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tion, car l'artère était là sous la pointe de l'instrument, s'annonçant par sa teinte bleuâtre et entraînée par la tumeur avec laquelle elle avait des connexions intimes. M. Nélaton parvint néanmoins à isoler ce vaisseau sans le pincer; il en fut de même pour le nerf médian dont l'intégrité était non moins parfaite que celle de l'artère, et l'on ne constata comme incident opératoire que la division d'une petite artère musculaire ouverte à 3 à 4 millimètres du tronc principal. Mais ce fut là, comme on va le voir, une source d'embarras assez considérables et qui devait avoir des conséquences très-dignes de fixer l'attention.

Cette artère, en effet, donnait un jet de sang capillaire et continu qui, sans compromettre la vie du malade était de nature à empêcher la réunion de la plaie et à retarder la guérison. Fallait-il lier l'artère brachiale ou porter simplement une ligature sur le tronçon de l'artère ouverte, bien que cette ligature dût être placée au ras du tronc principal? M. Nélaton s'arréta à ce dernier parti, se fiant, pour en agir ainsi, sur le très-petit calibre du vaisseau. Il pensait que le coagulum le moins volumineux suffirait pour produire l'occlusion de l'artériole et arrêter l'hémorrhagie. Cette opinion était d'autant mieux fondée que dans un cas analogue chez un homme amputé de la cuisse, Gerdy avait lié une collatérale assez volumineuse trèsprès de la fémorale, et son malade avait guéri. M. Nélaton fit donc ce qu'avait fait Gerdy, mais là ne s'arrêta pas sa sollicitude. La dissection avait isolé l'artère brachiale dans une longueur de cinq centimètres. Pourquoi dès lors ne pas se mettre à l'abri d'un danger possible et parer à l'éventualité d'une hémorrhagie consécutive en plaçant sur cette artère isoléc une ligature d'attente prête à fonctionner au premier signe de péril? Malgré les préventions que rencontre aujourd'hui cette pratique, M. Nélaton n'a pas hésité à placer autour de l'artère humérale, à l'extrémité supérieure de la plaie, une ligature peu serrée dont les chefs ont été ramenés à l'extérieur, et la plaie a été réunie avec des serre-fines.

Or, l'événement a montré combien cette précaution avait été sage. Les deuxième, troisième et quatrième jours, tout s'est bien passé; mais le cinquième jour, une hémorrhagie arrive, le religieux préposé au soin du malade était averti; il serre la ligature d'attente et le sang est immédiatement arrêté. M. Nélaton continue à voir l'opéré chaque jour, quelque peu étonné que la ligature placée sur l'artériole ne se

détache pas plus vite. Enfin le douzième jour elle tombe entrainant avec elle un tube artériel long de 5 centimètres. Voici ce qui s'était passé :

Toute la portion d'artère, dénudée par l'opération et située au-dessous de la ligature d'attente, s'était mortifiée. En haut la ligature d'attente avait obstrué le vaisseau qui se trouvait également fermé en bas un peu au-dessous de la collatérale divisée. Le malade était en bonne voie, mais il n'en avait pas moins perdu un tronçon de l'artère brachiale d'une longueur de 26 millimètres, et les escarrhes représentant un espace moins étendu que les parties vivantes, on doit admettre que dans ce cas l'artère brachiale a été détruite dans une étendue de plus de 5 centimètres. Du reste, aucun doute sur la nature du tissu nécrosé. Un stylet pouvait être introduit dans toute la longueur de ce tube, et M. Robin y a trouvé tous les éléments anatomiques des artères.

Ce fait est donc curieux, et ce n'est pas le seul de ce genre que possède la science. En 1842, le savant micrographe que nous venons de nommer étant externe dans le service de M. Velpeau, vit à la suite de l'extirpation de ganglions axillaires énormes une artère dénudée dans toute sa circonférence sur une longueur de 4 centimètres environ. Le cinquième jour survint une hémorrhagie mortelle et, à l'autopsic, on trouva un tronçon d'artère complétement mortifié. Il n'est pas un chirurgien qui n'ait dénudé partiellement une artère, mais autre chose est la dénudation complète. Les vasa vasorum sont détruits et le danger d'une gangrène est à redouter.

Que faut-il faire dans ces cas de dénudation artérielle dont la gravité est trop peu connue? Ce qu'a fait M. Nélaton. Ce chirurgien avoue d'ailleurs avec une entière bonne foi que si, dans le cas qui précède, sa conduite a été couronnée de succès, il n'a pas lieu de s'en vanter. C'est l'unique effet d'un hasard heureux, car sa ligature d'attente n'avait pour but que de parer, au besoin, à une hémorrhagie consécutive par l'artère secondaire qui avait été divisée; on ne prévoyait pas une gangrène de la brachiale. Mais ce hasard aura du moins servi à démontrer que la ligature d'attente a du bon, puisqu'elle a sauvé ici le malade de M. Nélaton et qu'elle eût sauvé peut-être celui de M. Velpeau, si à cette époque on cùt été averti, comme on l'est aujourd'hui, de la possibilité de pareils accidents. (Journal de médecine et de chirurgie prat., juin 1860.)

ATONIQUES.

DES VAPEURS D'IODE CONTRE LES ULCERES Le professeur Brainard a publié dans le Chicago medical Journal un mode de traitement contre les ulcères indolents. Durant les trois dernières années, tous les malades atteints de cette affection, admis à l'Hôpital de la marine des EtatsUnis, ont été traités par les vapeurs d'iode. Le résultat a toujours été excellent, beaucoup plus que par toutes les autres méthodes. Il offre les avantages suivants : 1o Propreté et facilité d'application ; 2o rapidité de la cicatrisation; 3o disparition de la mauvaise odeur de l'ulcère.

Voici la manière de l'employer: On panse l'ulcère avec du cérat simple étendu sur un linge; on met de 5 à 20 centigrammes d'iode, suivant l'étendue et la profondeur de l'ulcère, entre plusieurs couches de linge, que l'on place sur le linge qui couvre l'ulcère; on couvre cet appareil avec un morceau de taffetas ciré, assez grand pour dépasser les bords de l'ulcère. Ceci est pour empêcher la rapide évaporation et doit être assuré par un bandage roulé. La chaleur du membre vaporise assez promptement l'iode, et le malade éprouve une sensation de chaleur sur la surface ulcérée. Si l'iode était en trop'grande quantité ou trop directement appliqué sur l'ulcère, il agirait comme escharrotique. Il faut avoir soin de veiller sous ce rapport.

Ce moyen nous paraît tout à fait rationnel, et vient s'ajouter avec utilité à ceux que l'on a décrits déjà avec des propriétés analogues; aussi, le faisons-nous connaître avec plaisir.

(Journ. de med. de Bordeaux et Gazette

médicale de Lyon, No 12.)

DEUX CAS DE SUCCÈS D'EXCISION DU GENOU, par M. D.-W. CROMPTON. Obs. 1. Le premier cas est celui d'une femme de chambre âgée de 22 ans, et affectée d'une tumeur blanche depuis trois ans.

Le genou gauche est très-volumineux. Des abcès se sont ouverts à l'extérieur, on sent à travers les fistules les os cariés. L'excision fut pratiquée par la méthode ordinaire, la réunion se fit en grande partie par première intention.

Maintenant la malade marche parfaitement bien.

Obs. II. Le second est celui d'un jeune homme de 22 ans. Il est atteint d'une tumeur blanche du genou gauche depuis

deux ans.

Plusieurs abcès se sont ouverts à la partie externe et inférieure du genou, ainsi

qu'à la partie postérieure; mais la suppuration avait fini par se tarir, et l'articulation convertie au tissu de cicatrice adhérent à l'os, s'était ankylosée dans un angle de 50 degrés.

On pratiqua l'excision, et quatre mois après ce jeune homme, parfaitement bien portant, pouvait faire de longues promenades sans le secours d'un båton.

(Med. Times and Gaz. et Gaz. méd. de Paris, No 6.)

NATURE SYPHilitique hérédITAIRE DE LA KÉRATITE INTERSTITIELLE. On doit signaeffectué dans ces dernières années et dù ler comme un progrès important le travail aux observations cliniques de M. Hutchin

son, qui veut qu'on rapporte à la classe affection singulière et rare, regardée comdes maladies syphilitiques héréditaires cette

me un état strumeux de la cornée. Au lieu de traiter, comme autrefois, les malades présentant cette forme de kératite, par les toniques directs, il a établi de prescrire l'iodure de potassium et de fer, et d'y adjoindre de douces onctions avec l'onguent

mercuriel. On obtient ordinairement ainsi des résultats beaucoup meilleurs que ceux fournis par l'ancien traitement. Il faut, pour obtenir des résultats utiles, prendre grand soin que le diagnostic soit porté soigneusement et exactement.

(Medical Times et Union méd., No 66.)

. Obs.

RESECTION PARTIELLE DE L'ARTICULATION TIBIO-TARSIENNE, par M. WOOD. Lucie B., âgée de 25 ans, s'est fait, à l'âge de 15 ans, une grave entorse qui a dégénéré en tumeur blanche: la suppuration s'est établie dans la cavité articulaire, les fistules se sont montrées à la partie antérieure de l'articulation, et le mal allait toujours en empirant, de sorte que la plupart des chirurgiens conseillaient l'amputation du pied.

M. Wood pratiqua l'excision de la surface articulaire du tibia au moyen de la gouge, et enleva ainsi plusieurs séquestres. L'articulation suppura quelque temps, mais les fistules finirent par se tarir, et la cicatrisation fut complète. Maintenant la malade marche parfaitement bien, et ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'il y a entre les deux os des mouvements assez étendus de flexion et d'extension.

Med. Times and Gaz, et Gaz, méd, de
Paris, No 7.)

RESECTION DE L'ÉPAULE, par M. JONES. - Obs. Le sujet de l'observation est une jeune fille de 16 ans, à qui on a enlevé toute l'articulation scapulo-humérale et une portion de la clavicule au mois de mai dernier.

La tête humérale s'est formé une cavité supplémentaire au-dessous et en avant de sa position normale. Maintenant la guérison est complète; il y a un mouvement

assez étendu dans la nouvelle articulation. La malade peut porter son bras dans l'abduction, jusqu'à ce qu'il fasse 45o avec le tronc; elle peut porter la main au front, à la bouche, et même jusqu'à l'oreille du côté opposé.

Cette femme peut maintenant coudre, tricoter et vaquer en un mot à toutes ses occupations habituelles. (Med. Times and Gaz. et Gaz. med. de Paris, No 7.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

CONVERSION DU SUCRE EN UNE SUBSTANCE QUI PRÉSENTE BEAUCOUP D'ANALOGIE AVEC LA PRO

TÉINE (1), par M. LEOPOLD SCHOONBROODT, docteur en sciences naturelles et pharmacien à Liége.

A Messieurs les Président et Membres de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

MESSIEURS,

J'ai l'honneur de vous soumettre le résultat de quelques expériences, dans lesquelles je suis parvenu à convertir le sucre en une substance qui présente beaucoup d'analogie de propriétés et de composition élémentaire avec la protéine.

En mélangeant avec précaution du suerate ammonique avec 2 à 3 parties d'acide phosphorique anhydre, j'ai obtenu une espèce de sucronitrite, qui se comporte avec les réactifs comme une substance albuminoïde. Voici les détails de cette opé

ration:

J'ai préparé le sucrate d'ammoniaque par deux procédés: en décomposant le su crate de chaux basique par le carbonate ammonique, mais alors l'évaporation présente des difficultés à cause de la grande altérabilité du produit ; en dirigeant un jet de gaz ammoniac sec sur du sucre en poudre, sous une agitation continuelle pour renouveler les surfaces. Quel que soit le procédé que l'on adopte, il faut soumettre immédiatement le sucrate ammonique obtenu à l'action de l'acide phosphorique anhydre. Au bout d'une heure de séjour à l'air, ce sel a perdu la majeure partie de son ammoniaque et s'est converti en une poudre cristalline de sucre pur. En effet,

(1) Ce travail, ayant déjà été présenté à l'Académie des sciences de Paris et à l'Académie de médecine de Belgique, n'a pu devenir le sujet

le sucrate ammonique, qui formait une masse molle, flexible et amorphe, ne tarde pas à prendre un aspect cristallin à sa surface, en répandant une forte odeur d'ammoniaque et finit par se désagréger jusqu'au centre, en abandonnant tout l'alcali volatil.

L'acide phosphorique anhydre doit y être mêlé par portions, pour éviter que le mélange ne s'échauffe trop, ce qui le ferait noircir immédiatement. Le sucrate d'ammoniaque étant assez coriace, c'est dans un mortier que le mélange se fait le mieux. Quand la réaction est achevée, on obtient une pâte molle, d'un blanc sale, si l'acide phosphorique employé était parfaitement blanc; mais cette pâte sera d'un beau jaune-orangé, pour peu que l'acide phosphorique soit jauni par des composés de phosphore et d'oxygène d'un degré inférieur. Pour séparer l'acide phosphorique hydraté du produit obtenu, j'ai dissous le mélange dans l'eau additionnée de quelques gouttes d'ammoniaque en excès. J'en ai ensuite précipité l'acide, à l'aide du carbonate magnésique nouvellement précipité, sous la forme de phosphate de magnésie ammoniacal. Après filtration, on obtient un liquide limpide, si la solution est alcaline, car le sucronitrite se délaye dans l'eau très-facilement pour former une liqueur lactescente, à la manière de la caséine, mais la solution n'est complète et limpide que dans de l'eau alcalisée par l'ammoniaque et un alcali fixe. Sa solution dans l'ammoniaque se trouble par l'ébullition, à mesure que l'ammoniaque s'en dégage et laisse pour résidu un corps blanc sale, amorphe, complétement insoluble dans l'alcool, qui le rend poisseux et lui

d'un rapport à la Société; mais celle-ci, vu l'intérêt du travail de M. Schoonbroodt, en a ordonné l'impression dans son Journal.

communique l'apparence du gluten. Cependant il n'y a pas de coagulation proprement dite, car il n'en est pas moins soluble dans l'eau alcalisée.

L'acide nitrique concentré le jaunit immédiatement et le dissout ensuite. Cette dissolution nitrique acquiert une belle nuance orangée par l'addition d'un peu d'ammoniaque liquide; et le sel obtenu précipite en jaune plus ou moins pur par les dissolutions des métaux alcalino-terreux et des métaux proprement dits. Si l'on verse goutte à goutte du sous-acétate de plomb liquide dans la solution nitrique, non saturée par l'ammoniaque, on voit apparaitre à chaque goutte de petites aiguilles d'un jaune pâle qui finissent par former un précipité cristallin et aiguillé. Le réactif de M. Millon, obtenu par la dissolution du mercure dans son poids d'acide nitrique, lui communique immédiatement une nuance rougeâtre, qui se fonce lorsqu'on chauffe; et il se dépose un précipité rouge-brique par le refroidissement. Traitée par le chloride hydrique concentré, la nouvelle substance acquiert une couleur ardoise et s'y dissout en une liqueur pourpre à l'aide de la chaleur; après le refroidissement, cette solution a abandonné un précipité gris-brun. J'ai cru reconnaître une odeur de cyanide hydrique, pendant que je chauffais la substance avec le chloride hydrique. Le cyanide hydrique possède une odeur assez caractéristique pour le reconnaître immédiatement lorsqu'il est pur; mais dans ce cas-ci, son odeur était masquée par celle du chloride hydrique, en partie. Cependant, en recommencant cette expérience à plusieurs reprises, j'ai cru chaque fois y distinguer l'odeur de cyanide hydrique, qui ne se dégageait que lorsque je chauffais et à mesure que la dissolution dans le chloride hydrique avait lieu.

Le sucro-nitrite précipite abondamment par le sublimé corrosif et par le tannin.

L'eau de chlore le précipite en blanc ; les hypochlorites alcalins le dissolvent d'abord avec une légère effervescence; mais bientôt la solution dépose un précipité blanc, un peu moins abondant que celui donné par l'eau de chlore. La solution d'iodure de potassium avec excès d'iode, préparée comme réactif des alcaloïdes, le précipite abondamment en brun foncé. Ce précipité se redissout dans l'ammoniaque en grand excès, en formant une solution jaune. L'ensemble de ces caractères me porte à considérer le sucro-nitrite comme une substance qui se rapproche beaucoup des matières albuminoïdes.

Je n'en ai pas fait une analyse élémentaire complète; mais je crois néanmoins en avoir déterminé la composition d'une manière assez exacte. Voici par quels procédés :

J'ai pesé dans un tube effilé par un bout et exactement taré, un gramme de sucre en poudre, que j'ai réparti à la surface interne du tube en une couche aussi mince que possible, pour être sûr que l'absorption serait complète; j'y ai fait passer un courant d'air. Après l'opération, il y avait une augmentation de poids de quatorze centigrammes. J'ai converti ensuite par la méthode indiquée ci-dessus un gramme de sucrate ammonique en sucro-nitrite et j'ai obtenu, comme moyenne de trois expériences à peu près huit décigrammes de produit.

Je tire de ces poids les conclusions suivantes: deux équivalents de sucre ont absorbé trois équivalents de gaz ammoniac, pour former le sucrate ammonique, auquel j'assigne la formule 2C'H 0°. 5AzH'O. HO. Ce sucrate ammonique a perdu 13 équivalents d'eau pour se convertir en sucro-nitrite; de sorte que ce dernier aurait pour formule C"H"Az3O9. Il faudrait peut-être doubler cette dernière formule, pour la mettre en rapport avec la formule assignée par M. Mulder à la protéine. Alors elle serait conforme à la théorie de Laurent sur la constitution anatomique des corps. J'ai encore pu confirmer la composition élémentaire que je viens d'indiquer, par le poids de chloro-platinate ammonique que la calcination du chloro-nitrite avec la chaux sodique a donné en recevant les vapeurs dans le chloride hy drique.

Comme les nitrites régénèrent le sel ammonique primitif, il me restait à faire la contre-épreuve de mon opération. J'ai préparé de la protéine avec du blanc d'œuf et je l'ai fait bouillir dans un lait de chaux assez longtemps pour que les vapeurs ne dénotassent plus de trace d'ammoniaque. J'ai neutralisé alors l'excès de chaux par l'acide carbonique, laissé refroidir, filtré, concentré et précipité la chaux par l'acide oxalique : le résidu de l'évaporation était une masse gommeuse, très-soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool, déliquescente, brunissant immédiatement au contact des acides concentrés (sulfurique et chloride hydrique) et, au bout de trèspeu de temps, dans les acides étendus. Ces caractères m'ont paru être ceux de l'acide glucique; mais la proportion en était faible, eu égard à la quantité de protéine employée.

La conclusion que je crois pouvoir tirer

de mes expériences, c'est que les substances albuminoïdes pourraient bien n'être que les nitrites des substances amyloïdes (cellulose, amidon, dextrine, sucre) correspondants. On a observé en effet que les proportions de gluten et de fécule étaient très-variables dans les blés d'une même espèce, et que la quantité du premier était en raison de la quantité d'engrais, par conséquent, d'ammoniaque, qu'on avait fournie à la plante. Il est remarquable, d'ailleurs, que les substances albuminoïdes jouent dans l'organisation animale un rôle analogue à celui que les substances amyloides jouent dans l'organisation végétale, si l'on compare le rôle de la fibrine à celui de la cellulose, le rôle de la caséine et de l'albumine à celui de la fécule et de la dextrine. On pourrait même pousser plus loin ces comparaisons et assimiler la gélatine à la gomme, la chondrine à la pectine, etc.

L'action inexpliquée des substances albuminoïdes, qui jouent toutes le rôle de ferments sur les substances amyloïdes et leurs congénères, qui sont les seules substances fermentescibles, dans toute la force du terme, a du reste établi depuis longtemps un rapport occulte, mais dont l'existence n'est pas moins évidente, entre ces deux classes de corps.

25 mai 1860.

TITRAGE DES POTASSES BRUTES EXTRAITES

DES VINASSES DE BETTERAVES. La chambre de commerce de Lille ayant été informée qu'il existait de fréquentes discussions relativement au titre des potasses brutes extraites des vinasses de betteraves, et que ces discussions avaient leur source dans les différences du mode de titrage adopté par MM. les essayeurs du commerce; désireuse d'ailleurs d'éviter, autant que ses attributions le lui permettent, les causes de contestations, a cru utile de faire établir, par un rapport émanant de personnes essentiellement compétentes, le mode d'essai auquel il convient de donner la préférence pour assurer au commerce les avantages que l'auteur de l'alcalimétrie s'est proposé d'obtenir, c'est-à-dire la facilité dans l'exécution en même temps que l'uniformité dans les résultats.

La commission nommée par la chambre de commerce, se composait de :

MM. J. Girardin, doyen de la Faculté des sciences de Lille, président; Pesier, professeur de chimie à Valenciennes; Correnwinder, chimiste-manufacturier à Lille; Meurein, pharmacien-chimiste à Lille;

Desespringalle, pharmacien - chimiste à Lille.

Ces messieurs ont bien voulu répondre à l'appel que la Chambre de commerce avait fait à leurs lumières et à leur dévouement, et, après de longues et consciencieuses études, la commission a rédigé le rapport suivant, dont la Chambre a ordonné l'impression et la distribution dans sa séance du 16 septembre 1859. Rapport adressé à M. Kuhlman, président de la Chambre de commerce de Lille, sur l'essai des potasses brutes de betteraves.

Monsieur le président,

Une commission composée de :

MM. Pesier, professeur ce chimie à Valenciennes ; Correnwinder, chimiste-manufacturier à Quesnoy-sur-Deule; Meurein, pharmacien-chimiste à Lille; Desespringalle, pharmacien-chimiste à Lille; J. Girardin, doyen de la Faculté des sciences de Lille; a été chargée par la chambre de

commerce :

« D'indiquer le mode d'essai auquel il > conviendrait de donner la préférence » pour apprécier la valeur des potasses » brutes de betteraves, afin d'assurer au >> commerce les avantages que l'auteur de » l'alcalimétrie s'est proposé d'obtenir, » c'est-à-dire la facilité dans l'exécution en » même temps que l'uniformité dans les >> résultats. »

Les chimistes ci-dessus désignés ayant accepté l'honorable mission qui leur était offerte par la chambre, se sont réunis plusieurs fois sous la présidence de M. J. Girardin. Voici le résumé de leurs opérations et délibérations :

I.

Les divergences qui se présentent fréquemment dans le titrage des mêmes potasses brutes de betteraves, effectué par MM. les essayeurs du commerce, peuvent dépendre:

1° Du mode suivi pour épuiser la matière de ces sels solubles;

2o De la manière de prélever les échantillons;

5o De la nature de la liqueur alcalimétrique.

II.

Pour savoir quelle peut être la part de l'influence qu'il faut attribuer au mode de lessivage des potasses brutes, la commission a chargé chacun de ses membres d'opérer isolément sur le même échantillon et avec la même liqueur alcalimétrique

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