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des bains de pied sinapisés, les émollients, un régime léger et pour peu qu'il soit prononcé, ordonner une application de sangsues, dont on surveille l'écoulement que l'on arrête, du reste, avec facilité par les cautérisations, par l'imposition d'une serre-fine sur la morsure: la douleur qu'elle détermine cesse au bout de quelques instants.

Le croup ou la laryngite catarrhale des enfants appartient à la classe des maladies saisonnières.

On ne doit pas confondre l'angine pultacée avec le diphthéritisme : la première, assez commune, n'a pas de tendance à envahir le larynx, et cède aux errements ordinaires de la thérapeutique, et en particulier à l'administration de l'iodure de potassium, que j'ai ordonné dans ces cas avec succès, guidé par son action élective sur la muqueuse pharyngienne, action si précieuse pour détruire les accidents syphilitiques de l'arrière-gorge. Il est à croire que l'angine pultacée peut régner épidémiquement lorsqu'elle est déterminée par les miasmes scarlatineux et, en effet, l'observation apprend qu'on rencontre plus souvent ces maladies dans une population se trouvant sous l'influence de la scarlatine. Deux enfants d'une famille en étaient atteints, le troisième avait une angine pultacée sans aucune éruption appréciable.

On reconnaît la diphthérite à l'aspect grisâtre lardacé, à l'épaisseur des plaques, à l'expectoration purulente consécutive au détachement des fausses membranes, à l'envahissement des voies respiratoires et à l'adynamie qui s'ajoute aux terribles symptômes de cette affection. L'engorgement ganglionnaire est un signe trompeur, que l'on observe également dans l'angine pultacée, témoin les bubons scarlatineux. Une grande fréquence du pouls donne de l'inquiétude; lorsque cette accélération accompagne l'angine pseudo-membraneuse, elle fait redouter la présence du diphthéritisme. Je conseille d'employer dans cette dernière affection l'iodure de potassium ou l'iodure d'ammoniaque, conjointement avec les cautérisations, à cause de la raison alléguée tantôt.

Après les luttes continues que les Anglais ont à soutenir contre les peuples de l'Inde, et en particulier contre les Marattes, éclate en 1817, dans le Bengale, une épidémie cholérique d'une malignité extrordinaire. Cette épidémie s'arrête sur les bords de la mer Caspienne en 1823. Pendant six ans le choléra semble sommeiller, il se réveille au mois d'août 1829, et reparaît en Russie, dans le gouvernement d'Orenbourg limitrophe du Turkestan.

La Turquie est en guerre avec la Grèce, et les batailles les plus sanglantes se livrent en 1826 et en 1827. L'extermination des janissaires est exécutée en 1826. Une nouvelle lutte s'engage en 1828 entre la Turquie et la Russie, l'intervention des puissances européennes empêche seule les Russes d'entrer à Constantinople. En 1827, la Perse soutient également la guerre contre la Russie. En 1851, le choléra marche de Moscou à Varsovie avec l'armée du feldmaréchal Diebitch, et dès lors, après l'insurrection de la Pologne, il envahit toute l'Europe. On n'ignore pas que le choléra a paru en 1848 après la guerre d'Italie et de Hongrie. Celle d'Orient précède, en 1854, le fléau qui ravage de

nouveau l'Europe. La guerre d'Italie en 1859 ouvre encore une fois la carrière à une épidémie cholérique qui continue toujours à sévir. De tout temps la peste a suivi la guerre, et la France possède encore un reliquat de la terrible épidémie typhoïde qui décima les peuples de l'Europe pendant et après les guerres de l'Empire: la méningite épidémique poursuivant toujours les garnisons françaises. D'après les faits observés, il est impossible d'admettre que l'apparition du choléra après chaque nouvelle guerre soit une simple coïncidence, elle serait bien fréquente. La putréfaction des cadavres, la suppuration des plaies de milliers de blessés, la misère, l'abandon des peuples, le dénument des armées exténuées par les privations et les fatigues, toutes les horribles circonstances enfin qui accompagnent les luttes humaines, doivent faire naître des miasmes qui ravagent d'abord sur place les parties belligérantes, pour se répandre ensuite dans les contrées voisines et lointaines. La seule mesure préventive du choléra est donc le maintien de la paix parmi les nations; elles jouiront peut-être d'un peu moins de gloire homicide, mais à coup sur, elles auront en moins la peste. (Post bellum pestis.)

Lorsque l'on abandonne une ville infectée, qu'on la fuie pédestrement. Une garnison doit agir de même. Le grand principe à adopter dans cette circonstance est de s'aérer soi-même ou d'aérer le plus possible les soldats s'éloignant de ces lieux, afin de débarrasser le sang des miasmes qui l'imprègnent par la respiration de l'air vif et pur de la campagne.

Le choléra choisit ses victimes parmi les habitants des localités insalubres; les habitations insalubres sont les locaux humides et froids. C'est pour cette raison que les rez-de-chaussée, pour la plupart, sont peu habitables, et qu'il est toujours préférable d'être logé au premier, au second ou au troisième, parce que ces chambres sont sèches et peu accessibles à l'humidité.

On pourrait presque établir une progression arithmétique pour la salubrité entre le troisième, le deuxième, etc.

J'ai remarqué que le choléra attaque particulièrement les personnes qui habitent le rez-de-chaussée ; j'ignore si c'est à cette circonstance qu'il faut attribuer les ravages qu'il fait plus grands, proportionnellement, à la campagne que dans les villes. Les miasmes cholériques auraient alors une certaine pesanteur, puisqu'ils rasent le sol dans leur pérégrination.

Sydenham dit que le froid humide tue plus de monde que la peste et la guerre. Il n'a pas exagéré, c'est bien la cause des pneumonies, des bronchites capillaires, des laryngites, affections si communes et parfois si redoutables, du rachitisme, des scrofules, de la phthisie pulmonaire, de l'albuminurie et surtout du rhumatisme articulaire. Bouillaud a montré la relation qui existe entre cette dernière maladie et les cardiopathies. Le froid humide est l'ennemi le plus cruel et le plus implacable de l'homme. Pour le combattre autant que possible, il faut diminuer les logements au rez-de-chaussée; il serait absurde de songer à leur entière suppression. Mais au lieu de bataillons carrés, c'est-à-dire de ces habitations à un seul étage qui bordent une cour plus ou

moins spacieuse et où, par conséquent, il y a autant de chambres au niveau du sol qu'au premier, il faudrait infiniment mieux construire un seul bâtiment à plusieurs étages que la cour environne. L'air pourrait se renouveler bien plus facilement que lorsqu'il est enclavé entre deux ou quatre rangées de maisonnettes, et ensuite un moindre nombre de familles habiteraient le rez-dechaussée. Mais le conseil communal a pris une meilleure mesure contre le froid humide, c'est le percement de larges rues au milieu des quartiers populeux. Non-seulement l'air peut ainsi circuler avec aisance, mais encore, puisque le bas des maisons est presque toujours destiné au commerce, la plupart des ouvriers sont obligés de se loger aux étages supérieurs. On peut dire que cette prévoyante mesure préserve la population de bien des maladies cruelles et trop souvent mortelles par leurs suites.

Si l'on pouvait remplacer les masures des campagnards pauvres par un ou plusieurs bâtiments carrés à plusieurs étages, l'agriculture gagnerait plus de terrain à fertiliser, les paysans habiteraient des chambres chaudes et sèches, tandis qu'actuellement ils ont des logements détestables; le froid, la pluie, le vent y pénètrent de toutes parts; ce qui n'y pénètre pas, c'est le soleil et l'air, souvent il n'y a que la porte qui leur en permette l'entrée. Aussi, comme ils Occupent presque tous le rez-de-chaussée, les maladies épidémiques et le froid humide, chaque année, prélèvent sur ces malheureux un large tribut.

Les cimetières intéressent à un haut point l'hygiène publique. Londe s'est constitué leur défenseur, il a eu beau jeu, en supposant que leurs adversaires s'appuient seulement sur ce qu'ils infectent l'atmosphère par les émanations cadavériques, qu'ils corrompent les eaux qui les traversent, et que quelquefois on y dépose des corps que la vie n'a pas complétement abandonnés. On concède avec facilité à M. Londe qu'il est possible que les cadavres se putréfiant en petit nombre et à une certaine distance les uns des autres ne vicient point l'air ambiant à un point tel qu'il en résulte des maladies épidémiques. On lui concède cela pour les cadavres de personnes mortes à la suite d'affections sporadiques; mais il n'est plus permis de le faire lorsqu'il s'agit des restes de celles qui ont été empoisonnées par les miasmes; car enfin on les ensevelit avec les corps, que peuvent-ils devenir lorsque ceux-ci entrent en décomposition? atomes éminemment volatils, ils s'en exhalent et se répandent derechef dans l'atmosphère, et n'est-ce pas là une cause de ces apparitions périodiques de la fièvre typhoïde, de la scarlatine, de la variole, etc.? On se souvient encore de l'histoire de ce cadavre qui donna la petite vérole à tout un comté, fait que nous avons cité dans les préliminaires. La question des cimetières devrait être sérieusement mise à l'étude, et je pense qu'une société se formant pour l'incinération des cadavres serait la bien-venue, car elle accomplirait un but humanitaire, non-seulement sous le rapport de l'hygiène publique, mais encore sous le rapport de la dignité de notre espèce. Il vaut mieux brûler et réduire les morts en cendres immédiatement que de les donner en pâture à des myriades d'insectes et de larves, plus hideux les uns que les autres, qui les

dévorent lentement pendant plusieurs années. Avouons que les cimetières sont de singuliers champs de repos pour les restes de tous ceux que nous avons connus, aimés et pour nous-mêmes. Rappelons-nous que la peste n'a commencé à exister et à se perpétuer en Égypte que du moment où l'on a cessé la pratique des embaumements. Ceux-ci ne peuvent plus se faire par les sels arséniés, de crainte qu'ils ne s'infiltrent à une certaine distance dans les cimetières et qu'ils ne donnent plus tard lieu à des accidents ou à des accusations malheureuses; ce règlement est des plus sages, mais puisque l'on prend un si grand soin pour 'maintenir l'intégrité des cimetières, pourquoi ne fait-on pas de même pour l'air, cet élément si précieux à notre existence et si essentiel à tout le monde. Unissons donc nos efforts pour détruire tout ce qui peut l'empoisonner et le corrompre, et prenons les précautions que la prudence nous dicte.

Ici je m'arrête, si ce travail peut en quoi que ce soit aider à l'allégement des maux de l'humanité je serai récompensé bien au delà de mes peines. C'est mon unique désir.

Néanmoins heureux encore si, pendant le court instant que le flambeau de la science met à passer des mains de notre génération, dans celles de la génération future, je suis parvenu à diriger un de ses rayons sur la question obscure des épidémies.

DE L'HÉMATOCÈLE PÉRI-UTÉRINE, par M. le docteur ALB. PUECH, ancien chirurgien chef interne à l'Hôtel-Dieu de Toulon, membre correspondant à Nimes. (Mémoire auquel la Société a décerné une médaille d'or au concours de 1859.)

En tout et partout j'ai recherché la vérité.

Il est peu de sujets qui aient aussi vivement excité l'intérêt que les tumeurs sanguines du petit bassin : M. Viguès qui en a tenté le premier l'exposé méthodique a eu des imitateurs et chaque année en voit le nombre s'accroître. C'est en un mot le sujet à la mode, le sujet à l'histoire duquel chacun s'est complu à participer.

Grâce à cette affluence de matériaux, grâce à ce concours de talents divers, la question a marché à grands pas et en quelques années la lumière s'est faite sur bien des points. Quelques lacunes restent encore; il faut les combler ou tout au moins dans la mesure de ses forces travailler à ce résultat.

Comme tout médecin désireux de s'instruire, cette singulière affection avait depuis quelque temps piqué ma curiosité lorsque les exigences de la pratique hospitalière me mirent à même de la rencontrer. A l'observation j'ai joint les recherches historiques : c'est en m'appuyant sur l'une et sur l'autre que j'ai abordé cette étude. Je n'apporte, il est vrai, rien de bien nouveau, rien qui n'ait été déjà publié, mais en réunissant ces documents épars dans les journaux, les livres et les thèses, en contrôlant les opinions contradictoires ayant cours, je crois encore faire une œuvre utile.

Jusqu'à Récamier on a fait du diagnostic posthume et dénommé l'accident d'après les lésions trouvées à l'autopsie; avec cet illustre médecin, la question entre dans une voie plus pratique, ces tumeurs sont traitées et décrites avec les tumeurs fluctuantes du petit bassin. Peu après, M. Velpeau les en distinguait et les désignait, d'après leurs caractères et leur contenu, sous le nom de kyste hématique. En 1850, M. Viguès les décrit sous le nom de tumeur sanguine du petit bassin, M. Nélaton sous celui d'hématocèle rétro-utérine auquel M. Nonat a préféré celui d'hématocèle péri-utérine. Quoique nous adoptions complétement cette dernière dénomination, nous ne voyons aucun inconvénient à nous servir de celles précitées.

Bien que le mot hématocèle emporte avec lui un sens précis, les définitions qu'on en a données pour le cas particulier, sont loin d'être irréprochables. Le désir de trop embrasser comme aussi l'insuffisance des premières recherches n'y ont pas peu contribué. D'une manière générale, on peut la définir « une tumeur sanguine développée dans l'excavation pelvienne au voisinage de l'utérus et plus philosophiquement une tumeur formée par du sang provenu de la lésion d'un ou de plusieurs annexes de l'utérus » ou bien encore un mode de terminaison des hémorrhagies du petit bassin. »

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Mon travail se divise naturellement en deux parties: la première comprend l'historique, la discussion des théories émises et finalement l'exposé des hémorrhagies du petit bassin, tandis que la seconde étudie les symptômes, les terminaisons, le diagnostic, le pronostic et le traitement des hématocèles périutérines.

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE Ier.

HISTORIQUE.

Suivant les uns, la connaissance de ces tumeurs singulières serait toute moderne; suivant les autres, elle remonterait jusqu'à Hippocrate. Quoique je professe un grand respect pour les recherches bibliographiques, je ne puis m'empêcher de remarquer que ceux qui s'y adonnent s'exagèrent en général la valeur de leur travail. Pour le cas particulier, les passages empruntés à Hippocrate (traduction de Littre, t. V, p. 181 et 205, et t. VIII, lib. 1, p. 21) sont susceptibles d'interprétations diverses et, sans nier absolument leur intérêt, on doit élever quelques doutes sur la nature de tumeurs dont le siège est loin d'être nettement précisé. Est-ce à dire que la maladie soit nouvelle, telle n'est point ma pensée; elle a pu exister de tout temps, mais elle n'a été étudiée que depuis peu. Qu'on y réfléchisse bien, l'anatomie pathologique à cette époque n'existait pas et c'est en grande partie sur les données qu'elle a fournies qu'a été édifiée l'histoire de l'affection qui nous occupe. Je ne m'attacherai donc pas à relever dans les auteurs anciens les passages qui pourraient présenter quelques points de

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