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(Gazette des hôpitaux, 1857, No du 15 juillet); Bruglier, etc.; et encore celles traitées soit par l'ammoniaque, comme j'en ai vu un exemple sur un vétérinaire de Lunéville; soit par les feuilles de tussilage (Voir la 14° observation de ce mémoire).

De même que le charbon malin, externe local et la pustule maligne sont des degrés différents d'une même affection; de même que le charbon malin, local externe, offre aussi, comme le prouvent les deux premières observations, différents degrés; de même aussi, le bouton gangréneux, appelé pustule maligne, offre différents degrés de gravité, suivant les circonstances.

Est-ce que d'autres maladies, reconnues contagieuses, n'admettent pas différents accidents; et, dans leurs symptômes, des nuances soit de forme, soit de gravité; témoin le chancre syphilitique, qui se présente sous la forme simple, sous celle de chancre induré, de chancre inflammatoire, enfin sous celle de chancre phagédénique!

Ainsi s'expliquent les cures de pustules malignes par des traitements insignifiants. En pareils cas, la nature fait tout à elle seule. Naturæ omnium nullo doctore usæ sunt (Hippocrate, de alimento, N° 8).

Si nous ne nous trompons, la transmission, par l'inoculation, de ces dernières pustules malignes, non dangereuses, doit être, sinon impossible, au moins excessivement difficile, attendu le peu de force du virus. De plus, ne sait-on pas que la réussite de l'inoculation du pus chancreux, varioleux n'est pas fatale; que M. Bonet (de Poitiers) a eu le courage de s'inoculer l'humeur d'une pustule maligne, sans accident (Rayer, Traité des maladies de la peau, t. II, p. 25).

Ainsi, suivant nous, l'inoculation, proposée par MM. Salmon et Maunoury (voir la Gazette médicale de Paris, année 1857, p. 684, 705, 734, 784, 817), pour diagnostiquer la vraie pustule maligne, ne peut servir qu'à diagnostiquer un degré de gravité de cette affection; ce qui est encore beaucoup, nous aimons à le reconnaître.

D'ailleurs est-il un virus dont l'inoculation reproduise fatalement l'affection qui l'a fourni!

De même que, à côté de la variole, on trouve la varioloïde et la varicèle; ainsi l'on rencontre plusieurs espèces de pustule maligne. Bayle (Mémoire publié en 1802); M. Rayer (l. c., t. II); et le docteur Van Swygenhoven (Court aperçu d'une variété de pustule maligne, non encore classée dans les cadres nosologiques, dans le Journal de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, année 1846, page 21) ont publié des faits pour démontrer ces variétés.

De plus, en 1845 (Voir la page 192 du tome IV du journal cité), M. Martin a rapporté à ses collègues de la Société des sciences médicales de Bruxelles, une observation de pustule maligne qui offrait le caractère de la spontanéité, déjà signalé par M. Gendrin (Recherches sur la nature et les causes prochaines des fièvres, t. 11.).

Nous ne pouvons nous arrêter sur ce point, attendu que nous n'avons pas

observé les variétés décrites par les médecins belges. Quant à celle admise par Bayle, Boyer (Traité des maladies chirurgicales, 4 édition; t. II, p. 68) la rejette; trois autres, données par M. Rayer, nous les admettons, il est vrai, mais, les deux premières, comme seconde et troisième périodes de la pustule ordinaire, et la troisième, comme un charbon local externe érysipélateux, dont nous avons donné des exemples.

D'après les faits consignés dans ce travail, nous serions en droit de reconnaître, dans l'espèce humaine, les formes suivantes de maladies charbonneuses: 1° Pustule maligne, divisée en inoculable et non inoculable (1), pouvant être très-dangereuse dans l'un et l'autre cas; en très-grave, même quand elle est soumise à un traitement rationnel, et en curable par les seuls efforts de la nature. 2o Charbon malin, externe et d'abord local, suite de l'inoculation d'un virus qui peut engendrer la pustule maligne.

3o Charbon malin, local et externe, suite d'une inoculation, n'apparaissant distinctement que pendant la période d'intoxication générale, secondaire. 4o OEdème charbonneux.

5o Charbon spontané, général, pouvant produire de très-nombreuses plaques gangrénées et, dans certains cas, une tumeur charbonneuse. Dans ces circonstances, le charbon externe est, en quelque sorte, une crise ou, comme le dit Hippocrate, un conamen naturæ (2).

DE LA FIÈVRE TYPHoïde et de son trAITEMENT; par M. le docteur AUGUste Millet, membre correspondant à Tours. (Suite. Voir notre cahier de juillet, p. 15.)

De tout ce que j'ai dit, que faut-il conclure? Que les émissions sanguines à haute dose sont repoussées par presque tous les praticiens et même par les anciens chefs de clinique et par les élèves de M. Bouillaud. Or, si ces émissions sanguines amenaient des guérisons rapides et si rapides que le prétend le professeur de la Charité, pourquoi ses chefs de clinique, pourquoi ses élèves s'éloigneraient-ils de lui et abandonneraient-ils sa méthode? Ce n'est pas chose commune qu'une médication héroïque, et quand on la trouve, on doit y tenir! Pourquoi donc MM. Andry et Raciborski ont-ils échangé la méthode des saignées coup sur coup contre celle des évacuants? Hélas! c'est autant par souvenir de ce qu'ils ont vu dans le service de M. Bouillaud, que par mauvais résultats et déplorables insuccès obtenus dans leur clientèle.

En voilà assez pour que cette méthode soit définitivement jugée et qu'elle ne puisse pas être regardée comme jugulant la fièvre typhoïde, selon l'expression

(1) Division admise par MM. Salmon et Maunoury et par le professeur Branell, de Dorpat (Journ. de la Société des sciences méd. et nat. de Bruxelles, t. XXIV, p. 555). (2) Voir notre analyse du Traité des maladies charbonneuses de M. Raimbert, publiée par la Société des sciences médicales de Bruxelles, dans le numéro de mars dernier de son excellent journal.

de M. Bouillaud. Je vais plus loin, je prétends que les convalescences sont interminables après l'emploi de cette méthode, et que les malades échappés à ses effets meurtriers, ont toute la peine du monde à se rétablir. Je parle avec connaissance de cause. J'ai assez vu d'anémies dans le service de ce professeur, par suite de ces saignées coup sur coup, et je sais avec quelles difficultés les malades recouvrent la santé, et quelles répugnances ils éprouvent à rentrer dans son service quand ils y ont déjà sejourné pour une affection aiguë et de nature inflammatoire.

On sera peut-être étonné de ce que je n'aie pas parlé d'après ma propre expérience. Je dois avouer que j'ai si peu de confiance dans la médication antiphlogistique, quejene l'ai jamais employée, et que je la considère comme désastreuse. Tout dernièrement une jeune femme de 26 ans, atteinte d'une fièvre typhoïde grave, est prise d'une pneumonie franche de tout le poumon droit; je fais une saignée de 300 grammes, et je conseille d'appliquer 12 sangsues loco dolenti. Trois jours après, la malade succombait avec des symptômes adynamiques d'une effroyable intensité.

2o DES ÉVACUANTS.

Le traitement de la fièvre typhoïde par les évacuants n'est pas une méthode nouvelle. Les anciens qui connaissaient ces fièvres aussi bien que nous, quoi que les détails anatomo-pathologiques n'eussent pas été précisés par eux aussi minutieusement que de nos jours, les traitaient presque toujours par la méthode évacuante; c'est ce dont on peut se convaincre en compulsant leurs écrits et en y recherchant les résultats de leur pratique.

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Baglivi dit (1) que les fièvres mésentériques ne deviennent malignes que par la manière dont elles sont traitées. Quant à lui, il prévenait cette malignité par des purgatifs répétés, même les jours critiques : « Quandò ego solus agrotorum » meorum curam incipio, et meâ methodo febres curo, rarò tales malignas > febres observo; sed quandò ad curationem ab alio inceptam vocatus sum, quoniam mente mille prejudiciis antecepta curatio febrium instituitur, nec oraculis naturæ, et magni senis præceptis auscultatur, mille differentia et gravia observo accidentia, quæ frequenter soboles sunt methodi depravatæ, » non verò naturæ morbi........... In febrium mesentericorum curatione sæpè vidi, ⚫ inutili esse dies criticos eorumque vim et potestatem observare, sed tantùm» modo vehementiam ac remissionem accidentium.... Quandò vel minimùm › remittere et mitescere accidentia observo, statim purgationem instituo, etiam ipso die critico, nam hujusmodi febres vim et potestatem criticorum › spernunt ac perturbant, et humorum apparitum è mesenterio quàm , citissimè educo, clysteres etiam bis in die injicio, purgationes frequenter præscribo, et totam dirigo indicationem in educendo per purgationes mesenterico apparatu. ›

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Si j'ouvre le volume intitulé: Historia morborum qui Vratislaviæ grassati (1) De febribus malignis et mesentericis: OPERA. Lugduni, 1746, p.

51.

sunt (1), je vois que les auteurs de cette relation donnent l'histoire d'une fièvre pétéchiale qui sévit à Breslaw en 1699, dans laquelle ils constatèrent les mauvais effets de la saignée et la puissance médicatrice des purgatifs. In horum › numero (ils viennent de citer les médecins qui ont combattu la saignée dans › cette maladie) sunt Grassius, Pauli et Helwich, et hic quidem ultrà ducentos > petechiali febre detentos sine venæsectione tractavit, ac ex his vix octo fatis › occubuerunt; in illis versò qui proprio consilio, ut non rarò fit, venam sibi ⚫ pertundi fecerant, circà dies criticos congestiones ad caput, deliria phrenetica, , anginam, aphthas, aphoniam, alvi siccitatem ac convulsiones observavit. › Plurime quidem sine ope purgantium, teste Grassio, Pauli, et aliis, cum › sanitate in gratiam redierunt, nihilominùs lenientia eximium habuisse usum › certum est. Tametsi verò statim ab initio satis sciremus ab usu evacuantium › mitiorum, in similibus febribus, non abhorruisse Sennertum, Langium, > aliosque hæsitabamus tamen non parùm donec videremus eos, quibus re › pensitatùs deliberatâ evacuans datum, faciliùs superare morbum. Confirma» bamur etiam hinc, quod toto die cerneremus diarrhæas, si non utiliter, › absque damno tamen petechisantibus concitari; undè facilè concludere licebat, > nos tutò quoque sic naturam imitari, et cathartico sordes in intestinis › hærentes eliminari posse, id quod fluxibus hisce concitatis natura molitur... » Ducebat eò nos etiam ipsa ratio, quandoquidem sole clarius in hâc febre › nostra adesse impuritatem sanguinis et corruptionem, quam veteres fortassè non ineptè putridinosam dixerunt.

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Laissons actuellement parler Huxham (2): «On doit dès le commencement des fièvres pétéchiales, putrides et malignes, évacuer non-seulement l'estomac, mais même tout le conduit intestinal par des moyens simples et aisés, comme sont les lavements préparés avec du lait, du sucre et du sel; les purgatifs composés avec la manne, la crème de tartre, le sel de Glauber, les tamarins et la rhubarbe. J'ai souvent vu avec un plaisir infini dans ces sortes de fièvres putrides, un changement étonnant dans la maladie, après un vomissement ou une ou deux selles, quoiqu'elle eût été précédée d'une anxiété inexprimable, de l'oppression des hypochondres, de nausées continuelles, d'éructations et de hoquet.... Il n'est pas douteux que s'il venait à s'insinuer quelque poison dans l'estomac ou dans les intestins, il faudrait l'en chasser le plus tôt possible; or, il est certain qu'une bile corrompue n'est pas moins pernicieuse que du poison.» Haller rapporte (3) l'histoire d'une fièvre putride, qui fit de grands ravages dans certains villages du canton de Berne en 1762, et qu'il arrêta pour ainsi dire à l'aide des évacuants: Et tamen qui adèo dirus morbus erat, non difficil› limè curabatur, cùm putridos humores ex omnibus signis adgnoscerem, cum > vomitum et diarrhæam biliosam lætum habere eventum viderem, naturæ

(1) LAUSANNE, 1746, p. 8.

(2) Essai sur les fièvres ; Paris, 1752; p. 158 et 159.

(3) Opera minora, t. III, p. 372 à 375.

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> nutum secutus, hinc per alvum leniter morbosos humores expedire adgressus › sum........ Venam nunquam secari jussi, et si aliquando id auxilium utile esse potuisset, non ausus sum judicium in re periculo plenâ theologis aut chirurgicis permittere. Funestissimam sanguinis missionem fuisse, cùm sibi relicti ⚫ miseri nescio quorum hominum auxilia admitterent, communis fama fuit..... » In gubernio meo triginta quinque ægroti his remediis curati fuerunt; perie» runt septem, quorum tamen aliqui aut vino se obruerant, rustico et pessimo » consilio usi; alii corpore erant undique ruinoso. Fuit tamen robustus homo, qui tertio die medicum vocavit et quarto periit. In Alpibus, inter ægros 35, » obierunt quinque. Ante hæc auxilia sub finem februarii mensis in valle Ges» senai, 95 ægri fuerant, perierant 83, quæ fere duodecima pars incolarum » crat. In diocesi Estivaz vix sex ægri servati fuerant. Accusabant incolæ ipsi » venæsectionem, vinum, theriacam; ego præterea cubilia humilia, plena putoris et vaporum. »

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Sarcone observa (1) que « le choléra qui paraissait dans les premiers jours » de la maladie coupait cette même maladie comme par ses racines. » Cela lui fournit l'occasion de provoquer des choléras artificiels au moyen de l'émétique et des laxatifs. On voyait clairement la nécessité d'expulser de l'estomac et du » canal intestinal la masse des impuretés, parce qu'on ne pouvait attendre que › d'immenses désordres et de funestes corruptions, dans les intestins mêmes, » du séjour incommode des matières devenues putrides. »

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Lepecq de la Clôture rapporte d'abord l'histoire d'une fièvre putride vermineuse maligne, qui se montra au Gros-Theil en Normandie, pendant l'année 1770 (2). Le foyer de cette maladie épidémique était niché tout entier dans » l'estomac et les premières voies.... puisqu'en un mot, en purgeant à propos ⚫ et suffisamment, on préservait les liqueurs de la corruption putride, et qu'on » évitait les éruptions pétéchiales qui en sont la suite.... L'émétique, souvent corrigé par la casse pour les tempéraments plus faibles, varié et répété, entre» tenu au besoin; le petit cidre, les sucs de groseilles, les fruits de la saison, » le vinaigre et le sucre, des lavements au lait, voilà les armes simples et victo»rieuses que j'ai employées. J'avais expressément défendu la saignée.... Le » succès fut si constant que nous compterions aisément plus de cent cinquante » malades guéris en suivant notre traitement, c'est-à-dire tous, si l'on en excepte ⚫ le petit nombre de morts que nous avons nommés, parmi lesquels il n'y en a > que deux assujettis au traitement commun.... Et l'épidémie était en cet instant » dans sa plus grande vigueur : il y avait nombre de malades dans tous les » hameaux et ils mouraient fréquemment. »

Il rapporte l'histoire d'une autre épidémie, plus grave encore que la précédente, qu'il nomme fièvre putride exanthemateuse pestilentielle, et qui exerça ses ravages à Louviers en 1770: depuis le mois de janvier jusqu'au mois de

(1) Istoria raginata dei mali observati in Napoli nell corso d'ell anno 1764. (2) Observations sur les maladies épidémiques, t. 1.

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