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était plus rouge dans les points qu'ils occu paient. L'iléon contenait des matières liquides rougeâtres et vers sa fin, d'autres fécales bien moulées, ces dernières étaient les mêmes dans le cœcum et le côlon.

La rate volumineuse était diffluente, gorgée de beaucoup de sang.

Le foie était dans l'état normal et la vésicule peu distendue.

Les reins étaient ramollis par suite d'un commencement de putréfaction. La vessie était vide.

Examen du bras et dissection. Le bras gauche était fortement tuméfié et offrait au pli la trace d'une saignée récente, pratiquée à la veine céphalique médiane, dans un point très-rapproché de la céphalique.

En disséquant avec soin ce membre, on trouvait une forte infiltration générale du tissu cellulaire sous-cutané et même de

celui intermédiaire aux muscles. La veine

céphalique était dure au toucher, rouge extérieurement ainsi que le tissu cellulaire qui l'entoure. Ses parois étaient épaissies, en sorte qu'en la coupant, elle restait

béante comme une artère. Sa cavité ren

fermait du pus épais, d'un blanc jaunâtre, ou teint de sang, dans toute sa longueur, jusqu'au-dessous et derrière la clavicule. La veine médiane céphalique présentait la même phlegmasie. Sa membrane interne était rouge et sa cavité était occupée par

du pus.

La médiane basilique et cette dernière elle-même étaient dans le même cas, mais celle-ci ne l'était que dans une étendue limitée à quelques centimètres au-dessus et au-dessous du pli de l'avant-bras.

Conclusions. De ce que je venais d'observer, je conclus:

1o Que la femme V... avait succombé à une phlébite des veines du bras, compliquée, dans les derniers jours, d'une légère arachnitis;

2o Qu'il n'existait aucune autre cause de mort dans les autres organes;

5o Que la phlegmasie si intense, remarquée principalement dans la veine céphalique, avait été occasionnée par la piqure de la veine, qu'elle eut été exécutée avec un instrument oxydé, ou épointé, ou malpropre, et que cette inflammation se fût développée chez cette femme, par suite d'une prédisposition spéciale, ou encore après un travail de force exécuté imprudemment avec ce bras, peu de temps après. cette opération.

Si dans ce travail, j'ai réuni un certain nombre de cas de mort naturelles, ayant donné lieu à des autopsies cadavériques judiciaires, c'est que ce sujet n'avait pas appelé assez spécialement l'attention des médecins légistes.

Les auteurs de traités de médecine lé

gale en ont bien cité des exemples, mais on ne les trouve que disséminés dans des chapitres étrangers à ce sujet. Il était done important de les grouper et de les présenter sous un point de vue unique, afin qu'ils devinssent de la sorte l'occasion de préceptes utiles dans l'application.

Dans une partie aussi difficile que celle de la médecine légale, rien n'est à négliger, et les monographies sur un seul point scientifique, qui comportent des détails conséquences à tirer d'observations paprécis sur la manière d'opérer et sur les

tientes et minutieuses, lui font faire bien

plus de progrès que les traités ex professo bientôt débordés par les progrès incessants de l'art.

Il est du devoir de chaque travailleur de recueillir religieusement les faits nouveaux et curieux que le hasard peut lui fournir, afin d'en enrichir la science : le progrès ne peut se faire que de cette ma

nière.

(Ann. d'hyg. et de méd. lég., juillet 1860.)

III. BIBLIOGRAPHIE.

DER SINN IM WAHNSINN. EINE PSYCHIATRISCHE UNTERSUCHUNG, von Dr A. KRAUSS, in-8° de 128 p.

M. le docteur Krauss, de Tubingue, a envoyé à la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles un mémoire imprimé; son importance nous en

gage à en rendre compte. Ce travail est intitulé Der Sinn im Wahnsinn. Au premier abord, ce titre de l'État de l'esprit dans la folie paraît un peu obscur, mais la lecture du travail en fait bientôt comprendre le sens et la portée scientifique.—Dès le premier chapitre, l'auteur fait la déclaration nette que la douleur morale et l'exaltation

maladive du moi, chez les aliénés, ne sont que des expressions morbides de l'organe de la pensée. Suivant lui, tout phénomène psychique possède une condition correspondante dans la matière vivante; or, le cerveau doit être affecté idiopathiquement, ou bien il reflète des dérangements des organes de la périphérie. Il parait donc évident que les manifestations de l'esprit n'ayant que les organes pour devenir appréciables, ces derniers doivent, en dernier ressort, supporter toute altération dépendante de l'esprit; suivant nous, là doivent s'arrêter toutes les conceptions métaphysiques du médecin aliéniste, car il a dans sa spécialité trois entités ultraphénoménales à manier, la réunion de la matière, de la vie et de l'esprit.

Le docteur Krauss, à l'exemple de divers auteurs, compare l'état de rêve à celui de folie; mais peut-on les identifier? les conditions de santé et de maladie s'y opposent. Dans le chapitre qu'il consacre au rêve et au délire, l'auteur rapporte différents cas de délire et de rêves ayant leur racine, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans les dispositions physiques des organes; c'est fort bien, mais nous n'y trouvons qu'une analogie psychique et non point une identité physiologique. Un des chapitres les plus intéressants du mémoire est celui qui traite des conditions organiques du délire. M. Krauss, après avoir fait une étude trèsapprofondie des phénomènes subjectifs du sommeil, des rêves et de la folie, arrive à se demander quelles sont leurs conditions physiologiques; après avoir examiné les opinions de Blumenbach, Blumrader et Guislain, l'auteur pense que le mode pathologique qui produit la douleur dans la sphère sensitive et morale, le spasme dans le système moteur, l'hallucination dans les organes des sens, et le délire dans les centres nerveux, doit être une altération de même nature. L'auteur remarque que des altérations de toute espèce, que des blessures profondes des centres nerveux peuvent coexister avec la raison, tandis que la plus petite lésion d'un organe, même le plus éloigné des centres nerveux, peut produire le délire le plus intense et la folie; il n'en résulte pas moins que le cerveau, organe peu sensible lui-même, ne soit le substratum de toute maladie de l'esprit. Il est évident que toute affection cérébrale entrainant la folie présuppose des dispositions individuelles, que la plus petite excitation peut, dans certains cas, provoquer la folie, tandis que dans d'autres les attaques les plus directes restent sans effet. Suivant l'auteur, il n'y a

point de disposition psychique, mais bien organique du cerveau, - les différentes altérations cérébrales sont done sous l'influence d'un état dynamique nerveux.

L'esprit dans toutes ses dispositions doit correspondre à un état tonique spécial du cerveau, de telle sorte que la folie doit correspondre à une névrose spéciale dont la cause peut être psychique, mais doit avoir son siége dans le corps. L'auteur, dans l'étude de ces névroses, a trouvé qu'il pouvait assimiler les lésions psychiques à certaines modifications nerveuses de nature inconnue qui se passent dans le système musculaire, de là, il est disposé à rapporter, par exemple, la monomanie au tonisme musculaire et la manie au clonisme. -- C'est une hypothèse que l'auteur poursuit avec beaucoup d'ingénuité.

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Quant à la pathogénie de la folie, l'auteur considère les douleurs que le malade ressent à la tête comme l'expression première des affections organiques du cerveau, et ces douleurs, dit-il, diminuent dans la proportion que la maladie accroît en intensité. Il ajoute une remarque intéressante en décrivant les hallucinations de la vue et de l'ouïe précédant la manie comme étant des éclairs ou des couleurs en tons harmoniques, tandis que dans les affections tristes ces couleurs sont souvent en désaccord d'harmonie et de ton.

Suivant le docteur Krauss, le trouble des idées entraîne la perte du pouvoir de contrôler les hallucinations produites le plus souvent par la souffrance des organes; ainsi l'anxiété précordiale fait naître les idées tristes et la démonomanic, les douleurs gastralgiques entraînent les idées de poison, etc.

Nous sommes entièrement d'accord avec notre honorable confrère sur certains effets de la perversion de la volonté et des instincts dans les diastréphies qui ont fait l'objet d'un travail de notre part. Ces maladies constituent un ordre spécial parmi les aberrations mentales, et nous pensons que toutes les difficultés inextricables en matière juridique dépendent de leur confusion avec la manie, la monomanie, etc., etc. Voici l'opinion du docteur Krauss, qui est à ce sujet des plus importantes : quoique la volonté appartienne à la vie psychique, l'impulsion maladive (diastréphie), qui n'est que son altération, a un rapport intime et direct avec le système moteur de l'appareil nerveux; la volonté passe donc à l'actionsans contrôle. On conçoit encore que dans différents cas l'impulsion morbide soit conco

mitante de sensations ou de sentiments pervertis, et même qu'elle soit associée à des idées délirantes, de telle sorte qu'elle puisse faire passer un aliéné immédiatement à l'exécution d'un acte sans qu'il en ait spécialement conçu l'idée. L'auteur, ainsi que nous, repousse donc ces expressions de manies sans délire qui ont mis tant de vague dans l'appréciation des crimes commis par des aliénés.

Le rhythme de l'exaltation des malades ou de leur dépression a été également l'objet de l'étude de l'auteur. Il en résulte pour lui un moyen d'apprécier la valeur des méthodes curatives. Enfin l'auteur résume ses opinions à peu près en ces paroles : Nous avons exposé, dit-il, le mode d'être des psychopathies dans leurs variétés, et nous pensons avoir démontré l'action réfléchie d'un principe chimico-vital des centres ner

veux dans les délires de l'idée et de l'action. Dans ceque nous avons appelé tonisme et clonisme des affections nerveuses, on a pu reconnaitre l'analogie des spasmes du système musculaire; c'est ainsi que nous avons été conduit à découvrir une loi névropathique générale; nous avons encore reconnu dans l'impulsion maladive et les actes involontaires l'action réflexe des modes psychopathiques de la volonté sur les centres moteurs. Le procédé d'évolution et le rhythme des maladies mentales nous a permis d'établir un calcul certain, non-seulement sur l'existence du mal, mais aussi sur la somme d'intensité de l'élément morbide à combattre; enfin la curabilité de la folie récente basée simplement sur le somatisme est la preuve mathématique de la rectitude de nos appréciations. Dr PARIGOT.

IV. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Bulletin de la séance du 1er octobre 1860.
Président : M. DIEUDONNÉ.
Secrétaire: M. VAN DEN Corput.

Sont présents MM. Gripekoven, Rieken, Crocq, d'Udekem, Dieudonné, L. Martin, Janssens, Leroy, Henriette et Van den Corput.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

La correspondance comprend : 1o une lettre de M. Mouchon, membre correspondant à Lyon, qui envoie à la compagnie son nouveau travail intitulé: Essai pratique sur les sirops alcooliques. Renvoyé pour analyse à M. Leroy.

2o Une lettre de M. le docteur Simonot, de Paris, qui soumet à la Société un travail manuscrit intitulé: Essai sur la vie, la maladie et la thérapeutique, au point de vue des études médicales. -Renvoyé à l'examen de MM. Bougard, Crocq et Henriette.

3o Un travail de M. Grandval, pharmacien des hospices de Reims, sur les extraits pharmaceutiques préparés dans le vide, avec une série d'échantillons de ces extraits.Renvoyé à l'examen de MM. Leroy, Van den Corput, Gripekoven, Crocq et Henriette.

4o Un travail de M. le docteur Pertusio,

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1. L'angine couenneuse et le croup. Mémoire sur les affections diphthéritiques. Nouvelle méthode de traitement, par le docteur W. Zimmermann. Valenciennes, 1860, in-8°.

2. Mémoire sur la chlorose et ses complications, par le docteur J.-B. Heylen. Anvers, 1860, in-8°.

3. Essai pratique sur les sirops alcooliques, par Émile Mouchon. Paris et Lyon, 1860, in-8°.

4. Bacologia', Cenni del Prof. Emilio Cornalia. Milano, 1860, in-12.

5. Mémoires et rapports sur les extraits pharmaceutiques préparés dans le vide,

par M. J.-B. Grandval. Reims, br. in-8°. 6 à 58. Divers journaux de médecine et recueils scientifiques périodiques.

M. LE PRÉSIDENT. Messieurs, le terme fixé pour la rentrée des mémoires pour le concours de 1860 est expiré depuis minuit, je vais avoir l'honneur de vous exposer le résultat obtenu et j'aime à croire que vous le trouverez très-satisfaisant.

La première question du programme était conçue en ces termes : «Donner un résumé des progrès de la psychologie physiologique et pathologique dans le but d'établir une classification des maladies mentales basée sur les rapports qui doivent exister entre les phénomènes psychiques et somatiques. ›

Un seul mémoire nous est parvenu en réponse à cette question; il porte pour titre Nouvelle classification des maladies mentales, et pour épigraphe : L'art consiste à chercher dans un groupe donné de symptômes, le radical dominant. (Guislain, Leçons orales sur les phrénopathies, t. Ier, p. 97.)

La deuxième question était conçue comme suit: « Discuter au point de vue des connaissances physiologiques et chimiques actuelles, les différentes méthodes de pansement des plaies et établir, sur des expériences cliniques, le mode d'action des agents qui ont été employés dans ces circonstances.»

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Cette question est restée sans réponse, de même que la troisième question dont voici le texte : « Établir sur les données les plus exactes de la physiologie ainsi que de la chimic organique les bases d'une bromatologie et d'une diététique rationnelles, en insistant surtout sur l'alimentation des classes ouvrières. En d'autres termes, déterminer jusqu'à quel point la loi des équivalents nutritifs est applicable à l'homme, dans les diverses conditions tant morales que physiques auxquelles il peut se trouver soumis. Appuyer, autant que possible, les règles proposées sur des expériences positives et sur des exemples tirés de l'influence que l'alimentation a pu exercer sur certains peuples à différentes époques et dans différentes régions du globe. »

La quatrième question était laissée au choix des concurrents, mais devait embrasser un sujet quelconque du domaine de la médecine, de la chirurgie ou de la tocologie.

Sept mémoires nous sont parvenus pour ce concours le N° 1 est intitulé: Études sur la prophylaxie et le traitement du choléra asiatique et porte pour épigraphe : Non sola experientia, sed etiam ratione nititur medicina (Bartholin).

Le No 2 est intitulé: Du traitement de toutes les fièvres à quinquina sans cet agent, ni aucun de ses dérivés, et porte pour épigraphe: Experientia.

Le No 3 est intitulé: Dissertation sur la nature et le traitement des affections rhumatismales, et porte pour épigraphe : C'est seulement, Messieurs, quand la genèse d'une maladie nous est connue que nous pouvons en comprendre les effets et en instituer le traitement rationnel (Bouchardat, Leçons orales).

Le No 4 est intitulé: Du croup, et porte pour épigraphe : Dùm vivit, sperare licet (Petronii Satyricon).

Le No 5 est intitulé: Physiologie et pathologie de l'état puerpéral, et porte pour épigraphe: A la physiologie appartient de droit ce que la médecine possède d'exact et de raisonné (Goupil).

Le No 6 est intitulé : Mémoire et observations sur la courbure accidentelle des os, et porte pour épigraphe : Malgré les nombreux et savants travaux des médecins et des chirurgiens modernes, il reste encore beaucoup à glaner dans le vaste champ de la médecine.

Le No 7 est intitulé: Du traitement des nevralgies faciales par l'émétique et le sulfate de quinine, et porte pour épigraphe : Labor improbus omnia vincit.

La cinquième question était également laissée au choix des concurrents, mais devait embrasser un sujet du domaine des sciences naturelles ou pharmaceutiques.

Huit mémoires ont été envoyés pour ce

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progrès, il frappe nos yeux; on ne peut pas non plus nier ses bienfaits.

Le No 5 est intitulé: Nouvelles considérations pharmacologiques sur les extraits de belladone. Résine de belladone, et porte pour épigraphe : Non disputandum, sed experiendum (Baglivi).

Le No 6 est intitulé: La Iodoformiognosia ossia monografia chimica, fisiologica, farmaceutica, e terapeutica sul l'iodoformio, et porte pour épigraphe : Cherchons les faits; voyons ce qui en résulte: voilà notre philosophie.

Le No 7 est intitulé: Histoire scientifique de l'iodure ammonique et de ses dérivés, et porte pour épigraphe : C'est par les découvertes que l'on fait progresser les sciences.

Le No 8 est intitulé: Essai du sucre, et porte pour épigraphe : Il faut que l'acheteur sache reconnaitre la qualité de la chose vendue.

Enfin la dernière question du programme pour le prix proposé par M. le docteur Seutin était conçue comme suit : « Discuter la valeur des différents modes de réduction de l'étranglement herniaire et indiquer celui auquel on doit donner la préférence, en apportant des faits à l'appui. Préciser les circonstances pathologiques et anatomiques qui rendent la kélotomie obligatoire et indiquer le procédé opératoire auquel il convient de recourir pour éviter le plus sûrement les graves accidents qui résultent souvent de cette opé

ration. »

Un mémoire a été envoyé en réponse à cette question; il porte pour épigraphe: Ars tota in observationibus.

Deux commissions pour les mémoires de concours ayant déjà été nommées dans de précédentes séances, il vous reste, Messieurs, à nommer les deux commissions auxquelles seront renvoyés le mémoire envoyé en réponse à la première question et celui envoyé pour le prix Seutin.

L'assemblée procède immédiatement par voie de scrutin secret à la nomination de ces deux commissions. MM. Parigot, Dieudonné, Janssens, Ricken et Bougard ayant obtenu la majorité absolue des suffrages sont appelés à constituer la commission qui aura à juger le mémoire sur la classification des maladies mentales, et MM. Seutin, Crocq, Thiry, Bougard et Henriette, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages pour former la seconde commission, auront à examiner le mémoire envoyé pour le prix Seutin.

M. LE PRÉSIDENT ayant constaté que le mémoire No 2 (Du quinquina) envoyé en

réponse à la cinquième question du programme porte le nom de son auteur, déclare que ce mémoire est mis hors concours. Il restera à la disposition de l'auteur.

M. le présidenT. La parole est à M. Leroy pour lire son rapport sur un ouvrage présenté par M. Janssen, de Tongres.

M. LEROY. Messieurs, nous avons reçu de M. Gérard Janssen, pharmacien à Tongres, une brochure intitulée : Quelques considérations sur l'enseignement pharmaceutique belge, dont vous m'avez chargé de vous rendre compte.

L'auteur, dans un avant-propos, commence par dire que dans un temps où les sciences et les beaux-arts ne cessent de faire des progrès avec une étonnante rapidité, où tous les législateurs s'efforcent de populariser l'enseignement inférieur et d'élever l'enseignement académique en ennoblissant les professions libérales, il convient de recommander spécialement la profession de pharmacien si délaissée encore.

En vérité, quand on prête attention à tout ce que le gouvernement a fait pour améliorer, sous le rapport scientifique, la profession du pharmacien depuis 1848, on est étonné de voir surgir des réclamations du genre de celles de M. Janssen. En effet, avant cette époque il n'y avait point d'enseignement pharmaceutique: ceux qui se destinaient à la profession de pharmacien faisaient des études privées, et l'on sait ce que sont des études semblables, et quand, après quelques années d'un stage fait avec irrégularité, les candidats pharmaciens se présentaient vis-à-vis de la commission médicale de la province où ils se proposaient de résider, commission composée d'hommes absorbés par leurs affaires et ne trouvant souvent pas assez de temps pour se mettre au courant du mouvement scientifique, ceux-ci bornaient leurs interrogatoires à des questions pratiques, et la partic scientifique était complétement négligée.

Il était impossible avant la loi de 1848 d'obtenir des élèves pharmaciens des études régulières; les jeunes gens qui suivaient les cours universitaires faisaient seuls exception, et il n'y avait vraiment que ceux qui étaient animés du désir de s'instruire qui les fréquentaient, ou ceux qui avaient le bonheur de se trouver dans une ville universitaire. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi, l'enseignement pharmaceutique est organisé et les connaissances que la loi exige, quoique incomplètes, à mon avis, doivent s'acquérir avec régularité.

La pharmacie s'étant avancée la dernière dans la voie du progrès et s'arrêtant encore souvent, dit M. Janssen, lorsqu'on la

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