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de Berlin (1), il est parlé d'hydatides et l'on comprend qu'une lésion de ce genre favorise l'éclatement de l'organe, mais comme depuis aucun fait ne signale la présence d'hydatides, comme aussi la description ne permet point de juger, si elles existaient véritablement, j'ai cru devoir ne mentionner cette cause qu'avec restriction.

Dans l'inflammation aiguë, le volume est accru, la surface est bleu violet, la consistance est pâteuse, presque fluctuante: à la coupe le sang ruisselle et la tranche offre, avec les marques d'une hyperémie considérable, une coloration plus ou moins violacée. Dans cet état, les conditions sont on ne peut plus défavorables; les tissus ne peuvent ni résister ni se laisser distendre; de là la possibilité d'une rupture sous une fluxion intense; de là à une hémorrhagic parenchymateuse, la succession rapide d'une hémorrhagie intrà-péritonéale. C'est du moins ce qui s'est passé dans le cas de M. Denonvilliers (Gaz. médicale, 1856, p. 76), qui en est jusqu'à présent le seul exemple. A en croire Scanzoni (p. 359) l'ovarite chronique exercerait une influence analogue; malgré ma déférence pour cet auteur, je ne puis partager son sentiment, car alors l'organe est induré, hypertrophié, épaissi et nullement hyperémié.

La congestion chronique, quoique nulle part décrite, ne m'en paraît pas moins incontestable (2); je l'ai observée sur le cadavre et rencontrée bien des fois sur le vivant. Anatomiquement elle a été maintes fois confondue avec l'ovarite chronique, dont elle se distingue à divers égards: M. Scanzoni lui-même n'a point échappé à cette erreur. L'ovaire ainsi affecté est augmenté de volume, mais ses contours sont normaux, sa surface est régulière et nulle part bosselée. Sa consistance n'est ni molle ni dure; à la coupe il s'écoule un peu de sang, le stroma est hyperémié et contient parfois de petits épanchements. Parfois les lésions sont bornées à l'ovaire, d'autres fois, et c'est le plus souvent, elles s'étendent dans le voisinage, sinon au même degré, mais, suivant les cas, plus ou moins prononcées. Ainsi les trompes peuvent être hyperémiées, et la muqueuse, à teinte plus ou moins violacée, contient soit du sang, soit encore un mucus sanguinolent. La matrice est engorgée, augmentée de volume, et lorsqu'on pratique des coupes en divers sens, on voit le sang ruisseler plus ou moins abondamment. Ces lésions du reste varient du plus au moins, et suivant qu'elles prédominent sur un organe plutôt que sur un autre, on observe tantôt une métrorrhagie, tantôt encore une hémorrhagie tubaire ou ovarienne. Quelquefois même ces deux dernières peuvent se rencontrer simultanément ; l'observation que nous avons rapportée en dernier lieu en est un exemple et on peut y joindre quelques autres contenus dans le travail : De l'hématocèle périuterine et de ses sources, page 27 et 71.

6 OBS.-D...., 44 ans, menstruée à 18 ans, régulièrement jusqu'à 22, puis irrégulièrement jusqu'à 54, a eu six enfants. Depuis quatre années, elle

(1) Bibliothèque médicale de Royer-Collard, t. LXXVIII, p. 143.

(2) Il faut faire exception pour M. Aran, qui en a parlé dans la 2o partie de ses Leçons cliniques sur les maladies de l'utérus.

est sujette à des hémorrhagies aux époques menstruelles, durant parfois huit jours. Depuis la dernière hémorrhagie, survenue il y a huit jours, elle a des douleurs dans le ventre et vomit par intervalles des matières aqueuses.

• A son entrée, le ventre est ballonné, sensible; il y a de la fièvre, de la diarrhée et des selles involontaires. Le col de l'utérus est peu volumineux, atrophié, le corps est volumineux, sensible à la pression; mort trente-six heures après. > Autopsie.-Épanchement dans le péritoine de deux litres environ de liquide purulent mêlé de fausses membranes en quantité, situées entre les circonvolutions intestinales sur l'utérus et ses annexes; injection sous-séreuse abondante au niveau des deux feuillets du péritoine. Estomac, intestin grêle et gros intestin sains dans toute leur longueur sans perforation; muqueuse saine partout; pas de développement de follicules, pas de pus dans le bassin; pas de phlébite ni d'angéoleucite. L'utérus est volumineux, le col est déchiré et en partie effacé; vagin sain. La cavité du col et du corps contient un peu de sang liquide; pas de traces d'insertion placentaire.

» Annexes de l'utérus libres d'adhérences; trompe et ovaire gauches sains; l'ovaire contient un corps jaune, renfermant encore dans son intérieur un petit caillot mou, noirâtre.

> A droite, la trompe est volumineuse, le pavillon congestionné; dans sa cavité existe un petit caillot mou et noir. L'ovaire est volumineux; sur son extrémité libre est implantée une petite tumeur sanguine à parois celluleuses, lisses, sans traces de rupture ni de cicatrice; le centre est formé par un caillot mou, noirâtre.

› Les autres organes sont sains (1).

Chez cette femme la congestion de tout le système utérin est on ne peut mieux caractérisée, et pourtant elle ne se traduisait manifestement au dehors que par l'abondance des règles; il faut donc tenir compte sérieux de ce symptome avec d'autant plus de soin qu'il se trouve signalé dans la moitié des observations. Dans quelques-unes comme ici elle en est la seule manifestation, tandis que dans d'autres la scène morbide est plus nettement accusée; la malade se plaint d'un sentiment de poids et de chaleur brûlante dans le petit bassin, il y a des tiraillements dans les reins et dans les aines, et des coliques parfois tres-vives, surtout aux approches des règles. L'écoulement menstruel, généralement abondant, peut avoir même le caractère d'une véritable métrorrhagie. Les menstrues très-régulières deviennent irrégulières, elles avancent tout en se prolongeant de plus en plus et laissent après elles une aggravation marquée dans les phénomènes congestifs.

En cet état, des accidents sont imminents et une fluxion menstruelle suffit quelquefois pour les faire éclater. Était-ce le cas de la jeune personne dont Scanzoni a parlé; on ne peut se prononcer, car le document est d'un laconisme désespérant sur les anamnestiques.

7 OBS.— « Une jeune fille de 18 ans, mourut subitement pendant la menstrua(1) TINEL Charles.

De la dysmenorrhée. Paris 1858, no 195.

tion, avec tous les signes d'une hémorrhagie interne. L'ovaire droit, légèrement amplifié, portait une poche, de la grosseur d'un œuf de poule, remplie de sang coagulé. Sa paroi postérieure présentait une ouverture d'environ deux centimètres et demi de long au travers de laquelle trois kilogrammes de sang avaient pénétré dans la cavité abdominale. »

On le voit, on peut encore ici émettre l'hypothèse que l'apoplexie a débuté d'emblée, cela est très-possible et cela s'est observé; seulement dans ces cas, pour que des effets identiques soient produits, la fluxion doit être beaucoup plus active, l'afflux du sang beaucoup plus considérable. On ne peut distinguer aujourd'hui les faits qui reviennent à cette catégorie, car toutes les observations n'ont pas soigneusement enregistré les antécédents, et d'autre part, les malades elles-mêmes n'attachent pas toujours grande importance à des symptômes qui pourraient renseigner le médecin et le mettre en bonne voie.

Les réticences ici involontaires ne le sont pas toujours. Que de particularités ne dérobe pas l'amour-propre d'une femme ! Demandez-lui, par exemple, si elle commet des excès de coït, si elle a été vue pendant ses règles et vous serez bien heureux si vous n'avez qu'une réponse négative, quoique vous ayez fait cette question à coup sûr et à des personnes qui ont depuis longtemps laissé toute pudeur. Les filles publiques ont parfois cette singulière réserve qui survit à la perte de toutes les autres. On verra pourtant par l'exposé de certains faits combien sont nécessaires ces renseignements et quelle part ont ces actes à la production de la maladie qui nous occupe. L'excitation sexuelle détermine avec l'érection du clitoris, la turgescence des veines clitoridiennes, utérines et ovariennes; son exercice répété détermine l'abaissement des ovaires et des trompes, qui facilite leur froissement dans l'acte accompli avec plus ou moins de ménagement et avec des organes plus ou moins disproportionnés; enfin en dernière analyse, on a une congestion aiguë, c'est-à-dire une condition propice à l'hémorrhagie. Pendant les règles, l'ovaire vivement gonflé, fluxionné, abaissé, n'en est que plus apte à être impressionné, et la déhiscence de l'ovule, la petite plaie qu'il laisse après lui, sont tout autant de conditions qui donnent une influence fâcheuse au coït, alors même qu'il est commis avec modération. Que ceux qui lisent ces quelques lignes consultent leurs souvenirs et ils trouveront des faits pour étayer cette opinion.

Pour être applicables à la majorité des cas, ces causes ne sont point les seules. Il en est d'autres que signalent soit simultanément, soit isolément quelques-unes des observations que nous avons analysées. Ainsi une vive émotion, une profonde frayeur, une application intempestive du froid, suivies ou non de la suppression brusque des règles, ont été notées. Sans concéder à ces accidents une valeur absolue, il faut s'attacher à les combattre et prévenir ainsi sinon l'hémorrhagie, du moins l'inflammation qu'ils pourraient réveiller, car ils prédisposent à l'une et à l'autre affection suivant les conditions particulières dans lesquelles se trouvent les sujets. Au point de vue étiologique, l'observation suivante nous présente une particularité curieuse qui nous a paru mériter d'être consignée. (La suite au prochain No.)

HISTOIRE MÉDICO-CHIMIQUE DES PRODUITS PYROGÉNÉS INTRODUITS DANS LA THÉRAPEUTIQUE DEPUIS L'ANNÉE 1850; par le Dr V. GUIBERT (Suite et fin. Voir notre cahier de juillet, p. 26.)

ART. 8. RÉSINÉONE De Goudron.

Le résinéone de goudron est une huile essentielle, liquide, incolore quand elle est récente, obtenue par M. Péraire dans la distillation de l'huile de goudron (Tar oil des Anglais). M. Péraire a reconnu que cette huile jouit exactement des mêmes propriétés que le goudron, et il engage le praticien à recourir uniquement à cette substance quand on veut obtenir les avantages de la médication par le goudron.

Pour la préparer, on distille du bon goudron; on met dans le produit de la distillation un fragment de potasse pour saturer les acides existants. Le mélange placé dans une cornue et chauffé se comporte de la manière suivante. Comme la résine, l'huile de goudron bout à 70°, il passe alors à la distillation une huile qui est la résinone; en portant la température de 78 à 148° on obtient la résinéone et enfin, à 250o, on a la résinéine. En changeant de récipient à chaque période de l'opération, on peut se procurer ces trois produits du goudron. Cette huile possède, d'après M. Péraire, les propriétés médicales du goudron; on l'a trouvée utile dans les catarrhes pulmonaires, les bronchites chroniques, les bronchorrées. On l'administre aussi dans les catarrhes chroniques de la vessie. Enfin, elle est employée sous forme de pommade dans les maladies de la peau; elle a l'avantage de ne pas salir le linge comme le goudron.

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Saccharure. Sucre 995 grammes, résinéone de goudron 5 grammes. A prendre par cuillerée, trois ou quatre fois par jour, dans une tasse d'infusion. Looch. Looch blanc du Codex 125 grammes, résinéone de goudron 30. Pommade. Cérat sans eau 30 grammes, résinéone 4 grammes.

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Les avantages que présente ce médicament nous engagent à le recommander vivement aux pharmaciens et aux médecins ; son emploi en thérapeutique mérite d'être généralisé.

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Ser. ORIGINE Et historique. L'huile de cade est une huile pyrogénée provenant de la distillation des vieux troncs du genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus, L). C'est un arbre de petite taille qui croît dans le midi de l'Europe et qui fournit, par la combustion de son bois, une huile noirâtre et fétide qui est la véritable huile de cade et à laquelle on substitue souvent la fausse, qui est, comme nous l'avons vu, un produit obtenu dans la préparation du goudron. Il faut distinguer ces deux espèces d'huile de cade; le commerce les livre toutes

deux, la première sous le nom d'huile vraie, et la seconde sous celui d'huile fausse, à un prix quatre fois moindre.

MM. Serre d'Alais, Bazin, Gibert et Devergie ont fait la fortune de ce médicament en lui attribuant des propriétés, bien reconnues du reste, contre les manifestations scrofuleuses et contre des maladies de la peau très-graves et souvent rebelles à la plupart des autres médicaments.

S2. PRÉPARATION ET PROPRIÉTÉS PHYSIQUES. On obtient l'huile de cade en brûlant dans un fourneau sans courant d'air, comme pour le goudron, les troncs de vieux genévriers; on obtient ainsi un liquide huileux noirâtre, inflammable, d'une odeur résineuse empyreumatique très-forte, et d'une saveur âcre, presque caustique.

§ 3. PROPRIÉTÉS MÉDICALES.-M. Serre d'Alais a vanté l'huile de cade dans le traitement des manifestations scrofuleuses; chez les enfants, dit M. Serre, je n'ai jamais eu besoin de porter le remède sur l'œil ou sur les paupières pour guérir les ophthalmies les plus opiniâtres; de simples onctions sur le front, les tempes, les paupières, ont le plus souvent agi sur l'œil d'une manière assez remarquable pour amener la guérison; dans quelques cas, j'ai activé les résultats par l'introduction d'une goutte d'huile de cade dans chaque narine.

La simplicité de ce moyen mérite qu'on l'essaye; nous avons peine à croire, cependant, que M. Serre ne se soit pas un peu fait illusion sur l'efficacité de ce remède.

Pendant trois années consécutives, M. Bazin a traité tous les malades de son service par l'huile de cade; nous avons eu à cette époque le plaisir de suivre sa clinique et de constater souvent les bons effets de ce médicament. La population de malades confiée à M. Bazin est composée tout entière de scrofuleux; c'était donc un beau champ d'expériences pour constater la véracité des assertions de M. Serre. Nous exposerons ici les résultats des expériences de M. Bazin.

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Gale. La gale est radicalement guérie après deux frictions faites sur tout le corps avec l'huile de cade pure; on peut seulement reprocher à ce médicament de produire quelquefois une irritation vive sur la verge, sur le gland, sur le sein, etc. Lichen agrius. Cette affection cède comme par enchantement aux frictions faites tous les jours sur toute l'étendue des surfaces malades, avec un gros pinceau imbibé d'huile de cade pure. Dès le 4o ou le 5o jour, on voit déjà une modification remarquable dans l'éruption cutanée; les démangeaisons sont calmées et la guérison complète ne tarde pas à s'effectuer.

Psoriasis. Le psoriasis est promptement modifié par les frictions faites une ou deux fois par jour avec l'huile de cade pure; en moins de six semaines, l'éruption squammeuse a ordinairement disparu; malheureusement ce n'est qu'une guérison momentanée.

Eczéma. Lorsqu'il y a une irritation vive, il faut associer l'huile de cade avec un véhicule émollient, oléagineux, mucilagineux, tel que l'huile d'amandes douces, le mucilage de semences de coings ou la glycérine; il ne faut pas faire de frictions, mais de simples lotions.

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