si peu connu, que les faits les plus éloignés de nos idées actuelles sur ces importants problèmes peuvent d'un jour à l'autre devenir le point de départ d'explications rationnelles et satisfaisantes.

(Ibid.

ACIDE MALIQUE OBTENU PAR LA DÉSOXYDATION DE L'ACIDE TARTRIQUE; par M. V. DESSAIGNES. En poursuivant l'étude des métamorphoses de l'acide tartrique sous l'influence de l'acide hydriodique, j'ai observé le fait suivant qui n'est pas sans intérêt :

La parenté de l'acide tartrique et de l'acide malique a été démontrée par la formation de l'acide succinique, aux dépens

de ces deux acides, comme l'ont fait voir les expériences de M. Schmitt et les miennes. Je viens en donner une nouvelle preuve en montrant que l'acide tartrique se convertit en acide malique par désoxydation. En effet, j'ai trouvé ce dernier acide dans les eaux-mères provenant de la préparation de l'acide succinique par l'action de l'iode et du phosphore sur l'acide tartrique, et je l'ai isolé de la manière suivante. Cette eau-mère, colorée par l'iode, a été saturée à froid par un lait de chaux et filtrée pour éliminer l'acide phosphorique. La liqueur filtrée à été précipitée par l'acétate de plomb, et le précipité décomposé par l'hydrogène sulfuré. Le nouveau liquide évaporé pour chasser une partie de l'acide hydriodique a été de nouveau traité par l'acétate de plomb en fractionnant la précipitation. Le premier précipité jaune était de l'iodure de plomb. Le deuxième, entièrement blanc, a été décomposé par l'hydrogène sulfuré. La dissolution acide, ainsi obtenue, évaporée au bain d'eau, a laissé une masse confusément cristallisée, qui à l'air se liquéfiait partiellement. Les cristaux non déliquescents consistaient en acide succinique. La partie déliquescente a été à demi saturée par l'ammoniaque, et l'on a obtenu par l'évaporation des prismes bien solubles souillés par une poudre cristalline peu soluble qui était de la crème de tartre. Les prismes ont été encore précipités par l'acétate de plomb, et comme le sel de plomb refusait de cristalliser, on l'a fait bouillir avec de l'eau : c'est la portion de ce sel soluble dans l'eau bouillante qui par l'hydrogène sulfuré a enfin donné de l'acide malique à peu près pur. Cet acide présentait en effet toutes les propriétés physiques et toutes les réactions de l'acide malique. Je citerai entre autres les faits suivants par la distillation sèche il a produit de l'acide fumarique et son bisel ammoniacal chauffé à 170o a donné de la fumarinide, qui elle-même par l'action de l'acide chlorhydrique a formé de l'acide aspartique inactif, bien cristallisé et facile à reconnaître. (Ibid.)

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