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III. BIBLIOGRAPHIE.

De L'avortement mÉDICAL, par le docteur TIRIFAHY. Bruxelles, 1860. In-8°.

Le 27 juin dernier, M. le docteur Tirifahy a défendu publiquement par-devant la faculté de médecine de Bruxelles, une thèse ayant pour objet l'avortement médicul. Voici le résumé succinct de ce travail:

Chapitre premier. Définition et division. - L'avortement est l'expulsion du fœtus à une époque de la grossesse où il n'est pas encore viable. Cette expulsion est spontanée, accidentelle ou provoquée. Celle-ci est criminelle ou médicale, et cette dernière est préventive ou curative, selon qu'elle a pour but d'éviter à la femme un danger éloigné ou actuel, dépendant de l'état de gestation.

CHAP. II. Conditions indispensables. Pour que l'avortement médical préventif ou curatif puisse se pratiquer, il faut : 1o le consentement spontané de la femme éclairée sur sa position, sur les moyens que l'art possède pour la délivrer et sur les résultats que ces moyens ont donnés à la science; 2o la présence et l'assentiment de plusieurs médecins instruits et consciencieux; 5o l'emploi de moyens qui rapprochent le plus possible le travail artificiel du travail naturel et qui, selon les cas, seront appropriés aux circonstances. L'absence de ces conditions constitue une contre-indication à l'avortement médical, de même qu'une tuberculose pulmonaire confirmée, un encéphaloïde ou un squirrhe de la matrice ou d'un autre organe, ou toute maladie indépendante de la grossesse et devant amener dans un avenir plus ou moins rapproché la mort de la mère. CHAP. III. Indications. Les vices de conformation, les tumeurs incompressibles, irréductibles ou inopérables du bassin ne laissant à la filière pelvienne qu'une étendue de Om,065mm. au plus pour le plus petit diamètre, constituent les indications de l'avortement médical préventif, qui se pratique dès que la grossesse est certaine. L'enclavement et les déplacements irréductibles de la matrice dans le petit bassin et les maladies inhérentes à la grossesse

sion qui a été très-heureusement substituée dans ces derniers temps, par le docteur Bulckens, médecin en chef actuel de la soi-disant colonie d'aLienes de Gheel, à l'expression si diversement interprétée de système des colonies d'alienės,

qui compromettent sérieusement les jours de la mère, comme les vomissements incoercibles, l'éclampsie rebelle, les métrorrhagies opiniâtres, l'hydramnios excessive, l'asthme intense, les syncopes répétées et prolongées, et d'autres états nerveux graves, sont des indications de l'avortement médical curatif qui se fait lorsqu'on n'a plus d'espoir de sauver la mère que par cette opération. Le choléra n'est pas une indication suffisante, comme tendrait à le prouver cependant une observation de M. Devilliers fils.

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CHAP. IV. Autorités scientifiques. — En Angleterre l'avortement médical, conseillé en 1768 par W. Cooper à J. Hunter, est aujourd'hui accepté et pratiqué par presque tous les accoucheurs. En France, Fodéré (1815), Marc (1824), MM. Velpeau (1829), Moreau (1858), Cazeaux'(1840), Dubois (1845), Stoltz, Jacquemier, Danyau, Chailly, etc., etc., le conseillèrent ou le pratiquèrent. L'Académie de médecine de Paris, où cette question fut discutée en 1852, n'émit aucun vote, par le motif que son approbation ou son blame ne lierait la conscience d'aucun accoucheur. Presque tous les orateurs ont parlé en faveur de l'avortement médical. En Allemagne, Nægele conclut à l'opportunité de cette pratique dans un ouvrage qu'il publia en 1826 sur la matière. En Italie, M. Raffaele tirait la même conclusion dans un discours qu'il prononça à Milan, 1844. En Belgique, M. Van Huevel (1842), Simonart (1845), M. le professeur Thiry (Presse médicale belge, 1852), MM. Vleminckx et Didot (Bulletin de l'Académie, 1852), se déclarèrent les chauds partisans de l'avortement médical. Le vote émis par l'Académie de Bruxelles en 1852, sur une proposition de M. Sauveur, reconnaît à l'accoucheur la faculté de pratiquer cette opération.

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CHAP. V. Utilité pratique. Quand le plus petit diamètre du bassin mesure moins de 0,065mm., l'avortement médical, l'opération césarienne, l'embryotomie dans certains cas, l'abandon à la nature, voilà ce que l'accoucheur peut offrir

accompagné des phrases explicatives, plus ou moins appropriées, telles que l'air libre, la vie de famille, etc. (Voir plus loin rubrique VARIÉTÉS.)

(Note de l'auteur.)

à la femme pour la délivrer. L'avortement médical est le moyen dont les résultats sont les plus heureux. Cette proposition est démontrée à l'évidence par les raisonnements et les statistiques de l'auteur. Les objections des partisans de l'hystérotomie, savoir que l'opération césarienne n'est pas toujours faite dans de bonnes conditions quand elle ne réussit pas; que l'on n'a pas tenu compte des succès qu'elle donne à la campagne; que si l'on assainissait les hôpitaux, si l'on opérait hors des villes, on aurait peu de revers; qu'il ne faut pas s'arrêter au refus que la mère oppose à un moment éloigné du terme de la gestation, de se laisser ouvrir le ventre; qu'il faut lui persuader que l'utérotomie est le seul moyen de la sauver, toutes ces objections sont combattues et réfutées avec clarté et sans réplique.

L'expectation dans les cas d'enclavement ou de déplacement irréductible de l'utérus, dans les vomissements incoercibles, etc., laissent périr deux êtres. Il est plus facile de délivrer artificiellement la femme que de la laisser devenir le tombeau de son enfant. Cette proposition relative à l'utilité de l'avortement médical curatif est démontrée par des faits, des raisonnements propres à l'auteur et par l'opinion de praticiens éminents et compétents dans ces sortes de cas. D'ailleurs, l'accoucheur ne fait souvent qu'imiter la nature dans ces circonstances et l'enfant, s'il n'est pas mort, n'a presque pas ou n'a pas du tout chance de vivre.

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CHAP. VI. L'avortement médical et la morale. L'article 547 du Code péna! condamne aux travaux forcés les praticiens qui font avorter une femme. Mais cet article n'est pas applicable aux accoucheurs provoquant l'avortement médical. Cela résulte des considérations que l'auteur fait sur l'intention de l'accoucheur; sur les motifs qui ont fait produire l'article 317; sur le silence gardé pendant la discussion de cet article à l'égard de l'avortement médical; sur la loi civile qui autorise et consacre toute espèce de mariages; sur l'analogie de position des accoucheurs et des chirurgiens vis-à-vis de la loi ; sur l'identité de faits restés impunis; sur la manière de procéder de l'homme de l'art ; sur la justice humaine qui s'est abstenue de toute poursuite jusqu'à nos jours; sur l'article 328 du Code pénal qui donne à la femme et au praticien le bénéfice de la légitime défense; sur l'article 64 du même Code qui juge la femme dans un cas de force majeure; sur le parallèle des droits de la mère et du fœtus, et enfin, sur le dé

faut de toute disposition légale directe et positive contre l'avortement médical.

Les objections que l'on pourrait soulever relativement à ces points divers, savoir que l'intention ne justifie pas les crimes; qu'il n'y a pas d'analogie de position vis-àvis de la loi entre l'accoucheur placé en face de l'article 317 et le chirurgien mis en présence des articles 309, 311, 516, 319 du Code pénal; que l'argument tiré de l'identité de l'avortement médical avec d'autres faits cités, n'est pas juste ; que le fœtus n'est pas actif dans la parturition et qu'il n'est pas prouvé qu'il prend plutôt qu'il reçoit les éléments qui le font croître et vivre dans le sein de sa mère; que la femme a pris l'engagement de nourrir son fruit quoi qu'il advienne; que par l'avortement médical elle produit la ruine d'un être dont elle est l'auteur et la cause, toutes ces objections sont réfutées d'une manière nette et péremptoire, au fur et à mesure qu'elles se présentent.

CHAP. VII. L'avortement médical et la société. La conservation de la mère est plus précieuse pour la société que l'acquisition problématique du fœtus qui est à peine conçu.

CHAP. VIII. L'avortement médical et la famille. L'avortement médical est le seul moyen de délivrance qu'un père, qu'un mari, etc., permettront dans les cas précisés par l'auteur. L'accoucheur, traduit à la barre du tribunal domestique du fait de l'avortement médical, y serait félicité et acclamé.

CHAP. IX. L'avortement médical et la morale. L'accoucheur a l'intention de faire le plus de bien possible par l'avortement médical. Il obéit donc aux lois de la morale subjective. Au point de vue de la morale objective, il se trouve en face de deux devoirs simultanés et incompatibles. Il doit suivre la loi de la subordination des devoirs. Le refus de la mère de se soumettre à l'opération césarienne, ou bien des maladies inhérentes à la grossesse, et mortelles pour la femme, placent le praticien entre deux devoirs: sauver la mère en sacrifiant le fœtus, ou bien respecter la vie de celui-ci, voué dans tous les cas à une mort certaine et déterminant la ruine de sa mère. En sacrifiant le fœtus, l'accoucheur remplit le plus grand devoir; placé entre deux maux, il choisit le moindre; le mal étant nécessaire, il en fait une vertu ; il fait à autrui ce qu'il voudrait qu'il lui fut fait en pareille circonstance. Prétendre qu'il ne peut faire le mal ici pour qu'il eu résulte un bien, c'est oublier qu'il n'a pas la liberté du choix, puisque la mère ne lui

un.

laisse que l'avortement médical à pratiquer; c'est prétendre qu'en morale on peut omettre un bien pour qu'il en résulte deux maux par la mort de la femme et de son fruit, ou qu'il est plus moral de laisser périr deux êtres que d'en sauver D'ailleurs, les adversaires de l'avortement médical veulent de leur côté le mal de l'opération césarienne ou de l'expectation pour avoir le bien de la naissance hypothétique de l'enfant. La conscience universelle estime que le fœticide est moralement permis dans les cas que l'auteur a examinés.

CHAP. X. L'avortement médical et la religion catholique. La religion catholique s'appuyant sur les deux textes: Non occides: Non facienda mala, ut eveniant bona, défend le fœticide en général ; M. Tirifahy démontre que les textes ne sont pas applicables ici. Cette démonstration est appuyée de textes sacrés; d'opinions de théologiens; de faits et de raisonnements qui prouvent en faveur de l'opinion qu'il défend.

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CHAP. XI. Manuel opératoire. vortement médical peut s'obtenir au moyen d'abortifs généraux ou locaux. La térébenthine, l'ergot de seigle, le borax, le castoreum, la sabine, la rue, le safran, la cannelle, l'absinthe, les cantharides, les purgatifs drastiques et en particulier l'aloès, les bains généraux, les bains de siége, les pédiluves,la saignée génerale, la saignée du pied surtout et les sangsues au voisinage de la vulve, la succion des mamelles et les substances toxiques sont rangés parmi les abortifs généraux. M. Tirifahy en blâme l'emploi. Ils sont ou insuffisants ou dangereux. Le seigle ergoté seul sera mis en usage à titre d'adjuvant des abortifs locaux. Parmi ceux-ci l'auteur examine l'électricité qui n'a pas encore produit de résultats, mais à laquelle l'avenir réserve probablement des succès; les

frictions hypogastriques seules ou aidées de la titillation du col, qui sont inefficaces si elles sont modérées et qui peuvent être funestes à la mère si on les pousse au delà de certaines limites; le tamponnement du vagin, recommandable dans les avortements pratiqués pour cause de métrorrhagies; les douches utéro-vaginales; le dégagement d'acide carbonique sur le col, moyen qui n'a pas encore été consacré par de nombreux essais; la dilatation progressive du col; le décollement des membranes au moyen de la sonde, de l'injection d'eau de goudron ou d'eau tiède simple, procédé simple et facile et, enfin, la ponction de l'œuf, à sa partie supérieure surtout, dans les cas d'hydramnios excessive.

CHAP. XII. Observations. L'auteur termine son travail par l'exposé de huit observations d'avortement médical pratiqué avec succès. Dans la première observation l'opération eut lieu au sixième mois pour un rétrécissement mesurant 2 pouces 4 lignes. Dans la seconde, elle se fit au sixième mois pour un rétrécissement mesurant 1 pouce 8 lignes. Dans la troisième, elle fut pratiquée à 4 1/2 mois, pour un rétrécissement mesurant 2 pouces 4 lignes. La quatrième concerne une femme enceinte de quelques mois, qu'on fit avorter pour cause de vomissements incoercibles, qui avaient amené le marasme. La cinquième se rapporte à une femme éclamptique, arrivée au septième mois de la gestation. La sixième et la huitième ont trait à des femmes chez lesquelles des métrorrhagies fréquentes avaient amené des dangers de mort. La septième a rapport à une femme enceinte de six à sept mois, infiltrée et atteinte d'hydropisie excessive de l'ammios.

Tel est l'abrégé sommaire du travail qui a valu à M. Tirifahy le titre de docteur agrégé de l'université de Bruxelles. Dr X.

IV. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Bulletin de la séance du 2 juillet. Président : M. DIEUDONNÉ. Secrétaire: M. VAN DEN CORPUT. Sont présents: MM. Leroy, L. Martin, Dieudonné, Parigot, Henriette, Janssens, Thiry, Gripekoven, et Van den Corput.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé.

La correspondance comprend une lettre de M. T. Loncke, pharmacien à Ypres, qui adresse à la Compagnie trois travaux manuscrits portant pour titre : 1o Pharmacologie et physiologie végétale. Quelques mots sur les extraits. 2o L'Analyse et la synthèse. Tableau naturel de la chimie. 3o Le public, les médecins et les pharmaciens

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1. Falsifications et autres défectuosités des principales substances médicamenteuses et alimentaires, par Norbert Gille. Bruxelles, 1860, 1 vol. in-12.

2. Rendiconto delle cure ed operazioni chirurgico-ostetriche eseguite del Dottor Luigi Felici. Fano, 1858. In-8.

3. Notice historique et généalogique sur la très-ancienne noble maison de Le Bi

dart de Thumaide, par N. J. Vander Heyden. Anvers, 1860. In-8°.

4 à 44. Divers journaux de médecine et recueils scientifiques périodiques.

Le premier objet à l'ordre du jour est ·la présentation du compte-rendu des travaux de la Société depuis le 1er juillet 1859 jusqu'au 1er juillet 1860. M. Van den Corput, secrétaire, expose dans les termes suivants la situation de la Société :

MESSIEURS,

Trente-huit années sont aujourd'hui accomplies depuis l'époque où quelques hommes d'élite, parmi lesquels nous comptons notre illustre président honoraire, instituèrent une Association médicale ayant pour objet le progrès des différentes branches de l'art de guérir et la recherche de la vérité scientifique.

· Fondée à une époque où il n'existait guère dans le pays d'institution analogue, la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, qui est actuellement l'une des plus anciennes corporations savantes de la Belgique, n'avait alors d'autres ressources qu'une ferme confiance dans le présent de larges espérances dans l'avenir.

D'immenses difficultés se présentaient à vaincre pour rendre cette conception via ble et pour la conduire aux fins qu'elle s'était proposées. Ces difficultés ont été aujourd'hui heureusement franchies et le but généreux de l'institution est, nous avons hâte de le proclamer, pleinement atteint.

Notre Société, tout en se sentant forte encore du présent et riche d'avenir, a droit surtout d'être fière de son passé. Ses succès se sont multipliés au delà de ses espérances et avec le nombre des années se sont accrus ses titres à la reconnaissance du monde médical. Depuis la fondation du remarquable Journal qui, sous la direction habile de son rédacteur principal, constitue l'une de ses plus solides colonnes, notre Compagnie voit chaque jour grandir le

crédit dont elle jouit à l'étranger et se fortifier les sympathies qu'elle s'est acquises dans le pays. Aussi, en présence des résultats obtenus, nous pouvons hautement le proclamer, aucune société n'a rendu ni ne rend de plus signalés services aux sciences médicales en Belgique.

Et cependant, comme toute institution humaine, comme toutes celles surtout qui teurs, elle a connu des jours de guerres prospèrent, la nôtre aussi a eu ses détracsourdes qu'elle a dù traverser. Quelques individualités se sont rencontrées qui ont tenté de s'attaquer tantôt à l'institution elle-même, tantôt à ses membres; mais ainsi qu'il arrive quand d'injustes rancunes se prennent à une œuvre véritablement bonne, ces vaines attaques n'ont fait que démontrer la puissance vitale de notre Société et, en aboutissant à une salutaire émulation, elles ont fourni la consécration la plus évidente à sa force.

Grâce aux sages principes dont elle s'est fait une règle invariable, les questions de personnes, ces tristes enfantements de la vanité, n'ont jamais troublé ses discussions, et, sans se préoccuper d'autres pensées que des idées utiles au plus grand nombre, notre Société marche aujourd'hui, libre d'allures et forte de sa dignité, dans la voie du progrès.

C'est pourquoi, Messieurs, chaque compte-rendu annuel que les fonctions de Secrétaire me fournissent l'heureux privilége de vous exposer me donne aussi la satisfaction d'enregistrer de nouveaux titres acquis par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles à l'estime des praticiens sérieux, et si de longs et loyaux services, si les succès du passé sont pour elle les plus sûrs garants de l'avenir, la Compagnie tiendra à honneur, nous osons l'affirmer, de fortifier et d'augmenter encore ces titres si précieux en redoublant de zèle et d'activité dans l'avenir.

Mais ce qui par-dessus tout assure la constance de ses succès, c'est que libre de préoccupations personnelles, exempte d'esprit de coterie, et conservant intacte cette vertu plus rare encore que les vertus du monde, la probité scientifique, elle ne sacrifie ni aux faux dieux des doctrines absolucs, ni aux appâts de l'intérêt d'état. Elle sait que doctrines et systèmes passent avec les hommes et que, comme eux, disparaissent ces pompeux échafaudages sur lesquels cherchent à se hisser des personnalités ambitieuses ou qu'exploite, au détriment du crédule vulgaire, l'avidité intéressée de quelques habiles.

Acceptant toutes les opinions, sans en

condamner ni patronner aucune d'une manière exclusive, provoquant les investigations fécondes de la science moderne sans rejeter les enseignements du passé, elle pense que le plus sûr moyen d'arriver à la vérité est de soumettre avec calme toutes les idées qui se produisent au creuset de l'examen rationnel et de rapporter toutes les théories au criterium de l'expérience. L'impartialité dont notre compagnie s'est fait une loi sévère, la critique raisonnée et loyale, et par cela même quelquefois un peu dure qu'elle a adoptée, sont pour elle les meilleures garanties de sa force et les plus sûrs garanţs de son autorité. Placée également au-dessus de ces hostilités vulgaires qu'entretiennent de mesquines rivalités, et de ces amitiés outrées qu'engendre un servilisme intéressé, elle estime que la meilleure manière de rehausser la considération médicale, est de ne point l'abaisser à de misérables querelles d'amour-propre ou à de ténébreux expédients de métier.

C'est depuis qu'elle montre en exemple ces préceptes si simples, mais pourtant si rares de droiture médicale et de loyauté, qu'elle a accompli les utiles travaux qui assurent sa gloire. C'est en persévérant dans la même voie ; c'est en se maintenant toujours dans les sphères salubres et pures de la science, qu'elle prétend atteindre au but élevé qu'elle s'est assigné. Voilà pour quoi aussi nous avons à nous féliciter du nombre de travaux chaque année plus considérables qui nous sont envoyés de tous les points de l'Europe où les sciences médicales sont en honneur; - voilà pour quoi également chaque jour voit s'étendre le cercle déjà si vaste de nos relations scientifiques.

Messieurs, l'année qui vient de s'écouler a été, plus encore que les précédentes, féconde en travaux remarquables et d'un haut intérêt; plusieurs mémoires importants dont l'examen a été confié à des commissions spéciales, nous ont été envoyés déjà en réponse aux questions proposées pour le prochain concours, et tout nous fait espérer pour 1860 des succès aussi brillants que ceux auxquels nous avons applaudi l'année dernière.

La Société a reçu un nombre considérable d'ouvrages dus à la plume souvent érudite de médecins indigènes ou étrangers, et les mémoires manuscrits qui lui sont parvenus ont dépassé de beaucoup l'appoint des autres années.

Plusieurs de nos membres aussi, comprenant que plus s'accroit l'importance de la Compagnie, plus devient sérieuse la res

ponsabilité qui leur incombe, ont, dans les rapports dont ils avaient été chargés, élucidé d'une manière remarquable plus d'un point de médecine important. Par les discussions pleines d'intérêt auxquelles ces travaux ont donné lieu, ils ont imprimé un attrait de haute utilité pratique aux comptes-rendus de nos séances, qui, par la publicité qu'ils reçoivent, concourent puissamment au développement des études médicales. C'est pourquoi nous éprouvons le besoin de payer ici un juste tribu d'éloges au talent et au zèle de nos honorables collègues MM. Ricken, Pigeolet, Crocq, Thiry, Parigot et surtout à notre honorable Président et rédacteur principal, qui, par des traductions importantes comme par sa sollicitude dévouée, a su élever si haut l'attrait de nos publications. Nous ne pourrions non plus, sans la plus impardonnable ingratitude, omettre de rendre un public hommage au Zèle infatigable de M. Putegnat, membre honoraire à Lunéville, dont l'activité prodigieuse ne néglige de nous signaler, au milieu des préoccupations d'une nombreuse clientèle, aucun des faits qui peuvent concourir à l'intérêt de nos publications. Enfin, par ses brillantes analyses bibliographiques, écrites avec une verve énergique et originale, notre collègue M. Bougard s'est depuis longtemps acquis des droits non moins légitimes à nos éloges, aussi bien qu'à la reconnaissance des écrivains dont il a mis en lumière les travaux.

La valeur de plusieurs des communications qui ont été reçues, plus encore que leur nombre, a fait plus d'une fois regretter au comité rédacteur que les ressources limitées dont dispose la Société, ne lui aient point permis de donner, en les publiant en entier, une extension plus vaste encore à l'important Journal de médecine qu'elle publie.

Néanmoins nous constatons avec bonheur les succès toujours croissants de cette publication que la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles peut, à l'heure qu'il est, citer comme l'une des plus importantes de l'Europe. Aussi voit-elle s'accroitre dans une progression remarquable le nombre de ses lecteurs, tant dans notre pays qu'en Allemagne, en Hollande et surtout en France; et telle est l'importance de nos relations scientifiques, que la somme annuelle versée dans les caisses de l'État en frais de poste, pour les seuls affranchissements de nos journaux et de nos correspondances, s'élève actuellement à près de quinze cents francs.

C'est donc un acte de justice que la haute

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