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bué sans doute à fortifier la répugnance que certains esprits manifestaient à l'égard du nouveau préservatif de la variole. Le Journal de médecine et de chirurgie pratiques publia en 1831 un article de M. Bidart, du Pas-de-Calais, dans lequel l'auteur, voulant absoudre la vaccine de toutes les accusations dont elle était l'objet, citait deux observations de vaccination opérée d'un syphilitique à un individu sain, sans que la syphilis eût été transmise, d'où il concluait contre la contagion de la syphilis par l'inoculation vaccinale. Cette opinion fut partagée en 1859 par la Société de médecine de Paris; mais un peu plus tard, M. Pitton, M Boucher, M. Ceccaldi et M. Lecoq firent connaître des expériences et des observations qui ne laissent aucun doute sur la transmission de la syphilis par la vaccination. On se rappelle, pour parler de faits encore plus récents, le procès Hubner, resté fameux en Allemagne parmi les médecins comme devant les tribunaux. En 1852, le 16 juin, treize enfants d'un village sont vaccinés le même jour, dans Ja même séance, avec le même vaccin, celui de l'enfant Keller, réputé syphilitique; on voit chez les uns des ulcères aux endroits vaccinés durer longtemps, des éruptions syphilitiques se développer trois mois après, et les autres enfants échapper complétement aux symptômes. Or, pourquoi cette infection chez les uns, cette immunité chez les autres? Pourquoi la contagion de la syphilis par inoculation vaccinale admise comme possible et constatée dans un certain nombre de cas, n'était-elle néanmoins qu'un fait rare et presque exceptionnel? Voilà ce qu'on se demandait; mais grâce aux travaux de M. Rollet, chirurgien en chef de l'Antiquaille et auteur d'une brochure publiée cette année sous le titre: De la pluralité des maladies vénériennes; grâce surtout aux actives recherches cliniques et à l'analyse intelligente des faits acquis auxquelles s'est livré un de ses élèves les plus distingués, M. le docteur Viennois, les questions qu'on se posait il y a quelques années, et qui tenaient les meilleurs esprits en suspens, semblent être résolues aujourd'hui.

La lecture attentive des cas de syphilis observés à la suite de la vaccination, montre selon M. Viennois, qu'on a le droit d'en faire deux groupes. En effet, les individus que l'on se dispose à vacciner sont syphilitiques ou ne le sont pas. Dans le premier groupe, on peut donc ranger tous les cas où la syphilis était déjà latente chez les individus que l'on allait vacciner; et dans l'autre, les cas des sujets parfaitement

sains n'ayant jamais eu de syphilis héréditaire ni acquise, et qui sont devenus syphilitiques par le fait de l'opération vaccinale. Le premier groupe trouve sa justification dans ce fait que toute fièvre éruptive vaccinale ou autre peut faire développer une syphilis latente. Le deuxième groupe ne paraît pas moins légitime. Mais dans les nombreux faits qui servent de base à cette légitimité, est-ce le liquide vaccinal qui, inoculé, donne la syphilis? Non, car s'il en était ainsi, l'enfant Keller cité plus haut, qui a servi à vacciner treize individus, aurait dù transmettre la syphilis à ces treize enfants, et huit seulement ont été contaminés. C'est qu'en effet le liquide vaccinal seul ne donne que la vaccine, et pas de syphilis, pas plus qu'aucune autre maladie virulente. Comment dès lors expliquer les faits de contagion syphilitique par la vaccination?

Bien simplement, répond M. Viennois. Que peut-on, dit-il, trouver avec la lancette, dans la pustule vaccinale? deux sortes de liquides :

1o Le liquide vaccinal;

2o Un liquide étranger, le sang, si la lancette va plus loin que la poche renfermant le virus vaccin. Or, malgré les dénégations de Hunter et de M. Ricord, le sang des syphilitiques est contagieux comme le sang est contagieux dans toutes les maladies virulentes, dans la morve, la rage, la clavelée, la variole, la diphtheric, la peste, etc. M. Viennois rapporte cinq expériences directes faites avec le sang des syphilitiques, et qui corroborent tout ce qu'enseignait ici l'analogie. En 1859, dans le cours public qu'il a fait à l'Antiquaille, M. Rollet a professé et prouvé que ce n'est pas le vaccin, mais le sang syphilitique périvaccinal, qui communique la syphilis.

Maintenant quels sont les symptômes observés sur les individus infectés par l'opération vaccinale? Il y en a de deux sortes des accidents primitifs et des accidents consécutifs. C'est un chancre au bras qui est le phénomène initial et constant; les symptômes constitutionnels n'apparaissent que tardivement. Dans le cas, au contraire, où c'est une syphilis latente qui fait explosion sous l'influence de la fièvre vaccinale, il n'existe point de chancre primitif au lieu de la piqùre; ce sont des éruptions papuleuses, vésiculeuses, pustuleuses, etc., qui viennent révéler l'existence de la syphilis constitutionnelle.

Il n'y a rien à dire de particulier sur le traitement de la syphilis transmise par vaccination; mais ce qui importe, c'est d'éviter cette transmission, c'est de faire de la pro

phylaxie. Cela est-il possible? Oui certes, et désormais les vaccinateurs comme les mères de famille peuvent être rassurés. Une chose a frappé M. Viennois dans toutes les observations de syphilis vaccinale qu'il lui a été donné de consulter. Toujours on a vacciné de bras à bras, c'està-dire dans la condition la plus favorable pour inoculer le sang. Dans aucun cas ce n'a été avec du vaccin conservé, du vaccin pur, sans mélange. Or, on l'a vu plus haut, le vaccin pur, pris sur un syphilitique, ne donne que la vaccine; donc, maintenant qu'on est prévenu, chaque vaccinateur s'arrangera de façon à éviter de recueillir avec le liquide vaccinal la moindre gouttelette de sang.

Ce que nous venons de dire du liquide vaccinal s'applique également à la croûte desséchée. Si celle-ci ne renferme que le liquide concrété, elle ne peut rien donner que la vaccine. Si elle est mêlée de sang desséché et de sang provenant d'un syphilitique, elle peut transmettre la syphilis.

Reste la vaccination de bras à bras. Eh bien, dit M. Viennois, qu'on y prenne garde! le meilleur moyen pour éviter l'inoculation syphilitique, c'est de ne prendre au bout de la lancette que du liquide vaccinal. Si l'on craint d'avoir pris du sang, il faut essuyer sa lancette et chercher ailleurs ou s'abstenir pour cette fois. Un procédé qui permet de vacciner sùrement, c'est au lieu de vacciner de bras à bras, de recueillir du vaccin dans un tube; une fois recueilli, on s'assure de sa transparence, puis on souffle le tube sur un réceptacle quelconque, où la lancette va le puiser. Il est d'ailleurs prudent de s'assurer de la santé des parents, et, en cas de doute, de ne prendre pour sujets vaccinants que les individus suffisamment âgés pour qu'une syphilis congénitale se soit déjà manifestée et puisse éclairer le praticien ! (Ibid.)

AFFECTION NON DÉCRITE DES GENCIVES ; gengivite expulSIVE*—D'après M. Marchal (de Calvi), il existe une maladie des gencives, maladie très-commune, et qui pourtant n'est pas décrite. Ce n'est pas une maladie dangereuse; mais par les souffrances presque constantes auxquelles elle donne lieu, surtout au moment des repas, par la mauvaise odeur de l'haleine qui en résulte presque toujours, par la perte des dents, qui le plus souvent restent intactes, par les difficultés de la mastication et la douleur qui l'accompagne, cette infirmité est un grand sujet de chagrin pour ceux qui en sont affectés.

Il propose de lui donner le nom de gengivite expulsive, rappelant par cette épithète un de ses effets, qui est d'ébranler et enfin de chasser les dents de l'alvéole.

Cette affection présente des variétés de forme, étant généralement suppurante, souvent ulcéreuse, quelquefois végétante, d'autres fois simple.

On y distingue aussi des variétés de siége, étant ou tout d'abord générale ou pendant un temps partielle, le plus souvent bornée aux languettes gengivales interdentaires; quelquefois elle est purement intra-alvéolaire; alors la dent est ébranlée et l'on ne voit rien au dehors.

Il y a aussi des différences dans la manière dont l'affection débute : quelquefois c'est par un petit phlegmon qui s'abcède, s'ouvre, et laisse la dent déchaussée ; d'autres fois, c'est par une inflammation simple sans tumeur phlegmoneuse ni abcès.

Les causes de la gengivite expulsive sont, avant tout et par-dessus tout, l'hérédité; puis le froid, surtout le froid humide; la présence du tartre autour et au-dessous des gencives; la grossesse et l'allaitement; le mauvais état de l'estomac, je veux dire l'irritation gastrique hyperémique qui résulte des excès habituels de régime.

L'auteur croit avoir trouvé le remède en quelque sorte spécifique de cette désolante affection. Ce remède, c'est l'iode employé topiquement. Il ne l'emploie pas sous forme de teinture, à moins d'indications exceptionnelles, s'étant aperçu que l'alcool en resserrant les tissus fait obstacle à l'action modificatrice, et, si l'on peut dire, à la pénétration de l'iode. Il se sert généralement de la solution aqueuse à des degrés divers, en commençant par la solution de Lugol pour les bains iodés. Il arrive successivement à des solutions très-concentrées. (Acad. des sc. et Gaz, méd. de Lyon, No19.)

FISTULE GALACTOPHORE GUÉRIE PAR LES IN

JECTIONS IODÉES, par M. le Dr VAULPRÉ (de Bourg).-Mme Fargeot, mariée, à l'institution de Marsonnas (Ain), a eu un premier enfant il y a cinq ans; elle l'a nourri. Elle a eu au bout d'un mois un abcès au sein gauche qui ne lui a pas permis de continuer l'allaitement. Au mois de juin 1851, elle a eu un second enfant qu'elle a essayé de nourrir; au bout de six semaines il lui est survenu encore dans le sein gauche un nouvel abcès qui l'a forcée de suspendre l'allaitement. L'abcès ne s'est point tari; il s'est établi dans ce point une fistule qui a donné pendant dix-neuf mois un pus épais, et qui, examiné au microscope, 3

laissé apercevoir des globules de lait.

C'est dix-neuf mois après l'ouverture spontanée de l'abcès du sein que cette malade vint me prier de lui donner des soins. Le sein est deux fois plus volumineux que l'autre, il est inégal, bosselé, dur et peu douloureux, si ce n'est sur quelques points; il présente l'apparence d'une tumeur multiple, adhérente aux côtes, et s'étendant jusqu'à l'aisselle. A un travers de doigt audessus et en dehors du mamelon, se trouve un bourrelet de chair fongueuse, sécrétant un pus sanguinolent; un peu plus bas que le mamelon se trouve une plus petite tumeur fongueuse, analogue pour la couleur et la forme à une framboise.

Au premier aspect, je crus, ainsi que plusieurs de mes confrères qui avaient vu la malade, que j'avais affaire à un cancer ulcéré. Ce qui semblait confirmer cette idée de cancer, c'était l'engorgement de quelques ganglions de l'aisselle. Cependant, en examinant avec plus d'attention, je crus apercevoir dans le centre de l'ulcération principale une petite ouverture dans la quelle j'enfonçai un stylet qui traversa le sein en entier. Alors seulement j'eus l'idée d'une fistule galactophore, quoique je n'en eusse jamais vue avec ces caractères. J'examinai au microscope le pus sécrété, et j'y reconnus du lait.

Alors je dilatai l'ouverture au moyen d'une bougie fine, et l'ayant retirée, je poussai une injection avec la teinture d'iode pure. Le lendemain le pus fut plus abondant et plus épais, il n'y eut aucune douleur ; je répétai l'injection trois fois en l'espace de quinze jours; pendant ce temps je purgeai la malade deux fois avec l'eau de Sedlitz, puis je la renvoyai chez elle passer une huitaine. Au bout de ce temps elle revint me voir et je la trouvai guérie. Le sein avait perdu une partie de son volume, il n'y avait plus de bourrelets fongueux, les bosselures commençaient à s'effacer; il n'y avait plus d'ouvertures et partant plus de suppuration. Après trois mois j'examinai le sein de nouveau, et je le trouvai plus petit que l'autre; il n'y avait plus d'ouverture. A la place de la plus grande uleération, celle où j'avais pratiqué les injections, il existait un petit enfoncement, dans lequel je cherchai inutilement à faire pénétrer le stylet; dans l'aisselle, il n'y avait plus de ganglions engorgés. En un mot la guérison était complète.

Depuis, cette dame est devenue enceinte, elle a accouché; mais, d'après mes conseils, elle ne nourrit pas son enfant.

(Gaz, médicale de Lyon, No 17.)

ULCÈRE SIMPLE de l'estomac; SON TRAITEMENT SPÉCIALEMENT PAR L'EMPLOI DU LAIT. M. Wade, professeur de clinique au collége de la reine à Birmingham, est un ardent fauteur de l'emploi du lait comme traitement de cette forme d'ulcère, que l'on confond trop souvent avec le cancer de l'estomac. Ce médecin commence par mettre ses malades à une diète lactée exclusive. La quantité de lait qui doit être donnée à chaque repas est tout individuelle ; la seule règle invariable et absolue est de ne pas dépasser les doses qui sont digérées sans provoquer aucune douleur. Ainsi, dans certains cas, quelques cuillerées devront suffire dans les premiers temps et même plusieurs jours de suite. Les malades s'écrieront qu'ils se meurent de faim; mais ils ne tarderont pas à être dédommagés par un soulagement remarquable. Ce soulagement est si frappant que, pour en avoir le bénéfice, la plupart des malades se soumettent sans peine à toutes les privations qu'on leur impose. La tolérance à des quantités progressivement croissantes de lait s'établit d'ailleurs assez vite, si le malade a assez de persévérance pour ne jamais s'écarter de la règle énoncée plus haut.

Ce régime suffirait à lui seul, suivant M. Wade, pour obtenir une guérison complète dans un certain nombre de cas : le plus souvent, cependant, il donne en outre, trois fois par jour, des pilules contenant 1/3 de grain de nitrate d'argent et d'opium, et 1/8 de grain d'extrait de belladone. Il y joint quelquefois, lorsque l'état de l'intestin l'exige, de petites doses d'huile de ricin ou de coloquinte et de jusquiame. Nous préférons les lavements.

Lorsque tous les symptômes de l'ulcère stomacal ont disparu, M. Wade fait revenir ses malades au régime ordinaire, mais lentement et par degrés. Pendant la convalescence, il leur fait prendre souvent du citrate de fer à faible dose. Ce traitement lui a donné un grand nombre de succès; le mémoire que nous analysons en contient

six cas.

(Brit. med. journ. et l'Abeille méd., No 40.)

SUR LES FIBRÔMES INTERSTITIELS DE LA PAROI ABDOMINALE. M. Huguier, qui poursuit avec persévérance ses études spéciales sur les maladies des femmes, a signalé à la Société de chirurgie une nouvelle variété de tumeurs qu'on pourrait désigner sous le nom de fibrômes interstitiels de la paroi abdominale. MM. Gosselin, Michon, Chassaignac et Verneuil ont ob

servé des cas de ce genre, ce qui porte à neuf le nombre des faits cités à cette occasion. Dans tous les cas, ces tumeurs ont présenté une grande similitude. On les rencontre chez des femmes jeunes, et elles ont pour siége le voisinage de l'arcade crurale, en dedans de l'épine iliaque antérosupérieure à laquelle elles adhèrent souvent ainsi qu'à la crête iliaque, par un pédicule fibreux plus ou moins long et soide. Elles siégent dans l'épaisseur de la paroi abdominale, entre les couches musculaires situées en avant, le fascia transversalis et le péritoine sur lesquels elles reposent en arrière en contractant quelquefois des adhérences. Elles n'ont généralement aucune relation avec les viscères intra-pelviens et n'exercent sur leurs fonctions aucune influence marquée. Elles sont plus ou moins mobiles et proéminent plus ou moins, tantôt du côté de la cavité abdominale, tantôt au-dessous de la peau qu'elles soulèvent. Ordinairement indolentes et très-dures au toucher, elles sont ovoïdes ou sphériques, à contour régulier, et composées de tissu fibreux parfait ou en voie d'évolution.

Dans un cas de ce genre observé par MM. Verneuil et Perret, ces deux chirurgiens n'osèrent rien entreprendre. MM. Huguier et Michon ont montré plus de hardiesse, et l'opération a donné des cures complètes entre leurs mains, quoique deux fois déjà le péritoine ait été ouvert. C'est donc une raison pour attaquer ces tumeurs à leur origine, car si pendant longtemps la santé générale ne souffre pas de leur présence, elles finissent invariablement par provoquer des accidents graves et amener un dénoûment funeste.

(Journal de médecine et de chirurgie pratiques, octobre. 1860.)

DE L'EMPLOI DU SÉTON DANS LE TRAITEMENT De L'Hydropisie des bourseS SÉREUSES SOUSCUTANÉES. Les injections iodées donnent dans cette affection de si merveilleux résultats qu'elles ont dû être adoptées comme méthode générale de traitement. On aurait tort de croire cependant qu'elles réussis sent toujours et d'une manière complète; on a fait remarquer plus d'une fois que ces injections restaient sans effet contre les kystes à parois épaisses; il est d'autres cas où elles échouent, malgré les antécédents et les apparences qui semblaient promettre un succès.

Le chirurgien doit alors avoir recours à un procédé plus convenable. C'est ainsi que M. Foucher a obtenu, par le séton,

deux guérisons chez des malades dont nous résumerons l'histoire.

Chez le premier, l'injection iodée ayant échoué, M. Foucher n'a pas hésité à employer le séton: le succès a été complet.

Dans le second cas, le chirurgien a pu reconnaitre que les parois étaient trèsépaisses; il a considéré cette disposition comme une contre-indication à l'injection iodée, et de prime abord il a mis un séton. - Il a donné la préférence au séton à fils multiples en retirant un fil chaque jour, on ouvre une porte à la suppuration; les orifices se ferment progressivement, en même temps que la poche diminue d'étendue. Comme dans d'autres cas où il a été employé, le séton à fils multiples parait avoir des avantages non douteux, sur lesquels M. Foucher a insisté au lit des malades.

M. le professeur Laugier a, du reste, préconisé cette espèce particulière de séton dans le traitement de certaines hydrocèles. (Moniteur des sciences et Gazette médicale de Lyon, No 18.)

L

GASTROTOMIE FAITE POUR EXTRAIRE UN Corps Étranger de l'estomac; par M. le docteur BELL.-L'auteur fut appelé, le 25 décembre 1859, chez un homme qui venait, disait-on, d'avaler une barre de plomb en faisant des tours de jonglerie. Comme cet homme n'éprouvait aucun accident, M. Bell crut à une mystification, et ne s'en occupa point. Le 1er janvier, nouvel examen, qui donna encore un résultat négatif. Le lendemain survinrent des vomissements, de la gastralgie, de la prostration. Le 3 janvier, comme ces symptômes persistaient, on se décida à pratiquer une opération.

Le patient ayant été chloroformé, la paroi de l'abdomen fut coupée depuis l'extrémité antérieure de la deuxième faussecôte gauche jusqu'à l'ombilic. L'opérateur introduisit alors la main dans la cavité péritonéale, et saisit l'estomac, dans lequel il reconnut aussitôt la présence de la barre de plomb. Celle-ci se dirigeait de gauche à droite et de haut en bas, du cardia vers le pylore. Son extrémité supérieure étant inaccessible, l'opérateur la saisit à son milieu, entre le pouce et le médius, et en fit saillir cette extrémité supérieure contre la paroi stomacale; puis, à l'aide d'un scalpel, il coupa les tuniques de l'estomac à ce niveau, dans une direction parallèle à celle des fibres musculaires, et en ne donnant à l'incision que l'étendue strictement nécessaire pour laisser passer le corps

étranger. Celui-ci fut extrait à l'aide d'une pince; puis on remit l'estomac en place, on réunit la plaie extérieure par des points de suture et des bandelettes agglutinatives, et on appliqua un pansement simple. L'opération avait duré environ vingt minutes. Dès que le malade se fut réveillé du sommeil chloroformique, on lui administra un centigramme de sulfate de morphine. Le traitement consécutif consista surtout dans l'emploi de la morphine, de deux saignées

et de quelques lavements. Le 8 janvier, la plaie extérieure était presque complétement cicatrisée. Le 17, le malade se promenait. Cinq mois après l'opération, il jouissait encore d'une santé excellente. La barre de plomb avait dix pouces trois quarts (près de trente centimètres) de long, et pesait neuf onces et demie avoir du poids (environ deux cent soixante-dix grammes). (Boston Journal et Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, No 35.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

REMARQUES SUR QUELQUES-UNS DES MOYENS PROPOSÉS POUR CONSTATER LA PRÉSENCE DE L'ALCOOL dans le chloroforme, par M. P.-H. LEPAGE, pharmacien à Gisors. Si la bonne préparation des médicaments ainsi que leur état de pureté doivent être l'objet des soins incessants du pharmacien qui comprend les devoirs de sa profession, tout ce qui est relatif aux meilleurs moyens à mettre en pratique pour constater d'une manière sûre ces deux qualités doit avoir pour lui un véritable intérêt. Telles sont les considérations qui nous déterminent à publier les remarques suivantes qui sont le résultat d'observations faites un grand nombre de fois.

Le chloroforme, ce composé qui rend de si grands services à l'art de guérir, peut être souillé, on le sait, par divers produits (chlore, composés chloreux, chlorure d'élaile, combinaisons amyliques et méthyliques, aldehyde, éther, alcool, etc.). Si la présence, d'ailleurs assez rare, de quelques-uns de ces corps dans le chloroforme, doit être exclusivement attribuée à quelque accident de fabrication, il n'en saurait être de même de celle de l'alcool qui s'y trouve bien plus souvent dans un but de fraude, croyons-nous, que par suite d'un lavage incomplet; aussi ne nous occuperons-nous dans cette note que des moyens proposés pour découvrir cette adultération, sans contredit la plus commune, en faisant connaitre ce que notre expérience nous a appris sur leur valeur réelle et comparative.

Disons d'abord que si plusieurs de ces moyens ont l'inconvénient de ne pas être assez pratiques, d'autres ne fournissent le plus souvent que des indices qui ne sauraient suffire pour motiver un rejet définitif du produit suspecté. Tels sont, à notre

avis, les procédés qui consistent à faire tomber goutte à goutte le chloroforme dans un mélange d'eau et d'acide sulfurique d'une densité de 1,440, qu'il ne doit pas surnager s'il est pur; ou simplement dans un verre d'eau, liquide qu'il doit traverser sans perdre sa transparence, s'il est exempt d'alcool, car l'opalescence des gouttes, selon quelques personnes, indiquerait la présence de ce dernier produit.

On sait qu'un chimiste étranger, M. Catel, a spécialement recommandé, il y a une dizaine d'années, pour constater la fraude qui nous occupe, un procédé basé sur l'action bien connue qu'exerce l'alcool sur l'acide chromique (sa réduction en sesquioxyde vert). Ainsi, pour ce chimiste, tout chloroforme qui, mis dans un tube en présence d'un cristal d'acide chromique ou d'un peu de bichromate de potasse et d'acide sulfurique, laisse apparaître, au bout de quelque temps, une nuance d'un beau vert, doit être rejeté comme contenant de l'alcool. Postérieurement à M. Catel, du reste, le même procédé a encore été recommandé par plusieurs chimistes; aussi étions-nous disposé à l'adopter avec la plus grande confiance, lorsque quelques essais faits dans différentes circonstances, d'abord avec du chloroforme préparé dans notre laboratoire avec le plus grand soin, puis avec d'autres provenant de maisons très-recommandables de Paris, firent naître des doutes dans notre esprit à l'endroit de son exactitude. Or, pour éclairer ces doutes, et établir définitivement la valeur de ce procédé, nous avons fait les expériences suivantes : nous avons pris du chloroforme de notre laboratoire que nous avons lavé de nouveau à six reprises différentes, d'abord avec une eau légèrement alcaline, ensuite à l'eau pure; puis nous

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