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DE L'EMPLOI TOPIQUE DE L'AMMONIAQUE, COMME EXCITANT CUTANÉ, DANS DIVERSES AFFECTIONS. Le docteur J. Grantham emploie l'alcali volatil en lotions, au moyen d'une éponge trempée dans une dissolution de une et demie à deux onces d'ammoniaque sur deux pintes d'eau à 48°, et en bains entiers à 38°, composés des mêmes ingrédients. Il s'en est spécialcment bien trouvé 1o dans des cas de purpura hemorrhagica consécutifs à de grandes déperditions sanguines; 2o dans la scarlatine, en combattant l'ardeur de la peau, la fréquence du pouls, les nausées, le délire, et en amenant le sommeil et une convalescence prompte; 3o dans l'anémie essentielle et consécutive; 4o dans un cas de laryngite striduleuse chez un enfant. Après l'emploi des fomentations et des bains, M. Grantham emmaillotte dans des couvertures de laine la peau du corps entier, préalablement frictionné avec du lard chaud. L'auteur ne dit pas combien de fois il convient de recourir à ces manœuJ. O.

vres.

(Med. Times and Gaz; May, 26, 1860.)

DE L'INFLAMMATION DES PETITES ARTICULATIONS DES DOIGTS; par M. CHASSAIGNAC. Cette inflammation porte aussi le nom de Dactylite articulaire. Elle se montre, soit à la suite d'une plaie qui a ouvert la synoviale, soit à la suite de l'inflammation de la gaîne des tendons. Dans ce dernier cas, ce sont les articulations de la phalange unguéale et celle de la deuxième phalange avec la phalange métacarpienne, qui sont compromises.

Les accidents ont une durée très-longue les phalanges sont mobiles l'une vers l'autre; la peau est indurée; il y a des trajets fistuleux, par lesquels un stylet peut être introduit jusqu'aux os et montrer leurs altérations.

Si le sujet est affecté d'une mauvaise constitution, il surviendra fréquemment des désordres tels que l'amputation sera la seule ressource; mais, la maladie étant purement inflammatoire, il est très fréquent de rencontrer des cas d'arthrite chronique, qui ont une durée indéfinie malgré les traitements les mieux entendus; c'est dans ces circonstances que M. Chassaignac a obtenu d'excellents résultats du procédé suivant. Il faut obtenir un écoulement continu de sang, en trèspetite quantité à la fois, mais sans interruption, pendant deux ou trois jours; pour cela, on place sur chaque partie latérale de l'articulation une sangsue qu'on rem

place aussitôt qu'elle est tombée, de manière à employer jusqu'à concurrence de vingt ou trente sangsues dans l'espace de temps nécessaire pour la chute successive d'un pareil nombre de sangsues, ployées ainsi deux par deux.

em

Les six ou sept premières applications n'amènent encore quelquefois aucun changement bien notable. Mais si le médecin et le malade ne se laissent pas décourager, et s'ils continuent opiniâtrement l'applica tion de ce système de dégorgement, il est rare qu'au bout de vingt-quatre, trentesix ou quarante-huit heures, on n'ait pas obtenu une amélioration tellement notable qu'il ne reste plus, pour déterminer la cure définitive, qu'à emboîter le doigt malade dans un étui dextriné, qui reste en place douze ou quinze jours; après quoi on applique un appareil un peu moins rigide, à l'aide de bandelettes de sparadrap, disposées comme pour le pansement par occlusion.

(Rev. de therap. méd. -chir., 1er oct. 1860.)

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DE LA PROSTATORRHÉE ET DE SON TRAITEMENT. La prostatorrhée n'a pas reçu jusqu'ici de la part des médecins toute l'attention que lui méritent sa fréquence et sa gravité. Pendant longtemps on en a méconnu la nature, la confondant, soit avec la spermatorrhée, soit avec la blennorrhée, ou encore avec le catarrhe chronique de la vessie. M. le docteur Gross, professeur au collége médical de Jefferson (Philadelphie), vient d'en faire le sujet d'une description dont il nous a paru utile de présenter ici un résumé succinct.

Cette affection, dit M. Gross, se manifeste principalement à partir de l'âge de vingt ans, et on l'observe parfois chez des sujets très-àgés. Elle est fréquente surtout chez les individus d'un tempérament nerVoso-sanguin, qui ont les appétits sexuels très-prononcés, et en général chez ceux qui font des excès vénériens. L'abus des alcooliques, un régime excitant, l'équitation prolongée y prédisposent puissamment. Mais de toutes les causes déterminantes, la plus active et la plus fréquente est la masturbation. Elle est assez souvent déterminée aussi par la cystite chronique du col, les rétrécissements et diverses autres affections de l'urèthre ou du rectum (hémorrhoïdes, prolapsus, fissures, fistules, présence d'oxyures, etc.). Les symptômes de la prostatorrhée sont la plupart de ceux que l'on a attribués faussement à la spermatorrhée : écoulement d'un liquide muqueux, limpide et transparent,

plus ou moins filant, se faisant surtout abondamment pendant les efforts de défécation, s'accompagnant souvent d'une sensation particulière de chatouillement que le malade rapporte à la prostate et qui s'irradie de là à toute la longueur de l'urèthre et même au fond, et d'un sentiment de pesanteur ou de fatigue dans la région rectale, vers l'anus ou au périnée, besoins fréquents d'uriner, sensation pénible au moment de la miction, érections morbides, rêves lascifs, etc. Mais c'est surtout par son retentissement sur les fonctions psychiques, que cette affection est remarquable mélancolie, hypochondrie, etc., Enfin, dans les formes les plus graves, une dyspepsie rebelle s'ajoute à cet état. On distingue la prostatorrhée de la spermatorrhée avec laquelle il est commun de la confondre, ainsi que nous venons de le dire, par l'examen microscopique, qui, dans le premier cas, ne révèle jamais la présence des spermatozoïdes.

:

etc.

Dans le traitement de la spermatorrhée, il faut avant tout s'attacher à reconnaître et à combattre les causes qui lui ont donné naissance et qui l'entretiennent. Cette indication remplie, on devra le plus souvent instituer à la fois un traitement général et un traitement local. Chez beaucoup de malades, la débilité générale, l'état languissant des fonctions digestives réclament un régime tonique et reconstituant, l'emploi des ferrugineux et des préparations de quinquina, un exercice modéré à l'air libre. M. Gross recommande spécialement dans ces cas un mélange de vingt gouttes de teinture de perchlorure de fer avec dix gouttes de teinture de noix vomique, quatre fois par jour. Dans des conditions opposées, chez les sujets pléthoriques, il emploie de préférence de petites doses de tartre stibié administrées de manière à éviter les nausées et les vomissements. Dans tous les cas, il faut entretenir la liberté du ventre, en évitant bien entendu les purgatifs drastiques, et proscrire les mets fortement épicés. L'exercice modéré des fonctions sexuelles doit être recommandé; on prescrira, en outre, des injections uréthrales avec des solutions faibles de nitrate d'argent ou de laudanum ; l'injection que M. Gross emploie de préférence est composée de 4 à 8 grammes d'extrait de Goulard et de laudanum pour 300 grammes d'eau; ce mélange doit être injecté avec force et à l'aide d'une seringue volumineuse, trois fois par jour, et il faut retenir le liquide injecté dans l'urèthre pendant trois ou quatre minutes. Dans les cas rebelles, il faut recourir à la cautéri

sation de la portion prostatique de l'urèthre, ou même de toute la longueur du canal; on fait ces cautérisations une fois par semaine. M. Gross recommande, en outre, les bains de siége froids administrés deux fois dans les vingt-quatre heures, et les applications de sangsues au périnée et autour de l'anus, dans les cas où les autres moyens ne procurent pas d'amélioration. Enfin, dans les cas les plus rebelles, où les désordres psychiques sont considérables, il ne reste plus d'autre ressource que les voyages qui arrachent le malade à la sphère habituelle de ses préoccupations. (The North-Americ. med. chir. Rev. et Bulletin gén. de thérap., 50 sept.)

ECLAMPSIE PUerpérale guÉRIE PAR LA COMPRESSION DES CAROTIDES. La compression des carotides a été souvent employée avec succès dans divers états pathologiques où la congestion encéphalique joue un rôle plus ou moins important, dans l'épilepsie, par exemple, et dans l'éclampsie, notamment chez les enfants. Voici un cas dans lequel ce moyen, employé avec une persévérance rare, il faut en convenir, est parvenu à mettre un terme à une éclampsie puerpérale des plus graves, et qui avait opiniâtrement résisté aux médications les plus rationnelles et les plus énergiques.

Marie F***, âgée de vingt et un ans, avait dépassé le huitième mois d'une première grossesse et se portait à merveille lorsqne, le 23 avril dernier, après avoir travaillé, comme de coutume, toute la journée, elle trébucha en se levant, tomba à la renverse sur l'angle d'un meuble et se contusionna fortement la région sacrée. Une heure après cet accident, il s'établit un travail prématuré qui se termina bientôt par un accouchement naturel; puis, à peine la délivrance était-elle achevée, que survinrent de violentes attaques d'éclampsie. On appliqua aussitôt des sangsues aux apophyses mastoïdes et aux tempes, et des sinapismes aux extrémités inférieures; mais loin de se modérer, les attaques se succédèrent avec plus d'intensité et avec une rapidité si effrayante que, à part de courts intervalles de coma profond, elles étaient presque incessantes. Une large saignée pratiquée le lendemain et l'administration d'une potion ammoniacale n'eurent pas plus de succès. Il y avait une vingtaine d'heures que les convulsions se répétaient avec opiniâtreté. M. le docteur Labalbary songea alors à avoir recours à la compression des carotides, d'après la

méthode de M. Blaud, de Beaucaire, c'està-dire en rapprochant l'une de l'autre les deux artères, et en les appuyant fortement contre la partie inférieure des régions latérales du larynx avec le pouce et l'index. Dès la première tentative, l'attaque à laquelle la malade était en proie perdit de son intensité et de sa durée. Bientôt il put, à l'aide de cette double compression, se rendre maitre des attaques subséquentes et les arrêter aussitôt que l'état convulsif tendait à se produire. Tontefois M. Labalbary avoue que ce ne fut pas sans beaucoup de peine qu'il parvint à triompher

ainsi de ces convulsions, car il n'eut pas recours moins de cent cinquante fois à la compression, dans les vingt-quatre heures de lutte qu'il lui fallut subir. Encore la perte de connaissance et le coma ont-ils persisté longtemps après les dernières convulsions; et ces accidents n'ont cédé définitivement qu'à l'emploi combiné de deux larges vésicatoires appliqués aux jambes, et du calomel prescrit à la dose de 50 centigrammes à prendre en trois fois, à une demi-heure d'intervalle. (Gazette des hôpitaux et Bulletin général de thérapeutique, 15 octobre 1860.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

FAITS POUR Servir a l'Histoire de la féCULE, DU LIGNEUX, DE LA GOMME, DE LA DUL

CINE ET DE LA MANNITE, par M. A. BECHAMP. Dans une note récemment présentée à l'Académie où M. H. Carlet annonce la découverte de l'acide racémique parmi les produits de l'oxydation de la dulcine (1), on lit le passage suivant :

De ce fait on peut déduire deux con» séquences, l'une peu probable et en dés> accord avec tous les faits connus jusqu'à » ce jour, c'est qu'on pourrait obtenir une

substance active au moyen d'une sub> stance inactive; l'autre plus probable.....»

Je demande la permission de rappeler que, dans un mémoire sur la fécule et le ligneux (Annales de chimie et de physique, 3a série, t. XLVIII, p. 458), après avoir annoncé que ce dernier composé, comme la fécule, pouvait se transformer en une modification soluble que j'ai désignée sous le nom de ligneux soluble et en un produit que j'ai nommé dextrine de ligneux, j'ai fait la remarque suivante :

« Mais ce qu'il y a de remarquable et > très-digne d'être noté, c'est que, tandis › que le pouvoir rotatoire de la fécule so> luble est le plus grand qui soit connu, le > pouvoir rotatoire du ligneux soluble est › nul, dans les limites de l'expérience; ce › qui n'est pas moins remarquable dans » l'histoire des pouvoirs rotatoires, le li» gneux soluble, corps optiquement inactif, devient actif vers la droite en se transformant en dextrine et en sucre. L'inactivité paraît appartenir au ligneux > insoluble lui-même, car une dissolution » de coton dans l'acide chlorhydrique fu› mant, d'où l'eau sépare du ligneux in(1) Voir notre Cahier de novembre 1860.

» soluble sous l'état gélatineux, ne dévie » pas le plan de polarisation. >>

Il résulte de ce passage qu'en 1856 j'avais déjà annoncé la possibilité de former des substances optiquement actives avec une substance inactive. Naturellement je devais chercher la cause de ce fait si en désaccord avec tous les faits connus jusqu'alors. Cette question m'a constamment occupé depuis cette époque. C'est afin de prendre date que j'extrais de mes notes ces fragments d'étude, tout incomplets qu'ils

sont encore.

I. Dans un mémoire présenté l'année dernière à l'Académie, j'ai fait connaître la composition et les propriétés des dérivés nitriques de la fécule, La fécule mononitrique et la fécule dinitrique se présentent à nous sous deux états moléculaires différents, dont le pouvoir rotatoire est proportionnel à celui de la fécule qu'ils renferment De ces composés on peut régénérer la fécule dans sa forme soluble.

II. Nitrodextrines.- La fécule et le ligneux engendrent chacun des produits de désagrégation qui ont perdu les propriétés essentielles des corps d'où ils proviennent. La dextrine de fécule de la plupart des auteurs a un pouvoir rotatoire [a]=176o, moindre que celui de la fécule soluble [a]j=211". La dextrine de ligneux possède un pouvoir rotatoire [a]j=3809← supérieur à celui du ligneux qui est nul, mais inférieur à celui de la dextrine de fécule dont elle partage la plupart des autres propriétés. Elles engendrent l'une et l'autre un dérivé nitrique.

Dextrine dinitrique de fécule. C'HO3, 2NO. On dissont 1 partie de dextrine dans 5 parties d'acide nitrique fumant et l'on ajoute à la dissolution un volume d'a

cide sulfurique à peu près égal à celui de l'acide nitrique. Il se sépare un précipité visqueux qui, broyé dans l'eau, se réduit en poudre. Le précipité lavé et séché se dissout dans l'alcool, à 90° centésimaux. La solution alcoolique l'abandonne par évaporation sous la forme de plaques vitreuses dures et pulvérisables.

La dextrine nitrique de ligneux se prépare de la même manière. Elle se dissout mal dans l'alcool à 90°, mais facilement dans l'alcool éthéré.

III. La gomme, de même que la fécule, peut engendrer deux dérivés nitriques.

Gomme mononitrique. C11H"O',NO3. Elle se prépare en broyant dans un mortier refroidi 1 partie de gomme et 3 parties d'acide nitrique fumant. Lorsque la dissolution, quoique mucilagineuse, est complète, on ajoute 20 à 30 volumes d'eau distillée. Le précipité lavé et séché s'agglomère et devient corné. Il est soluble dans l'alcool à 95o centésimaux qui l'abandonne à l'état d'une masse blanche qui s'électrise par la trituration.

Gomme dinitrique. C12H3O3,2NO3. Pour la préparer, je dissous dans un vase refroidi 1 partie de gomme dans 5 d'acide nitrique fumant, et je verse dans la dissolution 3 parties d'acide sulfurique concentré. On divise le caillot qui se produit et l'on traite le mélange par 20 à 30 volumes d'eau. Le précipité que l'on obtient est plus dur que celui de la gomme mononitrique. Il se dessèche après les lavages en restant pulvérulent. L'alcool à 95o centésimaux ne dissout qu'une partie de ce précipité. La partie dissoute est la gomme dinitrique. La portion insoluble est un composé différent sur lequel je reviendrai dans mon mémoire.

Le pouvoir rotatoire moléculaire de la gomme pure est d'environ [a]j=36° ←→• Les gommes nitriques sont au contraire dextrogyres, de même que la gomme que l'on en peut régénérer par le procédé général que j'ai déjà souvent appliqué. L'explication de ces faits trouvera sa place dans le mémoire complet qui fera suite au travail sur la fécule et le ligneux, dont la première partie a été indiquée en commençant ces lignes.

La dulcine

IV. Dulcines nitriques. paraît former plusieurs dérivés nitriques. J'en ai isolé deux jusqu'ici. La dulcine sur laquelle j'ai opéré, je la devais à l'obligeance de M. Berthelot.

Dulcine trinitrique. C'H'O3,3NO3. — La dulcine se dissout dans l'acide nitrique fumant, mais l'eau ne sépare rien de cette solution. Pour éthérifier la dulcine, il faut

en dissoudre 1 partie dans 5 d'acide nitrique et y ajouter 10 parties d'acide sulfurique concentré. La liqueur se trouble sans former de dépôt; mais en versant, sans perdre de temps, le mélange dans 10 à 15 volumes d'eau, il se fait un précipité semi-liquide qui se prend peu à peu en une masse butyreuse. Le produit recueilli, lavé, se dissout dans l'alcool à 96o centésimaux et cristallise en belles aiguilles incolores et flexibles qui ont la composition ci-dessus.

La dulcine trinitrique fond à 85o,5 (1). La mannite trinitrique, d'après mes déterminations, fond entre 680 et 72o, en moyenne 70° (2). Si l'on prend les points de fusion de la mannite (166o) et celui de la dulcine (182°) et qu'on en retranche le point de fusion moyen de leurs dérivés nitriques, on obtient, dans le premier cas, 96o et dans le second 96°,5 pour différence. Ces nombres ne paraissent pas for

tuits.

La dulcine trinitrique dégage incessamment des vapeurs d'acide nitrique ; à la fin, ce composé acquiert plus de stabilité et n'est plus formé que de dulcine nitrique.

Dulcine dinitrique. CˆH3Oʻ,2NO3.-Lorsqu'on abandonne pendant un mois de la dulcine trinitrique dans un milieu dont la température est comprise entre 30o et 45o, ses cristaux ne se déforment point; ils deviennent seulement plus durs, moins flexibles. Le résultat est moins soluble dans l'alcool, et il en cristallise plus facilement en belles aiguilles prismatiques transparentes.

Le point de fusion de la dulcine dinitrique est situé entre 120° et 150o. La fusion est pâteuse à 130°, elle est complète à 140o; à 145o des vapeurs rouges apparaissent.

Lorsqu'on maintient la dulcine trinitrique en fusion à 90°, elle dégage des vapeurs rutilantes, et si l'on a soin d'agiter sans cesse, ce dégagement est aussi régulier que quand on décompose un nitrate métallique. Peu à peu la masse devient plus pâteuse, et à la fin il ne reste plus qu'un produit blanc, dur et pulvéri sable, à réaction acide. La mannite trinitrique chauffée de la même façon donne un résidu semblable. Il en est de même des dérivés nitriques du sucre de lait.

Par l'action des sels ferreux on réduit les dulcines nitriques; les phénomènes sont les mêmes que j'ai déjà signalés pour

(1) Nombres obtenus : 86o, 85o, 84o, 85o, 86o, 860, 840, 870.

(2) Nombres obtenus: 70°, 720, 68°.

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RECHERCHES SUR LES SUCRES; par M. A. GĖLIS. · Dans une communication faite à l'Académie, j'ai établi que le sucre cristallisable éprouve par la fusion un dédoublement qui le transforme d'une part en glucose dextrogyre, et d'autre part en un corps nouveau, auquel j'ai attribué la formule C'H10O10.

Ce corps, qui ne possède pas la propriété de fermenter directement, se transforme par l'action des acides étendus en une glucose incristallisable et fermentescible dont le pouvoir rotatoire à gauche est très-développé et de beaucoup supérieur à celui du sucre interverti. En m'appuyant sur cette propriété et sur l'opinion, très-probable, émise par M. Dubrunfaut, qui tend à considérer le sucre cristallisable comme un sucre composé, j'ai pensé que le corps nouveau que j'avais obtenu s'était formé aux dépens de l'élément gauche de ce sucre. Toutefois, en continuant mes expériences, j'ai reconnu que les produits se modifiaient et changeaient de nature lorsque le sucre était maintenu en fusion. Ainsi, dans ces conditions, la glucose reproduite par l'action des acides conserve toujours son pouvoir rotatoire à gauche, mais la valeur de ce pouvoir rotatoire diminue notablement, et cette diminution paraît dépendre de la durée de l'expérience. Ce résultat m'a donné l'idée de rechercher si les sucres simples ou glucoses n'étaient pas susceptibles de donner naissance, par déshydratation directe, à une série de corps isomères de la formule CHO1; et laissant de côté le sucre cristallisable dont la nature complexe doit nécessairement amener des complications dans les résultats des expériences, j'ai opéré sur les deux glucoses bien caractérisées que l'on suppose devoir exister dans le sucre cristallisable, c'est-à-dire sur la glucose ordinaire, préparée avec l'amidon et l'acide sulfurique ou retirée du miel, et sur la glucose incristallisable que l'on obtient avec l'inuline. Chacun de ces composés m'a fourni un corps nouveau qui lui correspond, et ces corps qui se confondent avec les gommes et les dextrines par leur formule, s'en rapprochent également par quelques propriétés.

Lorsqu'on chauffe la glucose ordinaire

de 100 à 110o, on lui enlève facilement 2 équivalents d'eau, c'est-à-dire 9 pour 100, sans la colorer d'une manière notable. Si, arrivé à ce point, on élève la température jusqu'à 170o, de manière à chasser une quantité d'eau nouvelle représentant 2 nouveaux équivalents, on obtient une masse plus ou moins coloréc, suivant que la chaleur a été appliquée avec plus ou moins de précaution. Cette masse contient divers produits. Elle est formée pour la plus grande partie d'une substance incolore, à peine sucrée, et qui se distingue des sucres en ce que, ne fermentant pas directement, elle peut redevenir fermentescible en se transformant en glucose par l'action des acides étendus. Elle contient en outre une petite quantité des diverses substances qui constituent le caramel et des quantités variables de sucre indécomposé.

Il est toujours facile, au moyen de l'action des ferments, de constater la présence de la substance nouvelle, mais il n'est pas aussi aisé de l'obtenir à l'état isolé, car on détruit bien par la fermentation le sucre qui l'accompagne, mais le charbon ne sépare qu'imparfaitement les produits du caramel. Toutefois les conditions dans lesquelles on produit cette substance, ainsi que toutes les données de mes analyses, dont je ne puis ici indiquer les détails, prouvent que sa composition doit être représentée par la formule C'2H10010.

Elle a donc la composition de la dextrine, et à ce point de vue il était important de prendre son pouvoir rotatoire. J'ai obtenu des dissolutions assez décolorées pour que cette détermination fût possible du moins approximativement, et j'ai reconnu que cette substance est dextrogyre, mais que le nombre qui représente son pouvoir rotatoire est un peu inférieur à celui de la glucose dont elle provient, et par conséqnent bien éloigné du chiffre élevé qui caractérise la dextrine, dont elle n'est qu'un nouvel isomère.

La glucose d'inuline, traitée dans les mêmes conditions, donne des résultats analogues, mais la facile décomposition des produits rend la réaction moins précise et l'examen plus difficile. Cependant la marche des phénomènes peut être nettement constatée.

D'après ces faits, il devient facile d'expliquer ce qui se passe pendant les premiers moments de l'action de la chaleur sur le sucre cristallisable.

Dans ma note sur le sucre fondu (1), j'ai appelé saccharide le corps nouveau que j'avais obtenu : ce nom ne peut être main(1) Voir notre Cahier de mai 1860.

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