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Voici en quoi consiste la médication de l'ancien médecin de l'hôpital Necker (1).

« Quels que soient le nombre et l'intensité des symptômes gastriques qui font partie de la maladie typhoïde, par cela seul que l'état saburral des premières voies est le préliminaire infaillible ou nécessaire de cette affection, je commence toujours mon traitement par l'administration d'un vomitif ou d'un émétocathartique. J'emploie de nouveau ce moyen au bout de 24 ou de 48 heures, lorsque la première fois ses effets ont été nuls à l'égard des évacuations supérieures.

Lorsqu'un sujet dont la maladie a été tout à fait négligée sous le rapport des évacuations gastro-intestinales, se présente : 1° avec une douleur vive de l'estomac qui se développe spontanément pendant la toux, les nausées et une pression légère; 2o avec des vomissements fréquents, verdâtres ou aqueux; 3o avec un sentiment d'oppression qui part de l'épigastre et semble se propager à toute la cavité thoracique; 4o avec une sensation de chaleur et de brûlure tout le long de l'œsophage, et dans le pharynx ; 5o avec un épithélium lingual désorganisé, tombé en partie et ayant laissé à sa place une surface rouge et des papilles nerveuses très-apparentes, je me garde de recourir au vomitif par la raison qu'en pareille circonstance l'estomac est manifestement enflammé.

› Les vomitifs ont presque toujours l'avantage de faire disparaître les nausées, les vomissements, l'amertume de la bouche, le dégoût, le sentiment de malaise et de pesanteur épigastriques, de diminuer la soif, la sécheresse de la langue et de la peau, d'amoindrir ou de détruire la céphalalgie, les vertiges, la stupeur, le délire; de faciliter par là l'action régulière des puissances musculaires, de rendre conséquemment les malades plus agiles, plus puissants pour se mettre sur leur séant; de donner à la respiration plus de liberté et d'aisance en débarrassant les bronches d'une portion des matières muqueuses qui presque toujours les obstruent, de faire cesser les spasmes de l'économie, etc., etc.

› Ce n'est donc pas sans des raisons bien légitimes que dès le début je m'adresse à l'un des évacuants supérieurs, combiné ou non, avec un sel purgatif... Je fais ordinairement choix du tartrite antimonié de potasse, parce que de tous les vomitifs, c'est celui dont les effets immédiats sont les plus certains. C'est d'ailleurs, le médicament de ce genre qui est le moins susceptible d'être expulsé par le vomissement avant d'avoir agi d'une manière convenable sur l'estomac et la vésicule biliaire. C'est encore celui que les malades prennent avec le moins de répugnance et qui a le grand mérite de déterminer sûrement des évacuations inférieures, soit pendant, soit après les vomissements.

» Lorsque les sujets sont d'une constitution délicate, et très-impressionnables, quand d'ailleurs ils ont de la répugnance pour le tartre stibié, dont ils ont déjà éprouvé les effets, je m'adresse à l'ipécacuanha à la dose de douze décigrammes qu'on administre à deux fois, en l'espace d'une demi-heure. Mais comme ce

(1) Loc. cil., t. II, p. 9 et suivantes.

médicament est d'un goût très-désagréable et est souvent rejeté immédiatement après avoir été ingéré, je lui substitue avec avantage la potion suivante :

Eau distillée.
Émétine impure.

Sirop d'ipécacuanha

120 grammes.
20 centigrammes.
60 grammes.

Deux cuillerées toutes les dix minutes, jusqu'à ce qu'on ait obtenu deux ou trois vomissements.

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Quoique ce soit toujours in principio que je satisfais à cette première indication, je dois dire cependant qu'il m'est arrivé dans certaines circonstances, et surtout lorsque l'état adynamique persévérait malgré tous les moyens mis en usage, d'agir de la même manière, bien que l'affection fût très-éloignée de son origine. J'ai rarement vu que cette médication ne donnât pas à la fièvre une tournure plus favorable et qu'elle ne diminuât pas la stupeur. J'ai remarqué chez un bon nombre de sujets, que l'encroûtement de la langue et des dents, la mussitation, la prostration, l'inertie de certains organes comme de la vessie urinaire et de l'intestin disparaissaient peu de temps après ce traitement.

Après avoir débarrassé l'estomac des matières nuisibles qu'il peut contenir et avoir déterminé forcément la sortie de la bile renfermée dans la vésicule hépatique, j'ai toujours recours aux purgatifs doux. Je m'empresse d'autant plus de les administrer que la douleur de la fosse iliaque est plus vive, que le gargouillement de cette région abdominale est plus distinct, que les déjections spontanées sont plus rares, qu'enfin on a plus à redouter la formation d'une lésion profonde dans l'intestin grêle.

. L'eau de Sedlitz à 52 ou 48 grammes est l'agent thérapeutique de cette nature auquel j'accorde la préférence, attendu que généralement les malades le prennent sans répugnance, qu'ils le digèrent bien, et qu'il détermine des évacuations suffisantes sans occasionner des douleurs intestinales dont on ait à redouter les suites. Chez les personnes fortes, j'administre cette eau à 48 grammes et par grandes verrées de 20 en 20 minutes; aux sujets lymphatiques ainsi qu'aux enfants, je la donne d'ordinaire à 32 grammes. Il en est de même dans tous les cas où je n'ai d'autre vue que d'entretenir la liberté du ventre et d'obtenir seulement une selle journalière.

. Au fur et à mesure que le météorisme et le gargouillement se dissipent, que les symptômes généraux s'améliorent, je diminue la dose de l'évacuant pour en cesser tout à fait l'usage, lorsque les battements du pouls sont plus rares que dans l'état normal, quand les parois abdominales sont plutôt aplaties que distendues, quand la chaleur de la peau est douce comme dans l'état physiologique, quand enfin, il n'est plus possible de provoquer le gargouillement de la fosse iliaque droite par des pressions alternatives.

› Quelle que soit la forme de la maladie, j'agis constamment de la même manière, et j'ai, en général, d'autant plus de persévérance dans l'administration du laxatif que les phénomènes adynamiques et ataxiques offrent plus de résistance et paraissent plus indépendants de quelque complication.

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Lorsque les malades se dégoûtent de l'eau de Sedlitz ou quand l'estomac la rejette presque immédiatement après son ingestion, il faut alors s'adresser à un moyen équivalent et ne pas cesser ou suspendre pour cela la médication. Dans diverses circonstances, j'ai eu alors recours à la crème de tartre soluble, au sulfate de potasse, à l'eau magnésienne saturée, à l'eau de Pullna, etc., et quand je me suis aperçu que ces divers agents médicamen teux avaient le même inconvénient que l'eau de Sedlitz, j'ai administré assez souvent le protochlorure de mercure à des doses variées selon l'âge, le sexe et la délicatesse de l'organisation. J'ai rarement donné plus de 60 centigrammes de ce sel, et, souvent, je l'ai employé avec avantage à des doses bien inférieures.

> Quant aux médicaments du règne végétal, encore plus nombreux que ceux du règne minéral, j'y ai rarement recours, par cela seul que les évacuants salins dont il vient d'être question, satisfont à merveille aux indications qui se présentent. Néanmoins, j'emploie quelquefois l'huile de ricin à la dose de 48 ou 60 grammes.

» Je viens de dire à quels signes le praticien reconnaissait l'opportunité de suspendre l'emploi des purgatifs et de passer à un autre genre de médication. Ici, je dois faire remarquer que lors même que cette interruption ou cessation a eu lieu pendant un certain temps et avec avantage, on est assez souvent obligé de revenir aux évacuants, soit parce que les malades perdent l'appétit, soit parce qu'ils deviennent constipés ou sujets à une fébricule vespérienne ou nocturne. Les contre-indications les plus ordinaires des évacuants sont les hémorrhagies intestinales, les péritonites, la métrite, la cystite, la gastrite consécutive, etc. »

Voilà la méthode évacuante telle que l'emploie M. de Larroque; mais lorsque le malade se trouve bien, et qu'à part un état de faiblesse, il l'est réellement, il faut laisser les purgatifs de côté et chercher à relever les forces du malade au moyen des toniques, tels que l'infusion d'angélique, d'arnica, le vin de quinquina, le vin de Malaga, etc. ; et en même temps on commence à lui donner des aliments que l'on rend chaque jour plus nourrissants. On remarque que cette médication tonique ainsi précédée de l'usage des évacuants, n'a plus les inconvénients que tout le monde lui connaît, lorsqu'on débute par elle dans le traitement de la dothinentérie, et que, loin d'augmenter la faiblesse, elle hâte au contraire le retour des forces. (La suite au prochain No.)

DE L'HÉMATOCÈLE PÉRI-UTERINE, par M. le docteur ALB. PUECH, ancien chirurgien chef interne à l'Hôtel-Dieu de Toulon, membre correspondant à Nimes. (Suite. Voir notre cahier de juillet, p. 44.)

5° Grossesse extra-utérine.

On a fait jouer dans l'espèce aux grossesses extra-utérines un rôle qu'à mon sens elles ne sauraient avoir. Je ne nie pas, il va sans dire, qu'elles ne puissent

déterminer une hémorrhagie et que le sang qui en provient ne soit susceptible d'enkystement; tous les accoucheurs, Baudelocque, MM. Velpeau et Jacquemier, ont signalé cette terminaison favorable il y a longtemps déjà; mais ce que je conteste, c'est la généralisation de ce mode, c'est l'admission de cette source pour les tumeurs sanguines du petit bassin (1). Les erreurs commises par des hommes éminents, la similitude apparente des symptômes ne sauraient entrer en ligne de compte en anatomie pathologique, et puisque les auteurs que nous venons de citer se sont gardés de les décrire à part comme une maladie distincte, je ne vois pas pourquoi leur exemple ne serait pas imité.

Mais, dira-t-on, le foetus peut s'atrophier et disparaître à tel point qu'on n'en trouve plus trace. Je le demande, si l'embryon, si les membranes amnio-choriales font défaut, si les antécédents sont incertains, sur quelles données, si ce n'est sur celles fournies par son imagination, établira-t-on l'existence antérieure d'un produit de conception. En pareille occurrence, l'imagination n'a que faire; l'anatomie pathologique est par excellence la science du fait et il serait malséant de l'engager aujourd'hui dans une voie qui n'est que trop féconde en naufrages. Quelle nécessité y a-t-il d'admettre ce qu'on ne voit pas; les hémorrhagies en dehors de la conception sont non-seulement possibles, mais encore démontrées et, ainsi qu'on le verra plus loin, elles suffisent complétement à l'explication des faits observés. Ainsi on a eu tort d'appeler hématocèle toutes les grossesses extra-utérines qu'on a constatées dans ces derniers temps; c'est là un vice de langage qui introduit dans la science une confusion regrettable. Si toutefois, se fondant sur les difficultés du diagnostic clinique, on voulait les y rattacher, on pourrait à l'imitation de M. Huguier créer un sous-genre que l'on désignerait sous le nom de pseudo-hematocèle. La résolution incomplète de la tumeur et, dans le cas de perforation spontanée, l'issue de quelques os ou autres produits organiques permettraient d'établir cette différence sur le vivant.

6° M. Raciborski, dans un mémoire qui a pour titre : Du rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique, s'exprime en ces termes : « Il ne serait pas impossible que dans certains cas exceptionnels, l'hémorrhagie menstruelle se fit au centre même des nombreux plexus vasculaires qui rampent sur la face externe de l'utérus, sous le péritoine ou entre les lames des ligaments larges, et que l'on pût expliquer ainsi la formation des tumeurs sanguines. >

Cette opinion exprimée sous forme dubitative ne saurait être érigée en théorie. Sans doute il est incontestable, et nous en citerons des exemples que, sous l'influence d'une congestion exagérée un plexus vasculaire puisse parvenir à se rompre, mais il n'y a là aucun motif qui autorise à voir dans cet accident un déplacement de l'hémorrhagie menstruelle.

7° Thrombus intra-pelvien.

Quoique l'analogie semblât indiquer la rupture possible des vaisseaux utéro(1) GALLARD. Gazette hebdomadaire, 1858, p. 461.

ovariens, cette source a été longue à s'introniser dans la science. En vain, en 1851, M. Huguier, après avoir cité le fait de Baudelocque, signala la part que cet accident pouvait prendre ; en vain, en 1854, on releva une observation identique de Chaussier, l'attention était portée ailleurs et une médiocre importance leur fut accordée; ce fut seulement en 1858 que les lésions veineuses obtinrent définitivement droit de domicile (1).

Pourtant dans l'intervalle M. Richet avait évoqué des arguments anatomiques (Anatomie médico-chirurgicale, p. 755), mais comme il n'en avait consigné qu'un exemple probant, aux recherches bibliographiques revenait la tâche d'emporter les convictions ébranlées. Aujourd'hui l'hésitation n'est plus permise et les faits, au nombre de vingt-deux, nous paraîtraient suffisants pour en tracer une histoire complète, si quelques-uns étaient plus détaillés.

Renvoyant pour la disposition et la distribution anatomiques aux travaux que nous venons de citer et, en particulier, au beau mémoire de M. Rouget, inséré dans les derniers numéros du Journal de physiologie, nous nous arrêterons sur les circonstances particulières de ces observations.

Survenue en l'état de vacuité (10 fois (2)), pendant le cours de la grossesse normale (1 fois), la grossesse extra-utérine (1 fois), le travail de l'accouchement ou après (10 fois), cette rupture affecte le plexus pampiniforme, qu'il șoit variqueux ou non. Sans contredit, les nodosités que présentent de distance en distance les veines variqueuses, l'amincissement de leurs parois favorisent cet accident, mais ces particularités ne sauraient en tout cas être regardées comme indispensables. A côté du fait de Cruveilhier, dans lequel les veines des ligaments ronds simulaient par leur grosseur une hernie inguinale, on peut placer en opposition ceux en plus grand nombre dans lesquels cette rupture est survenue en l'absence de cette condition. Un autre considérant vient prouver au surplus l'importance exagérée qu'on a attachée à l'état anatomique; ainsi, d'une part la grossesse ou l'accouchement compte 12 cas sur 22 cas et pourtant, ici, les veines ne sont pas dilatées, mais simplement hypertrophiées par le dépôt de deux couches musculaires, l'une interne, l'autre tout à fait superficielle, comme l'a démontré Kolliker ; et de l'autre, dans les 8 cas où il est fait mention du côté malade, la rupture siégeait six fois à droite, tandis que, d'après M. Devalz, le varicocele ovarien affecte principalement le côté gauche.

Sans méconnaître l'influence fâcheuse de l'état variqueux, on peut sans inconvénient avancer qu'il n'est point indispensable à la production des hémorrhagies veineuses du petit bassin.

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(1) PUECH. De l'hématocèle péri-utérine, p. 80 à 100, et DEVALZ. Du varicocèle ovarien. (2) Comme ces observations sont les plus intéressantes je les signale en note, afin qu'on puisse les retrouver. Piet, Dict. en 60 vol. Art. Matrice. -Alphonse Leroy. Fleischmann, Archives de médecine, 1854, t. V, p. 404.-Leclerc, Archives de médecine, 1828, t. XVIII, p. 201. Depaul, Bulletins de la Société anatomique. Mussy, Bulletins de la Société anatomique, 1847, t. XXII, p. 45. de la Société de chirurgie, 1855, p. 345. Richet, Anatomie médico-chirurgicale, 736. Scanzoni, Traité des organes sexuels.

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Gueneau de Robert, Bulletin

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