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Voici quels sont les résultats auxquels il est arrivé et qu'il a publiés dans sa dissertation inaugurale (1).

Le sulfate de quinine à la dose de 2 à 4 grammes dans une potion, administré par cuillerées à bouche de deux en deux heures, produit des nausées et parfois des vomissements.

› La muqueuse digestive n'éprouve pas d'influence nuisible, il y a quelquefois un léger sentiment de chaleur dans l'œsophage.

› Son administration est suivie d'un amendement notable qui n'est quelquefois que passager.

› La convalescence apparente est le plus souvent rapide, mais il n'en est pas de même de la convalescence confirmée. Cette convalescence apparente est due à la modification de l'état général, l'intestin échappant à cette modification.

Les phénomènes nerveux et le ralentissement de la circulation qu'il détermine cessent assez promptement quand on suspend l'administration du médi

cament.

⚫ Il diminue la céphalalgie et souvent la fait disparaître : elle est remplacée par de la pesanteur de tête.

› II hâte souvent le retour du sommeil naturel.

› En résumé, le sulfate de quinine ne paraît pas devoir constituer une méthode spéciale de traitement; mais il peut rendre d'utiles services, combiné avec d'autres moyens. »

En 1843 M. le docteur Waton publia un excellent traité de la fièvre typhoïde, et vanta le quinquina comme moyen infaillible de juguler les fièvres typhoïdes qui ne sont souvent que des fièvres rémittentes.

Si les assertions de M. Waton étaient toujours vraies, il est évident que sa médication serait héroïque, mais malheureusement dans les fièvres continues graves, cette médication est impuissante et M. Waton le reconnaît lui-même.

Je suis d'accord avec cet observateur, si la fièvre rémittente prend le cachet. typhoïde et que vous administriez en temps opportun le sulfate de quinine à haute dose, vous ferez avorter la maladie, mais s'il n'y a pas de fièvre rémittente, et que vous ayez sculement à combattre une vraie fièvre typhoïde, le quinquina et le sulfate de quinine échouent.

M. le docteur Worms, médecin de l'hôpital militaire du Gros-Caillou, regarde la fièvre typhoïde comme une maladie exanthématique consistant en une altération du sang soit d'origine interne, soit d'origine externe.

M. Worms professe l'opinion que la fièvre typhoïde est toujours paroxystique et que sa continuité apparente n'est autre chose qu'une chaîne non interrompue d'accès.

Pour couper le mal dans ses racines, M. Worms administre le sulfate de quinine à haute dose, 1 à 2 grammes par jour.

(1) Quelques réflexions sur l'action physiologique du sulfate de quinine à haute dose en général, et en particulier dans le traitement de la fièvre typhoïde. Dissertation inaugurale No 22, in-4o, Paris, 1846.

M. Guipon, qui a exposé dans sa thèse inaugurale les idées de son maître, affirme que ce traitement a pour résultat de faire avorter la maladie au moins quinze fois sur vingt, et de l'amener à son terme dans l'espace de cinq à huit jours.

Ai-je besoin de m'élever contre les assertions de M. Worms et contre celles de son élève, et de dire que ces prétendues guérisons de fièvres typhoïdes, ne sont que des cures de courbature, d'embarras gastrique, de fièvre éphémère ou de fièvres rémittentes.

La théorie de M. Worms sur la nature de la maladie nous dispense, du reste, d'échanger avec lui de longs raisonnements. Dès lors que la fièvre est paroxystique toujours, ce n'est plus une fièvre continue, et partant ce n'est plus une fièvre typhoïde.

Pourquoi M. Bouchet de la Ville-Jossy n'a-t-il donc jamais eu les succès de M. Worms? Pourquoi M. Husson n'a-t-il pas été plus heureux que M. Kapeler? Pourquoi dans les seize expériences que j'ai faites également sur ce point n'ai-je rien observé qui méritât d'être noté? Pourquoi n'ai-je pas vu un seul de ces faits d'enrayement de la fièvre typhoïde que M. Guipon obtient quinze fois sur vingt? Pourquoi ? C'est que nous nous sommes tous et constamment adressés à de véritables fièvres typhoïdes, continues, et que dans les fièvres continues, le sulfate de quinine n'a pas d'effet curatif.

Ainsi donc, je résume cette discussion, en disant que malgré les assertions de M. Worms, je regarde le sulfate de quinine comme incapable de pouvoir faire avorter la fièvre typhoïde, et comme ne donnant pas des succès à beaucoup près aussi remarquables que les évacuants, car sur seize malades traités par le sulfate de quinine à haute dose, j'en ai perdu cinq.

Voilà deux de ces cinq observations qui ont eu un résultat funeste.

-

OBS. 16o. — Fièvre typhoïde grave; phénomènes ataxiques; sulfate de quinine à haute dose; mort. Le 16 janvier 1844, tandis que le petit M... était convalescent d'une fièvre typhoïde des plus graves, son père, qui était voyageur, arriva d'une tournée de voyage pour embrasser son enfant. Il séjourna dans sa maison pendant quelques jours, jouissant d'une parfaite santė; puis le 23 janvier, il se sentit la tête lourde, la bouche pâteuse ; des nausées pénibles et même des vomissements bilieux survinrent; une constipation datant de plusieurs jours persistant, M. M... me consulta et me demanda s'il pouvait se purger. Je lui prescrivis une bouteille d'eau de Sedlitz à 48 grammes.

Le 24 et le 25, aggravation des accidents; céphalalgie insupportable, vertiges, soif inextinguible, anorexie complète, langue saburrale, douleur à l'épigastre et à la région iliaque droite, pouls fort et vibrant à 120 pulsations.

Craignant une fièvre typhoïde et désirant expérimenter les effets du sulfate de quinine dans cette maladie, j'ordonnai une potion:

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F. S. A. une potion à prendre par cuillerée toutes les heures; limonade ordinaire pour boisson.

Le 26, la céphalalgie est atroce, elle arrache des plaintes au malade; soif vive, nausées continuelles, pas de vomissements, inappétence, délire, agitation; pouls à 120-124. - Même prescription.

Le 27, la douleur de tête est tellement intense que le malade est comme un fou et qu'il demande avec instance qu'on le débarrasse de cette affreuse céphalalgie. Délire pendant la nuit, agitation extrême, soif vive, langue sèche, saburrale ayant une tendance extrême à se sécher; lèvres fendillées, gercées, dents encroûtées, haleine fétide, nausées continuelles; constipation, douleur à la région épigastrique et au niveau de la fosse iliaque droite où on perçoit un gargouillement manifeste; pouls à 120. — Une bouteille eau de Sedlitz à 48 grammes.

La potion avec 1 gramme de sulfate de quinine seulement.

Le 28, trois évacuations alvines ont eu lieu, mais n'ont pas soulagé le malade. Il y a eu ce matin à cinq heures une très-légère épistaxis; mêmes phénomènes ataxiques; pouls à 116-120. Continuer la potion.

Le 29, délire, cris, agitation. M. M... fait des efforts pour sortir de son lit, il cherche à frapper les personnes qui l'environnent; dents fuligineuses, langue noire, sèche, råpeuse; lèvres fendillées; pouls faible à 120; urines involontaires. Même potion au sulfate de quinine.

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Deux vésicatoires camphrés aux mollets; les entretenir avec parties égales de styrax et d'onguent populéum. Potion :

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Sirop de fleurs d'oranger

Une cuillerée toutes les deux heures.

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Le 30, la céphalalgie a cessé, surdité, hébétude, narines pulvérulentes, soubresauts dans les tendons; constipation, pouls faible à 120-124.-Un lavement émollient; continuer les deux potions.

Le 31, les accidents vont croissant; le délire est furieux, les pupilles ne sont pas dilatées, les cris sont incessants, la langue est sèche et râpeuse, les dents sont encroûtées, carphologie, soubresauts dans les tendons; pouls tremblotant à 120. Le lavement n'a même pas été rendu.-Limonade au citrate de magnésie, 60 grammes; bouillon.

Le 1er février, évacuations alvines copieuses, mais involontaires. Il est impossible de tirer de ce malade quoi que ce soit, il ne répond à aucune des questions qui lui sont adressées délire continuel; ventre météorisé; pouls misérable Continuer les potions frictions sur l'abdomen avec 8 grammes d'onguent napolitain; bouillon.

à 128.

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Le 2, il n'y a pas apparence de mieux, le malade est tout à fait étranger au

monde extérieur, yeux convulsés, dents serrées, noires, fuligineuses; en appuyant assez fortement sur le menton on peut entr'ouvrir la bouche et apercevoir la langue qui est noire, sèche, parcheminée; pouls filiforme à 128-132. Le météorisme n'a pas diminué. — Même prescription.

Le 3, diarrhée abondante rendue involontairement, dyspnée, toux, impossibilité d'ausculter, sueurs profuses, pouls imperceptible. Quelques taches rosées sur l'abdomen et le thorax. Ajoutez aux prescriptions des frictions sur les

membres avec l'éther sulfurique.

Le 4, le malade entr'ouvre les yeux lors de ma visite, on peut croire à un éclair de raison, à un semblant de mieux. Vain espoir!... Le délire furieux a cessé, mais a été remplacé par du délire tranquille; carphologie, sueurs trèsabondantes, plaintes presque continuelles; pouls d'une extrême fréquence et d'une excessive ténuité. Même prescription; sinapismes promenés sur tous les membres.

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Le 6, refroidissement général; le pouls fuit sous le doigt; agonie.

Le 7, à six heures du matin, il expire.

OBS. 17o.- Fièvre typhoïde grave; phénomènes ataxiques; sulfate de quinine à haute dose; mort. Le 1er février 1844, Mlle Olympe B..., âgée de quatorze ans, brune, d'une bonne constitution, demeurant à la Tranchée, commune de St-Symphorien, extrà, fut prise de céphalalgie intense, de malaise, de courbature, de diarrhée et de vomissements bilieux fort abondants. Ses parents la firent coucher, et me firent demander le lendemain matin.

Le 2, quand j'arrivai, je trouvai Mlle Olympe couchée sur le dos, les traits bouleversés, la figure anxieuse; une affreuse céphalalgie la force de tenir les yeux fermés sous peine de voir s'exaspérer le mal si elle les entr'ouvre même légèrement. La langue est saburrale, la soif vive, l'appétit nul; les vomissements bilieux et la diarrhée continuent ; il y a de la douleur à la région épigastrique, du gargouillement dans la fosse iliaque droite; la peau est chaude et sèche; le pouls bat 120 fois par minute. — J'ordonne un éméto-cathartique avec :

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Faire fondre dans un demi-litre d'eau d'orge miellée, et en administrer une verrée toutes les vingts minutes. Limonade ordinaire pour boisson.

Le 3, il y a eu plusieurs vomissements bilieux fort abondants, et trois garderobes composées également de matières verdâtres et porracées. La céphalalgie ne s'est pas amoindrie, la langue est humide, étalée, mais affreusement saburrale, soif excessive; pouls à 120; peau aride et brûlante. - Potion avec :

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Du 4 au 6, l'état de cette jeune fille fut le même. Les symptômes n'augmen

tèrent ni ne diminuèrent d'intensité. Le pouls varia entre 116 et 124. Même prescription.

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Le 7, épistaxis assez abondante: abattement extrême, langue humide, étalée, toujours saburrale vers la base, la pointe est rouge; soif moins vive, douleur

à l'épigastre et à la fosse iliaque droite où il y a du gargouillement; pouls à 120; peau sèche. Même prescription.

Le 8, il y a eu une selle diarrhéique pendant la nuit; la céphalalgie a cessé sous l'influence d'une nouvelle épistaxis peu considérable. Surdité, hébétude, narines pulvérulentes. La malade s'occupe peu de ce qui se passe autour d'elle. Elle a eu quelque peu de délire, mais de délire calme et tranquille; pouls à 112-116, faible. Même traitement et de plus trois tasses de bouillon et une potion avec :

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Une cuillerée toutes les heures, en alternant avec la potion au quinine.

Du 9 au 12, exaspération des accidents; affaiblissement des forces et du pouls. Même traitement; deux vésicatoires aux mollets.

Le 13, la maladie fait de tels progrès que je conseille à la famille de faire administrer cette jeune fille, et de profiter de quelques heures de raison pour lui faire recevoir les sacrements. Le pouls est faible, presque imperceptible même, carphologie, yeux éteints, enfoncés dans les orbites, narines pulvérulentes, émission de l'urine et garde-robes involontaires. Apparition de quelques taches rosées lenticulaires; continuer les deux potions; bouillon; trois cuillerées à café de vin de Malaga dans la journée.

Le 14, état de prostration et d'affaissement tels que la mort est imminente; le pouls est d'une extrême fréquence insaisissable. Une sueur froide et visqueuse est répandue sur toute la surface du corps.-Même traitement.

Le 15, les phénomènes morbides ont encore augmenté d'intensité; la respiration est embarrassée; refroidissement des extrémités.—-Sinapismes promenés sur les membres.

Infusion de café.

Extrait mou de quinquina.

100 grammes.

Une cuillerée toutes les heures.

Le 16, à huit heures du soir, Mlle Olympe B... rendait son âme à Dieu.

50 DES TONIQUES.

En parlant du sulfate de quinine comme méthode de traitement, je me trouve naturellement amené à dire quelques mots du quinquina comme tonique. Les toniques font merveille à la fin des fièvres typhoïdes, alors que l'adyna mie est très-prononcée, mais comme médication à mettre en usage à toutes les

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