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membres abdominaux dans toute leur étendue. L'ascite n'a pas disparu, mais on constate qu'elle a sensiblement diminué; je crois devoir rapporter cette amélioration à la diminution de l'anémie qui a suivi l'emploi d'une alimentation réparatrice et abondante. Je crois être en droit de conclure que cette femme pouvait se rétablir complétement si elle s'était soumise patiemment au traitement réparateur que je désirais entreprendre et compléter, car je ne puis considérer comme tel le régime abondant que j'avais prescrit en même temps que l'administration journalière de l'iodure de sodium.

On me demandera sans doute pourquoi je n'ai pas insisté sur l'emploi externe des iodiques, puisque l'essai chimique entrepris avait suffi pour affaiblir sensiblement la tache ardoisée, et pourquoi je n'ai pas négligé l'administration intérieure de l'iodure sodique. A cela je répondrai que cette conduite m'a été suggérée par la réflexion qu'il fallait décomposer le sel argentique que l'absorption avait fait pénétrer dans l'organisme tout entier et probablement aussi dans la circulation sanguine, qui se chargeait de l'éliminer en le déposant à la peau, organe excréteur par excellence. En considérant la chose sous ce point de vue, à quoi eût servi d'insister sur l'application externe des iodiques, puisque la décomposition intérieure du sel d'argent avait pour conséquence naturelle de faire graduellement disparaitre la matière qui colorait la peau? J'ai essayé tout d'abord une pommade d'iodure potassique, mais je l'ai abandonnée ensuite dans la persuasion qu'une substance grasse appliquée sur la peau mettait obstacle à la diaphorèse cutanée, et par suite à l'élimination que je voulais favoriser par l'emploi des bains. Je pouvais, il est vrai.m'adresser à une solution aqueuse, mais l'expérience m'a appris que ce moyen, employé pendant longtemps, a pour effet d'irriter la peau d'une manière souvent désagréable et inattendue. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer attentivement ce qui passe sur la main ou ailleurs lorsqu'on emploie une solution d'iodure de potassium ou de sodium pour effacer les taches produites par le contact de la pierre infernale: cette application provoque pour le moins une destruction complète de l'épiderme, qui s'associe parfois à un prurit désagréable et même à une légère cuisson; c'est ce qui m'est arrivé à - moi-même plusieurs fois.

L'examen attentif de la peau des jambes de la malade dont il s'agit m'a appris encore que l'épiderme ne participait nul

lement à la teinte ardoisée et que le dépôt argentique siégeait évidemment dans le chorion, comme l'a constaté Lelut dans les cas qu'il a étudiés. Je crois cette particularité de la plus haute importance au point de vue du diagnostic, attendu qu'elle permet de distinguer si la coloration spéciale est due à l'usage interne ou à l'application externe du nitrate argentique : j'ai constaté en effet que l'épiderme du cuir chevelu de cette femme était teint par le contact immédiat du cosmétique, tandis que celui des jambes conservait sa couleur naturelle, parce que le sel d'argent fourni par la circulation intérieure se déposait par couches sur le chorion et s'y incrustait. Cette observation peut servir admirablement pour découvrir certains artifices destinés à simuler une infirmité. Pourquoi la tache en question s'arrête-t-elle sur le chorion et respecte-t-elle l'épiderme? Je crois que la cause doit en être rapportée à ce que l'épiderme est dépourvu de vaisseaux, puisque le nitrate d'argent n'est déposé que là seulement où ceux-ci existent et non ailleurs. Pour la même raison l'épiderme des nègres est semblable à celui des blancs, car le pigment noir de l'Africain est un produit sécrété par les vaisseaux cutanés, lesquels font défaut dans la couche épidermique.

J'espère qu'on me pardonnera si je me permets de rectifier ici une assertion de l'illustre Rayer. Cet auteur dit, à propos du sujet en question: « Cette altération du pigment parait avoir été observée pour la première fois par Swédiaur.› Il me semble que la phrase « altération du pigment» renferme une erreur, puisque la teinte ardoisée n'est pas la conséquence d'une lésion du pigment mais qu'elle dérive évidemment de la présence du nitrate d'argent, et que celui-ci une fois éliminé, la difformité cutanée cesse aussitôt.

Il est une coloration de la peau qui offre de l'analogie avec celle dont il est question, je veux parler de celle qu'on connait aujourd'hui sous le nom de maladie bronzée ou mieux encore de maladie d'Addison. Il existe cependant entre elles de notables différences: sans parler de l'étiologie qui est univoque pour la teinte ardoisée produite par le nitrate d'argent, tandis qu'elle est indéterminée pour l'autre, on observe que la coloration offre dans le premier cas une teinte plus ou moins rougeâtre, tandis que dans la maladie d'Addison elle varie de la couleur bronzée jusqu'à la teinte de suie et de noir foncé lorsqu'on lave la tache ardoisée avec la solution iodurée, sa nuance s'éclaircit en devenant rougeâtre:

au contraire la coloration de la maladie bronzéc reste invariable. Je me borne à l'énumération de ces différences capitales, car si j'ai vu plusieurs cas de maladie d'Addison, en revanche je n'ai observé qu'un seul fait de coloration ardoisée due à l'emploi du nitrate d'argent. Je crois cependant ces signes différentiels suffisants, surtout lorsqu'ils sont confirmés par la notion étiologique de la dermopathie.

Ce que j'ai dit de la maladie d'Addison pour la différencier de la coloration argentique, peut également s'appliquer à l'affection cutanée appelée nigritia, car je soupçonne que ces deux maladies ne constituent en réalité qu'une seule et même espèce pathologique cet argument sera du reste développé plus amplement dans un travail que j'intitulerai : Monographie des colorations cutanées.

La chromidrose, caractérisée par une teinte noirâtre de la peau, ordinairement bornée au visage, est constituée par une couche graisseuse noire qui s'enlève par une friction un peu rude pratiquée à l'aide d'un morceau de linge sur la partie maculée, de telle sorte que la peau reprend son aspect normal pour le reperdre peu de temps après; ce caractère doit certainement prévenir toute confusion avec la maladie qui forme le sujet de ce travail.

Le melasme ou pityriasis nigra de Willan possède un caractère pathognomonique très-notable c'est une desquammation continuelle de l'épiderme à l'endroit où existe la tache noirâtre; ce phénomène fait défaut dans la coloration ardoisée.

Je me résume en disant que la nature pathologique de la teinte ardoisée est constituée par un dépôt de nitrate d'argent sur le chorion, formé selon moi par le système circulatoire qui repousse à la surface du corps un élément matériel hostile à l'organisme, lequel se sert de la peau comme d'une issue propre à éliminer un grand nombre de substances incompatibles et qui résistent à l'assimilation. I existe de bonnes raisons pour croire que la lumière concourt à la production de cette teinte foncée, comme le prouve l'altération de ce sel lorsqu'on n'a pas soin de le conserver dans l'obscurité.

A quelle cause devons-nous attribuer, dans l'observation que nous venons de décrire, le développement de l'ascite? A cela je répondrai que selon toute probabilité la préparation toxique a compromis jusqu'à un certain point l'accomplissement de l'hématose, et a provoqué ainsi une exhalation séreuse par suite du défaut des globules, c'est-à-dire par anémie relative.

S'il n'en est pas ainsi, on ne pourra nier du moins que le sel argentique devait avoir une influence quelconque sur la grande hématose, par son contact avec le sang en circulation.

(Traduit de l'italien par le Dr E. J.)

DU LISÉRÉ GINGIVAL COMME SIGNE DE TUBERCULISATION PULMONAIRE; par M. le docteur DUTCHER, à Enon-Valley (Pennsylvanie). -L'état particulier des gencives dont il s'agit a été signalé et vivement recommandé à l'attention des médecins par le docteur Thompson (Lectures on Consumption). Voici en quoi il consiste : le bord libre des gencives est plus foncé en couleur que les parties voisines et a un aspect festonné. La largeur de ce liséré est variable; ce n'est quelquefois qu'une ligne très-étroite; ailleurs, il a plus de deux lignes de largeur. A mesure que l'affection avance et que ses caractères se prononcent davantage, ce liséré prend une couleur qui rappelle le vermillon. Le plus habituellement, il est surtout prononcé autour des incisives; mais on le voit aussi fréquemment au pourtour des molaires. Dans les cas où il est extrêmement prononcé, il s'accompagne assez souvent d'une hypertrophie des gencives.

On distingue facilement ce liséré de la rougeur des gencives qui peut être produite par d'autres causes, à l'aide des caractères suivants : dans la gingivite qui se produit sous l'influence du mercure ou de l'iode, la rougeur est beaucoup plus diffuse, ou, si elle est bornée au bord libre des gencives, elle ne se perd pas aussi insensiblement dans la coloration des parties voisines.

Lorsque la rougeur des gencives est due uniquement à l'accumulation du tartre, l'aspect irrégulier, comme déchiqueté, du rebord gingival est un caractère distinctif suffisant.

M. Dutcher a examiné attentivement depuis huit ans les gencives de tous les sujets atteints de phthisie pulmonaire qu'il a traités. Sur ces malades, dont le chiffre total est de cinquante-huit, quarante-huit présentaient le liséré en question. M. Dutcher l'a rencontré plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes, et il a remarqué qu'il se produisait à une époque moins avancée chez les sujets jeunes que chez les personnes d'un âge avancé. Il précède quelquefois de deux ou de trois ans tous les autres symptômes de la phthisie pulmonaire; mais, le plus souvent, son apparition ne tarde pas à être suivie de l'explosion de la tuberculisation parfaite

ment caractérisée. Cinq fois seulement M. Dutcher a vu le liséré se produire à une période assez avancée de la phthisic.

D'après les observations qu'il a eu l'occasion de faire, M. Dutcher se croit autorisé à formuler les propositions suivantes: 1o Le liséré gingival de Thompson est un signe infaillible de la diathèse tuberculeuse ;

20 Lorsqu'il existe, quelque obscurs que soient tous les autres symptômes, on peut annoncer d'une manière certaine l'apparition prochaine de la phthisie confirmée;

3o Si, dans le traitement des phthisiques, on voit le liséré, d'abord existant, disparaître sous l'influence de la médication employée, c'est un signe certain d'amélioration, et il est suffisant pour faire porter un pronostic favorable;

4° Lorsque le liséré, développé d'abord autour des incisives, s'étend graduellement autour des molaires en dépit du traitement employé, le pronostic est défavorable, et il faut s'attendre à une terminaison rapidement fatale lorsque la coloration du liséré passe du rouge vif au rouge sombre ou pourpre ;

50 Lorsque le liséré n'existe pas, on peut espérer, quels que soient les symptômes généraux, que la santé générale n'a pas reçu une atteinte très-profonde; que le malade pourra, en employant des remèdes appropriés, recouvrer un état de santé relatif, et que l'on pourra ainsi prévenir ou retarder le développement des tubercules pulmonaires.

(The Medical and Surgical Reporter et Gaz. hebdom. de méd. et de chir., 19 oct. 1860.)

TRAITEMENT DE LA COQUELUCHE PAR LA BELLADONE ASSOCIÉE AU SULFATE DE ZINC.Le docteur Fuller se louc beaucoup des résultats qu'il a obtenus de ces deux médicaments associés dans le traitement de la coqueluche. I assure que, chez les enfants, la tolérance pour la belladone est très-grande, que l'on peut sans inquiétude l'administrer à haute dose et que même un commencement de dilatation des pupilles n'est pas une contre-indication pour la continuation de son emploi, pourvu que l'on prenne seulement la précaution de la donner à doses divisées. Chez les enfants au-dessous de l'âge de trois ans, il commence par la dose d'un quart de grain d'extrait de belladone et d'un demigrain de sulfate de zinc, répétée quatre fois dans la journée; pour les enfants plus agés, la dose est d'un demi-grain d'extrait

de belladone et d'un grain de sulfate de zinc; tous les jours, ou de jour à autre, on donne une prise de plus. Lorsqu'il existe un mouvement fébrile et des symptômes de bronchite, M. Fuller prescrit en même temps une mixture composée de : Vini stibiat. 5j; Vini ipecac. 5j; Aq. cois. Zij, et fait mettre un vésicatoire sur la poitrine. Quoique M. Fuller prétende qu'il a pu sans danger administrer de un scrupule à un demi-drachme d'extrait de belladone par jour, nous pensons que nos confrères se résoudront difficilement à contrôler expérimentalement cette asser tion. Dr D....

(The Lancet et Allgem. medicinische Central-Zeitung, no 71.)

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INFLUENCE DE LA BELLADONE SUR LE NERF PNEUMO-GASTRIQUE. Claude Bernard a constaté que la section du nerf vague pendant la digestion, annihile aussitôt la sécrétion acide du suc gastrique et paralyse les parois gastriques. Par induetion, le docteur R. Hughes attribue certains phénomènes qui surviennent après l'emploi de la belladone, comme la sécheresse du gosier, la difficulté et même l'impossibilité d'avaler, à l'action déprimante de cette substance sur le nerf de la huitième paire. C'est de la même manière qu'il faut, dit l'auteur, expliquer les résultats favorables obtenus par l'emploi de la

belladone dans le traitement de la coque-
luche, de l'asthme, de la laryngite stridu-
leuse, des nausées et des vomissements
de femmes enceintes.
J. O.
(Brit. med. Journ.; May 26, 1860.)

DE L'OPIUM EMPLOYÉ COMME ANTIDOTE DANS
LES EMPOISONNEMENTS PAR LE STRAMONIUM.

Les empoisonnements par le datura stra-
monium et le hachisch, préparation dont
le chanvre indien constitue la base, sont
extrêmement fréquents aux Indes orien-
tales; très-souvent des mains criminelles
y ont recours pour dévaliser ensuite plus
aisément les malheureux qu'elles ont eni-
vrés à l'aide de ces plantes vireuses.-Le
docteur Anderson, qui a servi en qualité
de chirurgien dans un régiment de ci-
payes, a eu occasion d'observer un cas
d'empoisonnement par le stramonium,
dans lequel d'énormes doses de morphine
ont amené la guérison. Il s'agit d'un soldat
qui, après l'ingestion d'une quantité nota-
ble d'une confiture dans laquelle entrait le
fruit de cette plante vénéneuse, fut trouvé,
sur la grand'route, sans connaissance, en
proie à un délire violent, et présentant,
en outre, les symptômes suivants : face
rouge, yeux injectés, brillants et hagards,
pupilles énormément dilatées, insensibles
à l'action de la lumière; pouls petit et
très-accéléré; agitation convulsive dans les
extrémités, principalement dans les mains.
La deglutition cependant était possible.
Le Dr Anderson prescrivit, à l'exemple de
Benjamin Bell, le chlorhydrate de morphine
en solution à la dose d'un grain toutes les
heures. Après la huitième prise du médica-
ment, la stupcur avait en partie disparu,
le patient recouvra la conscience de son
être, le délire et les mouvements convul-
sifs des mains avaient un peu diminué;
toutefois l'état d'agitation du malade et la
dilatation des pupilles persistèrent. L'au-
teur prescrivit encore six grains de sel de
morphine, après quoi le délire avait entiè-
rement cessé, les pupilles étaient à peu
près normalement dilatées, et le malade,
devenu plus tranquille, se mit à parler.
Pendant trois heures encore la même dose
du médicament fut continuée : un sommeil
de plusieurs heures en fut la conséquence,
t, au réveil, tout symptôme d'intoxica-
tion avait disparu. Cette énorme quantité
de morphine (quinze grains en dix-huit
heures) ne produisit aucun effet toxique,

bien

que le patient ne fût nullement habitué à l'action des narcotiques. J. O. (Edinb. med. J. V, p. 1400, June 1860.) Ce fait démontre que l'opium et le stra

monium, loin d'être deux narcotiques
d'un effet analogue, sont, au contraire,
antagonistes l'un de l'autre. On sait qu'il
existe aussi un antagonisme réciproque
entre l'opium et la belladone. Giacomini
en fait expressément mention dans son
Traité philosophique et expérimental de
matière médicale et de thérapeutique. (Pa-
ris, 1842, p. 537.)
J. O.

ANGINE TONSILLAIRE simple suivie de paRALYSIE DU VOILE DU PALAIS.- Une jeune fille de vingt et un ans et demi, Mlle C***, souffrant depuis deux jours d'un mal de gorge, fit appeler, le 29 juin dernier, M. le docteur Alexandre Mayer, qui la trouva dans l'état suivant : face vultueuse, pouls à 98, peau brûlante et moite, déglutition excessivement douloureuse, langue saburrale, inappétence, même pour les boissons qui passent difficilement, constipation; rougeur vive du pharynx et des amygdales, qui sont énormément tuméfiés, surtout celle de gauche. Surdité de ce côté. L'espace libre de l'isthme du gosier est si étroit que la malade ne peut avaler la salive sans éprouver des spasmes; la respiration, se faisant exclusivement par le nez, est bruyante, la voix nasonnée et presque éteinte. Il n'y a point de traces de fausses membranes à la surface de la muqueuse, ni sur aucun point de l'arrière-gorge. Sécrétion abondante de mucosités qui remplissent la bouche. Anxiété profonde.

M. Mayer prescrit un vomitif et un gargarisme émollient. Le lendemain, 50 juin, l'état général s'est légèrement amendé, mais les symptômes locaux sont à peu près les mêmes. On perçoit de la fluctuation dans l'amygdale gauche. M. Mayer pratique une opération qui donne issue à une quantité notable de pus phlegmoneux de bonne nature. (Gargarisme avec décoction d'orge miellée, pédiluve sinapisé.) Dès ce moment, l'amélioration se prononce et la maladie suit une marche régulièrement décroissante jusqu'au 6 juillet.

Le 18 juillet, Mile C*** alla trouver M. Mayer, se plaignant d'accidents qui lui paraissaient étranges et qui ne laissaient pas que de lui causer de vives inquiétudes. Elle raconte qu'elle ne peut manger qu'avec les plus grandes précautions, sous peine de voir revenir les aliments et surtout les boissons par le nez. A plusieurs reprises, elle a failli déjà suffoquer en avalant de travers. De plus, elle voit trouble et ses jambes vacillent sous elle. A ces symptômes se joint ce timbre de voix caractéristique qu'on ne peut méconnaitre

quand on l'a entendu une fois. A l'inspection de la gorge on reconnaît une procidence de la luette qui traine sur la base de la langue, et une insensibilité complète du voile du palais, qui ne se contracte pas quand on cherche à l'exciter par l'attouchement. On constate enfin un défaut de symétrie entre les deux arcs de cercle formés par le voile du palais et séparés par la luette. (Vin de quinquina, bains sulfureux, régime tonique et corroborant.)

Le 29 juillet, point d'amélioration du côté de la gorge. La vue est meilleure et la faiblesse des membres est moindre. (Ut suprà.)

Le 5 août, l'état de la jeune malade n'étant pas amélioré, on eut recours à l'électricité, que l'on appliqua tous les deux jours jusqu'au 20 août. L'électricité n'ayant pas eu d'efficacité, M. Mayer prescrivit la strychnine de la manière suivante :

PR. Strychnine.

Extrait de valériane

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10 centigr. 2 gramm. F. S. A. pilules no 20. En prendre une matin et soir.

Dès le premier jour, la malade éprouva, à un faible degré, les phénomènes physiologiques qui suivent l'administration de la noix vomique. Le lendemain, ces sensations deviennent plus intenses, mais aussi l'effet thérapeutique se révèle par une phonation plus naturelle et par une plus grande facilité dans la déglutition. Le quatrième jour, la dose est élevée à trois pilules, et cette dose est continuée pendant quatre jours consécutifs. Dans cet intervalle, la guérison fait des progrès rapides; mais les secousses tétaniques acquièrent une telle violence, qu'on est obligé de revenir à la dose quotidienne de deux pilules, qu'on ne dépasse plus. Bref, le 5 septembre, Mlle C*** a recouvré complétement la voix et la contractilité normale du voile du palais, ce qui lui permet de boire et de manger comme avant sa maladie.

Cette observation porte avec elle un double enseignement: 1o elle prouve que la paralysie du voile du palais et d'autres organes peut être la conséquence d'une amygdalite simplement phlegmoneuse; 2o elle confirme l'efficacité de la strychnine contre un accident grave, et qui a déjà entrainé la mort par le passage du bol alimentaire à travers l'épiglotte. (Union médicale et Bulletin général de thérapeutique, 15 novembre 1860.)

NOTE SUR L'Usage du seigle ergoté dans IES VICES D'ACCOMMODATION De l'oeil et daNS QUELQUES AUTRES MALADIES; par M. FÉLIX

- Dès

VON WILLEBRAND, à Helsingfors. le commencement de ses expériences avec le seigle ergoté, M. W. a remarqué que le cœur des personnes soumises à son enploi diminuait de volume au bout de quelques heures. Cette réduction comportait ordinairement plusieurs lignes dans tous les diamètres. Tous ceux qui visitent la clinique de l'auteur ont pu constater ce fait. L'action remarquable du seigle ergoté sur les fibres musculaires de la vie organique, et par conséquent sur celles des parois vasculaires, l'amena à s'en servir contre les maladies de l'œil qui dépendent d'une atonie vasculaire. La première qu'il traita de cette manière avait une exophthalmie, avec un goìtre considérable et une hypertrophie du cœur. Le succès, quoique très-passager, fut néanmoins remarquable. Au bout d'une semaine, la proéminence des globes oculaires avait considérablement diminué; en six semaines le goitre et l'hypertrophie du cœur s'étaient beaucoup améliorés. La malade avait pris jusque-là quarante grains de seigle ergoté par jour; elle suspendit alors le remède, et peu après le mal avait reparu. — Les effets ont été beaucoup plus satisfaisants dans les troubles d'accommodation de l'œil. Une jeune femme souffrait depuis deux ans d'un état congestif des yeux, qui l'empêchait de s'occuper de lecture et d'ouvrages à l'aiguille plus de cinq minutes de suite. Elle ressentait de vives douleurs dans le front et les tempes, il existait en outre chez elle un degré d'aménorrhée. Au bout de quatre jours de traitement par le seigle ergoté associé au carbonate de magnésie, la guérison était si avancée que la malade discontinua le remède. Il y eut récidive, au bout de quatre mois, mais il suffit de quelques doses pour conjurer les accidents. M. W. a répété ces expériences dans plusieurs cas semblables, toujours avec le même succès. La maladie a naturellement beaucoup de tendance à récidiver, surtout quand les soins hygiéniques ne peuvent être observés scrupuleusement L'auteur en est arrivé à diminuer ses doses de moitié, et leur associe volontiers le fer ou la magnésie. - Dans la blépharite, la conjonctivite pustuleuse des enfants, la galactorrhée, les engorgements de la matrice, et enfin les tumeurs de la rate produites par les fièvres intermittentes, ce médicament lui a donné plusieurs succès remarquables.

(Archiv f. Ophthalmol. et L'Echo médical, No 41.)

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