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tité d'iode représente 0 gr.,465 ou 93/100 d'iodure de potassium réel, si l'on opère sur 0 gr., 5 d'iodure de potassium du com

merce.

Ce procédé est d'une exécution facile et donne de bons résultats ; mais il n'est pas exempt de reproches.

On sait que la dissolution d'acide sulfureux et la teinture d'iode s'altèrent facilement; il faut donc titrer chaque fois la solution d'acide sulfureux, renouveler souvent la teinture d'iode et la conserver à l'abri de la lumière. Ces inconvénients ont déjà été signalés par Dupasquier et par M. Bunsen; pour y remédier on devra consulter les mémoires de ces chimistes ou les traités spéciaux sur l'analyse volumétrique.

(Journ. de pharm. et de chimie, juin 1860.)

DE LA BENZINE ET DE L'ANILINE, par M. PARISEL. — La benzine, l'aniline et leurs dérivés prennent une telle importance dans l'industrie, que je crois utile de reproduire ici la fin d'un article très-intéressant, que M. Parisel a publié dans le Moniteur des sciences médicales et pharmaceu tiques.

C'est de

Préparation de la benzine. l'huile légère de houille qu'on retire la benzine dans les meilleures conditions d'abondance et d'économie. On l'agite avec 10 pour 100 d'acide sulfurique à 60 degrés, et après une heure de contact, l'acide est saturé par la soude. On la décante en laissant très-peu de dépôt. L'huile est distillée dans un alambic de cuivre. Les produits de la complication sont complexes; ils se fractionnent, suivant la température, de la manière suivante: entre

80 et 85 degrés benzine pure;
85 et 115
toluène:

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Au delà, on obtient divers alcalis huileux (picoline, aniline, leukol). A la fin se trouvent de la naphtaline, du chrysème et de l'anthracène.

La benzine du commerce est très-impure; elle contient une forte proportion des homologues supérieurs de cet hydrocarbure. Pour l'en extraire à l'état de pureté chimique, il faut la rectifier au bainmarie.

Propriétés physiques. C'est une essence incolore limpide, très-mobile, odeur subtile et franche, saveur brûlante mais non corrosive. Sa densité est de 0,85 à 15 degrés.

Propriétés chimiques.-Par un froid vif, elle cristallise en feuilles de fougère. Ces cristaux fondent à 5 degrés. Elle bout à 80 degrés et se distille sans altération.

Quoique peu soluble dans l'eau, elle lui communique notamment son odeur. L'alcool, l'éther et les huiles la dissolvent en toutes proportions.

Une partie de benzine et deux parties d'alcool composent pour certaines lampes un mélange éclairant. Seule, la benzine brûle facilement, mais avec une flamme fuligineuse.

Le gaz de l'éclairage traversant la benzine acquiert une clarté beaucoup plus vive.

L'air atmosphérique, chassé par un gazomètre et barbotant dans cette essence, donne des becs éclairants. Cette propriété commence à être exploitée.

La benzine dissout le soufre, le phosphore, l'iode, le camphre, la cire, le caoutchouc, le gutta-percha.

sine copal, la résine animée, y sont parLa gomme laque, la gomme-gutte, la ré

faitement dissoutes.

Les combinaisons de la benzine sont dans notre plan, exclusivement pratique, nombreuses et intéressantes. Il n'entre pas de les suivre toutes; nous ne mentionnerons que celles qui ont été créées des corps employés, tels que la nitro-benzine et l'aniline, ou qui touchent aux limites de nouvelles applications.

Dans les dérivés chlorés, nous citerons le chlorure de benzine, qui naît de l'exposition au soleil d'un flacon contenant de la benzine et du chlore gazeux. Les parois du flacon se trouvent bientôt tapissées de cristaux transparents, friables, et d'une blancheur parfaite, si le chlore ne se trouve pas en excès. Au moyen de l'eau, qui ne les dissout pas, il est facile de les détacher; on les obtient purs en les faisant cristalliser dans l'alcool un peu chauffé.

Cette espèce d'éther pourrait être essayée comme antispasmodique, à la manière de l'éther chlorhydrique chloré, qui a joui de quelque réputation pendant un certain temps.

La benzine a popularisé son nom comme détersif et fait une heureuse concurrence à

l'essence de térébenthine.

NITRO-BENZINE. Les dérivés nitriques sont nombreux. Le seul qui soit employé est la nitro-benzine, plus connue sous le nom fantaisiste, d'essence de Myrbane. La nitro-benzine doit son succès à son odeur franche et prononcée d'essence d'amandes amères. La parfumerie en fait une grande

consommation (1). En pharmacie, elle aromatise quelques pommades.

Sa composition est de C2H1o (2 AzOʻ). Elle s'obtient en introduisant dans un vase distillatoire, contenant de l'acide nitrique fumant, de la benzine en petite quantité; un feu modéré aide la réaction, qui d'abord est très-vive et très-rutilante. Dès que l'acide nitrique refuse d'en dissoudre, ce qu'on connaît à la cessation des vapeurs et de l'effervescence, on laisse refroidir. Par le refroidissement, la nitrobenzine se sépare à l'état huileux. On la lave à l'eau et au carbonate de soude, et par une ou deux distillations, on l'obtient à l'état de pureté (2).

C'est un liquide légèrement jaune, se colorant à l'air, d'une odeur forte d'essence d'amandes amères, saveur âcre; densité 1,080 à 15 degrés.

Refroidie à 3 degrés, la nitro-benzine cristallise en cristaux aiguillés; elle bout à 213. Presque insoluble dans l'eau, elle lui communique fortement son odeur caractéristique. L'alcool, l'éther et les huiles s'y dissolvent largement.

est calmée, on recohobe, pour distiller à siccité. L'aniline dans le récipient est mêlée d'une certaine quantité d'eau. On les sépare par l'éther qui dissout l'aniline et surnage; on la décante, et on la laisse séjourner sur du chlorure de calcium pendant quelque temps. On l'obtient définitivement pure par une seule rectification.

Le caput mortuum retient encore une assez forte proportion d'aniline. On la reprend par l'eau acidulée, puis on évapore la solution à siccité; on décompose le résidu par la chaux dans une cornue de grès. Enfin, on la rectifie avec celle qui provient de la première opération.

Propriétés physiques.-Liquide, incolore, très-réfrangible, odeur forte et aromatique, saveur âcre et brûlante; densité 1,028.*;

Propriétés chimiques.-Peu soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et l'éther. A l'air, elle jaunit et se ramifie : incongelable, elle se distille à 200 degrés environ. Elle coagule l'albumine.

Cet alcali précipite les sels métalliques; il se colore en bleu violacé au contact de la solution des hypochlorites, de l'acide

Son action sur l'économie animale est sulfurique et du chromate de potasse. L'atrès-vive; on la croit vénéneuse.

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4o Nitro-benzine traitée par l'hydrogène naissant (Hoffmann.) Préparation. Plusieurs procédés ont été indiqués. Celui de M. Béchamp (1854) donne les plus beaux résultats. 500 gram. de nitro-benzine du commerce, 500 d'acide acétique faible et un kilo de limaille de fer sont mêlés dans une cornue de verre, munie d'un récipient froid. Au bout de quelques minutes, il se manifeste une vive effervescence suivie d'une condensation assez abondante. Lorsque l'effervescence

(1) Le prix commercial de la benzine est de 2 fr.,50 c., et celui de la nitro-benzine de 12 fr. le litre.

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cide chromique, suivant concentration, donne des précipités vert, bleu ou noir; l'acide nitrique le transforme en acide picrique; l'iode, le brome, le chlore le décomposent en créant des corps nouveaux.

Son action sur l'économie animale est énergique. Une dose de 50 centigrammes, administrée à un lapin excite des spasmes violents, suivis d'une paralysie complète avec dilatation de la pupille ; au contraire, si elle est appliquée directement sur l'œil, elle en détermine la contraction.

C'est en teinture et comme matière colorante bleue que l'aniline a pris une large et intéressante application. Des fabriques spéciales de ce produit ont été créées en France, en Angleterre et en Allemagne. Les teinturiers lyonnais l'emploient avec un succès croissant. Les violets les plus beaux, suivant M. Bolley (de Zurich), s'obtiennent du traitement de la nitro-benzine avec la limaille de fer et l'acide acétique. Comme agent de réaction, on emploie souvent l'acide chromique à la place du chlorure de chaux. M. Perkins prépare son bain colorant en dissolvant le sulfate d'aniline dans l'eau; il sature ensuite l'acide sulfurique par le bichromate de potasse. Au bout de vingt-quatre heures, le précipité brun, lavé avec l'essence de goudron de houille, est dissous dans l'esprit de bois.

(2) Le résidu, dissous dans l'alcool, donne l'essence d'ananas ou de fraises du commerce.

Cette solution, à laquelle on ajoute un peu d'acide tartrique, constitue le bain de teinture.

L'aniline est considérée comme une couleur substantive, c'est-à-dire qu'elle adhère à la fibre, sans l'intermédiaire d'un mordant. Elle l'emporte sur l'orseille si fugace, par la fixité de ses nuances. Quoique chère, elle foisonne avec une telle abondance, qu'elle est plus économique que ses analogues. Du lilas tendre au violet foncé, sa gamme de nuances est nettement accentuée. Sous l'influence de quelques sels, elle passe au rouge et parcourt toutes ces dégradations. De là sont nées la fuchsine, l'asaleine et l'harmaline.

La fuchsine est une couleur rose trèsagréable que M. Renard, teinturier à Lyon, prépare avec l'aniline modifiée par un bichlorure métallique en ébullition. Son nom est tiré de la fleur fuchsia. L'hermaline, de M. Kay, se prépare avec l'acide sulfurique faible et le peroxyde de manganite.

L'asaleine, de M. Gerber, est le résultat de la réaction du binitrate de mercure sur l'aniline.

La pourpre française, appelée par son inventeur, M. Guiner, à détrôner le carmin de safranum, si cher et si employé pour les couleurs tendres, appartient à la même origine.

L'industrie tinctoriale est en fermentation. Les plus ardentes tentatives donnent l'assaut à la question de l'aniline. Dans peu, aucune ne sera plus élucidée.

Le tableau suivant dù à MM. Laurent et Casthelaz (1), fera comprendre ce que la chimie a fait jusqu'ici avec la houille :

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fr. c.

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45

75

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10. Aniline violette pure

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et en poudre 3 à 4,000 prix de l'or. Ainsi donc, avec du charbon, porté à sa dixième puissance, nous avons l'or, en attendant que le diamant se fasse.

Ses huiles légères sont vivement recherchées dans le commerce. En Amérique, les huiles lourdes et légères, proto et deutocarbole, sont l'objet de nombreuses demandes de brevets. »

(Répertoire de pharmacie, juin 1860.) (1) Voir le travail de MM. Laurent et Casthe laz, dans notre Cahier de juin.

Sur l'alcaloïde DU COCA (2), par M. NIEMANN. Guidé par les propriétés si caractéristiques du coca (Erythroxylon coca), ce narcotique si fort en faveur chez les aborigènes de l'Amérique méridionale, M. Woehler a soupçonné que le principe actif de ce produit devait être dù à un alcaloïde. Ce soupçon a été confirmé par M. Niemann, son préparateur, qui a réussi à isoler une base organique qu'il appelle cocaïne.

Cet alcaloïde cristallise en petits prismes incolores. Peu soluble dans l'eau, il se dissout assez bien dans l'alcool et abondamment dans l'éther. Sa réaction est fortement alcaline. Appliqué sur la langue, il développe un goût amer et communique une insensibilité passagère à la partie qui a été touchée par elle.

Fusible à 98o, la cocaïne se prend en cristaux par le refroidissement. A une température plus élevée, elle se décompose en abandonnant des produits ammoniacaux. Sur la lame de platine, elle brûle sans résidu.

Ses sels cristallisent difficilement. Le chlorhydrate cristallise le mieux et le plus vite; le chlorure d'or forme avec lui des lamelles cristallines, lesquelles chauffées, donnent lieu à une abondance d'acide benzoïque. La cocaïne d'ailleurs, n'agit pas sur la pupille; par ce caractère et le précédent, elle se distingue nettement de l'atropine à laquelle elle ressemble sous tant d'autres rapports.

On la prépare de la manière suivante : on fait digérer les feuilles de coca dans de l'alcool absolu aiguisé d'acide sulfurique ; le liquide, d'un vert brun, est filtré puis traité par de la chaux délitée qui précipite de la chlorophylle et une matière circuse. On neutralise avec de l'acide sulfurique et on évapore au bain-maric. Le résidu traité par l'eau, laisse déposer le reste de la chlorophylle en contractant une couleur brune; il contient du sulfate de cocaïne que l'on précipite par du carbonate de soude; on traite par l'éther et on purifie par plusieurs cristallisations dans l'alcool.

(Archiv der Pharm. et Journal de pharmacie et de chimie, juin 1860.)

Hist. nat. médicale et pharm.

SUR LA GRAINE D'OWALA OU OPOCHALA DU GABON ET DE FERDINANDO-PO, et sur L'HUILE QU'ELLE CONTIENT, par J. ARNAUDON. Cette graine se trouvait parmi les produits envoyés par les colonies françaises à l'exposition universelle de 1855; elle y avait

(2) Voir, au Bulletin de la séance de la Société, un intéressant article sur le Coca.

été envoyée de Gabon (Afrique occidentale), par les soins de M. Aubry-le-Comte, actuellement directeur du musée colonial à Paris, et à l'obligeance duquel je dois l'échantillon qui fait l'objet de la présente note. Je n'ai pu avoir à Paris que des données vagues sur la nature du fruit et sur la plante qui fournit cette graine, laquelle était inconnue aux différents musées d'histoire naturelle; ce n'a été que dans ces derniers temps et grâce au concours de sir William Hooker, qu'il m'a été possible de l'examiner dans le jardin royal de botanique de Kew, près de Londres ; j'ai pu voir là le fruit tout entier qui est une gousse de plus de 5 décimètres de long sur 5 à 8 centimètres de large. Sa forme générale le fait ressembler à un grand haricot ; la surface externe est de couleur brune, rugueuse, les deux valves s'ouvrent assez facilement et laissent voir quatre ou cinq graines séparées par autant de compartiments; celles du milicu sont plus grandes et ont la forme ovale aplatie; celles qui

se trouvent aux extrémités sont moins grandes et plus anguleuses; la longueur de cette graine est à peu près le double de sa largeur, le poids de chacune varie entre 10 à 18 grammes, sa densité est plus grande que celle de l'eau ; elle est constituée de deux parties principales, une enveloppe et une amande.

L'enveloppe se rapproche par son aspect de celle du marron dont elle a presque la couleur et le brillant ; cependant à travers ce brillant il perce quelque chose de plus gras; elle est plus épaisse; sa structure, plus compacte, moins élastique, inégale, présente des sinuosités ou nervures qui, partant du sommet de l'angle plus aigu de la graine, là où était le point d'attache à la gousse qui la soutenait, se réunissent vers l'extrémité opposée. L'enveloppe s'applique assez fortement à l'amande, laquelle cependant peut se séparer nettement et montrer alors l'empreinte des nervures que l'on voyait sur le périsperme ou enveloppe extérieure. Cette amande est d'une couleur blanc verdâtre qui se fonce par son exposition à l'air, et est constituée par deux cotylédons s'appliquant très-étroitement l'un à l'autre ; l'embryon est petit et droit.

La moyenne de plusieurs pesées m'a donné le rapport de 4 à 6 entre le poids de l'enveloppe et le poids total de la graine,

savoir

Enveloppe 16,66

Amande 83,34

La quantité de cendre pour la graine entière est de 2,60 pour 100.

La quantité de cendre pour l'enveloppe est de 5,50 pour 100.

La quantité de cendre pour l'amande est de 2,50 pour 100.

Les cendres de l'enveloppe sont semifondues et plus riches en silice que celles de l'amande.

L'amande, bien qu'elle contienne beaucoup d'huile, la cède difficilement par pression.

Par un traitement à l'éther j'ai obtenu : pour 100 d'amandes.

Huile 62

veloppe.

57,47 pour 100 de graine avec son en

L'huile a été soumise à des lavages répétés à l'eau distillée; après dessiccation, sa proportion était réduite à

56 pour 100 d'amandes.

50,55 pour 100 de graine. L'huile d'owala (Gabon) ou d'opochala (Ferdinando-Po) est d'une couleur jaune clair; elle se brunit sensiblement lorsqu'elle a été purifiée; à la température de 11o, sa limpidité commence à diminuer ; à quelques degrés au-dessous, elle se trouble, s'épaissit et se prend à 0o en une masse pateuse; sa densité est à peu près égale à celle de l'huile d'olive; elle absorbe trèspeu l'oxygène; étendue en couche mince sur des surfaces de différentes natures et abandonnée pendant plusieurs jours à l'air, elle conservait encore sa fluidité ; cette propriété rapproche assez l'huile d'owala de l'huile de ben (Moringa aptera) et autres analogues, précieuses pour diminuer les frottements dans les mouvements d'horlogerie.

L'huile que j'ai obtenue est légèrement acre, mais cette acreté peut être attribuée à l'ancienneté des graines et aux avaries souffertes pendant le voyage. L'odeur est suffisamment prononcée, mais n'est pas désagréable et ressemble à celle de différentes légumineuses. Cette huile a une saveur assez agréable, et je pense qu'elle pourra un jour venir accroître la somme de nos huiles comestibles; à ce sujet j'ajouterai que déjà les Boulons ou Bushmen, tribu africaine du Sénégal, emploient cette huile à la préparation de leurs mets.

L'huile d'owala est à peu près insoluble dans l'alcool à froid, lequel lui enlève cependant une matière particulière, ainsi qu'une partie de son arome. Une des propriétés les plus remarquables de cette huile est celle de la coloration qu'elle développe sous l'influence de l'acide sulfuri

La quantité d'eau pour la graine entière que. Lorsqu'on délaye la farine de l'amande est de 5,50 pour 100.

ou son huile dans de l'acide sulfurique con

centré, la masse se colore d'abord en olive, puis en violet et finalement en beau rouge cramoisi; toutefois la couleur disparaît par l'addition d'une certaine quantité d'eau.'

L'apparition de ce phénomène de coloration m'engagea à rechercher les causes qui le produisent; à cet effet il m'a paru intéressant de rechercher d'abord dans quelle partie de la graine la propriété énoncée plus haut se présentait à son maximum d'intensité; dans ce but j'ai commencé par traiter une partie de l'amande par l'eau, j'en ai fait évaporer la solution à siccité au-dessous de 70 degrés, puis sur le résidu je versai de l'acide sul furique concentré, lequel ne me donna qu'une coloration brune sans trace de coloration rouge; d'où je conclus que la matière capable de produire la coloration rouge au contact de l'acide sulfurique, ne s'était pas dissoute dans l'eau. Une autre portion de l'amande a été traitée à chaud par l'alcool; l'extrait évaporé à siccité mêlé à de l'acide sulfurique donna lieu à la production d'une magnifique couleur rouge pourpre ; d'où la conséquence que la matière colorable était soluble dans l'alcool. D'autre part, l'extrait éthéré évaporé à siccité fournit un résidu huileux, lequel se colora par l'acide sulfurique concentré, non plus en rouge, mais en violet clair, et cette coloration était encore moins intense si on employait l'extrait éthéré après l'avoir lavé à l'eau et à l'alcool, d'où s'induit que la matière colorable extraite par l'éther se trouve dans des conditions diffé

(1) L'observation curieuse que je relate ici à propos de la graine d'owala est applicable à bien d'autres circonstances où une propriété donnée ne se dévoile plus par un réactif déterminé si au lieu d'agir sur l'ensemble de la substance, l'on opère sur l'une de ses parties constituantes dont aucune, examinée séparément, ne peat plus produire le phénomène qui servait à caractériser la substance, résultat qui peut induire le chimiste en erreur,en lui faisant croire à l'altération du principe immédiat que l'on croyait doué de la propriété caractéristique au plus haut degré le cas étant trop important pour qu'il ne fut pas prévu par l'illustre auteur des Considérations générales sur l'analyse organique, qui le signalait il y a plus de trente ans (*). Mon observation me conduisit à réfléchir sur la différence des résultats que l'on obtient en teignant les étoffes avec une matière colorante telle qu'elle existe à l'état naturel, comparativement à ce que l'on obtient avec le principe immediat auquel on attribue la propriété tinctoriale, par le seul fait que tous les autres principes qui s'y trouvent associés, examinés séparément, ne produisent pas de teinture avec des mordants et des étoffes. Cette meme considération peut encore s'appliquer à l'action que différentes matières exercent sur les eires organisés, soit qu'on les emploie comme substances alimentaires, ou qu'elles soient des

* Chevreul. Considerations generales sur l'analyse orque Paris, 1824.

rentes de celles où elle se trouve dans l'amande, ou bien que la coloration rouge cramoisi ne pouvait se développer que moyennant la présence d'une autre matière que l'éther n'avait pas dissoute, et qui devait conséquemment se trouver dans le résidu du traitement éthéré; c'est à cette dernière conclusion que je me suis arrêté d'après l'expérience suivante :

Après avoir épuisé par l'éther une certaine quantité d'amandes et séché le résidu indissous, je le repris par l'alcool à 84 centièm. bouillant. Je fis évaporer l'extrait alcoolique, lequel laissa un résidu de consistance visqueuse ayant l'aspect de la mélasse; il réduisait les sels de cuivre, et devenait brun par l'acide sulfurique; je mêlai un peu de ce sirop sucré à l'huile obtenue par l'éther (laquelle, comme j'ai déjà dit, seule ne prend qu'une légère nuance violâtre), et sur ce mélange je versai de l'acide sulfurique concentré; la masse ne tarda pas à se colorer en olive au cramoisi, comme celle que j'avais observée sur l'amande elle-même. Comine je m'étais aperçu que l'absence de la matière sirupeuse sucrée était la cause que l'extrait éthéré ne se colorait plus en rouge par l'acide sulfurique, je pensai à remplacer la matière sucrée qui existe naturellement dans la graine par du sucre ordinaire, et l'expérience vint confirmer la prévision, les mêmes phénomènes de coloration rouge cramoisi se montrèrent. Donc, la présence d'une matière sucrée est nécessaire à la production du phénomène (1).

tinées à un usage médical; dans tous ces cas il faut se garder d'ètre trop absolu, et d'assigner à un seul principe toute la vertu de la substance, à l'exclusion des autres principes que le produit naturel contient, lesquels souvent y concourent d'une manière réelle. Il est nécessaire de ne pas se limiter à examiner les propriétés de chaque principe séparé; il faut aussi étudier quelles sont les différences des propriétés spéciales de chacun d'eux, comparativement à celle que présente la matière complexe, et si par cet examen comparatif l'on trouve qu'un phénomène qui se montrait avec la matière complexe ne se produit plus avec ses différents principes séparés, alors on devra chercher à les associer deux à deux, trois à trois, et en différentes manières, jusqu'à ce que l'on retrouve la propriété que nous offrait la matière première avant d'avoir été scindée en ses composants. Je vais citer, à titre d'exemple, la teinture que j'ai obtenue avec la garance et la cochenille comparativement aux résultats obtenus avec l'alizar.ne et la carmine. L'expérience m'a démontre que la quantité de ces principes immédiats extraite d'une quantité déterminée de garance ou de cochenille, est loin de représenter la puissance tinctoriale de la matière complexe de laquelle ils dérivent.

Il est inutile d'insister sur ce que l'on observe d'analogue quant aux propriétés médicales de la quinine, de la morphine, etc., relativement à l'ecorce de quinquina, à l'opium, etc, d'où on les a extraites.

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