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TIN. Cette maxime l'Évangile : Quæ rite et invenietis, est vraie toujours, même en chimie; en voici un exemple à l'appui:

Lorsqu'on lit le beau travail de M. Robiquet père, sur la racine de réglisse, et les savantes observations chimiques de MM. Thomson, Pelletier et Berzélius sur cette substance, on est en droit de croire qu'il n'y a plus rien à dire sur ce sujet. Cependant nous y avons encore trouvé à glaner. C'est qu'en effet nous avons noté que pour extraire de la racine de réglisse le principe sucré qu'elle contient, il est préférable d'employer le bitartrate de potasse à l'acétate de plomb, à l'acide sulfurique pur, à l'eau de chaux, à l'oxalate d'ammoniaque, aux sels de fer, ou enfin au muriate de baryte, dont les manipulations sont longues et les produits moins beaux.

Nous avons opéré de la manière suivante :

Après avoir réduit la racine de réglisse en poudre grossière ou l'avoir coupée en petits filets, on l'épuise par l'eau froide de son principe sucré. On filtre cette macération puis on y ajoute une partie de bitartrate de potasse pour quatre-vingt-cinq parties de ce liquide.

Il se forme dans le mélange un énorme précipité; on filtre.

Si la liqueur est encore sucrée, il faut lui ajouter une seconde dose de sel potassique et filtrer de nouveau.

On sèche à l'étuve le précipité obtenu, qu'on traite par l'alcool rectifié, pour séparer la glycyrrhizine du bitartrate de potasse, de l'amidon et des autres principes de la réglisse que l'eau avait dissous; la glycyrrhizine prend dans l'eau bouillante la consistance gélatineuse : il est donc essentiel d'opérer à froid. La glycyrrhizine obtenue par notre procédé est d'une belle couleur jaune, d'une saveur sucrée, franche, sans odeur,; elle jouit de toutes les propriétés chimiques qui lui sont propres.

Nous avons également noté que l'infusion aqueuse de réglisse prend au contact du sous-carbonate de potasse une couleur jaune safrané si belle, qu'il serait à désirer qu'elle résistât aux rayons de la lumière ce serait une conquête pour l'industrie teinturière, le produit étant peu dispendieux, la manipulation facile. Voilà pour les chimistes un sujet d'étude.

(Bull. génér. de thérap., 30 sept. 1860.)

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DES AUTOPSIES CADAVÉRIQUES JUDICIAIRES FAITES DANS LES CAS DE MORTS NATURELLES, ET DES CAUSES QUI DONNENT LIEU A CES MÉPRISES; par A. TOULMOUCHE, professeur de pathologie externe et de médecine opératoire à l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de Rennes, membre correspondant de l'Académie impériale de médecine, etc. (Suite et fin. V. notre cahier d'octobre, p. 406.)

IV. L'apoplexie pulmonaire, comme cause de morts subites, pouvant dès lors, pour peu que quelque circonstance insolite ait donné lieu à des soupçons fondés ou non, provoquer soit des autopsies cadavériques immédiates, soit des exhumations ultérieures, doit être rangée après la pneumonie sous le rapport de la fréquence. J'ai, en effet, déjà eu bien des fois l'occasion de vérifier l'exactitude de cette proposition.

Ainsi, ce fut à cette lésion que succomba subitement le célèbre Carré, professeur à l'école de droit de Rennes, comme je le constatai par l'ouverture de son corps. J'ai vu également cinq à sept détenus périr de la même manière dans la maison centrale de cette ville, tantôt le plus souvent après un repas copieux, tantôt l'estomac étant vide comme je l'ai vérifié par les nécrop

sies.

En médecine légale je citerai l'observation que j'en ai rapportée dans la troisième section d'un mémoire intitulé: Des lésions du crâne et de l'organe qu'il renferme, étudiées au point de vue médico-légal, plusieurs autres cas dans lesquels il y avait eu simultanément ivresse et ingurgitation d'une quantité assez copieuse d'aliments pour lesquels j'avais été appelé à faire les autopsies cadavériques judiciaires, et enfin l'observation VII de ce travail.

Il se joint souvent à cette lésion des poumons une congestion cérébrale plus ou moins forte qui rend la mort encore plus prompte, comme cela eut lieu dans l'observation XXVI que je rappelais dans

l'alinéa précédent et dans le suivant.

OBS. VII. Je dus faire l'ouverture du

corps du nommé Étienne V..., qu'on disait avoir succombé par suite de mauvais trai

tements.

Après avoir prêté devant les magistrats le serment de me bien et fidèlement acquitter de la mission qui m'était confiée, je commençai mon opération et notai ce qui suit:

État extérieur. — Le cadavre était celui d'un homme vigoureux, bien musclé et d'un embonpoint assez marqué. Il offrait des sugillations en arrière de la tête, du tronc et des membres, et au-dessus et en arrière de la bosse pariétale droite, deux excoriations superficielles sans contusion et d'un rouge foncé.

On trouvait au coude droit, à quatre centimètres de l'olécrâne, une écorchure de deux centimètres de longueur sur un de largeur, recouverte d'une croûte sèche offrant à son pourtour des traces jaunâtres d'une légère meurtrissure, et au-dessous d'autres plus petites et également superficielles.

Le petit doigt, ou auriculaire gauche, manquait ayant été amputé autrefois. On voyait, au-dessus du coude du même côté, une petite excoriation d'un centimètre et demi de longueur, et à deux au dessous de celle-ci une autre très-légère. On remarquait au-dessus et vis-à-vis de la tête du radius une contusion de couleur violacée, et trois centimètres de diamètre.

Sur la partie moyenne ou la plus saillante du côté droit du thorax, existait une écorchure superficielle, dirigée obliquement de haut en bas et d'arrière en avant avec ecchymose autour, ayant huit centimètres de longueur sur un et demi de largeur. L'infiltration sanguine s'étendait jusqu'à la surface des muscles.

On remarquait vis-à-vis le bord inférieur de la rotule droite, une excoriation superficielle de deux centimètres de longueur sur un de largeur, et une autre répondant à la tubérosité antérieure et supérieure du tibia, longuc d'un centimètre et demi, et large de sept millimètres; peu loin de ce point une troisième ayant à peu près les mêmes dimensions, puis à la partie antéro-interne du même os, deux autres, l'une ronde et l'autre ovale, d'un centimètre et demi de largeur sur autant de hauteur.

Enfin, on voyait vis-à-vis l'angle externe de l'arcade orbitaire gauche, une contusion de la peau, ainsi qu'à la paupière inférieure et sur l'aile du nez du même côté.

Tête. Les vaisseaux de la dure-mère, ceux de la surface du cerveau et les sinus

étaient gorgés de sang. L'arachnoïde, dans la portion qui revêt la face supérieure et interne des hémisphères du cerveau avait perdu sa transparence à la suite d'une phlegmasie bien antérieure. La substance cérébrale commençait à se ramollir, par suite du développement de la putréfaction. Les ventricules contenaient un liquide transparent; le mésocéphale et le cervelet étaient sains. Poitrine. Le poumon droit offrait des adhérences celluleuses anciennes (suite de pleurésie guérie). Son tissu, surtout dans le lobe inférieur, était d'un rouge très-foncé, noir, extrêmement gorgé de sang, comme cela a lieu dans l'apoplexie pulmonaire.

Les côtes, vis-à-vis de la blessure extérieure, étaient dans l'état normal.

Le gauche était dans les mêmes conditions que le droit, et tellement gorgé de sang que celui-ci en ruisselait abondamment, surtout dans le lobe inférieur, à mesure qu'on coupait cet organe.

Le cœur était volumineux, les cavités droites étaient distendues par du sang noir peu coagulé; celles du côté gauche en étaient moins dilatées.

L'endocarde était très-rouge, par suite d'imbibition cadavérique.

Abdomen. L'estomac très-vaste était distendu par des gaz et renfermait une petite quantité d'une pâte chymeuse dans laquelle on reconnaissait encore des aliments, tels que du pain, des légumes, qui avaient une odeur acescente.

Les intestins très-distendus contenaient un liquide d'un brun violet. Le cœcum, le côlon et le rectum étaient remplis de matières molles. Conclusions. server, je conclus :

De ce que je venais d'ob

1o Que toutes les blessures remarquées sur le cadavre d'Étienne V... remontaient à huit jours, étaient dues à des chutes sur un sol dur ou à l'action d'un corps contondant appliqué sur les parties où elles siegeaient, mais qu'elles n'avaient point déterminé la mort;

2o Que celle-ci devait être attribuée à une apoplexie pulmonaire ;

3o L'hémoptysie a été signalée par auteurs, comme ayant pu devenir rapidement mortelle.

On conçoit que dans ces cas, s'il y avait eu des sévices exercés réellement, ou des bruits malveillants répandus relativement à ceux-ci, l'autorité doit, de toute néces sité, chercher à s'éclairer sur les causes vé

ritables de la mort, et qu'alors elle en vienne à ordonner l'autopsie du cadavre.

L'homme de l'art devra dans ces cas, s'il ne rencontre aucune trace de violence, aucune blessure de la poitrine, mais qu'il trouve une apoplexie des poumons, ou une phthisie tuberculeuse, ou un anévrysme s'étant ouvert dans les bronches, la trachée-artère ou l'œsophage, ou enfin une érosion d'une branche de l'artère pulmonaire, être très-affirmatif pour déclarer que la mort a été naturelle ou le résultat d'une maladie.

J'ai été appelé une fois, près d'un cordonnier que je trouvai assis dans sa cour et mort pendant une hémoptysie foudroyante, comme l'indiquait la grande quantité de sang spumeux, d'un rouge vif, répandu sur le sol autour de lui. Je ne pus malheureusement pas obtenir de faire l'ouverture du corps, pour déterminer quelle source avait pu fournir une hémorrhagie aussi promptement mortelle. Était-ce une exhalation sanguine active qui s'était effectuée par toute la surface bronchique, ou l'érosion de quelque branche de l'artère pulmonaire, soit dans une vaste caverne, ce qui est rare, à cause de la petite couche de tissu induré qui, dans ce cas, entoure et protége le vaisseau, soit en dehors de celle-ci, ce qui est plus fréquent? I me fut impossible de résoudre ces questions.

Cependant le fait suivant, si curieux sous le rapport de l'anatomie pathologique et de la rareté de la lésion qui en fait le sujet, chez un enfant d'un âge aussi tendre, servira peut-être à éclairer la science à cet égard. Je vais donc le rapporter avec détails.

-

OBS. VIII. J'accompagnai le procureur impérial et le juge d'instruction, assisté de son commis greffier, à vingt-quatre kilomètres de Rennes, au bourg de S. pour faire l'autopsie du cadavre d'une petite fille âgée de trois mois, dont les parents étaient accusés d'avoir exercé sur elle de mauvais traitements. Voici ce que je notai :

État extérieur.-Le corps était amaigri, le ventre météorisé. On remarquait une petite excoriation desséchée, à un centimètre au-dessus de la malléole externe du pied gauche. Il existait autour de la bouche et du nez des traînées de sang qui avait dù s'écouler par les orifices de ces deux cavités.

Tête. Le cuir chevelu et les os du crâne étaient dans l'état normal. Les vaisseaux de la surface du cerveau étaient très-injectés. Les ventricules latéraux ne renfermaient que la quantité ordinaire de séro

sité. Les pédoncules, le mésocéphale et le cervelet étaient sains.

Poitrine. On ne découvrait dans l'isthme du gosier et dans le pharynx aucune trace de blessures.

Les fosses nasales, l'arrière-gorge et le larynx étaient occupés par des caillots de sang. Il en existait de semblables dans les divisions des bronches du poumon gauche qui était peu crépitant, offrait à sa surface une multitude de petites plaques rouges, formées par autant de très-petits foyers apoplectiques qu'on retrouvait également dans l'intérieur de son parenchyme, mais un peu plus volumineux par endroits.

Le poumon droit présentait le même aspect, mais on découvrait vers le bord postérieur de son lobe inférieur et rapprochée d'une des premières divisions bronchiques, une déchirure irrégulière de son tissu, occupée par un caillot de sang qui communiquait avec elle par une ou verture résultant d'une destruction assez large d'un point de sa paroi. Cette perforation avait très-probablement été déterminée par le contact immédiat du pus d'un ganglion abcédé. Cette déchirure s'était effectuée dans l'une des grosses bronches, et toutes leurs divisions étaient occupées par du sang coagulé.

Le cœur était sain et ses capacités gauche exsangues, tandis que le ventricule droit contenait encore un petit caillot de sang.

Ventre. On trouvait dans l'estomac des caillots de sang qui avaient été avalés par l'enfant; ils nageaient dans un mucus fortement sanguinolent et avaient coloré sa muqueuse par imbibition.

Les intestins étaient distendus par des gaz. Le jéjunum contenait un chyme blanchâtre en très-petite quantité, et l'iléon des matières jaunátres.

Le cœcum et le côlon étaient presque vides.

La rate était ferme et dans l'état normal. Il en était de même du foie, dont la vésicule renfermait une bile très-fluide et jaune.

Les reins étaient dans l'état physiolo

La vessie contractée renfermait peu d'u

gique. rine.

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point un foyer apoplectique de deux centimètres de diamètre, laquelle s'était ensuite frayé une voie à travers une grosse bronche, par suite de la destruction d'une partie de cette dernière par le pus d'un ganglion contigu suppuré, et avait enfin donné lieu à une hémoptysie rapidement mortelle, chez une enfant dont la constitution était des plus chétives, et dont le poumon gauche présentait également une multitude de petits foyers apoplectiques comme le droit.

V. Une fois seulement, j'ai rencontré une fièvre typhoïde dans une autopsie judiciaire du corps d'un enfant, autopsie provoquée par le bruit public qui courait, que ce dernier avait succombé aux suites des mauvais traitements que lui avaient fait subir ses parents.

On conçoit que cela doit arriver bien rarement, à cause de la durée de la maladie et de la nature des symptômes qui la caractérisent. Dans ces cas, il faut bien connaître les caractères anatomiques de la lésion intestinale, et il est indispensable que le tube digestif soit ouvert dans toute sa longueur, afin qu'elle n'échappe pas aux investigations.

Ce que je dis de l'importance de ce dernier soin, est applicable à toutes les autopsies cadavériques médico-légales qu'on peut être appelé à faire. On ne saurait, en effet, apporter trop de soins à scruter tous les organes, à ne rien oublier, et l'on ne peut se montrer observateur trop minutieux; car les moindres lacunes dans les procès-verbaux donnent lieu à des critiques et à des conséquences fâcheuses, que les défenseurs des prévenus savent habilement exploiter. Voici ce fait :

OBS. IX. En vertu d'une commission rogatoire, je dus accompagner le procureur impérial et le juge d'instruction au bourg de T..., pour y faire l'ouverture du cadavre de Jean-Marie N....., âgé de quinze ans, qu'on disait être mort des suites de mauvais traitements. Voici ce que je notaí: État extérieur. - La peau du cadavre était d'un vert foncé. Plusieurs phlyctènes se faisaient remarquer sur le tronc, en arrière et sur le côté droit du ventre. On découvrait sur la région du cœcum les traces de morsures de sangsues; l'épiderme s'entevait avec la plus grande facilité.

Tête.-On ne voyait ni ecchymoses au cuir chevelu, ni fracture au crâne.

Le cerveau, ramolli par la putréfaction, n'offrait aucune trace d'inflammation, de même que ses membranes. Les ventricules ne contenaient pas de sérosité.

ment sains. Il n'existait aucun épanchement pleurétique.

La cavité du péricarde renfermait un peu de sérosité. Le cœur était dans l'état normal et ses cavités occupées par un peu de sang liquide. Abdomen. Il existait un épanchement de sérosité rougeâtre très-abondant dans la cavité péritonéale.

-

L'estomac était sain, contenait quelques aliments liquides. Le duodénum et le jéjunum étaient vides; le dernier renfermait beaucoup de vers lombrics. Il existait à la fin de l'iléon des ulcérations. Dans les intestins se trouvaient des matières liquides diarrhéiques.

Le cœcum et le côlon étaient naturels et occupés par des fèces jaunes, fluides. Le foie était congestionné, la vésicule pleine d'une bile d'un jaune verdâtre.

La rate était dans son état normal. Il en était de même des reins et de la vessie qui était vide.

De ce que je venais d'ob

Conclusions. server, je conclus :

1o Qu'il n'existait sur le corps de JeanMarie N... aucune trace de violences;

2o Que la mort avait été le résultat d'une fièvre typhoïde à forme ataxique, les lésions anatomiques rencontrées dans l'intestin iléon ayant été celles qu'on trouve ordinairement à la suite de cette maladie, le douzième ou le quinzième jour, lorsqu'elle se termine d'une manière fatale.

VI. Une pression forte ou brusque du ventre pourrait être suivie de la mort sans laisser de traces extérieures de contusions ou que de très-légères. Dans ce cas, si elle a eu lieu vis-à-vis du foic, ce dernier organe peut être déchiré et une hémorrhagie fatale en être le résultat, comme on peut le vérifier par l'observation IV que j'ai rapportée dans un travail intitulé: Des blessures mortelles du ventre étudiées au point de vue médico-légal, publié dans le no de juillet 1858 des Annales d'hygiène.

la

On a vu encore la rate être dilacérée par même cause et sa lésion être suivie des mêmes résultats.

Les intestins peuvent aussi être rompus par une forte pression brusque des parois abdominales ou parla percussion brusque de celles-ci, comme j'en ai cité trois exemples (obs. III, II et I du même mémoire), et leur solution de continuité être rapidement suivie d'une péritonite mortelle, par suite de l'épanchement de gaz ou de matières fécales dans la grande cavité du péritoine.

Dans tous ces cas, si l'on est appelé au moment de la blessure ou peu après, il

Poitrine. Les poumons étaient parfaite- faut bien se garder, malgré qu'on n'aper

çoive sur le ventre aucune trace de meurtrissure ou que de très-superficielles, de porter un pronostic rassurant; mais, au contraire, il faut insister dans le procèsverbal qu'on est obligé de délivrer, sur la gravité des suites presque toujours fâcheuses de ces blessures et appuyer sur la fréquence des péritonites mortelles après celles-ci.

Il existe dans la science des exemples de rupture de l'estomac distendu par des aliments occasionnée par des pressions semblables du ventre ou des chutes sur cette partie.

De même, il n'est pas rare que la vessie également gonflée par de l'urine qui s'y était accumulée, ait pu être déchirée dans une percussion ou une dépression forte de la région hypogastrique, ou par les fragments déprimés en dedans d'une fracture avec enfoncement des os du bassin.

Enfin, les reins eux-mêmes, malgré leur position profonde, pourraient être rompus sous une pression telle qu'en pourrait produire une roue de voiture, comme on en verra un exemple dans l'observation III de mon mémoire sur les blessures mortelles du ventre étudiées au point de vue médico-légal, publié dans le no de juillet 1858 des Annales d'hygiène.

Si je, rappelle dans ce travail, où je ne traite que des cas de morts naturelles, ces lésions de certains organes renfermés dans la cavité du ventre, c'est afin de compléter mon cadre et parce que, avant que les nécropsies ne soient faites, elles rentrent de fait dans ces derniers, faute de sévices extérieurs appréciables.

Enfin, dans un dernier exemple je ferai connaître une cause de mort naturelle qu'on constate aussi assez rarement en médecine légale, je veux parler de la phlébite survenue après une saignée exécutée illégalement par un tailleur de campagne, laquelle eut des suites fatales pour le sujet et donna lieu à des poursuites judiciaires.

Dans ces cas, l'homme de l'art se trouve très-embarrassé pour décider dans les conclusions de son procès-verbal, si l'individu qui a succombé n'était pas prédisposé dès auparavant à ce genre de phlegmasie, ou si celle-ci n'a pas été occasionnée par une lancette malpropre, ou épointée, ou coupant mal, ou si enfin la fatigue imprimée imprudemment au bras saigné n'en a pas été la seule cause déterminante.

On verra, dans le cas que je vais rapporter, laquelle de ces opinions je dus embrasser, et à quelles conclusions je crus devoir m'arrêter.

Si quelque lecteur se trouvait dans ce cas assez difficultueux, peut-être ne seraitil pas faché d'apprendre comment on a considéré le sujet, et à laquelle des opinions indiquées ci-dessus on s'est fixé.

Il faut une grande décision d'esprit pour prendre un parti tranché dans ces cas, et en même temps une expérience clinique avérée pour assumer la responsabilité d'un jugement qui, s'il vient à être erroné, entraîne toujours des conséquences très-fâcheuses Voici cette observation :

OBS. X. Une descente de justice eut lieu à vingt-huit kilomètres de Rennes, et je fus chargé par les magistrats qui firent procéder à l'exhumation du cadavre d'une nommée Julienne P..., femme de Thomas V..., âgée de cinquante-cinq ans, d'en faire l'ouverture, pour indiquer quelles avaient été les causes de sa mort. Je procédai à cette opération, après avoir prêté le serment exigé par la loi, et je constatai ce qui suit :

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État extérieur. Le corps était celui d'une femme ayant assez d'embonpoint. Le ventre était ballonné; il existait des phlyctènes sur les côtés et en arrière.

Le bras gauche était œdématié et présentait au pli la cicatrice à peine fermée d'une saignée. Il était infiltré par une sérosité assez limpide. La veine médiane céphalique était rouge, aussi bien extérieurement qu'à l'intérieur, gonflée, épaissie, contenait du pus dans toute sa longueur. Il en était de même des autres, de la céphalique et de la basilique, qui étaient également enflammées; tous les tissus autour de la saignée étaient indurés, rouges, atteints de phlegmasie, tandis que, comparativement, les mêmes veines du bras droit étaient aplaties, pâles et dans l'état normal.

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